Sommet humanitaire mondial,
Tables rondes de haut niveau, session spéciale et clôture — matin et après-midi
IHA/1401

Le premier Sommet humanitaire mondial s’achève à Istanbul avec la volonté des États de coopérer pour réduire les souffrances et la vulnérabilité des peuples

« Ce n’est pas un point final, mais un tournant », affirme M. Ban Ki-moon, qui informera l’Assemblée générale en septembre des résultats du Sommet

ISTANBUL, TURQUIE, 24 mai — Une voie nouvelle est tracée.  Dans un contexte de crises sans précédent dans l’histoire, le premier Sommet humanitaire mondial des Nations Unies s’est conclu, ce soir à Istanbul, avec la volonté clairement exprimée par de nombreux dirigeants du monde d’appuyer les cinq responsabilités fondamentales préconisées par le Secrétaire général dans son Programme d’action pour l’humanité.

« Ce sommet unique nous a mis sur une nouvelle voie », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, dans son discours de clôture.  « Ce n’est pas un point final, mais un tournant », a ajouté le Secrétaire général de l’ONU, qui informera l’Assemblée générale en septembre des résultats du Sommet.

« La dignité des personnes doit être au centre de toute réponse humanitaire », a affirmé, pour sa part, le Président de la Turquie, M. Recep Tayyip Erdoğan, pour qui le Programme d’action pour l’humanité doit permettre d’aboutir à un « monde plus équitable ».  Il a espéré que ce Sommet humanitaire mondial marquerait un tournant, à partir duquel il sera possible de porter secours, de manière différente, à tous ceux qui en ont besoin.  La Turquie s’engage à en assurer le suivi, a conclu M. Erdoğan.

Pour la première fois depuis la création de l’Organisation des Nations Unies, il y a 70 ans, Chefs d’État et de gouvernement, agences humanitaires et de développement, personnes affectées par les crises, organisations non gouvernementales, représentants du secteur privé, des milieux universitaires ou des médias se sont rassemblés pendant deux jours pour tenter de proposer des solutions audacieuses aux défis les plus urgents et établir un programme d’action efficace en vue de renforcer l’avenir de l’action humanitaire.

De la crise en Syrie à la sécheresse en Éthiopie, en passant par les violences au Soudan ou dans la région du lac Tchad, plus de 125 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire et d’une protection.

Le Programme d’action pour l’humanité, qui servait de base aux travaux du Sommet humanitaire mondial, invite les États à s’unir et à coopérer pour prévenir et mettre fin aux crises et réduire les souffrances et la vulnérabilité des peuples.

Il s’articule autour de cinq responsabilités fondamentales: faire preuve de volonté politique pour prévenir et faire cesser les conflits, faire respecter les normes qui protègent l’humanité, ne laisser personne de côté, améliorer les conditions de vie pour mettre fin au dénuement et investir dans l’humanité.

« La mise en œuvre de ce programme est une nécessité si nous voulons permettre aux gens de vivre dans la dignité et la prospérité, tout en remplissant la promesse des accords historiques conclus l'an dernier sur le programme de développement durable et les changements climatiques », a souligné M. Ban.

Le Chef de l’ONU a notamment expliqué que les partenaires humanitaires et de développement avaient « convenu d'une nouvelle façon de travailler en vue de réduire la nécessité d'une action humanitaire en investissant dans des communautés résilientes et des sociétés stables », tandis que les gouvernements sont engagés à œuvrer davantage pour « prévenir les conflits et consolider la paix, faire respecter le droit international humanitaire et être à la hauteur de la promesse de la Charte des Nations Unies ».

Au cours de ce sommet, auquel ont participé pas moins de 173 pays, dont 55 étaient représentés par des chefs d’État et de gouvernement, plus d’un millier d’engagements ont été pris, en particulier dans le cadre de sept tables rondes et de 15 sessions spéciales sur des thèmes contenus dans le Programme d’action pour l’humanité.

Les participants aux trois dernières tables rondes, aujourd’hui, se sont ainsi penchés sur les moyens à mettre en œuvre pour gérer « différemment » les risques et les crises liées aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques, « faire respecter les normes qui protègent l’humanité » et pour une action en faveur de l’égalité des sexes.

La cérémonie de clôture fut également précédée d’une table ronde animée par le Vice-Secrétaire général, M. Jan Eliasson, et à laquelle ont participé le Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Mevlüt Çavuşoğlu; la Présidente de Médecins du monde, Mme Françoise Sivignon; le Président de la Fondation philippine de relèvement des catastrophes, M. Butch Meily; et la Coordonnatrice régionale du Réseau mondial des organisations de la société civile pour la réduction des catastrophes, Mme María Verónica Bastías.

Table ronde 5 sur le thème: « Faire respecter les normes qui protègent l’humanité »

Coprésidée par M. Mahamadou Issoufou, Président du Niger; M. Didier Burkhalter, Chef du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse; et M. Carlos Raúl Morales Moscoso, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, cette table ronde a été l’occasion d’une réflexion empreinte de gravité sur les conflits armés actuels, marqués par une grande brutalité et un mépris pour les règles fondamentales du droit international humanitaire.

À l’ouverture de cette table ronde, M. ELIASSON a rappelé que les civils sont ciblés délibérément, les villes et infrastructures essentielles bombardées tandis que les violences sexuelles détruisent des vies humaines et que les attaques perpétrées contre les hôpitaux ont atteint un niveau critique.  Plus de 150 ans de progrès dans la protection des civils sont en train d’être réduits à néant, s’est-il alarmé.  M. Eliasson a donc insisté sur la nécessité de respecter le droit international, de renforcer la protection des civils, de garantir l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire en temps de conflit et de condamner les violations du droit international.

