Soixante et onzième session,
19e & 20e séances – matin & après-midi
AG/EF/3460

Les délégations de la Deuxième Commission demandent de redoubler d’efforts pour éliminer la faim et garantir une production agricole durable

Si de grands progrès ont été réalisés depuis 1990, près de 800 millions de personnes dans le monde restent sous-alimentées.  C’est le constat du Rapport du Secrétaire général sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition*, présenté ce matin à la Deuxième Commission (économique et financière) par M. Shantanu Mukherjee, de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DAES).

Les délégations ont insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts pour garantir la sécurité alimentaire.  La représentante de la Thaïlande, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a ainsi réaffirmé le droit à une alimentation adéquate et le droit fondamental de vivre à l’abri de la faim.  Avec un taux de sous-alimentation de la population de 23%, l’Afrique subsaharienne est la région du monde où la prévalence de la faim est la plus forte, a rappelé la représentante du Burkina Faso.

Les délégations ont estimé que l’élimination de la faim dans le monde était essentielle pour la réalisation de tous les Objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’objectif 2 et ses cibles sont presque tous liés aux autres objectifs, rappelle le Rapport du Secrétaire général.  En créant un environnement propice au développement, le Programme 2030 permet d’adopter une approche plus globale pour lutter contre la faim et la malnutrition, a souligné M. Mukherjee.  Cette lutte nécessite des actions intégrées dans l’agriculture, dans la santé publique et dans l’éducation.

Pour le représentant du Mozambique, il est important que l’objectif 2 puisse se traduire dans la pratique, à travers des mécanismes internationaux tels que le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le Programme mondial sur l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) et le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA). Le délégué a également plaidé pour une mobilisation des ressources financières des secteurs public et privé et un renforcement de la coopération Nord-Sud et Sud-Sud.  Son homologue du Togo, qui s’est inquiété de l’incapacité des États d’Afrique à faire face aux pénuries alimentaires dont est régulièrement victime le continent, a appelé à passer d’une gestion conjoncturelle des crises alimentaires à des solutions plus structurelles.

La pauvreté est l’une des causes de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition, a rappelé la représentante de l’Indonésie, qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  La volatilité des prix des denrées alimentaires, les changements climatiques, la dégradation des terres et des ressources hydriques et la détérioration des écosystèmes, a-t-elle précisé, figurent parmi les causes d’une baisse de la production alimentaire. 

De son côté, le représentant du Pérou a annoncé que son pays allait promouvoir la journée de la gastronomie durable en présentant un projet de résolution à la présente session de l’Assemblée générale, afin de souligner l’effet catalyseur que peut jouer la culture en faveur du développement durable.

M. Mukherjee a attiré l’attention des délégations sur le rôle majeur des petits producteurs agricoles dans l’alimentation.  Pour répondre aux besoins alimentaires des populations et éliminer définitivement l’extrême pauvreté et la faim, il faudrait doubler la productivité agricole de manière durable tout en atténuant les effets des changements climatiques, réduire les pertes et gaspillages de denrées alimentaires et faire adopter des régimes alimentaires sains partout dans le monde.

Au nom des pays les moins avancés (PMA), le représentant du Bangladesh a rappelé que l’agriculture était le secteur dominant dans la plupart des PMA, mais qu’il souffre d’investissements inadéquats dans l’infrastructure rurale et d’un manque de technologies adaptées.  Pour le Groupe des 77 et la Chine, il est nécessaire de transférer des technologies respectueuses de l’environnement aux pays en développement et à des conditions préférentielles afin de les aider à réaliser un développement agricole durable.  Le Niger, qui parlait au nom du Groupe des États d’Afrique, a indiqué que l’Union africaine avait adopté la « Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique » et que des investissements dans le secteur agricole s’étaient toujours avérés cruciaux dans la lutte contre la pauvreté.

Le délégué du Brésil a déploré l’octroi de subventions agricoles massives dans les pays riches, lesquelles, a-t-il dénoncé, créent des distorsions sur les marchés et entravent la construction d’un secteur agricole solide dans les pays en développement.  Il est essentiel, a estimé le Groupe des 77 et la Chine, que la communauté internationale élimine toutes les formes de protectionnisme et garantisse les accès aux marchés.

Dans l’après-midi, les représentants de la Thaïlande et du Tadjikistan, au nom d’un groupe de pays, ont présenté 14 projets de résolution sur le thème du développement durable traitant des sujets suivants: Mise en œuvre d’Action 21; Orientations de Samoa et Stratégie de Maurice; Réduction des risques de catastrophe; Sauvegarde du climat mondial; Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification; Convention sur la diversité biologique; Rapport de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement; Harmonie avec la nature; Promotion des sources d’énergie nouvelles et renouvelables.  Ces projets seront examinés à une date ultérieure.

La Deuxième Commission reprendra ses travaux demain, mardi 25 octobre, à partir de 10 heures.  Elle examinera le point de son ordre du jour relatif à l’application des décisions prises par la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) et la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable et renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).  L’après-midi, elle entamera son débat sur le point relatif à la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles.

* A/71/283

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION (A/71/89 ET A/71/283)

Débat général

Mme PARYSA KHUNWUTHIKORN (Thaïlande), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a souligné que la pleine mise en œuvre de l’objectif 2 de développement durable et de ses cibles était essentielle pour éliminer la faim et la malnutrition. Il est indéniable, a-t-elle dit, que les enjeux de sécurité alimentaire sont renforcés par les mouvements de population, l’urbanisation rapide, les ressources naturelles limitées et les changements climatiques.  Le Groupe des 77 et la Chine est très préoccupé par les difficultés rencontrées par les pays en développement, notamment ceux qui dépendent de l’agriculture et des importations d’aliments.  La représentante a ainsi réaffirmé le droit à une alimentation adéquate et le droit fondamental de vivre à l’abri de la faim.  La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour garantir la sécurité alimentaire de même que pour promouvoir un régime alimentaire sain, a-t-elle insisté.  Il faut prévoir des programmes de développement à moyen et long termes pour que personne ne soit laissé en marge.

