Soixante et onzième session,
4e séance – après-midi
CPSD/609

Le détournement de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf et la légitimité du Polisario pour représenter les Sahraouis au cœur des débats de la Quatrième Commission

Cet après-midi, la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de la décolonisation) a entamé l’audition des 98 pétitionnaires inscrits au titre de la question du Sahara occidental. 

Voilà plus de 40 ans que, faute d’une solution au conflit du Sahara occidental, l’Union européenne et les agences des Nations Unies assurent la survie des populations sahraouies des camps de Tindouf en Algérie.  Quand cette aide a démarré, il y avait 3,5 millions de réfugiés dans le monde.  Aujourd’hui il y en a plus de 50 millions: tel est le constat qui a amené certains pétitionnaires à dire que le temps du laxisme n’est plus de mise dans l’allocation et la gestion de l’aide humanitaire et à dénoncer la pratique confirmée par le rapport OLAF (Office antifraude de l’Union européenne) sur les détournements « frauduleux et systématiques » de l’aide humanitaire aux camps de Tindouf qui se seraient produits sur plusieurs décennies.

Par conséquent, le recensement des populations sahraouies des camps de Tindouf s’impose et il est inacceptable que les appels renouvelés chaque année du Conseil de sécurité et du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en ce sens soient restés lettre morte à ce jour, ont estimé certains intervenants.  D’autres pétitionnaires ont remis en question la capacité de la direction du Front Polisario à gérer un pays.  D’autres encore sont allés jusqu’à remettre en question la légitimité du Front pour représenter le peuple sahraoui, en particulier celui qui vit au Sahara, affirmant que le « mouvement séparatiste » était autoproclamé et qu’il refusait le droit aux Sahraouis des camps d’élire leur président au suffrage universel. 

Le fait que les camps de Tindouf, qui sont sous l’autorité du Front Polisario, soient devenus un véritable terrain de recrutement de jeunes par les réseaux de crimes organisés qui opèrent dans la région sahélo-saharienne a également été soulevé comme une menace majeure.

Suite à certaines remarques, le représentant de l’Algérie a fait une motion d’ordre pour souligner que toute accusation contre son pays était inacceptable d’un point de vue procédural, dans la mesure où l’Algérie n’est pas partie à ce conflit.  Son homologue marocain lui a rétorqué que « dire que l’Algérie n’est pas partie au conflit est une hérésie ».  Le représentant algérien a répliqué en soulignant qu’il présentait une motion d’ordre dans le cadre de la procédure et qu’il n’était pas question de discuter le fond de la question à l’ordre du jour.

Si certains pétitionnaires ont plaidé en faveur de la proposition marocaine d’autonomie avancée pour la région du Sahara occidental, d’autres en revanche ont dénoncé le Royaume du Maroc et l’insuffisance de ses mécanismes en matière de droits de l’homme dans ses provinces du sud, demandant la tenue du référendum d’autodétermination promis au peuple sahraoui il y a 24 ans.  À leur avis, rien ne peut se substituer à un processus d’autodétermination légitime.

La Quatrième Commission poursuivra les auditions de pétitionnaires sur la question du Sahara occidental demain, jeudi 6 octobre, à 15 heures.

COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION 

Déclarations de pétitionnaires sur le Sahara occidental

M. AHMED LAKHRIF, Député à la Chambre des conseillers du Maroc, a déclaré  s’exprimer au nom des Sahraouis en tant qu’élu.  Comment les dirigeants du Front Polisario peuvent-ils exercer ce droit? s’est-il demandé, en estimant qu’ils n’avaient aucune  légitimité pour représenter le peuple sahraoui.  Il a annoncé que, le 7 octobre prochain, des élections législatives auront lieu sur l’ensemble du territoire sahraoui, démontrant ainsi l’attachement du Maroc à la démocratie et à son intégrité territoriale.

Pour M. BRUNO DETHOMAS, le recensement est une condition majeure pour éviter le détournement de l’aide humanitaire aux populations des camps de Tindouf.  Voilà plus de 40 ans que, faute d’une solution au conflit du Sahara occidental, l’Union européenne et les agences des Nations Unies assurent la survie des populations sahraouies des camps de Tindouf en Algérie.  Quand cette aide a commencé, il y avait 3,5 millions de réfugiés dans le monde. Aujourd’hui il y en a plus de 50 millions.  Le temps du laxisme n’est plus de mise dans l’allocation et la gestion de l’aide humanitaire, tant vis-à-vis des contribuables européens sollicités de toute part que, surtout, des bénéficiaires qui sont les plus vulnérables à quelque irrégularité que ce soit.  Deux principes du droit humanitaire doivent, selon lui, être impérativement respectés: la séparation claire entre l’humanitaire et le politique, mais aussi le recensement et l’enregistrement des réfugiés qui s’imposent, sans condition, à tous les États Membres des Nations Unies.  Il a invoqué les termes du Haut-Commissaire pour les réfugiés pour lequel « l’enregistrement est un élément fondamental de la protection internationale et un droit inaliénable des personnes pouvant relever de la compétence du HCR.  Il s’agit d’une première étape vers la reconnaissance officielle du lien de protection entre les autorités du pays hôte et le HCR, contribuant à la réalisation des objectifs de protection, de regroupement familial, d’assistance et de recherche de solution durable. »

