Assemblée générale,
Soixante et onzième session - 23e séance plénière - matin
AG/11832

Assemblée générale: le débat général se termine sur un constat, « l’érosion du décorum »

L’Assemblée générale a refermé, cet après-midi, la page de son débat général avec 17 dernières interventions, portant à 187 le nombre des personnalités qui se sont exprimées ces six derniers jours, dont 119 chefs d’État et de gouvernement, 10 vice-présidents, un prince héritier et 57 vice-premiers ministres, ministres et vice-ministres.  Malgré ce succès, le Vice-Président de l’Assemblée, qui lisait le message du Président, s’est dit préoccupé par l’érosion du « décorum » du débat général.

Le thème de cette soixante et onzième session étant « les objectifs de développement durable: un élan universel pour transformer notre monde », le Président de l’Assemblée s’est félicité aujourd’hui du nombre d’États qui ont déjà intégré ces objectifs à leurs plans nationaux, lesquels objectifs ont été adoptés au cours d’un sommet en septembre 2015.

C’est aussi par un sommet que les chefs d’État et de gouvernement ont commencé leurs travaux cette année, choisissant de réfléchir ensemble à la question préoccupante des déplacements massifs des réfugiés et des migrants.  Le Sommet a donné lieu à la « Déclaration de New York » qui propose un cadre d’action global et prévoit la signature en 2018 de deux pactes mondiaux sur les réfugiés et sur les migrations sûres, régulières et ordonnées.

Le débat général, qui s’est ouvert le 20 septembre, a déclenché des appels au rapprochement entre gouvernants et gouvernés.  « Nous nous trouvons aujourd’hui face à un choix: soit poursuivre nos efforts en mettant en place un meilleur modèle d’intégration mondiale, soit reculer vers un monde plus divisé, au risque d’aller vers des conflits entre nations, races, tribus et religions », a par exemple déclaré le Président des États-Unis, M. Barack Obama, dans sa dernière apparition à l’Assemblée générale. 

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dont c’était également la dernière apparition, s’est dit « plus convaincu que jamais » de la capacité de la communauté internationale à mettre fin à l’extrême pauvreté, aux persécutions, au fossé entre les riches et les pauvres et aux conflits.

« Il y a aujourd’hui une guerre de moins sur cette planète, et c’est la guerre en Colombie », a annoncé solennellement le Président colombien, M. Juan Manuel Santos Calderón qui s’est exprimé, le 21 septembre, le jour même de la Journée internationale de la paix.  Si le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, a promis à son pays « un avenir brillant à l’ONU », le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, a réitéré ses doutes sur la volonté politique d’Israël de faire la paix, une paix qui avance dans un autre continent, l’Afrique dont les États hôtes des missions de l’ONU ont énuméré les défis qu’ils doivent encore relever.  La situation pressante en Syrie a été sur toutes les lèvres, faisant encore l’objet hier d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.  

Dans sa déclaration de clôture aujourd’hui lue par son Vice-Président, le Président de l’Assemblée générale s’est félicité de l’adhésion à l’Accord de Paris sur le climat, signé dans la capitale française, en décembre 2015.  Pendant le débat général, les petits États insulaires en développement ont prévenu que limiter l’élévation de la température en dessous de 2 degré Celsius comme l’Accord le préconise n’est pas viable.  « Même en fixant ce chiffre à 1,5ºC, de nombreuses îles seront rayées de la surface de la terre », s’est par exemple alarmé le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, M. Gaston Alphonso Browne.  Dans son message, le Président de l’Assemblée générale a tout de même exhorté les États à ratifier rapidement le document pour qu’il entre en vigueur cette année.  Comme l’a rappelé le représentant permanent des Palaos, à ce jour, 60 pays représentant 47,76% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ont ratifié l’Accord dont l’entrée en vigueur nécessite un taux de 55%. 

Les petits États insulaires en développement ont dit miser sur la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP-22), prévue en novembre au Maroc, et avant cela, sur la Conférence Habitat III consacrée à l’urbanisation et au développement durable, en octobre.  Ils ont aussi dit attendre beaucoup de la Conférence des Nations Unies relative à la conservation et à l’exploitation durables des océans, des mers et des ressources marines, prévue en juin 2017. 

Ces pays ont soulevé d’autres problèmes aujourd’hui dont « l’hyperrèglementation » du secteur bancaire, dénoncée par le Ministre des affaires étrangères des Bahamas.  M. Frederick A. Mitchell a ironisé sur le fait que les Caraïbes « paradis sur terre » selon les guides touristiques seraient en fait, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), « l’enfer sur terre » avec ses « paradis fiscaux ».  Accuser nos systèmes bancaires de jouer sur la concurrence est à bien des égards « immoral », a tranché le Ministre, avant que son homologue de la Trinité-et-Tobago, M. Dennis Moses, ne dénonce le critère du revenu par habitant qui barre l’accès des pays comme le sien aux financements concessionnels pourtant « essentiels» pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

À la veille du coup d’envoi des travaux de la plénière et des six grandes commissions de l’Assemblée générale, le Président a, dans son message, promis de promouvoir la transparence et la redevabilité dans le processus d’élection du prochain secrétaire général de l’ONU.  Le Vice-Secrétaire général, M. Jan Eliasson, a relayé les remerciements de M. Ban Ki-moon pour toutes les déclarations faites sur son action durant ses deux mandats.

En conclusion, le Président de l’Assemblée générale avoue dans son message: je suis préoccupé par l’érosion du « décorum » du débat général caractérisée par une réelle pollution sonore dans la salle de l’Assemblée et ses abords immédiats, par les dépassements du temps de parole, par l’absence des délégations au fur et à mesure que les jours passent et par la multiplication des réunions et autres manifestations parallèlement au débat général.  Le Président a dit avoir demandé au Groupe de travail sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale de se saisir de cette question au cours de cette session

Suite et fin du débat général

M. YOUSUF BIN ALAWI BIN ABDALLAH, Ministre des affaires étrangères d’Oman, a souligné que la vie a sa part de défis et de tragédies qui restent inévitablement gravés dans la mémoire de l’humanité.  Ces défis devraient nous motiver pour déployer plus d’efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales.  Chaque problème trouve une solution si les intérêts convergent, si la volonté politique est là et si les efforts sont concertés.  Le Sultanat d’Oman, a affirmé le Ministre, figure parmi les États qui ont fait du dialogue, de la négociation et de la conciliation les moyens de résoudre les différends, conformément au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, des normes et du patrimoine humain.

Le Ministre a souligné l’importance de la question palestinienne pour la stabilité du Moyen-Orient.  Si l’on ne parvient pas à trouver une solution juste et globale à cette question, il serait difficile de normaliser les relations entre les États et les peuples de la région et d’instaurer la confiance mutuelle et la coexistence.  Le Ministre a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts et à tracer une nouvelle perspective qui permettrait aux parties concernées de mettre fin à ce long conflit.

Saluant les efforts des Envoyés spéciaux du Secrétaire général pour les crises qui secouent le Moyen-Orient en particulier en Syrie, au Yémen et en Libye, le Ministre a déploré les sérieux revers qui menacent la paix et la sécurité internationales.  Le Sultanat d’Oman a cherché, avec les parties concernées, à concilier les points de vue, à trouver des points de convergence et à reprendre les négociations.  Avant de terminer, le Ministre a rendu hommage aux efforts du Koweït pour avoir abrité les négociations sur le Yémen en particulier les efforts de l’Émir.  L’objectif est de parvenir à une solution « gagnant-gagnant » par des négociations pacifiques.

