Soixante-douzième session,
3e à 6e séances plénières, Matin, après-midi & soir  
AG/11947

Face à un « monde en morceaux », le Secrétaire général plaide en faveur du multilatéralisme, « plus important que jamais »

Les États Membres entre la nécessité de « réapprendre la complexité du dialogue » ou d'« agir par soi-même sans attendre l’appui de bureaucraties »

« Nous sommes un monde en morceaux.  Nous devons être un monde en paix », c’est le constat présenté, ce matin, par le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, devant l’Assemblée générale à l’ouverture de son débat général.  Entre « réapprendre la complexité du dialogue mais aussi sa fécondité » et « agir par soi-même sans attendre l’appui de pays lointains ou de bureaucraties », les dirigeants de plusieurs États Membres, tels ceux de la France et des États-Unis, ont exprimé des visions diverses de ce que devrait être la communauté internationale. 

Lors de ce rendez-vous annuel majeur des dirigeants politiques du monde, qui se poursuivra jusqu’au lundi 25 septembre, quelque 196 délégations doivent prendre la parole, dont plus de 130 chefs d’État et de gouvernement.  Ce mardi, ils ont été 35 à prendre la parole.

« Nous, les peuples » et « nos » nations unies sommes confrontés à des défis considérables, a affirmé M. Guterres, qui présentait pour la première fois depuis sa nomination à la tête de l’ONU son rapport annuel sur l’activité de l’Organisation.  S’exprimant successivement en anglais, en français et en espagnol, le Secrétaire général a ainsi présenté sept défis auxquels le monde est confronté mais auxquels des nations vraiment unies peuvent répondre. 

Parmi ces défis, plusieurs ont été largement évoqués ensuite par les chefs d’État et de gouvernement, notamment le péril nucléaire avec les récents essais nucléaires et tirs de missiles balistiques effectués par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), unanimement condamnés, mais aussi les conflits non résolus, les violations du droit international humanitaire et les changements climatiques, illustrés par l’Accord de Paris, et le sort des migrants et réfugiés toujours plus nombreux. 

Autre sujet abordé par M. Guterres et les dirigeants du monde: la réforme des Nations Unies.  Le Secrétaire général s’est dit déterminé à faire en sorte que les méthodes de l’Organisation contribuent à faire avancer les objectifs de paix, de développement et de promotion des droits de l’homme au lieu de les entraver. 

Pour sa part, le Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, a souhaité que les Nations Unies mettent l’accent sur la paix et la prévention, les aspects humains et la prospérité et la protection de la planète, « trois côtés d’un même triangle », et que l’Organisation « ouvre davantage ses portes ».

Tout en disant soutenir l’ambition réformatrice du Secrétaire général, le Président des États-Unis, M. Donald Trump, qui s’adressait lui aussi pour la première fois à l’Assemblée générale, a estimé que le succès du monde résidait dans des nations souveraines fortes, différentes par leurs valeurs, leurs traditions et leurs rêves mais capables de collaborer et de permettre aux individus de grandir. 

Insistant sur le patriotisme, il a affirmé qu’il donnerait « toujours la priorité à l’Amérique » et a invité les États à « agir par eux-mêmes » pour construire un avenir meilleur « sans attendre l’appui de pays lointains ou de bureaucraties ». 

Pour sa part, le Président de la France, M. Emmanuel Macron, a plaidé en faveur du multilatéralisme, présenté comme la « méthode la plus efficace face aux défis globaux, la concrétisation d’une vision du monde qui nous protège seule de la loi du plus fort ».  Dans un « monde redevenu multipolaire », il nous faut « réapprendre la complexité du dialogue mais aussi sa fécondité », a-t-il affirmé. 

Ces conceptions ont amené les deux chefs d’État à s’opposer sur deux des défis énumérés par M. Guterres. 

Ainsi, le Chef de la Maison Blanche -applaudi ensuite par le Premier Ministre d’Israël, M. Benjamin Netanyahu, pour qui « aucun discours prononcé à la tribune des Nations Unies n’a été plus courageux que celui de M. Trump ce matin »- a-t-il dénoncé le Plan d’action global commun de 2015 sur le programme nucléaire iranien comme « une des pires et des plus partiales transactions de l’Histoire pour les États-Unis », qu’il ne peut appuyer. 

Au contraire, M. Macron a affirmé que dénoncer cet accord « solide, robuste et vérifiable » sans rien proposer d’autre serait « une lourde erreur et ne pas le respecter serait irresponsable ».

De même, M. Macron a défendu l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui « pourra être enrichi de nouvelles contributions », mais « ne sera pas renégocié » car « le détricoter serait détruire un pacte non seulement entre les États mais entre les générations ».  De Monaco à la Zambie, du Brésil à la Pologne, tous les chefs d’État qui ont abordé le sujet ont souhaité la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Plusieurs autres chefs d’État ont salué la solidarité internationale dont leur pays a bénéficié.  La Présidente du Libéria, Mme Ellen Johnson-Sirleaf, a estimé que son pays, « revenu de loin », était devenu pour la communauté internationale une « success story » du postconflit, notamment grâce au déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies. 

Pour sa part, le Président de la Colombie, M. Juan Manuel Santos Calderón, a salué le rôle de l’ONU pour garantir la mise en œuvre de l’Accord de paix signé l’an dernier par le Gouvernement et la rébellion après 60 ans de conflit.

De même, les Présidents du Nigéria et du Mali ont remercié la communauté internationale pour l’aide apportée aux pays et communautés du Sahel et du bassin du lac Tchad, confrontés à la menace terroriste d’Al-Qaida et de Boko Haram.  Le Chef d’État malien s’est toutefois inquiété des restrictions budgétaires imposées aux opérations de maintien de la paix « au moment où les défis sécuritaires dans le monde requièrent plutôt un renforcement des moyens et des capacités des missions de paix ».

Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, mercredi 20 septembre, à partir de 9 heures.

 RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION: EXPOSÉ DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR SON RAPPORT ANNUEL (A/72/1)

Présentation du rapport par le Secrétaire général de l’ONU

« Nous, les peuples » et « nos » nations unies sommes confrontés à des défis considérables, a affirmé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, en évoquant les souffrances, la faim, l’insécurité, les inégalités croissantes, les conflits qui s’étendent, ainsi que les changements climatiques.  Il a aussi mentionné la fragmentation des sociétés, les clivages dans les discours politiques, la confiance qui s’étiole à cause de ceux qui sèment la division.

« Nous sommes un monde en morceaux.  Nous devons être un monde en paix. »

Se montrant toutefois confiant, il s’est dit convaincu que, « ensemble, nous pouvons réaliser la paix ».  « Nous pouvons restaurer la confiance et créer un monde meilleur pour tous. »

Annonçant sept défis auquel le monde est confronté mais auxquels les nations vraiment unies peuvent répondre, le Secrétaire général a cité tout d’abord le péril nucléaire.  Le recours à des armes nucléaires devrait être impensable, a-t-il affirmé, tout en constatant que, aujourd’hui, les craintes ne sont pas abstraites. 

En effet, des millions d’individus vivent dans la peur du fait des essais nucléaires et de missiles provoquants de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ce pays ne faisant rien pour apaiser ces craintes. 

« Je condamne ces essais et je demande à la RPDC et à tous les États Membres d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il dit, avant d’appeler ce dernier à maintenir le front uni qu’il a affiché la semaine dernière en renforçant les sanctions.  Cette unité, a-t-il remarqué, est la seule solution pour arriver à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Plaidant pour une solution politique, il a invité tous les pays à s’engager envers cet objectif, en particulier les pays dotés de l’arme nucléaire. 

Aujourd’hui, la prolifération entraîne un danger inimaginable, a-t-il regretté, jugeant urgent de l’entraver, de promouvoir le désarmement et de préserver les acquis dans cette voie.

Passant à la menace mondiale que pose le terrorisme, M. Guterres a rappelé que rien ne justifie ce phénomène qui déstabilise les sociétés et détourne des énergies qui pourraient être utilisées à des fins plus utiles.  Il s’est félicité que les efforts nationaux et multilatéraux de lutte antiterroriste aient permis de perturber les réseaux terroristes et de sauver des vies.  « Nous devons intensifier ce travail », a-t-il ajouté en souhaitant une coopération internationale plus forte.

M. Guterres a remercié l’Assemblée générale d’avoir approuvé une de ses premières initiatives, la création du Bureau des Nations Unies sur la lutte antiterroriste.  Il a annoncé vouloir convoquer, l’an prochain, la première réunion jamais organisée des chefs des agences de lutte antiterroriste, pour élaborer un nouveau partenariat international en ce domaine.

Il ne s’agit pas seulement de lutter contre les terroristes, mais aussi de régler les causes profondes de la radicalisation, a-t-il ajouté en voulant s’attaquer aux inégalités et à la haine.  Il faut aussi redoubler d’efforts pour aider les survivants. 

Mais, pour le Secrétaire général, une répression lourde et trop forte est contreproductive, comme l’expérience l’a montré.  Si l’on croit que les violations des droits de l’homme et des libertés démocratiques sont nécessaires pour lutter contre le terrorisme, on perd la guerre, a-t-il prévenu.

M. Guterres a enchaîné avec le problème des conflits non résolus et des violations du droit humanitaire international, citant le cas de l’État de Rakhine, au Myanmar, où se déroule un cycle de persécutions, de discriminations, de radicalisations et de répressions violentes ayant conduit plus de 400 000 personnes à fuir.

Il a pris note que la dirigeante du Myanmar Aung San Suu Kyi avait exprimé, aujourd’hui, son intention d’appliquer aussi rapidement que possible les recommandations de la Commission consultative sur l’État de Rakhine, présidée par l’ancien Secrétaire général, M. Kofi Annan. 

Il a cependant insisté pour que les autorités du Myanmar cessent leurs opérations militaires, offrent un accès humanitaire sans entrave, et reconnaissent le droit des réfugiés de retourner chez eux en toute sécurité et dans la dignité.  Ils doivent aussi tenir compte des problèmes non résolus des Rohingya en ce qui concerne leur statut.

De la Syrie au Yémen, en passant par le Soudan du Sud, le Sahel et l’Afghanistan, seules les solutions politiques peuvent amener la paix, a poursuivi le Secrétaire général, en invitant à résoudre les conflits qui fournissent un terreau fertile à l’extrémisme. 

Il a mentionné à cet égard la création d’un conseil consultatif sur la médiation, la semaine dernière, et s’est félicité du fait que les Nations Unies forgent un partenariat étroit avec l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique (OCI). 

« Depuis que j’ai commencé mon mandat, j’ai essayé de rassembler autour de la même table les parties aux conflits et ceux qui les influencent », a déclaré M. Guterres.  Il s’est dit particulièrement confiant quant à la réunion de demain sur la Libye.  Rappelant aussi sa visite en Israël et en Palestine le mois dernier, il a de nouveau réaffirmé que la solution des deux États était la seule.

Trop souvent, la guerre semble la seule réponse pour les belligérants qui veulent la victoire à tout prix, a-t-il remarqué, tout en se rappelant avoir vu, dans son pays et au cours de ses années au sein de l’ONU, qu’on peut passer de la guerre à la paix, de la dictature à la démocratie.

En ce qui concerne le quatrième défi, les changements climatiques, le Secrétaire général y a vu un danger face aux espoirs du monde.  L’an dernier a été l’année la plus chaude dans l’histoire, de même que pour la décennie qui vient de s’écouler, a-t-il expliqué, en évoquant les expériences des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, des Philippines et de l’Indonésie qui ont connu le plus grand nombre de catastrophes naturelles depuis 1995, soit 1 600 catastrophes et donc une tous les cinq jours.

Affichant sa solidarité avec la population des États-Unis et des Caraïbes qui ont subi l’ouragan Irma, il a prévenu que les scientifiques étaient catégoriques: ces conditions météorologiques extrêmes vont sans doute devenir la nouvelle norme.  Il a dès lors demandé aux gouvernements de mettre en œuvre l’Accord de Paris, se félicitant des initiatives prises en ce sens par les villes et par de nombreuses entreprises privées. 

Poursuivant en français, le Secrétaire général a dénoncé les inégalités croissantes malgré les progrès économiques et technologiques constants.  Illustrant son propos, il a rappelé que huit hommes représentent autant de richesse mondiale que la moitié de l’humanité.  De plus, des pays, des régions et des communautés entiers restent loin des vagues de progrès et de croissance livrés à eux-mêmes dans les « rust belts » (autrement dit des « zones abandonnées » ou « laissées-pour-compte ») de notre monde. 

« Cette exclusion a un prix: frustration, aliénation, instabilité. »  « Mais nous avons un plan visant à changer de cap », a-t-il dit en parlant du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Par ailleurs, « la moitié du monde est de sexe féminin ».  La moitié du monde a moins de 25 ans », a-t-il poursuivi en appelant à utiliser le pouvoir des femmes et l’énergie des jeunes.  Conscient de la vitesse à laquelle peut s’opérer la transformation de nos jours, il a espéré qu’on saura trouver la sagesse d’utiliser les outils, les plans et les ressources déjà entre nos mains pour parvenir à un développement durable et bénéfique à tous.  C’est un objectif en soi et un instrument de prévention des conflits, a-t-il souligné, des propos applaudis par l’assemblée.

La sixième menace, pour le Secrétaire général, c’est le côté obscur de l’innovation.  Si la technologie continuera d’être au cœur des progrès partagés, l’innovation peut avoir des conséquences imprévues, a-t-il prévenu.  Il a ainsi voulu parler des menaces croissantes liées à la cybersécurité.

Certes, les progrès dans le cyberespace peuvent autonomiser les personnes, mais ce qu’on appelle le « dark web » (« face sombre de l’Internet ») montre que certains utilisent ce potentiel pour nuire et asservir.  En outre, l’intelligence artificielle peut avoir un effet dramatique sur le marché du travail, tandis que l’ingénierie génétique cause des problèmes éthiques non résolus.

Le Secrétaire général a donc mis en garde que, si l’on ne traite pas ces avancées de manière responsable, elles pourraient causer des dommages incalculables.

Puis, s’exprimant cette fois-ci en espagnol, M. Guterres a prévenu que les gouvernements et les organisations internationales n’étaient tout simplement pas prêts à faire face à cette nouvelle situation.  Il faut une nouvelle réflexion stratégique et éthique et une nouvelle réglementation, a-t-il plaidé, assurant que les Nations Unies constituaient l’enceinte dans laquelle les États Membres, la société civile, les entreprises et les universitaires pouvaient se réunir pour envisager la voie à suivre.

Venant enfin à la question de la mobilité humaine, M. Guterres a assuré que ce n’était pas une menace.  C’est plutôt un défi qui, s’il est bien géré, peut resserrer les liens dans le monde.  Ce n’est pas seulement une crise de réfugiés, mais aussi une crise de solidarité.  Il a appelé à rétablir le régime de protection des réfugiés et la décence des personnes humaines.

Le Secrétaire général a félicité les pays qui ont accueilli des millions de personnes déplacées, tout en appelant à en faire davantage pour aider ces personnes, encore applaudi par les délégations.  C’est lorsque les migrants se déplacent de façon non ordonnée que les risques se réalisent pour les pays d’accueil comme pour la sécurité des migrants, a-t-il reconnu. 

Prédisant que la migration resterait un phénomène, il a voulu veiller à ce que ces personnes soient traitées sur un pied d’égalité et que leurs droits de l’homme soient respectés. 

« La migration devrait être une option et non pas une nécessité. »  Il faut aussi un engagement plus ferme de la communauté internationale pour réprimer les réseaux de trafiquants d’êtres humains.

« Je suis moi-même un migrant, comme beaucoup d’entre vous, mais personne ne s’attend à ce que je risque ma vie sur un bateau qui prend l’eau ou que je traverse un désert caché dans un camion pour trouver du travail en dehors de mon pays de naissance », a imaginé le Secrétaire général, des propos à nouveau salués par des applaudissements. 

Le problème, a-t-il poursuivi, c’est le conflit et la persécution implacable.  Il a dénoncé le fait que les réfugiés et les migrants soient devenus des boucs émissaires dans les enjeux électoraux.  Il a insisté pour que la diversité soit considérée comme une richesse, ce qui implique d’investir dans la cohésion sociale.

Affirmant, enfin, qu’il fallait réformer le monde, il a assuré être déterminé à réformer les Nations Unies.  Il a, à cet égard, recensé les réformes entreprises pour établir un système onusien de développement en mesure de soutenir les États dans leurs efforts pour garantir une vie meilleure aux populations; renforcer nos capacités pour préserver la paix, la sécurité et les droits de l’homme; et adopter des méthodes de gestion qui fassent avancer ces objectifs au lieu de les entraver. 