Pour M. Dethomas il n’est donc pas surprenant que le Conseil de sécurité demande chaque année que soit réalisé cet enregistrement dans les camps de Tindouf, même si cet appel est resté lettre morte.

Après la publication, en 2015, du rapport OLAF (Office antifraude de l’Union européenne) sur les détournements « frauduleux et systématiques » sur plusieurs décennies de l’aide humanitaire aux camps de Tindouf et le débat qui s’en est suivi au Parlement européen, cela devrait être une obligation absolue, a-t-il exigé.  Il a affirmé que l’Union européenne et les Nations Unies ont fourni pendant 30 ans des aides alimentaires à 155 000 personnes, chiffre fourni par les autorités algériennes selon le HCR, alors il n’y en avait que 91 000 (chiffres obtenus par des relèvements satellitaires réalisés en 2004 à la demande d’OLAF).

Le pétitionnaire a affirmé que la partie de l’aide qui a été détournée, a été réemballée pour en faire disparaître l’origine et est passée par des entrepôts secrets pour être vendue sur les marchés au Niger, au Mali et en Mauritanie - opération qui ne pouvait se faire, à son avis, sans la complicité du Polisario.

Mme CARROLL EADS a axé son intervention sur  le déclin de l’éducation des jeunes sahraouis vivant dans les camps de Tindouf.  Elle a affirmé que les opportunités d’études à l’étranger ont baissé et que les collèges et lycées n’existent quasiment plus, alors que le Front Polisario n’est intéressé que par le détournement de l’aide internationale, y compris celle destinée à l’éducation.  « Sans éducation, ces jeunes seront la prochaine génération à dépendre de l’aide étrangère », a-t-elle averti.  Ajoutant que « tant que les Sahraouis de Tindouf ne seront pas en mesure de se voir comme autre chose que des victimes, il y aura peu d’espoir de progrès vers un règlement pacifique de la question du Sahara occidental ».  C’est la raison pour laquelle elle demande que l’accent soit mis sur l’éducation comme un moyen contribuant au règlement du conflit et permettant à terme à une jeunesse instruite de Tindouf de discuter en égal avec les jeunes Sahraouis au Maroc.

M. JOSÉ MARÍA GIL GARRE, de l’International Security Observatory,  a averti de la menace que pose le Front Polisario et qui contribuerait à accroître une situation de violence et d’insécurité dans la région du Sahel, qu’il s’agisse d’une guerre symétrique ou asymétrique.  Face à cela, l’ONU ne réagit pas, a déploré M. Garre, avant d’inviter la Quatrième Commission à se montrer efficace dans la recherche d’une solution durable à ce différend.  Pour lui, il s’agit d’opter pour la proposition d’autonomie avancée par le Maroc garantissant un développement durable et sécurisé de cette région.

M. ERIC CAMERON, Word Action for Refugees (Sahara Occidental), a dénoncé les conditions de vie dans les camps, où 32% des enfants souffriraient de malnutrition et de mauvais traitements.  Il semblerait, a-t-il affirmé, que ses administrateurs, « les autorités algériennes et le Front Polisario » soient incapables de faire face à cette situation.  Le pétitionnaire a estimé qu’il relevait de la responsabilité de ces parties d’y remédier.  « Il est également de leur responsabilité  d’organiser un recensement crédible en vue de déterminer le nombre d’habitants du camp », a ajouté M. Cameron, pour qui le plan d’autonomie proposé par le Maroc offre la meilleure option possible pour la recherche d’une solution politique à ce « différend régional ».

M. ANDREW MARC ROSEMARINE, juriste britannique spécialisé en droit international, a expliqué pourquoi il soutenait la proposition d’autonomie élargie du Maroc en tant que meilleure solution à la question du Sahara occidental.  Cette proposition a, selon lui, le mérite d’être juste et souple, avec une vision à long terme.  Elle confère un large degré d’autodétermination au peuple sahraoui, avec un accent sur la négociation et jette les bases pour une société moderne, démocratique, fondée sur l’état de droit, des libertés individuelles et collectives et le développement économique et social.

