Soixante et onzième session,
Réunion de haut niveau - matin
AG/11934

Assemblée générale: L’idée de créer un mécanisme de coordination sur l’urbanisation au sein du système de l’ONU suscite des doutes

Parce que « c’est dans les villes que la bataille de la durabilité se gagnera ou se perdra », l’Assemblée générale s’est penchée, aujourd’hui, sur le rôle d’ONU-Habitat dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes, adopté en 2016, y compris la recommandation controversée de créer « UN-Urban », un mécanisme interinstitutions de coordination sur l’urbanisation au sein du système de l’ONU.

En seulement deux décennies, les opportunités sociales et économiques des villes ont attiré plus de 1,4 milliard de personnes et dans 30 ans, ce sont les deux tiers de la population mondiale qui vivront en zone urbaine, a indiqué le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson.  Si elles sont « les centres des promesses et de l’innovation », les villes sont aussi l’épicentre de nombreux défis de la durabilité, a prévenu la Vice-Secrétaire générale, Mme Amina J. Mohammed.  Responsables de la majorité des émissions des gaz à effet de serre et de la consommation d’énergie, les villes n’échappent pas aux catastrophes naturelles.  Les événements climatiques tragiques de Houston, de Freetown, de Karachi ou de Mumbai nous le rappellent: « c’est dans les villes que la bataille de la durabilité se gagnera ou se perdra », a-t-elle averti.

Heureusement, s’est réjoui le Président de l’Assemblée générale, l’adoption en octobre dernier, à Quito, du Nouveau Programme pour les villes a constitué une percée majeure, en ce qu’il définit la norme mondiale pour un développement urbain durable, refaçonnant notre manière de penser, de gérer et de vivre les villes.  S’il est mis en œuvre effectivement, il nous aidera à bâtir des villes et des établissements humains sûrs, inclusifs, résilients et durables et appuiera les progrès des gouvernements et de la communauté internationale dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Pour ce faire, a ajouté la Vice-Secrétaire générale, il faut un système des Nations Unies et un personnel dotés de l’agilité, des capacités et des compétences nécessaires.  En l’occurrence, la réforme d’ONU-Habitat sera un test décisif.

Justement, les membres du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’évaluer et d’accroître l’efficacité d’ONU-Habitat étaient là, aujourd’hui, pour présenter leurs recommandations.  Le Coprésident du Groupe, M. Mpho Parks Tau, qui est aussi Président des « Cités et gouvernements locaux unis », a voulu que l’on considère la « mégatendance » de l’urbanisation comme un phénomène territorial qui n’affecte pas seulement les zones urbanisées mais bien toute l’organisation de notre gouvernance territoriale.  Il faut passer à « la grande transformation » c’est-à-dire d’un modèle de développement socioéconomique non inclusif et non durable à un modèle plus durable et plus équitable.

Ce faisant, il faut trouver le moyen d’intégrer l’approche territoriale du développement au sein du système des Nations Unies, en encourageant une véritable implication des acteurs non étatiques et des gouvernements locaux.  Avec des ressources adéquates et l’appropriation des politiques par les États Membres, ONU-Habitat peut jouer un rôle important dans l’avancement de l’agenda urbain.  Le Groupe indépendant recommande ainsi l’attribution d’un « rôle formel » aux autorités locales au sein d’ONU-Habitat dont, par exemple, la création d’un comité des gouvernements locaux.  À partir de cette recommandation, il en fait une autre, celle de créer un mécanisme interinstitutions de coordination, « UN-Urban », pour promouvoir l’agenda urbain à l’ONU, un tel mécanisme étant susceptible de renforcer le rôle d’ONU-Habitat comme point focal de l’urbanisation durable et de la collecte d’informations sur le sujet. 

Le Coprésident du Groupe indépendant a précisé qu’il ne s’agit nullement d’une nouvelle institution de l’ONU mais seulement d’un mécanisme de coordination pour faciliter « la transversalité » dans le Nouveau Programme pour les villes.  Les délégations se sont montrées dubitatives: concentrons-nous plutôt sur le renforcement des fonctions normatives et opérationnelles d’ONU-Habitat, a conseillé la Colombie.  Améliorons les structures existantes au lieu de créer des structures parallèles, a renchéri la Fédération de Russie.  La réforme d’ONU-Habitat doit être évolutionnaire plutôt que révolutionnaire, a-t-elle ajouté, avant que le Botswana n’estime qu’un « UN-Urban » enverrait en effet « un mauvais message », craignant l’élargissement du gouffre entre milieux urbain et rural, l’impression qu’ONU-Habitat et la nouvelle entité s’occuperaient de questions opposées, et, en conséquence, l’affaiblissement ONU-Habitat.  La création de nouvelles structures et de nouvelles lignes budgétaires n’est pas opportune, a tranché la Finlande. 