« Nous avons aussi lancé une nouvelle approche pour prévenir les atteintes et les abus sexuels et adopté une feuille de route pour parvenir à la parité entre les sexes à l’Organisation. »

« Nous sommes ici pour servir », a conclu le Secrétaire général, en insistant sur la nécessité d’apaiser les souffrances des peuples et de résoudre les conflits.  Le multilatéralisme est plus important que jamais, a-t-il estimé, en appelant à agir à l’unisson, la seule façon de tenir les promesses de la Charte des Nations Unies d’assurer l’égalité pour tous. 

M. Guterres a terminé son allocution par le mot « merci », prononcé dans les six langues officielles des Nations Unies et la sienne, le portugais.

Ouverture du débat général

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, a, tout d’abord, exprimé sa sympathie au peuple de la Dominique, frappé par l’ouragan Maria, quelques jours après que d’autres États eurent également été ravagés par l’ouragan Irma.

Il a ensuite expliqué qu’il aurait souhaité être en mesure de préparer un discours différent de celui qu’il allait prononcer.  « J’aurais aimé présenter une longue liste d’exemples de médiations et d’actions précoces réussies qui auraient permis de prévenir des confits; parler des personnes qui migrent par choix plutôt que par désespoir; féliciter chacun d’entre vous pour avoir respecté les engagements pris en faveur du climat; et pour avoir renvoyé l’extrême pauvreté dans les livres d’histoire », a-t-il déclaré.  « J’espère qu’un jour, quelqu’un sera en mesure de prononcer un tel discours, a poursuivi, M. Lajčák.  Mais ce ne sera pas moi, pas aujourd’hui. »

M. Lajčák a ensuite rappelé la persistance des conflits, qui affectent davantage les civils que les combattants.  Ce sont les écoles et les hôpitaux, pas les casernes, qui sont la cible des attaques, a-t-il fait observer. 

Il a également fait état des « 65 millions de personnes qui ont quitté leurs foyers parce qu’elles y étaient forcées et de nombreux autres défis, comme la persistance de la pauvreté extrême, les inégalités croissantes, les attaques terroristes aveugles ou encore les effets des changements climatiques, qui s’accroissent ».  « Ce sont là des défis mondiaux, auxquels chaque État doit faire face, mais ce sont aussi des défis individuels par nature, car ils concernent la vie de chacun d’entre nous », a rappelé M. Lajčák. 

Certes, a reconnu le Président de l’Assemblée générale, il existe aussi des choses à célébrer.  Il a ainsi cité l’adoption des objectifs de développement durable et le soutien apporté à l’Accord de paix en Colombie et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Préférant se tourner vers l’avenir plutôt que vers le passé, M. Lajčák a souhaité entendre, lors de la semaine à venir, « des visions, des idées et, oui, des critiques et des inquiétudes ».  Cela permettra de définir la voie pour les Nations Unies, a-t-il expliqué, se disant confiant que ce qui sera dit pendant cette période influencera aussi le travail des dirigeants du monde dans leur pays.

M. Lajčák a ensuite présenté sa propre vision.  Il a rappelé que la paix et la prévention des conflits devaient être au centre de toutes les activités des Nations Unies.  Dans la Charte des Nations Unies, le mot « guerre » n’apparaît que cinq fois, celui de « paix », 47 fois, a-t-il relevé, en regrettant que trop d’argent et de temps soient dépensés pour réagir à des conflits plutôt qu’à les prévenir. 

À cet égard, M. Lajčák a estimé que les Nations Unies disposaient déjà de la plupart des outils dont elles avaient besoin.  Ce qui manque, ce sont les conditions dans lesquelles on pourrait les utiliser correctement, a-t-il dit.

M. Lajčák a ensuite demandé que l’on se consacre davantage aux aspects humains.  « Les Nations Unies n’ont pas été créées pour les dirigeants et les diplomates, mais pour les peuples », a-t-il dit.  « Aujourd’hui, de nombreux peuples sont déçus mais d’autres tournent leurs espoirs vers la bannière bleue des Nations Unies, dans laquelle ils voient le premier signe de sécurité et de début de changement. »

Sur ce point, M. Lajčák a annoncé son intention de parvenir à l’adoption du pacte mondial sur les migrations.  « Soyons francs: ce sera un processus difficile », a-t-il ajouté, reconnaissant le caractère « hautement diviseur » de la question.  « Ce n’est pas une raison pour en faire une nouvelle occasion de sombrer dans la bureaucratie; il nous faut un accord qui fonctionne autrement que sur le papier », a-t-il ajouté.

De même, le terrorisme international ne pourra être vaincu seulement par des canons ou des barrières, a poursuivi M. Lajčák, pour qui le problème est humain.  Il a appelé à l’adoption de cadres mondiaux viables qui puissent être mis en application pour les gens et en temps utile. 

« Nous n’avons pas le droit d’échouer », a averti le Président de l’Assemblée générale, « sans quoi les cyniques triompheront tandis que les autres perdront des raisons d’espérer ».  Cela est valable aussi dans le domaine humanitaire, a-t-il rappelé, en dénonçant les trop nombreuses violations du droit international humanitaire.

Enfin, il faut respecter les engagements pris pour protéger la planète dans le cadre de l’Accord de Paris, a défendu le Président, qui a toutefois appelé à une approche plus proactive, notamment auprès du secteur privé pour obtenir les financements nécessaires.

Paix et prévention, aspects humains et prospérité et protection de la planète sont les trois côtés d’un même triangle, qui peuvent ne pas être de même longueur, mais sont tous trois importants, a estimé M. Lajčák.

Enfin, M. Lajčák a rappelé le rôle crucial et transversal des droits de l’homme, l’importance de l’égalité entre les hommes et les femmes et de la promotion des femmes et la réforme des Nations Unies.  Il s’est engagé à promouvoir un processus crédible pour poursuivre la réforme du Conseil de sécurité.

Enfin, il a plaidé pour que l’ONU « ouvre ses portes » aux organisations régionales, au secteur privé et à la société civile, notamment les jeunes, et que ces changements commencent en premier lieu au Siège de New York, où il a souhaité « moins de monologues et davantage de dialogue ».

En conclusion, M. Lajčák s’est engagé à travailler tout au long de cette année pour que son successeur ait le privilège de prononcer un discours plus optimiste.

Après avoir souligné les défis auxquels font face les Nations Unies, M. MICHEL TEMER, Président du Brésil, a insisté sur l’importance de réformer l’Organisation.  Il est particulièrement nécessaire d’élargir le Conseil de sécurité pour s’adapter aux réalités du XXIe siècle.  Il est urgent d’écouter la volonté de l’écrasante majorité de cette Assemblée, a-t-il dit. 

« Personne ne peut comprendre que les idées qui se sont révélées fausses dans le passé puissent donner maintenant de bons résultats », a déclaré le Président du Brésil.

« Nous rejetons le nationalisme exacerbé.  Nous ne croyons pas au protectionnisme comme solution aux défis économiques qui exigent des réponses efficaces aux racines de l’exclusion sociale.  La réalisation du développement, dans toutes ses dimensions, devrait guider notre action collective », a poursuivi M. Temer. 

Combattre les changements climatiques est une part nécessaire de cette contribution, a-t-il ajouté.  « Nous soutenons l’Accord de Paris sur les changements climatiques », a affirmé M. Temer.  « Dans ce domaine, il n’y a pas d’autre possibilité que d’agir maintenant. » 

Au Brésil, les sources d’énergie propres et renouvelables correspondent à plus de 40% de la matrice énergétique brésilienne, soit trois fois plus que la moyenne mondiale.  « Nous sommes leaders dans les domaines hydroélectriques et de la bioénergie », a expliqué le Président. 

Le Brésil est fier d’avoir la plus importante couverture forestière tropicale au monde, a ajouté M. Tremer.  La déforestation est préoccupante en particulier en Amazonie.  Mais la bonne nouvelle est que les premières données disponibles de l’année dernière ont montré la réduction de plus de 20% de la déforestation dans cette région, a annoncé M. Temer. 

L’autre facteur du développement est le commerce.  « Nous nous engageons à créer un système commercial international ouvert et fondé sur des règles, avec l’Organisation internationale du commerce et son mécanisme de règlement des différends en son centre », a dit le Président.  « Nous devons progresser pour éliminer les subventions agricoles qui faussent le commerce », a-t-il demandé.

« Demain, je signerai le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et je réitère notre appel pour que les puissances nucléaires entreprennent des engagements additionnels en matière de désarmement », a par ailleurs affirmé M. Temer. 

Condamnant les derniers essais nucléaires et tirs de missiles par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a ajouté qu’il était urgent de trouver une solution pacifique à la situation. 

Au Moyen-Orient, le Brésil continue de soutenir la solution des deux États.  En Syrie, la solution qu’il faut chercher est essentiellement politique.  Elle ne peut plus être remise à plus tard. 

Concernant Haïti, le Président du Brésil a dit que la communauté internationale devait respecter son engagement envers le peuple de ce pays.  « Le Brésil tiendra le sien », a-t-il assuré. 

Pour ce qui est du terrorisme, l’unité est cruciale en particulier face à la capacité du terrorisme à s’adapter aux temps et aux terrains.  À propos de la détérioration de la situation des droits de l’homme au Venezuela, M. Temer a dit qu’il était du côté du peuple vénézuélien.  En Amérique du Sud, il n’y a pas d’autres choix que la démocratie.  « C’est ce qui a été dit au sein du Marché commun du Sud et c’est ce que nous allons continuer de respecter », a affirmé le Président du Brésil. 

M. DONALD TRUMP, Président des États-Unis d’Amérique, a parlé de l’« honneur insigne » d’accueillir, en tant que chef d’État du pays hôte des Nations Unies, les dignitaires du monde à New York, sa « ville d’origine ».  Il a en outre remercié les États qui avaient proposé leur assistance après les dévastations causées par l’ouragan Irma. 

Les États-Unis « se sont fort bien débrouillés depuis l’élection présidentielle », a affirmé M. Trump, qui a cité en exemple « la bourse au plus haut niveau et le taux de chômage au plus bas », ainsi que les fortes dépenses que le pays entend consacrer à l’armement de leur armée, « plus forte que jamais ».

Notant le potentiel d’un monde marqué par des percées considérables dans des domaines tels que la science ou la médecine, M. Trump s’est attaché à dénoncer les « nouveaux dangers qui viennent compromettre ce que nous croyions acquis », citant les terroristes, les « régimes voyous », accusés de défier leur propre peuple et le monde avec les « armes les plus puissantes jamais fabriquées », le trafic de drogues, la traite des personnes, les migrations forcées qui menacent les frontières ou encore l’utilisation des technologies à des fins criminelles. 

Dans cette époque marquée par d’énormes promesses mais aussi d’énormes périls, « c’est à nous de décider si nous pouvons avancer ou reculer », a poursuivi le Président américain.

Rappelant que les Nations Unies avaient été créées sur le principe selon lequel les diverses nations du monde pouvaient coopérer en faveur de la paix et de la sécurité et que, dans le même esprit, les États-Unis avaient lancé le Plan Marshall en faveur de l’Europe, M. Trump a estimé que le monde allait mieux quand il était fondé sur des nations fortes, indépendantes et libres. 

« Nous n’attendons pas des différents pays qu’ils partagent les mêmes traditions, les mêmes cultures, voire les mêmes systèmes politiques, mais qu’ils respectent leur propre peuple et celui des autres nations souveraines », a déclaré M. Trump, pour qui le succès du monde réside dans des nations souveraines fortes avec des valeurs différentes, des rêves différents, des traditions différentes, mais qui, loin de seulement coexister, collaborent et permettent aux individus de grandir. 

Les États-Unis, a-t-il affirmé, « ne cherchent pas à imposer leur manière de vivre, mais veulent briller par leur exemple ».

Rappelant qu’aux termes de la Constitution américaine, « c’est le peuple qui gouverne, qui est souverain », M. Trump a lancé: « J’ai été élu pour donner le pouvoir au peuple américain. »  « En tant que Président des États-Unis, je donnerai toujours la priorité à l’Amérique », a-t-il ajouté, invitant les autres dirigeants du monde, à faire de même: « Vous devrez toujours placer votre propre pays en premier », a-t-il dit, jugeant que « l’État nation reste le meilleur vecteur pour améliorer la condition humaine ». 

Le Président a, à plusieurs reprises dans son discours, fait l’éloge du « patriotisme », invitant notamment les différents États à « agir par eux-mêmes » pour retrouver la prospérité et construire un meilleur avenir « sans attendre l’appui de pays lointains ou de bureaucraties ». 

Les États doivent aussi travailler ensemble et coopérer dans l’harmonie pour un avenir meilleur, a poursuivi M. Trump, dont le pays sera « toujours un grand ami du monde, mais ne peuvent accepter des accords déséquilibrés qui ne donnent rien aux États-Unis ».

Affirmant que « l’Amérique ne se contente pas de parler des valeurs de la Charte » des Nations Unies, M. Trump a rappelé que de nombreux Américains avaient consenti le sacrifice ultime pour défendre ses valeurs, « des plages d’Europe au Moyen-Orient et ailleurs ».  Guidés par « les résultats et non par l’idéologie, avec une politique réaliste assise sur des valeurs », les États-Unis ne se reposent pas sur leurs lauriers.  De ce fait, ils entendent assumer leurs devoirs et défendre ces valeurs « de l’Ukraine à la mer de Chine du Sud ».

M. Trump a ensuite appelé les dirigeants du monde à affronter de conserve « ceux qui veulent semer la discorde et la terreur, un petit nombre de « régimes voyous » qui violent tous les principes sur lesquels sont fondées les Nations Unies ».  Si les nombreuses nations vertueuses ne s’attaquent pas aux États voyous, nous n’avancerons pas et les forces de la discorde se renforceront, a-t-il averti.

Le Président s’en est d’abord pris au « régime dépravé de la Corée du Nord », accusé d’être responsable de la mort et de la famine de son peuple, de la torture et de l’assassinat d’étrangers et de s’être lancé dans une « poursuite effrénée à l’arme nucléaire et aux missiles balistiques ». 

Affirmant qu’aucune nation n’avait intérêt à commercer avec cette « bande de criminels », qualifiant au passage le Chef de l’État de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) Kim Jong-un de « Rocket Man » (« homme missile »), M. Trump a affirmé que les États-Unis, s’ils devaient être contraints de se défendre ou de défendre leurs alliés, « n’auront pas d’autre solution que de détruire complètement la Corée du Nord ». 

« Nous sommes prêts et nous en sommes capables », a-t-il affirmé, tout en disant espérer que ce ne sera pas nécessaire.  L’heure est venue pour la Corée du Nord de comprendre que la dénucléarisation est la seule solution acceptable, a-t-il ajouté, en rappelant les « résolutions robustes » adoptées par le Conseil de sécurité et en remerciant au passage la Chine et la Fédération de Russie pour y avoir contribué, tout en ajoutant qu’il fallait désormais faire beaucoup plus pour isoler la RPDC.

M. Trump s’en est ensuite pris au Gouvernement de la République islamique d’Iran, accusé de « cacher une dictature sous les faux atours de la démocratie » et d’avoir transformé un État riche d’histoire et de culture en une dictature utilisant ses ressources pour soutenir le Hezbollah terroriste, la Syrie de Bashar Al-Assad et la guerre au Yémen. 

Présentant le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien comme « une des pires et des plus partiales transactions de l’Histoire pour les États-Unis », il a estimé que son pays ne pouvait pas appuyer un accord qui « permet de dissimuler la construction d’un programme nucléaire ». 

Veillant à distinguer le peuple iranien, « vraie victime » du régime, il a jugé que « l’heure était venue pour le monde de s’unir avec les États-Unis » pour exiger du Gouvernement iranien qu’il cesse de semer la mort et la destruction.  Plus que la force militaire considérable des États-Unis, ce que le régime iranien craint, c’est son peuple », le « bon peuple iranien » qui « veut le changement », a estimé le Président américain. 

M. Trump a en outre affirmé que son pays ne lèverait pas ses sanctions contre le « régime corrompu de Cuba » tant que des réformes importantes n’y seront pas effectuées.  Il s’en est en outre pris vivement à la « dictature socialiste de Nicolás Maduro », accusée d’avoir « détruit une nation prospère » en luttant contre « le bon peuple du Venezuela ». 

