Soixante et onzième session,
58e & 59e séances plénières - matin & après-midi
AG/11871

Syrie: l’Assemblée générale adopte une résolution appelant à agir face à la situation humanitaire et enjoignant le Conseil de sécurité de s’acquitter de ses responsabilités

Devant l’aggravation dramatique de la situation humanitaire en Syrie, singulièrement dans la partie est de la ville d’Alep assiégée, et face à la paralysie dont fait preuve le Conseil de sécurité depuis le début du conflit en 2011, l’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, une résolution* appelant à l’arrêt de toute attaque contre des civils, à la cessation immédiate des hostilités ainsi qu’à un accès « rapide, sûr, ininterrompu et sans entraves » de l’aide humanitaire sur l’ensemble du territoire syrien.

Cette séance formelle de l’Assemblée générale, consacrée à la « prévention des conflits armés » mais entièrement centrée sur la situation en République arabe syrienne, avait été demandée par 73 des 193 États Membres.  La résolution d’inspiration canadienne soumise à cette occasion au vote des délégations a été adoptée par 122 voix pour, 13 voix contre et 36 abstentions.

L’opposition au texte s’est cristallisée autour de l’alinéa 5 du préambule, qui rappelle que « le mécontentement face aux restrictions imposées à l’exercice des droits civils, politiques, économiques et sociaux a conduit la population à manifester à Deraa en mars 2011 » et que « la répression excessive et violente des manifestations par les autorités syriennes, qui s’est plus tard traduite par des bombardements directs de zones civiles, a provoqué une escalade de la violence armée et des activités des groupes extrémistes, y compris l’autoproclamé État islamique d’Iraq et du Levant (Daech) ».  Des délégations, y compris celles qui ont dit oui, non ou abstention, ont émis des réserves sur cette manière d’épingler le seul Gouvernement syrien.

Outre l’appel à l’arrêt des hostilités et à l’accès humanitaire aux zones assiégées, le texte demande « l’application intégrale » de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, laquelle réaffirme que le seul moyen de régler durablement la crise syrienne est un processus politique ouvert, conduit par les Syriens, répondant aux aspirations du peuple syrien et mené dans la perspective de l’application des dispositions du Communiqué de Genève du 30 juin 2012.

Telle qu’oralement amendée, la résolution souligne aussi que « les auteurs de crimes au regard du droit international, « dont certains sont susceptibles de constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité », commis en République arabe syrienne depuis mars 2011, en soient tenus responsables, « par le biais d’enquêtes et de poursuites indépendantes et impartiales à l’échelle nationale ou internationale ».

Enfin, elle exhorte le Conseil de sécurité à s’acquitter de sa responsabilité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales en prenant des « mesures supplémentaires » pour régler la crise en République arabe syrienne.

À l’origine de ce texte, le Canada a fait valoir que cette crise est devenue « la honte de notre temps » mais qu’il ne tient qu’à la communauté internationale de la résoudre.  Donnant raison à l’Envoyé spécial de l’ONU, M. Staffan de Mistura, qui a dit que « la logique militaire a pris le dessus sur les préoccupations humanitaires », le représentant canadien a admis que la résolution n’était qu’« une étape ».  Par ce « cri du cœur », il s’agit, a-t-il affirmé, de « mobiliser le monde pour qu’il parle clairement et d’une seule voix et dise que la vie humaine compte, que la vie des Syriens compte ».  

Favorable à cette initiative, la France a appelé la communauté internationale à s’unir pour exiger l’évacuation des civils de l’est d’Alep et éviter ainsi un massacre dont la République arabe syrienne « porterait l’entière responsabilité ».  Une position partagée par les États-Unis, qui ont estimé que la résolution est une façon de dire qu’il faut mettre fin à ce « carnage » et que le « régime syrien » et son allié russe doivent désormais se conformer à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.

En réponse à cette mise en garde, le représentant de la Fédération de Russie a dénoncé la volonté de certains acteurs régionaux et internationaux de « changer le pouvoir à Damas » et de « redessiner la carte » de la région.  Il a également jugé que si le Conseil de sécurité n’est pas encore parvenu à un consensus sur un texte, c’est uniquement parce que les documents soumis n’étaient « pas bien préparés » ou exprimaient « des motifs cachés ».

Après avoir déposé une motion d’ordre pour dénoncer l’utilisation du terme « régime syrien » dans le libellé de l’alinéa 17 du préambule de la résolution, le représentant de la Syrie a estimé que l’initiative canadienne constitue une violation de l’Article 12 de la Charte de l’ONU qui établit que lorsque le Conseil de sécurité est saisi d’une situation, l’Assemblée générale doit s’abstenir de faire des recommandations, à moins que le Conseil ne le lui demande expressément. 

Il a par ailleurs rappelé que le Canada avait récemment voté contre une résolution sur le Golan arabe syrien, démontrant ainsi ses « intentions douteuses », et qu’il participait, aux côtés notamment des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni, à une coalition internationale qui bombarde des hôpitaux, tuant des centaines de civils « au lieu de s’en prendre aux terroristes », comme Daech.

Également hostile à la résolution, la Chine a rappelé que le Conseil de sécurité restait saisi de la question syrienne, faisant valoir que le rôle de l’ONU devait être « constructif », toute « politisation » de la situation risquant d’exacerber les difficultés.  Rien n’illustre la paralysie politique plus cruellement que « l’exercice répété du droit de veto sur des résolutions modérées qui n’ont pour objectif principal que d’atténuer les souffrances de la population civile dans le pays », a tranché le Liechtenstein qui a, en conséquence, jugé impératif que l’Assemblée générale prenne les mesures qu’il faut pour permettre à la communauté internationale d’adopter au moins une mesure décisive, à savoir préparer un dossier qui pourrait servir de base à une procédure pénale devant une cour et un tribunal compétent.  Le Liechtenstein travaille avec d’autres à la rédaction d’un texte sur la création d’un tel mécanisme, a indiqué le représentant.

En attendant, l’Iran a profité d’une explication de vote pour s’en prendre à un « document biaisé » qui reste silencieux sur le fait que Daech et le Front el-Nosra contrôlent certaines des régions les plus densément peuplées du pays et sont la source première des attaques contre les civils, qu’ils utilisent comme boucliers humains.

Prenant à son compte les appels en faveur de la relance d’un processus politique crédible, le Mexique a appelé de ses vœux à une reprise des pourparlers inter-syriens et souhaité que le nouveau Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, poursuive les efforts de son prédécesseur afin de rétablir et consolider la paix dans la région.

M. Peter Thomson, Président de l’Assemblée générale, a clôturé la séance en annonçant que son instance avait accepté de proroger au mercredi 14 décembre les travaux de sa Deuxième Commission chargée des questions administratives et budgétaires. 

L’Assemblée générale reprendra ses travaux lundi 12 décembre 2016 avec une séance consacrée à la nomination du Secrétaire général de l’ONU et à l’examen du rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

PRÉVENTION DES CONFLITS ARMÉS: PROJET DE RÉSOLUTION (A/71/L.39)

Déclarations

Avant de présenter la résolution intitulée « La situation en République arabe syrienne », M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a apporté trois amendements techniques identiques.  Aussi, à l’alinéa 5 du préambule, « État islamique d’Iraq et du Levant » est à remplacer par « EIIL », de même que dans l’alinéa 15 où il faut aussi ajouter « également connu sous le nom de Daech ».

S’agissant du texte, le représentant a souligné que la situation dans les parties assiégées de la Syrie est « horrible ».  À Alep, l’ONU a prévenu que si rien n’est fait, la ville pourrait devenir un « cimetière géant ».  Les stocks de nourriture sont épuisés et les familles en sont réduites à manger de l’herbe et des ordures pour survivre, tandis que les malades et les blessés n’ont plus d’hôpitaux où aller et ne peuvent même plus recevoir les premiers soins.

