7641e séance – matin   
CS/12271

La situation humanitaire au Yémen ne cesse de s’aggraver, affirme le Secrétaire général adjoint Stephen O’Brien

L’intensité du conflit au Yémen ne s’est pas démentie au cours des deux dernières semaines, a constaté, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, soulignant que la question la plus urgente était la protection des civils, qui sont des millions à essuyer quotidiennement des bombardements et des tirs de mortier.

« Cela est apparu comme une évidence le samedi 27 février, lorsqu’une trentaine de personnes ont été tuées et une quarantaine d’autres blessées, manifestement lors d’une frappe aérienne contre un marché très fréquenté du district de Nahem, dans le gouvernorat de Sanaa », a relevé M. O’Brien, qui a déploré six enfants parmi les victimes.

Il s’agit, a-t-il dit, de l’une des quatre frappes aériennes ayant pris pour cible le district de Naham au cours du mois de février.  « Depuis le début du conflit, plus de 2 000 enfants auraient trouvé la mort ou été blessés, dont au moins 90 rien que depuis le début de l’année », a ajouté le Secrétaire général adjoint, qui s’exprimait depuis Genève par visioconférence.

Les lieux sanctuarisés, tels que les hôpitaux, les écoles et les foyers continuent d’être attaqués par l’ensemble des parties, a déploré M. O’Brien, qui les a appelées à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  « Il est inacceptable que des établissements scolaires ou de santé soient visés et essentiel que les parties donnent des garanties que de tels lieux seront protégés à l’avenir. »

Par ailleurs, depuis octobre 2015, les attaques commises à Aden par les parties, notamment Al-Qaida dans la péninsule arabique, la branche locale de Daech et divers militants, contre les forces de sécurité et les représentants du Gouvernement yéménite empêchent les Nations Unies d’y redéployer ses personnels et d’apporter une aide humanitaire aux nécessiteux, a regretté le Secrétaire général adjoint.

La multiplication des points de passage et des postes de contrôle à travers le pays entrave d’autant plus l’action humanitaire et la bloque dans certains cas, a-t-il poursuivi, faisant état de la mauvaise diffusion des décisions prises au niveau national jusqu’aux gouvernorats où l’assistance est la plus urgente.  Les exigences imposées par les Houthistes constituent également un obstacle à la livraison rapide de l’aide humanitaire, a-t-il fait observer.

« Permettez-moi de rappeler à toutes les parties que l’accès en temps opportun et sans entrave pour les organisations humanitaires est non seulement la condition préalable fondamentale à toute réponse humanitaire significative, mais aussi une obligation en vertu du droit international humanitaire », a insisté le Secrétaire général adjoint, en demandant au Conseil d’exiger des parties qu’elles s’y conforment.

En dépit de ces défis, les agences et partenaires des Nations Unies poursuivent leurs activités, souvent à leurs risques et périls, dans tous les secteurs, a-t-il affirmé.  « En février, par exemple, plus de trois millions de personnes ont reçu une aide alimentaire de la part du Programme alimentaire mondial (PAM), environ 400 000 de plus qu’en janvier.  Et la communauté humanitaire reste engagée en faveur d’une expansion de ses opérations pour venir en aide à 13,4 millions de personnes cette année au Yémen. »  Pour y parvenir, a-t-il rappelé, le Plan de réponse humanitaire pour le Yémen pour 2016 s’élève à 1,8 milliard de dollars.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite annoncé que toutes les organisations pertinentes avaient été informées de l’entrée en vigueur, le 12 février dernier, du mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, institué par le Secrétaire général à la demande du Yémen.

Basé à Djibouti, ce mécanisme est destiné à accélérer les importations commerciales au Yémen de produits de première nécessité comme les vivres, le carburant et les médicaments.  Le représentant du Yémen, M. Khaled Alyemany, a toutefois regretté que le mécanisme soit basé à Djibouti, et non à Aden.

Au cours des derniers mois, une hausse significative de ces importations a été constatée, s’est félicité M. O’Brien, qui a jugé crucial pour les États Membres directement concernés de redoubler d’efforts pour maintenir cet élan.  « Il est impératif que le commerce avec le Yémen se poursuive », a-t-il insisté.

« Je suis également heureux de pouvoir annoncer que le Mainport Cedar, le cargo du PAM détourné par la Coalition vers le port saoudien de Jizan a été restitué le 25 février dernier », a déclaré le Secrétaire général adjoint, notant que les fournitures médicales et les vivres qu’il transportait avaient pu être livrés comme prévus à Hudaydah.

« Une fois encore, je souligne l’urgente nécessité pour le Conseil de sécurité et la communauté internationale plus largement de faire pression sur les parties au conflit, pour qu’elles respectent leurs obligations et prennent des mesures de protection des civils et facilitent l’accès inconditionnel et sans entraves à tous les ports yéménites », a ajouté le Secrétaire général adjoint, appelant en particulier le Conseil à ramener les parties à la table de négociation pour qu’elles concluent un accord de cessation des hostilités.

Le représentant du Yémen a réitéré la volonté de son gouvernement de mener des pourparlers de paix avec les « putschistes houthistes » et les autres parties, accusant cependant les « rebelles » d’avoir sapé ses efforts en refusant d’assister à la rencontre convenue en janvier dernier.

M. Alyemany a également blâmé les Houthistes pour le blocage de l’aide humanitaire, affirmant que les milices disséminent des mines antipersonnel autour des grandes villes et le long des grands axes routiers.  Selon lui, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le PAM n’ont pu apporter qu’une aide limitée dans certains quartiers de la localité de Taïz.

Alors que les conditions de vie de la population étaient déjà difficiles avant la tentative de renversement du Gouvernement qui a plongé le pays dans la violence, M. Alyemany a affirmé qu’elles sont désormais « déplorables », notamment dans les zones contrôlées par les rebelles qu’il a accusés de prendre les civils pour cible. 

« Le spectre de la famine plane sur le pays et les populations se réfugient dans les zones rurales pour y chercher à manger », a-t-il assuré.  Le représentant yéménite a invité le Conseil de sécurité à se rapprocher de son gouvernement, notamment à travers sa Mission permanente auprès des Nations Unies, pour des échanges sur les modalités de l’assistance humanitaire à prêter dans le pays.

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