Dans ce droit fil, M. ISSOUFOU a estimé que les pays devraient prendre des engagements « clairs » en faveur du respect du droit international humanitaire.  Les populations doivent recevoir l’aide dont elles ont besoin et les centres médicaux doivent être protégés.  Soulignant le défi posé à son pays par les activités terroristes de Boko Haram, il a assuré que le Niger respectait les normes du droit international humanitaire.  Le Niger a adhéré à la plupart des instruments internationaux, telles les Conventions de Genève de 1949.  « Nous avons arrêté les éléments de Boko Haram dans le respect du droit de la guerre », a-t-il assuré, en soulignant l’importance de gagner ainsi « un avantage moral » sur les terroristes.  Les États doivent s’engager pour que les autorités administratives et locales aient conscience des obligations découlant de ces traités et des conséquences de leur non-respect, a dit le Président du Niger.

Il est important que nous prenions des mesures pour combler les lacunes qui existent entre les normes du droit international humanitaire et la réalité sur le terrain », a estimé M. BURKHALTER, « afin que les gens puissent exercer leurs droits en période de conflit » et qu’il n’y ait pas de violation des « limites de l’humanité ».  À cette fin, il a promis d’appuyer la création, au niveau international, d’un forum pour l’application du droit international humanitaire et souhaité, au niveau national, que les États créent un comité interministériel d’application de ce droit.

M. MORALES MOSCOSO a souhaité que les violations du droit international ne restent pas impunies.  « Mon pays continuera de coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il assuré, en disant l’attachement du Guatemala au Traité sur le commerce des armes.  Consterné par la violence sexuelle et son utilisation comme tactique par les groupes terroristes, le Ministre des affaires étrangères du Guatemala a détaillé les mesures prises par son pays, dont une loi récemment adoptée contre la traite de personnes.

La discussion qui a suivi, à laquelle ont pris part une vingtaine de ministres et de représentants des ONG, a été dominée par les engagements des États en faveur du droit international humanitaire, ainsi que par leurs suggestions visant à renforcer son application.  Ils ont ainsi répondu au vibrant appel de M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), « gardien des Conventions de Genève », qui les a exhortés à donner des « limites aux guerres » car, a-t-il rappelé, les « guerres sans limites n’ont pas de fin ».  « Ne choisissez pas la facilité en disant que les civils sont des victimes collatérales, saisissez l’occasion de ce Sommet pour réaffirmer votre engagement en faveur du droit international humanitaire », a-t-il martelé, sous les applaudissements très nourris de l’audience.

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre adjoint de la Belgique, a ainsi plaidé pour le renforcement des capacités des juridictions nationales et le développement de l’entraide judiciaire internationale, tandis que M. JOSÉ MANUEL GARCÍA-MARGALLO Y MARFIL, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a appuyé la création d’un tribunal spécial pour juger des crimes des groupes terroristes.  À l’instar de Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, il a également soutenu l’initiative visant à limiter l’usage du droit de veto au sein du Conseil de sécurité lorsque des atrocités de masse sont commises.  La France, par la voix de M. ANDRÉ VALLINI, Secrétaire d’État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du développement et de la Francophonie, a indiqué qu’elle ne ferait pas usage de son droit de veto dans un tel cas de figure.

De son côté, faisant écho à M. CHRISTOS STYLIANIDES, Commissaire de l’aide humanitaire de l’Union européenne, Mme JUSTINE GREENING, Secrétaire d’État pour le développement international du Royaume-Uni, a appelé au plein respect des résolutions récemment adoptées par le Conseil de sécurité visant à protéger les travailleurs humanitaires et le personnel de santé par temps de conflit, des questions qui étaient rarement traitées par le Conseil auparavant, a fait remarquer M. Eliasson.  Mme Greening a demandé une meilleure formation des soldats de l’ONU aux enjeux de l’égalité des genres et de la violence sexuelle, alors que M. TAIWO AKINOLA ABIDOGUN, Ministre de la justice du Nigéria, a souligné l’engagement de son pays, qui lutte contre les groupes terroristes, à sensibiliser ses forces militaires à l’importance du droit international humanitaire.

Pour M. ALEJANDRO ALDAY, Conseiller juridique du Ministère des affaires étrangères du Mexique, il est important d’insister sur les dangers des armes nucléaires pour l’humanité.  Les puissances nucléaires doivent s’acquitter de leurs responsabilités, a-t-il dit.  Au même titre que le représentant de l’Autriche, Mme WINNIE BYANYIMA, Directrice exécutive d’OXFAM, a demandé le plein respect du Traité sur le commerce.  Les armes continuent d’arriver sur les zones de conflit malgré les engagements des États, a-t-elle fait remarquer.

Plusieurs intervenants ont également rappelé les enjeux tant juridiques que matériels de l’acheminement de l’aide humanitaire.  M. AHMAD TARAKJI, Président de la Syrian American Medical Society, a ainsi souhaité que la fourniture de soins de santé de base participe au renforcement de la résilience des communales locales en Syrie, tandis que Mme GAYLE SMITH, Administratrice de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a plaidé pour une démarche systémique afin d’alléger les contraintes auxquelles font face les organisations humanitaires.  Les organisations humanitaires doivent être défendues par les États en toute circonstance, a affirmé M. Vallini.