« Alors que nous nous apprêtons à voter, quelles que soient nos vues politiques sur ce conflit, je vous invite à vous mettre à la place du peuple syrien », a déclaré le représentant.  « Quelle sont les attentes des 250 000 habitants de l’est d’Alep vis-à-vis du monde?  Qu’attend le monde des Nations Unies? » a-t-il interpelé, pronostiquant que l’indifférence, le cynisme, la politisation, l’impasse et l’inaction ne font certainement pas partie des attentes.    

Pour le représentant, cette crise est devenue « la honte de notre temps » mais, il ne tient qu’à nous de la résoudre.  « Nous devons montrer notre réel souci du bien-être des gens.  Nous devons non seulement respecter les droits mais aussi la dignité humaine » et « nous devons fournir une aide humanitaire et médicale minimale afin que les gens puissent simplement rester en vie ».

« Nous devons, a poursuivi le représentant, nous unir et nous exprimer d’une unique et puissante voix pour dire: assez! »  Les civils ne sont pas des cibles et les hôpitaux ne sont pas des objectifs militaires.  La population d’Alep a le droit de vivre et la fourniture de l’aide humanitaire « maintenant » est ce qui la gardera en vie.

Donnant raison à l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, qui a dit « la logique militaire a pris le dessus sur les préoccupations humanitaires », le représentant a admis que la résolution n’est pas la solution au conflit mais « c’est une étape.  Une position importante et un rappel qu’au-dessus de tout, la vie des Syriens doit être notre priorité ».  Les Syriens sont notre priorité et le monde ne peut rester silencieux alors qu’ils souffrent sans assistance.  La résolution est un moyen de rappeler aux États Membres de l’ONU, a ajouté le représentant, qu’ils doivent se préparer à se lever ensemble pour exiger la fin de la violence, de la tragédie humaine qu’est devenue la Syrie.  

Le Canada et les parrains de cette résolution invitent tous les États Membres à exprimer haut et fort ce « cri du cœur »: les gens d’Alep et de toutes les autres villes assiégées de Syrie ont le droit à la vie.  Ils ont le droit à cette aide humanitaire, a-t-il ajouté, lançant à l’Assemblée: « Cessons les excuses et agissons! »  Il ne s’agit pas dans cette résolution d’aligner des mots sur une page, a-t-il déclaré en conclusion.  Il s’agit de mobiliser le monde pour qu’il parle clairement et d’une seule voix et dise que la vie humaine compte, que la vie des Syriens compte.  

Présentant d’abord une motion d’ordre, M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a tenu à préciser que son pays refusait l’initiative du Canada pour des raisons de fond et de forme.  Il a demandé au Président de l’Assemblée générale de requérir l’avis du Conseiller juridique de l’ONU sur le libellé de l’alinéa 17 du préambule qui parle de « régime syrien ».  Comme vous le savez tous, a-t-il dit, il s’agit là d’une violation flagrante de l’Article 2 de la Charte des Nations Unies, laquelle violation menace la crédibilité même de cette Organisation et son impartialité.  J’espère, a insisté le représentant, que l’avis du Conseiller juridique pourra être consigné au procès-verbal de cette séance.  Il s’est en effet étonné qu’en dépit de toute l’expérience accumulée, les auteurs de cette résolution n’aient pas été capables de mettre le doigt sur cette erreur.  Alors que le titre de cette résolution est « La situation en République arabe syrienne », a-t-il observé, ils ont choisi d’insérer le terme « régime syrien », ce qui est une insulte à l’intelligence des personnes présentes.  Mélanger les expressions ne se fait pas à l’Assemblée générale, a rappelé le représentant. 

Après sa motion d’ordre, M. JA’AFARI a tenu à rappeler que la Syrie est un des États fondateurs de l’ONU.  Par conséquent, a-t-il dit, toute tentative visant à modifier le nom de ce pays est inapproprié.  « C’est une tentative vouée à l’échec qui compromet la crédibilité de ceux qui revendiquent une telle approche. »

Le représentant syrien a déclaré que l’alinéa 2 du préambule de la résolution réaffirme « la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne » mais le Canada et ceux qui adhèrent à cette initiative montrent le fossé entre la théorie et la pratique.  Cette résolution, présentée sans consultation préalable de la République arabe syrienne, viole la souveraineté de son pays, a tranché le représentant.

Il a affirmé que son pays s’efforce de surmonter la menace terroriste dont il est victime.  Dans ce contexte, l’initiative d’aujourd’hui constitue une violation de l’Article 12 de la Charte de l’ONU qui établit que lorsque le Conseil de sécurité est saisi d’une situation, l’Assemblée générale doit s’abstenir de faire des recommandations, à moins que le Conseil ne le lui demande expressément.  Dans la mesure où le Conseil est toujours saisi de la situation en Syrie, a affirmé le représentant, l’initiative canadienne est contraire à la Charte.

Il a par ailleurs rappelé que le Canada a voté contre, il y a quelques jours, une résolution sur le Golan arabe syrien.  « Comment peut-on prétendre vouloir le bien de la population syrienne et voter contre une résolution qui défend l’intérêt des Syriens qui vivent sous occupation israélienne? » s’est insurgé le délégué, ajoutant que ce vote démontre les « intentions douteuses » du Canada et de ses partenaires. 

Le délégué a en outre indiqué que le « Gouvernement de la délégation canadienne » —et non le « régime canadien »— participe à la coalition internationale qui prétend lutter contre Daech en Syrie.  En réalité, a-t-il dit, cette coalition n’a aucune légitimité, viole quotidiennement la souveraineté de la Syrie et détruit les infrastructures syriennes financées par le Gouvernement syrien.  Cette coalition, qui comprend également les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, bombardent des hôpitaux, tuant des centaines de civils, au lieu de s’en prendre aux terroristes.  Les États-Unis ont également bombardé les positions de l’armée syrienne à Deir ez-Zor, a-t-il rappelé.

En somme, a tranché le représentant, les représentants de cette coalition prétendent aujourd’hui se préoccuper du peuple syrien, mais font partie d’une coalition contre le peuple syrien.  Il a ainsi dénoncé les mesures unilatérales économiques et coercitives imposées par le Canada à son pays, qui nuisent à la population syrienne au quotidien.

Ces exemples suffisent à réfuter les arguments des coauteurs de cette résolution, a estimé le représentant.  À l’opposé, a-t-il dit, le Gouvernement et l’armée de la République arabe syrienne n’ont de cesse de combattre les terroristes, qui s’en prennent aux civils.  De nombreux terroristes présents en Syrie sont ressortissants des pays qui ont présenté cette résolution, a-t-il ajouté, accusant certains de ces pays de fournir une aide logistique à ces groupes terroristes.  Le représentant a déclaré que la République arabe syrienne est prête à reprendre le dialogue inter-syrien sans aucune ingérence extérieure.  Il a appelé les États à voter contre cette résolution pour rejeter « l’instrumentalisation et l’exploitation » de cette Organisation et des souffrances du peuple syrien.  Il a demandé que le projet de résolution soit soumis à un vote.

Répondant à cette motion d’ordre, le Président de l’Assemblée générale a répondu que les questions de terminologie ne relèvent pas de la compétence du Conseiller juridique à moins que l’Assemblée générale en fasse une demande formelle.  Il a ajouté que le Conseiller juridique a refusé de se saisir de cette motion d’ordre étant donné qu’une telle demande n’a pas été formulée par écrit et distribuée à toutes les délégations, comme le veut la procédure.