À la question de savoir si l’on pouvait faire confiance au Maroc, il a répondu par un oui sans équivoque en se justifiant par la manière avec laquelle le Royaume avait réagi aux défis du Printemps arabe en adoptant des réformes démocratiques et en optant pour la croissance économique au profit de tous.

M. RAFAEL MARTINEZ-CAMPILLO a qualifié la proposition d’autonomie du Maroc, d’« intelligente et adaptée à la réalité ».  Il ne faut plus se fonder sur des « affirmations sans fondement », a-t-il estimé, avant d’affirmer que ce modèle d’intégration avait démontré son efficacité.  Nous sommes conscients des grandes responsabilités du Maroc depuis que cette proposition a été mise sur la table, a ajouté le pétitionnaire.

Mme NANCY HUFF a fait part de son expérience personnelle lorsque l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf, dont elle était responsable, commençait à disparaître entre 2000 et 2007.  En 2015, le rapport OLAF (Office antifraude de l’Union européenne) est venu confirmer ses soupçons que l’aide était détournée par le Polisario pour être revendue au marché noir.  Pour Mme Huff, si le leadership du Polisario est capable de tels actes, il ne saurait faire preuve d’un véritable leadership s’il accédait à la gestion de tout un pays.  La corruption est révélatrice par nature, surtout pour des dirigeants qui ne chercheront qu’à satisfaire leurs propres intérêts et non pas ceux de leur peuple, a-t-elle affirmé.   Les résidents des camps de Tindouf savent que leurs responsables sont corrompus.  Ils espèrent peut-être qu’une fois l’indépendance obtenue, ces mêmes dirigeants sauront gérer l’État avec intégrité et pour le bien du peuple, a ironisé Mme Huff, avant de conclure que l’histoire a prouvé que cela n’était jamais le cas.

Mme STACY PEARSON, Présidente de la compagnie « Protected Families », a dénoncé le fait que les Sahraouis des camps de Tindouf ne correspondent pas à la définition même que l’ONU donne au statut de « réfugiés ».  « Ils n’ont pas droit au rapatriement, à retourner chez eux, à vivre avec leurs familles », a-t-elle souligné, ajoutant que c’est bien pour cela que, 40 ans après, il n’y a toujours pas de solution négociée.  Il ne sera pas possible de régler cette question en mettant les Sahraouis dans la case de « réfugiés » et en négociant avec ceux qui les maintiennent en captivité et en font « des otages » et « des boucliers humains » dans le seul but d’approvisionner les « guerrillas » avec de la nourriture, des tentes et des médicaments détournés de l’aide humanitaire de l’ONU, mais qui n’est ni inventoriée ni suivie pour s’assure qu’elle arrive à bon port, a déclaré Mme Pearson.  Avant de conclure, elle a lancé un appel pour que les habitants des camps de Tindouf qui souhaitent retourner au Sahara occidental puissent le faire dans le cadre du plan d’autonomie élargi proposé par le Maroc.  Ces « rapatriements » devraient se faire, selon elle, sous la supervision du HCR.  « Pas besoin d’élections pour libérer des prisonniers », a-t-elle lancé.

M. NIKOS LYGEROS a estimé que l’un des problèmes fondamentaux dans le règlement du conflit du Sahara est l’absence de représentativité du Polisario.  Le 7 octobre, des élections libres auront lieu dans les provinces sud de cette région, où les Sahraouis pourront s’exprimer sans crainte, alors que le Polisario refuse toujours d’effectuer un recensement dans les camps de Tindouf.  Ainsi, sur le plan local, le Polisario se cache, selon lui, derrière l’absence de chiffres concrets. 

M. Lygeros a aussi rappelé que certains pays africains au sein de l’Union africaine ont commencé à retirer leur confiance au Polisario.  La non-représentativité du Polisario et sa « dé-reconnaissance » des pays africains, indique, à son avis, la voie à suivre pour affranchir la population sahraouie de son emprise et de ses influences extrêmes.  Il ne s’agit pas d’un processus de décolonisation, mais de libération d’une population, a-t-il conclu.

Mme MANZILA POLA UDDIN s’est désolé de constater que la communauté internationale s’est avérée incapable de trouver une solution pour les camps de réfugiés.  Pourquoi les Nations Unies n’ont-elles pas la responsabilité de distribuer la nourriture aux populations locales? s’est-elle demandé.  Elle a elle aussi défendu le plan du Maroc comme la seule voie viable.

Mme MARTHA CHAVEZ COSSIO, juriste, parlementaire et politicienne, a constaté comment le Maroc a saisi, dès le début, les Nations Unies pour régler la question du Sahara occidental.  Elle a dit regretter que depuis 1973, les revendications légitimes du Maroc aient subi les manipulations de l’Algérie et d’une entité factice, le Polisario.  Elle s’est dite préoccupée des conditions de vie précaires dans les camps de Tindouf et a dénoncé les détournements massifs de l’aide humanitaire.  Le Maroc est un allié de la paix mondiale, a-t-elle conclu.