Pour sa part, Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les enfants et les conflits armés, a rappelé les principes d’impartialité et de neutralité encadrant l’acheminement de l’aide humanitaire.  Prenant à son tour la parole, M. PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a affirmé que l’aide humanitaire ne devrait pas être utilisée comme « un moyen de chantage ».  Il n’y a pas de droit à l’avortement en droit international et en droit international humanitaire, a-t-il fait remarquer.  Le droit international humanitaire ne doit pas être utilisé pour faire obstacle, c’est au contraire un instrument de dialogue, a rappelé M. Maurer, appuyé en ce sens par M. MARIO GIRO, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Italie, qui a souhaité un « dialogue non politisé » sur ces questions humanitaires.

Malgré les engagements pris, la tonalité de ce débat est restée sombre, M. CARLOS FORADORI, Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, pourfendant l’hypocrisie de certains États Membres.  « Des enfants pleurent mais nous ne les entendons pas », a-t-il regretté, tandis que M. SALIL SHETTY, Secrétaire général d’Amnesty international, a proposé de faire des trois minutes de son allocution trois minutes de silence « pour marquer les violations flagrantes du droit international humanitaire ». 

Table ronde 6  sur le thème: « Catastrophes naturelles et changement climatique: gérer les risques et les crises différemment »

Au cours de cette table ronde, que coprésidaient le Président de Nauru, M. Baron Divavesi Waqa; le Vice-Président du Kenya, M. William Ruto; le Vice-Premier Ministre de l’Éthiopie, M. Demeke Mekonnen; et le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, M. Kamal Thapa, les intervenants se sont attachés à souligner, comme le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans son Programme d’action pour l’humanité, que la communauté internationale doit continuellement rechercher de meilleures solutions pour répondre aux besoins de celles et ceux qui sont touchés par les conflits et les catastrophes.

Animateur de cette table ronde, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé qu’au cours des 20 dernières années, 218 millions de personnes étaient frappées chaque année par les catastrophes naturelles, dont les répercussions atteignent un montant de 250 à 300 milliards de dollars par an, soit trois fois plus que l’aide publique au développement (APD). 

M. Ban a rappelé les visites récentes qu’il a effectuées au Viet Nam et en Éthiopie, frappés par les effets du phénomène d’El Niño et le fait que, compte tenu de la gravité du phénomène, il avait nommé, la semaine dernière, l’ancienne Présidente de l’Irlande, Mme Mary Robinson, et l’Ambassadeur éthiopien Macharia Kamau comme Envoyés spéciaux chargés d’El Niño.

Le Secrétaire général a ensuite énuméré les cinq engagements fondamentaux qu’il a fixés pour cette table ronde.  Il s’agit, d’abord, d’honorer les accords du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat.

« Nous pouvons réduire les risques, mais nous ne pourrons jamais les éliminer », a-t-il ajouté.  Citant les deuxième et troisième engagements fondamentaux, il a appelé à mieux nous préparer, afin que nous puissions répondre le plus rapidement et efficacement possible.

De même, convient-il d’accroître les investissements dans la résilience des communautés, avec la pleine participation des femmes, des jeunes et d'autres groupes dans la société. 

Enfin, le cinquième et dernier engagement consiste à respecter, au mieux, le droit à la fois aux plans national et international.  L’action locale doit être axée sur les besoins locaux, et complétée par un soutien régional et international, a-t-il déclaré.

M. Ban a dit attendre du Sommet humanitaire mondial qu’il soit une étape dans la gestion de la prévention des catastrophes naturelles et des risques.

M. DIVAVESI WAQA a rappelé que les petits États insulaires en développement œuvraient dans un contexte aggravé par de véritables risques liés à des changements brutaux dans un avenir proche.  Il faut mettre en place des évaluations de risques, a dit le Président de Nauru, avant de décrire les tâches incombant au prochain représentant spécial au titre des engagements fondamentaux. 

M. RUTO a expliqué que plus de 20 millions de personnes dépendaient aujourd’hui de l’aide humanitaire dans les régions des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique, dont de nombreuses sont touchées par le phénomène El Niño.  Le Vice-Premier Ministre de l’Éthiopie a souligné que son gouvernement avait été contraint d’allouer des ressources humaines et des fonds à un niveau annuel moyen de 140 millions de dollars afin de s’attaquer aux questions de restauration environnementale et de sécurité dans les camps de réfugiés, une somme qui s’ajoute, a-t-il précisé, à la contribution annuelle de 100 millions de dollars à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

M. DEMEKE MEKONNEN, Vice-Premier Ministre de l’Éthiopie, a indiqué que son pays était l’un de ceux qui connaissent l’un des taux de croissance les plus élevés, mais qu’il était très exposé aux conséquences des changements climatiques, en particulier le phénomène El Niño, lesquels risquent de réduire à néant les gains obtenus au cours des dernières années.  La réduction des risques et la prévention des catastrophes doivent t être traitées dans un contexte de développement durable. 

M. KAMAL THAPA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, a affirmé qu’il représentait ici l’un des pays montagneux du monde extrêmement vulnérables aux changements climatiques.  Il faut, a-t-il dit, mettre l’accent sur la rénovation, la résilience et les technologies abordables.  De même, convient-il, il faudrait avoir recours à des partenariats entre le secteur public et le secteur privé en ce qui concerne les mesures d’atténuation et préserver les activités des paysans les plus pauvres.  La région de l’Himalaya manque encore de données et de connaissances qui pourraient être allouées à la lutte pour l’atténuation des catastrophes, a-t-il fait observer.  Le Vice-Premier Ministre a appelé la communauté internationale à se concentrer et à investir davantage en faveur de mécanismes de préparation.