La Vice-Secrétaire générale a pourtant lancé une mise en garde: aujourd’hui, le travail de l’ONU sur l’urbanisation est fragmenté et donne des résultats insuffisants.  La réforme d’ONU-Habitat vise une plus grande cohérence et une plus grande collaboration dans tout le travail sur l’urbanisation du système de l’ONU et pourquoi ne prendrait-elle pas la forme d’un « UN-Urban », un mécanisme, dirigé par ONU-Habitat, qui rassemblerait les capacités intersectorielles et renforcerait le travail opérationnel sur l’urbanisation.  

En cette période de contraintes budgétaires, il faut miser sur des stratégies de transformation, a acquiescé le Directeur exécutif d’ONU-Habitat, M. Joan Clos.  Il a insisté pour que les États Membres analysent bien les recommandations du Groupe indépendant pour rendre son agence capable de faire de l’urbanisation un des moteurs de la réalisation du Programme 2030 et de ses 17 objectifs de développement durable.

La Réunion de haut niveau que tient l’Assemblée générale devrait se terminer demain, mercredi 6 septembre, l’avant-dernière étant prévue à partir de 10 heures. 

RÉUNION DE HAUT NIVEAU CHARGÉE D’EXAMINER LA MISE EN ŒUVRE EFFECTIVE DU NOUVEAU PROGRAMME POUR LES VILLES ET DU RÔLE D’ONU-HABITAT À CET ÉGARD

Déclarations liminaires

M. PETER THOMSON, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que l’urbanisation qui, dans le monde, a atteint un taux sans précédent, montre l’importance des discussions d’aujourd’hui.  En seulement deux décennies, les opportunités sociales et économiques des villes ont attiré plus de 1,4 milliard de personnes et cette tendance devrait se poursuivre: deux tiers de la population mondiale devraient vivre en zone urbaine dans seulement 30 ans.

Aujourd’hui, les villes produisent près de 80% du produit intérieur brut mondial.  Elles font tourner les industries et servent de catalyseurs au commerce, à la croissance économique et au développement.  Mais en dépit de leur importance accrue pour l’humanité, beaucoup de villes n’arrivent pas à s’adapter à la rapidité du changement, d’autres continuant à s’appuyer sur des infrastructures détériorées, des plans d’urbanisation et des services inadéquats et des protections juridiques et environnementales obsolètes. 

Lorsque de tels fossés existent entre les besoins d’une population à forte croissance démographique et des infrastructures et services inadéquats, les conséquences ne tardent pas: pauvreté, exclusion, violence et troubles sociaux.

Les villes abritent plus de 1,4 milliard de personnes, 2 milliards de personnes n’ont accès à l’eau et 2,4 à l’assainissement.  Notre attention urgente est donc requise, a souligné le Président de l’Assemblée générale.  Les politiques et les ressources doivent se concentrer sur les villes.  Tous les environnements urbains ont besoin d’attention maintenant que l’on travaille à une paix et à un développement durables.

À cet égard, l’adoption en octobre dernier, à Quito, du Nouveau Programme pour les villes était une percée majeure.  Le Nouveau Programme définit la norme mondiale pour un développement urbain durable, refaçonnant notre manière de penser, de gérer et de vivre dans nos villes. 

S’il est mis en œuvre effectivement, le Nouveau Programme nous aidera à bâtir des villes et des établissements humains sûrs, inclusifs, résilients et durables, et il aidera les gouvernements et la communauté internationale à progresser dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Nous devons, a poursuivi le Président, capitaliser sur les énormes opportunités économiques et sociales offertes par l’urbanisation de masse pour soustraire les gens de la pauvreté, impulser une croissance économique inclusive, promouvoir l’égalité, renforcer la résilience des communautés et, bien sûr, lutter efficacement contre les changements climatiques.  Pour y parvenir, nous devons mieux sensibiliser le monde au Programme 2030 et au Nouveau Programme pour les villes, en particulier les décideurs politiques et l’opinion publique.