Multipliant les condamnations, M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a souligné que l’Assemblée générale ne peut pas rester silencieuse face à la situation dramatique en Syrie.  Depuis le début de l’offensive du régime et de ses alliés, notamment la Fédération de Russie, l’intensité et l’ampleur des bombardements aériens dans l’est d’Alep sont clairement disproportionnées et la prise délibérée des hôpitaux, du personnel soignant, des écoles et des infrastructures civiles pour cible, ainsi que l’utilisation d’explosifs, d’armes à sous-munitions et d’armes chimiques, constituent une escalade catastrophique du conflit qui a causé des dégâts généralisés s’apparentant à des crimes de guerre.

Le représentant a jugé essentiels la cessation immédiate des hostilités à Alep et dans toutes les régions de la Syrie surveillée par un mécanisme fort et transparent, la levée immédiate de tous les sièges et le plein accès humanitaire pour sauver les civils et jeter les bases d’une reprise de pourparlers inter-syriens crédibles afin de garantir la sécurité de toute la population.  Dans ce contexte, a-t-il souligné, les acteurs régionaux portent une responsabilité spéciale, en particulier les pays voisins. 

L’Union européenne, a répété le représentant, insiste sur l’accès humanitaire et exhorte le régime syrien à autoriser sans délai les convois humanitaires transfrontaliers, y compris dans l’est d’Alep.  L’utilisation de la famine comme tactique de guerre et les déplacements forcés de la population sont une violation flagrante du droit international humanitaire et doivent cesser. 

L’Union européenne estime qu’il ne peut pas y avoir de solution militaire au conflit, a souligné le représentant.  Le temps presse et il faut une cessation des hostilités permettant des efforts pour trouver une solution politique conformément aux résolutions 2254 (2015), 2268 (2016) et au Communiqué de Genève du 30 juin 2012 pour permettre à toutes les parties de participer de nouveau aux négociations sur une véritable transition politique.

Une telle transition doit inclure un organe gouvernemental élargi, doté des pleins pouvoirs exécutifs et formé sur la base d’un consentement mutuel.  L’Union européenne continuera de soutenir les efforts de l’opposition syrienne, en particulier le Haut Comité des négociations.

Le représentant a prévenu qu’il ne peut pas y avoir de paix durable en Syrie sous l’actuel régime et tant que les aspirations et les revendications de la société syrienne ne seront pas satisfaites.  L’Union européenne agira rapidement, conformément aux procédures établies, pour imposer de nouvelles mesures à l’encontre de la Syrie, en particulier les individus et les entités qui soutiennent le régime, et ce, tant que la répression se poursuivra.  À cet égard, l’Union européenne souligne que seule une solution politique permettra de triompher de manière décisive de Daech et des autres organisations désignées comme terroristes par l’ONU en Syrie.

Au nom des pays nordiques, M. IB PETERSEN (Danemark) a estimé que la résolution résume l’horreur à laquelle la communauté internationale assiste en Syrie.  Observant que la situation à l’intérieur de la ville d’Alep atteint des « proportions catastrophiques », le représentant a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU et son Envoyé spécial ont à maintes reprises alerté le monde sur cette tragédie.  Dans ce contexte, il a confirmé le soutien des pays nordiques à la résolution qui appelle à l’arrêt immédiat des attaques lourdes et aveugles et affirme que la priorité doit être donnée à la protection des civils et à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Le délégué a ajouté que les responsables des attaques contre les civils et le personnel médical, notamment les attaques chimiques, devront répondre de leurs actes devant la justice.

Exhortant les États Membres à soutenir le principe d’un processus politique inclusif en Syrie, avec les femmes et la société civile autour de la table, il a regretté le blocage actuel du Conseil de sécurité sur ce dossier urgent et lui a lancé un appel pour qu’il assume enfin ses responsabilités et fasse montre du leadership nécessaire.  Il a ainsi regretté que le Conseil n’ait pas été en mesure d’adopter une résolution cette semaine et a exprimé l’espoir que la résolution présentée aujourd’hui puisse faire progresser les consciences au-delà de l’Assemblée générale.  

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a dit que la situation en Syrie était la crise qui définit notre époque, à la fois en ce qui concerne les souffrances humaines et l’incapacité du Conseil de sécurité à prendre des mesures efficaces pour faire face à la tragédie humanitaire qui s’y déroule.  Rien n’illustre la paralysie politique au Conseil de sécurité plus cruellement que l’exercice répété du droit de veto sur des résolutions modérées qui n’ont pour objectif principal que d’atténuer les souffrances de la population civile dans le pays.

La réalité aujourd’hui est qu’il n’y a pas de processus politique à discuter et que certaines parties au conflit privilégient ouvertement une solution militaire au conflit.  Pendant qu’une très grande partie de la population civile du pays est touchée, la situation à Alep est devenue le symbole tragique de l’échec de la communauté internationale à se hisser à la hauteur de ses obligations, et à prévenir des atrocités de masse qui se déroulent lentement sous ses yeux, même si la majorité des membres du Conseil se sont engagés eux-mêmes au Code de conduite sur l’abandon du veto en cas d’atrocités de masse.

Dans cette situation, l’implication de l’Assemblée générale est une nécessité urgente.  Le Liechtenstein appuie totalement la résolution et espère qu’elle aura l’impact immédiat et nécessaire sur le terrain.  Mais le représentant a estimé que l’Assemblée doit faire plus dans le domaine de la redevabilité car beaucoup des crimes commis s’apparentent à des crimes contre l’humanité et à des crimes de guerre.  Depuis que le renvoi de la situation en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI) s’est heurté à un veto au Conseil de sécurité, il y a deux ans, il n’y a eu aucun effort sérieux du Conseil pour assurer la redevabilité et mettre fin à l’impunité.  Il est donc impératif que l’Assemblée générale prenne les mesures qu’il faut pour permettre à la communauté internationale d’adopter au moins une mesure décisive, à savoir préparer un dossier qui pourrait servir de base à une procédure pénale devant une cour et un tribunal compétents.  Le Liechtenstein travaille avec d’autres à la rédaction d’un texte sur la création d’un tel mécanisme, a indiqué le représentant.

M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par la poursuite du conflit en Syrie, qui trouve son origine dans la volonté de certains acteurs régionaux et internationaux de « changer le pouvoir à Damas » et de « redessiner la carte » de la région.  Ces pays, a-t-il estimé, font preuve en cela d’une « forme de colonialisme ».

À la demande de la République arabe syrienne, le représentant a rappelé que la Fédération de Russie mène actuellement des opérations militaires pour lutter contre l’afflux de terroristes dans le pays.  Au plan politique, la Fédération de Russie a par ailleurs pris de nombreuses mesures pour mettre fin au conflit, par l’intermédiaire notamment du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS). 

Le représentant a estimé que la situation syrienne doit être résolue par l’entremise du Conseil de sécurité.  À ses yeux, dire que le Conseil est incapable de faire la paix en Syrie revient à « déformer la réalité ».  Si le Conseil ne parvient pas à un consensus sur un document, a-t-il estimé, cela signifie seulement que ce document « n’est pas bien préparé » ou exprime « des motifs cachés ».

Rappelant la situation préoccupante dans la ville d’Alep, transformée selon lui par le groupe terroriste Front el-Nosra en « bastion terroriste », le représentant a déclaré que son pays ne pouvait pas tolérer plus longtemps cette situation.  Dans le même temps, il a rappelé les efforts russes pour améliorer la situation humanitaire à Alep.