Mme ANNA MARIA STAME CERVONE, a évoqué la tragédie qui frappe des familles qui sont « prisonnières » dans les camps de Tindouf, qu’elle a comparée à « un enfer » entouré de milices et de l’armée du pays d’accueil.  « Les habitants de ces camps y souffrent en silence.  Personne ne peut les entendre! » a déclaré la pétitionnaire qui a souligné trois cas particuliers de personnes victimes du Polisario.

Mme MAHJOUBA DAOUDI a dénoncé le fait que certaines ONG harcèlent le Maroc en réclamant la libération d’un groupe de prisonniers condamnés pour des crimes avérés.  « Si leur objectif est d’accabler le Maroc pour le faire plier, ils se trompent lourdement ».  Le Maroc, a-t-elle dit, est parfaitement conscient qu’il est dans son droit.  Les criminels responsables de l’assassinat de 11 personnes doivent répondre de leurs crimes dans le cadre d’un procès équitable.

M. STEPHANE DOMINGUEZ RODRIGUEZ a indiqué, au sujet « du détournement persistant de l’aide humanitaire internationale au détriment de la population des camps de réfugié au Sahara occidental », que, cet été, avaient été interceptés, en zone frontalière avec l’Algérie, d’importants stocks de produits alimentaires et de médicaments en provenance des camps de Tindouf.  Or, a-t-il dit, ces produits et médicaments auraient dû être destinés aux réfugiés de ces camps.  Affirmant que les contrebandiers arrêtés s’étaient révélés être des proches de la direction du Front Polisario, il a assuré qu’après avoir été saisis par des associations, le Parlement européen et le Conseil européen partageaient leurs préoccupations.  Il a formé l’espoir de ne pas avoir, l’an prochain, à revenir devant la Quatrième Commission pour y dénoncer de nouveaux détournements de l’aide destinée à la population sahraouie à Tindouf.

Mme SABAH LAAROUSSI, actrice associative, a réaffirmé le droit de la population sahraouie à des élections libres, estimant que les futurs élus s’intéresseraient au premier chef à la gestion de leurs affaires et à celles de leur population.  « Tous ceux qui souhaitent tourner la page du passé sont les bienvenus », a-t-elle ajouté en conclusion.

M. SAID BOUCHAKOUK, Association citoyenneté et développement humain, a rappelé que, le 9 juillet dernier, le Polisario avait nommé un nouveau Secrétaire général, M. Brahim Ghali, à la tête de ce « mouvement séparatiste ».  Il a affirmé qu’il s’agissait d’un vote mascarade, en invoquant le chiffre de 93,19% des voix exprimées sur les 1.895 congressistes votants, qui ont voté sous pression et dans la peur, dans un « scénario taillé sur mesure ».  Il a reproché aux dirigeants de ce « pseudo État » - la République sahraouie, dont M. Ghali est aussi président, de n’avoir pas organisé des élections au suffrage universel pour permettre à toute la population séquestrée dans les camps de s’exprimer.  Il a affirmé que l’actuel Secrétaire général du Front fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour « génocide, torture, disparitions forcées, détention illégales et graves violations des droits de l’homme » commis contre des familles dans les camps qu’il dirige.

M. ABDOUL LATIF AIDARA, a expliqué que les résolutions de l’ONU sur l’autodétermination sont vieilles de 56 ans et dépassées, car elles ne tiennent pas compte de la dimension sécuritaire.  Le « projet de groupe de dirigeants autoproclamés, financés et instrumentalisés par un pays voisin » ne répond pas aux exigences d’un pays, au sens de l’ONU.  Le pétitionnaire, qui est favorable à la proposition marocaine d’autonomie élargie, a demandé à la Commission de se dessaisir du dossier du Sahara occidental pour le transférer au Conseil de sécurité.

M. ERIC JENSEN, ancien Chef de mission et Représentant spécial par intérim du Secrétaire général, a affirmé que si le plan présenté par le Maroc ne peut pas être mis en œuvre, il n’y a pas d’autres options viables.  Ce pays, a-t-il dit, a proposé un plan « jugé crédible » par le Conseil de sécurité.  M. Jensen a en outre pris note des réformes engagées par le Maroc, comme la nouvelle Constitution dont il s’est doté ou l’établissement d’un Conseil économique et social.  Il a relevé enfin que Rabat avait fait la demande de rejoindre l’Union africaine.

