Soixante et onzième session,
4e séance – matin
AG/DSI/3547

Première Commission: la France et le Royaume-Uni présentent leurs priorités en matière de désarmement et de non-prolifération

Des délégations d’Amérique latine rappellent la nécessité de lutter contre les armes légères pour réaliser le développement

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi, ce matin, son débat général en entendant deux États dotés d’armes nucléaires expliquer leur doctrine de défense dans un contexte sécuritaire chargé de nouveaux défis.

Des États d’Amérique latine ont pour leur part appelé au renforcement des différents mécanismes onusiens de lutte contre les armes légères et de petit calibre (ALPC), les mines et les munitions non explosées.

La représentante de la France, Mme Alice Guitton, a indiqué que son pays prônait une approche cohérente et globale des enjeux de non-prolifération et de désarmement et réaffirmait sa confiance dans le régime de sanctions de l’ONU.  « Les sanctions sont un moyen incontournable pour, par exemple, atteindre l’objectif commun de dénucléarisation de la Péninsule coréenne », a-t-elle affirmé.  Sur l’accélération du programme balistique iranien et le manque de transparence des autorités syriennes sur leur programme chimique, Mme Guitton a affirmé que ces questions demeuraient un sujet de vive inquiétude pour la France.  Dans ce contexte, la représentante a appelé à une mobilisation forte « de nos institutions, en particulier l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ». 

De manière générale, Mme Guitton a rappelé les priorités qui guideront l’engagement de la France dans les débats de la Première Commission: ancrer les efforts dans le monde réel, consolider les régimes de droits existants en poursuivant des progrès tangibles, et renouer avec des pratiques multilatérales efficaces, « laissant toute leur place au dialogue et à la recherche du consensus ».

Sur ce dernier point, le représentant du Royaume-Uni, M. Matthew Rowland, a affirmé qu’en tant qu’État également doté de l’arme nucléaire « responsable », son pays s’attachait à renforcer la confiance entre États dotés et États non dotés « afin de parvenir à un monde plus stable ».  Il a par ailleurs réaffirmé l’engagement de son pays à contribuer à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires par la pleine application du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

M. Rowland a en outre fait savoir que, cette année, son pays avait investi 10 millions de livres sterling pour améliorer les normes de sécurité des centrales nucléaires partout dans le monde. 

Il a en outre qualifié de central le rôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans l’amélioration de l’architecture internationale de la sûreté nucléaire. 

Selon lui, « la nature changeante de l’environnement sécuritaire mondial, marqué notamment par l’imprévisibilité des agissements d’acteurs non étatiques mal intentionnés et l’impact des nouvelles technologies », nécessite que « les États les plus puissants » tiennent un rôle de leadership pour adapter le « système international » aux nouveaux défis mondiaux. 

Par ailleurs, des États d’Amérique latine et des Caraïbes ont rappelé avec insistance combien la présence persistante et la circulation illicite d’armes légères et de petit calibre (ALPC), de mines et de restes de guerre non explosés continuaient de saper leur développement socioéconomique.

Le représentant du Guatemala, M. Jorger Skinner-Klee, a par exemple salué la portée du Traité sur le commerce des armes, « le premier instrument juridiquement contraignant qui pourrait contribuer à réduire le coût humain de la prolifération des armes au niveau régional ».  Il a néanmoins déploré le fait que certains pays, en refusant d’inclure sans ambiguïté la question des munitions à l’ordre du jour du Programme d’action des Nations Unies, « ne permettaient pas d’avancées majeures dans la lutte contre les ALPC ».

De son côté, M. Khiane Phansourivong, le représentant de la République démocratique populaire lao, a souligné les dangers que représentent les munitions non explosées, véritables « obstacles au développement durable ».  « Le conflit qui nous a déchirés s’est achevé il y a quatre décennies, et pourtant la présence sur le territoire de restes de guerre non-explosés est toujours une menace à la sécurité », a-t-il affirmé.  Il a remercié les États-Unis de leur engagement à verser 90 millions de dollars pour aider les autorités de son pays à nettoyer les zones encore contaminées.

