Soixantième session,
14e & 15e séances – matin & après-midi
FEM/2077

La Commission de la condition de la femme s’accorde sur une approche sensible au genre dans l’application du Programme de développement durable

La Commission de la condition de la femme a achevé jeudi 24 mars les travaux de sa soixantième session, présidée par M. Antonio de Aguiar Patriota (Brésil), en adoptant dans la soirée ses conclusions concertées sur le thème prioritaire de la session, à savoir l’autonomisation des femmes et son lien avec le développement durable.

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, s’est félicitée, sans ses remarques de clôture, du fait que la Commission de la condition de la femme ait « convenu d’une approche sensible au genre dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  « L’autonomisation des femmes et des filles du monde est devenue plus forte et plus solide en raison de ce que vous avez promis de faire ce soir », a-t-elle déclaré à l’adresse des États.

Mme Mlambo-Ngcuka a assuré qu’ONU-Femmes veillerait à ce que la « vision audacieuse et ambitieuse des objectifs de développement durable » soit « capitalisée à travers la mise en œuvre de l’ensemble de l’ordre du jour contenu dans cet accord ».  « Cet ordre du jour, a-t-elle ajouté, est indivisible et est universel.  « Nous espérons qu’à l’issue de l’application de cet ordre du jour certains pays dans cette salle auront atteint l’égalité des sexes d’ici à 2030. »

Au cours de cette réunion de haut niveau, qui s’est ouverte au Siège de l’ONU, à New York, le 14 mars dernier, des ministres, des dirigeants et des représentants de la société civile et du secteur privé du monde entier se sont réunis pour discuter des moyens d’accorder aux femmes et aux filles une place prépondérante dans leurs plans visant à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Une série de tables rondes thématiques et de manifestations ont été organisées en parallèle.

En plus de l’objectif spécifique relatif à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, les 11 autres objectifs de développement durable du Programme à l’horizon 2030 comprennent des cibles sensibles à la problématique hommes-femmes.

La Commission a adopté quatre projets de résolution, dont un à l’issue d’un vote, qui seront recommandés au Conseil économique et social (ECOSOC) pour adoption définitive.

Le projet de résolution intitulé « Les femmes et les filles face au VIH et au sida » a finalement été adopté par consensus à l’issue de longues consultations officieuses, mais il a suscité des réserves.

La Commission note avec préoccupation que l’épidémie mondiale de VIH frappe de façon disproportionnée les femmes et les filles et que « toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, la discrimination et les pratiques préjudiciables sont les principaux facteurs de propagation du VIH chez les femmes et les filles ». 

Plusieurs paragraphes du texte ont été modifiés, notamment ceux ayant trait à l’accès des adolescents et des jeunes des deux sexes à des informations sur la santé sexuelle et procréative et sur la prévention du VIH, d’une part, et à l’accès aux médicaments, d’autre part.  Le représentant du Botswana, au nom des 14 États membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), a brièvement introduit la version révisée du texte.  

Au nom de l’Union européenne, la représentante de la Finlande a félicité la SADC de son initiative, qui reconnaît « le déséquilibre entre les sexes dans cette épidémie ».  Si le texte représente selon elle une bonne base de consensus, il y a des priorités pour lesquelles elle aurait aimé davantage de libellés.  Ainsi faut-il conserver la jouissance de tous les droits pour les femmes et les filles en matière de santé sexuelle et procréative.

L’Union européenne souligne « la dimension capitale de l’éducation pour aider les adolescents et les jeunes à comprendre leurs corps », afin qu’ils puissent faire des choix en connaissance de cause et jouer un rôle fondamental dans la prévention du VIH.  

« Les femmes doivent pouvoir maîtriser leurs droits en matière de sexualité », a renchéri la représentante du Liechtenstein, au nom de quelques pays.  

« Nous aurions pu aller plus loin en prévoyant une éducation sexuelle », a ajouté la représentante des États-Unis.  Par ailleurs, elle a considéré que le texte « n’implique pas que les États doivent devenir membres d’instruments auxquels ils ne sont pas parties ».  Elle a également refusé d’appuyer la création de droits ou de principes auxquels son pays n’a pas souscrit.   