Rappelant que l’agriculture restait un secteur fondamental pour les pays en développement, Mme Khunwuthikorn a jugé essentiel que la communauté internationale élimine toutes les formes de protectionnisme et garantisse les accès aux marchés. À cet égard, elle s’est félicitée des résultats de la dixième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui s’est tenue à Nairobi en décembre 2015.

La population mondiale ne cessant de croître, le Groupe des 77 et la Chine estime qu’il est nécessaire de transférer des technologies respectueuses de l’environnement aux pays en développement à des conditions préférentielles afin de les assister à réaliser un développement agricole durable.  Par ailleurs, a fait remarquer la déléguée, les effets néfastes des changements climatiques sapent les efforts des pays pour parvenir à une agriculture durable, alors que la perte et le gaspillage alimentaires contribuent à ces changements climatiques.  Elle a ainsi plaidé pour une modification des politiques agricoles afin qu’elles soient réellement adaptées aux défis posés par les changements climatiques.

Mme Khunwuthikorn a souligné le rôle des petits agriculteurs et des pêcheurs pour éradiquer la faim, réduire la pauvreté rurale et améliorer la sécurité alimentaire.  Elle a préconisé d’établir des stratégies nationales, régionales et internationales favorisant leur participation, ainsi que celle des petits exploitants et, en particulier les femmes.  Enfin, elle a estimé que des efforts des États, des Nations Unies et autres parties prenantes seront nécessaires pour traduire ces engagements pour éradiquer la faim et garantir la sécurité alimentaire en actions concrètes.

Mme INA H. KRISNAMURTHI (Indonésie), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné qu’alors que 793 millions de personnes souffraient de faim chronique dans le monde, dans le même temps, 767 millions de gens vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.  La corrélation entre la pauvreté et la faim n’est pas fortuite, a-t-elle indiqué en soulignant que la pauvreté était l’une des causes de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.  L’insécurité alimentaire est également due à la volatilité des prix des denrées alimentaires du fait de la baisse des productions, a-t-elle noté.  Les changements climatiques, la dégradation des terres et des ressources hydriques et la détérioration des écosystèmes, a-t-elle ajouté, figurent parmi les causes de la baisse de la production alimentaire.  Elle a ensuite déclaré que la sécurité alimentaire exigeait une combinaison d’actions coordonnées dans plusieurs secteurs: le commerce, les finances, les changements climatiques, l’agriculture, la santé, la nutrition, les infrastructures et le secteur de l’énergie. 

La représentante a en outre indiqué que près de 65 millions de personnes vivant en Asie du Sud-Est étaient sous-alimentées.  L’ASEAN a ainsi adopté un plan stratégique couvrant la période de 2016 à 2025 afin d’atteindre l’objectif de faim zéro.  Ce plan vise à mettre sur pied un secteur agricole et forestier inclusif, compétitif, plus résilient, durable et intégré dans l’économie mondiale.  Un cadre intégré de sécurité alimentaire a également été créé au sein de l’ASEAN afin d’établir des approches pragmatiques en vue d’assurer la sécurité alimentaire dans la région.  Le secteur de la pêche est également intégré dans cette volonté de l’ASEAN d’assurer la sécurité alimentaire, a-t-elle fait observer.  La représentante a enfin plaidé pour un partenariat multipartite afin de lutter contre l’insécurité alimentaire, notamment en allouant des ressources adéquates pour cette cause.

M. ABDALLAH WAFY (Niger), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné d’entrée que l’Agenda 2063 de l’Union africaine, ainsi que son plan d’action décennal accordent une place de choix à l’agriculture.  Il a noté qu’une large partie de la population d’Afrique dépendait de l’agriculture.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, il faudrait investir activement dans ce secteur, en appelant également à diversifier la production agricole et à offrir une bonne éducation sur la nutrition aux consommateurs.  L’Union africaine, consciente de la place de l’agriculture, a adopté la « Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie », a rappelé le délégué.  Il a indiqué que des investissements dans le secteur agricole s’étaient toujours avérés cruciaux dans la lutte contre la pauvreté.

Il a ensuite expliqué que le secteur agricole africain était dominé par les petits exploitants, en souhaitant que les ressources financières et technologiques qui seraient déployées en faveur du secteur tiennent compte de cette réalité.  Il a aussi plaidé pour le renforcement des capacités des agriculteurs et pour un système commercial international plus juste, afin de favoriser le secteur agricole africain.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a rappelé que l’agriculture était le secteur dominant dans la plupart des PMA qui en dépendent pour leur sécurité alimentaire.  Toutefois, ce secteur souffre d’investissements inadéquats dans l’infrastructure rurale et d’un manque de technologies adaptées, a regretté le représentant.  Les PMA doivent faire face à des taux très élevés d’insécurité alimentaire et de malnutrition.  La productivité de l’agriculture est beaucoup plus faible dans les PMA que dans les autres pays et les changements climatiques ont eu des effets dévastateurs sur la production.  En outre, la proportion de la population vivant dans la pauvreté est très élevée dans les PMA, surtout en zone rurale, même si l’on note une réduction de la prévalence de la sous-nutrition, a indiqué le représentant.

Les PMA dépendent de façon accrue des importations de produits alimentaires et les cours des produits de base les affectent considérablement.  La grande majorité des agriculteurs des PMA sont des petits exploitants et souvent des femmes, très vulnérables aux changements climatiques et à la volatilité des prix des aliments, a précisé le représentant.  Le lien entre agriculture, sécurité alimentaire, paix et migration demande une approche holistique.  Des efforts concertés sont nécessaires pour le renforcement des capacités et un financement de pratiques et de technologies adaptées aux changements climatiques.

Mme PATRICIA BAJAÑA (Nicaragua) a rappelé que 72 pays avaient pu atteindre l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) consacré à la réduction de la faim de moitié.  Elle a rappelé que la sécurité alimentaire passait par l’utilisation de technologies adéquates dans le secteur agricole.  La faim n’est pas seulement due au manque d’aliments, mais également aux effets pervers des marchés sur l’agriculture, a affirmé la représentante. 