La Norvège a elle aussi mis en exergue certaines actions d’assistance qu’elle mène sur le terrain.  Son représentant, M. Geir Pedersen, a ainsi rappelé que son pays finançait des initiatives humanitaires antimine dans une vingtaine de pays touchés par ce « fléau ».  Il a précisé que son pays, en coopération avec les États-Unis, conduisait un ambitieux programme de déminage destiné à libérer la Colombie des effets dévastateurs des mines et des restes de guerre non explosés.

La Première Commission poursuivra son débat sur tous les points à son ordre du jour demain, jeudi 6 octobre, à 10 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. ABDALLAH AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déploré que le Moyen-Orient continue d’être la seule région du monde où l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires se heurte à autant de problèmes.  Selon lui, le principal obstacle à la réalisation d’un projet datant de 1995 et soutenu par la majorité des États Membres de l’Assemblée générale, est le refus d’Israël de consentir le moindre effort.  Le représentant a noté que cette situation sapait la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et encourageait d’autres pays de la région à s’engager dans une course périlleuse aux armements.  Dans ce contexte, a-t-il dit, l’Arabie saoudite réaffirme le droit des États de la région à une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a par ailleurs salué la contribution de la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité à la prévention de l’acquisition d’armes de destruction massive par des organisations terroristes.  Le représentant a en outre salué la portée du Document final de la Sixième Réunion biennale des États sur le Programme d’action de l’ONU sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), qui propose des avancées en vue de l’intégration des munitions dans les recommandations du Programme.  En conclusion, il a affirmé que l’Arabie saoudite soutiendrait toutes les initiatives destinées à garantir une utilisation à des fins pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.

Mme SABRINA DALLAFIOR (Suisse) a condamné les deux essais nucléaires et les tests de missiles balistiques effectués par la République populaire démocratique de Corée et exhorté cet État à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et à intégrer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  La Suisse souligne la nécessité d’avancer le plus rapidement possible vers un monde exempt d’armes nucléaires à travers la pleine réalisation des dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-elle dit.  S’agissant du Groupe de travail à composition limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire, la représentante a rappelé que si son pays s’était abstenu sur le rapport du Groupe, il partageait néanmoins un grand nombre d’éléments figurant dans ce document.  La Suisse regrette que l’arme nucléaire soit la seule arme de destruction massive non prohibée et considère que plusieurs voies prometteuses existent afin de combler cette lacune juridique. La représentante a affirmé que la portée et l’efficacité de tout nouvel instrument seront d’autant plus grandes qu’il sera soutenu par le plus grand nombre, et notamment des États incluant l’arme nucléaire dans leur concept de sécurité.  Au sujet des armes chimiques, la Suisse note que de multiples rapports font état de l’emploi de gaz chlorés en Syrie, a-t-elle poursuivi, indiquant que son pays condamne l’emploi de ce type d’armes en Syrie, par tout acteur, en tout temps et en toutes circonstances.  La représentante a par ailleurs évoqué la Convention sur les armes biologiques, souhaitant que le renforcement du processus intersession de la convention reçoive une attention particulière lors de la Conférence d’examen du texte qui doit se tenir sous peu.  La Suisse souhaite par ailleurs souligner les défis posés par la rapidité des avancées technologique robotiques, nanotechnologiques et 3D, a indiqué la représentante, précisant que certaines applications militaires de ces avancées sont de nature à poser des problèmes en matière de droit humanitaire.  En conclusion, elle a salué le fait que la Convention sur certaines armes classiques se soit résolument saisie de la thématique des systèmes d’armes létaux autonomes.