Le projet de résolution d’aujourd’hui comporte de nombreuses lacunes, a regretté le représentant, déplorant le fait que le texte accuse systématiquement le Gouvernement syrien; simplifie les facteurs de la menace terroriste; minimise le rôle des acteurs régionaux qui soutiennent le terrorisme; et ne parle pas de la façon de séparer les terroristes et « l’opposition dite modérée ».

Le représentant a dénoncé l’attitude consistant à refuser de coopérer avec les autorités syriennes et à s’efforcer de proférer des mensonges et des accusations sur la situation.  Il a appelé à la reprise des négociations intra-syriennes et a exhorté la médiation onusienne à se montrer plus active pour y parvenir.  Le représentant a appelé à la mise en place d’une véritable coalition internationale contre le terrorisme.  Il a enfin indiqué que la Fédération de Russie votera contre le projet de résolution.

M. JUAN JOSÉ GÓMEZ CAMACHO (Mexique) a salué la tenue de cette « importante réunion » demandée par plus de 70 États, notant que l’absence de solution politique en Syrie a entraîné l’une des pires crises de notre temps.  Face au nombre effarant de victimes civiles qui subissent des attaques aveugles, le représentant s’est félicité de la présentation de la résolution qui vise à faire face à cette grave situation humanitaire et à faire cesser les souffrances du peuple syrien.

Le Mexique regrette que le Conseil de sécurité, le 8 octobre puis le 5 décembre derniers, n’ait pas pris ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, relevant que « le recours au veto n’est pas un privilège mais une énorme responsabilité ».  Les Nations Unies ne peuvent et ne doivent pas devenir les témoins passifs de cette tragédie et il est de notre devoir d’agir, a-t-il poursuivi.  À ses yeux, le principal défi est de faire face aux violations récurrentes du droit international humanitaire et de lever les obstacles à l’accès humanitaire.  Un règlement juste et durable de ce conflit passera, selon lui, par une solution politique, seule façon de mettre un terme au conflit armé. 

Saluant les efforts déployés à cette fin par l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, il a souhaité que des pourparlers puissent s’ouvrir bientôt et donner des effets tangibles pour le peuple syrien.  Il a enfin espéré que le nouveau Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, poursuivra les efforts de son prédécesseur afin de rétablir et de consolider la paix dans la région.

Se félicitant de la tenue de cette séance plénière, M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa-Rica) a souligné à son tour l’urgence de la situation humanitaire en Syrie, notant que, dans certaines zones du pays, le dernier acheminement d’une aide remonte à six mois.  Pour le représentant, l’impasse actuelle du Conseil de sécurité est d’autant plus inacceptable que la Charte lui a conféré la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Or, a-t-il dit, l’on constate, ces derniers mois, qu’il ne parvient pas à se mettre d’accord, en dépit des souffrances du peuple syrien.

Le représentant s’est déclaré inquiet du recours répété au droit de veto qui empêche le Conseil d’agir devant ce qui pourrait être assimilé à des atrocités de masse.  Il a exhorté les parties prenantes à respecter les recommandations de la Commission d’enquête indépendante, appelant à la cessation des hostilités, à l’arrêt immédiat des attaques aveugles et à l’accès sans entrave de l’aide humanitaire.

Le Costa-Rica se félicite des différentes négociations menées afin de permettre une évolution de la situation sur le terrain, a-t-il poursuivi, saluant la décision de la Fédération de Russie d’ouvrir la voie à l’évacuation d’Alep.  « Nous espérons que cette mesure sera maintenue et étendue », a-t-il déclaré.  Il a également souhaité que ce débat ne fasse pas oublier que la lutte contre les groupes terroristes présents en Syrie doit être un objectif commun.  Il a enfin souhaité que toutes les parties au conflit s’emploient à trouver une issue en reprenant le dialogue.  Un cessez-le-feu est nécessaire, suivi d’un acheminement de l’aide humanitaire, a-t-il conclu, remerciant le Canada pour son initiative.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que la « logique de destruction obsessionnelle de tout ce qui s’oppose à lui depuis maintenant cinq ans » dont fait preuve le régime syrien a placé la Syrie, et notamment la ville d’Alep, « au bord du gouffre ».  Le représentant s’est dit extrêmement préoccupé par les dizaines de milliers de personnes assiégées à Alep-Est, sans aucun accès à l’aide humanitaire.  Il a appelé la communauté internationale à s’unir pour exiger l’évacuation des civils d’Alep-Est et éviter ainsi un massacre.  Si ce massacre avait lieu, a mis en garde le représentant, le régime syrien en porterait l’entière responsabilité.

Le délégué français a par ailleurs pris note de la volonté de la Fédération de Russie de faire avancer la situation humanitaire à Alep.  Il a toutefois appelé à traduire ces mots en acte.  Le délégué a en outre appelé à la relance d’« un processus politique crédible » en Syrie, insistant sur le fait qu’il n’existe aucune solution militaire à ce conflit.  « Reprendre Alep est l’obsession du régime syrien », a-t-il dit, ajoutant que la reprise de la ville ne mettra pas fin au conflit.  Sans une véritable solution politique, la Syrie demeurera un « paysage de désolation et de guerre » où le terrorisme continuera à prospérer, a mis en garde le représentant.  Pour cette raison, il a annoncé l’intention de la France de voter en faveur de la résolution d’aujourd’hui.

M. WU HAITAO (Chine) s’est déclaré profondément préoccupé par l’escalade du conflit en Syrie et les souffrances endurées par le peuple syrien.  Selon lui, la situation actuelle peut être attribuée à une conjonction de facteurs, ce qui impose d’adopter une approche intégrée dans la recherche d’une solution globale.  Le représentant a estimé à cet égard que les Nations Unies devraient avoir pour priorité de rechercher une solution politique au conflit, dans le respect des intérêts, de l’intégrité et de la souveraineté du pays.  Le Conseil de sécurité a été saisi de cette question et devra examiner la situation dans le cadre du mandat que lui confère la Charte des Nations Unies, a-t-il ajouté, notant que le rôle de l’Organisation doit être « constructif », toute « politisation » de la situation risquant d’exacerber les difficultés.

Le délégué a ajouté que la communauté internationale devait aussi accentuer ses efforts de coordination dans la lutte contre les groupes terroristes en Syrie.  Il a conclu son propos en souhaitant que la Charte de l’ONU soit respectée en toute circonstance.  La Chine, a-t-il dit, l’a toujours fait et c’est dans ce cadre qu’elle a dépêché un envoyé spécial en Syrie pour faciliter une solution politique et qu’elle poursuivra ses efforts à cette fin.   

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a salué l’initiative du Canada en se disant préoccupé par les conséquences humanitaires de l’escalade de la violence et du terrorisme en Syrie.  Plus de cinq ans de conflit n’ont fait que transformer la situation en la crise la plus grave de ce début de siècle, a constaté le représentant.  Il s’est dit inquiet de voir que les opérations humanitaires des entités des Nations Unies n’avaient pas accès à toutes les zones peuplées, ce qui, a-t-il dit, rend la situation plus alarmante encore.

Condamnant les attaques et les violations du droit international humanitaire, il a également qualifié d’ « injustifiés » les actes terroristes perpétrés par des groupes comme Daech ou le Front el-Nosra.  Il s’est ailleurs inquiété des sanctions économiques imposées à la République arabe de Syrie, lesquelles l’empêchent de se relever.  La seule instance à pouvoir imposer des mesures coercitives est le Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, déplorant le rejet par ce dernier de trois projets de résolution sur la Syrie.  À ses yeux, cette impasse confirme la nécessité de réformer le Conseil de sécurité pour l’adapter à un monde multipolaire.  Si l’Assemblée générale doit jouer « son rôle de débat et de responsabilité collective », nous devons éviter de « reproduire dans nos débats la logique défaillante de la polarisation qui prévaut au Conseil de sécurité », a-t-il souligné.