Ironisant sur le fait que le problème au Venezuela « n’est pas que le socialisme a été mal mis en œuvre, mais qu’il a été fidèlement mis en œuvre », il a dénoncé cette « idéologie discréditée » et a invité la communauté internationale à « aider le peuple vénézuélien à retrouver la liberté et rétablir la démocratie », affirmant que les États-Unis étaient « prêts à prendre des mesures supplémentaires si le régime ne change pas ». 

M. Trump a affirmé qu’il allait « mettre un terme » au terrorisme islamique radical, accusé de « déchirer nos nations ».  Pour lui, les pays suppôts du terrorisme doivent rendre des comptes.  Les États-Unis veilleront à éviter que n’apparaissent des sanctuaires d’où les terroristes peuvent lancer leurs attaques et a cité ses récentes décisions concernant l’Afghanistan. 

Ce sont nos intérêts de sécurité et non des calendriers arbitraires qui régiront nos opérations militaires, a-t-il averti, avant d’estimer que les États-Unis avaient « bien avancé » en Syrie et en Iraq pour mettre durablement en échec l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech).

Concernant les réfugiés, M. Trump a rappelé que son pays dépensait « des millions de dollars » pour assurer leur réinstallation et leur permettre à terme de rentrer chez eux.  Avec la même somme utilisée pour installer un réfugié aux États-Unis, nous pouvons en aider 10 à s’installer dans un pays proche de son pays d’origine, a ajouté M. Trump, qui a vu dans cette dernière politique une « démarche humanitaire responsable ».

Quant aux migrations non contrôlées, l’expérience montre qu’elles sont à terme injustes à la fois pour les pays d’origine et pour les pays d’accueil, a affirmé le Président. 

Saluant les efforts des Nations Unies pour stabiliser les conflits et donc les populations, il a estimé que les États-Unis étaient dans ce domaine sur le devant de la scène, y compris en matière de secours, citant la lutte contre les risques de famine, les initiatives contre le paludisme, pour mettre fin à l’esclavage moderne ou encore en faveur des femmes entrepreneurs. 

À propos de la réforme des Nations Unies, M. Trump a remercié le Secrétaire général pour avoir insisté sur sa nécessité, accusant l’ONU d’avoir trop souvent mis l’accent sur la bureaucratie et les processus plutôt que sur les résultats. 

Il a jugé comme une source d’embarras pour les Nations Unies le fait que des gouvernements qui « violent ostensiblement les droits de l’homme » siègent au Conseil des droits de l’homme. 

Il a ensuite insisté sur le « fardeau financier injuste » que représentent pour son pays les dépenses des Nations Unies, estimant que les États-Unis financent en fait beaucoup plus que la quote-part maximale de 22% de leur contribution au budget ordinaire de l’organisation.  Aucune nation ne devrait assumer une part disproportionnée du fardeau, a-t-il ajouté. 

De même, M. Trump a estimé que les échanges commerciaux devaient être « justes et réciproques » et s’en est pris aux accords commerciaux internationaux, jugés trop complexes et bureaucratiques et accusés d’avoir nui à la classe moyenne américaine. 

M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée et Président en exercice de l’Union africaine, a insisté sur l’importance pour l’Afrique du thème de la soixante-douzième Assemblée générale des Nations Unies « Priorité à l’être humain: paix et vie décente pour tous sur une planète préservée ».

« Aujourd’hui plus que jamais, l’Afrique est décidée à prendre son destin en main avec la ferme détermination d’être l’acteur principal de son développement », a-t-il déclaré.  Le représentant guinéen a appelé à plus de pragmatisme dans la gestion des défis du continent « car il n’y a plus de destin isolé dans ce monde ». 

Il a également appelé au respect des engagements inscrits dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur le plan international et l’Agenda 2063 sur le plan régional. 

« Le retard de l’Afrique n’est pas une fatalité », a-t-il assuré.  Pour le Chef de l’État guinéen, l’industrialisation et la transformation structurelle auxquelles l’Afrique aspire sont tributaires de l’accès du continent à l’énergie mais surtout de son intégration économique régionale, à travers la mise en œuvre efficace de la Zone de libre-échange continentale, prélude au marché commun africain. 

M. Condé a fait état de la volonté de l’Union africaine de parler d’une seule voix pour trouver des solutions pérennes à ses problèmes, citant en exemple la décision du Rwanda visant à prélever 0,2% sur les importations éligibles en vue du financement de l’Union africaine.  Il a également insisté sur le rôle de la jeunesse africaine, qui représente 70% de la population du continent, thème de l’année 2017 de l’Union africaine.

Soulignant le rôle du continent dans la gestion de ses foyers de tension par la promotion du dialogue et de solutions africaines, il a exhorté la communauté internationale à inscrire son action dans ce credo en Libye, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC) ou encore au Burundi. 

Le Président guinéen a insisté sur l’importance d’une approche régionale dans la gestion des conflits sur le continent ainsi que d’un partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Il a insisté sur l’importance la résolution 2359 (2017) relative au déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel comme un jalon important vers la concrétisation du partenariat que le continent ambitionne sur les questions de paix et de sécurité. 

Sur le volet financier, le représentant guinéen a renouvelé son appel à une mobilisation efficace des ressources indispensables à l’opérationnalisation de cette force, affirmant que l’Union africaine ne ménagerait aucun effort pour faire face à sa responsabilité de contribuer à hauteur de 25% du financement des opérations de maintien de la paix en Afrique mandatées par le Conseil de sécurité. 

Il a appelé à un changement dans l’architecture institutionnelle internationale, notamment au sein du Conseil de sécurité.  « Comment comprendre que l’Afrique, qui constitue la troisième puissance démographique du monde, ne soit pas représentée à un niveau approprié au sein du Conseil de sécurité alors que 70% des questions qui y sont débattues concernent l’Afrique », a déclaré M. Condé. 

Il a réitéré la pertinence de la position africaine telle que contenue dans le consensus d’Ezulwini de l’Union africaine en 2005, et a exigé l’élargissement du Conseil de sécurité dans les deux catégories de membres, permanents et non permanents, et l’attribution de deux sièges permanents et de cinq sièges non permanents à l’Afrique, choisis par l’Union africaine. 

« À défaut de l’abolition du veto, les nouveaux membres permanents du Conseil de sécurité devront avoir les mêmes prérogatives et privilèges que les membres actuels », a estimé M. Condé.  « Les femmes et les jeunes Africains sont déterminés à écrire une nouvelle page de l’histoire de l’humanité », a-t-il dit, ajoutant: donnons-leur cette occasion ou ils la saisiront eux-mêmes. 

« Nous avons besoin de l’ONU, et nous avons besoin d’une ONU forte », a déclaré Mme DORIS LEUTHARD, Présidente de la Confédération suisse.  Selon elle, les investissements dans des thématiques de fond sont une priorité absolue.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre, à cet égard, un bon exemple.

Mme Leuthard a salué les réformes du système des Nations Unies que le Secrétaire général s’emploie à mener à bien dans les trois domaines que sont la paix et la sécurité, le développement et la gestion.  S’agissant de la paix, elle a appuyé la priorité que M. Guterres accorde à la prévention. 

Elle a invité tous les États « à soutenir l’appel du 13 juin qui demande que les droits de l’homme soient au cœur de la prévention des conflits ».  De plus, a-t-elle noté, le Panel mondial de haut niveau sur l’eau et la paix, lancé à l’initiative de la Suisse, a proposé, hier, à New York, des mesures devant permettre de mieux prévenir les conflits liés à l’eau.

La Suisse s’engage activement en faveur de la non-prolifération et de l’élimination complète des armes nucléaires, a poursuivi la Présidente.  Elle s’est dite convaincue que seules des négociations et un processus diplomatique permettront de trouver une issue à la crise nucléaire dans la péninsule coréenne. 

Mme Leuthard a ensuite indiqué qu’elle soutenait l’action menée par le Secrétaire général contre toute forme d’abus sexuels commis par des membres du personnel de l’ONU.  Dans le cadre de son engagement sur cette question, a-t-elle assuré, la Suisse contribuera au Fonds des Nations Unies dédié à l’aide aux victimes d’exploitation et d’abus sexuels. 

Par ailleurs, la Suisse s’emploie à ce que le Pacte mondial pour la migration porte non seulement sur les défis mais aussi sur les opportunités que génèrent les migrations au niveau international.  Évoquant un autre défi mondial que constitue l’avènement du numérique, la Présidente a annoncé que son pays accueillera à Genève, en décembre prochain, le douzième Forum sur la gouvernance d’Internet. 

Lorsqu’il s’agit de lutter contre les changements climatiques, le dialogue politique n’est pas suffisant, a averti Mme Leuthard.  « Les événements météorologiques extrêmes, comme les ouragans, montrent clairement que l’Accord de Paris sur les changements climatiques doit être mis en œuvre rapidement », a-t-elle insisté.  Elle a rappelé le rôle essentiel du secteur privé pour élaborer des solutions, en concertation avec le monde scientifique et les responsables politiques.

« Chaque minute du discours que je vais prononcer, 12 enfants mourront de faim et plus d’une centaine d’enfants naîtront dans l’extrême pauvreté », a affirmé M. ANDREJ KISKA, Président de la Slovaquie, en soulignant le devoir qui incombe aux dirigeants du monde d’édifier des sociétés prospères et harmonieuses.  Il n’y a pas de plus grand ennemi de nos efforts que l’égoïsme, l’ignorance et les intérêts étroits, a-t-il poursuivi. 

Le Président slovaque a déploré que la coexistence pacifique entre les nations soit menacée par les visées égoïstes et le jeu des soi-disant sphères d’influence, « expression séduisante trop souvent utilisée pour justifier les violations du droit international ». 

Il s’agit d’un jeu tragique dont les conséquences peuvent être tragiques et inattendues, a-t-il poursuivi.  « L’Ukraine, la Géorgie ou la République de Moldova connaissent le prix de la paix », a-t-il dit, ajoutant que ces pays voyaient leur souveraineté sapée par les menées d’un pays voisin agresseur.  Le Président a accusé ce pays de penser que les règles ne s’appliquent pas à lui. 

Soulignant la gravité de la menace posée par la République populaire démocratique de Corée, M. Kiska a ensuite appelé ce pays à abandonner le développement de son programme nucléaire et à s’engager sur la voie de la paix.  « Il n’y a pas de place pour les considérations géopolitiques ou économiques au détriment de notre sécurité à tous », a-t-il poursuivi, en soulignant que la vie de millions de personnes était en jeu. 

Le Président slovaque a ensuite souligné l’acuité des défis posés par les changements climatiques, avant de qualifier l’Accord de Paris d’« effort unique des générations actuelles » pour y remédier.  Aucun intérêt économique de court terme ne pourra jamais compenser la perte irréparable qui découlera de notre inaction, a-t-il dit, en appelant à la pleine application dudit traité. 

Enfin, le Président slovaque a appuyé les efforts visant à rendre l’ONU plus efficace, tout en respectant les objectifs fondamentaux de l’Organisation.  « Réussir exigera de nous d’être des dirigeants responsables, d’abandonner les égoïsmes nationaux et l’ignorance, de nous montrer à la hauteur des principes de la Charte des Nations Unies et d’être honnêtes l’un envers l’autre en tenant nos promesses et en produisant des résultats », a conclu M. Kiska. 

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a salué le rôle que joue l’ONU pour aider des milliers de civils innocents pris dans les conflits en Syrie, en Iraq et en Afghanistan, ainsi que les pays comme l’Allemagne, l’Italie, la Grèce et la Turquie qui accueillent des centaines de milliers de réfugiés. 

Il s’est également félicité de la solidarité affichée par la communauté internationale à l’égard de sa propre région pour aider les pays et les communautés du Sahel et du bassin du lac Tchad qui font face à la menace d’Al-Qaida et de Boko Haram. 

M. Buhari a remercié le Conseil de sécurité de s’être rendu dans la région du bassin du lac Tchad pour évaluer la situation et promettre une assistance.  Le Nigéria, a-t-il indiqué à cette occasion, offre une assistance humanitaire à des millions de personnes déplacées vivant dans des camps et aux personnes affectées par le terrorisme, la sécheresse, les inondations et autres catastrophes naturelles.

Faisant toujours le bilan de l’année écoulée, le Président a apprécié les efforts entrepris en faveur de l’égalité entre les sexes, l’emploi des jeunes, l’inclusion sociale, l’éducation et l’innovation.  Il s’est réjoui de voir s’étendre la bonne gouvernance dans le monde et en particulier en Afrique. 

Il a rappelé que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait aidé à faire respecter les principes démocratiques en Gambie, comme elle l’avait fait précédemment en Côte d’Ivoire.

Le Président a poursuivi en faisant remarquer que les efforts nationaux, dans sa région, avaient permis de renforcer les institutions étatiques et de combattre la corruption, mais que cela n’aurait pas été possible sans le soutien de la communauté internationale. 

Il a appelé à coopérer également pour combattre la criminalité transnationale, le travail forcé, l’esclavage moderne, la traite des êtres humains et la cybercriminalité.  Il faut en outre, a-t-il ajouté, des stratégies pour éviter que les combattants de Daech n’infiltrent le Sahel et le bassin du lac Tchad.

Ces efforts, selon le Président du Nigéria, exigent une solide coopération en matière de prévention et de gestion des conflits avec les organisations régionales, telles que l’Union africaine.   Il a notamment appelé les Nations Unies à fournir des fonds prévisibles et suffisants pour soutenir les initiatives et opérations de maintien de la paix régionales autorisées par le Conseil de sécurité.

Le Président Buhari a invité à ne pas oublier les conflits anciens, comme celui du Moyen-Orient, évoquant les souffrances du peuple palestinien dans la bande de Gaza.  Il a aussi attiré l’attention sur les situations humanitaires au Yémen et dans l’État de Rakhine au Myanmar, cette dernière situation rappelant beaucoup, à son avis, ce qui s’est passé en Bosnie en 1995 et au Rwanda en 1994. 

La communauté internationale ne peut pas rester silencieuse face au dépeuplement des régions habitées par les Rohingya pour des motifs liés à l’ethnicité et à la religion, a-t-il lancé, avant de relayer l’appel lancé par le Secrétaire général au Gouvernement du Myanmar pour que cesse l’épuration ethnique et pour que les populations concernées puissent rentrer chez elles en toute sécurité et dignité. 

M. Buhari a rappelé à cette occasion les raisons pour lesquelles le thème de la session de l’Assemblée générale est centré sur les personnes.  Il a invité à s’attaquer aux causes des inégalités que l’on constate au sein des sociétés et qui se transforment parfois en instabilité.

Le Président du Nigéria s’est vivement inquiété de la menace nucléaire posée par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), voulant que tous les efforts diplomatiques possibles soient faits pour que ce pays accepte une résolution pacifique de la crise.  Il a proposé à cet effet que l’ONU envoie une forte délégation, qui serait menée par le Conseil de sécurité et inclurait des membres de toutes les régions, pour traiter avec le dirigeant nord-coréen. 

En outre, il a fait remarquer combien il était pressant que tous les États Membres ratifient le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui sera ouvert à la signature demain.

Avant de conclure, le Président a assuré que le Nigéria continuerait à soutenir les efforts de l’ONU et notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. MILOŠ ZEMAN, Président de la République tchèque, a cité deux ouvrages qui l’avaient marqué dans sa jeunesse, « La fin de l’histoire et le dernier homme », de Francis Fukuyama, et « Le choc des civilisations », de Samuel Huntington.  Le premier décrit une nouvelle utopie où tous les pays auraient le même système politique fondé sur une démocratie parlementaire libérale, « un rêve, mais un beau rêve », a-t-il estimé.  Le deuxième était réaliste et cynique, prédisant le conflit progressif de différents types de civilisation.

Aujourd’hui, la civilisation se fonde sur la terreur, a remarqué le Président en prenant pour preuve les actes terroristes commis en Europe et au-delà.  « Malheureusement, nous hésitons toujours à lutter contre cette anticivilisation terroriste en utilisant toute notre puissance. »

Il a rappelé avoir émis, il y a un an, des critiques à l’encontre des Nations Unies incapables de définir le terme terrorisme, et ce, depuis 70 ans.  Il s’est toutefois félicité des mesures prises par le Secrétaire général avec la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, une solution raisonnable avec des solutions pratiques.

Le Président a souligné qu’il existe 38 organismes ou institutions de lutte contre le terrorisme sous l’égide des Nations Unies.  « Plus il y en a, plus les organisations terroristes prospèrent », a-t-il ironisé, en plaidant plutôt pour un bureau unique doté de tous les moyens nécessaires, y compris une force militaire. 