Le Nicaragua a établi une stratégie nationale de sécurité alimentaire qui a conduit à la baisse du niveau de malnutrition chronique dans le pays.  Elle a souligné que, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Nicaragua est le pays qui dispose du plus grand niveau d’engagement politique en matière de lutte contre la faim et la pauvreté, s’est-elle félicitée.  Les moyens de mise en œuvre, a-t-elle dit, sont importants dans ce combat contre l’insécurité alimentaire. 

Mme LOURDES O. YPARRAGUIRRE (Philippines) a estimé que mettre un terme à la faim, parvenir à la sécurité alimentaire pour améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable étaient des objectifs qui sont au cœur même du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour elle, la problématique de la faim ne doit pas être traitée uniquement en termes d’approvisionnement alimentaire mais aussi à travers le prisme de la productivité agricole et des effets des changements climatique.  Ce dernier phénomène frappe particulièrement les exploitations agricoles et les pêcheries familiales et de petite taille, dont les activités sont inextricablement liées au climat, a-t-elle relevé, en rappelant que les Philippines avaient souffert, entre 2015 et mai 2016, d’une des pires sécheresses de l’histoire du pays, conséquence d’un cycle d’El Niño encore aggravé par les changements climatiques.

En dépit de la feuille de route élaborée par le Gouvernement philippin pour faire face à ce phénomène, cette sécheresse a affecté près de huit millions de Philippins et fait perdre l’équivalent de 300 millions de dollars à la production agricole nationale, a-t-elle souligné.  La représentante a ainsi plaidé pour une coopération internationale accrue, en soutien aux stratégies nationales mises en place pour éliminer la faim chronique et l’insécurité alimentaire.  À cette fin, elle a jugé impératif de favoriser les transferts de technologie et les mécanismes financiers permettant d’adapter l’agriculture aux changements climatiques.

M. ASHISH SINHA (Inde) a fait observer que les pressions sur la sécurité alimentaire étaient énormes. Mettre fin à la malnutrition est essentiel pour garantir le Programme 2030, a-t-il rappelé. L’Inde, qui représente un sixième de la population mondiale, a réussi de passer d’une grave pénurie alimentaire au lendemain de son accession à l’indépendance à une véritable autonomie alimentaire aujourd’hui.  L’Inde exporte aujourd’hui des produits alimentaires et a développé des techniques agricoles efficaces, a expliqué le représentant. Elle reste cependant confrontée à des difficultés liées à la qualité de la production et de pratiques durables. M. Sinha a évoqué les mesures prises par son gouvernement, citant en particulier, une plateforme de commerce en ligne pour améliorer l’accès aux marchés et un meilleur accès au crédit.  Les agriculteurs ont maintenant la possibilité de mieux gérer la qualité de leurs terres.  La coopération internationale est essentielle en ce qui concerne les technologies et la recherche, a-t-il souligné, en assurant que l’Inde mettait en avant des projets d’irrigation agricole.

M. NAUKIN (Fédération de Russie) a estimé qu’il faudrait adopter une approche globale face au développement agricole, en ajoutant que la Russie était parvenue à garantir la croissance de la production en investissant dans ce secteur.  En outre, la Russie a mis en œuvre un programme national pour la gestion des marchés et des matières premières agricoles, a indiqué le représentant en faisant observer que cela avait donné lieu à une hausse de la production.  Il faudrait également tenir compte des effets des changements climatiques sur l’agriculture.  Il s’est félicité de la création de la Décennie de l’ONU pour l’alimentation et, dans ce contexte, en recommandant que la FAO et l’OMS travaillent à l’élaboration d’indicateurs de mise en œuvre de cette Décennie.  Par ailleurs, il a conseillé de garantir une information aux consommateurs en ce qui concerne une alimentation saine.  Avant de conclure, il a assuré que la Russie accordait une attention toute particulière à la mise en œuvre de programmes d’alimentation dans les écoles et pour les personnes vulnérables.

M. ALRASHEED (Arabie saoudite) a déclaré que son pays était déterminé à poursuivre ses actions dans le domaine humanitaire afin d’aider ceux qui sont dans le besoin.  Un centre national consacré à cette fin a été créé.  Le centre a contribué aux activités de 72 programmes différents en 2015 sous l’égide de la FAO.  À ce jour, 413 millions de dollars ont été débloqués par ce centre en faveur des aides d’urgence au Yémen en partenariat avec des organisations internationales.  Il a cité un certain nombre de pays ayant également bénéficié de cette aide, notamment dans le domaine alimentaire.

L’Arabie saoudite a en outre mis sur pied une société d’investissement afin d’appuyer le secteur agricole dans des pays en développement.  Il a assuré que l’Arabie saoudite allait continuer de soutenir l’action de la FAO.  Elle a également créé un programme de lutte contre le gaspillage alimentaire, a-t-il ajouté. 

M. AL-SHEEB (Qatar) a déclaré qu’il ne pouvait y avoir de développement durable sans sécurité alimentaire.  Il a rappelé que son pays avait été à l’origine de la création de l’Alliance mondiale des zones arides.  Il a plaidé pour un soutien accru aux pays en développement dans le domaine agricole, notamment ceux en situation particulière.  Le Qatar estime que tout le monde a droit au développement, et pour lutter contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire, a-t-il insisté, il faudrait agir de manière coordonnée et avoir une approche synergique.  Il a ensuite appelé à transformer les engagements pris en faveur de la sécurité alimentaire en mesures concrètes.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a annoncé que le Pérou allait promouvoir la journée de la gastronomie durable par le biais d’une résolution de l’Assemblée générale, en proposant la date du 22 juin.  Au Pérou comme dans d’autres pays du monde, la gastronomie est un exemple de l’effet catalyseur que peut jouer la culture en faveur du développement durable.  M. Meza-Cuadra s’est dit convaincu qu’il s’agit d’un véhicule privilégié pour convaincre de l’importance du développement durable.  Par les célébrations de cette journée, a-t-il expliqué, les agriculteurs, les pêcheurs, les cuisiniers, les petits entrepreneurs et tous les participants verront leur potentiel reconnu et comprendront leur responsabilité partagée dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, la promotion de l’agriculture durable, d’une vie saine, de l’autonomisation des femmes, d’une croissance économique durable.