Deuxièmement, nous devons renforcer les partenariats stratégiques entre les gouvernements à tous les niveaux, les dirigeants communautaires, la société civile et le monde des affaires afin de favoriser des approches cohérentes du développement urbain, de la mise en œuvre du Programme 2030 et de la croissance économique à long terme. 

Nous devons tirer parti de ces partenariats pour faire en sorte qu’un financement adéquat soit affecté à une transformation urbaine durable.  Il y a ensuite la tâche de renforcer le potentiel exponentiel de la science, de la technologie et de l’innovation pour mener de nouvelles approches intelligentes vers une urbanisation durable et la réalisation des objectifs de développement durable.

Enfin, a conclu le Président de l’Assemblée générale, nous devons rendre le système des Nations Unies capable d’aider efficacement les États Membres à réaliser ces programmes universels, ONU-Habitat étant particulièrement bien positionné pour appuyer la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes.

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale, a prévenu que tout en étant « les centres des promesses et de l’innovation », les villes sont aussi l’épicentre de nombreux défis de la durabilité.  Elles sont responsables de la majorité des émissions des gaz à effet de serre et de la consommation d’énergie.  Elles abritent la majorité des réfugiés dans le monde, sont frappées par les catastrophes et servent souvent de scènes aux troubles sociaux et aux conflits.

C’est dans les villes que la bataille pour la durabilité sera gagnée ou perdue.  Malheureusement, à ce jour, la réponse globale à la promesse de l’urbanisation a été insuffisante.  Les programmes urbains et les politiques négligent souvent les liens importants entre les centres urbains, les établissements périurbains et les moyens ruraux de subsistance.  Les inégalités urbaines augmentent dans le Sud comme dans le Nord et la part urbaine de la pauvreté mondiale s’accroît.  De nombreuses villes luttent pour fournir les services les plus élémentaires à une population à forte croissance démographique.

Les événements climatiques tragiques de Houston, de Freetown, de Karachi ou de Mumbai en sont des exemples.  Le système des Nations Unies doit mieux s’équiper pour aider les États à développer un nouveau paradigme d’urbanisation durable.  Le Programme 2030, l’agenda le plus ambitieux de tous les temps, exige un système des Nations Unies et un personnel dotés de l’agilité, des capacités et des compétences pour réaliser ses ambitions.

Le Secrétaire général travaille d’ailleurs avec les États Membres sur la réforme du système des Nations Unies et voit dans la réforme d’ONU-Habitat un test décisif.  La Vice-Secrétaire générale a salué le travail du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’évaluer et d’accroître l’efficacité d’ONU-Habitat qui a répondu à la demande du Secrétaire général.  Le Groupe indépendant a en effet fait des recommandations audacieuses sur la réforme d’ONU-Habitat et la mise en œuvre effective du Nouveau Programme pour les villes et du Programme 2030.  ONU-Habitat doit jouer un rôle de premier plan en veillant à ce que l’expertise urbaine soit forte dans toutes les institutions de l’ONU. 

Aujourd’hui, le travail sur l’urbanisation est fragmenté avec des résultats insuffisants.  Cela doit changer et la réforme d’ONU-Habitat doit aller de pair avec les efforts visant une plus grande cohérence et une plus grande collaboration dans tout le travail sur l’urbanisation du système de l’ONU.

Cela pourrait prendre la forme d’un « UN-Urban », soit un mécanisme de coordination qui rassemble les capacités intersectorielles et renforce le travail opérationnel sur l’urbanisation.  ONU-Habitat serait le bon outil pour coordonner un tel mécanisme.  

Le Groupe indépendant a aussi recommandé que les bureaux régionaux d’ONU-Habitat s’alignent davantage avec les commissions régionales de l’ONU.  Nous voudrions aussi, a confié la Vice-Secrétaire générale, voir une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies tirer parti de l’expertise de l’ONU pour travailler dans les villes et avec les autorités locales, aider les États Membres à mettre en œuvre le Nouveau Programme pour les villes et tous les objectifs de développement durable dans le milieu urbain.  La proposition de créer un fonds pour l’urbanisation durable mérite aussi toute notre attention, a estimé la Vice-Secrétaire générale, qui a également salué l’appel du Groupe indépendant pour que le futur ONU-Habitat se concentre à la fois sur le principe de ne laisser personne sur le côté et sur l’approche territoriale, ce qui renforce la connexion entre les environnements ruraux et urbains, l’urbanisation et les programmes urbains.