Lors du débat qui a suivi les interventions des coprésidents, M. HERY MARTIAL RAJAONARIMAMPIANINA RAKOTOARIMANANA, Président de Madagascar, a affirmé qu’au cours des dernières années, son pays avait connu une cinquantaine de catastrophes, dont une majeure partie était la conséquence de changements climatiques.  Il s’est engagé à faire en sorte que les institutions malgaches de gestion des risques de catastrophes et d’atténuation soient toutes opérationnelles et renforcées, conformément aux normes internationales.  La mise en œuvre de l’ensemble des engagements pris par Madagascar requiert des partenariats de tous les horizons, a-t-il dit.

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre de Tuvalu, a insisté sur la nécessité de s’atteler de façon urgente à la question des personnes déplacées en raison des conséquences des changements climatiques.  Il faut établir un mécanisme juridique de protection pour ces personnes déplacées, a-t-il insisté, en indiquant que son pays s’engageait à rédiger un projet de résolution de l’Assemblée générale en ce sens.  Il faut s’assurer que l’on fournisse une protection adéquate à ces personnes déplacées, a-t-il dit.

Mme FIAME NAOMI MATA'AFA, Vice-Premier Ministre de Samoa, s’est félicitée de l’accent mis sur la réduction des risques et la prévention des catastrophes dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.  Le Samoa, a-t-elle dit, s’est engagé à renforcer son rôle aux plans national et local ainsi que ses capacités en matière de gestion des risques et de prévention des catastrophes. 

M. ANDRÉ VALLINI, Secrétaire d´État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du développement et de la francophonie la France, a rappelé les priorités du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, adopté l’an dernier.  La France a proposé d’adopter et d’apporter un appui aux pays les plus exposés aux conséquences des changements climatiques, une initiative effective d’ici à la fin de l’année en faveur des petits États insulaires en développement et des pays les moins avancés qui mobilisera plus de 100 millions d’euros, dont 10 versés par la France.

M. ROBERTO TAN, Trésorier des Philippines et représentant des Philippines à la présidence du Groupe des 20 pays les plus vulnérables (V-20), a souligné l’importance de mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat si nous voulons être à la hauteur du défi des risques accrus et des crises humanitaires qui en découlent.  Il faut, a-t-il dit, que les pays les plus vulnérables puissent être en mesure d’être prêts à affronter les effets des changements climatiques.

M. ELHADJ AS SY, Secrétaire général de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a notamment souligné que tous les chocs entraînés par les conséquences des changements climatiques, quelle que soit leur taille, frappent d’abord à l’échelon local.  C’est pourquoi l’on ne peut pas faire porter le fardeau de ces catastrophes sur les autorités locales. 

M. JOSÉ GRAZIANO DA SILVA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a appelé à transformer la vulnérabilité dans un modèle d’assistance.  Il a rappelé qu’un demi-milliard de personnes étaient particulièrement vulnérables face aux risques de répercussion des changements climatiques, l’agriculture permettant de sauver des vies humaines et d’assurer des moyens de subsistance.

Mme LAURA TUCK, Vice-Présidente du développement durable à la Banque mondiale, a estimé qu’une étape première consisterait à partager la compréhension des risques que connaissent les communautés et les pays concernés, en notant que la Banque mondiale disposait d’une banque de données ouverte.  Elle a mis l’accent sur la nécessité d’envisager un plan d’action efficace.

Mme ALPHA BARRY, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabé de l’extérieur du Burkina Faso, a affirmé que son pays, touché récemment par des catastrophes naturelles, s’était doté d’un certain nombre de mécanismes d’alerte précoce et pris des dispositions pour l’instauration d’une culture de résilience.  Le Burkina Faso, a-t-elle ajouté, s’est engagé à mettre en œuvre les priorités du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.

M. INIA SERUIRATU, Ministre de l’agriculture, du développement rural et maritime et de gestion des catastrophes naturelles des Fidji, a demandé à la communauté internationale d’adopter le partenariat de préparation.  Le monde, a-t-il ajouté, doit donner suffisamment de ressources et réserver suffisamment de fonds aux nations les plus vulnérables.

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a estimé que la réponse visant à atténuer les risques de catastrophe naturelle doit être appropriée, innovante et flexible autant que possible.  Il a, en particulier, mis l’accent sur la nécessité d’utiliser les technologies de l’information et des communications. 

M. ABDUL QADIR BALOCH, Ministre des États et des régions frontalières du Pakistan, a rappelé que son pays était l’un de ceux dans le monde les plus exposés et les plus affectés par les catastrophes naturelles.  Il a souligné l’engagement du Pakistan en faveur des cinq engagements du Secrétaire général dans son Programme d’action pour l’humanité.

M. KUNIO MIKURIYA, Secrétaire général de l’Organisation mondiale des douanes, a fait état du programme d’assistance des douanes, consistant, notamment, à favoriser la libre circulation de l’information en cas de crise.  Les douanes doivent renforcer la coopération et la coordination avec les autres agences gouvernementales concernées pour mettre en place les plans d’urgence nationaux.  Il convient, a-t-il dit, de garantir la sécurité de la circulation des hommes et des marchandises.

M. LISANDRO ROSALES, Ministre Commissaire des contingences de la Commission permanente du Honduras, a rappelé que son pays, touché cette année par le phénomène El Niño, s’était engagé en faveur de la réduction des risques de catastrophe.  

M. WILLEM RAMPANGILEI, Chef de l’Agence nationale de gestion des catastrophes naturelles de l’Indonésie, a affirmé que son gouvernement avait accordé une importance prioritaire à la résilience des zones urbaines en cas de catastrophe.  Il a également exprimé l’engagement de son pays en faveur du renforcement des capacités des gouvernements locaux. 