M. SOLOMON SIDNEY ASSOR, Président de « Surry Three Faiths Forum », a plaidé pour la libération des prisonniers des camps de Tindouf et leur retour au Maroc.  Ils veulent et exigent l’égalité et la liberté individuelle.  Il faut donner à ces prisonniers l’espoir d’un avenir meilleur en fermant ces camps horribles, a-t-il dit. 

M. CHARLES WILSON, de l’Association internationale d’amitié avec les Sahraouis, a expliqué que le problème principal qui se pose, c’est le déni des ressources naturelles à ceux qui devraient légitimement en profiter, ce qui constitue à son avis une violation des droits de l’homme.  Il a plaidé pour l’organisation d’un référendum pour mettre fin à ces abus et spoliations.

Mme JANE BAHAIJOUB, de Family Protection, a estimé que la communauté internationale devait faire pression sur le Front Polisario pour qu’il ouvre les camps et accepte la visite d’observateurs internationaux  pour mener un recensement.  « Nous ne connaissons pas le nombre exact des habitants des camps ou leurs origines.  Ce que nous savons est qu’il n’y a pas de liberté de mouvement », a-t-elle souligné.  La pétitionnaire a précisé que de nombreuses Sahraouies avaient  été interdites de retour en Espagne, leur pays d’adoption, après avoir été retenues par leurs familles dans les camps de Tindouf pendant plus de deux ans.  Leur droit à circuler librement doit être appliqué, a-t-elle lancé  « Nous devons exiger que le recensement soit réalisé et que tous les habitants des camps puissent circuler librement partout où ils veulent se rendre.  Les conditions de vie et les violations des droits dans les camps sont de la responsabilité du pays hôte et de la communauté internationale », a-t-elle conclu.

Mme TANYA WARBURG a rappelé que depuis 41 ans, le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, a emprisonné des dizaines de milliers de réfugiés dans les camps de Tindouf.  Elle a ajouté qu’aucune amélioration n’était visible dans la vie des réfugiés et que leurs conditions de vie se détérioraient.  « Freedom For All » demande au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés de pouvoir bénéficier d’un accès immédiat pour pouvoir identifier, enregistrer et évaluer les besoins des réfugiés.  Elle a rappelé que les femmes et les enfants dans ce camp souffraient de sévères malnutritions et d’anémies.  Mme Warburg a en outre affirmé que la sécurité de ces femmes et ces enfants déjà vulnérables était encore plus compromise par les activités criminelles du Polisario.  Selon elle, le plan d’autonomie pour le Sahara présenté par le Maroc permettrait aux vocations d’entrepreneur de s’exprimer, réduire la dépendance, et conduire vers une plus grande stabilité et prospérité, et par là même renforcer l’espoir pour le futur, a-t-elle ajouté.

M. SAID AYACHI a dénoncé les « manœuvres dilatoires » du Maroc, qui se permettrait selon lui de défier la communauté internationale en entravant, depuis 25 ans, la mise en œuvre du Plan de paix pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental et en empêchant par tous les moyens l’organisation d’un référendum d’autodétermination, sous la supervision des Nations Unies.

M. MOHAMMAD ZIYAD AL-JABARI, a affirmé que le développement dans la région de Laayoune était en bonne voie grâce à la volonté du Royaume du Maroc.  Pour lui, la meilleure option était celle d’une autonomie élargie présentée par le Maroc.  « Le Roi Mohamed V a affirmé que le Plan d’autodétermination était la moindre des choses à proposer aux frères et aux sœurs du Sahara », a déclaré le pétitionnaire.  Il a fait état de violations de droits de l’homme dans les camps de Tindouf et affirmé qu’elles ne faisaient l’objet d’aucune enquête. Il a également demandé qu’il y ait un recensement de la population de ces camps pour pouvoir évaluer l’aide humanitaire.

Présentant une motion d’ordre, le représentant de l’Algérie a souligné qu’aucune délégation officielle dans cette salle n’accepterait que l’on mentionne un pays dans un conflit auquel il n’est pas partie.  Il espère que l’Algérie ne sera plus citée à l’avenir.

Le Maroc a répondu en affirmant que « dire que l’Algérie n’est pas partie au conflit est une hérésie ».  Le représentant algérien a répliqué en soulignant qu’il présente une motion d’ordre dans le cadre de la procédure et qu’il n’était pas question de discuter le fond de la question à l’ordre du jour.

Le Président a prié les États Membres de bien vouloir limiter leurs interventions et d’être brefs dans leurs demandes de motion d’ordre.

Reprenant la parole, le représentant du Maroc a affirmé qu’hier il y avait eu des accusations lancées par des pétitionnaires contre des États Membres, qui les avaient acceptées parce qu’ils respectent les pétitionnaires qui viennent de « l’autre bout du monde pour faire entendre leur voix ». Pour le représentant marocain, l’Algérie est partie au conflit. Le représentant algérien a rétorqué en expliquant que son intervention portait sur la procédure.  Il a également réitéré qu’il n’était permis à aucun pétitionnaire d’évoquer l’Algérie car elle n’est pas partie au conflit.