Aujourd’hui les agences de l’ONU ne font plus assez pour les villes, a conclu la Vice-Secrétaire générale.  L’ONU doit être vue à nouveau comme un catalyseur des partenaires, des donateurs, des universitaires, du secteur privé et de la société civile pour renforcer le travail dans le domaine urbain.  ONU-Habitat peut prendre la tête de ces efforts, les efforts de redynamisation du travail urbain au sein du système de l’ONU.

M. JOAN CLOS, Directeur exécutif d’ONU-Habitat, a dit attendre beaucoup de cette réunion de haut niveau, dont ses conclusions sur la manière de renforcer le rôle d’ONU-Habitat dans la mise en œuvre du Programme 2030, après l’adoption, en 2016, du Nouveau Programme pour les villes et le rapport du Groupe indépendant de haut niveau.

Le message principal de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III) est positif et inclusif: l’urbanisation peut accélérer le développement durable et est une des solutions à nos problèmes actuels.  Mais pour cela, il faut une approche « plus professionnelle » de l’urbanisation, laquelle exige d’ONU-Habitat un rôle nouveau.  Le Programme a donc engagé sa propre réforme pour répondre aux besoins non seulement des pays en développement mais aussi des autres régions et villes du monde où se déversent des millions de migrants et victimes de catastrophes naturelles.

En cette période de contraintes budgétaires, il faut miser sur des stratégies de transformation, a poursuivi le Directeur exécutif.  La réforme en cours devrait donner lieu à une organisation plus souple.  Depuis deux siècles, on a acquis beaucoup de connaissances sur l’urbanisation.  L’objectif est aujourd’hui de les intégrer simultanément, sachant que les fonctions normatives et opérationnelles actuelles d’ONU-Habitat ne suffiront pas.  Le Directeur exécutif a donc demandé aux États de bien analyser les recommandations du Groupe indépendant pour rendre ONU-Habitat capable de relever ses défis et faire de l’urbanisation un des moteurs de la réalisation du Programme 2030 et de ses 17 objectifs de développement durable. 

Mme ROSARIO ROBLES, Secrétaire d’État chargée du développement urbain, territorial et agricole du Mexique et Coprésidente du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’évaluer et d’accroître l’efficacité d’ONU-Habitat, a souligné que plusieurs recommandations du Groupe sont conformes aux propositions que le Secrétaire général de l’ONU a faites sur la réforme du système des Nations Unies.  Le Groupe indépendant a examiné l’évolution d’ONU-Habitat dans le contexte plus large du système des Nations Unies et a mené des consultations élargies avec les États Membres et les autres parties prenantes à New York et à Nairobi.

Le renforcement d’ONU-Habitat a été une priorité.  Le Groupe en est venu à la conclusion que le Programme doit promouvoir le développement urbain durable, en liant fonctions opérationnelles et priorités normatives et en travaillant au niveau local dans une perspective mondiale.  ONU-Habitat doit aider les États Membres à réaliser le Nouveau Programme pour les villes.

Le Groupe a recommandé une orientation plus territoriale dans les zones métropolitaines pour éviter une simplification excessive de la dichotomie entre zones rurales et zones urbaines.

ONU-Habitat devrait explorer et renforcer les relations avec les gouvernements locaux, la société civile, les équipes de pays des Nations Unies, les commissions régionales de l’ONU et le secteur privé.  Le Programme doit s’engager dans un changement de paradigme, a conclu Mme Robles.  

M. MPHO PARKS TAU, Président des « Cités et gouvernements locaux unis » et Coprésident du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’évaluer et d’accroître l’efficacité d’ONU-Habitat, a estimé, en tant que leader local, qu’il faut exploiter le Nouveau Programme pour les villes comme un cadre pour le développement durable dans le monde.  Pour ce faire, a-t-il poursuivi, il nous faut de nouvelles institutions et de nouveaux systèmes de gouvernance et partenariats.  Nous devons comprendre la « mégatendance » de l’urbanisation et la voir comme un phénomène territorial qui n’affecte pas seulement les zones urbanisées mais bien toute l’organisation de notre gouvernance territoriale.  Il faut passer d’un modèle de développement socioéconomique non inclusif et non durable à un modèle plus durable et plus équitable, à savoir, « la grande transformation ».  