M. JUAN MANUEL ROBLEDO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et des droits de l’homme du Mexique, a affirmé que les efforts de son pays se concentraient sur le fait que chaque personne et chaque communauté doit connaître les risques qu’il encourt et les moyens de les prévenir et de les atténuer.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’éviter les doublons, de protéger les structures existantes et de mettre en place les engagements.  Le Ministre a rappelé que la cinquième Plateforme mondiale sur la réduction des risques de catastrophe aura lieu à Cancun en mai 2017.

M. SILVA DUNDORO, Ministre de la culture et du tourisme du Mozambique, a rappelé que son pays, qui fut gravement touché par des inondations en 2000, était extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles en raison de sa situation géographique dans la partie australe de l’Afrique.  La gestion des catastrophes est l’un des piliers du programme de développement du Mozambique. 

M. VLADIMIR ARTAMONOV, Vice-Ministre des situations d’urgence de la Fédération de Russie, a mis l’accent sur l’assistance humanitaire qui a été apportée à 24 pays, y compris la Syrie.  Il a souligné l’importance accordée par son pays à la coopération internationale en ce qui concerne la création d’un centre de gestion des crises.

Table ronde 7 sur le thème: « Femmes et filles : une incitation à l’action pour l’égalité des sexes »

Coprésidée par Mme Kolinda Grabar-Kitarović, Présidente de la Croatie; M. Michael D. Higgins, Président de l’Irlande; Mme Fimae Naomi Mata’afa, Vice-Premier Ministre de Samoa; et Mme Margot Wallström, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Suède, cette table ronde a été l’occasion pour les États Membres de formuler des engagements concrets sur l’autonomisation des femmes, comme les y a invités M. Jan Eliasson, Vice-Secrétaire général de l’ONU.  M. Eliasson a d’ailleurs précisé que l’ONU allait intensifier son action dans ce domaine, en vue notamment d’atteindre l’objectif de 50% de femmes au sein de son personnel d’ici à 2030.

Faisant part de sa longue expérience aux côtés des femmes afghanes, Mme Kolinda Grabar-Kitarović a dit éprouver de la « honte » en voyant  des femmes en burqa bleue, seules au bord de la route, ou être maltraitées en Afghanistan.  Qu’avons-nous fait depuis la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité? a-t-elle demandé.  La Présidente croate a plaidé pour un changement de mentalités afin de favoriser la participation des femmes à tous les échelons de la vie publique et de faire d’elles de véritables agents du changement.  Elle a également souligné le rôle fondamental des femmes dans la prévention des conflits.  « Il faut au-delà des mesures habituelles et des sempiternels rapports prendre des mesures concrètes, pour que les filles aillent aussi loin que possible. »

M. HIGGINS a également souligné la nécessité de passer de la parole aux actes.  L’égalité entre hommes et femmes est un droit, a tenu à rappeler le Président de l’Irlande, en ajoutant qu’elle devait être « au cœur de  notre action humanitaire, même si les ressources sont dérisoires ».  Nous n’allons pas assez loin, alors que la situation ne fait qu’empirer, a-t-il regretté, mentionnant en particulier le sort des femmes palestiniennes inchangé depuis plusieurs générations.  À ce jour, a-t-il fait remarquer, moins d’un pour cent des ressources de l’aide humanitaire était consacré à la lutte contre les violences sexuelles.  « Sommes-nous hypocrites? » a-t-il demandé.

Mme MATA’AFA a rappelé, pour sa part, que les catastrophes naturelles touchaient plus durement les femmes que les hommes.  Les femmes ne sont pas un problème mais font partie intégrante, a-t-elle précisé, de toute solution aux défis humanitaires.  Elle a indiqué que le nombre de candidates à Samoa avait augmenté de 200% depuis les dernières élections générales, et 10% des députés à Samoa sont des femmes.  Les femmes du Pacifique ont beaucoup à apporter au monde, a dit la Vice-Premier Ministre de Samoa.

Mme WALLSTRÖM a formulé un certain nombre de propositions concrètes: nommer davantage de femmes ambassadrices, protéger les défenseurs des droits des femmes, élaborer des plans d’action nationaux dans le cadre de la résolution 1325 (2000), collecter davantage de données sur les violences sexuelles et assurer la pleine participation des femmes aux processus de consolidation de la paix.  La Suède ne fait pas de dons à des organisations humanitaires n’ayant pas de stratégie favorisant l’égalité hommes-femmes, a dit la Vice-Premier Ministre.

Lors de la discussion qui a suivi, les participants ont détaillé les engagements concrets pris pour faire avancer l’objectif impérieux de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, qu’ils prévoient une lutte renforcée contre les violences sexuelles, une participation accrue des femmes à la vie publique ou un accès facilité aux services de santé procréative.

Lançant la discussion, M. HERY MARTIAL RAJAONARIMAMPIANINA RAKOTOARIMANANA, Président de Madagascar, a promis d’adapter les « cardes nationaux » à la problématique sexospécifique et de favoriser la participation des femmes dans les processus de prise de décisions. Ces priorités sont également celles de Mme JULIA DUNCAN-CASSELL, Ministre du genre, des enfants et de la protection du Libéria, alors que Mme BINETA DIOP, Envoyée spéciale pour les femmes, la paix et la sécurité de l’Union africaine, a détaillé l’action de son organisation, menée en lien avec ONU-Femmes.