Il a aussi remarqué que la migration s’explique parfois par des actes terroristes, comme en Syrie ou en Iraq, et que les terroristes se cachent dans les flux migratoires en Europe ou ailleurs.  « Si je comprends ceux qui disent qu’il faut accueillir les migrants, la migration massive des pays africains ou autres représente une fuite de cerveaux de jeunes en bonne santé », a-t-il noté en soulignant que ce phénomène affaiblit le potentiel des pays.  Pour lui, ceux qui accueillent ces migrants facilitent cette fuite des cerveaux et ne font qu’accentuer le retard des pays d’origine.  « Il ne faut pas soutenir la migration », en a-t-il conclu.

De l’avis du Président, la guerre contre le terrorisme doit se fonder sur un objectif historique.  Il a dit qu’il fallait avoir la conviction qu’on pouvait la gagner, comme à Barcelone où les gens ont affirmé ne pas avoir peur.

Il a conclu en citant Martin Luther: « Si la fin du monde était demain, je voudrais planter aujourd’hui un pommier ».

À 22 jours des élections législatives et présidentielle dans son pays, Mme ELLEN JOHNSON-SIRLEAF, Présidente du Libéria, a mis l’accent sur la portée historique des futurs scrutins.  « Ce sera la première fois en 73 ans que le pouvoir politique sera transmis pacifiquement et démocratiquement d’un homme politique élu à un autre », s’est-elle félicitée. 

Arrivée à la fin de son second mandat, la Présidente est revenue sur l’état dans lequel elle a trouvé le pays à son arrivée au pouvoir, en 2006.  « J’ai pris mes fonctions après 25 années de développement inversé, aggravées par 15 ans de guerre civile », a-t-elle expliqué.

Depuis lors, s’est toutefois enorgueillie Mme Johnson-Sirleaf, les forces armées et de police libériennes ont été restructurées, parallèlement à la professionnalisation des services d’immigration et douaniers.  « Nous sommes fiers de rapporter que, depuis le transfert formel des responsabilités en matière de sécurité au Gouvernement, le Libéria est demeuré stable, pacifique et sûr », a-t-elle affirmé, en référence à la transition sécuritaire consécutive à la fermeture, en juillet 2016, de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL).

Sur le plan économique, a par ailleurs indiqué Mme Johnson-Sirleaf, le Libéria est passé d’un taux de croissance négatif à un essor de 8,7% en 2013, année durant laquelle la crise d’Ebola et la chute du prix des matières premières ont malheureusement mis un terme à la reprise économique du pays. 

Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, le Libéria met l’accent sur les investissements dans le secteur agricole et les infrastructures, en particulier le transport routier et l’énergie.  La décentralisation des institutions étatiques, le renforcement du système de santé publique et la lutte contre la pauvreté sont également des priorités, a ajouté la Présidente, précisant que le taux de pauvreté du pays était passé de 63,8% en 2007 à 50,9% en 2016.

« Le Libéria revient de loin », a ainsi résumé Mme Johnson-Sirleaf, soulignant que rien de tout cela n’aurait été possible sans le soutien de la communauté internationale et des Nations Unies, manifesté notamment par le déploiement de la MINUL.  « Le Libéria est une "success story" du postconflit », s’est enfin félicitée la Présidente, avant d’ajouter: « C’est votre "success story" du postconflit. »

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, qui s’exprimait pour la première fois devant l’Assemblée générale, a déclaré qu’il « savait à qui il devait » cet honneur, citant « ceux qui s’étaient, il y a 70 ans, levés contre un régime barbare qui s’était emparé de la France », les « nations qui ont entendu le cri des résistants et envoyé, d’Afrique, d’Amérique, d’Océanie, d’Asie, à leur secours, leurs filles et leurs filles ». 

Ceux-là, a ajouté M. Macron « ne savaient pas ce qu’était la France, mais savaient que la défaite de la France était aussi celle d’idéaux qu’ils partageaient ».  Il a aussi rendu hommage à tous ceux qui, après la guerre, ont « osé la réconciliation » et reconstruit un nouvel ordre international, à l’image du Français René Cassin, jugé les coupables, recueilli les victimes et réparé les fautes. 

Rappelant « les valeurs de tolérance, de liberté et d’humanité qui sont fondatrices des Nations Unies », M. Macron a estimé que, si la France « possède aujourd’hui dans l’ordre des nations une place un peu particulière », elle a aussi « une dette à l’égard de tous ceux qu’on a privés de leur voix ».  C’est en nommant un de ces « sans-voix » que le Président français a ensuite présenté chacune des parties de son discours.

Au nom de Bana, « citoyenne d’Alep », M. Macron a déclaré que le peuple syrien avait assez souffert pour que la communauté internationale « prenne acte d’un échec collectif et s’interroge sur ses méthodes ».

Il a mis en avant l’urgence d’un règlement politique de la crise, comme le demande la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, adoptée à l’unanimité et a souhaité que puisse être lancé un groupe de contact comprenant « tous les membres permanents du Conseil de sécurité et l’ensemble des parties prenantes », le format du processus d’Astana lui apparaissant utile mais insuffisant. 

À cet égard, M. Macron a rappelé les deux « lignes rouges » de son pays.  La France, a-t-il affirmé, sera d’une « intransigeance absolue » sur l’emploi d’armes chimiques et exigera que les auteurs de l’attaque chimique du 4 avril 2017 soient traduits devant la justice internationale. 

En outre, elle a décidé de faire une priorité de sa prochaine présidence du Conseil de sécurité, en octobre, la question des attaques contre les hôpitaux et le personnel humanitaire.

Agir pour la paix en Syrie, c’est agir pour le peuple syrien mais c’est aussi se protéger contre le terrorisme, a poursuivi M. Macron, qui a rappelé que, en Syrie comme en Iraq, « c’est contre le terrorisme que nous nous battons ». 

Dans ce domaine, le Président a rappelé les initiatives portées par la France pour lutter contre l’utilisation d’Internet par les terroristes et contre leurs sources de financement, mais aussi son action militaire.  La lutte contre le terrorisme est à la fois militaire, éducative, culturelle, morale, a-t-il ajouté.

C’est ensuite au nom d’Ousmane, « écolier à Gao », que M. Macron a parlé de la lutte contre le terrorisme et de la situation générale au Mali et au Sahel, région où « nous sommes tous aujourd’hui engagés », avec notamment la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

Il a rappelé le soutien de la France à la Force conjointe du G5 Sahel dès l’origine et lancé un appel à une mobilisation collective, avant d’annoncer son intention de s’investir « dans le renforcement du soutien aux opérations de maintien de la paix africaines ».  Il faut repenser collectivement l’articulation entre maintien de la paix, organisations régionales et pays hôtes, a estimé M. Macron, qui a insisté dans le cas du Mali sur la réponse politique que représente la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. 

Au nom de Kouame, un jeune migrant africain qui a traversé la Méditerranée après s’être mis en Libye aux mains de passeurs, M. Macron a estimé que le réfugié, le déplacé, le migrant, était devenu « le symbole de notre époque ».  Il a appelé à transformer les « routes de la nécessité » par des « routes de la liberté ». 

Il a cité comme cause de migration le « nettoyage ethnique » dont sont victimes les Rohingya du Myanmar, annonçant une initiative sur ce point au Conseil de sécurité ou encore l’instrumentalisation du droit international humanitaire, comme en Syrie. 

La protection des réfugiés est un « devoir moral et politique » et la France entend jouer son rôle, notamment en soutenant partout où il doit intervenir le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

La France consacrera 0,55% de son PIB à l’aide publique au développement d’ici à cinq ans, a annoncé le Président Macron, qui a aussi demandé que cette aide soit plus innovante et plus responsable, et qu’elle investisse dans les domaines prioritaires et de l’éducation, ainsi que dans la promotion des femmes et dans la culture. 

Il a jugé essentiel le rôle de l’UNESCO « pour conserver au monde un visage humain » et demandé par ailleurs que soit créé un poste de représentant spécial du Secrétaire général pour la protection des journalistes dans le monde. 

Au nom de Jules, Français vivant sur l’île de Saint-Martin récemment ravagée par l’ouragan Irma, M. Macron a rappelé que « l’avenir du monde, c’est celui de notre planète, qui est en train de se venger des hommes ».  « La nature nous rappelle à l’ordre; elle ne négociera pas », a averti le Président, pour qui il revient à l’humanité de se défendre en la protégeant. 

Rappelant que les changements climatiques faisaient « voler en éclat l’opposition traditionnelle entre Nord et Sud », il a fait observer que les premières victimes sont toujours les plus fragiles. 

M. Macron a ensuite fait longuement l’éloge de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  La France a obtenu un accord universel à Paris, il nous lie, « il ne sera pas renégocié », a averti le Président, pour qui « le détricoter serait détruire un pacte non seulement entre les États mais entre les générations ». 

L’Accord « pourra être enrichi de nouvelles contributions, mais nous ne reculerons pas », a-t-il insisté, tout en disant respecter profondément la position des États-Unis, « avec qui la porte sera toujours ouverte ».  « Nous avons pour nous la force des pionniers, l’endurance, la certitude et l’énergie de ceux qui veulent construire un monde meilleur », s’est-il enflammé. 

M. Macron a en outre confirmé que la France allouerait 5 milliards d’euros par an à l’action sur le climat d’ici à 2020 et annoncé qu’aujourd’hui même elle présenterait un pacte pour l’environnement « dont l’ambition sera de forger le droit international du siècle qui vient avec l’appui des agences de l’ONU ».

Le Président français s’est ensuite lancé dans un long et vibrant plaidoyer en faveur du multilatéralisme.  Dans un « monde redevenu multipolaire », il nous faut « réapprendre la complexité du dialogue mais aussi sa fécondité », a-t-il insisté. 

Prenant acte de la « responsabilité particulière » de la France en Libye, le Président a promis de mettre « toute son énergie » pour assurer le retour de la stabilité dans ce pays à l’occasion des élections de 2018.

M. Macron a ensuite cité deux situations dans lesquelles le multilatéralisme était mis à l’épreuve et ne parvenait pas à conjurer les menaces.  Face à la « surenchère acharnée » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont les dirigeants « ne donnent aucun signe d’une volonté de négocier », la France refusera toute escalade et ne fermera aucune porte au dialogue, à condition toutefois que les conditions soient réunies pour que ce dialogue soit utile à la paix. 

C’est aussi la raison pour laquelle la France défendra le Plan d’action global commun conclu avec la République islamique d’Iran en 2015, qu’elle juge « solide, robuste et vérifiable ».  Dénoncer celui-ci sans rien proposer à la place serait « une lourde erreur et ne pas le respecter serait irresponsable », a averti le Président Macron, qui a ajouté l’avoir « dit hier aux États-Unis et à l’Iran ». 

Pour lui, il serait en revanche utile de compléter l’accord existant « par un travail encadrant l’activité balistique de l’Iran et la situation après 2025 », que ne couvre pas l’Accord.  « Soyons plus exigeants mais ne détricotons pas ce qui a été fait », a-t-il plaidé.

Pour que le multilatéralisme survive à l’actuelle « période de doute et de dangers », M. Macron a invité les dirigeants à se souvenir de l’état du monde voici 70 ans, brisé par la guerre et stupéfait par les génocides » et à retrouver l’optimisme alors opposé à ces raisons de douter. 

Le multilatéralisme est « la méthode la plus efficace face aux défis globaux, c’est la concrétisation d’une vision du monde qui nous protège seule de la loi du plus fort, c’est la règle de droit en acte », s’est enflammé le Président français. 

Pour M. Macron, si le multilatéralisme a été décrié, c’est qu’on a « laissé s’installer l’idée qu’il s’agit un sport confortable pour diplomates assis », qu’on a laissé crier qu’on était plus forts quand on agissait unilatéralement, mais aussi qu’on a traîné à régler les programmes du monde, comme les changements climatiques ou les inégalités résultant d’un capitalisme déréglé. 

« Par langueur, par oubli de l’histoire, nous avons laissé s’installer l’idée qu’on est plus fort hors du multilatéralisme », a-t-il déploré, alors que « rien n’est plus efficace » que ce dernier, car tous nos défis sont mondiaux. 

« C’est par le multilatéralisme que nous pourrons concrétiser nos visions du monde.  Sinon, nous abandonnons l’universalité de nos valeurs.  Le multilatéralisme, c’est ce qui fait la paix dans la durée, a encore insisté le Président, pour qui le monde a plus que jamais besoin de ce « refuge pour gens intelligents ».

C’est pourquoi la France soutient pleinement le projet de réformes des Nations Unies présenté par le Secrétaire général.  Pour M. Macron, il faut une ONU « plus responsable et plus agile », qui « sorte de ses bureaux » et se donne les moyens de sortir de ses propres blocages quand des centaines de milliers de vies sont en jeu. 

En ce sens, M. Macron a rappelé que la France préconise un Conseil de sécurité qui puisse prendre des décisions efficaces, notamment en excluant le droit de veto quand des atrocités de masse sont commises. 

« Les voix que j’ai voulu porter ce jour ne peuvent résonner que dans une enceinte comme celle-ci, a estimé M. Macron.  Ne pas écouter la voix des opprimés et des victimes, c’est laisser leur malheur grandir, prospérer jusqu’au jour où il nous frappera tous, a encore insisté le Président, pour qui « ce ne sont pas les murs qui nous protègent, c’est notre volonté d’agir, c’est notre souveraineté, et l’exercice souverain de nos forces au service du progrès ». 

Contre le renoncement et l’échec, le Président français a répété la nécessité d’un multilatéralisme « fort et responsable ».  C’est la responsabilité de notre génération, qui « n’a pas le choix car elle doit travailler pour aujourd’hui et pour demain », a-t-il conclu.

M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, s’adressant, a-t-il dit, pour la huitième et dernière fois à l’Assemblée générale en tant que Chef d’État, s’est félicité de la transformation positive de son pays.  « Aujourd’hui, je viens vous dire que le processus de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a permis de sauver des milliers de vies humaines », a-t-il déclaré. 

« Si nous avons pu, en Colombie, mettre fin à un conflit armé qui a fait des centaines de milliers de morts et des millions de victimes et de personnes déplacées, il y a de l’espoir pour les conflits qui perdurent sur la planète », s’est exclamé M. Santos Calderón.

La mission spéciale créée par le Conseil de sécurité pour vérifier le processus de désarmement des FARC et le respect du cessez-le-feu entre les FARC et l’État colombien a rempli son mandat, a-t-il reconnu en remerciant l’ONU.  Aujourd’hui, le défi consiste à appliquer ce qui a été convenu et à garantir les droits des victimes à la vérité, à la justice, à la réparation et à la non-répétition. 

Le Président a indiqué que son pays s’apprêtait à recevoir une deuxième mission, autorisée la semaine dernière par le Conseil de sécurité, pour accompagner la réinsertion des guérilleros dans la vie civile et aider à vérifier la sécurité des ex-combattants et des communautés meurtries par le conflit armé. 

De plus, a-t-il expliqué, l’ONU vérifiera le respect du cessez-le-feu avec l’ELN (Armée de libération nationale), « un autre groupe guérillero avec lequel nous négocions pour parvenir à une paix complète », qui doit entrer en vigueur le 1er octobre prochain.

M. Santos Calderón a évoqué les résultats positifs déjà enregistrés par le processus de paix sur les plans politique, économique et social.  En sept ans, plus de cinq millions de Colombiens, soit 10% de la population, sont sortis de la pauvreté. 

Par ailleurs, le Président s’est dit préoccupé par la situation au Venezuela, pays avec lequel il partage une longue frontière.  « La destruction progressive de sa démocratie nous fait mal; la persécution de l’opposition politique et la violation systématique des droits des Vénézuéliens nous font mal », s’est-il lamenté.  Il a redemandé au Secrétaire général et à la communauté internationale d’appuyer le peuple vénézuélien dans la recherche d’une solution pacifique. 

S’il faut faire preuve de la plus grande fermeté dans la lutte contre le terrorisme, il faut également éliminer ses racines que sont la peur, l’exclusion et la haine, « avec les forces positives de l’amour, de la compassion et du respect des différences », a poursuivi le dirigeant colombien. 

Quant à la guerre contre les drogues, elle n’est pas en passe d’être gagnée, a averti M. Santos Calderón.  Le Président a jugé nécessaire de traiter la consommation de drogues comme un problème de santé publique et non de politique pénale.  La guerre contre les drogues a coûté trop de vies et la Colombie a payé un prix très élevé, a-t-il ajouté, le remède s’étant avéré pire que le mal. 