« L’urbain » doit être compris dans un sens plus large, incluant les zones métropolitaines, les villes intermédiaires, les zones périurbaines et les zones rurales adjacentes.  Nous devrions remettre en cause la dichotomie artificielle zones urbaines-zones rurales et trouver le moyen d’intégrer l’approche territoriale du développement au sein du système des Nations Unies.

Le rapport du Groupe indépendant, a expliqué M. Tau, plaide pour une véritable implication des acteurs non étatiques et des gouvernements locaux; le rôle « fondamental » de ces derniers ayant toujours été ignoré par le système des Nations Unies.  Le Groupe est convaincu, a poursuivi son Coprésident, qu’avec des ressources adéquates et l’appropriation des politiques par les États Membres, ONU-Habitat peut jouer un rôle important dans l’avancement de l’agenda urbain.  Le Groupe indépendant recommande l’attribution d’un « rôle formel » aux autorités locales dans ONU-Habitat dont, par exemple, la création d’un comité des gouvernements locaux.  Des comités pourraient d’ailleurs être créés pour chaque partie prenante et avoir un lien direct avec le Conseil d’orientation.

À partir de cette recommandation, le Groupe indépendant en fait une autre et préconise la mise en place d’un mécanisme interinstitutions de coordination « UN Urban » pour promouvoir l’agenda urbain à l’ONU.  Un tel mécanisme peut assoir et renforcer le rôle d’ONU-Habitat comme point focal de l’urbanisation durable et de la collecte d’informations sur le sujet.  L’idée de créer « UN Urban » vise à adapter l’ONU aux défis du Programme 2030.

Tables rondes interactives sur le rôle d’ONU-Habitat dans la mise en œuvre effective du Nouveau Programme pour les villes

Les participants aux tables rondes ont d’abord parlé du mandat opérationnel et normatif d’ONU-Habitat et de son travail avec les gouvernements et autres parties prenantes

La Secrétaire d’État chargée du développement urbain, territorial et agricole du Mexique, Mme ROSARIO ROBLES, a rappelé que le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’évaluer et d’améliorer l’efficacité d’ONU-Habitat, qu’elle a coprésidé, a proposé un changement d’approche en faveur d’une « vision territoriale », englobant les différents niveaux de gouvernance.  « C’est au niveau du territoire que se réalise la gestion de l’urbain, comme un tout, comme un ensemble complexe et divers. »

De même, les métropoles doivent occuper une place fondamentale dans l’approche du Nouveau Programme pour les villes, a déclaré Mme Robles, pour qui le mandat d’ONU-Habitat doit mettre l’accent sur « le facteur métropolitain ».  Nous estimons, a-t-elle poursuivi, que le travail normatif doit être fondé sur ces logiques territoriales, englobant les différents niveaux de gouvernance: les autorités locales font de la gestion territoriale concrète et les autorités nationales gèrent les relations entre les différents niveaux de gouvernance.

Le représentant du Mexique a salué cette innovation et souligné l’importance de la transversalité.  Il faut briser les cloisonnements, a-t-il dit, avant que son homologue de l’Inde n’appelle à la complémentarité des approches normatives et opérationnelles d’ONU-Habitat.  En Inde, a-t-il expliqué, les agglomérations sont très diverses et les démarches administratives, normatives et opérationnelles pour résoudre les problèmes urbains diffèrent énormément d’une ville à l’autre.

Il faut changer la façon dont le travail opérationnel est conçu et réalisé pour le rendre plus concret et plus efficace, a déclaré pour sa part M. FRANTIŠEK RUŽIČKA, ancien Représentant permanent de la Slovaquie auprès des Nations Unies.  « Nous devons utiliser ONU-Habitat pour fixer des normes universelles qui s’appliqueront à tous les projets opérationnels », a-t-il précisé.  Les mandats normatifs et opérationnels d’ONU-Habitat doivent être améliorés en qualité et en complémentarité, et dotés de ressources adéquates.