Tandis que Mme CORAZON SOILIMAN, Secrétaire du Département de la protection sociale des Philippines, s’est engagée à accroître le rôle des femmes philippines dans les processus de paix, son homologue de la Turquie, Mme SEMA RAMAZANOĞLU, a, pour sa part, rappelé les services fournis aux réfugiées syriennes, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins et à l’éducation.

Plusieurs pays, dont la Finlande, le Danemark et le Guatemala, ont souligné l’importance de l’accès à des services de santé procréative, M. KRISTIAN JENSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark, rappelant qu’il y a 20 millions d’avortements à risque dans le monde chaque année.  Le représentant de l’Espagne s’est, quant à lui, associé à l’initiative « Chaque femme, chaque enfant ».

D’autres pays, dont les Émirats arabes unis et le Canada, ont tenu à placer les femmes au cœur de leur action humanitaire.  Ils ont promis d’augmenter leur contribution, même si une femme syrienne, s’exprimant au nom de Care international, a mis en garde contre la fréquente inadéquation entre les priorités des bailleurs de fonds et celles des femmes syriennes sur le terrain.

Mme MARIE-CLAIRE BIBEAU, Ministre du développement international et de la Francophonie du Canada, a également annoncé que son gouvernement versait au CICR la somme de 3 millions de dollars au titre de la lutte contre les violences sexuelles pour 2016.  Cette lutte a été au cœur de nombreuses autres interventions, comme celle de M. NABY YOUSSOUF BANGOURA, Ministre d’État de Guinée, qui a indiqué que les objectifs poursuivis par son pays visaient à traduire en justice les auteurs de violence sexuelle et à favoriser la réhabilitation des victimes. 

Mme Bibeau a aussi souligné la nécessité de mieux sensibiliser les soldats servant sous pavillon onusien à cette question, tandis que M. Eliasson a affirmé que l’ONU était en train de prendre des « mesures radicales » pour remédier aux atteintes sexuelles commises par des Casques bleus.  Une femme sur trois dans le monde a fait l’objet de violences sexuelles, tant en public qu’en privé, a affirmé Mme LILIANE PLOUMEN, Ministre du commerce extérieur, du développement et de la coopération des Pays-Bas.  La lutte contre ce fléau « présent partout », a-t-elle assuré, est une priorité du Gouvernement néerlandais.

Mais c’est probablement M. VOREQE BAINIMARAM, Premier Ministre des Fidji, qui a eu les mots les plus forts de cette table ronde, en parlant du « problème mondial qu’ont les hommes avec les femmes ».  « Il n’y a aucune justification  aux sévices que les hommes peuvent infliger aux femmes », a-t-il lancé, en balayant l’argument « inacceptable » souvent avancé, selon lequel les femmes provoqueraient les hommes.  « Les femmes sont nos compagnes, nos mères, nos sœurs, nos filles, elles sont le socle de toute société », a-t-il déclaré sous des applaudissements nourris.

Session spéciale sur le thème: « Principes humanitaires »

Dans cette discussion interactive, animée par la responsable de la politique humanitaire de la Croix-Rouge britannique, Mme Sorcha O’callaghan, les différents orateurs se sont attachés à identifier une série d'engagements concrets sur la façon d'améliorer le respect et d’appliquer de la façon la plus cohérente les principes humanitaires.

Les intervenants se sont, en particulier, appuyés sur les présentations faites par le Chef de l’aide humanitaire au sein de l’Agence suisse pour le développement, M. Manuel Bessler, du Secrétaire général adjoint de l’Organisation de la coopération islamique, M. Hesham Youssef, de la Présidente de la Société de la Croix-Rouge afghane, Mme Fatima Gailani, le Commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), du Secrétaire général du Conseil norvégien des réfugiés, et de la Directrice exécutive du Forum humanitaire du Yémen, Mme Noha Yehya.

La Commissaire aux droits de l’homme et des affaires humanitaires de l’Allemagne, Mme BÄRBEL KOFLER, a affirmé que les principes humanitaires constituaient la condition sine qua non pour les acteurs humanitaires en pour atteindre les personnes dans le besoin en cas de conflit et de crises, et accéder aux personnes marginalisées après des catastrophes naturelles.  L’Allemagne, a-t-elle dit, s’engage à financer des organisations humanitaires dès lors qu’elles respectent les principes humanitaires dans leurs politiques internes et leurs formations et qu’elles les mettent en pratique de façon transparente.

La Secrétaire parlementaire du développement international du Canada, Mme KARINA GOULD, a souligné que son pays s’employait à renforcer le respect des principes humanitaires.  Elle a condamné les violences contre le personnel médical et les installations médicales, ces actes ayant des implications graves pour les personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire.

Mme PAULINE CHETCUTI, d’Action contre la faim (ACF), a indiqué que cette organisation non gouvernementale s’était engagée pour sa part à renforcer le respect et la compréhension des principes humanitaires par la canalisation des bailleurs de fonds et en adaptant ses plans organisationnels stratégiques à la formation à ces principes et aux cadres juridiques de l’ensemble de son personnel, tout en sensibilisant les communautés locales et les acteurs pertinents présents sur le terrain.

Session spéciale sur le thème: « Protéger les journalistes et promouvoir une couverture indépendante dans des situations de crise »

Cette session spéciale, animée par la correspondante de BBC News Karen Allen, a réuni des professionnels des médias ayant, en particulier, l'expérience des reportages dans les zones de conflit et de catastrophes naturelles.  Ces journalistes et autres professionnels des médias ont notamment invité à s’interroger sur la réponse mondiale à apporter en vue de garantir la sécurité des journalistes et défendre leur indépendance.