M. MOHAMMAD REZA MOHAMMADI (République islamique d’Iran) a rappelé qu’éradiquer la faim et promouvoir l’agriculture durable étaient des éléments centraux du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et pour atteindre les objectifs de développement durable.  Il s’est dit préoccupé de constater que près de deux milliards de personnes souffraient de carences en micronutriments même si des progrès avaient été accomplis dans la lutte contre la malnutrition.  La faim est loin d’avoir été éliminée alors que le monde produit suffisamment d’aliments, a déploré le représentant.  Il a indiqué que les obstacles en matière de commerce international de l’agriculture étaient une source de préoccupation pour les pays en développement.

L’Iran, a-t-il ensuite indiqué, a adopté une approche stratégique pour garantir la sécurité alimentaire afin de renforcer l’agriculture et son rôle dans l’économie; garantir la sécurité alimentaire au niveau national; améliorer la productivité agricole et l’utilisation de l’eau; améliorer les méthodes de commercialisation et réduire la dépendance aux importations; réduire la surutilisation des terres; améliorer la gestion des risques de catastrophe; et renforcer le rôle des acteurs non gouvernementaux et du privé.  Le représentant a estimé qu’il faudrait renforcer et mieux coordonner la coopération au niveau international, en précisant que l’élimination de la faim devrait être au cœur des efforts.

M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a souligné la grande vulnérabilité de son pays hautement qui dépend des importations pour assurer sa sécurité alimentaire face aux crises économiques exogènes et aux changements climatiques.  La Jamaïque demeure très sensible à la nécessité d’améliorer sa résilience en vue de prévenir les effets des pénuries futures, a assuré le délégué.  Le manque d’accès à une alimentation nutritive et saine constitue un problème principal de santé en Jamaïque en raison, a-t-il dit, des problèmes liés à la malnutrition, la carence en micronutriment et à l’obésité.  La récurrence des sécheresses, ouragans et inondations couplée au danger des changements climatiques figure également parmi les éléments qui menacent la sécurité alimentaire de son pays. 

À cet égard, le représentant a évoqué la politique de la Jamaïque pour faire face à ces défis, notamment une politique nutritionnelle à l’échelle nationale 
-« National Food and Nutrition Policy »-, ainsi que la mise en place de plans d’action et de stratégies visant à garantir une alimentation accessible, approprié et de qualité pour l’ensemble de la population.  En conclusion, M. Rattray a souligné l’importance fondamentale du développement agricole, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La Jamaïque, a-t-il réaffirmé, est disposée à œuvrer pour la réalisation de ces objectifs.

Mme SEEMA GAIL PARKASH (Singapour) a rappelé que la productivité agricole globale était en baisse en raison d’un manque chronique d’investissements dans le secteur, alors que les besoins alimentaires mondiaux, eux, ne cessent d’augmenter. 

La représentante a ainsi appelé les pays à augmenter leur production agricole locale dans le but d’atteindre la sécurité alimentaire.  Elle a estimé que les nouvelles technologies et l’innovation pouvaient y contribuer, en transformant les pratiques agricoles afin de les rendre plus résilientes.  Dans cette logique, la déléguée a indiqué que Singapour s’était doté d’un programme d’agrotechnologie articulé autour de trois volets: la promotion des investissements dans l’industrie agricole; la création d’exploitations agricoles intensives et modernes; et le développement de l’agrobiotechnologie.

Par ailleurs, les pays dont le taux d’urbanisation est élevé, comme Singapour, a souligné Mme Gail Parkash, devraient promouvoir des solutions d’agriculture urbaine, comme par exemple, « la culture verticale des végétaux en intérieur ».  La déléguée a indiqué que son gouvernement s’était engagé à travailler de concert avec les exploitants agricoles afin de tirer au mieux parti des terres agricoles et de la main-d'œuvre limitée.  Cela passe, a-t-elle expliqué, par un soutien aux exploitants agricoles sous forme de transfert technologique, d’échange de savoir-faire et de financement de la recherche

M. MICHAEL RUDOLPH TEN-POW (Guyana), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué qu’au cours des deux dernières décennies, des pays de la CARICOM avaient détourné leur attention du secteur agricole du fait de la baisse des prix de leurs exportations de denrées alimentaires et des distorsions du système commercial international.  La part de l’agriculture dans le produit intérieur brut (PIB) des pays de la région est ainsi passée de 12% en 1990 à 5% en 2007, souligne un rapport de la Banque mondiale.  Les importations agricoles de la région atteignent 4 milliards de dollars, une augmentation de 50% depuis l’an 2000, et cela pourrait même atteindre 10 milliards de dollars en 2020 si rien n’est fait.  Il a relevé que dans certains pays de la région, tels que le Suriname et le Guyana, l’élevage et la pêche locale avaient réussi à nourrir les populations, tout en précisant que les petits États insulaires n’étaient pas favorables à l’élevage en raison du manque d’espace.

Le représentant a déclaré que la semaine de l’agriculture des Caraïbes était célébrée, cette semaine, dans les îles Caïmanes sous le thème « Investir dans l’agriculture ».  Il a expliqué que cette semaine donnait également l’occasion aux autorités des pays de la région de se retrouver pour discuter des moyens de relancer ces secteurs en déperdition.  Parmi les obstacles à l’agriculture dans les Caraïbes, le délégué a relevé la taille réduite des territoires et des populations, ainsi que les aléas climatiques.  Il a rappelé que chaque année, la région est frappée par des catastrophes naturelles, lesquelles sont maintenant exacerbées par les changements climatiques. 