Affirmant enfin que son pays appuie les efforts visant à permettre aux Syriens de reprendre leur dialogue sous l’égide des Nations Unies, le délégué a estimé que les situations politique, humanitaire et sécuritaire sont interdépendantes et que le Conseil de sécurité a le « devoir moral » d’y répondre, conformément aux buts et principes de la Charte de l’ONU.

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a exprimé sa profonde inquiétude face à l’échec diplomatique pour remédier à la crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver en Syrie, et pour pallier les menaces accrues en termes de sécurité.  Elle a indiqué que son pays était une petite nation insulaire bien éloignée du Moyen-Orient, mais qu’en tant qu’ancien territoire sous tutelle, elle ne connaissait que trop bien les conséquences de décisions prises à distance depuis New York. 

Dans le même esprit, Mme Kabua a dénoncé les « failles inexcusables » de ces dernières années: graves crises humanitaires et sécuritaires, voire génocide durant lesquelles l’ONU n’a pas agi en temps voulu et où la politique a pris le dessus.  Pour la représentante, la situation en Syrie va allonger cette liste, ajoutant qu’il n’est pas trop tard pour prendre quelques mesures « au moins » et assurer à chaque civil syrien l’assistance humanitaire dont il a tant besoin. Appuyant fortement la résolution et l’initiative du Canada, Mme Kabua a estimé qu’il était grand temps de regarder à l’extérieur des murs de l’ONU et d’agir véritablement en « Nations Unies », en défendant les principes fondamentaux de la Charte « pas seulement en théorie mais aussi en pratique ».

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a salué l’initiative d’aujourd’hui.  Toutefois, a-t-il dit, seuls trois acteurs peuvent décider de mettre fin à la crise en Syrie: le régime syrien et ses alliés que sont la Fédération de Russie et l’Iran.  Ces trois alliés, a poursuivi le représentant, prétendent vouloir mettre fin au terrorisme en Syrie.  Mais faut-il vraiment entraver l’accès à l’aide humanitaire et prendre pour cible des civils pour vaincre le terrorisme? s’est-il interrogé.

Tant que l’Iran et la Fédération de Russie n’auront pas mis en œuvre la résolution que l’Assemblée s’apprête à adopter aujourd’hui, a poursuivi le représentant, les mesures pour évacuer les civils d’Alep-Est ne suffiront pas.  Le délégué a par ailleurs dénoncé l’enlèvement des civils qui parviennent à fuir Alep par le régime syrien. 

Il a appelé à « véritablement protéger les civils ».  Lorsqu’Alep tombera en ruine, a-t-il dit, les combats cesseront, mais la guerre se poursuivra ailleurs et le régime n’aura le contrôle que d’un tiers de la Syrie.  Ce régime, a poursuivi le représentant, ne vaincra pas les forces démocratiques dans le pays.  « Le Royaume-Uni fera tout pour s’y opposer », a-t-il ajouté. 

Le représentant a par ailleurs déclaré que la guerre en Syrie, comme celle en Bosnie, prendra fin un jour.  Ce jour-là, a-t-il mis en garde, ceux qui se sont rendus coupables de crimes devront rendre des comptes.

Évoquant l’offensive militaire de la Fédération de Russie et du régime syrien à Alep, Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a dénoncé l’obstination de ces deux alliés à poursuivre « cette boucherie », en dépit des nombreux appels de la communauté internationale pour éviter que la ville ne se transforme en « cimetière à ciel ouvert ».  Sourds à ces appels, la Fédération de Russie et le régime syrien refusent de mettre un terme aux combats pour évacuer les populations et poursuivent leurs frappes aériennes contre des hôpitaux à Alep-Est, a regretté la déléguée.  Certains tentent de fuir, a-t-elle poursuivi, tandis que d’autres se terrent dans les sous-sols de la ville, « alors que les bombes pleuvent sur leurs têtes ».

Pire, a déploré la représentante, « ceux qui parviennent à franchir les lignes disparaissent ».  La Fédération de Russie et le régime syrien doivent désormais se conformer à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire: en permettant aux civils de quitter Alep; en ne les soumettant pas, par la suite, à la torture dans les geôles syriennes; en protégeant les civils; et en leur donnant accès à des soins de santé. 

Pour y parvenir, les délégués doivent « appuyer aujourd’hui sur le bouton vert » et voter en faveur du projet de résolution.  Ce sera une façon de dire qu’il faut mettre fin à ce « carnage », a-t-elle insisté, ajoutant que la communauté internationale ne peut pas laisser le mieux être l’ennemi du bien.  « Les habitants d’Alep ont besoin d’aide », a enfin déclaré la déléguée américaine.

Devant l’aggravation de la situation humanitaire en Syrie, où des attaques aveugles contre la population civile se poursuivent sans discontinuer, M. JÜRG LAUBER (Suisse) a exhorté, au nom de son gouvernement, toutes les parties au conflit à respecter « pleinement et inconditionnellement » les règles du droit international humanitaire.  Il a également rappelé que toutes les parties ont l’obligation de permettre et de faciliter un accès humanitaire rapide et sans entraves.  Le représentant a ajouté que le respect du droit implique aussi de punir les responsables de violations.  À ce sujet, la Suisse rappelle que quand un État ne peut ou ne veut pas poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, la communauté internationale a une responsabilité subsidiaire.  Dans ce cas, la Cour pénale internationale peut jouer un « rôle fondamental », a-t-il ajouté regrettant qu’il n’ait pas été possible de faire référence aux mécanismes existants dans la résolution soumise au vote de l’Assemblée générale.

La Suisse demande par ailleurs à toutes les parties au conflit de cesser immédiatement les hostilités, d’assurer la protection des civils dans les zones qu’elles contrôlent et de permettre l’acheminement rapide et sans entraves de l’aide humanitaire, a poursuivi le représentant.  Elle appelle aussi ceux qui ont une influence sur les parties à user de tous les moyens nécessaires pour les amener à respecter le droit international humanitaire ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-il conclu, non sans féliciter la délégation du Canada pour son rôle de facilitateur qui a permis la rédaction de cette résolution.

M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) s’est dit choqué et profondément troublé par les images de destruction et les souffrances intenses des civils mais également par le fait que les auteurs de telles « horreurs » agissent en tout impunité.  Il a appelé à de solides mécanismes de reddition de comptes pour enquêter et traduire en justice tous ceux qui se sont rendus coupables de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire.  « Notre conscience collective devrait nous pousser à agir.  Il faut briser le silence qui entoure l’existence quotidienne, déchirante et profondément traumatisante, et la réalité actuelle de nombreux Syriens », a-t-il supplié. 

Illustrant son propos, M. Rattray a déclaré que les faits parlent d’eux-mêmes: plus de 450 000 personnes sont mortes, 13,5 millions d’autres auraient besoin d’une assistance humanitaire, dont 6, millions de déplacés.  Considérant cette situation comme « inacceptable et intolérable à la fois », il a fait appel à la volonté d’agir devant « l’inertie qui a paralysé d’autres parties du système international ».