Selon lui, il est temps que les États parlent de « réglementation responsable ».  Il faut priver les mafias d’oxygène et combattre la consommation avec davantage de ressources pour la prévention.  En Colombie, la paix a permis, pour la première fois, de lancer des processus de substitution volontaire des cultures de coca, s’est réjoui le Président. 

Si le rythme toujours croissant de la mondialisation a permis de rapprocher les nations, celle-ci n’en est pas moins porteuse de menaces, a déclaré M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan.  Dans ce contexte, a-t-il observé, l’ONU doit continuer d’assurer la coordination des efforts de la communauté internationale pour relever ces nouveaux défis, en menant au préalable une réforme de l’Organisation, et en particulier de son Conseil de sécurité. 

Sur le plan national, le Tadjikistan s’est doté des moyens nécessaires pour faire face aux menaces extrémistes et terroristes, a assuré le Chef de l’État, pour qui paix et stabilité sont les piliers du développement durable.

« Notre peuple a connu de nombreuses difficultés, et ce, dès les premiers jours de son indépendance, en raison de conflits internes », a rappelé M. Rahmon, en affirmant que l’intégration régionale harmonieuse est un objectif que poursuit son pays depuis des années.  En témoigne la hausse de ses échanges avec plusieurs pays limitrophes, dont l’Afghanistan, avec lequel le Tadjikistan partage plus d’un millier de kilomètres de frontière commune. 

Le Gouvernement s’est ainsi lancé dans des projets de coopération avec son voisin, par exemple la formation d’experts dans différents domaines, notamment celui de la lutte contre le trafic de stupéfiants, connu pour être une source de financement du terrorisme international. 

Le Tadjikistan, s’est félicité le Président, fait partie des 43 pays ayant soumis cette année, de manière volontaire, leur évaluation préliminaire de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Un sujet d’une importance cruciale aux yeux de ce pays en développement sans littoral, qui dépense chaque année des centaines de millions de dollars pour compenser la fonte de plus en plus prononcée de ses glaciers, dans un contexte où il dépend largement de son hydroélectricité. 

« Le temps est donc venu de donner effet à l’Accord de Paris, en utilisant le plus largement possible les sources d’énergie renouvelable », a affirmé le Chef de l’État.

Le 21 décembre 2016, a-t-il rappelé, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution A/RES/71/222, relative à la Décennie internationale d’action sur le thème L’eau et le développement durable (2018 – 2028), à l’initiative du Tadjikistan. 

La Décennie vise à fournir un cadre international de coordination et de promotion en faveur de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous à l’horizon 2030 et propose le lancement d’un dialogue pour améliorer la gouvernance des questions hydriques au niveau des Nations Unies. 

Aussi M. Rahmon a-t-il annoncé la tenue, plus tard cette année, à Douchanbé, d’une conférence de haut niveau pour assurer le lancement de cette Décennie.

M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a dénoncé les effets néfastes des changements climatiques « qui n’épargnent aucune nation, qu’elle soit développée ou non » et qui compromettent les efforts visant un développement durable dans le monde.  Pour avoir vu de « nos propres yeux » l’impact qu’ont eu les changements climatiques en seulement une génération, le Président zambien a dit craindre que « nos petits enfants ne soient en mesure de citer cinq fruits locaux de leur pays », compte tenu de la disparition rapide des espèces, sans oublier les effets dévastateurs des sècheresses, des inondations et des glissements de terrain. 

Il a émis l’espoir que la vingt-troisième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 23) parviendra à mettre en place les mécanismes nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a appelé au financement « adéquat » du Fonds vert pour le climat. 

« En tant que pays en développement, la Zambie dépend de l’aide pour renforcer ses capacités notamment pour se doter de systèmes d’alerte et de réponse rapides pour faire face aux changements climatiques. »

Le Président a également passé en revue les progrès réalisés par son pays en termes de développement en rappelant avoir misé sur un « développement inclusif », sur la base de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le septième Plan de développement national, qui couvre la période 2017-2021, vise entre autres à augmenter la productivité dans le secteur de l’agriculture, à créer des opportunités pour la main-d’œuvre non qualifiée dans d’autres secteurs, et à améliorer les conditions de vie en milieu rural avec pour objectif ultime de réduire la pauvreté au maximum.

Pour le Président Lungu, développement et paix, sécurité et état de droit vont de pair.  Dans cet esprit, il a salué les avancées démocratiques qui ont marqué l’Afrique et les récentes élections qui y ont eu lieu, et a rappelé que son pays participait aux efforts de paix au travers de sa participation au Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ainsi qu’aux efforts de maintien de la paix de l’ONU. 

S’agissant précisément du maintien de la paix des Nations Unies, il a estimé que cela devrait englober la prévention des conflits et la protection des civils y compris des personnes déplacées.

Sur le plan national, la Zambie poursuit sa lutte contre les mariages précoces, dont la prévalence est passée de 42% à 31,2% depuis le début de sa campagne de lutte contre cette réalité.  La Zambie est d’ailleurs le champion de l’Union africaine de cette campagne pour l’année 2017.  À ce titre, son président a rappelé que 20 pays sur 30 à forte prévalence de mariages précoces avaient désormais lancé cette campagne chez eux, avant de lancer un appel aux partenaires pour se joindre à cet effort. 

Il a saisi l’occasion pour appeler à la désescalade des tensions dans la péninsule coréenne, soulignant que « les armes nucléaires ne contribuent en rien à la sécurité mais plutôt à l’inverse ». 

Il a également fermement condamné les actes de terrorisme dans le monde et a plaidé pour une collaboration internationale plus forte dans la lutte contre le terrorisme, ce qui suppose, selon le Président Lungu, un leadership audacieux de la part des Nations Unies.

Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la Lituanie, a estimé que si le monde concentrait pour l’instant son attention sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République arabe syrienne, les mêmes méthodes de chantage, de harcèlement et d’agression sont aussi utilisées par la Fédération de Russie en Ukraine et le long de la frontière orientale de l’OTAN. 

« À l’heure où nous parlons, 100 000 soldats russes sont en train de réaliser les exercices d’offensive militaire "Zapad 2017" aux frontières des pays baltes, de la Pologne et même de l’Arctique », a dénoncé Mme Grybauskaité, ajoutant que cet exercice faisait aussi partie d’une guerre de l’information visant à répandre l’incertitude et la peur. 

Elle a pointé le fait que la Russie avait violé la Charte des Nations Unies en attaquant la Géorgie, en annexant illégalement la Crimée et en participant directement à la guerre dans l’est de l’Ukraine, « alors qu’en tant que membre du Conseil de sécurité, elle a une responsabilité particulière dans la protection de la paix internationale ». 

La Russie, de plus, continue à s’immiscer dans les élections, organise des cyberattaques et utilise ses médias pour répandre de fausses informations et de la propagande déstabilisante, a-t-elle également condamné.  Et de se pencher sur ce qui est, selon elle, l’arme de choix de la Russie: le chantage à l’énergie. 

Elle a donné l’exemple de la construction de la centrale nucléaire Astravets au Bélarus, à 40 kilomètres de la capitale lituanienne.  « C’est une arme géopolitique qui ne répond pas aux normes nucléaires internationales. »

Mme Grybauskaité a conclu son allocution par un appel à changer les Nations Unies: « Cette organisation universelle unique a été créée pour préserver le monde des guerres.  Jusqu’ici, elle a échoué à remplir cette promesse. »

Pour M. TAMIM BIN HAMAD AL-THANI, Émir du Qatar, maintenir la paix régionale et internationale est une des priorités de la politique étrangère du Qatar dont les principes et objectifs sont basés sur la Charte des Nations Unies et les règles de la légalité internationale.  L’Émir du Qatar a déploré que la résolution pacifique des conflits ne soit pas une obligation juridique et a estimé qu’il était temps d’imposer le dialogue et la négociation par le biais d’une convention internationale sur la question. 

Il a spécifié que les grandes puissances ne devraient pas se ranger entre deux extrêmes: l’occupation directe afin d’imposer une volonté politique ou la non-réaction face à des crimes de guerre ou à des crimes contre l’humanité commis par des régimes despotiques ou encore face à la répression continue d’un peuple sous occupation étrangère. 

Saluant le thème de la soixante-douzième Assemblée générale, M. Al-Thani a appelé le Gouvernement du Myanmar et la communauté internationale à assumer leurs responsabilités légale et morale et à prendre les mesures nécessaires afin de mettre un terme aux violences que subissent les Rohingya.

Revenant longuement sur la crise diplomatique entre Doha et certaines capitales du Golfe, l’Émir du Qatar a dénoncé le blocus qualifié d’injuste que subit son pays depuis le 5 juin 2017.  Pour M. Al-Thani, certains des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ayant orchestré le blocus ont mené une campagne de désinformation utilisant rumeurs, informations erronées et citations faussement attribuées, qu’ils continuent de financer. 

Les pays ayant imposé ce blocus sont intervenus dans les affaires internes d’un État en faisant pression sur ses citoyens en leur limitant l’accès aux denrées alimentaires, médicaments, etc.  L’Émir du Qatar s’est demandé pourquoi de telles pratiques n’étaient pas qualifiées d’actes de terrorisme. 

Dénonçant à nouveau le comportement de ses pays voisins, l’Émir a pointé du doigt les persécutions subies par ceux, parmi les citoyens et résidents des pays à l’origine du blocus, exprimant leur soutien à son pays.  Il est également revenu sur les promesses non tenues des pays du CCG de fournir des preuves à leurs allégations à l’encontre du Qatar et a conclu ce point en remerciant l’Émir du Koweït pour avoir mis en œuvre une procédure de médiation ainsi que tous les pays y ayant pris part. 

Les gouvernements du monde n’ont pas d’autre choix que de coopérer en matière de terrorisme, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il était possible d’en limiter la propagation en s’attaquant à ses racines sociale, politique et culturelle. 

Tout en réaffirmant sa condamnation du terrorisme sous toutes ses formes, M. Al-Thani a désapprouvé le fait de traiter différemment les coupables selon leur identité, religion, origine ethnique ou culturelle. 

M. Al-Thani a terminé son allocation en abordant la situation au Moyen-Orient, du conflit israélo-palestinien à la Syrie, en passant par la Libye, l’Iraq et le Yémen avant de finir sur le rôle du Qatar dans la coopération internationale. 

La Qatar se classe troisième sur la liste des donneurs principaux en 2017 du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a-t-il annoncé et ne rechignera sur aucun effort dans son soutien aux objectifs des Nations Unies en matière de paix, de sécurité et des droits de l’homme. 

M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Turquie, a plaidé pour « une coopération sincère » au sein de l’ONU, une « nouvelle perspective » pour promouvoir la paix dans le monde et a détaillé la politique étrangère « audacieuse et humanitaire » de son pays.  La Turquie ne pouvait pas rester indifférente face à la tragédie vécue par le peuple syrien, a-t-il dit, précisant que son pays accueillait plus de trois millions de réfugiés syriens. 

Il a souligné la contribution de son pays à la revitalisation du processus de Genève, avant de mentionner les rencontres d’Astana, lancées conjointement avec la Fédération de Russie et la République islamique d’Iran, en vue de l’établissement d’un cessez-le-feu permanent dans le pays. 

Le Président turc a souligné l’insuffisance de l’aide apportée à son pays dans l’accueil des réfugiés syriens et dans les efforts visant à tarir l’afflux de réfugiés en Europe.  Il a chiffré à plus de 30 milliards de dollars le coût de l’accueil des réfugiés dans les camps en Turquie, l’Union européenne n’ayant déboursé que 820 millions d’euros sur les « 3 milliards + 3 milliards d’euros » promis. 

L’assistance apportée par le biais de l’ONU s’élève à 520 millions de dollars, a-t-il dit, en appelant les pays à partager le fardeau de cet accueil. 

M. Erdoğan a ensuite détaillé la lutte de son pays contre les organisations terroristes telles que Daech et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui tirent profit de l’instabilité en Syrie et en Iraq.  Notre combat contre l’organisation terroriste FETO, qui a mené un coup d’État pour modifier le régime démocratique et légitime de la Turquie, se poursuit, a-t-il dit. 

Le Président a accusé les groupes et forces qui prétendent lutter contre Daech dans la région de ne pas avoir en réalité un tel objectif.  Les efforts des Unités de protection du peuple (PYD) visant à changer la composition démographique des régions qu’il a capturées et à tuer ceux qui s’y opposent constituent un crime contre l’humanité, a-t-il dénoncé.  « Si la lutte contre Daech n’est pas menée sur une base légitime, il sera alors inévitable que le monde soit menacé par de nouveaux Daech. »

En Iraq, M. Erdoğan a souligné que les demandes d’indépendance pouvaient conduire à de nouvelles crises, avant d’appeler le gouvernement régional kurde iraquien à abandonner son initiative allant en ce sens.  « Ignorer la position déterminée et claire de la Turquie sur ce sujet pourrait mener à un processus de nature à priver ce gouvernement régional des opportunités qui sont actuellement à sa disposition. »

Il a dénoncé les influences d’organisations terroristes en Libye et au Yémen, avant de demander le règlement immédiat de la crise dans la région du Golfe.  Les sanctions qui frappent le Qatar doivent être levées, a-t-il dit.  M. Erdoğan a exhorté l’Arabie saoudite, « grand frère de la région », à faire montre d’une volonté sincère dans le règlement de la crise. 

S’agissant de la Palestine, « blessure béante du monde », le Président turc a exhorté Israël à cesser ses activités de peuplement illégales et à s’engager en faveur de la solution des deux États.  Il s’est dit attristé par la fin du processus de négociation concernant Chypre « en raison de la position incompréhensible de la partie grecque chypriote ». 

Il a ensuite dénoncé le nettoyage ethnique dont les Rohingya, minorité musulmane, sont victimes au Myanmar.  Si la communauté internationale ne remédie pas à cette tragédie, ce sera une autre tâche sur sa conscience, a-t-il accusé, avant de mentionner les efforts de son pays allant en ce sens. 

Enfin, le Président de la Turquie a demandé que le Conseil de sécurité soit plus « démocratique, transparent et efficace ».  Il a proposé qu’il soit composé de 20 membres dotés des mêmes prérogatives et d’un mandat de deux ans, la moitié d’entre eux étant remplacés chaque année.  Ainsi, tous les pays du monde auraient leur mot à dire au sein de cette institution, a-t-il poursuivi. 

« Je voulais rappeler qu’au-delà de la couleur de nos visages et de nos yeux, nos larmes sont les mêmes », a conclu M. Erdoğan. 

M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a estimé que « nous sommes au beau milieu d’une grande révolution ».  En effet, de nombreux pays du monde « se sont réveillés », et ont compris ce que des investisseurs comme Warren Buffet ou des compagnies comme Google savent depuis longtemps: à savoir qu’Israël, « c’est la nation de l’innovation et des technologies de pointe », a affirmé le Chef du Gouvernement. 

Selon lui, ces pays, qui sont de plus en plus nombreux à se rendre en Israël, reconnaissent aussi les capacités exceptionnelles de l’État hébreu en matière de sécurité et de lutte antiterroriste.  « Vous ne le savez peut-être pas, mais vos gouvernants travaillent en étroite coopération avec Israël pour mieux vous protéger », s’est enorgueilli M. Netanyahu. 

Il a ensuite rendu hommage au Président des États-Unis, M. Donald Trump, qui a été le premier chef d’État américain à faire d’Israël une étape de sa tournée internationale inaugurale, ainsi qu’au Premier Ministre de l’Inde, M. Narendra Modi, qui a effectué en juin dernier une visite officielle, « premier déplacement d’un chef du gouvernement indien » en Israël.  « Après 70 ans, le monde embrasse Israël », a résumé le Premier Ministre.  « Je compte aller un jour en Antarctique pour rendre visite aux pingouins qui, paraît-il, sont des amis d’Israël », a-t-il plaisanté.

Le Premier Ministre s’est ensuite élevé contre les résolutions injustes qu’aurait adoptées l’Organisation contre son pays, reprochant par exemple à l’UNESCO d’avoir classé Hébron au patrimoine mondial de l’humanité comme site « palestinien ».  Toutefois, en dépit de ces « absurdités » et de ces « événements grotesques », des changements positifs s’amorcent, y compris à l’ONU, a-t-il constaté. 