Le représentant a également cité les problèmes liés à l’érosion côtière, l’intrusion de l’eau salée sur les terres agricoles et dans les nappes phréatiques, les inondations côtières et les bouleversements des saisons.  Il a ainsi cité les cas de la tempête tropicale Erika en 2015 qui avait frappé la République dominicaine, ou encore de l’ouragan Matthew qui vient de toucher Haïti.  Il a expliqué que les pays font face à des cycles d’inondations et de sécheresse, et la vie des populations en est affectée.

Lançant un appel en direction de la communauté internationale, le représentant a invité à soutenir la relance du secteur agricole de la CARICOM.  Ce soutien permettrait de réduire les dépenses que la région consacre aux importations alimentaires, et d’œuvrer ainsi plus efficacement à la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il expliqué.  Les Orientations de Samoa ont déjà mis l’accent sur le secteur agricole dans les petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il rappelé, avant de plaider pour la mise en œuvre de la Déclaration de Milan sur le renforcement de la sécurité alimentaire et l'adaptation au climat dans les petits États insulaires en développement

M. BAHADUR CHHETRI (Népal) a estimé que l’élimination de la faim dans le monde était essentielle pour la réalisation des autres objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cet égard, il a souligné l’importance de l’initiative « Faim zéro » lancée par Secrétaire général de l’ONU qui aborde, de manière globale, de nombreuses questions liées à la sécurité alimentaire.  Cette approche exige un intérêt particulier dans tout ce que nous entreprenons, a indiqué M. Chhetri qui a rappelé que près de 800 millions de personnes dans le monde étaient sous-alimentées.  En tant que pays enclavé, vulnérable notamment aux catastrophes naturelles amplifiées par les changements climatiques, le Népal déploie d’importants efforts pour la mise en œuvre des objectifs -convenus  au plan international et des dispositions constitutionnelles-, à travers l’amélioration de la productivité et la croissance durables.

Cependant, a-t-il poursuivi, le développement de l’agriculture durable est d’autant plus difficile que le Népal dispose d’un des plus faibles niveaux de terres arables par habitant dans le monde.  Le secteur agricole participe pour moins d’un tiers du PNB, alors que deux tiers de la population en dépend, a ajouté le représentant.  Le développement du secteur agricole est également crucial pour l’amélioration de la compétitivité de l’agro-industrie, notamment dans les pays les moins avancés ainsi que les pays en développement sans littoral.  C’est pourquoi, son pays est en faveur d’un partenariat redynamisé en matière de développement agricole dans le cadre de politiques cohérentes et d’une meilleure coopération avec les parties concernées, a-t-il indiqué.

M. SLAIMAN (Iraq) a fait observer que Daech menaçait la sécurité alimentaire de l’Iraq en ayant pris le contrôle de nombreux secteurs économiques clefs du pays. L’agriculture est la principale source de revenus des Iraquiens dans les zones rurales et l’exode rural est une vraie catastrophe, a dit le représentant.  En outre, la baisse des ressources hydriques est un autre aspect de la crise, résultant notamment de la construction de barrages sur le Tigre et l’Euphrate.  La mainmise de Daech a un impact négatif sur l’eau potable et l’agriculture, a insisté le représentant.  Il a ajouté que des terres améliorées grâce à des programmes de développement du Gouvernement iraquien avaient été endommagées et que la superficie des terres arables était ainsi réduite.

L’Iraq a adopté un plan de développement national 2013-1017 pour accroître la participation du secteur de l’agriculture dans PNB, assurer les besoins en eau, augmenter la production locale, et réhabiliter les zones agricoles libérées des terroristes.  Le Gouvernement iraquien a besoin d’investissements et de technologies pour relancer le secteur agricole, soutenir les agriculteurs, et pour mettre fin à l’insécurité alimentaire qui menace la population.

Mme MARIAME FOFANA (Burkina Faso) a rappelé que près de 795 millions de personnes dans le monde étaient actuellement sous-alimentées, dont l’immense majorité vit dans des pays en développement.  Avec un taux de sous-alimentation de la population de 23%, l’Afrique subsaharienne est la région du monde où la prévalence de la faim est la plus forte, a ajouté la représentante.  « Ce tableau très peu reluisant et injustifiable dans un monde de surabondance nous interpelle tant l’ampleur des défis liés à l’élimination de la faim est colossale », a déclaré Mme Fofana, tout en appelant les États à mutualiser leurs efforts, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour mettre fin à ce fléau.

La représentante a indiqué que son pays s’était doté d’un plan national ambitieux visant à réaliser la sécurité alimentaire et l’autosuffisance alimentaire au Burkina Faso.  Ce plan, a-t-elle précisé, est fondé sur l’amélioration de la productivité agricole; l’augmentation des surfaces irriguées; le renforcement de la résilience contre les risques de catastrophes agricoles; et le soutien à la recherche.  Elle a toutefois précisé qu’un haut degré de coopération internationale était nécessaire pour que ce plan soit un succès.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a soutenu que l’objectif de l’élimination de la pauvreté et de la faim d’ici à 2030 ne pourrait être tenu sans une reconnaissance du rôle primordial que jouent l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition dans l’architecture de développement.  À ses yeux, il est important que l’objectif 2 du développement durable puisse se traduire dans la pratique, à travers des mécanismes internationaux tels que le Plan d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, le Programme mondial sur l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) et le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine  (PDDAA).  Le délégué a également plaidé pour une mobilisation des ressources financières des secteurs publics et privé et un renforcement de la coopération Nord-Sud et Sud-Sud.

Rappelant le poids de l’agriculture dans l’économie de son pays, M. Gumende a indiqué que le Gouvernement du Mozambique avait coordonné son plan stratégique de développement du secteur agricole 2011-2020 et son plan d’action pour la sécurité alimentaire et la nutrition, tout en faisant de la hausse de la production, notamment agricole, un objectif prioritaire à atteindre d’ici à 2019. Ces initiatives, qui commencent à donner des résultats, tiennent particulièrement compte du Programme 2030 mis en œuvre par les Nations Unies et de l’initiative « Faim zéro » lancée par le Secrétaire général de l’ONU, a-t-il précisé.