CHEIKH KHALID BIN AHMED AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, a souhaité que l’Accord de Paris sur le climat entre en vigueur d’ici à la fin de l’année.  Il a affirmé que son pays est sur la bonne voie pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a rappelé que le 23 septembre le « Prix du développement durable Prince Khalifa Bin Salman Al Khalifa » a été décerné au professeur Anna Tibaijuka.  « Un développement qui n’aurait pas comme cible les citoyens est inutile et indésirable », a prévenu le Ministre, en paraphrasant son Roi.  Le développement va main dans la main avec sécurité et stabilité, cela suppose la bonne gouvernance, des institutions efficaces et un gouvernement stable et cela vaut aussi pour le Moyen-Orient, confronté à d’énormes défis qui représentent de graves menaces à la paix et la sécurité mondiales. 

Pour le Ministre il faut protéger les fondations des États-nations.  Ensemble, il faut s’engager à éradiquer le terrorisme en s’attaquant à ses causes sous-jacentes et mettre fin à toutes les sources de financement dont il bénéficie tout en protégeant « nos sociétés » des discours de haine et de l’extrémisme violent.  Toutefois, a prévenu le Ministre, les mesures antiterroristes seront vouées à l’échec si elles s’appuient sur des législations contraires à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international comme la loi que vient d’adopter le Congrès américain « Justice contre les parrains des actes de terrorisme ».  Cette loi, a estimé le Ministre, remet en cause les relations internationales et constitue un dangereux précédent et une menace à la stabilité du système international.

S’agissant de la Syrie, il a exhorté la communauté internationale à agir à l’unisson et à aborder ce problème sous tous ses angles.  Le Ministre a salué les efforts de l’Arabie saoudite, du Koweït, de la Jordanie, de la Turquie et du Liban et a invité la communauté internationale à les appuyer.  Il a lancé un appel à tous les pays qui ont des « leviers » dans la crise syrienne, en particulier les États-Unis et la Fédération de Russie, pour qu’ils unissent leurs forces et obtiennent des parties une solution politique, préservant l’intégrité territoriale de la Syrie, garantissant un accès sans entrave de l’assistance humanitaire et mettant un terme aux ingérences régionales, qu’elles soient directes ou indirectes, qui empêchent un règlement pacifique de ce conflit. 

Le Bahreïn encourage en outre tous les efforts pour faciliter la reconstruction des institutions en Iraq et la matérialisation de la volonté du peuple iraquien sans pressions extérieures.  Il a par ailleurs invité Israël à répondre favorablement à l’Initiative de paix arabe « qui est toujours sur la table ».

En tant que membre de la Coalition arabe pour la restauration de la légitimité au Yémen, le Bahreïn, a promis le Ministre, ne ménagera aucun effort et aucun sacrifice pour que le Gouvernement légitime du Président Hadi reprenne le contrôle de tout le territoire yéménite.  Il a tenu à souligner la détermination des forces de la Coalition à épargner les civils.  Le Ministre a également affirmé que malgré les efforts du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de tous les pays arabes, les appels aux relations de bon voisinage avec l’Iran sont restés lettre morte.  Il a reproché à l’Iran un discours « sectaire irresponsable » et des actes de provocation vis-à-vis de l’Arabie saoudite ou même du Bahreïn où l’Iran soutient des groupes terroristes comme le Hezbollah. 

Le Ministre a aussi accusé l’Iran d’occuper illégalement deux îles émiraties et de refuser toute médiation pour un règlement pacifique.  Pour le Ministre, à moins d’avoir un changement fondamental de la politique étrangère de l’Iran et la fin à ses pratiques « hostiles envers nos pays », il ne peut y avoir de progrès sur la voie de la stabilité et du développement de la région.

Mme SUSHMA SWARAJ, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a fait remarquer que les objectifs de développement durable correspondaient à la vision du Premier Ministre de son pays, M. Narendra Modi.  Plus de 400 000 toilettes ont été installées dans les écoles, le programme « Éduquer les filles, sauver les filles » est devenu une mission nationale, la marque « Fabriquée en Inde » est internationalement reconnue et plus de 250 millions de comptes bancaires ont été ouverts pour les pauvres, s’est-elle félicitée.  « L’Inde numérique est en train de transformer le pays » lequel abrite un sixième de l’humanité, a rappelé Mme Swaraj.

Le Premier Ministre indien, a dit la Ministre, défend un nouveau concept, « la justice climatique ».  « Si nous respectons la nature, la nature nous respectera et nous nourrira, nous et les générations futures ».  Mais il faut pour cela réfréner la consommation, a-t-elle averti.  La Ministre a souligné l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée entériné par l’Accord de Paris sur le climat.  L’Inde veut faire en sorte que 40% de son énergie provienne de combustibles non fossiles d’ici à 2030.  L’Alliance solaire vise à rendre accessible à tous l’énergie solaire.  La Ministre a d’ailleurs annoncé que l’Inde ratifiera l’Accord de Paris le 2 octobre prochain.

Le terrorisme constitue un crime contre l’humanité, a poursuivi Mme Swaraj.  Mais, a-t-elle insisté, il faut s’interroger: « Qui finance les terroristes, qui les arme et qui leur offre un refuge? »  Elle a noté que l’Afghanistan avait, à cette tribune, posé la même question.  Pour mettre en échec l’hydre du terrorisme, il faut une stratégie globale.  « En notre sein, il y a des nations qui parlent le langage du terrorisme, qui l’alimentent, le colportent et l’exportent », a-t-elle accusé.  Il faut identifier ces nations et les rendre responsables de leurs actes.

Mme Swaraj a reproché au Pakistan d’avoir porté contre l’Inde des accusations infondées à propos de prétendues violations des droits de l’homme.  À son tour, elle a condamné la façon dont le Pakistan oppresse la population du Baloutchistan. 

« Le Premier Ministre du Pakistan a aussi dit que l’Inde avait posé pour les pourparlers des préconditions inacceptables », s’est-elle indignée.  « Quelles préconditions? » a-t-elle demandé deux fois.  « Nous avons pris l’initiative de résoudre des questions, non pas sur la base de conditions, mais sur la base de l’amitié! » s’est-elle exclamée.  Selon elle, le prisonnier Bahadur Ali est « la preuve vivante qu’un terroriste est venu de l’autre côté de la frontière ».  Elle a conseillé au Pakistan d’abandonner « son rêve ».  « Le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde et il le restera », a-t-elle tranché.    

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a dit que dans un monde incertain, les petits États doivent travailler beaucoup plus dur pour rester à flot.  Pour notre survie et notre prospérité, nous devons rester ouverts et connectés au monde.  Mais cette ouverture nous rend vulnérables aux chocs et menaces de l’extérieur.  Nous n’avons pas le choix de nous isoler ou de nous retirer du système.

Trois éléments sont fondamentaux pour notre survie et notre prospérité: un système multilatéral fondé sur le droit, la coopération internationale et le développement durable.  Un système multilatéral fondé sur le droit permettra à tous les États de traiter avec les autres de manière transparente, équitable et prévisible.  Comme ils rejettent « la loi du plus fort », les petits États sont les plus ardents défenseurs des Nations Unies.  Un ordre international fondé sur le droit est une précondition essentielle pour une bonne coexistence entre États indépendants et souverains.