« Il nous incombe –à l’Assemblée générale– de nous lever et de déclarer, d’une voix claire et sans équivoque, que trop c’est trop! » a poursuivi le représentant jamaïcain, qui a dès lors exhorté l’Assemblée à exiger une cessation immédiate des hostilités.  Il a également invité le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités en prenant des mesures rapides et efficaces, pour faciliter l’éventail complet de l’assistance humanitaire.  « Notre exhortation pour la Syrie est une exhortation pour la vie humaine, la dignité et, au bout du compte, la justice », a conclu M. Rattray.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a dénoncé le projet de résolution proposé par le Canada condamnant la Syrie, « un pays arabe frère, qui a été victime de la barbarie terroriste et qui lutte pour défendre sa souveraineté, son indépendance politique et son intégrité territoriale, et pour garantir le respect des droits de l'homme de son peuple ».  Il a rejeté la politisation du thème humanitaire, qui a pour objectif de renverser des gouvernements légitimes.  D’après lui, les grandes puissances qui s’érigent en porte-drapeau de la cause humanitaire sont, au fond, les principales responsables de cette tragédie.

Le représentant a rappelé que les interventions militaires en Iraq, en Libye et en Syrie avaient déstabilisé la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, favorisant l’expansion du terrorisme, et notamment l’émergence de l’EIIL et du Front el-Nosra.  Il a reproché à certains parrains de la résolution d’encourager secrètement les groupes terroristes afin d’aggraver les souffrances de la population civile et de perpétuer le conflit.  Il aurait préféré que l’Assemblée générale débatte des origines du conflit au Moyen-Orient et a appuyé, en conclusion, une solution politique et négociée du conflit, avec la fin de l’ingérence étrangère en Syrie.

Mme SIMA SAMI BAHOUS (Jordanie) a remercié le Canada pour son initiative, espérant que cette résolution reflétera la volonté de la communauté internationale de trouver une issue à la crise syrienne.  La représentante a également souhaité que ces efforts permettent de compléter ceux du Conseil de sécurité, compte tenu de l’urgence à mettre un terme au bain de sang et à éviter une nouvelle dégradation de la situation humanitaire.  Elle a assuré que son pays contribuerait à tous ces efforts ainsi qu’à ceux visant à lutter contre le terrorisme dans la région.

Nous souhaitons réaliser tous ces objectifs et appelons à l’adoption de cette résolution pour édifier la paix sur le terrain, a-t-elle affirmé, jugeant qu’à cette fin, trois priorités doivent être respectées: tout d’abord une cessation des hostilités garantissant l’accès de l’aide humanitaire dans tout le pays et notamment dans la ville d’Alep; ensuite la reprise de négociations pour dégager un consensus sur un processus politique de transition piloté par les Syriens dans le droit fil des pourparlers de Genève et des résolution de l’ONU; et enfin l’établissement d’un front uni contre le terrorisme de Daech et du Front el-Nosra.

Tout en félicitant le Conseil de sécurité pour ses efforts dans cette voie, la déléguée l’a appelé à sortir de son impasse actuelle et à assumer « toutes ses responsabilités » afin de permettre l’acheminement sans entraves de l’aide humanitaire et de faire respecter le droit international et le droit international humanitaire.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a souligné que son pays fait partie des 73 États qui ont appuyé la convocation de la présente réunion de l’Assemblée, partant du principe que cet organe, « le plus démocratique et le plus représentatif de l’Organisation », ne peut rester passif face à la situation humanitaire désastreuse en Syrie.

Le représentant s’est dit tout particulièrement préoccupé par l’incapacité du Conseil de sécurité de prendre des mesures pour parvenir à un cessez-le-feu en Syrie.  Pour pallier les lacunes du Conseil, il a appelé l’Assemblée à adresser un message clair aujourd’hui, en votant en faveur de la résolution.  Ce message, a-t-il dit, a trait à la nécessité de respecter le droit international humanitaire, en particulier le devoir de distinguer les civils des combattants, et de garantir l’accès de l’aide humanitaire.

Le représentant a appelé les États Membres à tout faire pour parvenir à un cessez-le-feu sans condition.  Il a condamné les attaques aveugles contre les civils syriens et le recours aux armes chimiques dans le pays, appelant le Gouvernement de la République arabe syrienne à protéger véritablement sa population, en vertu du droit international. 

Tout en condamnant le terrorisme, et en particulier les groupes terroristes Daech et le Front el-Nosra, le représentant a toutefois indiqué que la lutte contre le terrorisme ne doit pas se faire au détriment du droit international.  Le représentant s’est dit convaincu qu’il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit actuel.  Pour parvenir à une solution immédiate à la crise humanitaire, il a appelé les États Membres à voter en faveur de la résolution.

Adoption de la résolution

La résolution sur « la situation en République arabe syrienne » (A/71/L.39) a été adoptée par 122 voix pour, 13 voix contre (Bélarus, Bolivie, Burundi, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua, République arabe syrienne, République islamique d’Iran, République populaire démocratique de Corée, Soudan du Sud, Venezuela et Zimbabwe) et 36 abstentions.

Explications de vote

Le représentant de la République islamique d’Iran a estimé que la résolution est un « document biaisé » et rappelé que dès le début de la crise syrienne, son pays a pris une part active pour mettre fin au conflit.  Toutefois, a-t-il souligné, cette crise n’est que la conséquence des causes profondes que sont le terrorisme et l’extrémisme violent que la résolution tait.  Les terroristes en Syrie, a-t-il affirmé, passent par des frontières poreuses et sont appuyés par des pays étrangers.

Le représentant a indiqué que Daech et le Front el-Nosra contrôlent certaines des régions les plus densément peuplées du pays.  Ce sont eux qui attaquent d’abord les civils et qui les utilisent comme boucliers humains, a estimé le représentant.  Pour mettre fin à la situation, il a encouragé le dialogue intra-syrien et regretté que la résolution reste également silencieux sur ce point. 

Son homologue de l’Arabie saoudite a voulu que l’on mette fin aux violations du régime syrien et de ses alliés.  Il a cependant constaté que la résolution n’est « pas à la hauteur des souffrances du peuple syrien ».  Ce texte, a-t-il dit, ne fait pas la distinction entre les auteurs des attaques, les autorités syriennes et leurs alliés, ni entre ceux qui utilisent des armes chimiques.  De fait, la résolution manque de loyauté envers le peuple syrien qui résiste. 

Le représentant a ajouté que la situation à Alep est catastrophique et a pointé du doigt l’incapacité du Conseil à agir, notamment en raison des vetos chinois et russe, d’où la nécessité pour l’Assemblée, selon lui, de défendre la cause de la paix.  Par conséquent, en dépit des lacunes, le représentant a voté en faveur de la résolution.

La représentante de la Trinité-et-Tobago a indiqué que son pays a toujours maintenu sa position s’agissant des résolutions sur des pays précis.  « Nous nous sommes toujours abstenus », a-t-elle rappelé.  Dans le cas d’espèce, a-t-elle indiqué, la Trinité-et-Tobago souhaite exprimer une réserve sur les références aux autorités syriennes et aurait souhaité que la résolution soit plus équilibrée et mentionne toutes les parties au conflit.  Toutefois, a-t-elle ajouté, il est de notre responsabilité de protéger les populations contre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, et la gravité de la situation mérite que nous nous écartions de notre position habituelle.  En conséquence, la Trinité-et-Tobago a décidé de voter en faveur de cette résolution.  

Son homologue de la Fédération de Russie a pour sa part choisi de commenter la déclaration des États-Unis, jugeant que ce pays préfère adopter une « rhétorique agressive » sans réfléchir à la destinée des populations civiles en Syrie.  Or, a-t-il fait valoir, c’est la délégation des États-Unis qui a fait tomber à l’eau la rencontre des experts qui était prévue, préférant se livrer à une « propagande gratuite » à notre encontre, a-t-il accusé.  Les États-Unis, a-t-il conseillé, devraient plutôt dire ce qui se passe sous leur direction à Mossoul et ce qui s’est passé à Falloudja.  Les États-Unis, a encore conseillé le représentant, pourraient se remettre en question devant les « résultats catastrophiques » de leur politique en Iraq, une politique dont les populations concernées « payeront le prix pendant encore de longues années ».