M. GOUGH (Brésil) a fait observer que l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 posait des objectifs ambitieux liés à l’éradication de la faim et à la promotion d’une agriculture durable.  La communauté internationale, a-t-il estimé, doit se préparer à un nouveau paradigme de développement pour transformer notre façon de produire, de commercialiser, de distribuer, de consommer et de se débarrasser des aliments.  En ce qui concerne le lien entre changements climatiques et sécurité alimentaire, le représentant a indiqué que le Brésil avait enregistré des expériences positives au cours des dernières décennies en développant des variétés animales et de semence qui peuvent s’adapter aux différents climats.  Le pays a nettement amélioré sa production agricole et il est prêt à partager ces expériences dans le cadre de la coopération Sud-Sud, notamment avec l’Afrique, a-t-il assuré.

Le délégué a déploré ensuite l’octroi de subventions agricoles massives dans les pays riches qui créent, selon lui, des distorsions sur les marchés et entravent la construction d’un secteur agricole solide dans les pays en développement.  Au sujet de la malnutrition, le représentant a plaidé pour des mesures de protection sociale couplées à un développement agricole et rural plus large pour rompre le cycle de la pauvreté, comme l’a fait avec succès le Brésil.

Mme YE HUA (Chine) a souligné que la sécurité alimentaire était étroitement liée à la croissance économique et à la sécurité.  Les pays devraient se concentrer sur le renforcement des infrastructures agricoles et des technologies, adopter un cadre commercial juste, lutter contre le protectionnisme, favoriser la coopération.  La représentante a précisé que le Gouvernement chinois était déterminé à renforcer ses infrastructures et la technologie pour garantir la sécurité alimentaire.  En outre, il va mettre en œuvre 100 projets de coopération agricole dans les années à venir, réaffirmant ainsi sa volonté de contribuer à l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030.

M. MOUNKAILA YACOUBA (Niger) s’est inquiété de l’incapacité des États d’Afrique à faire face aux pénuries alimentaires dont est régulièrement victime le continent.  Pour y remédier, il a rappelé que l’Union africaine tentait de convaincre ses pays membres d’augmenter leurs investissements dans le secteur agricole.  En 2003, lors du vingt-troisième Sommet de l’Union africaine à Maputo, au Mozambique, les pays membres se sont ainsi engagés à allouer au moins 10% de leur budget national au secteur agricole.  « Cet engagement n’a été respecté que par 10 pays, dont le Niger », a regretté le représentant, en précisant que son pays investissait en priorité dans l’amélioration de la production des céréales et des légumineuses.

M. Yacouba a appelé les États d’Afrique à passer d’une gestion conjoncturelle des crises alimentaires récurrentes à des solutions plus structurelles.  Pour y parvenir, a-t-il assuré, son pays a lancé l’initiative dite des 3N -les Nigériens nourrissent les Nigériens-, dont l’objectif est de renforcer les capacités nationales de production alimentaire, d’approvisionnement et de résilience face aux risques de crises et de catastrophes.

Mme BEZA MELIS YIRGA (Éthiopie) s’est félicitée de ce que 72 pays, dont l’Éthiopie, avaient pu réaliser l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) relatif à la réduction de moitié du nombre de personnes souffrant de la faim.  Le Gouvernement de l’Éthiopie a octroyé plus de 10% du budget national au secteur agricole tel que le prévoit l’Union africaine.  Le secteur agricole a connu une croissance moyenne annuelle de 6% au cours des cinq dernières années, a-t-elle relevé, en notant aussi que les effets néfastes des changements climatiques constituaient une menace pour le secteur agricole. 

Afin de lutter contre l’insécurité alimentaire, le pays a mis en place, depuis 2003, une coalition contre l’insécurité alimentaire, a indiqué sa représentante.  Un filet de sécurité a été créé en faveur des communautés vulnérables, ainsi qu’une stratégie nationale de création d’emplois en zones rurales qui cible en priorité les jeunes, a précisé la représentante.  Mme Yirga a appelé tous les partenaires financiers à fournir des fonds pour appuyer les efforts des pays en développement dans le secteur agricole, notamment en accord avec le Plan d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

M. QUENTIN PAULIN YAMBA POUNGAULT (République centrafricaine) a indiqué que son pays venait de tourner la page sombre de son histoire grâce au retour à la stabilité et la légalité institutionnelle.  Il a relevé que la République centrafricaine (RCA) était un pays à vocation agricole.  La réforme du secteur agraire permettant d’assurer la sécurité alimentaire avait été initiée en 2011, mais la crise de 2012 a mis un terme aux actions programmées, a-t-il fait remarquer.  Le délégué a assuré que la relance économique du pays, avec le concours des partenaires au développement, allait favoriser la reprise de la culture du coton, du café, du cacao, notamment grâce à la distribution des intrants et semences aux planteurs.

Mme LINDA ANNE SCOTT (Namibie) a fait observer que le secteur agricole était l’épine dorsale de l’économie namibienne, tout en indiquant que son potentiel était limité par des facteurs climatiques tels que la sécheresse et les inondations.  Le Gouvernement de la Namibie, qui s’est engagé à établir des programmes de développement, a mis en place une banque alimentaire et un ministère de l’élimination de la pauvreté et du bien-être social.  Celui-ci synchronise son travail auprès des plus vulnérables.  En outre, la Namibie a harmonisé ses plans nationaux avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. ALOMLANGSY RAJVONG (République démocratique populaire lao) a déclaré que son gouvernement attachait la plus haute importance au développement agricole afin d’assurer la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition à la population du pays.  Il a créé une banque publique qui fournit des crédits à des taux d’intérêt très bas aux agriculteurs.  Pour atténuer les effets des changements climatiques, le gouvernement a mis en place une banque de céréales afin de réaliser une distribution immédiate aux populations touchées par des catastrophes.  Il a intégré les questions de développement agricole, de sécurité alimentaire et de nutrition dans son plan d’action quinquennal de développement socioéconomique 2016-2020.  Le représentant a remercié les partenaires de développement de la République populaire démocratique lao pour leur appui et leur assistance sans faille à ce pays agraire de la catégorie des PMA.