Pourquoi la coopération internationale?  Parce que, a dit le Ministre, certains défis sont intrinsèquement transnationaux comme les changements climatiques et le terrorisme.  L’Accord de Paris sur le climat est un bon exemple du partenariat international pour résoudre ensemble un problème d’intérêt commun. 

Pour ce qui est du développement durable, Singapour estime qu’il y a deux impératifs pour le succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le premier est l’état de droit au niveau national car sans une bonne gouvernance, sans la transparence, sans des institutions fortes et un cadre juridique clair, le développement ne peut être ni durable ni bénéfique pour les gens ordinaires.

Le deuxième impératif est le partenariat international.  Les objectifs de développement durable ne seront réalisés que par la collaboration.  Le Ministre a souligné dans ce cadre que la troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), prévue en octobre, devrait insister sur le lien entre l’urbanisation et le développement durable et donner le cadre aux villes et aux gouvernements des pays du monde.

Les questions de la gestion durable des forêts, et de la prévention des sols et de la biodiversité appellent à la coopération.  En Asie du Sud-Est, les nuages de pollution transfrontières et les incendies de forêts compromettent la santé de millions de personnes, sans oublier la sécurité aérienne, l’économie régionale et le climat.  L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a adopté la feuille de route sur la création d’une zone exempte de nuages de pollution transfrontières, a annoncé le Ministre.

M. LUIS FILIPE LOPES TAVARES, Ministre des affaires étrangères de Cabo Verde, a indiqué que son pays fondait sa politique étrangère sur les principes consacrés par la Charte des Nations Unies.  Il s’est dit préoccupé par les conflits et les sources de tension qui perdurent sur le continent africain, en Libye, au Soudan du Sud, en Somalie et au Mali.  Il s’est cependant félicité de la décision récente du Maroc de rejoindre l’Union africaine. 

Le Ministre a vu dans le droit au développement un principe fondamental pour la cohésion et la réduction des inégalités sociales à l’intérieur des nations et entre elles.  Il a salué la déclaration adoptée lors de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida qui s’est tenue en juin dernier, défendant l’accès des plus vulnérables aux traitements.  Pour le Cabo Verde, a-t-il poursuivi, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 implique l’augmentation des financements, le transfert de technologies, le renforcement des capacités, un suivi, et l’élargissement du système commercial international. 

La communauté internationale devra tenir compte de la situation particulière des petits États insulaires en développement, a poursuivi M. Tavares.  Du fait d’un manque de ressources, il est en effet difficile pour ces États d’attirer des investissements étrangers.  Il a appelé à un cadre juridique international « fort et transparent » pour la préservation et l’exploitation durable de la biodiversité marine au-delà des limites de la juridiction nationale.  Citant les effets des changements climatiques, il a également jugé urgent d’appliquer l’Accord de Paris et les recommandations du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.   

Voulant faire « quelque chose de spécial », M. FREDERICK A MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, est venu accompagné de dirigeants de la société civile, des communautés religieuses et de l’opposition pour illustrer le consensus multipartite qui prévaut dans son pays s’agissant de la politique étrangère.

Le Ministre a attaqué d’emblée sur le front économique et financier.  Aujourd’hui dans les Caraïbes, une région où la tradition veut que l’on ouvre à un enfant un compte en banque à l’occasion de son baptême, il est de plus en plus difficile pour « des gens comme nous » de le faire, certains pensant même que c’est une politique voulue pour nous dissuader de pénétrer le système financier.  Le problème, a diagnostiqué le Ministre, c’est « l’hyperrèglementation » imposée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Tout à coup, être un politicien ou de la famille d’un politicien, c’est être menacé d’être rejeté par les services bancaires parce que « les risques » sont trop élevés.  Dans le monde développé, en particulier aux États-Unis, les banques refusent même d’endosser les chèques de certaines banques des Caraïbes parce que le risque qu’elles ne respectent pas les règles établies est trop élevé et que leur niveau de transactions est trop bas.

Nous parlons ici, s’est emporté le Ministre, des Bahamas et des Caraïbes que des dizaines de millions d’Américains et d’Européens visitent chaque année.  Ces gens-là, a-t-il ironisé, s’attendent à tous les services modernes quand ils atterrissent pour « tremper l’orteil dans l’eau et faire la crêpe sur les plages » mais leurs Caraïbes, décrites dans leurs brochures touristiques comme « le paradis sur terre », sont pourtant traitées comme « l’enfer sur terre » par des règles financières qui n’hésitent pas à utiliser des expressions péjoratives comme « paradis fiscaux » et à imposer des mesures et des sanctions iniques sans se préoccuper une seule seconde de leur impact sur les envois de fonds des expatriés ou la capacité des parents à payer les études de leurs enfants. 

Mais dans le même temps, on n’hésite pas à faire du lobbying auprès de ces petits pays pour les amener à voter « pour ci ou pour ça » dans l’intérêt exclusif des pays développés. « Mais dans ce prétendu jeu du donnant-donnant, que reçoivent les petits États? » s’est une nouvelle fois emporté le Ministre.  Les Bahamas, comme tous les pays de la Communauté des Caraïbes, ne protègent aucun criminel.  Ils adhèrent à toutes les mesures contre le blanchiment d’argent et la fuite des capitaux.  Les attaques contre eux sont donc « non fondées et injustes ».  Accuser nos systèmes bancaires de jouer sur la concurrence est à bien des égards « immoral » car tout le monde sait que l’argent déposé dans les comptes offshores repart toujours d’où il vient, à savoir dans les pays développés. 

S’il est effectivement légitime de combattre l’évasion fiscale, il faut néanmoins assumer la « responsabilité morale » de comprendre que « l’hyperréglementation » et le maintien d’un système financier international « inique » peuvent avoir des conséquences « immorales » comme « la destruction de millions de familles ».  Ce problème doit être réglé par ceux-là même qui veulent imposer les règles.  Il s’agit d’un « impératif moral », a tranché le Ministre.

Le Ministre a poursuivi en annonçant que son pays vient de déposer les instruments de ratification de l’Accord contre la pêche illicite.  Les Bahamas ont aussi l’intention d’obtenir un autre mandat au Conseil de l’Organisation maritime internationale (OMI) et un tout premier mandat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.  Le Ministre a également plaidé pour l’élargissement et la modernisation des indicateurs utilisés pour évaluer le niveau et les besoins de développement.  Nous continuons à arguer que le PNB par habitant ne doit plus être le facteur déterminant de l’accès à l’aide économique ou aux financements concessionnels.

M. OSMAN MOHAMMED SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a évoqué les difficultés et les attaques auxquelles son pays a dû faire face depuis son indépendance en 1991.  « Rares sont ceux qui ont laissé une chance à l’Érythrée », s’est-il plaint.  Malgré cela, l’Érythrée remonte la pente, a-t-il assuré.  La plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été atteints, l’économie repart, les infrastructures se construisent, les conditions favorables sont créées pour l’éducation, la formation et la participation des jeunes, et l’engagement régional et international du pays se renforce.  Le Ministre a considéré que la politique consistant à isoler l’Érythrée est en train d’échouer.

