Troisième Conférence internationale sur le financement du développement
3ème & 4ème séances - matin & après-midi
DEV/3187

Financement du développement: les pays donateurs réaffirment leurs engagements financiers et demandent l’adoption du projet de document final « tel quel »

La deuxième journée de la Conférence sur le financement du développement qui se tient jusqu’au 16 juillet à Addis-Abeba, en Éthiopie, a été marquée par la promesse des principaux pays donateurs de l’aide publique au développement (APD) de consacrer une partie de leur produit intérieur brut (PIB) à cette aide dont le rôle « central » et « catalyseur » a été souligné par les pays récipiendaires.  La cible ambitieuse de 1% a été évoquée par plusieurs délégations.

Ces pays donateurs ont également demandé l’adoption du projet de document final « tel quel », futur « cadre global du financement du développement pour l’après-2015 » qui est toujours en négociation.  Ils ont estimé, à l’instar du représentant des États-Unis, qu’il était « équilibré » et « robuste ». « Lorsque les délégations ne sont pas unanimes, cela prouve généralement que nous avons atteint ce qui est politiquement possible », s’est résigné le Ministre des affaires étrangères de la Norvège.

L’APD, source traditionnelle du financement du développement qui s’est élevée à 135 milliards de dollars en 2014, a été au cœur des interventions de la cinquantaine de délégations à s’être exprimées aujourd’hui.  Affirmant que le Luxembourg consacrerait 1% de son PIB à l’APD, le Ministre luxembourgeois de la coopération au développement a emboîté le pas au Premier Ministre de la Suède, qui avait été applaudi hier après une annonce similaire.

Cette cible de 1% est une « preuve de solidarité » de la part des pays développés, a estimé le Ministre des affaires étrangères du Guatemala, alors que le Vice-Premier Ministre de la Turquie expliquait que le développement n’était plus « une question de charité ». Le Liechtenstein consacrera désormais 0,75% de son PIB à l’APD, tandis que l’Union européenne, qui fournit plus de la moitié de l’APD mondiale, s’est dite déterminée à atteindre, d’ici à 2030, l’objectif de 0,7%. Le Premier Ministre italien a promis que son pays deviendrait en 2017 « le champion de l’APD ».

Les petits pays et les pays à revenu intermédiaire ont également été encouragés à consacrer une partie de leur revenu à l’APD, notamment par la Vice-Premier Ministre de la Croatie, qui a indiqué que « tout le monde était gagnant » pour autant que cette APD ne soit pas perçue comme « arrogante » et qu’elle s’articule autour de véritables partenariats.  Même son de cloche du côté du Ministre des finances  du Malawi, qui a dit se souvenir des différences d’opinion entre pays récipiendaires et partenaires de développement, « les seconds se transformant en mentors et en superviseurs et provoquant un certain ressentiment chez les premiers ».  

Le Ministre du développement social de l’Équateur s’est opposé catégoriquement à l’idée que la coopération Sud-Sud et les transferts des salaires des migrants soient considérés comme un substitut de l’APD.  « C’est là un subterfuge que les pays développés peuvent employer pour échapper à leur obligation ».  Les pays ont été nombreux à souligner les caractéristiques que devait revêtir cette aide pour être efficace, à l’instar du Ministre des finances de la Sierra Leone qui a estimé que cette aide devait « être intelligente et se concentrer sur les « orphelins de l’assistance » et non pas sur les pays géopolitiquement importants « comme cela est le cas ». « L’APD est plus efficace lorsqu’elle utilisée comme levier », a expliqué le Secrétaire d’État au trésor des États-Unis, ajoutant que son pays œuvrait de plus en plus en tant que facilitateur de partenariats avec le secteur privé.

Mais les distorsions dans l’allocation des capitaux privés ont été abordées par de nombreux intervenants, dont la Vice-Premier Ministre de la Serbie, qui a dressé un parallèle entre les montants colossaux  des actifs financiers internationaux -212 mille milliards de dollars – et les taux de chômage élevés dans de nombreux pays.  Seule une fraction de cette somme est nécessaire pour financer le programme de développement, a relevé le Ministre des finances de l’Ouganda, qui a appelé de ses vœux l’adoption d’un mécanisme de financement hybride mélangeant ADP et prêts commerciaux « afin d’amener le coût du crédit à un niveau raisonnable».

D’autres propositions visant l’augmentation des ressources en faveur du financement du développement ont été avancées, en particulier par le Ministre des finances de l’Arabie saoudite qui a affirmé que le financement islamique pouvait servir cet objectif, en raison de son faible coût et par la Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein qui, se faisant l’écho de nombreuses délégations, a réclamé « une mobilisation massive des ressources domestiques ». Une proposition jugée « irréaliste » par le Vice-Premier Ministre de Tuvalu, alors que de nombreux pays, tels que la Colombie, ont demandé une plus grande coopération internationale afin de lutter contre l’évasion fiscale et le renforcement des capacités nationales de collecte de l’impôt.