M. HEMOU TCHONDA KOSSI (Togo) a souligné les efforts déployés par son pays pour promouvoir l’agriculture et la sécurité alimentaire dans le cadre de son Plan national de développement durable.  Le Togo, a-t-il précisé, met en œuvre depuis plusieurs années un programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire, qui vise notamment à permettre l’accès des populations les plus pauvres aux principaux intrants agricoles.

Tout en assurant que cette politique agricole « pragmatique » avait déjà produit des résultats encourageants, le représentant a souhaité rappeler la nécessité de renforcer la coopération internationale pour « mettre en place des systèmes agricoles durables et inclusifs afin d’éliminer la faim et les pires formes de malnutrition ».  Il a indiqué que, dans cette optique, le Togo entendait fonder ses efforts sur la Déclaration de Malabo de l’Union africaine sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique, ainsi que sur l’initiative « Faim zéro », lancée en 2012, par le Secrétaire général de l’ONU.

Pour M. NILUKA PRABHATH KADURUGAMUWA (Sri Lanka), il est impératif de parvenir à la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de promouvoir l’agriculture durable si l’on veut réaliser le développement durable tel que défini dans le Programme 2030.  Le délégué a indiqué, à cet égard, que son pays avait atteint l’Objectif du Millénaire pour le développement visant à réduire la faim de moitié sept ans avant la date butoir de 2015.  La Sri Lanka, a-t-il ajouté, s’efforcera de concrétiser l’objectif 2 du développement durable, destiné notamment à éliminer la faim, à travers sa politique agricole nationale, laquelle repose sur le développement de la sécurité alimentaire, un environnement durable et de nouvelles opportunités économiques.

Le représentant a fait valoir le savoir-faire historique de son pays dans le domaine agricole, en particulier dans la gestion des ressources en eau et l’irrigation des cultures.  Il a rappelé que le secteur agricole constituait le socle de l’économie nationale, contribuant à hauteur de 11% au PIB et employant 30% de la population active.  Il a enfin souligné que la Sri Lanka avait réussi à devenir autosuffisante en riz en mettant en place des programmes de soutien à la production, tout en maintenant un prix minimum pour les exploitants de rizières.      

M. TAKDIR (Indonésie) a souligné l’urgence de réaliser les objectifs 1 et 2 de développement durable du Programme 2030 en reconnaissant qu’au-delà de la pauvreté et de la faim, d’autres facteurs sont à l’origine de l’insécurité alimentaire, notamment la pénurie de terres liée à l’augmentation de la population, l’accès aux sources de financement, la technologie, la distribution inégale de la production alimentaire, les changements climatiques et la distorsion des échanges internationaux.  Il a, de plus, jugé « vital » d’accroître les investissements publics et privés pour une agriculture durable, surtout si cela peut bénéficier à de petites exploitations et aider à assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et réduire les inégalités.

Sur le plan national, le représentant a indiqué que le Gouvernement indonésien avait fait de la sécurité alimentaire une priorité afin d’assurer une disponibilité en aliments et préserver la souveraineté de l’archipel en la matière.  Il a ajouté que, dans le cadre de son plan de développement national pour la période 2015-2019, il s’employait à développer la production durable des principales cultures ainsi que la production animale, stabiliser les prix des denrées, augmenter la qualité des aliments et soutenir les producteurs vulnérables, qu’il s’agisse d’exploitants agricoles, de pêcheurs ou de pisciculteurs.

De l’avis de M. VITALII BILAN (Ukraine), la complexité et la diversité des causes de la faim rendent nécessaire une participation de toutes les parties prenantes à la lutte pour son éradication.  À cet égard, a-t-il dit, l’Ukraine salue les initiatives de l’ONU visant à réduire de moitié ce fléau et appelle à une intensification de la coopération entre toutes les institutions du système des Nations Unies, en particulier l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), et les institutions financières mondiales.  L’Ukraine soutient également le processus de réforme du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), en souhaitant le voir se transformer en une plateforme mondiale pour les partenariats.

Évoquant la période difficile que traverse aujourd’hui son pays, le délégué ukrainien a exprimé sa reconnaissance à la communauté et aux organisations internationales pour leur appui et leur assistance.  Il a notamment souligné le travail considérable qu’effectuent la FAO et le PAM pour aider le Gouvernement ukrainien à répondre à la situation humanitaire dans le pays, en particulier dans les régions touchées par le conflit en cours.  En dépit de ces difficultés, a-t-il poursuivi, le pays reste un acteur de premier plan sur le marché alimentaire international et s’emploie à intégrer dans sa législation les critères requis par l’Union européenne, en particulier en matière de qualité et de sécurité alimentaires.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a indiqué que son gouvernement venait de lancer un programme national intitulé « alimentation saine, Mongoliens sains », tout comme d’autres programmes sur « la production nationale » et la « première campagne sur la production de la viande et du lait ».  Il a expliqué que le but de ces divers programmes était de renforcer la compétitivité de la production alimentaire nationale et créer des opportunités d’exportations tout en offrant des aliments sains aux populations.  Le Gouvernement attache beaucoup d’importance à la création d’un cadre juridique pour la promotion d’une agriculture organique, appelant ainsi à prendre des mesures fiscales plus souples et à engager des investissements. 

Le représentant s’est ensuite félicité de la campagne lancée par le Gouvernement, qui avait permis au pays d’assurer son autosuffisance en matière de production de céréalière.  Un plan d’action entend également permettre d’améliorer la qualité de la nourriture consommée, à travers notamment l’établissement d’un système de préparation, de conservation, de stockage et de transport d’aliments.  Les autorités estiment en outre que la mise sur pied d’un système électronique d’enregistrement et d’information alimentaire est crucial en vue d’assurer la sécurité alimentaire dans le pays.