Les 20 dernières années dans la Corne de l’Afrique ont été marquées par des occasions manquées, des matchs nuls, des conflits à répétition et des reculs, a reconnu M. Saleh.  Même aujourd’hui, la situation reste tendue.  Mais le Ministre a vu la possibilité d’un nouveau départ.  Il a parlé de relancer « la vision des années 1990 pour une Corne de l’Afrique pacifique, progressive et économiquement dynamique ».  L’Érythrée, a-t-il conclu, s’engage à réaliser les objectifs de développement durable en se fondant sur l’énergie, les qualifications de ses ressources humaines et l’utilisation judicieuse de ses ressources naturelles. 

 M. WILFRED ERLINGTON, Procureur général et Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Belize, a regretté que 35 ans après son entrée aux Nations Unies, le Belize n’a toujours pas réussi à obtenir le règlement du différend territorial avec le Guatemala.  Le Belize est un pays de migrants qui vit dans la paix et la liberté, a affirmé le Ministre, qui a dit n’avoir pas peur des menaces proférées par le Guatemala.  Le Belize défendra sa souveraineté et son intégrité territoriale, a prévenu le Ministre, et ses diplomates n’épargneront aucun effort pour résoudre cet ancien différend maritime de manière pacifique.  Le Ministre a toutefois regretté que ces 18 derniers mois, des incidents « hostiles » aient eu lieu entre les personnels militaire et civil le long du fleuve Sarstoon, sur la frontière sud, alors que le côté nord du fleuve appartient au Belize.  Par le truchement de l’Organisation des États américains (OEA), le Belize a engagé des pourparlers avec ses homologues guatémaltèques qui, a accusé le Ministre, sont responsables du pillage des temples maya, de la déforestation et de la production de marijuana sur le territoire bélizien.

Le Ministre a également signalé d’autres incidents de ce type et a dénoncé le refus du Guatemala de reconnaître les rapports d’enquête d’une Commission indépendante de l’OEA.  Le Belize veut vivre dans la paix et l’harmonie avec tous ses voisins, y compris le Guatemala avec lequel il veut parvenir rapidement à un règlement pacifique de cette revendication territoriale « anachronique », a insisté le Ministre.

À Belize, l’essence même du développement durable est inscrite dans la Constitution.  Le modèle de développement économique a intégré les priorités sociales et environnementales et depuis les années 90, le Belize s’est doté d’un cadre juridique progressiste pour assurer la protection de l’environnement.  Le pays est en effet l’un des pionniers de l’écotourisme.  Aujourd’hui, plus de 36% du territoire sont protégés.  Le Ministre a précisé que progressivement l’éducation gratuite, tant au niveau primaire que secondaire, est mise en place et que la couverture santé s’élargie.  Le pays cherche également à promouvoir l’égalité hommes-femmes et vient de dépénaliser l’homosexualité, une décision contre laquelle l’on a interjeté appel.  Le Belize a été l’un des premiers pays signataires de l’Accord de Paris sur le climat qu’il a déjà ratifié, a encore indiqué le Ministre, avant de s’associer aux efforts des Nations Unies pour un nouveau traité international sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine.  Le Ministre a également indiqué que les cadres règlementaires du secteur financier sont constamment mis à niveau pour les rendre conformes aux nouvelles normes bancaires internationales.

Mme NIERMALA BADRISING, Ministre des affaires étrangères du Suriname, a fait part de sa préoccupation face à la multitude de défis et de menaces auxquels le monde est confronté dans les domaines politique, sécuritaire, économique et social, y compris la récession mondiale et le ralentissement économique qui engendrent la baisse de la croissance et de la productivité et aggravent les inégalités qui sont elles-mêmes à l’origine de l’augmentation de la violence, de l’instabilité politique et de la dégradation sociale, du crime international organisé, du terrorisme et de la manipulation des technologies de l’information et de la communication.

Parlant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, Mme Badrising a souligné l’écart entre ce qui est promis à nos peuples dans les fora internationaux et régionaux et ce qui est effectivement réalisé.  Elle a appelé à une réforme « structurelle » de l’ordre socioéconomique et à la promotion de l’innovation, des technologies, de la connaissance, des capacités et des compétences.

La taille relativement petite du Suriname le rend particulièrement vulnérable aux défis environnementaux et aux chocs économiques extérieurs, a poursuivi la Ministre.  Le pays étant un État côtier à basse altitude, ses efforts de développement durable sont gravement menacés.  La Ministre a donc appelé la communauté internationale à développer non seulement des mécanismes d’appui techniques et financiers dans le contexte des cadres financiers existants mais aussi à débloquer des financements supplémentaires. 

Les prix des produits de base que le Suriname exporte ayant chuté, le pays a dû mettre en œuvre des programmes de réformes et d’ajustement, l’année dernière, qui ont exigé des mesures difficiles mais nécessaires.  Pour alléger l’ajustement et sécuriser une aide technique au programme de réforme, le Gouvernement a signé, au début de cette année, un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).  À la lumière des résultats obtenus en peu de temps, Le Gouvernement continuera de travailler avec le FMI, avec pour objectif de sécuriser la stabilité macroéconomique et de poursuivre les réformes institutionnelles et juridiques pour rétablir la croissance économique et la stabilité sociale.

M. DENNIS MOSES, Ministre des affaires étrangères et pour la Communauté des Caraïbes (CARICOM) de Trinité-et-Tobago, a indiqué que son Gouvernement place les principes des objectifs de développement durable au cœur de son plan national de développement intitulé « Vision 2030 », et qui est en cours d’élaboration.  Dans ce cadre, il a souligné que son gouvernement a adopté plusieurs lois, politiques et autres mesures pour la promotion de la femme.

En dépit de leur contribution minime aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, les petits États insulaires en développement (PEID) comme la Trinité-et-Tobago, font face à une menace « existentielle » du fait des changements climatiques.  Leur existence-même dépend de l’urgence et du niveau d’ambition de la réponse mondiale pour inverser la tendance non viable de l’augmentation de la température terrestre.  Le Ministre a salué l’Accord de Paris, indiquant qu’il s’agit d’un « signe d’espoir ».  Il a annoncé que son gouvernement avait lancé la procédure de ratification et réitéré le fait que l’élévation de la température terrestre ne devrait pas dépasser 1,5ºdegré Celsius. 

Consciente que son économie est fortement dépendante des hydrocarbures et des industries pétrochimiques, la Trinidad-et-Tobago, a poursuivi le Ministre, a institué des mesures d’incitation pour les investissements et la création d’emplois dans les domaines des énergies renouvelables et des technologies propres.  Le Gouvernement mène également une stratégie de diversification économique qui va permettre aussi de renforcer la résilience du pays face aux chocs externes du marché mondial.

Le Ministre a dénoncé, à son tour, l’arrêt des relations avec les banques des Caraïbes ou les restrictions imposées, lesquels ont déstabilisé les secteurs financiers et perturbé la croissance économique des pays de la région qui respectent dûment les recommandations du Groupe d’action financière contre le blanchiment d’argent et celles du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

Le Ministre a poursuivi en relevant que la criminalité transfrontalière organisée, la piraterie, le trafic des êtres humains, la cybercriminalité et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre sont autant de défis sécuritaires de la région.  Il a saisi l’opportunité de cette Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires pour appeler à une dénucléarisation de toutes les régions du monde, se félicitant en outre d’appartenir à la région qui a établi la première zone exemptes d’armes nucléaire.