Le représentant du Maroc a repris la parole pour citer un représentant de l’Algérie qui, en 1974, aurait dit devant l’Assemblée générale que son pays était une partie concernée dans la question. 

Suite à cette intervention, le Président a décidé de suspendre la réunion pour cinq minutes.

Mme CLARA RIVEROS, consultante politique et spécialiste de l’Amérique latine, a estimé que le Maroc progresse vers sa transition démocratique et qu’il prend en considération les besoins de toute sa population.  À l’actif de Rabat, il a fait état d’un « système économique régional » et d’une série d’initiatives, comme par exemple la mise en place de coopératives spécialisées. 

M. RICHARD JOSÉ VARGAS OSORIO, de l’Observatoire de la démocratie, a jugé que le Front Polisario n’avait ni le droit ni la légitimité de « parler » au nom des populations du Sahara occidental, qui reconnaissent les lois du Maroc, un pays qui a selon lui introduit les changements nécessaires pour prendre en compte les besoins de l’ensemble de sa population.

Mme MOUFIDA BOUSSOULA, acteur associatif (Laâyoune), s’est demandé quels sont les obstacles à surmonter pour déterminer le nombre de réfugiés présents dans les camps de Tindouf.  Elle a expliqué que la première chose que l’on fait dans un camp, c’est un recensement, ce qui n’a pas été fait depuis 40 ans dans ces camps.

M. JOSÉ RAÚL VÁZQUEZ DE LARA CISNEROS, est revenu sur le projet national marocain qui reconnait les droits culturels des populations du Sud. Il a rappelé que la Constitution de 2011 a lancé un dispositif qui protège notamment l’identité sahraouie.  Cette approche permet, selon lui, de consolider la nation et de renforcer l’unité nationale en protégeant toutes les composantes de l’identité culturelle du Maroc. 

M. ADALBERTO CARLOS AGOZINO, a affirmé que « le Sahara a toujours fait partie du Maroc » en se basant sur des traités internationaux et registres, y compris le traité de La Haye et celui de 1911.  Par conséquent il estime que le Maroc est en droit de défendre son intégrité territoriale. Il a salué la réponse constructive du Maroc qui a proposé l’autonomie élargie des provinces du Sud.  Par ailleurs il a souligné qu’il n’y avait jamais eu de nation sahraouie et que le Front Polisario n’avait jamais été démocratiquement élu pour pouvoir revendiquer le rôle de porte-parole des Sahraouis.  « Ce mouvement séparatiste représente un risque sécuritaire pour la région puisqu’il a des liens étroits avec des groupes terroristes et de trafic de drogue », a poursuivi le pétitionnaire, avant d’accuser le Front Polisario de violations systématiques des droits de l’homme dans les camps de Tindouf, et de détourner l’aide humanitaire.  Qui plus est,  son Secrétaire général actuel fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, a-t-il rappelé.

Mme GRACIELA LUCIA CONSENTINO, Université argentine John Kennedy, s’est élevée contre les conditions de vie des réfugiés et des conditions d’incarcération de jeunes sahraouis dans les camps de Tindouf.  Elle a dénoncé l’endoctrinement et la militarisation des jeunes « séparés » de leur culture.

M. MANIEL F. VIDAL GARRIDO a affirmé que la propagande a toujours été utilisée par le Front Polisario pour déformer la réalité dans les camps de Tindouf.  Elle a également dénoncé l’obsession de ce groupe à donner des provinces du sud du Maroc l’image de régions où les droits de l’homme ne sont pas respectés.

Mme DONNA SAMS, d’Antioch Community Church, a estimé que la situation des droits de l’homme devrait faire l’objet d’enquêtes à la fois au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf.  Ceci permettrait, selon elle, de donner davantage de crédibilité à l’ONU lorsqu’elle invite les parties à la table de négociation.

Mme SURAIYA IT, Présidente de l’Institute for Islamic Studies, Interfaith Dialogue and Peace de l’Ar-Raniry State Islamic University, a appelé la communauté internationale à s’inspirer de la province indonésienne d’Aceh dans sa gestion de la question du Sahara occidental. 

Dans le cas d’Aceh, a souligné Mme It, le principe d’autodétermination a contribué à l’instauration d’un nationalisme civique, en vertu duquel la citoyenneté a pour origine un ensemble de croyances communes, et non les liens du sang. 