M. MATTHEW ROWLAND (Royaume-Uni) a souligné la nature changeante de l’environnement sécuritaire mondial, marqué notamment par l’imprévisibilité des agissements d’acteurs non étatiques mal intentionnés et l’impact des nouvelles technologies.  Pour lui, les États les plus puissants ont un rôle de leadership à jouer pour adapter le « système international » aux nouveaux défis.  Il a salué à cet égard les avancées réalisées ces dernières années dans le cadre des Conventions de Genève et celle sur le droit de la mer, qui ont été enrichies de nouvelles normes.  Il a également noté avec satisfaction la conclusion de l’accord sur le nucléaire iranien et le Plan d’action conjoint qui en a découlé en vue de s’assurer du respect, par l’Iran, de ses engagements en matière d’utilisation pacifique de l’énergie atomique.  Le représentant a ajouté que son pays avait toujours été en pointe dans la lutte contre la prolifération d’armes de destruction massive et qu’il continuerait, au Conseil de sécurité, à exercer la pression nécessaire afin que la Syrie respecte pleinement ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques.  Il a par ailleurs condamné les essais nucléaires effectués par la République populaire démocratique de Corée en 2016.  M. Rowland a indiqué que cette année son pays avait investi 10 millions de livres sterling pour améliorer les normes de sécurité des centrales nucléaires partout dans le monde et qu’il appuyait le rôle central de l’AIEA dans l’amélioration de l’architecture internationale de la sureté nucléaire.  Le représentant a ensuite affirmé qu’en tant qu’État doté de l’armée nucléaire « responsable », le Royaume-Uni s’attachait à renforcer la confiance entre États dotés et États non dotés, afin de parvenir à un monde plus stable.  Il a également réaffirmé l’engagement de son pays à contribuer à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires par l’intermédiaire d’une pleine application du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  « Nous poursuivrons nos efforts en faveur de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, de l’élaboration d’un traité d’interdiction de production des matières fissiles à des fins militaires et pour empêcher une course aux armements dans l’espace », a-t-il dit en conclusion.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé que si les États dotés de l’arme nucléaire devaient assumer le plus gros des responsabilités du désarmement nucléaire, les États qui n’en sont pas dotés devaient rester engagés aussi.  Il a appuyé la recommandation de convoquer une conférence en 2017, sous les auspices de l’Assemblée générale, pour négocier un traité sur l’interdiction des armes nucléaires, estimant qu’une telle convention devrait s’accompagner de mesures relatives à leur élimination.  Il a par ailleurs exhorté les États parties au TNP à assurer le succès de la prochaine conférence d’examen, affirmant que la répétition de ce qui s’est passé en 2015 serait inacceptable.  Le délégué a ensuite condamné le récent essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée et appelé à l’entrée en vigueur du TICE.  Les tentatives visant à imposer des obligations supplémentaires aux pays qui ont déjà ratifié ce Traité, tout en tolérant le statu quo ne peuvent que rendre plus difficile encore son entrée en vigueur, a-t-il estimé.  À cet égard, il a jugé que la résolution 2310 (2016) du Conseil était contreproductive.  Le délégué a par ailleurs appelé de ses vœux la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a également plaidé pour la poursuite d’une coopération étroite pour régler les questions en suspens relatives à l’arsenal d’armes chimiques syrien, lequel aurait été largement démantelé mais peut-être pas entièrement détruit, comme en témoignent certains récents incidents impliquant leur utilisation.  Enfin, le représentant du Brésil a estimé que l’Assemblée générale a la capacité et la légitimité pour faire avancer le programme de désarmement nucléaire.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a affirmé que l’existence d’armes de destruction massive, notamment les armes nucléaires, restait un danger pour la paix, la sécurité et la stabilité au plan international.  Elle a rappelé que son pays soutenait les efforts menés en faveur de la non-prolifération et du désarmement général et complet, en établissant comme plus haute priorité la question des armes de destruction massive.  Le Viet Nam salue l’issue des travaux du Groupe de travail à composition non-limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.  Le Viet Nam soutient par ailleurs toutes les délibérations sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires qui permettent de promouvoir l’objectif du désarmement nucléaire. La représentante a souligné l’importance d’établir des zones exemptes d’armes nucléaires comme celle mise en place en Asie du Sud-Est à laquelle le Viet Nam appartient.  S’agissant des armes classiques, le Viet Nam rappelle le droit légitime des États à produire, vendre et conserver des armes conventionnelles pour leur propre défense.  La représentante a par ailleurs salué les discussions menées au cours de la Sixième Réunion biennale du Programme d’Action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, et notamment l’action à mener pour que de telles armes ne tombent pas entre les mains des terroristes.   