Les participants à cette discussion interactive se sont appuyés sur les présentations de la Présidente du groupe de médias turc « Hürriyet », Mme Vuslat Doğan Sabancı; de la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova; du Président de Reporters sans frontières, M. Christophe Deloire; de la journaliste syrienne indépendante Zaina Erhaim; de la rédactrice en chef du quotidien allemand « Bild », Mme Tanit Ko; de la journaliste indépendante française enquêtant en République démocratique du Congo (RDC) Habibou Bangré; du cofondateur de RYOY Bryn Mooser; et de la Présidente du Media Advocacy Group, du Népal, Mme Babita Basnet.

Mme BOKOVA, rappelant que 825 journalistes avaient été tués au cours de la dernière décennie, a précisé que l’organisation était à la tête du Plan d’action des Nations sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité en vue de créer un environnement sûr pour les journalistes, dans les situations de conflit ou non, en collaboration avec les agences des Nations Unies, les gouvernements, les associations professionnelles et les organisations non gouvernementales.

Appelant à s’engager en faveur de ce Plan d’action, la Directrice générale de l’UNESCO a rappelé que huit résolutions avaient été adoptées au cours de ces dernières années par l’Assemblée générale des Nations Unies, le Conseil de sécurité, le Conseil des droits de l’homme et l’UNESCO elle-même.  Elle a lancé un appel en faveur du renforcement de la sécurité de chaque journaliste et de la nécessité de mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre eux.

M. DELOIRE a estimé qu’il était nécessaire d’empêcher l’humanité d’entrer dans une nouvelle ère de propagande et une guerre contre l’information.  Les gouvernements doivent faire de la liberté de la presse une priorité, non seulement sur leurs territoires, mais également, dans le cadre de leurs politiques diplomatiques.  Il a, en particulier, souligné que la Turquie, si elle faisait beaucoup pour les réfugiés, plaçait en revanche des journalistes en prison et exerçait un contrôle strict des médias. 

Le Secrétaire général de Reporters sans frontières a plaidé pour la création d’un mécanisme concret pour obliger les États Membres à respecter la liberté de l’information, devant consister en particulier en un nouveau poste de représentant spécial du Secrétaire général.

Mme ERHAIM a, pour sa part, témoigné des difficultés qu’elle rencontre au quotidien dans l’exercice de ses activités et de la discrimination dont elle est régulièrement l’objet en tant que journaliste syrienne. 

Session spéciale sur le thème: « Transformation de l’action humanitaire pour les jeunes et avec les jeunes »

Cette session spéciale a été l’occasion, grâce aux témoignages éloquents de trois jeunes, de réfléchir aux moyens d’une participation accrue des jeunes à l’action humanitaire mais aussi de faire d’eux des agents du changement.  Les personnes de moins de 30 ans représentent 75% de l’humanité.

Le Directeur exécutif du FNUAP, M. BABATUNDE OSOTOMEHIN, a regretté que l’énergie des jeunes soit insuffisamment exploitée.  « On a l’impression qu’ils sont un problème alors qu’ils sont une partie de la solution. »  Une personne sur 112 est déplacée, réfugiée, demanderesse d’asile, a-t-il indiqué.  Selon des estimations, 25% de la population mondiale est âgée entre 10 et 24 ans.  M. Osotomehin a insisté sur les risques accrus auxquels sont exposées les jeunes filles, comme les violences sexuelles ou les grossesses précoces.  « Engageons les jeunes dans la préparation des actions humanitaires d’urgence!  Accordons la priorité à leur passion et à leur leadership! »

Mme CHLOE REYNALDO, jeune survivante du typhon Haiyan aux Philippines, a rappelé que les filles souffraient davantage des conséquences des catastrophes naturelles.  Elle a vigoureusement appuyé le Pacte pour la jeunesse, adopté à la suite d’une rencontre de jeunes à Doha, et qui vise à renforcer le rôle des jeunes dans la réponse humanitaire.  Plusieurs organisations, comme l’UNICEF, l’agence humanitaire du Royaume-Uni et l’organisation mondiale des mouvements scouts ont rejoint ce Pacte, dont la signature a lieu aujourd’hui dans ce bâtiment.

Victoria, 21 ans, a, quant à elle, partagé son expérience de défenseure des droits de l’homme à El Salvador, pays dans lequel la violence atteint des proportions alarmantes.  Les gangs nous considèrent simplement comme des jouets sexuels, a-t-elle expliqué, avant de dénoncer la culture misogyne du pays.  « Nous avons besoin de changement!  Nous ne sommes pas entendues!  Nous sommes comme des diamants qui attendent de briller!  Nous devons être associées aux décisions des gouvernements parce qu’elles nous concernent! » a-t-elle insisté.  EHAB BADWI, jeune syrien, a raconté sa participation aux opérations du Croissant-Rouge en Syrie, où il a vécu trois ans avant de se rendre en Côte d’Ivoire puis en Allemagne où il aide désormais les familles de réfugiés.  « J’aimerais, a-t-il dit, atténuer les souffrances de mon pays. »

Le Ministre des affaires étrangères du Qatar, M. MOHAMMED BEN ABDULRAHMAN BEN JASSIM AL-THANI, a affirmé que le Programme d’action pour l’humanité devrait répondre aux aspirations des jeunes tout en mobilisant leurs énergies.  Il a noté l’importance de la Déclaration des jeunes de Doha et appuyé le Pacte pour la jeunesse.  Mme JUSTINE GREENING, Secrétaire d’État du Royaume-Uni, a, pour sa part, souligné l’aide apportée par les jeunes dans les pays frappés par l’épidémie d’Ebola, avant d’ajouter que « le pouvoir devrait être donné aux jeunes ».  Mon pays est honoré de rejoindre ce Pacte, a-t-elle déclaré, à l’instar de son homologue de l’Allemagne, Mme BARBEL KOFLER.