Les pays donateurs de l’APD ont demandé l’adoption « tel quel » du projet de document final qui présente « tous les ingrédients essentiels » pour le Ministre du développement international du Canada. « Si l’on ouvre à nouveau la négociation sur le document, cette Conférence pourrait alors être en péril », a-t-il jugé, alors que l’Union européenne s’est dite prête, dans un esprit de compromis, « à adopter ce texte tel qu’il est ».

« Ce document doit réaffirmer l’importance de l’APD, faire la distinction entre le financement du programme de développement durable et celui de la lutte contre les changements climatiques et entériner la transformation du Comité d’experts sur la coopération en matière fiscale en un organe intergouvernemental », a demandé le Ministre des finances de l’Afrique du Sud, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Le représentant de l’État de Palestine s’est dit étonné que le document ne mentionne pas le droit au développement des peuples vivant sous occupation.

Les délégations se sont en revanche toutes accordées sur la nécessité d’aboutir à un accord, afin que 2015 ne soit pas seulement une année historique pour le développement mais soit également, selon le souhait du Vice-Premier Ministre de la Slovaquie, comme étant « une année révolutionnaire ».

La Plénière de la Conférence internationale sur le financement du développement reprendra son débat de haut niveau demain mercredi 15 juillet à partir de 10 heures.

Déclarations

Nous sommes ici, a déclaré M. ALEXANDER DE CROO, Vice-Premier Ministre et Ministre de la coopération au développement de la Belgique, non pas pour réchauffer de vieux  plats mais pour « fon-da-men-ta-le-ment » revoir nos politiques et renouveler nos méthodes et nos instruments.  « Nous ne pouvons laisser sur la touche un milliard de personnes qui vivent dans les pays les moins avancés (PMA).  Nous devons inverser la tendance à la baisse de l’aide  publique au développement (APD). »  Le Belgique, a dit le Vice-Premier Ministre, appelle la communauté internationale à concentrer ses efforts d’abord et avant tout sur les PMA et les États fragiles.  Sans l’APD, les PMA sont pris au piège d’un cycle qui compromet les générations à venir.  L’APD a un rôle essentiel et catalytique pour ces pays mais elle n’est pas la seule source de financement du développement.  « Nous devons mobiliser un large éventail de ressources », a-t-il dit.  Les pays doivent garantir la mobilisation et l’utilisation efficace des ressources internes.  Ils doivent élargir leur assiette fiscale d’une manière juste et équitable.  Nous devons, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, investir dans la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.  Il faut être clair et admettre qu’il ne peut y avoir de développement durable sans transparence ni responsabilisation.  Nous ne pouvons tolérer que les gens voient le fruit de leur travail ardu confisqué par un groupe de privilégiés à la tête d’un État. 

Mais, a prévenu le Vice-Premier Ministre, les systèmes fiscaux n’auront de sens que s’ils renforcent un développement économique véritable et durable.  Sans une économie forte, le système fiscal demeure une boîte vide et un mauvais système rend impossible toute croissance économique.  Le vrai tissu économique d’un pays, ce sont les entrepreneurs locaux, les employeurs et les employés qui, en prenant des risques et en travaillant avec acharnement, génèrent de la valeur ajoutée et créent la croissance économique.  Une attention spéciale doit être accordée à la transition de l’économie informelle à l’économie formelle.  Le Vice-Premier Ministre a conclu en parlant de « l’avenir numérique », et en souhaitant que l’on transforme la révolution numérique en révolution du développement.  Aujourd’hui, le numérique est le seul moteur vraiment important de la démocratisation, a-t-il insisté.  Les pays doivent adopter des cadres juridiques de protection de la sécurité et de la vie privée.  Essayons d’éviter les intrusions généralisées comme les surveillances, a recommandé le Vice-Premier Ministre.

M. ALI BARBACAN, Vice-Premier Ministre de la Turquie, a affirmé que l’émergence économique de l’Afrique serait l’une des principales caractéristiques du XXIe siècle.  « Renforcer notre coopération avec les pays africains est l’une de nos principales priorités internationales », a-t-il dit.  « Le développement n’est plus une question de charité », a-t-il poursuivi, ajoutant que l’intégration économique des pays en développement était cruciale pour la croissance mondiale.  Il a indiqué que la question centrale était désormais relative à la création de conditions propices au financement du développement.

« L’APD demeure la plus importante source de financement des efforts de développement de bien des pays, en particulier les pays les moins avancés », a-t-il affirmé.  Appelant les États Membres à honorer leur engagement en matière d’APD, il a indiqué que l’APD fournie par son pays était passée de 1 milliard de dollars en 2010 à 3,5 milliards de dollars en 2014.  Il a également jugé capital de battre en brèche la tendance à la diminution de l’APD fournie aux pays les moins avancés.