M. MWABA P. KASESE-BOTA (Zambie) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’un désarmement complet et d’un monde exempt d’armes nucléaires.  C’est pour cette raison qu’il s’est inquiété de l’absence d’instrument juridiquement contraignant pour interdire les armes nucléaires.  La Zambie, a-t-il insisté, est convaincue qu’un traité international constitue le seul moyen de garantir le non-recours à ces armes, qui n’ont aucune « légitimité sur le plan militaire » aujourd’hui et ne prennent pas en compte les menaces sécuritaires telles que le terrorisme, les changements climatiques, la pauvreté extrême, la surpopulation et les maladies.  Après avoir rappelé que tous les pays d’Afrique sont parties à la zone régionale exempte d’armes nucléaires établie sur le continent, le représentant a assuré que son Gouvernement restait déterminé dans ses efforts à éliminer les armes légères et de petit calibre, ce dont témoigne la ratification, le 20 mai dernier, du Traité sur le commerce des armes, suivie de mesures pour mettre en œuvre les dispositions de cet instrument.  Parmi elles, M. Kasese-Bota a cité une législation conforme, ainsi qu’un renforcement des capacités et de la coopération interagences.

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a insisté sur l’efficacité des zones exemptes d’armes nucléaires pour renforcer le régime multilatéral de désarmement et de non-prolifération.  Il a salué à cet égard le fait que le traité ayant porté création d’une telle zone en Asie du Sud-Est soit désormais pleinement effectif, les États dotés de l’arme nucléaire devant maintenant adhérer à ses protocoles.  Il a ajouté que son pays, qui a signé le protocole pertinent, appuyait pleinement le rôle incontournable de l’AIEA en matière de non-prolifération et de promotion des usages pacifiques de l’énergie nucléaire.  Le représentant a d’autre part attiré l’attention sur les dangers que continuent de poser au plan régional les munitions non explosées, qu’il a qualifiées d’obstacles au développement socioéconomique.  Le conflit qui nous a déchirés s’est achevé il y a quatre décennies, et pourtant la présence sur le territoire de restes de guerre non explosés constitue toujours une menace à la sécurité et un poste de dépenses important pour s’en débarrasser, a-t-il signalé.  Il a remercié les États-Unis de leur engagement à verser 90 millions de dollars par an au cours des trois prochaines années pour aider les autorités de son pays à nettoyer les zones encore contaminées.  En conclusion, il a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à la Convention sur les armes à sous-munitions en vue de parvenir à un monde libéré « de ces arsenaux barbares ».

Mme ALICE GUITTON (France) a prôné une approche cohérente et globale des enjeux de non-prolifération et de désarmement.  Pour la France, a-t-elle indiqué, il est indispensable de pouvoir répondre de manière ferme, en particulier par des sanctions de l’ONU.  À son avis, même si ces dernières ne constituaient pas une fin en soi, elles étaient néanmoins un moyen incontournable pour, par exemple, atteindre l’objectif commun de dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Sur l’Iran, elle a indiqué que la communauté internationale continuerait à encadrer de près le programme nucléaire iranien dans le long terme, affirmant que l’accélération du programme balistique de l’Iran demeurait un sujet de vive inquiétude pour la France.  Concernant la crise syrienne, la représentante a notamment souligné que rien ne pouvait justifier l’emploi d’armes chimiques par définition « inhumaines ».  « Les conclusions du rapport du Mécanisme conjoint d’enquête sont alarmantes, qui indiquent que sur les neuf cas étudiés, deux sont imputables de manière certaine aux autorités syriennes et un troisième à Daech », a-t-elle dit.  Dans ce contexte, Mme Guitton a appelé à une mobilisation forte « de nos institutions, en particulier l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ».  La représentante a par ailleurs fait savoir que la France et l’Allemagne présenteraient cette année un projet de résolution sur la prévention de l’acquisition de sources radioactives par des terroristes.  S’agissant du cycle d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), elle a assuré que la France comptait approfondir, en 2017, la collaboration entre États dotés et non dotés de l’arme nucléaire, les attentes de ces derniers devant être entendues.  Mme Guitton a conclu en rappelant les priorités qui guideront l’engagement de la France dans les débats de la Première Commission: ancrer les efforts dans le monde réel; consolider les régimes de droits existants en ciblant des progrès tangibles et pragmatiques; et renouer avec des pratiques multilatérales efficaces, laissant toute leur place au dialogue et à la recherche du consensus.