Il a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome, afin que la Cour pénale internationale (CPI) puisse remplir pleinement son mandat de tribunal universel.  Il a également appelé à l’adoption d’un instrument universel juridiquement contraignant, sous l’égide de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales. 

Saluant, une nouvelle fois, l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a prévenu que les pays à revenu intermédiaire continuent de subir un statut qui les rend inéligibles à l’aide internationale au développement, alors qu’ils font face à toutes les vulnérabilités des petits États insulaires en développement.  Il est pour le moins « étonnant » que le statut de pays à revenu intermédiaire, fondé exclusivement sur le revenu par habitant, prive la Trinité-et-Tobago d’une aide qui pourrait compléter les ressources limitées qu’elle consacre au développement socioéconomique durable.  Le système de développement des Nations Unies, a plaidé le Ministre, devrait adopter une approche multidimensionnelle de l’aide au développement, laquelle devrait être plus conforme aux priorités et besoins nationaux spécifiques et renoncer à « habiller le progrès socioéconomique d’un modèle à taille unique ».

M. AUGUSTINE PHILLIP MAHIGA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Afrique de l’Est de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que son pays avait intégré les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 dans ses plans nationaux de développement, en collaboration avec un ensemble de parties prenantes, et qu’il s’appuyait également sur l’Agenda 2063 de l’Afrique.  Toutefois, a-t-il prévenu, sans partenariat et sans financement, le pays ne pourra pas réaliser seul ces objectifs ambitieux. 

La Tanzanie, a assuré M. Mahiga, s’est engagée à promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes.  Les lois discriminatoires ont été abolies, notamment pour leur permettre l’accès aux terres.  Depuis les dernières élections de 2015, 36,9% des parlementaires sont des femmes.  À cette occasion, le Président John Magufuli a nommé la première femme Vice-Présidente de la République. 

Par ailleurs, pour combattre la corruption, la Tanzanie a promu la transparence, l’efficacité et l’obligation redditionnelle, ainsi que des normes éthiques, dans les services publics.  À ce sujet, a estimé le Ministre, les pays développés doivent aussi s’assurer que les investisseurs et les sociétés multinationales payent les taxes dues.  M. Mahiga a souligné que l’un des objectifs de la Tanzanie était d’améliorer la qualité de l’éducation au XXIe siècle.  En arrivant au pouvoir, le Président a déclaré la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire pour tous.

Pour faire face aux changements climatiques, le Gouvernement a préparé des plans d’adaptation et il compte sur les ressources du Fonds vert et d’autres fonds.  Le Ministre a estimé à 500 millions de dollars par an les besoins de son pays en la matière.  Alors qu’elle s’apprête à ratifier l’Accord de Paris, la Tanzanie a été l’un des premiers pays à soumettre ses contributions prévues déterminées au niveau national pour couvrir l’adaptation aux effets des changements climatiques et leur atténuation.  « Avec plus de 48 millions d’hectares de terres forestières, soit plus de 54% de sa surface, la Tanzanie offre déjà une contribution importante à la communauté mondiale en termes de puits de carbone », a fait valoir M. Mahiga.

La Tanzanie est fermement engagée dans la lutte contre le trafic illicite des stupéfiants qui traversent ses frontières, a-t-il dit.  Elle coopère également avec la communauté internationale pour combattre le terrorisme et son financement, et a promulgué une série de lois à cette fin.  Enfin, le Ministre a espéré que les efforts entrepris par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), auxquels participe l’ancien Président tanzanien Kaguta Yoweri Museveni, aideront à résoudre le conflit au Burundi. Il a également appelé les parties au conflit à honorer l’accord de paix conclu avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en août 2015.      

M. VALENTIN RYBAKOV, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a mis en garde contre un possible échec du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment en raison du chaos actuel provoqué par les conflits non résolus et les insuffisances du système international.

Ces difficultés, a estimé le Ministre, résultent en grande partie de la guerre froide et de la période qui lui a succédé.  « Les vainqueurs de la guerre froide n’ont pas voulu inclure les vaincus dans l’ordre mondial », a-t-il en effet regretté, ajoutant que ces vainqueurs ont tenté « d’imposer un ordre mondial de manière unilatérale ».  Cette attitude, a-t-il dit, est responsable des problèmes actuels, y compris des conflits larvés et des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.

M. Rybakov a regretté l’effacement progressif de l’État au profit de la logique de marché, « dont la seule préoccupation est de générer des profits ».  Quant au domaine culturel, il a dénoncé les tentatives d’imposer à l’échelle mondiale certaines cultures, y compris « les principes de la contre-culture », à des pays issus d’autres cultures radicalement différentes.

Pour inverser ces différentes tendances, M. Rybakov a appelé les États à faire des concessions pour construire un nouvel ordre mondial.  Citant le philosophe allemand du XVIIIsiècle Emmanuel Kant, il a déclaré: « Construire un monde et un système international juste est la plus difficile des tâches ».  Pour y parvenir, le Ministre a insisté sur le fait que ce nouvel ordre mondial devait avant tout être façonné par les États, « sous peine d’anarchie et de violence ».  Il a également estimé que ce nouveau système devait être « non exclusif » et « non imposé ».

Sur le plan économique, le Ministre a salué la remise en cause récente de la logique libérale de marché, un phénomène qui se manifeste, selon lui, par un retour de l’État sur la scène économique.  À ce titre, il a appelé à renforcer le rôle de la coopération régionale pour résoudre les problèmes, une approche qu’il a qualifiée « d’intégration de l’intégration ». 

Du point de vue culturel, M. Rybakov a appelé à reconnaître les différences nationales et régionales.  « Il n’est pas efficace d’imposer des valeurs culturelles », a-t-il insisté, tout en plaidant en faveur du dialogue entre les cultures.  Prenant l’exemple de la famille, il a affirmé que le Belarus « voit l’individu avant tout comme un membre de la famille », et non comme préexistant à cette dernière, ce qui n’est pas le cas, selon lui, de toutes les cultures.  Il a insisté sur le fait qu’il s’agissait-là d’une différence fondamentale.

Concernant le rôle de l’ONU sur la scène internationale, le Ministre des affaires étrangères a regretté que le Secrétariat de l’Organisation soit souvent en décalage avec les réalités sur le terrain.  Il a par conséquent appelé l’Organisation, dans la perspective d’un nouvel ordre mondial, à « trouver des solutions concrètes » aux problèmes internationaux, « au lieu de rédiger des rapports sans fin ».

M. CALEB OTTO (Palaos) s’est inquiété de la menace que les effets des changements climatiques font peser sur l’existence même des Palaos et des petits États insulaires en développement (PEID), en particulier l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des ouragans, l’élévation du niveau de la mer et l’acidification des océans.

Pour lutter contre ces phénomènes climatiques, M. Otto a rappelé que les Palaos ont été le deuxième État à ratifier l’Accord de Paris sur le climat.  Il a souligné qu’à ce jour, 60 pays représentant 47,76% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde ont procédé à cette ratification, précisant que le taux requis pour que l’Accord de Paris entre en vigueur est de 55%.  Le Représentant des Palaos a salué les 127 autres États à avoir signé jusqu’à présent le texte et s’est dit confiant quant à une entrée en vigueur de l’Accord de Paris d’ici à la fin de l’année 2016. 