M. Netanyahu en a voulu pour preuve la déclaration, ce matin, du Secrétaire général, M. António Guterres, qui a affirmé que la négation de l’État d’Israël était inacceptable.  Et il a de nouveau remercié le Président Donald Trump et sa Représentante permanente auprès des Nations Unies, Mme Nikki Haley, de « défendre » Israël à l’ONU.  « Aucun discours prononcé à la tribune des Nations Unies n’a été plus courageux que celui de M. Trump ce matin », a lancé le Chef du Gouvernement en faisant référence aux propos que celui-ci a tenus sur la République islamique d’Iran, qui « mène une campagne de conquête dans l’ensemble du Moyen-Orient ».

« Il y a deux ans, j’ai expliqué en quoi l’accord nucléaire n’empêchera pas la nucléarisation de cet État », a-t-il rappelé.  À l’expiration de ses clauses, « une ombre s’abattra sur la région et le reste du monde », permettant à Téhéran de développer son arsenal, a prévenu le Premier Ministre. 

Le raisonnement de ceux qui continuent de défendre cet accord est exactement le même que celui des défenseurs de l’accord nucléaire signé avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a-t-il analysé.  « Si rien n’est fait, l’accord avec l’Iran connaîtra le même sort », a-t-il prévenu.  « Changez cet accord, ou annulez-le.  Améliorez-le ou renoncez-y », a insisté M. Netanyahu, en plaidant pour que l’on se débarrasse de la « clause de péremption ».

Car lorsque les sanctions contre l’Iran seront éliminées, ce régime ne rejoindra pas la communauté des nations, mais la « dévorera ».  D’ores et déjà, il répand son « rideau de tyrannie » partout au Moyen-Orient.  « Mais jamais la lumière d’Israël ne sera éteinte », a tonné le Premier Ministre en anglais et en hébreu. 

« Nous empêcherons l’Iran d’ouvrir de nouveaux fronts terroristes », a-t-il averti, tout en adressant un message au peuple iranien: « Vous n’êtes pas nos ennemis, mais nos amis. »  « Quand le jour de votre libération arrivera, elle sera suivie de la réconciliation entre nos deux peuples », a assuré le Premier Ministre. 

Après avoir rappelé qu’Israël avait fait la paix avec la Jordanie et l’Égypte, il a dit que son pays s’engageait à parvenir à la paix avec tous ses voisins arabes, y compris les Palestiniens. 

En conclusion, il a tenu à rappeler les bienfaits apportés par Israël partout dans le monde, faisant de ce pays une puissance montante largement reconnue. 

M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali, a tout d’abord parlé de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, indiquant que depuis la mise en œuvre de celui-ci, la situation générale dans son pays a connu des progrès « fort appréciables ».  Il a notamment fait savoir que les autorités intérimaires et les collèges transitoires sont opérationnels dans cinq régions du nord du Mali, se réjouissant également de la « dynamique actuelle » qui vise le retour définitif de l’administration à Kidal, grâce aux efforts conduits par les Maliens avec la facilitation de la MINUSMA, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali.  Il a aussi signalé que son gouvernement travaille à stabiliser la situation sécuritaire dans les régions du centre du pays, où existe « un nouveau front à sécuriser et à pacifier ».  Des mesures importantes ont été prises dont la mise en œuvre est en cours, a-t-il indiqué.

M. Keita a reconnu que l’insécurité au Mali et au Sahel représente une menace réelle pour la paix et la sécurité internationales, dénonçant notamment le terrorisme, l’extrémisme violent, le trafic de drogues, d’armes et de personnes.  « Aucun pays ne peut, seul, faire face à ces menaces transfrontalières », a-t-il déclaré, se félicitant de la création du G5 Sahel, qui réunit le Mali, le Burkina-Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.  Le G5 Sahel a notamment mis en place une Force conjointe, dont les premières opérations devraient débuter en octobre 2017, a indiqué le Président malien qui s’est toutefois préoccupé du financement de cette Force.  Il a ensuite invité les pays amis et organisations internationales à la Conférence internationale de planification des contributions à la Force, prévue en décembre 2017 à Bruxelles.

« Cette bataille est une digue.  Si elle devait céder, ce serait un malheur pour le monde entier », a-t-il insisté, en appelant aussi à du soutien dans les domaines de l’équipement des bataillons, du renforcement des capacités logistiques et de la lutte contre les engins explosifs improvisés.  Il a aussi fait savoir que le G5 Sahel accorde une grande priorité aux questions du développement et a invité la communauté internationale à soutenir le Programme d’investissement prioritaire du G5 Sahel.

Au cours de son intervention, le Président du Mali a également abordé les questions du développement durable et des changements climatiques, pour s’attarder ensuite sur la question des migrations.  Il a appelé à trouver « collectivement » des solutions idoines à la tragédie humaine dans la Méditerranée et dans le désert, « le plus grand scandale du XXIsiècle ».  Il a aussi indiqué que le Mali, qui est à la fois un pays de départ, de transit et de destination de migrants, s’est doté d’une politique nationale de migration en vue d’un meilleur encadrement de la migration. 

M. Keita a par ailleurs fait part de sa préoccupation face à la tendance à la réduction du budget des opérations de maintien de la paix de l’ONU, « au moment où les défis sécuritaires dans le monde requièrent plutôt un renforcement des moyens et des capacités des missions de paix ».  Il a appelé à adapter les opérations de maintien de la paix à l’évolution drastique qu’a connu leur environnement en raison, notamment, des menaces liées aux attaques asymétriques.  Il a aussi jugé nécessaire de les doter de mandats « réalistes et réalisables ».

« La paix doit être notre but et notre guide » mais « sans un environnement sain, nous ne pouvons mettre fin à la pauvreté et construire la prospérité », a déclaré le Prince Albert II de Monaco en citant les propos du Secrétaire général des Nations Unies.  Il a souligné leur résonance particulière dans le contexte actuel marqué par la menace d’une escalade nucléaire en Asie et a appelé les États Membres de l’ONU à « refuser d’être les témoins impuissants de postures injustifiables qui font peser sur tous nos États un grave danger ».  Il a condamné « l’irresponsabilité » de ceux qui exposent l’humanité à une catastrophe irréversible et a indiqué que Monaco continue d’apporter son soutien aux actions collectives en faveur de la promotion de la paix et de la sécurité.

Forte de 140 nationalités sur son territoire, la Principauté a toujours été ouverte au dialogue, a poursuivi le Prince, qui s’est dit convaincu que « nos valeurs communes, la défense des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit, sont parmi les priorités constantes d’un État moderne ».  La lutte contre l’impunité est partie intégrante de ces idéaux, a-t-il ajouté, évoquant notamment l’appui de Monaco envers le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables.  Il a aussi annoncé que le nouveau plan stratégique de l’aide publique au développement de Monaco participera à la réponse à apporter aux besoins les plus immédiats que sont la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation et l’insertion professionnelle.

Abordant ensuite la question des changements climatiques, le Prince Albert II a déclaré que les 195 signataires et 159 États parties à l’Accord de Paris sont la preuve la plus manifeste de l’urgence ressentie au niveau mondial.  Monaco, a-t-il ajouté, a d’ores et déjà annoncé des mesures drastiques qui contribueront à changer « nos modes de transport, de production et de consommation ».  Le Prince Albert II a également plaidé en faveur de la lutte contre toute forme de violence grave contre la dignité humaine, appelant notamment à œuvrer en faveur de l’amélioration de la condition de la femme.  Il a aussi salué la signature, hier, du Pacte volontaire entre l’ONU et les États Membres pour éliminer l’exploitation et les atteintes sexuelles dans les opérations de maintien de la paix, d’assistance humanitaire, de promotion et de protection des droits de l’homme et, plus largement, dans la contribution de l’Organisation au développement durable.

Le Prince Albert II a aussi soutenu les initiatives de réforme du Secrétaire général, appelant à une Organisation moderne et performante où les fonctionnaires internationaux se sentent investis d’une mission prioritaire pour laquelle leur travail et leur abnégation sont reconnus.  Il a également salué la « décision visionnaire » du Secrétaire général de nommer un envoyé spécial pour l’océan et a fait savoir que le Musée océanographique de Monaco – Fondation Prince Albert 1er accueillera M. Peter Thomson dans les locaux de la Maison des Océans à Paris.  « Qu’elle nous rassure ou nous effraie, la science doit nous inviter à l’action et donc à avancer ensemble pour le progrès et l’espoir d’un monde meilleur », a-t-il déclaré.

Avant de conclure, le Prince a mis l’accent sur la réalisation de l’objectif de développement durable 14 et a réitéré sa confiance dans la science et en particulier dans la recherche biologique marine et l’océanographie.

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, s’est d’abord réjoui que la session de cette année ait pour fil conducteur les besoins humains.  Trop souvent, les politiques globales accordent trop d’attention aux grands modèles et aux systèmes économiques ou sociaux, oubliant par là même que la politique et l’économie sont, de fait, des questions humaines, a-t-il fait observer.  Il a insisté sur la nécessité de suivre les recommandations contenues dans le Programme de développement à l’horizon 2030, et d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes, faisant toutefois observer que la mise en œuvre des objectifs du Programme demeure un défi considérable nécessitant une coopération internationale soutenue.

Au niveau local, a poursuivi le Président, la Pologne a déjà pris des mesures concrètes, en adoptant, en février dernier, la Stratégie pour un développement responsable.  Sur le plan international, la Pologne soutient des pays qui s’efforcent d’atteindre un développement économique et social, en mettant l’accent sur la coopération au service du développement. 

Le Président polonais a ensuite abordé la question de la protection de l’environnement, se réjouissant notamment du fait que son pays ait, avec l’Union européenne, fait les contributions les plus ambitieuses à l’Accord de Paris.  Il a également indiqué que la Pologne accueillera cette année, à Katowice, la COP 24, la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, au cours de laquelle doit être adopté l’ensemble de mesures en vue de l’application de l’Accord de Paris. 

Poursuivant son intervention, M. Duda est revenu sur l’élection de la Pologne comme membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2018-2019.  Il a affirmé que la liberté d’expression et la « liberté d’autodétermination » des États nations souverains ont un impact notable sur la sécurité, pointant notamment du doigt l’interférence directe dans les processus démocratiques.  Toute tentative, par des États tiers, d’influer sur les politiques démocratiques des pays souverains doit figurer au centre des préoccupations de la communauté internationale, a-t-il affirmé.  Le Président de la Pologne a également estimé que la sécurité du « monde moderne » ne dépend pas uniquement de la force militaire d’un État donné, se préoccupant notamment de l’impact des changements environnementaux, des disparités économiques, des conflits liés aux ressources naturelles ainsi que des problèmes découlant d’une protection sanitaire inadéquate.

M. Duda a également affirmé l’engagement de la Pologne à résoudre les conflits de manière pacifique, en donnant la priorité à la médiation et à la prévention.  Cette approche, a-t-il ajouté, doit concerner en priorité la question des migrations et des réfugiés.

Le Président de la Pologne a ensuite appelé la communauté internationale à ne pas reconnaître les situations de fait accompli provoquées par les politiques agressives de certains États, déplorant notamment la situation en Géorgie et en Ukraine, mais aussi le développement du programme nucléaire en République populaire démocratique de Corée.  Il a dit espérer que l’intensification des efforts de la communauté internationale, citant notamment les résolutions du Conseil de sécurité, permettra de stabiliser la situation dans la péninsule coréenne.

M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a déclaré que la région arabe est devenue l’épicentre de certains des conflits les plus « vicieux » de l’histoire récente, signalant au passage qu’a l’heure actuelle, un réfugié sur trois dans le monde est arabe.  Il a indiqué que l’Égypte est encerclée par certaines des crises les plus dangereuses au monde et qu’il importe donc, pour son pays, de faire en sorte que son « plan ambitieux de développement » soit en corrélation avec une « stratégie active » en matière de politique étrangère.

Il a estimé que la seule solution aux crises que connaît la région arabe est de faire respecter la notion de l’État nation moderne et les principes de citoyenneté, d’égalité, d’état de droit et de droits de l’homme.  Il a plaidé pour que la souveraineté des gouvernements soit garantie par la communauté internationale, affirmant notamment que l’avenir de la Syrie dépend de sa capacité à « préserver l’unité de l’état syrien, et à maintenir ses institutions ».  Il a ensuite dénoncé, sans les nommer, les pays qui tentent de « manipuler cette tragédie pour prendre le contrôle de zones d’influences régionales et internationales ».  Même son de cloche avec la Libye qui fait face, selon lui, à des « tentatives de démantèlement de son État » qui risquent de transformer le pays en zone de conflits tribaux.  L’Égypte, a-t-il souligné, ne tolérera pas la poursuite des tentatives qui visent à saper l’unité et l’intégrité de l’État libyen et continuera d’œuvrer pour trouver une solution politique sur la base de l’Accord de Sokhairat.

Le Président Al Sisi a ensuite appelé à arriver une fois pour toutes à une solution en Palestine.  « Clore ce chapitre en créant un État palestinien sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, est une précondition nécessaire pour conduire cette région vers la stabilité et le développement », a défendu le Président égyptien, ajoutant que ce règlement restaurerait la crédibilité de l’ONU et de l’ordre international.

Il a également appelé à en finir avec le terrorisme.  Critiquant les politiques de deux poids, deux mesures de certaines politiques étrangères, il a expliqué qu’on ne pouvait pas combattre le terrorisme, tout en tolérant ses partisans et en les conviant aux discussions visant à régler une situation qu’ils ont eux-mêmes créée.  Il a appelé les membres des différentes alliances internationales à apporter des réponses à ces questions, avant d’appeler le monde musulman à travailler ensemble pour corriger « les notions mal interprétées qui sont devenues des prétextes idéologiques pour le terrorisme ».  Il a ensuite rappelé que l’Égypte a lancé une initiative pour rectifier le discours religieux de l’islam, afin de mettre en avant ses valeurs de modération et de tolérance.

Pour éliminer les racines qui provoquent ces crises internationales, le Président Al Sisi a aussi appelé à mettre en œuvre le principe de responsabilité commune mais différenciée afin de combler le fossé socioéconomique entre pays développés et pays en développement.  Comment le Programme à l’horizon 2030 peut-il avoir la moindre crédibilité lorsque l’ordre économique international est lui-même responsable de l’augmentation des disparités dans le monde? a-t-il lancé avant d’appeler à une implication plus profonde des pays en développement dans les structures de gouvernance économique mondiale, ainsi que leur accès facilité aux marchés et au financement.

Plus de sept décennies après la création des Nations Unies, la force et les jeux à somme nulle ne peuvent pas demeurer comme moyens pour réaliser les intérêts du monde, a-t-il affirmé.

M. SHAVKAT MIRZIYOYEV, Président de l’Ouzbékistan, a indiqué que son pays s’était engagé à se forger « une nouvelle image » et à édifier une société juste et démocratique.  Le dialogue avec les organisations de défense des droits de l’homme a été intensifié, l’indépendance du pouvoir judiciaire consacrée et le rôle des médias accru, a-t-il dit. 

Le Président a plaidé pour une extension de la composition du Conseil de sécurité et appuyé les efforts menés pour améliorer le fonctionnement de l’ONU.  Il a indiqué qu’une région d’Asie centrale stable et prospère était le principal objectif de la politique étrangère de son pays.  La signature d’un traité frontalier avec le Kirghizistan, début septembre, est un véritable jalon sur cette voie, a-t-il affirmé, avant d’appeler à la tenue de consultations régulières entre les chefs d’État de la région. 

Le Président ouzbek a ensuite souligné l’acuité du défi hydraulique dans la région et évoqué la « catastrophe » de la mer d’Aral, avant d’en brandir la carte depuis la tribune.  Il a demandé la pleine mise en œuvre du programme onusien pour apporter une assistance à la population touchée par la crise de la mer d’Aral. 

En Afghanistan, le Président a plaidé pour un dialogue direct entre le Gouvernement et les principales forces politiques du pays et appuyé l’appel lancé par le Président américain Trump aux pays voisins pour qu’ils appuient le règlement du dossier afghan.  L’Afghanistan doit rester tout en haut de l’ordre du jour international, a-t-il affirmé. 

M. Mirziyoyev a en outre indiqué que diffuser « l’essence véritablement humaniste de l’islam » était sa tâche la plus importante.  L’islam est une religion de paix, a-t-il dit.  Il a souligné l’impérieuse nécessité d’ériger une barrière pour endiguer la propagation du « virus » de l’idéologie de la violence.  En conclusion, le Président a affirmé que l’Ouzbékistan, bien qu’il maintienne son statut de pays non aligné, était ouvert au dialogue. 