M. VINICIO MATI (Italie) a appelé les pays qui n’ont pas encore adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en tant qu’États non nucléaires à le faire dans les plus brefs délais.  Tous les États parties au Traité doivent mettre en œuvre les dispositions et les engagements convenus lors des conférences d’examen, sans délais et de manière équilibrée, a précisé le représentant.  Il a souligné que des actions pratiques et efficaces dans le cadre d’une approche progressive du désarmement nucléaire devaient être prises, en accord avec l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Il convient de faire de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires une priorité, a-t-il ajouté, saluant par ailleurs la résolution 2310 du Conseil de sécurité en ce sens.  L’Italie appelle tous les États, en particulier ceux dont la signature est nécessaire à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, à signer et -ou- ratifier le texte dans les plus brefs délais et sans conditions.  Le représentant a vivement condamné les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée et ses tests de missiles antibalistiques, qui représentent des violations claires des résolutions du Conseil de sécurité, et une menace sérieuse à la paix régionale et internationale.  L’Italie condamne en outre l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, confirmée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  La République arabe syrienne doit respecter ses obligations au titre de la Convention d’interdiction des armes chimiques et des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il affirmé.  Au sujet des armes classiques, l’Italie salue les décisions prises lors de la seconde Conférence d’examen des États parties au Traité sur le commerce des armes, et rappelle toute l’importance de la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, a poursuivi le représentant.  

Enfin, il a rappelé que son pays avait soutenu dès le départ l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité relative aux femmes, à la paix et à la sécurité.

M. SHEIKH AHMED MOHAMED AL-THANI (Qatar) a appuyé la poursuite de l’ensemble des objectifs des Nations Unies pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, les risques nucléaires représentant encore une menace à la paix et à la sécurité internationale en raison du placement de nombreuses ogives et missiles en état d’alerte.  Il a salué les efforts pour réduire les arsenaux nucléaires russes et américains, mais déploré le retard pris dans l’élimination irréversible des armes nucléaires au titre de l’Article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a de nouveau plaidé pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, en assurant que son pays restait disposé à coopérer dans le cadre de toutes les initiatives visant l’éradication des armes de destruction massive au plan régional et international.  Il a ajouté que son pays organisait chaque année un nombre considérable d’événements pour mobiliser tant les États que la société civile à la nécessité de lutter contre la présence et la prolifération de ces armes, évoquant notamment le financement d’ateliers sur la mise en œuvre la plus efficace possible de la résolution 1540 du Conseil de sécurité et des manifestations coorganisées avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  Enfin, il a souhaité la relance sans délais des travaux de la Conférence du désarmement à Genève, pour que démarrent en particulier des négociations sur un traité interdisant la production des matières fissiles à des fins militaires et pour qu’y soient réalisés des progrès significatifs en matière de prévention de la course aux armements dans l’espace.

Mme MAYA DAGHER (Liban) a rappelé que les armes nucléaires étaient les seules armes de destruction massive non prohibées.  Le Liban soutient l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant, inconditionnel et universel sur la non-prolifération et le désarmement, a précisé la représentante, regrettant que la dernière Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’ait pas permis de parvenir à un document final consensuel, en particulier pour la mise en œuvre de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient.  À cet égard, le Liban appelle à la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive dans cette région, a-t-elle indiqué, rappelant qu’Israël était non seulement un État qui n’est pas partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, mais qu’il menace aussi la paix et la sécurité de la région en continuant d’accumuler des armes nucléaires et en refusant de placer ses dispositifs nucléaires sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Au sujet des armes classiques, le Liban estime que l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes est une avancée majeure, et qu’une mise en œuvre robuste et universelle de ce texte est nécessaire, a conclu la représentante.

