Soixante-dixième session,
116e séance plénière – matin   
AG/11811

L’Assemblée générale transmet à sa soixante et onzième session la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants pour adoption par les chefs d’État le 19 septembre

L’Assemblée générale a, ce matin, transmis (1) à sa soixante et onzième session le document final intitulé « Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants », laquelle se prononcera au cours de sa séance plénière de haut niveau sur la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants qui se tiendra le 19 septembre 2016.

« La crise actuelle des migrants et des réfugiés est la pire crise humanitaire que le monde ait jamais connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », a déclaré le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft.  « La souffrance et la peine de ces populations sont tout simplement insupportables pour nous tous », a-t-il ajouté, précisant néanmoins que « l’aide humanitaire est refusée à des millions de personnes partout dans le monde ».

M. Lykketoft a souligné qu’il était frustrant que, dans une économie mondiale estimée à 77 000 milliards de dollars, « nous ne sommes pas en mesure de financer les 10 milliards de dollars de besoins humanitaires ».  Il est tout aussi frustrant, selon lui, que « la communauté internationale n’a pas été en mesure de mettre un terme aux conflits et aux attaques contre les civils qui sont les causes de la plupart des déplacements de populations actuels ». 

L’Assemblée générale a travaillé étroitement avec le Secrétaire général sur cette question à travers notamment des réunions plénières et informelles, y compris la réunion sur la réponse humanitaire en Afrique et le Sommet humanitaire mondial à Istanbul, en Turquie.  La réunion de haut niveau de l’Assemblée générale du 19 septembre s’appuie sur les réalisations de ces efforts. 

Le Président a rappelé que les Nations Unies avaient été créées 70 ans plus tôt pour tenter d’atteindre les objectifs fondamentaux de promouvoir la paix, de protéger les populations vulnérables et d’assurer les droits de l’homme. 

La « Déclaration de New York » traduit l’engagement collectif de la communauté internationale à poursuivre ces objectifs.  « Nous devons veiller à ce que les déplacements massifs de réfugiés et de migrants continuent de recevoir notre attention et notre engagement.  Nous devons poursuivre la coopération de toutes les personnes concernées afin de finaliser ces deux aspects et préparer la Conférence internationale sur la migration », a affirmé le Président. 

L’Union européenne a mis l’accent sur le partage des responsabilités et la coopération.  Tout en reconnaissant la nécessité d’arriver à un accord consensuel, elle a regretté de ne pas avoir disposé de plus de temps dans les négociations sur le document final.  Elle a précisé que la détention des enfants ne pouvait être qu’« un dernier recours dans des circonstances exceptionnelles » et que les accords juridiques en place offraient une plus grande protection des droits de l’homme des migrants et de leurs familles. 

L’Union européenne a rappelé que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) était « le chef de file » pour les migrations et que l’OIM se penchera sur la préparation des deux pactes.  Enfin, elle a jugé important de trouver un nouveau titre qui sera « mieux compris du public ».

Pour la Fédération de Russie, toute interprétation du document final ne peut aller à l’encontre des principes fondamentaux de neutralité et d’indépendance et de respect de l’intégrité territoriale des États.  « La situation actuelle est le résultat de l’ingérence irresponsable dans les affaires intérieures du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ».  En outre, « aucune disposition du document final ne crée d’obligations supplémentaires d’ordre financier ».

Le partage équitable des responsabilités est indispensable pour faire face aux déplacements massifs de réfugiés et répondre à leurs besoins de base, a souligné le Liban, qui a le ratio le plus élevé de réfugiés et de personnes déplacées par habitant et par mètre carré dans le monde.  L’objectif final doit demeurer le retour des réfugiés dans leur pays.

Le Mexique a regretté que certains aspects de la Déclaration ne soient « pas suffisamment complets ».  Selon ce pays, les résolutions les plus récentes de l’Assemblée générale et du Conseil des droits de l’homme continueront de bénéficier de discussions futures à la lumière de la Déclaration.  Il a réaffirmé la nécessité d’identifier une solution durable pour protéger les enfants non accompagnés et souligné que la détention des mineurs constituait une violation des droits de l’enfant.

Pour sa part, le Japon a regretté que la Déclaration ne se concentre que sur les mouvements transfrontaliers et ne fasse pas la lumière sur les déplacés de l’intérieur.  Le Japon est également préoccupé par le fait que les États Membres ne sont « pas encore informés des conséquences financières de la Déclaration ».

Selon Israël, la réponse doit faire montre de souplesse pour prendre en compte les réalités nationales différentes des États.  « Le document final et ses annexes constituent une déclaration politique qui ne crée pas de nouveaux droits ni d’obligations juridiques », a considéré le délégué.