De plus, Mme It a ajouté qu’Aceh avait bénéficié de la présence d’un médiateur de qualité, en la personne de l’ancien Président de la Finlande, Martti Ahtisaari.  « Les médiateurs sont essentiels en raison du haut degré de défiance entre les deux parties », a-t-elle insisté, ajoutant que le déploiement d’une Mission de surveillance de l'Union européenne à Aceh avait également contribué à la crédibilité du processus.

Enfin, Mme It a estimé que l’expérience d’Aceh avait démontré la nécessité d’impliquer les communautés directement affectées dans la stratégie de résolution des différends territoriaux.

Mme GALE SHERRILL a soulevé quatre préoccupations majeures qui, si on y remédiait, faciliteraient, selon elle, de meilleures négociations entre le Maroc et le Front Polisario.  Elle a notamment cité le manque de sécurité dans la zone sahélo-saharienne qui menace la stabilité et la sécurité du Sahara occidental et de tous les pays de la région, avant de remarquer que les camps de Tindouf étaient devenus des terrains de recrutement pour les réseaux criminels qui opèrent dans la région pour le trafic de drogues, d’armes et d´êtres humains.

Elle a regretté que la pratique des visites familiales entre résidents des camps de Tindouf et du Sahara occidental ait été abandonnée alors même qu’elle contribuait au rétablissement de la confiance.  Elle a également exhorté l’ONU à s’engager davantage pour la construction d’une route entre Smara au Maroc et Tindouf en Algérie, ce qui faciliterait les visites familiales et les relocalisations.  Enfin elle a demandé plus de transparence dans la gestion des camps par le Front Polisario, expliquant que le Front doit théoriquement déclarer les abus des droits de l’homme dans les camps, tout en faisant part de ses doutes quant à sa disposition à le faire.  Étayant son propos, elle a précisé que les personnes cherchant à quitter les camps sont souvent victimes de ce genre d’abus aux mains du Front Polisario.

M. GARY ANDRES AYALA OCHOA, du Conseil péruvien de solidarité avec le peuple sahraoui, a estimé que le peuple sahraoui doit pouvoir jouir de ses droits, en particulier du droit à l’autodétermination.  Il réfute les termes de « terrorisme et de séparatisme » utilisés pour annihiler les droits du peuple sahraoui.  Par ailleurs il demande à tous les États de rétablir leurs relations avec la République sahraouie.

M. JUAN CARLOS MORAGA DUGUE, Président de l’ONG Réhabilitation et Espoir et ancien prisonnier politique, s’est dit frappé par la situation précaire dans les camps de Tindouf, où, sous des prétextes politiques, on ne vient pas en aide à des populations en souffrance.  Il est en faveur de la proposition d’autonomie élargie pour le Sahara qu’a présentée le Maroc et estime que le principe de référendum d’autodétermination est un principe des années 60 qui, dans le contexte actuel, déstabiliserait la région.  L’autonomie proposée par le Maroc est, selon lui, une forme d’autodétermination.

M. ANDREA PANNOCHIA, journaliste indépendant, a souhaité savoir pourquoi le recensement de la population des camps de Tindouf n’avait pas encore été organisé, soulignant qu’il s’agissait là d’une des raisons pour laquelle l’aide humanitaire y était détournée.

Mme VANESSA PELLEGRIN, de Mimouna, a dénoncé le sort des femmes sahraouies dans les camps de Tindouf, où de nombreux cas de viols auraient été signalés.   Le détournement de l’aide humanitaire a un impact très grave sur la santé des femmes allaitantes, a-t-elle ajouté.

M. BRIAN L. JAMISON, vendeur à Gibraltar, a assuré que, pour avoir séjourné à quatre reprises dans les camps de Tindouf, il pouvait témoigner qu’ils sont organisés pour accueillir ses visiteurs.  Il a expliqué qu’il s’y était rendu pour participer à un « dialogue annuel pour la paix ».   

Mme TAMMY LEA FABIAN, Présidente de Date Palm Consulting, qui s’est rendue dans les camps de Tindouf en 2014-2015 a déclaré que, durant ses visites, les Sahraouis avaient fait preuve d’hospitalité malgré le peu de moyens dont ils disposent grâce à l’aide humanitaire.  Elle a été sur place pour citer la Bible lors du dialogue pour la paix qui se tient dans les camps chaque année.

Mme AVA-MARIE MARINO, City College de New York, a estimé que la solution d’autonomie élargie que le Royaume du Maroc propose pour les provinces du sud est la seule alternative possible pour les deux parties au conflit.  Le rejet de cette proposition par le Polisario est, selon elle, purement idéologique et la corruption parmi les dirigeants du Front ne fait qu’affaiblir leurs arguments.  Le Maroc se démocratise de plus en plus, a-t-elle constaté, avant de l’inviter à faire plus d’efforts pour développer ces provinces.