Par contre, le représentant du Soudan, au nom de plusieurs pays, et appuyé par la Mauritanie, a estimé que certains de leurs points de vue n’avaient pas été pris en compte.  Exprimant des réserves sur certains paragraphes, il a considéré qu’il n’aurait pas fallu mettre l’accent sur « les normes sociales relatives à la sexualité qui ne font pas l’objet d’un consensus à l’échelle mondiale ».  

Son homologue de la République islamique d’Iran a noté que certains éléments du projet de résolution n’étaient pas conformes aux libellés retenus par le passé et qu’ils pouvaient être interprétés comme allant à l’encontre des priorités nationales.

Enfin, pour le représentant du Saint-Siège, l’introduction de nouvelles notions, relatives à l’avortement ou à d’autres « méthodes moralement inacceptables », sape l’essence même de la résolution.  En ce qui concerne l’éducation sexuelle, il a rappelé la responsabilité première des parents en la matière et le rôle central de la famille.

Par ailleurs, la Commission a adopté par 20 voix pour, 11 abstentions et l’opposition des États-Unis et d’Israël, son projet de résolution annuel sur la situation des femmes palestiniennes par lequel elle recommande à l’ECOSOC de réaffirmer que l’occupation israélienne demeure « le principal obstacle à l’amélioration de la condition des Palestiniennes, à leur promotion, à leur autonomisation et à leur participation au développement de leur société ».  L’ECOSOC demanderait à la communauté internationale de continuer à fournir l’assistance et les services dont les Palestiniennes ont un besoin urgent. 

La représentante de la Palestine, appuyée par l’Indonésie et le Kazakhstan, a déploré la détérioration de la qualité de vie des femmes palestiniennes et de leurs enfants dans les territoires palestiniens occupés.  

En revanche, le représentant d’Israël a dénoncé le parti pris contre son pays.  D’après lui, le texte adopté constitue « un appel non pas à l’action mais à la diffamation », qui ne fait pas référence à la campagne d’incitation à la violence ciblant tous les segments de la société palestinienne, dont les femmes et les filles.  « Rien n’est dit sur les pays où les femmes sont des citoyens de seconde zone », a-t-il fait remarquer.

Dans le même esprit, la représentante des États-Unis a regretté cette « condamnation politique et unilatérale » qui détourne la Commission des véritables défis auxquels elle est confrontée et n’aide aucune des parties concernées.  Son pays, a-t-elle fait remarquer, finance directement sept programmes en faveur des femmes palestiniennes et reste le plus grand donateur bilatéral de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) avec plus de 319 millions de dollars déboursés en 2015.

Bien que préoccupée par l’incidence du conflit israélo-palestinien sur toutes les femmes et leurs familles dans la région, la représentante de la Finlande, au nom des pays de l’Union européenne, a souligné qu’elle n’était pas impliquée dans la préparation du texte.  Rejointe par la Suisse, elle a estimé que les questions abordées devaient être traitées en priorité par l’Assemblée générale.  Le Japon a également considéré que le projet n’était « pas équilibré ».

La Commission a terminé l’examen du point sur les communications relatives à la condition de la femme.  Elle a également pris note du document dans lequel figurent les résolutions et décisions adoptées par l’ECOSOC à sa session de juillet 2015 et d’une note du Secrétariat concernant sa contribution aux travaux de l’ECOSOC, ainsi que d’une quinzaine d’autres documents dont elle était saisie.   

La Commission a adopté son rapport sur les travaux de la session qui vient de s’achever, puis un texte relatif à l’organisation future de ses travaux.

Elle a ensuite entériné l’ordre du jour provisoire de sa soixante et unième session et élu son Bureau pour 2017.  M. de Aguiar Patriota a été reconduit dans ses fonctions de Président de la Commission.

Comme thème prioritaire pour sa prochaine session, elle a choisi « l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution ».