M. EYAL PROPPER (Israël) a estimé que le contrôle des armes et les processus de désarmement étaient inséparables du contexte dans lequel ils sont conduits.  Toute initiative régionale doit être profondément ancrée dans les réalités politiques régionales et porter sur tous les aspects sécuritaires, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite attiré l’attention sur le développement en cours du programme de missiles balistiques de l’Iran, qui accroît les tensions dans la région et doit être résolument condamné par la communauté internationale.  Il a aussi fustigé le soutien de l’Iran à « des activités subversives à travers toute la région », ces activités consistant à livrer des armes et à financer la formation militaire.  Ces activités sont contraires à nombre d’objectifs de résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il précisé.  M. Propper a également insisté sur la nécessité de garantir que la Syrie n’utilisera plus d’armes chimiques, la norme juridique contre l’utilisation d’armes de ce type instaurée par le Conseil de sécurité étant, à son avis, en train de s’éroder.  Le représentant israélien a par ailleurs estimé que les pays de la région, « une région affectée par l’effondrement de nombreux États, des conflits interminables, les pires souffrances humaines et l’influence croissante des organisations terroristes », devaient s’engager de bonne foi dans une réflexion commune autour d’un nouveau paradigme sécuritaire au Moyen-Orient.

M. ŽELJKO VUKOBRATOVIC (Bosnie-Herzégovine) a affirmé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires restait la pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Mon pays souhaite l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-il poursuivi.  Le représentant a rappelé que le trafic illicite d’armes classiques attisait les conflits et estimé qu’il fallait un commerce transparent dans le domaine des armes classiques.  Le Traité sur le commerce des armes a été ratifié par notre pays, et il faut encourager son universalisation et sa mise en œuvre, a souligné le représentant.  En tant qu’État dans une situation postconflit, la Bosnie-Herzégovine a établi un comité national de coordination pour assurer le contrôle des armes légères et de petit calibre dans le pays, en conformité avec les dispositions du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, a indiqué le représentant.  En conclusion, il a affirmé que son pays relevait le défi du trafic illicite des armes légères et de petit calibre en renforçant ses structures judiciaires et policières et en coopérant avec les organisations régionales, mondiales et non gouvernementales pertinentes. 

M. JORGER SKINNER-KLEE (Guatemala) a notamment assuré que la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre était une priorité de son gouvernement, leur impact sur le développement socioéconomique et le bien-être du peuple du Guatemala restant « immense ».  Il a également salué la portée du Traité sur le commerce des armes, le premier instrument juridiquement contraignant qui, pleinement appliqué, pourrait contribuer à réduire le coût humain de la prolifération des armes au niveau régional.  Il a appelé à l’universalisation du Traité et les États parties, y compris les pays fabricants et exportateurs d’armes, à le mettre en œuvre de façon équilibrée et dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies.  L’accent doit être mis sur la lutte contre le trafic illicite, a-t-il ajouté, indiquant que le Guatemala regrettait que certains pays, en refusant d’inclure de nouvelles questions, comme celle des munitions, ne permettaient pas d’avancées majeures dans la mise en œuvre du Programme d’action de l’ONU sur les armes légères et de petit calibre.  En conclusion, il a rappelé l’importance de respecter le droit humanitaire en période de conflit, comme le stipulent les conventions sur les armes à sous-munitions et sur les armes inhumaines.  Ces conventions doivent être universelles et leurs processus de suivi et de vérification financés de manière adéquate, a-t-il demandé. 

M. RAFAEL DARIO RAMIREZ CARRENO (Venezuela) a réaffirmé que les progrès en matière de désarmement restaient une priorité de son pays, qui souhaite qu’un instrument interdisant les armes nucléaires puisse être adopté en 2018.  Pour atteindre un monde exempt d’armes nucléaires, il faut adopter un certain nombre de mesures, par exemple un instrument international par lequel les États dotés puissent donner des garanties de ne jamais utiliser ou menacer d’utiliser des armes nucléaires, ou encore l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a affirmé le représentant.  Il a par ailleurs appelé à l’entrée en vigueur d’un traité d’interdiction des matières fissiles. Mon pays salue les discussions en vue de la Quatrième Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement, a-t-il poursuivi, soulignant la nécessité de renforcer les normes et les instituions pour favoriser la résolution pacifique des différends internationaux.  Le Venezuela condamne par ailleurs l’utilisation d’armes chimiques ou biologiques et se félicite de la tenue de la prochaine Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques, a indiqué le représentant, condamnant par ailleurs le transfert des armes légères et de petit calibre vers certaines puissances en vue de déstabiliser des gouvernements de par le monde. En conclusion, il a estimé prévisible l’utilisation de drones et de nanotechnologies par des acteurs non étatiques, et que des mesures de contrôle devaient être prises à cet effet.