M. Otto s’est par ailleurs prononcé en faveur de la nomination rapide d’un représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour les changements climatiques et la sécurité, afin que ce dernier puisse coordonner les efforts entre l’Assemblée générale, le Secrétaire général et le Conseil de sécurité sur les questions de paix et de sécurité liées aux changements climatiques.

S’agissant de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Représentant des Palaos a insisté sur l’importance que revêtent pour son pays l’objectif 13, relatif à la lutte contre les effets des changements climatiques, et l’objectif 14, sur la gestion durable des océans.  À ce titre, a-t-il indiqué, les Palaos ont lancé en 2015 l’initiative Sanctuaire marin national, qui a instauré un moratoire sur l’exploitation des ressources maritimes dans 80% de sa zone économique exclusive, soit un demi-million de kilomètres carrés d’océan.  Cela « permettra à notre océan de se fortifier, de renouveler son stock de poissons et sa biodiversité », a-t-il expliqué.

Pour garantir le succès de cette initiative, M. Otto a souligné l’importance de la coopération entre les petits États insulaires en développement.  Il a également salué le soutien apporté à cette initiative par les États-Unis, le Japon, l’Australie, l’Union européenne, l’Italie, l’Inde et la République de Chine de Taiwan. 

En vertu de ce soutien, le Représentant des Palaos a appelé la communauté internationale à intégrer pleinement Taiwan dans le processus de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris.  Il a par ailleurs appelé à un règlement pacifique de la situation en Papouasie occidentale et à une levée de l’embargo contre Cuba.

M. Otto a enfin plaidé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité, en particulier l’ajout de trois sièges permanents, dont deux pour l’Afrique et un pour les petits États insulaires en développement.

Mme MARIE-LOUISE POTTER, Représentante permanente des Seychelles a indiqué que son pays, après avoir atteint la plupart des cibles des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), s’efforçait aujourd’hui d’intégrer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine dans sa stratégie nationale de développement.  Elle a insisté sur l’importance du partenariat mondial et de l’appui financier pour la mise en œuvre du Programme 2030.  À cet égard, elle a estimé qu’un « index de vulnérabilité » permettrait de mesurer plus justement les économies que le traditionnel produit intérieur brut (PIB) par habitant.

« Championnes de l’économie bleue », les Seychelles reconnaissent l’importance cruciale que la conservation et l’utilisation durable des océans et de leurs ressources revêtent pour les petits États insulaires en développement, a ajouté Mme Potter.  L’initiative des « obligations bleues » et l’accord d’échange de créances exemplifient le discours des Seychelles sur ce point.  Le pays, a-t-elle averti, est exposé aux effets dévastateurs des changements climatiques.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la bataille contre les changements climatiques », a-t-elle prévenu.  C’est pour cette raison que les Seychelles ont fait partie des 20 premiers pays ayant ratifié l’Accord de Paris.

La représentante a également réitéré sa détermination à lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et contre la piraterie, à travers le Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes (CGPCS). 

M. IB PETERSEN (Danemark) a déclaré que les défis mondiaux devaient être surmontés par des efforts collectifs avec une attention particulière sur les droits et les libertés de chaque être humain.  La vision du Danemark repose sur la dignité, le développement et le dialogue.  Ces trois éléments caractérisent notre approche du travail des Nations Unies, et ils sont à la base de notre candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2020.

Au Mali, le Danemark contribue activement à la promotion de la paix et de la stabilité, participe à la Mission des Nations Unies et contribue au développement.  En Syrie et en Iraq, le Danemark prend part à la lutte contre l’État Islamique, y compris par le soutien aux communautés locales après le conflit.  Nous devons faire en sorte que les victoires militaires contre Daech soient suivies par des efforts déterminés et coordonnés pour maintenir la paix.  Sans cela, nous ne réussirons pas.  Cet automne, le Danemark lancera un programme de stabilisation de trois ans pour la Syrie et l’Iraq dont le principal objectif est de soutenir les efforts de stabilisation immédiate des régions libérées des mains de Daech.

Notre sécurité commune dépend aussi de l’adhésion des pays aux normes et aux règles des Nations Unies et toutes les nations doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international, y compris la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a condamné les derniers essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, et exhorté la communauté internationale à y répondre de manière forte et unie.

S’agissant de la migration, le Danemark figure parmi l’un des gros donateurs par habitant dans le monde et continuera de l’être.  Réaliser le développement durable et éradiquer l’extrême pauvreté sont des chemins vitaux vers un monde libre, pacifique et prospère et pour faire face aux causes fondamentales des migrations.

Depuis 1978, le Danemark a satisfait l’engagement de consacrer 0,7% de son produit intérieur brut à l’aide publique au développement et exhorte les autres pays à faire autant.  Nous devons également relever tous les défis de l’Accord de Paris sur le climat.  Le Gouvernement du Danemark présentera au Parlement l’Accord pour ratification, le 5 octobre prochain.

Pour réaliser le Programme 2030, le système de développement des Nations Unies doit être reformé et adapté aux enjeux.  Ce système doit repenser totalement son approche opérationnelle et reléguer dans le passé les cloisonnements et la course à l’argent.  Le Danemark estime que nous devons accorder une attention particulière au rôle des jeunes et au partenariat avec la société civile et le secteur privé pour réaliser et mettre en œuvre le Programme 2030.  Pour cette raison, le Premier Ministre du Danemark a annoncé la semaine dernière un nouveau fonds d’investissement pour les objectifs de développement durable qu’il a doté de 15 millions de dollars.  L’objectif est de lever des capitaux du secteur privé et d’atteindre un capital de base de 750 millions de dollars qui serviront à améliorer l’énergie, le climat, l’industrie et les infrastructures, la production alimentaire et la santé afin de créer une croissance durable, des empois et des revenus fiscaux dans les pays en développement.

Nous avons besoin du libre-échange mondial pour améliorer le développement et la croissance économique à long terme.  Le Danemark milite activement pour créer les conditions d’un meilleur accès aux marchés des pays en développement et pour améliorer le climat des affaires, y compris à l’Organisation mondiale du commerce. 

Le Danemark estime enfin que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont des éléments clefs pour réaliser le Programme 2030.  Des études ont montré qu’une année supplémentaire d’éducation peut aider une fille à accroître de plus de 20% ses revenus.  Grand partisan de la lutte contre la torture, le Danemark a, avec le Chili, le Ghana, l’Indonésie et le Maroc, lancé l’Initiative sur la Convention contre la torture dont l’objectif est la ratification universelle et la mise en œuvre de la Convention avant 2024.

M. KOKOU KPAYEDO (Togo) a rappelé que son pays s’est proposé volontairement à l’exercice du rapport d’avancement de l’intégration des objectifs de développement durable dans les stratégies et programmes nationaux de développement en juillet dernier.  À cette occasion, a-t-il dit, le Togo a pu démontrer les avancées dans la mise en œuvre de sa feuille de route mais aussi partager les progrès non négligeables qu’il a accomplis dans la mise en œuvre d’action phares pour ne laisser personne pour compte.  Reconnaissant que la redevabilité pour les résultats et l’apprentissage mutuel entre les pays sont déterminants pour accélérer la marche vers les objectifs de développement durable, le Togo participera à l’examen volontaire qui aura lieu lors du prochain segment politique de haut niveau sur la mise en œuvre de ces objectifs. 