Citant le philosophe allemand Nietzche, le délégué de la République arabe syrienne a déclaré: « Parfois on ne veut pas entendre la vérité car on ne veut pas briser ses illusions ».  Il a remercié les États qui ont choisi de ne pas se laisser « instrumentaliser », c’est-à-dire ceux qui n’ont pas voté en faveur de la résolution.  « Ces États-là embrassent la vérité », s’est-il réjoui.  Le représentant a en effet dénoncé une « résolution politisée » dont les auteurs sont des pays qui apportent leur soutien aux terroristes et cautionnent le massacre du peuple syrien.  Stigmatisant la politique de colonisation israélienne, il a dénoncé « l’alliance diabolique entre Israël et ses alliés » dont les efforts, a-t-il prévenu, ne viendront pas à bout de la volonté de la Syrie de combattre le terrorisme, un terrorisme qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer. 

Le représentant a affirmé que l’armée syrienne a libéré l’immense majorité d’Alep et a conseillé aux partisans du terrorisme à Alep de faire le deuil de leurs plans, car leur échec est « inévitable » et cette résolution ne fera rien pour empêcher leur défaite.  « Utiliser le terrorisme comme arme politique ne paye pas », a-t-il conclu.

Le représentant de la Thaïlande a déclaré qu’en raison de la gravité de la situation en Syrie, il a étudié « avec beaucoup d’attention » la résolution du Canada.  « Si nous l’avons appuyée, c’est parce que nous sommes préoccupés par la situation et que nous voulons être solidaires de ceux qui en subissent les conséquences », a-t-il précisé.  Insistant sur l’importance de respecter le droit international humanitaire, il a appelé les parties prenantes à cesser les hostilités et à permettre un accès de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin.  Comme il n’existe pas de solution militaire à ce conflit, il est, selon lui, impératif d’examiner toutes les solutions possibles pour parvenir à un règlement pacifique. 

Son homologue de l’Uruguay a rappelé que son pays avait plusieurs fois exposé sa position sur le dossier syrien au cadre du Conseil de sécurité dont il est membre non permanent.  Nous avons voté pour la résolution, a-t-il dit, « étant entendu que ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’une résolution claire et concise appelant à cesser les combats et à permettre l’acheminement de l’aide humanitaire ».  Toutefois, a-t-il ajouté, l’Uruguay estime qu’un grand nombre d’alinéas du préambule ne peuvent être appuyés car ils « politisent la situation », en présentant un tableau qui est loin de refléter fidèlement la réalité.  En conséquence, le délégué a demandé au Président de l’Assemblée générale de consigner les réserves de l’Uruguay sur les alinéas 5 à 20 du préambule.  

Son homologue de l’Argentine a espéré que son vote en faveur de la résolution contribuera à venir à bout de la « polarisation » qui règne au Conseil de sécurité sur la crise syrienne, « plutôt qu’à l’alimenter ».  Il a plaidé en faveur de la reprise d’un processus politique piloté par les Syriens et pour l’établissement d’une nouvelle constitution.  Le représentant a cependant estimé que certains paragraphes du texte pourraient être perçus comme « sélectifs », en considérant le Gouvernement syrien comme seul responsable du conflit actuel.  « C’est un conflit complexe, dans lequel de nombreux pays sont impliqués », a-t-il ajouté, estimant par conséquent que le texte de la résolution « n’est pas équilibré et ne vise pas un objectif purement humanitaire ».

Le représentant de la Chine a jugé qu’imposer des sanctions unilatérales et « politiser la crise humanitaire » syrienne ne fera qu’aggraver la situation actuelle.  Il a appelé certains États à « s’abstenir de critiquer les positions légitimes d’autres pays ».

Son homologue du Chili, qui a voté en faveur de la résolution, a cependant son désaccord avec « certains éléments sélectifs du préambule » concernant la genèse du conflit et le nom donné à « certaines des parties ».  Ces éléments n’offrent pas la compréhension nécessaire pour pouvoir mener la riposte humanitaire, a-t-il estimé.  Le représentant a par ailleurs plaidé en faveur de la reprise du dialogue et d’une solution politique, pilotée par les Syriens.  Il a enfin appelé à la fin des approvisionnements en armes de toutes les parties au conflit.

Le représentant de l’Indonésie a dit avoir voté en faveur de la résolution, convaincu qu’il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit.  Il aurait toutefois souhaité « un texte plus équilibré », qui mette davantage l’accent sur la nécessité de reprendre les négociations et le processus politique.  Néanmoins, « dans un esprit d’engagement constructif », nous, nous sommes joints aux partisans du texte.  Le représentant a enfin tenu à souligner que ce conflit, qui se prolonge, aurait pu être résolu il y a longtemps si le Conseil avait joué son rôle.

Le représentant de Singapour a estimé que face à l’échec du Conseil de sécurité, il est légitime que l’Assemblée générale joue son rôle et participe aux efforts pour résoudre le conflit.  Cette réunion, a-t-il affirmé, est un jalon car lorsque le Conseil de sécurité est paralysé, c’est à l’Assemblée de mobiliser l’action.  Singapour, a assuré le représentant, accorde une importance particulière au travail de l’Assemblée générale mais il sait qu’elle ne peut régler tous les problèmes du monde.  Elle doit simplement dégager un consensus sur la voie à suivre, en se gardant de la tentation de jeter l’opprobre sur les États Membres.   

La résolution n’est pas parfaite, a avoué le représentant, mais elle envoie un signal à toutes les parties sur le caractère essentiel de l’action humanitaire.  Cette résolution ne peut pas nous rendre heureux car elle ne changera pas la situation sur le terrain mais elle doit en revanche encourager les parties à prendre le dialogue et les négociations de paix.  Les parties, a insisté le représentant, doivent se rapprocher les unes des autres et respecter les positions des unes et des autres.  Elles doivent mettre en commun leurs efforts pour construire le pays.  Se tournant une nouvelle fois vers le Conseil de sécurité, le représentant a prévenu que la résolution n’absout pas ses membres permanents de leur responsabilité.  Ils doivent trouver un terrain d’entente pour le bien des Nations Unies et celui de la communauté internationale.  

Le représentant du Guatemala, qui a voté pour la résolution, s’est dit consterné par les souffrances des victimes de la crise humanitaire en Syrie, en raison de la persistance des violations des droits de l’homme et de l’incapacité du Conseil de sécurité de prendre une décision pour ouvrir la voie à l’aide humanitaire.  Nous avons voté pour la résolution, s’est expliqué le représentant, car l’Article 11 de la Charte des Nations Unies permet à l’Assemblée générale de discuter de toute question relative à la paix et la sécurité internationales.  La résolution, a-t-il estimé, offre une alternative conforme aux buts et principes de la Charte et envoie un message clair et sans équivoque aux parties.  Cet appel de l’Assemblée générale devra trouver un écho auprès des parties syriennes et les aider à arrêter les souffrances des civils par la facilitation de l’accès humanitaire.  

Le représentant du Paraguay s’est également dit consterné par la situation humanitaire en Syrie et a dit avoir voté en faveur de la résolution, en raison de l’urgence qu’il y a à agir pour protéger les civils syriens.  Il est également important, a-t-il ajouté, que tous les États collaborent à une solution politique en Syrie, dans le cadre d’un processus piloté par les Syriens eux-mêmes.  En tant qu’instance démocratique, l’Assemblée ne peut rester passive, a souligné le représentant, jugeant inacceptable que le Conseil de sécurité contribue par son inaction au fardeau des civils syriens.  Il a toutefois regretté certains éléments du texte qui l’éloignent, selon lui, de son objectif premier, à savoir la mise en place d’une réponse humanitaire immédiate en Syrie.  Par conséquent, le représentant a émis des réserves sur le paragraphe du préambule relatif à la genèse du conflit.