D’après Cuba, le document final devrait aborder en profondeur les causes du nombre élevé de migrants dans le monde et l’impact négatif de la fuite des cerveaux, et condamner les politiques négatives pratiquées par certains États Membres qui occasionnent une immigration irrégulière en violation des accords migratoires en vigueur.

À son tour, le Népal, dont un dixième de la population travaille à l’étranger, a estimé qu’il fallait prendre en compte les considérations géopolitiques des pays en développement d’accueil et combler leur manque de ressources et de capacités.

L’Assemblée générale a également adopté, toujours sans vote, cinq autres résolutions.  Elle a ainsi invité (2) son Président à « tenir le 3 mars 2017, en coopération avec le secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction et avec la participation des parties prenantes concernées, un débat thématique de haut niveau sur la célébration mondiale de la Journée mondiale de la vie sauvage, notamment sur la protection de la flore et de la faune sauvages et sur la lutte contre le trafic d’espèces sauvages ».

De même, elle a décidé (3) que la Conférence des Nations Unies pour appuyer la mise en œuvre de l’objectif 14 des objectifs de développement durable: conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable » se tiendrait au Siège de l’ONU, à New York, du 5 au 9 juin 2017. 

Le thème global de la conférence est: « Nos océans, notre avenir: établir des partenariats pour la mise en œuvre de l’objectif 14 des objectifs de développement durable ».

Par sa résolution intitulée « Consolider les acquis et intensifier l’action menée pour lutter contre le paludisme et l’éliminer dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, à l’horizon 2030 » (4), elle a constaté qu’une « augmentation considérable du financement » était « nécessaire pour atteindre les objectifs de la Stratégie technique mondiale contre le paludisme 2016-2030 », le montant alloué à ce titre devant passer de 2,5 milliards de dollars par an en 2014 à 8,7 milliards de dollars par an d’ici à 2030. 

En outre, l’Assemblée générale engage vivement les pays impaludés à rechercher la viabilité financière, à accroître dans la mesure du possible les ressources nationales affectées à la lutte contre le paludisme et à créer des conditions favorables à une collaboration avec le secteur privé afin d’améliorer l’accès à des services antipaludiques de qualité.

L’Assemblée générale s’est aussi penchée sur le « renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends et la prévention et le règlement des conflits » (5).  Par ce texte, elle considère notamment que, pour être responsable et crédible, la médiation exige, entre autres, une appropriation nationale, le consentement des parties au différend ou au conflit visé, le respect de la souveraineté nationale, l’impartialité des médiateurs, le respect par ceux-ci des mandats adoptés, l’exécution des obligations imposées aux États et aux autres acteurs par le droit international, y compris les traités applicables, la préparation opérationnelle des médiateurs.

Le représentant de l’Arménie s’est dissocié du consensus en arguant que le texte ne soulignait pas davantage l’importance des principes de la Charte des Nations Unies.  Son homologue de l’Ukraine a dit que son pays était attaché au règlement pacifique du conflit actuel avec la Russie concernant l’occupation illégale par ce pays de la Crimée.  Exerçant son droit de réponse, la Fédération de Russie a reproché à l’Ukraine d’avoir « utilisé la tribune de l’ONU à des fins destructrices ».

L’Assemblée a reporté au jeudi 16 septembre la discussion sur la réinscription du point intitulé « Sensibilisation de l’opinion mondiale au drame des migrants en situation irrégulière, en particulier les demandeurs d’asile syriens, dans le bassin méditerranéen » à l’ordre du jour provisoire de sa prochaine session.

En effet, la Syrie, rejointe par la République islamique d’Iran et le Venezuela, a dénoncé « les motifs politiques » qui sous-tendent l’inclusion de ce thème à l’ordre du jour de l’Assemblée et refusé qu’il soit maintenu.  En revanche, la Turquie, les États-Unis, la France, le Qatar, le Royaume-Uni, l’Arabie saoudite et l’Ukraine se sont rangés aux côtés de ceux qui jugent nécessaire de continuer de se centrer sur cette question.

Par ailleurs, l’Assemblée générale a entériné (6) l’élection de M. Erik Solheim, de la Norvège, au poste de Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) pour un mandat de quatre ans allant du 15 juin 2016 au 14 juin 2020.

 

(1) A/70/L.61
(2) A/70/L.63
(3) A/70/L.64
(4) A/70/L.62
(5) A/70/L.65
(6) A/70/859/Add.1

 

 

 

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