Le Togo, qui est confronté à l’érosion côtière, aux inondations, à la désertification et à l’irrégularité des pluies, renouvelle son ferme engagement en faveur de l’Accord de Paris sur le climat qu’il a signé et dont le processus de ratification devrait aboutir avant la fin 2016. 

Comme aucun programme de développement ne saurait réussir sans paix, le représentant a indiqué que le Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale, récemment créé, a organisé en juillet 2016 un atelier de réflexion et d’échanges pour asseoir les bases des réformes qui restent encore à opérer.  Le Togo, qui a entrepris de nombreuses réformes, se prépare à se soumettre pour la deuxième fois au à l’examen périodique universel que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a prévu, du 31 octobre au 11 novembre 2016.  

Le représentant a aussi indiqué que son pays accueillera du 10 au 15 octobre prochain, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité et la sureté maritime et le développement en Afrique, dont l’objectif est de s’accorder sur une déclaration commune pour mieux prévenir et faire face à l’insécurité en mer et promouvoir un développement durable et inclusif de l’économie bleue, en adéquation avec les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris.

Au nom du Secrétaire général de l’ONU actuellement à Bogota pour la cérémonie de signature de l’Accord de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC, le Vice-Secrétaire général, M. JAN ELIASSON, a rappelé que le débat général est l’occasion de prendre la température du monde qui s’est révélée « élevée » sans pour autant obscurcir les raisons d’espérer, comme en témoigne l’attachement exprimé dans les déclarations à la Charte des Nations Unies et au multilatéralisme.  Si nous nous montrons suffisamment sérieux et persévérants, nous trouverons aux problèmes mondiaux des solutions qui sont dans l’intérêt de tous les États Membres.  M. Eliasson s’est dit très heureux de l’attachement affiché par les États aux objectifs de développement durable et à l’Accord de Paris sur le climat.  Il a rappelé le problème des migrants et des réfugiés et estimé que toutes les déclarations faites se sont toutes opposées à la xénophobie et au racisme.  Le Sommet organisé en parallèle par le Président Obama a été très utile, a-t-il affirmé. 

M. Eliasson a aussi rappelé le « cauchemar » vécu en Syrie, saluant le travail de l’ONU, lequel devra se poursuivre même quand le conflit aura baissé d’intensité.  Il faut mettre fin à cette guerre, a poursuivi le Vice-Secrétaire général, qui a salué la notion de pérennisation de la paix élaboré par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Enfin, M. Eliasson a relayé les remerciements du Secrétaire général pour toutes les déclarations faites sur son action durant ses deux mandats.

Déclaration de clôture

Au nom du Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, le Vice-Président, M. DURGA PRASAD BHATTARAI du Népal, s’est félicité de ce qu’au cours de ces six derniers jours, les États aient réaffirmé l’esprit et les principes de la Charte des Nations Unies et leur confiance dans le rôle central de l’Organisation en matière de coopération internationale.  Conformément au thème retenu cette année pour le débat général, chefs d’État et de gouvernement et ministres des affaires étrangères se sont engagés en faveur de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il relevé, se disant encouragé par le nombre de nations qui ont déjà intégré les objectifs et cibles identifiés par le Programme dans leurs plans et politiques.  La réunion sur la résistance antimicrobienne qui s’est déroulée mardi, parallèlement au débat général, a consacré l’urgente nécessité d’une réponse internationale pour relever ce défi, qui menace des millions de vies chaque année et ralentit les progrès dans la mise en œuvre du Programme.  « Je réitère mon appel aux États Membres pour que les objectifs de développement durable relatifs à l’éducation soient inscrits dans les programmes d’enseignement dispensés dans tous les pays du monde », a ajouté M. Bhattarai.

Évoquant la lutte contre les changements climatiques, le Vice-Président a félicité le Secrétaire général pour le succès de la cérémonie de ratification de l’Accord de Paris sur le climat, notant que la communauté internationale avait maintenant besoin de ratifications « couvrant simplement 7,5% de plus d’émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial » pour que cet instrument juridique entre en vigueur.  M. Bhattarai s’est dit confiant que cet objectif sera atteint à la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, prévue en novembre au Maroc.  J’exhorte tous les États parties non seulement à ratifier l’Accord rapidement, mais aussi à se montrer plus ambitieux en s’engageant à limiter la hausse des températures à 1,5ºC au-dessus des niveaux préindustriels et à mobiliser les ressources nécessaires pour financer les mesures d’adaptation et d’atténuation dont les petits États insulaires en développement et d’autres ont besoin, a dit le Vice-Président.

Il a également relevé au cours de ce débat général que les dirigeants avaient identifié la Conférence Habitat-III, prévue octobre en Équateur, et la Conférence des Nations Unies relative à la conservation et à l’exploitation de manière durable des océans, des mers et des ressources marines, en juin 2017,comme des occasions de promouvoir les objectifs de développement durable.

Qualifiant d’« étape importante » l’adoption, la semaine dernière, de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, M. Bhattarai a déclaré qu’il promouvra le processus enclenché par ce texte tout au long de la session qu’il présidera, avec pour finalité l’adoption, en 2018, de deux pactes mondiaux sur les réfugiés et sur les migrations sûres, régulières et ordonnées.  Relevant les appels lancés en faveur d’une reprise du processus de paix au Moyen-Orient, il a aussi noté que plusieurs intervenants s’étaient prononcés en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité et d’autres en faveur du désarmement.  Les États Membres ont également été nombreux à souligner les liens entre droits de l’homme, paix et développement durable, a encore relevé le Président, un lien qui a été consacré dans la Déclaration de New York sur le droit au développement. 

Quant à la nomination du prochain secrétaire général des Nations Unies, évoquée « par pratiquement tous les États Membres », M. Bhattarai a déclaré qu’il approcherait cette question « avec le plus grand soin » au cours des prochains mois, conformément aux principes de transparence et de responsabilité et en vue d’une « transition sans heurt ». 

En conclusion, il a fait les observations suivantes: Je suis préoccupé de voir l’érosion du « décorum » du débat général caractérisée par une réelle pollution sonore dans la salle de l’Assemblée et ses abords immédiats, par les dépassements du temps de parole, par l’absence des délégations au fur et à mesure que les jours passent et par la multiplication des réunions et autres manifestations parallèlement au débat général.  Le Vice-Président a dit avoir demandé au Groupe de travail sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale de se saisir de cette question au cours de cette session.

Droits de réponse

Le représentant des Îles Salomon a répondu à la déclaration faite par l’Indonésie concernant la situation des droits de l’homme en Papouasie occidentale.  L’Indonésie, a-t-il dit, a certes ratifié dès 1988 la Convention contre la torture mais elle n’a rien fait pour définir et pénaliser la torture dans sa législation.  De même, l’Indonésie n’a pas présenté de rapport au Comité contre la torture depuis 2008.  Affirmant détenir des informations sur les violations des droits de l’homme de la population mélanésienne en Indonésie, le représentant a demandé à cette dernière d’autoriser les experts des droits de l’homme de l’ONU à venir enquêter en Papouasie occidentale.  Il a rappelé les dispositions du Pacte international sur les droits civils et politiques que l’Indonésie a ratifié et conseillé à cette dernière d’avouer ses problèmes et d’en discuter plutôt que de fermer les yeux, pour qu’aucune vie ne soit plus jamais perdue, celle des Mélanésiens ou celle des autres.  Le représentant a aussi rappelé que plusieurs États insulaires du Pacifique ont essayé en vain d’entamer un dialogue avec l’Indonésie.