M. SERZH SARGSYAN, Président de l’Arménie, a rappelé que 2017 marque le vingt-cinquième anniversaire de l’accession de l’Arménie aux Nations Unies et que le défi le plus redoutable auquel a fait face son pays au cours de cette période a été le conflit au Haut-Karabakh.  Il a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir « à chaque fois » eu recours à la violence, « y compris le nettoyage ethnique et la destruction de notre patrimoine ».  Au cours des hostilités militaires au Haut-Karabakh, a-t-il poursuivi, les forces azerbaïdjanaises se sont rendues coupables d’atrocités contre les forces arméniennes, des crimes haineux qui ont pris racine dans les manuels scolaires de l’Azerbaïdjan et qui empoisonnent maintenant l’esprit de la jeune génération. 

Après avoir évoqué la tenue, en ce moment même à Erevan, d’une conférence de la diaspora arménienne, le Président arménien a déclaré que l’Artsakh n’a jamais fait partie de l’Azerbaïdjan, et assuré que l’Arménie entend continuer de contribuer à l’avènement des droits démocratiques du peuple artsakh.  Il s’est également dit fermement convaincu qu’il n’existe pas d’autre solution que le règlement pacifique du conflit au Haut-Karabakh.

Le Président Sargsyan a ensuite transmis ses remerciements à tous les pays qui ont reconnu l’existence du génocide arménien et des crimes terribles qui ont été commis.  Le déni de la réalité risque d’ouvrir la voie à d’autres tragédies, a prévenu le Président, avant d’inviter les délégations à célébrer, l’an prochain, le soixante-dixième anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.  Il a également indiqué que les souffrances de l’Arménie ne l’ont pas empêché de nouer des relations bilatérales avec la Turquie, tout en dénonçant les « conditions inacceptables » imposées par ce pays à la ratification du protocole de normalisation.  L’Arménie entend déclarer ces protocoles nuls et non avenus, car l’expérience des dernières années a démontré leur futilité.  Cependant, l’Arménie n’en estime pas moins que des pays voisins se doivent de nouer des relations normales. 

Poursuivant son intervention, le Président a annoncé que l’Arménie entend signer, au mois de novembre, un partenariat étendu avec l’Union européenne, ce qui lui permettra de donner un nouvel élan à son processus de réformes.  Il s’est également préoccupé de la crise en Syrie et de son impact sur la minorité arménienne.  M. Sargsyan s’est en outre dit prêt à revoir à la hausse la participation de l’Arménie aux opérations de maintien de la paix de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

M. LUIS GUILLERMO SOLÍS RIVERA, Président du Costa Rica, a tout d’abord rappelé que son pays avait été le premier à établir, en septembre 2016, un accord national pour réaliser les objectifs de développement durable.  Dans ce cadre, a-t-il indiqué, le Costa Rica s’est doté d’outils de mesure et de structures adaptés pour mener une campagne efficace de lutte contre la pauvreté, dont la définition d’un indice multidimensionnel de pauvreté.  « Cela s’est avéré une découverte capitale », a-t-il affirmé, grâce à laquelle son gouvernement a été en mesure de réduire la pauvreté dans le pays pour la première fois en sept ans.

Fort de cette expérience nationale, le Président a appelé les autres pays, ainsi que le système des Nations Unies, à repenser l’utilisation du revenu par habitant comme principal indicateur du développement des États. 

M. Solís Rivera a également appelé le Secrétaire général de l’ONU à mettre en œuvre des stratégies pour renforcer la capacité des pays en développement et coopérer plus efficacement avec les pays à revenu intermédiaire et les pays les moins avancés (PMA).  À cette fin, il a insisté sur l’importance des investissements dans l’agriculture familiale, qui constitue selon lui la principale source de revenu pour 70% de la population rurale pauvre et 40% de la population mondiale.

M. Solís Rivera a aussi parlé de l’inégalité entre les sexes, faisant observer que le phénomène n’est pas dissimulé mais est clairement visible à nos yeux.  « Regardez autour de vous, a-t-il lancé, il est impératif de prendre des mesures concrètes pour que plus de femmes figurent parmi nos pairs. ».  Il a également vivement dénoncé le fait que le salaire moyen d’une femme est inférieur de 23% à celui d’un homme, pour ensuite appeler à l’adoption d’une stratégie multidimensionnelle et intersectorielle pour faire face aux obstacles qui entravent l’autonomisation économique des femmes.

Tournant ensuite son attention sur la question des changements climatiques, le Président du Costa Rica a dit appuyer le Pacte mondial pour l’environnement proposé par la France.  Il a appelé à faire preuve d’une plus grande ambition en matière de protection de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques.  Le Président a ensuite annoncé que grâce au leadership du Costa Rica et du Chili, l’Amérique latine était sur le point d’établir un instrument régional qui permettrait d’établir des accords plus effectifs dans le cadre de conflits socioenvironnementaux.  M. Solís Rivera a également passé en revue les différentes mesures de réduction des émissions qui sont appliquées au Costa Rica.  Des politiques ont aussi été adoptées pour protéger la santé des océans et des zones humides.

Sur le plan international, le Président du Costa Rica s’est vivement préoccupé de la nucléarisation de la péninsule coréenne.  À la veille de la cérémonie de signature du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, il a salué les 122 États ayant adopté, en juillet dernier, le texte du nouvel instrument.

En plus de proscrire le développement, la production, la fabrication, le transfert, la détention, le stockage, l’installation et le déploiement d’armes nucléaires, M. Solís Rivera s’est félicité du fait que le Traité « interdise formellement » le recours à la menace de l’emploi de telles armes.  Répondant aux critiques selon lesquelles l’adoption de cet instrument serait « dénuée de sens », en raison de la non-participation des puissances nucléaires aux négociations, le Président a déclaré que les « efforts en faveur du désarmement ne seront jamais dénués de sens ».

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, a jugé très pertinent le thème de l’Assemblée générale cette année: « Paix et vie décente pour tous sur une planète préservée ».  « Je me suis toujours demandé pourquoi les élites dans les divers pays du monde ne comprennent pas cela », a-t-il déclaré.  « Qui seraient les perdants si tous les habitants de la planète pouvaient consommer 2 500 calories par jour, étaient vaccinés et avaient accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à un logement décent?  Est-ce que cet effort en faveur d’une affluence mondiale stimulerait les affaires?  Pourquoi n’a-t-on que de mauvais businessmen qui ne voient pas les opportunités que présenterait la richesse mondiale? » a-t-il insisté. 

En tant que producteur de lait et de viande de bœuf, M. Museveni a révélé avoir mis en garde les éleveurs de son pays contre « une avidité excessive » en fixant le prix de leurs produits.  « Plus nous avons d’acheteurs, plus nous prospérons, a-t-il constaté.  Ce qui permet d’être à la fois de bons businessmen et de bons Chrétiens. »  Selon lui, « le parasitisme est le seul obstacle à la richesse mondiale, la prospérité et la paix ».

Évoquant par ailleurs la situation dangereuse dans la péninsule coréenne, le Président a proposé de laisser « la Corée du Nord et la Corée du Sud » discuter seules de leur réunification.  « Pourquoi les Coréens laisseraient-ils des forces extérieures continuer de les diviser? » a lancé le Chef de l’État qui a indiqué que si l’Ouganda accueille de nombreux réfugiés africains, c’est en raison d’une position idéologique qui ne veut laisser aucun acteur diviser nos peuples. 

M. MAITHRIPALA SIRISENA, Président de Sri Lanka, a indiqué que son arrivée au pouvoir avait permis de déléguer une partie du pouvoir dévolu à l’exécutif vers le Parlement.  « Un dirigeant qui renonce à ses pouvoirs est un dirigeant qui devrait servir d’exemple dans le monde », s’est-il enorgueilli, avant d’appeler à préserver la démocratie et à bâtir des sociétés justes et regretter la tendance, au cours de ces dernières décennies, de certains dirigeants de s’accrocher au pouvoir. 

Le Président a ensuite indiqué que 2017 a été déclarée « Année de réduction de la pauvreté au Sri Lanka ».  Il a aussi rappelé que son pays a connu un conflit de 30 ans provoqué par des terroristes promouvant une idéologie séparatiste.  Les problèmes économiques inhérents à ce conflit continuent d’avoir des répercussions sur le pays, mais les dirigeants sont engagés à la promotion de l’industrialisation et entendent réaliser le développement durable au Sri Lanka, a-t-il indiqué.   Le Président a toutefois signalé que les changements climatiques représentent un obstacle de taille à cette ambition, pour ensuite souligner l’importance de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

Poursuivant son intervention, M. Sirisena a rappelé qu’à son arrivée au pouvoir, en 2015, la Sri Lanka était confrontée à deux problèmes majeurs: la question de la dette souveraine et les rapports internationaux sur les violations des droits de l’homme perpétrées par le Gouvernement précédent.  Il a indiqué que son gouvernement est en train de rembourser ces dettes et que les autorités entendent en outre mettre un terme aux violations des droits de l’homme, en droite ligne des résolutions pertinentes du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.  La Sri Lanka est aussi engagée à la protection des enfants, tandis que les femmes voient leurs droits protégés grâce à des amendements apportés à la constitution du pays.  Outre la lutte contre les stupéfiants, les autorités de Sri Lanka sont également engagées en faveur de la réconciliation nationale.  Sur ce point, il a averti que, même si les avancées en la matière pourraient paraître lentes, il faudrait se garder de suivre le chemin proposé par des extrémistes qui appellent à des « solutions à la va-vite », des solutions ne visant que le court terme et qui pourraient faire basculer de nouveau la Sri Lanka dans les affres de la guerre. 

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a annoncé l’intention de son pays de se porter candidat à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020-2021.  La Présidente a ensuite passé en revue les conflits qui sévissent dans le monde, avant de s’attarder sur la question des migrations dont la solution passe, a-t-elle estimé, par une lutte acharnée contre les changements climatiques, « la question du moment ».  Elle s’est aussi attardée sur les questions liées à l’égalité entre les sexes et souligné l’importance qu’il y a à en tenir compte dans le règlement des conflits.  La Présidente a ensuite parlé de la technologie de l’information et d’Internet, indiquant notamment que l’Estonie est prête à partager son expérience sur la manière d’utiliser au mieux la « gouvernance électronique » pour réaliser les objectifs de développement durable, de façon efficace et rentable. 

L’Estonie a d’ailleurs organisé une série de manifestations à l’ONU pour présenter les avantages déjà connus de ce type de gouvernance.  La Présidente a émis l’espoir que ces manifestations conduiront à une action concrète et à des partenariats solides.  Cet été, a-t-elle aussi indiqué, l’Estonie et Singapour ont lancé le Groupe des Amis de la gouvernance électronique et de la cybersécurité avec pour but de sensibiliser l’opinion publique à ces questions, de partager les pratiques exemplaires et de promouvoir le renforcement des capacités maintenant que ces questions deviennent de plus en plus importantes au niveau des Nations Unies. 

Le changement numérique est partout, a souligné la Présidente, en parlant d’un changement qui a rendu « obsolète » la géographie.  Les Gouvernements, a-t-elle encouragé, doivent s’adapter à la nouvelle donne, protéger les gens et leur permettre d’échanger et de communiquer en ligne en toute sécurité.  Mais, a-t-elle reconnu, la dépendance de plus en plus grande aux servies électroniques a conduit à une plus grande vulnérabilité.  Il faut donc analyser la manière dont le droit international s’applique à l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC).  La Présidente a, à cet égard, appelé tous les États à accéder à la Convention du Conseil de l’Europe sur la cybercriminalité.  Elle a aussi attiré l’attention sur la déclaration de « Freedom Online Coalition » dans laquelle elle exprime sa vive préoccupation face à la tendance grandissante, chez les gouvernants, de suspendre l’accès aux informations et leur diffusion sur Internet.  Personne, a martelé la Présidente, ne peut nier le droit de réunion pacifique et les libertés d’association, d’opinion et d’expression, qu’ils s’exercent physiquement ou en ligne. 

Pour relever tous les défis mondiaux, de manière efficace, a conclu la Présidente, il nous faut une ONU forte.  Elle a d’ailleurs rappelé que son pays va présider, cette année, la Commission économique et financière et qu’il est membre du Groupe ACT -Responsabilité, cohérence et transparence-, lequel travaille à l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité.  Nous avons besoin d’empathie et d’ouverture et c’est la raison pour laquelle les Estoniens espèrent que leur toute première candidature à un siège non permanent du Conseil de sécurité portera ses fruits.  Nous sommes de ceux qui veulent faire des Nations Unies une organisation plus apte à relever les défis du XXIsiècle, a ajouté la Présidente. 

M. JIMMY MORALES, Président du Guatemala, a indiqué que son pays avait signé, le 6 juillet, un accord relatif au programme national pour le développement et aux objectifs de développement durable.  Il a expliqué que son pays avait comme priorité de garantir la sécurité alimentaire, de promouvoir les droits de l’homme, de lutter contre la pauvreté, d’améliorer les conditions de vie des personnes le plus vulnérables, de préserver les ressources naturelles et de promouvoir l’égalité entre les genres.  Le Président guatémaltèque a aussi mentionné que son pays se soumettra, en novembre prochain, à son troisième examen périodique universel devant le Conseil des droits de l’homme et qu’il avait par ailleurs établi un guide pour la mise en place d’une consultation avec les peuples autochtones afin de leur permettre de s’exprimer sur le type de développement qu’ils souhaitent atteindre.

M. Morales a ensuite parlé de la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG), « une expérience sans précédent dans le monde » dont l’un des objectifs devait être, selon lui, de transférer des capacités aux institutions de l’État.  Il a indiqué que son administration avait procédé à une augmentation sans précédent des capacités du secteur judiciaire du Guatemala.  Beaucoup de bien a découlé du travail de la CICIG, et c’est justement pour cela que nous l’appuyons, mais ses limites sont la Constitution politique du Guatemala et les lois de notre pays, a-t-il affirmé.

Le Président Guatémaltèque a insisté sur le plein engagement de son pays à la lutte contre la corruption et l’impunité, raison pour laquelle, a-t-il affirmé, le Guatemala a initié un processus de révision de l’interprétation et de l’application de l’accord relatif à la CICIG.

Poursuivant son intervention, M. Morales a parlé de l’engagement de son pays dans la lutte contre les changements climatiques ainsi que des efforts déployés par celui-ci en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, grâce notamment au soutien du Programme alimentaire mondial.  En ce qui concerne la lutte contre la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogue et le terrorisme, M. Morales a souligné que le renforcement des institutions sécuritaires et judiciaires du pays faisait partie des priorités de son gouvernement.

Abordant la question migratoire, le Président guatémaltèque a insisté sur le travail de collaboration régionale des pays du nord de l’Amérique centrale, du Mexique et des États-Unis, afin de limiter les flux migratoires et réduire les risques encourus par les migrants.  Il a aussi mentionné l’accord de coopération entre le Guatemala et le Panama en matière d’échange d’informations sur la question.

Il a aussi parlé de la crise politique au Venezuela et du conflit territorial qui oppose son pays au Belize.

M. MOHAMMAD ASHRAF GHANI AHMADZAI, Président de l’Afghanistan, a parlé des dangers avérés du terrorisme mais aussi des crimes contre l’humanité qui se poursuivent dans le monde malgré l’inscription dans presque toutes les constitutions de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Le « nettoyage ethnique » des Rohingya est particulièrement choquant, a avoué le Président.  Le « long silence » de Mme Aung San Suu Kyi était « tragique » compte tenu de notre espoir qu’une icône des droits de l’homme choisirait les principes plutôt que le pouvoir, a-t-il ajouté.  Le Président s’est ensuite félicité de l’occasion qui a été offerte à son pays de siéger au Conseil des droits de l’homme.  En tant que peuple victime de crimes contre l’humanité, comme en attestent le meurtre de civils dans le village de Mirza Ulang et les attaques contre les mosquées de Kaboul et de Herat, nous sommes impatients d’ajouter notre voix à celles des défenseurs des droits de l’homme, a déclaré le Président. 

Les Afghans, a-t-il poursuivi, ont supporté l’adversité, les privations et la sécheresse avec dignité.  À l’invasion, ils ont opposé la vaillance et défendu leurs terres avec une ferveur toute patriotique.  Placé sur la ligne de front de la guerre contre le terrorisme, le peuple afghan et ses forces de sécurité accomplissent des actes héroïques chaque jour.  En tant que nation, État et peuple, nous nous réinventons tous les jours pour relever les défis du siècle et tirer parti de ses opportunités.  Le partenariat de l’Afghanistan avec les États-Unis et la communauté internationale, a poursuivi le Président, a été revigoré après l’annonce par le Président américain de sa stratégie contre le terrorisme et pour la stabilisation en Asie du Sud.  Cela fait longtemps, a avoué le Président, que les Afghans attendent ce type de détermination.  La stratégie, s’est-il expliqué, consolide tous les instruments de la « puissance américaine » et envoie aux Taliban et à ceux qui les soutiennent une message clair: ils ne gagneront pas la guerre.  Seul un règlement politique peut apporter une paix durable, a martelé le Président.  Nous avons aujourd’hui, a-t-il dit, l’occasion de dialoguer avec nos voisins sur la manière de travailler ensemble pour éliminer le terrorisme et contenir l’extrémisme.  Le Président a ensuite appelé le Pakistan à s’engager dans un dialogue global d’État à État sur la paix, la sécurité et une coopération régionale menant à la prospérité. 

