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Dernière Conférence de presse de son mandat du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a effectué ce matin, au Siège de l’Organisation à New York, sa dernière conférence de presse de l’année et de son double mandat de cinq ans, affichant sa frustration de devoir « laisser tant de dossiers inachevés à son successeur », M. António Guterres, lequel prendra ses fonctions le 1er janvier prochain.

M. Ban a expliqué que ces 10 dernières années avaient été « une décennie de tests incessants », mais également un moment au cours duquel il a vu l’action collective « changer des millions de vies pour le meilleur ».  

Dans son propos liminaire, le Secrétaire général a dit avoir plus de regrets que de raisons de se féliciter en partant de l’ONU.  Il a ainsi cité la crise syrienne, affirmant que « le carnage en Syrie demeure un trou béant dans la conscience mondiale ».  « Alep est maintenant synonyme d’enfer », a-t-il ajouté, en estimant que la paix ne prévaudra que si elle est « accompagnée de compassion, de justice et de responsabilité pour les crimes abominables que nous avons vus ».

« La situation en Syrie est un motif de désolation pour moi et pour tous ceux qui aiment la paix », a poursuivi M. Ban.  Il a rappelé avoir nommé tour à tour trois diplomates chevronnés, y compris son prédécesseur, M. Kofi Annan, pour établir une médiation entre les parties syriennes, constatant cependant que les intérêts particuliers de celles-ci furent placés au-dessus de l’intérêt national, avec pour conséquences de causer des dizaines de milliers de morts supplémentaires. 

Il a critiqué le fait que des puissances régionales soient divisées sur la manière de gérer la crise, un clivage également visible, selon lui, au sein du Conseil de sécurité.  S’il s’est félicité des évacuations de blessés qui ont eu lieu hier à Alep, il a néanmoins déploré qu’elles aient dû prendre fin aujourd’hui à cause de la reprise des combats.

Le Secrétaire général s’est, en outre, inquiété de la détérioration de la situation au Soudan du Sud, trois ans après le début des combats.  Il a accusé les dirigeants du pays d’avoir « trahi la confiance de leur peuple et gâché un accord de paix ».  Rappelant que son Conseiller spécial pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, avait mis en garde contre le risque de génocide dans le pays, il a exhorté le Conseil de sécurité à « prendre des mesures plus concertées, y compris des mesures punitives ».

M. Ban a par ailleurs salué l’Accord de Paris sur les changements climatiques qui est entré en vigueur le 4 novembre dernier.  Selon lui, cet Accord est « un accomplissement précieux que nous devons soutenir et entretenir ».  « Il n’y a pas de possibilité de faire marche arrière », a—t-il relevé en précisant que s’il était, il y a peu, « impensable », il reste aujourd’hui « infaillible ».

Le Secrétaire général a évoqué les conflits au Moyen-Orient, au Mali et en République centrafricaine, observant que les solutions militaires ne peuvent plus prospérer, et qu’il est temps de promouvoir les solutions politiques.

Il s’est dit aussi inquiet des tensions en Asie du Nord-Est, notamment dans la péninsule coréenne.  Il a invité les autorités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à se conformer au droit international, tout en soulignant que ce pays avait fait l’objet de pas moins de cinq résolutions du Conseil de sécurité qui lui imposait des sanctions.

      Le huitième Secrétaire général a exprimé sa fierté d’avoir renforcé la place des femmes dans l’Organisation.  Il s’est ainsi réjoui d’avoir nommé plus de femmes à des hautes fonctions à l’ONU que ses sept prédécesseurs réunis.  M. Guterres semble vouloir aller dans le même sens, a-t-il affirmé, prédisant que, d’ici à 10 ans, une parité parfaite sera établie au sein de l’ONU.

Face aux journalistes, M. Ban a également assuré que si l’on réalisait les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, l’on aurait un « monde plus sûr et plus prospère ».  « Aussi difficile qu’elle puisse être, la coopération internationale reste le chemin vers un monde plus pacifique et prospère », a-t-il poursuivi, promettant de « continuer à n’épargner aucun effort pour appeler les dirigeants du monde à reconnaître et à embrasser ce fait prépondérant du XXIe siècle ». 

Cette promesse du Secrétaire général a suscité l’intérêt de la presse qui a voulu savoir s’il était disposé à s’engager dans la course à la présidence dans son propre pays, la République de Corée.  M. Ban a déclaré qu’il s’y rendrait dès la fin de son mandat, et qu’après des consultations avec plusieurs responsables coréens, il déterminerait quel serait le « meilleur moyen de se mettre au service » de son pays.

Pour ses derniers jours en tant que Secrétaire général, il a indiqué qu’il se rendrait dans l’Illinois, à l’Université Southern Illinois, à Carbondale, et à la Bibliothèque et au Musée présidentiel Abraham Lincoln à Springfield.  Il a salué en Abraham Lincoln « une force héroïque en faveur de l’égalité, de l’intégration et de la réconciliation », un esprit qui fait cruellement défaut aujourd’hui, a-t-il dit.

M. Ban a exprimé sa reconnaissance au pays hôte de l’ONU, les États-Unis, et à la ville de New York.  Il a ainsi pu remercier le Président américain Barack Obama, hier à Washington, D.C. et effectuer ses adieux au Maire de New York, M. Bill de Blasio, ainsi qu’au Gouverneur du New Jersey, M. Chris Christie, entendant faire de même avec le Gouverneur de l’État de New York, M. Andrew Cuomo.

Auparavant, dans son propos liminaire, le Secrétaire général avait remercié la presse qui « informe le monde sur le travail de l’ONU » et qui sert de « lien entre les Nations Unies et les peuples du monde ».

Les journalistes présents dans la salle lui ont, de leur côté, rendu hommage en lui souhaitant bonne chance pour la suite de sa carrière après le 31 décembre.

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