M. PER HEGGENES, Directeur de la Fondation Ikea, a détaillé les efforts de sa Fondation pour améliorer les perspectives offertes aux enfants et adolescents, par le biais notamment du déboursement d’une somme de 135 millions de dollars jusqu’à présent.  Mme CHIARA MOI en a fait de même pour le Comité durabilité du groupe Benetton, dont elle s’occupe.  De son côté, M. VOLKER TUERK, du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a indiqué que si la ventilation par sexe des travailleurs humanitaires avait progressé, cela n’en était pas de même pour la ventilation par âge.  Si l’Organisation mondiale des mouvements scouts n’a pas pour rôle d’organiser des secours, elle assiste cependant à long terme, notamment en Turquie et dans les camps de réfugiés du Liban, a assuré son représentant, M. SCOTT TREARE.  « Ne sous-estimez pas la détermination des jeunes scouts par temps de crise, donnez-leur des directives et laissez la magie opérer », a-t-il lancé aux participants de cette session spéciale.  Enfin, le maire d’Istanbul, M. KADIR TOPBAS, a rappelé qu’un parlement des jeunes avait été créé à Istanbul, avant que cette initiative ne soit étendue à toute la Turquie.  Il a formé le vœu qu’une union interparlementaire des jeunes soit, un jour, créée au niveau international.

Déclarations de clôture

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que ce sommet unique nous a mis sur une nouvelle voie.  Il n’est pas un point final, mais un tournant. 

Le Secrétaire général a remercié tous ceux qui sont venus à Istanbul avec une vision, des idées et un engagement, en soulignant que les gouvernements, les communautés affectées par les crises, les organisations non gouvernementales, le secteur privé, les organismes des Nations Unies et d'autres partenaires s’étaient rassemblés pour exprimer leur soutien au Programme d’action pour l’humanité et à ses cinq responsabilités fondamentales.

La mise en œuvre de ce Programme d’action est une nécessité si nous voulons permettre aux gens de vivre dans la dignité et la prospérité, tout en remplissant la promesse des accords historiques conclus l'an dernier sur le programme de développement durable et les changements climatiques, a expliqué M. Ban.

Pour le Secrétaire général, les partenaires humanitaires et de développement ont convenu d'une nouvelle façon de travailler en vue de réduire la nécessité d'une action humanitaire en investissant dans des communautés résilientes et des sociétés stables.

Les organismes d'aide et les gouvernements donateurs se sont engagés dans une « grande négociation » qui permettra aux populations dans le besoin d’obtenir plus de ressources aux niveaux local et national.  De même, a ajouté M. Ban, les gouvernements sont engagés à faire davantage pour prévenir les conflits et consolider la paix, à faire respecter le droit international humanitaire et à être à la hauteur de la promesse de la Charte des Nations Unies.

Le Secrétaire général a déclaré espérer que tous les États Membres travailleront au plus haut niveau pour trouver les solutions politiques qui sont essentielles en vue de réduire les besoins humanitaires dans le monde.

Le Chef de l’ONU a indiqué qu’en septembre prochain, il rendrait compte à l’Assemblée générale des Nations Unies des résultats du Sommet humanitaire mondial.  Il fera, a-t-il dit, des propositions sur la façon de faire progresser les engagements pris grâce à des processus intergouvernementaux, des forums interinstitutions et d'autres mécanismes.

M. Ban a lancé un appel à tous, y compris aux dirigeants du monde qui ont manqué cette occasion, à se joindre à cet élan, afin d’honorer et de défendre le Programme d’action pour l’humanité.  Il a également rendu hommage au courage et à la résilience des « véritables héros humanitaires » que sont, à ses yeux, tous ceux qui, tout en étant profondément affectés par des guerres ou des catastrophes naturelles, aident leurs communautés dans des circonstances difficiles.

Ensemble, nous allons accorder la priorité aux personnes, assurer leur sécurité, respecter leur dignité et leur donner une chance pour un avenir meilleur, a conclu le Secrétaire général de l’ONU.

Après avoir dévoilé le Mur de l’humanité, M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Turquie, a insisté sur les décisions importantes prises ces derniers jours.  La dignité des personnes, a-t-il souligné, doit être au centre de toute réponse humanitaire.  Il a mis l’accent sur l’ambition du Programme d’action pour l’humanité, lequel, a-t-il précisé, doit contribuer à réaliser un monde plus équitable.  « Personne ne peut accepter les inégalités que nous constatons aujourd’hui ».  Il a espéré que ce Sommet marquera un tournant, à partir duquel il sera possible de porter secours, de manière différente, à tous ceux qui en ont besoin.

« Nous devons montrer à ceux qui attendent des résultats de ce Sommet humanitaire mondial que nous ne les oublions pas », a-t-il affirmé.  « Pour apaiser les consciences qui saignent », le Président de la Turquie a souligné l’urgence d’agir maintenant.  Toute journée perdue est synonyme de souffrances supplémentaires, a-t-il déclaré.  En conclusion, M. Erdoğan a promis de faire un suivi des engagements pris pendant ces deux jours afin qu’ils se traduisent en actes, tout en assurant de la poursuite des efforts humanitaires de la Turquie.

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