Aux partenaires internationaux, il a demandé « un changement de perspective », parce que, depuis trop longtemps, le conflit afghan est perçu à travers le prisme de la guerre civile.  « Ce n’est pas une guerre sur notre sol, c’est une guerre pour notre sol », a-t-il rectifié, en parlant d’un pays infesté par 20 groupes terroristes internationaux.  Il s’est donc félicité une nouvelle fois de la nouvelle stratégie américaine qui comprend l’éradication des sanctuaires terroristes.  Admettant que les Afghans ont aussi un rôle à jouer, le Président a affirmé qu’à l’an III du Programme décennal de transformation, le pays s’est placé sur « une plateforme de stabilité ».  Il s’est dit confiant que les plans et programmes d’autosuffisance et de réforme, appuyés par les partenaires internationaux, permettront à son pays de réaliser son plein potentiel.

M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, a affirmé que la dernière crise politique qui a secoué son pays a lancé une nouvelle ère démocratique et enseigné des leçons très utiles que le peuple gambien n’est pas prêt d’oublier.  Mon peuple, a déclaré le Président, a appris que la volonté politique et l’unité nationale conjuguée à une intervention décisive de la région et à un appui clair de la communauté internationale peuvent produire des résultats positifs. 

Il a aussi constaté qu’une action internationale coordonnée et inspirée par les valeurs communes de solidarité, de démocratie, de respect des droits de l’homme et d’état de droit a été essentielle pour envoyer à l’ancien Président le bon message sur la nécessité de respecter la volonté du peuple et de quitter le pays sans provoquer un bain de sang.  La Gambie, s’est réjoui le Président, marche à présent sur la route linéaire de la paix et de la bonne gouvernance, prête à assumer son rôle traditionnel parmi les champions des droits de l’homme et de la démocratie.  Les Gambiens, a-t-il insisté, ont fait le choix irréversible de clore un chapitre sombre de son histoire et d’ouvrir la page de la réforme et de la transformation. 

Le Président n’a pas caché les défis énormes liés à la relance de l’économie et à la réforme globale des législations, de l’administration et des institutions judiciaires.  Le Gouvernement, a-t-il assuré, est déterminé à créer une « nouvelle Gambie » dont les enfants gambiens pourront être fiers.  En effet, a reconnu le Président, les jeunes ont été sur la ligne de front de la transition démocratique et résoudre le problème de leur chômage, la priorité du Gouvernement, créera, sans aucun doute, des opportunités énormes. 

Le Président a aussi reconnu le rôle crucial de la diaspora gambienne qui contribue à la transformation de la « mère-patrie » et a par ailleurs promis aux partenaires au développement et « aux amis » de son pays de gérer leurs fonds « sagement » avec pour seul objectif le développement socioéconomique durable.  Le Président a annoncé le lancement du nouveau Plan national de développement, en tout point conforme à l’agenda transformateur du nouveau gouvernement, au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a aussi annoncé que son gouvernement est en train de finaliser les plans pour la convocation d’une conférence des donateurs.  M. Barrow en a profité pour lancer un appel au secteur privé, avant de promettre que la Gambie entend développer des relations de bon voisinage et de coopération avec le Sénégal et tous les États membres de la Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui sont « des partenaires stratégiques ». 

M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a présenté ses condoléances au peuple mexicain, frappé, aujourd’hui même, par un tremblement de terre meurtrier.  Plus de 70 ans après l’institution de la Charte des Nations Unies, le monde a reculé au lieu d’avancer vers la paix, a-t-il ensuite constaté en citant certains conflits et des crises humanitaires qui essaiment dans le monde.  Il a expliqué qu’une lecture de l’histoire mondiale laisse voir que de nombreux conflits sont favorisés par des objectifs « inavoués » d’accaparement de richesses.   

Parlant des changements climatiques, le Président a rappelé que 2017 est l’année la plus chaude de l’histoire, appelant tous les pays à s’unir autour de l’Accord de Paris.  Il a de ce fait déploré le fait que les États-Unis, « le plus grand pollueur de la planète », se soient détournés de cet Accord important.  Il a rappelé que les scientifiques ont également signalé que les océans sont en danger et qu’ils doivent être protégés.  Le Président a ensuite expliqué que la Constitution de la Bolivie interdit l’usage mercantile de l’eau, une ressource qui, a-t-il affirmé, doit être symbole d’unité entre les peuples et non pas de conflit.   

M. Morales Ayma a en outre dénoncé le creusement du fossé séparant les nantis des désœuvrés, jugeant « immorale » cette situation qui est de plus paradoxale, les ressources ne manquant point.  On ne peut rejeter la faute sur les migrants quand il y a des crises économiques, a-t-il argué en dénonçant également des « politiques antimigrants qui alimentent la haine et étouffent les libertés ».  À défaut de construire des murs, la Bolivie appelle plutôt à l’émergence d’une citoyenneté universelle.  À ce propos, a-t-il rappelé, la Bolivie a accueilli, en juin dernier, la Conférence mondiale des peuples « Pour un monde sans murs vers une citoyenneté universelle » dans la localité de Tiquipaya.

Le Président Morales Ayma a ensuite appelé les États-Unis à mettre fin au « blocus injuste » imposé à Cuba depuis plus de 60 ans.  Il s’est aussi inquiété des nouvelles mesures annoncées contre Cuba par les autorités américaines, constatant que celles-ci sont contradictoires aux mesures annoncées par la précédente administration.  Outre la levée du blocus, le Président bolivien a également appelé les États-Unis à dédommager le pays pour les effets néfastes de l’embargo, rétrocéder la baie de Guantanamo, et rendre hommage à la mémoire du Commandant Fidel Castro et au combattant Che Guevara ».  Il a également condamné les sanctions commerciales imposées par les États-Unis et les menaces d’invasion proférées à l’encontre du Venezuela. 

Le Président de la Bolivie s’est ensuite félicité des résultats des mesures prises par son pays sur le plan économique et qui lui ont permis de combler « les lacunes du modèle capitaliste défectueux ».  Il n’y a pas d’imposition de programmes économiques dans notre pays par les institutions de Bretton Woods, a-t-il lancé, avançant que la pauvreté pourrait même être éradiquée dans le pays d’ici à 2025.   

Poursuivant son intervention, il a rappelé qu’en 2013, la Bolivie est allée à la Cour internationale de Justice de La Haye (CIJ) pour trouver une issue au différend qui l’oppose au Chili au sujet d’un accès légitime de la Bolivie à la mer.  Il a remercié les États et dirigeants qui ont soutenu leur cause et il a demandé que l’Assemblée générale accompagne cette quête de paix et justice.

M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a dit que les progrès réalisés au cours des quatre dernières années permettent d’entrevoir le « nouveau Honduras ».  Au cours de cette période, a-t-il notamment précisé, le taux d’homicides a diminué de presque la moitié, ce qui a permis au pays de faire un bond important dans l'indice de paix globale. 

Il s’est ensuite félicité de l’établissement, cette année, avec le Guatemala, de la première union douanière des Amériques, permettant la libre circulation des biens et services.  Il a indiqué que des négociations sont en cours avec le Salvador et le Nicaragua pour qu’ils se joignent à cet accord.  Le Honduras, avec le Salvador et le Nicaragua, et l’appui de la Banque centraméricaine d’intégration économique, a mis sur pied le Plan de développement du Golfe de Fonseca, qui permettra de créer un pôle de développement économique.  En outre, la mise en œuvre du programme de développement économique « Honduras 2020 » prévoit la création de 600 000 emplois au cours des cinq prochaines années.

Le Président a également salué les progrès réalisés par son pays sur le plan de la transparence et de la lutte contre la corruption.  Nous avons purgé la police nationale, créé des tribunaux anticorruption et renforcé le Ministère de la sécurité publique, a-t-il expliqué, en plus de signer, avec l’Organisation des États américains (OEA), un accord établissant la Mission d’appui contre la corruption et l’impunité.  En outre, a continué le Président, le Honduras, en accord avec les objectifs de développement durable et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a mis en œuvre un ambitieux programme social visant à protéger les Honduriens les plus vulnérables.  Il a par ailleurs souligné que les effets « implacables » des changements climatiques se manifestent déjà, avec une série d’ouragans et de tempêtes tropicales « tragiques ». 

Cependant, a continué le Président, la lutte contre la pauvreté occupe la place « prioritaire » dans le programme des gouvernements des pays en développement.  « Nous devons vaincre les conditions structurelles qui excluent des pans entiers de nos sociétés », a-t-il plaidé, ajoutant que la pauvreté est la cause des migrations, de l’insécurité et de la violence.  Il a par ailleurs dénoncé le système de classification utilisé par les pays développés pour mesurer le niveau de l’aide au développement, expliquant que le Honduras, considéré comme un pays de niveau moyen, se trouve pénalisé.

Concluant son intervention, le Président a déclaré que les migrants sont les « nouveaux martyrs et les nouveaux héros » de notre temps, qui doivent affronter toutes les épreuves avant de pouvoir apporter leurs talents et leur dévouement à leurs pays d’accueil.  Le Honduras, a-t-il assuré, fait « tous les efforts possibles » pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens, afin qu’ils n’aient pas à s’exiler de leur pays en quête d’opportunités.

M. SEBASTIAN KURZ, Ministre fédéral de l’Europe, de l’intégration et des affaires étrangères de l’Autriche, a déploré le fait que divers conflits conduisent à de terribles souffrances humaines comme c’est le cas en Syrie, au Soudan du Sud, en Ukraine, au Yémen ou encore en Libye.  Il a noté l’existence de nouvelles sources d’instabilité au Venezuela et au Myanmar, relevant par ailleurs que le terrorisme provoque la mort de 25 000 personnes chaque année dans le monde.  C’est pourquoi la question de la radicalisation est une priorité pour l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dont l’Autriche assure la présidence en ce moment.  Le Ministre a notamment appelé à « détruire » les groupes terroristes sur le plan militaire, notamment en Syrie et en Iraq, notant que les succès militaires vont dans le même temps conduire au retour des combattants terroristes étrangers dans leurs sociétés d’origine, d’où la nécessité d’y continuer la lutte.

M. Kurz a aussi relevé que la crise migratoire est une autre source d’instabilité, puisque plus de 60 millions de personnes sont en situation de déplacement à travers le monde.  Aucun pays ne peut résoudre cette crise de manière isolée, a-t-il souligné.  Il a noté que les prévisions démographiques laissent penser que dans les 30 prochaines années, la population mondiale va passer de 7,5 à 10 milliards, alors que l’Afrique pour sa part va voir sa population croître de 1,2 à 2,5 milliards d’habitants.  S’appuyant sur l’expérience de ces dernières années, le Ministre a souligné qu’il est difficile de contrôler les flux de population.  Plus d’un million de personnes sont entrées en Europe par le biais de trafiquants et des milliers d’autres sont mortes dans la Méditerranée.  « Nous devons y mettre un terme », a-t-il déclaré en notant que les migrations incontrôlées mènent au chaos.  Pour y faire face, il a proposé de gérer les migrations de manière organisée et d’aider les gens le plus possible dans leur pays d’origine.  Pour ce faire, les pays se doivent de contrôler leurs frontières afin de barrer la voie aux migrations illégales.  Il faut également mettre un terme aux activités des trafiquants d’êtres humains et fournir un appui aux pays d’origine afin d’établir des solutions pour les jeunes générations.  C’est dans cette optique, a-t-il expliqué, que l’Autriche a doublé le montant de son aide bilatérale consacrée au développement au cours des quatre dernières années, tout en multipliant par 4 le montant dévolu aux fonds d’urgence.

Le Chef de la diplomatie autrichienne a en outre affirmé que la coopération est la clef pour faire face aux crises et conflits à travers le monde.  Il a déploré le fait que la crise ukrainienne perdure malgré les Accords de Minsk.  La mission spéciale d’évaluation de l’OSCE est la clef pour stabiliser la situation, a-t-il argué, regrettant que ses observateurs non armés soient de plus en plus fréquemment l’objet de menaces sur le terrain et que la mission ait même perdu un de ses membres.  Il a salué le débat du Conseil de sécurité portant sur la sécurité de ces observateurs, notamment par la mise en place d’une opération de paix.

M. Kurz a mis en garde contre le risque, aujourd’hui très élevé, d’une confrontation nucléaire, soulignant que le désarmement nucléaire est un chantier inachevé de la communauté internationale.  Dans ce contexte, il a salué l’Accord de Vienne sur la question des activités nucléaires de l’Iran, se félicitant également du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui représente un pas dans l’optique du désarmement nucléaire.  Il a terminé son discours en appelant à l’élection de l’Autriche au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.   

Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, M. ISSELKOU OULD AHMED IZID BIH, s’est réjoui des progrès réalisés dans la lutte contre le terrorisme et la migration, grâce à une approche basée sur le dialogue et l’ouverture.  Après de durs combats en 2010 et 2011, et malgré une situation régionale complexe, la Mauritanie a réussi à faire face au terrorisme avec succès.  Nous avons renforcé nos capacités défensives, tout en respectant les droits de l’homme et en mettant en place une politique de développement durable, a-t-il expliqué.  En outre, nous avons réussi à instaurer un dialogue constructif avec l’opposition et la société civile, amélioré la gouvernance et réformé les institutions, notamment en ce qui concerne les droits des femmes.

La Mauritanie, a-t-il ajouté, a réformé ses cadres juridiques sur la base des accords internationaux, notamment pour mieux lutter contre le terrorisme.  À cet effet, il a mentionné la conclusion d’accords avec des groupes salafistes afin de permettre à leurs membres de réintégrer la société de façon productive.

En collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la Mauritanie a éradiqué la migration clandestine à partir de son territoire, a poursuivi le Ministre.  Nous avons aussi défini une feuille de route sur la lutte contre le terrorisme, notamment grâce à un programme d’aide sociale, a-t-il expliqué, ajoutant que des programmes de rapatriement ont également été mis en œuvre à l’intention des migrants, afin de leur permettre de rentrer au pays dans des conditions favorables.

Se tournant vers l’économie, le Ministre s’est réjoui d’un classement de la Banque mondiale selon lequel la Mauritanie a enregistré l’une des améliorations économiques les plus notables en 2016-2017.  La Mauritanie, a-t-il rappelé, a aidé ses voisins à lutter contre le terrorisme et s’est impliquée notamment dans un règlement pacifique de la crise politique en Gambie.

Il a par ailleurs appelé à un règlement du conflit israélo-palestinien selon les termes des accords internationaux, et invité les parties au conflit en Libye et en Syrie à redoubler d’efforts pour parvenir à un règlement pacifique des crises qui agitent ces pays.

Le Ministre a également parlé des problèmes causés par les changements climatiques dans la région sahélo-saharienne.  Il a dit souhaiter que toutes les parties à l’Accord de Paris sur les changements climatiques honorent leurs engagements afin d’en limiter les effets.  Enfin, il a plaidé pour une culture de paix et de tolérance et du renoncement au terrorisme, conditions nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable.

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République islamique d’Iran a réagi aux discours du Premier Ministre d’Israël, accusant ce dernier d’avoir tenu des propos non fondés pour dissimuler les pratiques injustes de son gouvernement.  Il a ironisé sur les prétendues armes de destruction massive que l’Iran est accusé de posséder, affirmant que c’est plutôt Israël qui a présenté des « armes de déception massive » qui deviennent inutiles en ces temps de la société de l’information.  Il a estimé que le représentant d’Israël aurait plutôt dû expliquer à l’Assemblée générale pourquoi son pays avait envahi ses voisins et pourquoi il ne respectait pas les résolutions des Nations Unies.  En outre, pourquoi rejette-t-il l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient? s’est interrogé le délégué iranien qui a dénoncé le fait que le régime israélien, qui est l’unique détenteur de l’arme nucléaire dans la région, continue de donner des leçons au monde sur la non-prolifération nucléaire.

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