Tout en précisant avoir voté en faveur de la résolution, le représentant de la Turquie a cependant exprimé certaines préoccupations concernant ce texte.  En premier lieu, a-t-il dit, il ne faut pas oublier la raison pour laquelle nous en sommes là aujourd’hui: « le peuple syrien a demandé la démocratie et un meilleur avenir », alors que le régime syrien a utilisé tous les moyens violents à sa disposition pour se maintenir au pouvoir.  De fait, a-t-il dit, la situation actuelle correspond à une « guerre ouverte du régime contre sa propre population ».

Aux yeux du délégué turc, la résolution ne pointe suffisamment le doigt ni sur les vrais auteurs des atrocités en Syrie ni sur le mépris du régime syrien pour les valeurs onusiennes et les résolutions du Conseil et de l’Assemblée.  « Alep est en train d’être réduite en cendres aux yeux de tous », a déploré le représentant, ajoutant que les actes du régime syrien et de ses partisans constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.  « Nous devons faire en sorte qu’ils répondent de leurs actes », a-t-il dit. 

Le représentant a par ailleurs constaté que le Conseil est incapable d’exercer sa responsabilité en matière de sécurité, comme en témoigne le double veto de ce lundi 5 décembre.  L’ampleur de la crise exige que nous agissions en conséquence, a-t-il déclaré.  « Le peuple syrien a suffisamment souffert », a-t-il conclu, ajoutant que l’ampleur de la crise justifie parfaitement la tenue d’une session extraordinaire d'urgence.

Le représentant de l’Égypte s’est dit déçu que la résolution ne décrive pas les causes du conflit en Syrie et son impact sur le Moyen-Orient.  Mais nous avons voté pour parce qu’elle préconise notamment de mettre un terme aux violations des droits de l’homme.  Il faut, a préconisé le représentant, reprendre immédiatement les négociations de paix.  Il a averti que l’impact du conflit se fera encore ressentir dans la région et même au-delà bien des années après la fin de la crise.  L’Égypte appelle les parties à faire prévaloir l’intérêt du peuple syrien et à faciliter l’accès humanitaire.  Il faut aussi combattre les groupes terroristes comme Daech.  Le représentant a d’ailleurs appelé le Comité des sanctions à suivre de près la situation et être prêt à prendre des mesures contre les membres du groupe terroriste.  Il n’y a pas de solution militaire au conflit syrien, a-t-il tranché.  Il faut une solution politique et des négociations pour commencer la phase de transition.  Le représentant a également appelé le Secrétaire général à rejeter les pressions et à dénoncer ceux qui obstruent les négociations. 

Le délégué de l’Afrique du Sud s’est également dit préoccupé par la tragédie humaine en Syrie.  La priorité, a-t-il estimé, est de faire cesser les souffrances des civils.  La violence doit s’arrêter et les négociations doivent commencer.  Le représentant a condamné les violations des droits de l’homme et a lancé un appel pour l’accès humanitaire.  Les États membres du groupe « BRIC », a-t-il rappelé, ont appelé à un dialogue mené par les parties syriennes pour sortir de la crise.  Il est essentiel que la voie politique soit appuyée par les efforts internationaux et notre abstention s’explique par le fait que certains pays auteurs de la résolution cachent mal leurs objectifs politiques derrière les appels à l’accès humanitaire.   

L’action de la communauté internationale doit ouvrir des perspectives de paix, a insisté le représentant, en rejetant les appels au changement de régime en Syrie.  Il en a profité pour souligner la nécessité d’une réforme urgente du Conseil de sécurité.  Il n’est pas acceptable que certains des auteurs de la résolution restent silencieux devant les conflits libyen et yéménite, a encore dénoncé le représentant qui a cité un proverbe africain: « tous les enfants sont mes enfants ».  « Un enfant yéménite est mon enfant, un enfant libyen est mon enfant, et un enfant syrien est mon enfant », a-t-il dit pour mieux dénoncer « la politique de deux poids, deux mesures » de certains auteurs de la résolution.  

Le représentant du Qatar a souligné que, face à l’inaction du Conseil de sécurité, il a voté en faveur de la résolution.  L’ampleur de la crise humanitaire en Syrie justifie pleinement la tenue d’une session extraordinaire de l’Assemblée qui doit prendre des mesures pour pallier les lacunes du Conseil. 

Son homologue du Costa Rica a déclaré, à son tour, que l’incapacité du Conseil de sécurité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à la crise syrienne justifie que l’Assemblée prenne ses responsabilités.  Il a donc voté en faveur de la résolution, estimant toutefois qu’elle aurait dû se concentrer davantage sur les questions humanitaires pour éviter « la polarisation » sur cette question.  « La douleur des victimes doit l’emporter sur les intérêts nationaux », a-t-il insisté.

Le représentant du Kazakhstan s’est dit convaincu que seule une solution politique pourra apporter la paix en Syrie et la région.  Il s’est félicité de l’initiative canadienne, et notamment du volet humanitaire de la résolution.  Les efforts de la communauté internationale, a-t-il dit, devraient se concentrer sur l’organisation de l’aide humanitaire à Alep et ailleurs et sur la reprise des négociations sur le cessez-le-feu.  Le délégué a dit pourtant s’être abstenu car, selon lui, une seule partie ne saurait être responsable de la crise dans le pays, comme semble l’affirmer la résolution.  Cette position, a-t-il prévenu, risque de « polariser » les États au détriment du consensus.  Le représentant a enfin appelé les pays influents à contribuer à la relance du processus politique.

Le représentant de la Grèce a également souligné qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit en Syrie.  Il s’est dissocié de l’alinéa 5 du préambule sur la genèse du conflit. 

Son homologue d’Israël a appelé à sauver la vie des Syriens.  Après avoir décrit les actes du régime syrien, notamment les quatre attaques chimiques contre son propre peuple, il a déploré le fait que les auteurs de ces crimes soient dans cette salle et qu’ils soulèvent des questions de procédure malgré les souffrances de leur peuple.  La situation à Alep est une violation flagrante des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et la communauté internationale ne doit pas laisser une telle situation devenir la nouvelle norme.  Il a aussi dénoncé le fait qu’au lieu de proposer des solutions, les autorités syriennes lancent des accusations sans fondement contre Israël. 

La représentante du Bangladesh s’est dite vivement préoccupée par ce conflit prolongé en Syrie.  Elle a voulu que l’on préserve la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie.  Plaidant pour l’aide humanitaire et l’évacuation des civils, elle a appelé à la reprise rapide des négociations politiques pour trouver une solution.  L’Assemblée générale doit contribuer à la solution, a-t-elle conclu, avant de rappeler son vote d’abstention.

Son homologue de l’Équateur a rappelé la complexité de la situation en Syrie.  Elle a ainsi regretté le « discours politisé » que tente d’imposer le texte de la résolution, en alléguant de faits non encore confirmés et donc sujets à caution.  Le texte oublie en outre de mentionner le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États et de condamner le financement et le soutien militaire dont bénéficient les groupes terroristes.  Il oublie aussi de reconnaître le droit des États à lutter contre le terrorisme.  Une résolution doit être généralement plus objective pour éviter qu’il serve des visées politiques contraires au droit international.  Pour cette raison, l’Équateur s’est abstenu, a-t-elle rappelé.

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