M. BRAHIM EL AHMADI a assuré que les électeurs des « provinces sahariennes » battront le record de participation au scrutin parlementaire du 7 octobre prochain.  Il a ajouté que les grandes régions qui forment les provinces sahariennes sont composées et présidées d’élus de la région, c’est-à-dire de « Sahraouis authentiques », qui ont la lourde responsabilité de mettre en pratique les « mécanismes de régionalisation avancée ».

Mme JANET LENZ a exprimé sa vive inquiétude à propos des conséquences sur la jeunesse, au sein des camps de réfugiés sahraouis, de l’occupation territoriale entreprise par le Maroc.  Bien que nés au cœur de l’injustice, ces jeunes gens combattent pacifiquement pour la justice et usent de leur voix pour faire savoir au monde que le peuple sahraoui existe, qu’ils ont conservé voix chapitre dans la négociation dans l’attente d’un référendum, et que leur nation a conservé une grande dignité, une identité et une culture uniques, et que leur profond désir est de se mouvoir à travers le monde en tant que nation à part entière.  Elle a ajouté qu’il était presque impossible pour eux de venir ici même s’exprimer, du fait de problèmes financiers, de visa et d’opportunités, avant de lancer un appel pour entendre leurs voix. 

Mme CYNTHIA BASINET, militante nominée pour le prix Nobel de la paix 2005, a affirmé que le monde ne pouvait prospérer tant que des sociétés entières étaient aliénées.  La lutte des réfugiés du Sahara a renforcé mon propre combat, a-t-elle déclaré, soulignant que l’on ne saurait continuer à exclure des communautés entières du dialogue de paix.  C’est une chose que les habitants du Sahara ne comprennent que trop bien dans la mesure où ils ont vécu sur le territoire le plus inhospitalier du monde, et de nombreux membres de leurs familles sont pris au piège sans la moindre voix dans les territoires occupés du Maroc, a-t-elle ajouté, avant d’appeler à la tenue d’un référendum dans le Sahara occidental, comme cela avait été convenu en 1991.

M. FOUAD BOUDJERA a dénoncé le « système opprimant » du Maroc, estimant que le « statu quo n’est plus tenable ».  Selon lui, le mandat de la MINURSO doit être revitalisé pour mettre fin au conflit, notamment en y incluant la surveillance des droits de l’homme.

M. TAHA MERGHOUB, scientifique, a rappelé le droit à l’autodétermination de toute nation et en particulier du peuple sahraoui.  Le Sahara occidental n’a pu garantir cette autodétermination pendant des décennies et a été privé de droits fondamentaux, comme la liberté d’expression et d’assemblée ou encore le droit à la santé.  Il a affirmé que le peuple sahraoui a été victime de mauvais traitements de la part de la police.  Le Sahara a besoin de stabilité et de croissance, a-t-il estimé. 

M. CHRIS SASSI, a également défendu le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et dénoncé l’exploitation illégale des ressources du peuple sahraoui.  Le Royaume du Maroc détruit, selon lui, systématiquement la société sahraouie du Sahara et il a accusé le Maroc d’avoir empêché le référendum d’autodétermination demandé par les Nations Unies d’avoir lieu.

M. MIGUEL ANGEL ORTIZ ASIN a affirmé que les camps de Tindouf sont si « terribles et inhospitaliers » qu’on se demande comment on peut y survivre, accusant le Front Polisario d’être responsable du détournement de l’aide humanitaire, comme l’auraient observé de nombreuses ONG et des observateurs de l’Union européenne.  Les jeunes y ont perdu toute motivation, devenant des victimes toutes désignées pour la radicalisation, a-t-il prévenu.  Le pétitionnaire a salué en conclusion la proposition avancée par le Maroc depuis 2007.

Mme BRAHIM BOUNAB SAIDA, membre du Parlement algérien, a estimé que l’Algérie, en tant que pays qui n’est « pas partie au conflit », a toujours tenté d’établir un esprit de coopération dans le cadre des efforts visant à permettre aux parties de parvenir à l’autodétermination du peuple sahraoui.  Il faut mettre fin à l’occupation du Sahara occidental, a-t-elle affirmé, plaidant pour l’intensification des efforts diplomatiques en vue de faire pression sur le Maroc.

M. SAADI LYES, a déclaré que le peuple sahraoui se bat pour être décolonisé, dénonçant les « actes de l’occupant » et les violations des droits des habitants, qui ont été condamnées par la communauté internationale.  Le peuple du Sahara occidental a beaucoup souffert, a-t-il poursuivi, avant d’affirmer que le moment est venu de créer un « mécanisme neutre » pour assurer un suivi de ces violations. L’Algérie, « qui n’est pas partie à ce conflit », soutient une « solution juste », a encore dit le pétitionnaire.

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