M. AKINREMI A. BOLAJI (Nigéria) a indiqué que bien que la crise économique soit mondiale, les pays africains sont les plus touchés.  Il a demandé un appui régional et international afin de renforcer la production et l’instauration de pratiques agricoles durables dans les pays en développement.  Il a salué le « Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine » du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Il a aussi dit que son pays soutenait l’initiative « Faim zéro », lancée par le Secrétaire général de l’ONU en 2012. 

Le représentant a déclaré que son gouvernement avait adopté une politique nationale visant à promouvoir l’agriculture, en axant les efforts sur la sécurité alimentaire dans le pays.  Les points importants de cette politique sont de promouvoir une plus grande productivité agricole sur le plan national, afin de diminuer les importations de vivres et, ensuite, d’assurer que les exportations de vivres du pays soient de qualité supérieure.  Il a expliqué que son gouvernement octroyait des prêts spéciaux aux diplômés de l’enseignement supérieur qui veulent s’engager dans l’agriculture.  Conscientes de l’importance de l’agriculture pour le développement du pays, les autorités nigérianes, a indiqué M. Bolaji, insistent sur le renforcement des investissements dans ce secteur.

M. RAKHMETOV (Kazakhstan) a déclaré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 sera transformateur pour l’époque contemporaine.  La sécurité alimentaire, a-t-il ajouté, reste un des problèmes mondiaux les plus graves, qui exige une action internationale.  Le Kazakhstan, qui est un gros producteur de céréales, a choisi d’étendre ses exportations de produits agricoles.  Il est également le principal donateur humanitaire de la région d’Asie centrale, a indiqué son représentant.  Estimant que les structures internationales telles que la FAO n’étaient pas capables de relever le défi de la sécurité alimentaire dans certaines régions du monde, le représentant a jugé nécessaire de créer des structures internationales spéciales pour coordonner les actions au niveau régional.  L’Organisation de coopération islamique (OCI), qui réunit 57 pays d’Asie et d’Afrique, en est un bon exemple, a-t-il dit.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a noté que le rapport du Secrétaire général constituait un « rappel brutal » de l’ampleur des défis restant à accomplir en vue d’éradiquer la faim, améliorer la nutrition et parvenir à la sécurité alimentaire d’ici à 2030.  Constatant que près de 800 millions de personnes étaient encore sous-alimentées dans le monde, il a souligné qu’il était nécessaire de s’acquitter de l’« engagement politique et sociétal » préconisé par la Secrétaire général pour lutter contre la malnutrition et réaliser l’objectif 2 de développement durable.  À cet égard, l’Observateur permanent a rappelé qu’en juin 2016, lors d’une intervention devant le Programme alimentaire mondial à Rome, le pape François avait mis en garde contre le danger consistant à réduire la faim et la pauvreté à de simples statistiques et à accroître l’immunité aux tragédies vécues par d’autres.

L’Observateur permanent du Saint-Siège a également cité l’appel, lancé en novembre 2015, par le souverain pontife en faveur d’une « débureaucratisation » de la faim, relevant le paradoxe selon lequel tous les êtres humains ne peuvent manger à leur faim alors que nous disposons de suffisamment de nourriture pour nourrir l’ensemble de la population mondiale.  Le pape François, a-t-il ajouté, avait également dénoncé le fait qu’« à l’inverse du commerce des armes », les différentes formes d’aide et les projets de développement soient entravés par des décisions politiques, idéologiques et commerciales.

Au nom de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme CARLA MUCAVI a déclaré que « la façon dont nous produisons, distribuons et consommons la nourriture sera lourde de conséquences sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Elle a, pour cette raison, appelé à raviver le secteur agricole, investir dans le développement rural et garantir la sécurité alimentaire de manière soutenue, notamment dans les pays en développement.  « Nous n’atteindrons nos objectifs [de développement durable] que si nous touchons les plus vulnérables en priorité, par le biais d’une approche privilégiant les droits de l'homme », a-t-elle précisé, en déclarant qu’un fort volontarisme politique et la participation de tous les acteurs concernés, y compris la société civile et le secteur privé, étaient nécessaires pour y parvenir. 

La représentante a appelé à combiner une approche humanitaire et de développement en investissant dans l’agriculture durable pour faire face aux crises prolongées et promouvoir la résilience des populations.  L’agriculture durable, a-t-elle souligné, permet non seulement de sortir les agriculteurs et leurs familles de la pauvreté, mais aussi de mieux nourrir la population mondiale en pleine croissance.  La représentante a également appelé à développer des pratiques agricoles adaptées aux changements climatiques, y compris en diversifiant les produits et en minimisant les pertes durant leur stockage et leur transport.

PRÉSENTATION DES PROJETS DE RÉSOLUTION

La représentante de la Thaïlande, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a présenté 13 projets de résolution relatifs au développement durable et dont l’examen interviendra ultérieurement.

* Marée noire sur les côtes libanaises (A/C.2/71/L.2).

* Lutte contre les tempêtes de sable et de poussière (A/C.2/71/L.4).

* Mise en œuvre d’Action 21, du Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21 et des textes issus du Sommet mondial pour le développement durable et de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (A/C.2/71/L.19).

* Vers le développement durable de la mer des Caraïbes pour les générations présentes et à venir (A/C.2/71/L.6).

* Suivi et application des modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) et de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement (A/C.2/71/L.14).

* Réduction des risques de catastrophe (A/C.2/71/L.9).

* Stratégie mondiale visant à remédier aux effets du phénomène El Niño (A/C.2/71/L.13).

* Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures (A/C.2/71/L.17).

* Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique (A/C.2/71/L.10).

* Application de la Convention sur la diversité biologique et contribution au développement durable (A/C.2/71/L.7).

* Rapport de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (A/C.2/71/L.5).

* Harmonie avec la nature (A/C.2/71/L.8).  

* Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable (A/C.2/71/L.11).

Le représentant du Tadjikistan a, pour sa part, présenté un texte, coparrainé par plus de 150 États Membres, et intitulé « Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau pour le développement durable « (2018-2028) » (A/C.2/71/L.12).   

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