Projets de résolution

Par le projet de résolution relatif au programme de travail pluriannuel de la Commission de la condition de la femme (E/CN.6/2016/L.6), adopté sans vote, le Conseil économique et social (ECOSOC) déciderait des thèmes à examiner pour la période 2017-2019.

En outre, le Conseil économique et social demanderait à la Commission, dans la perspective d’obtenir des résultats concrets pour chaque cycle d’évaluation, d’envisager de faire à sa soixante-deuxième session une recommandation sur la meilleure façon de mettre à profit l’année 2020, qui marquera le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, pour accélérer les progrès sur la voie de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles.

Par le projet de résolution sur la situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter (E/CN/6/2016/L.3), adopté par 20 voix pour, 2 voix contre (États-Unis, Israël) et 11 abstentions, le Conseil économique et social (ECOSOC) demanderait à la communauté internationale de continuer à fournir l’assistance et les services dont les Palestiniennes ont un besoin urgent, en particulier l’aide d’urgence, en gardant notamment à l’esprit le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les priorités définies au niveau national, pour tenter de rendre moins pénible la situation humanitaire catastrophique dans laquelle se trouvent les Palestiniennes et leur famille, en particulier pour répondre à la crise humanitaire et aux besoins immenses en matière de reconstruction et de relèvement dans la bande de Gaza.

Le Conseil économique et social exigerait qu’Israël, Puissance occupante, respecte pleinement les dispositions et les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, du règlement annexé à la quatrième Convention de La Haye du 18 octobre 1907, de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, ainsi que tous les autres principes, règles et instruments du droit international, dont les Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, afin de protéger les droits des Palestiniennes et de leur famille.

Par le projet de résolution intitulé « Libération des femmes et des enfants pris en otage lors de conflits armés, y compris de ceux qui sont emprisonnés ultérieurement » (E/CN.6/2016/L.4), adopté sans vote, tel qu’oralement révisé, le Conseil économique et social (ECOSOC) condamnerait tous les actes de violence dirigés contre la population civile en tant que telle, qui constituent des violations du droit international humanitaire applicable aux situations de conflit armé, et demanderait que des mesures concrètes soient prises pour y remédier, et en particulier pour obtenir la libération immédiate des femmes et des enfants pris en otage en période de conflit armé, y compris ceux qui sont emprisonnés ultérieurement.

Le Conseil économique et social condamnerait également les actes commis dans le cadre des prises d’otages, en particulier la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, l’assassinat, le viol, l’esclavage et la traite des femmes et des enfants.

Il exhorterait toutes les parties à un conflit armé à faire en sorte qu’une assistance humanitaire puisse être acheminée sans entrave et en toute sécurité aux femmes et enfants pris en otage, conformément au droit international humanitaire.

Par le projet de résolution concernant les femmes et les filles face au VIH et au sida (E/CN.6/2016/L.5), adopté sans vote, tel qu’oralement révisé, le Conseil économique et social (ECOSOC) demanderait aux gouvernements, aux partenaires internationaux et à la société civile d’accorder toute l’attention voulue au nombre élevé de nouvelles infections à VIH chez les jeunes femmes et les adolescentes et aux causes profondes de ce phénomène, en gardant à l’esprit que les femmes et les filles sont physiologiquement plus vulnérables au VIH que les hommes et les garçons, notamment lorsqu’elles sont plus jeunes, et que cette vulnérabilité est aggravée par la discrimination et toutes les formes de violence à l’égard des femmes, des filles et des adolescentes, y compris l’exploitation sexuelle et d’autres pratiques néfastes.

Il s’engagerait également à éliminer, avant 2030, les obstacles qui empêchent les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de disposer des produits, des moyens diagnostiques, des médicaments et d’autres produits pharmaceutiques nécessaires à la prévention et au traitement efficaces et bon marché du VIH, ainsi qu’au traitement d’infections opportunistes et d’infections parallèles, et à réduire les coûts associés à la prise en charge de soins continus.

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