D’où l’importance de mettre en œuvre les recommandations du Groupe de haut niveau, a dit Mme PONTŠO S. M. SEKATLE, Députée de la circonscription de Qacha’s Nek au Parlement du Lesotho, ajoutant qu’ONU-Habitat doit devenir le point focal de la gestion des établissements humains dans le monde.  « On ne doit laisser personne de côté », a ajouté la Députée, précisant que les établissements informels doivent être pris en compte car ils sont une réalité dans de nombreuses villes du Sud et un reflet de l’exclusion à laquelle doit travailler ONU-Habitat.   Oui mais, comment ONU-Habitat peut prétendre imposer des normes au niveau local alors que plusieurs agglomérations ne connaissent même pas son existence? s’est étonné le représentant de la Fédération de Russie.  Non pour lui, ONU-Habitat doit plutôt traiter des questions normatives avec les institutions nationales. 

Quant à la structure de gouvernance d’ONU-Habitat et de ses capacités financières, M. PETER CALTHORPE, architecte et membre du Groupe indépendant de haut niveau, a défendu l’idée d’une entité basée à New York pour coordonner le travail avec les autres agences de l’ONU et renforcer ainsi l’efficacité de ses programmes.  Il s’est dit en faveur d’un « conseil » qui serait la courroie de transmission entre ONU-Habitat et ses partenaires.  Le travail normatif et opérationnel, a-t-il précisé, continuerait d’être assuré par ONU-Habitat dans le cadre d’« UN-Urban ».

« UN-Urban », a expliqué le Coprésident du Groupe indépendant, M. MPHO PARKS TAU, vise à faciliter la transversalité dans le Nouveau Programme pour les villes.  Il ne s’agit en aucun cas d’une nouvelle institution de l’ONU mais bien d’un mécanisme de coordination.  Peu convaincue, la représentante de la Colombie a voulu que l’on se concentre plutôt sur le renforcement des fonctions actuelles d’ONU-Habitat.  Améliorons les structures existantes au lieu de créer des structures parallèles, a renchéri son homologue de la Fédération de Russie.  Nous devons renforcer ONU-Habitat et le doter d’un financement plus stable et plus prévisible et exiger de lui la plus grande transparence, a-t-il poursuivi.  « La réforme d’ONU-Habitat doit être évolutionnaire plutôt que révolutionnaire. »

La création d’un « UN-Urban » enverrait en effet « un mauvais message », a ajouté la représentante du Botswana, craignant l’élargissement du gouffre entre milieux urbain et rural et l’impression qu’ONU-Habitat et la nouvelle entité s’occuperaient de questions opposées, et, en conséquence, l’affaiblissement d’ONU-Habitat.  Cette opinion a été partagée par son homologue des États-Unis.  La création de nouvelles structures et de nouvelles lignes budgétaires n’est pas opportune, a tranché, à son tour, la représentante de la Finlande.  Mais le Groupe de haut niveau prône le renforcement d’ONU-Habitat et non la création d’une nouvelle agence de l’ONU, a tenu à rappeler le représentant de l’Indonésie.

S’agissant plus précisément du financement d’ONU-Habitat, il a plaidé pour une réforme de la gestion, impliquant une plus large participation des États Membres pour assurer universalité et appropriation.  Pour parvenir à cette universalité, nous devons surtout adopter un langage commun des questions d’urbanisation, a précisé la fondatrice et Directrice de la Society for Promotion of Area Resource Centres (SPARC), Mme SHEELA PATEL.  Une bonne gouvernance et une plus grande transparence sont les clefs de la collecte des fonds tant auprès des États Membres que du secteur privé, a poursuivi le représentant de l’Indonésie.  Les coûts doivent être fixes et prévisibles grâce à une bonne planification, a-t-il ajouté.

Les représentants de la Fédération de Russie et de la Finlande ont acquiescé, le premier réclamant la transformation du Conseil d’administration d’ONU-Habitat.  La réforme d’ONU-Habitat doit être financièrement viable, a ajouté la représentante finlandaise.  Pour obtenir les contributions nécessaires, a estimé l’architecte et membre du Groupe indépendant de haut niveau, ONU-Habitant doit pouvoir proposer des stratégies détaillées et rentables dans les domaines de l’urbanisation, du transport durable, de la qualité de l’air ou encore de l’énergie.

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