M. AHMED SAREER (Maldives) a condamné les essais nucléaires, soulignant qu’il fallait redoubler d’efforts pour y mettre fin, ainsi qu’à la prolifération nucléaire.  A la suite d’autres intervenants, il a plaidé pour l’élimination de tous les stocks d’armes nucléaires, exigeant des Etats qui poursuivent le développement de l’énergie nucléaire de se plier aux dispositions pertinentes du droit international.  Notant que tous les signataires du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’avaient pas encore réduit leurs arsenaux, comme le demande pourtant cet instrument, il a prévenu des risques de voir de telles armes tomber entre les mains d’acteurs non étatiques, notamment des groupes terroristes.  S’il s’est félicité du vingtième anniversaire de l’adoption du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), entériné par le Conseil de sécurité par la résolution 2310 (2016), le représentant a toutefois relevé qu’il restait encore beaucoup à faire pour l’entrée en vigueur de cet instrument.  Il a en conclusion affirmé que son pays avait pris les mesures nécessaires pour prévenir le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre au sein de la population et avec d’autres pays.

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a estimé que, tôt ou tard, un cadre juridiquement contraignant sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires serait nécessaire.  Il a ajouté que l’élimination complète de ces arsenaux exigeait l’engagement de bonne foi de toutes les parties, en particulier les États dotés de l’armée nucléaire.  Il a également souligné que les régimes de vérification du désarmement général et complet contribuaient à renforcer la confiance entre États, la Norvège présentant de nouveau cette année une résolution sur la question, soutenue par un groupe de pays.  Le représentant a ensuite appelé à la mise en œuvre commune de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes de destruction massive, en vue notamment d’empêcher que des organisations terroristes ne mettent la main sur de tels armes et leurs vecteurs.  En conclusion, M. Pedersen a rappelé que son pays finançait des actions humanitaires antimines dans une vingtaine de pays touchés par ce « fléau », précisant à ce propos que la Norvège, en coopération avec les États-Unis, conduisait un programme de déminage destiné à libérer la Colombie des effets dévastateurs des mines et des restes de guerre non explosés.

Droits de réponse

La représentante de la Roumanie a rappelé que la position de son pays sur les missiles antibalistiques était de nature purement défensive, aucunement dirigée contre la Fédération de Russie. Des éléments sur la position de mon pays sont accessibles dans la Déclaration finale du sommet de l’OTAN à Varsovie qui s’est tenu cette année, a-t-elle dit. 

Le représentant de la République islamique d’Iran a réagi aux accusations portées par le représentant israélien.  L’Iran a le droit de mettre en place une capacité crédible de dissuasion et de défense, a-t-il indiqué.  Le programme de dissuasion balistique est mené dans le cadre du renforcement des capacités de défense face aux menaces sécuritaires, a-t-il poursuivi.  L’Iran tient à souligner que les efforts militaires sont purement défensifs face aux intimidations.  Il ne s’agit pas d’attaquer un pays, mais de pouvoir lancer des représailles si nous sommes attaqués, a-t-il précisé, rappelant qu’Israël avait menacé d’utiliser la bombe nucléaire contre l’Iran. 

Le représentant de la République arabe syrienne a rejeté le troisième rapport du Mécanisme conjoint d’enquête, qui ne donne aucune preuve matérielle d’utilisation d’armes chimiques ni ne cite aucun rapport médical.  Les témoignages sont uniquement oculaires et émanent de personnes qui accueillent des groupes terroristes armés, a-t-il affirmé.  Il a déploré que personne ne souhaite enquêter sur l’utilisation de groupes terroristes, financés par certains États, contre des militaires et des civils syriens.  Au représentant israélien, il a dit que c’était son pays qui avait amené le terrorisme au Moyen-Orient.  Sans l’appui influent de pays membres du Conseil de sécurité à Israël, a-t-il affirmé, ses programmes d’armement auraient été abandonnés depuis longtemps. 

Le représentant de la Libye a assuré que les armes chimiques présentes dans son pays était sous protection locale et internationale et que leur destruction était menée par une agence libyenne et l’OIAC. 

 

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