Son homologue du Pakistan s’est dite obligée de réagir à la déclaration de l’Inde, qu’elle a jugée truffée d’allégations sans fondement, dans le seul but de détourner l’attention des atrocités commises au Jammu-et-Cachemire.  Le comportement de l’Inde dans cette région relève du terrorisme d’État, a affirmé la représentante.  L’Inde doit accepter l’enquête proposée par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et savoir que le Jammu-et-Cachemire ne fera jamais partie de son territoire.  Le statut n’est pas tranché puisque les Nations Unies ont promis l’exercice de l’autodétermination à la population, a argué la représentante, en estimant que cette population mène donc une lutte légitime pour son autodétermination, laquelle doit être soutenue par la communauté internationale. 

La dernière attaque contre une base est aussi, selon la représentante, une autre tentative de détourner l’attention.  Elle a accusé l’Inde de pratiquer et d’encourager le terrorisme, alors qu’elle ferait mieux de se préoccuper de ses nombreux problèmes internes.  Elle a également accusé l’Inde d’avoir refusé les offres de pourparlers du Pakistan, y compris celle faite ici dans cette salle de l’Assemblée générale par le Premier Ministre pakistanais.

C’est le Pakistan qui essaye de détourner l’attention, a rétorqué la représentante de l’Inde.  Il s’agit en effet, s’est-elle expliquée, de faire oublier les sanctuaires du terrorisme qui continuent de prospérer sur le territoire pakistanais.  La représentante a accusé le Pakistan d’exporter le terrorisme comme politique d’État et de laisser son territoire devenir une base des attaques terroristes, y compris contre l’Inde.  Elle a accusé l’armée pakistanaise d’avoir commis des « crimes de génocide et de haine » notamment en 1971 et a dénoncé le fait que la société civile pakistanaise a été réduite au silence par des milices lourdement armées.  La représentante a enfin rappelé que son Ministre des affaires étrangères a dit on ne peut plus clairement, ce matin même, que le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde et le restera.

À son tour, le représentant du Guatemala a répondu à la délégation du Belize, concernant le différend « frontalier terrestre, insulaire et maritime » entre les deux pays.  Il a en premier lieu rappelé la volonté de son pays de résoudre « ce contentieux territorial, dont les deux pays ont hérité », devant la Cour internationale de Justice.  Il a également souligné l’intention de son pays d’entretenir des relations privilégiées avec le Belize, basées sur le respect mutuel.  « C’est pour cette raison que nous rejetons vivement les accusations infondées de la délégation de Belize, dans la mesure où elles ne correspondent pas à la vérité », a-t-il déclaré.

Il a souligné que, depuis la création de l’ONU, son pays n’a jamais recouru à la force ou à la menace pour régler ce différend territorial, vieux de 157 ans.  En effet, a expliqué le représentant, le Guatemala a été victime d’une dépossession et d’une mutilation de son territoire, en raison de la politique expansionniste et prédatrice de la puissance impériale et colonisatrice qui, prenant appui sur sa force militaire, au mépris flagrant des traités signés, en particulier les Traités Clayton–Bulwer et Wyke-Aycinena, plus connu sous le nom de « Convention anglo-guatémaltèque de 1859 », s’est emparée par la force d’un territoire qui ne lui appartenait pas, a-t-il estimé. 

Le représentant a souligné que son pays a fait tout son possible pendant plus de 120 ans pour régler ce différend de manière pacifique.  « En dépit de l’abus et de la dépossession dont nous avons été victimes, le Guatemala a reconnu le droit du peuple de Belize à l’autodétermination et à l’indépendance, mais il a maintenu sa demande légitime concernant la partie correspondante à ce territoire spécifique », a-t-il souligné.

Mon pays, a-t-il poursuivi, est désormais victime « d’un autre type de violence, caractérisé par une conduite abjecte, incompatible avec les liens d’amitié sur lesquels doivent se baser les relations entre Nations ».  Le représentant a en effet précisé qu’au cours des 10 dernières années, 10 paysans guatémaltèques « sans défense » ont été tués à Belize, simplement parce qu’ils se trouvaient sur le territoire administré par ce dernier.  Il a qualifié ces incidents « d’actes barbares », « d’aberration morale » et de « conduite irrationnelle et injustifiable ».

Il a par ailleurs rejeté les conclusions des experts mentionnés par le Belize dans sa déclaration, concernant le dernier de ces « incidents tragiques », en avril dernier.  Il a dénoncé l’usage disproportionné de la force par les forces de Belize, qui a conduit à la mort d’un adolescent guatémaltèque.  « La présence non autorisée de personnes ne justifie en aucun cas l’usage disproportionné et létal de la force », a-t-il rappelé.

Son homologue de la République islamique d’Iran a quant à lui répondu à la déclaration des Émirats arabes unis, qui ont, selon lui, proféré des accusations « sans fondement » et « sans preuve ».  En l’absence de preuves, il a qualifié « d’absurdes et d’hypocrites » ces accusations, concernant la soi-disant ingérence de l’Iran dans les affaires d’autres pays.  Ces accusations ne sont pas crédibles et viennent de toute façon « de responsables qui bombardent des innocents aux Yémen ».  « C’est d’autant plus honteux », a-t-il estimé, « que les Émirats arabes unis arment des terroristes en Iraq et ailleurs ».  Le représentant a également qualifié d’infondées les accusations concernant l’occupation par l’Iran d’îles du Golfe persique, « car ces îles continuent de faire partie du territoire iranien », a-t-il asséné.  Il a ensuite dénoncé l’alliance formée par les Émirats arabes unis et Israël, au sein d’une coalition qui revient, selon lui, « à trahir le peuple palestinien ». 

Le représentant a commenté la déclaration de Bahreïn sur la prétendue ingérence de l’Iran.  « C’est un mensonge! » a-t-il contré, ajoutant qu’un rapport récent sur la question n’avait pas permis d’établir de lien clair entre les incidents récents survenus à Bahreïn et l’Iran.  Le représentant a aussi mentionné les incidents survenus l’an dernier pendant le pèlerinage annuel de La Mecque, en Arabie saoudite, qui ont entraîné la mort de nombreux citoyens iraniens.  Il a reproché à l’Arabie saoudite l’absence d’enquête sur ce qui s’est réellement produit et le silence face aux demandes répétées de l’Iran qui veut savoir la vérité.

Il a souligné que son pays a toujours tout fait pour développer de bonnes relations avec ses voisins, y compris dans ceux du Golfe Persique.

Répondant aux Îles Salomon, la représentante de l’Indonésie a vu dans la déclaration l’utilisation des droits de l’homme comme prétexte pour appuyer des mouvements séparatistes en violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale d’un État et donc la Charte des Nations Unies.

Son homologue du Pakistan a rejeté « les allégations et les mensonges » de l’Inde.  Le Jammu-et-Cachemire est un territoire contesté, a-t-il répété, et il ne sert à rien de tenir à l’Assemblée générale des propos qui vont à l’encontre du droit international.  L’Inde ne fait que réprimer depuis 70 ans la population du Jammu-et-Cachemire plutôt que d’entendre sa voix. 

La représentante de l’Inde a dit avoir fait preuve de patience en écoutant le Pakistan.  J’attends maintenant qu’il parle de choses réellement importantes pour le monde, a-t-elle taclé. 

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