« En tant que pays donateur émergent, nous avons acquis la conviction que l’aide apportée comme réponse à une demande produisait de meilleurs résultats », a-t-il dit, ajoutant que la relation donateur-récipiendaire devait être basée sur un partenariat.  M. Barbacan a affirmé que l’objectif à  long terme devait être la création d’un environnement qui rendrait cette aide inutile, jugeant cruciale à cet égard la mobilisation des ressources nationales.  M. Barbacan a ensuite rappelé que se tiendra en mai 2016 à Istanbul le Sommet humanitaire mondial et indiqué que son pays avait dépensé 5,6 milliards de dollars pour répondre aux crises humanitaires que connaissent les pays voisins de la Turquie.  Il a également affirmé que la lutte contre le changement climatique était non seulement bénéfique à la planète mais également à la croissance économique. En conclusion, il a cité un proverbe africain : « Si nous voulons parcourir un long chemin, nous devons le faire ensemble ».

M. MIROSLAV LAJCAK, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des affaires européennes de la Slovaquie, a énuméré les raisons pour lesquelles son pays se préoccupe du financement du développement et parmi celles-ci, il a souligné qu’en tant que « relativement nouveau donateur », la Slovaquie connaît les opportunités et les défis d’un pays qui passe du statut de récipiendaire de l’APD à celui de donateur international.  L’APD, a-t-il insisté, demeure une source cruciale pour le développement durable, en particulier pour les PMA.  Nous devons exploiter son rôle catalyseur pour mobiliser les financements publics et privés.  La Slovaquie, a affirmé le Vice-Premier Ministre, est prête à partager son expérience dans les domaines de la gestion des finances publiques et de la décentralisation fiscale.  En matière de consolidation fiscale, la Slovaquie est en train de mettre en œuvre un agenda ambitieux pour lutter contre l’évasion et la fraude fiscales.  La Slovaquie encourage donc une coopération plus approfondie en matière fiscale et une approche inclusive qui engage l’ensemble de la communauté du développement. 

La Slovaquie, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, appuie les partenariats public-privé et un recours accru aux financements mixtes, composés de dons et de prêts.  Mais, a prévenu le Vice-Premier Ministre, la mise en œuvre du nouveau programme de développement durable ne dépendra pas seulement des moyens financiers.  Elle dépendra aussi des moyens non financiers comme la démocratie, l’état de droit, la bonne gouvernance, les institutions efficaces, la sécurité et une société civile vibrante, autant de facteurs qui attirent les investissements du secteur privé.  Le succès du nouveau programme dépendra aussi d’un mécanisme solide, transparent et élargi de surveillance, de responsabilisation et d’examen.  « La responsabilité partagée et la responsabilisation mutuelle ne sont pas une option, c’est un must. »  L’année 2015 n’est pas seulement historique, elle est révolutionnaire parce que nous vivons des changements irréversibles de notre environnement et faisons face à de nombreux autres défis, a dit le Vice-Premier Ministre en citant le Sommet de septembre prochain qui doit adopter le programme de développement pour l’après-2015 et la Conférence de Paris sur les changements climatiques de laquelle est attendu un accord ambitieux.

M. MAATIA TOAFA, Vice-Premier Ministre de Tuvalu, a demandé que les petits États insulaires en développement (PEID) soient considérés comme des cas spécifiques en matière de développement durable, eu égard aux vulnérabilités de ces pays.  Il a souligné le danger que fait peser sur son pays le changement climatique et souhaité qu’une attention suffisante soit donnée à cet égard à la situation financière spécifique des PEID.  Puis, il a plaidé pour un partenariat mondial renforcé en matière de développement, la fourniture d’un financement adéquat et la facilitation des échanges commerciaux.  Les Orientations de Samoa doivent désormais se traduire par des actions concrètes, dynamiques et innovantes, a-t-il dit.

Soulignant le rôle crucial de l’APD, il a jugé « irréaliste » d’attendre des pays les moins avancés, tels que Tuvalu, qu’ils mettent l’accent sur la mobilisation des ressources domestiques pour financer leurs efforts de développement.  C’est pourquoi il est crucial que l’APD concerne les trois piliers du développement durable, a-t-il poursuivi.

Il a ensuite indiqué que des barrières structurelles continuaient d’entraver l’accès des PEID aux marchés internationaux, et ce, même après que ces pays quittent la catégorie des pays les moins avancés.  Le document final de la Conférence devrait inclure l’engagement des États Membres de n’épargner aucun effort pour que le Cycle de négociations de Doha soit couronné de succès, a-t-il dit, ajoutant que les besoins spécifiques des PEID devraient être reconnus. M. Toafa a également appelé de ses vœux des approches classiques et innovantes pour promouvoir la viabilité de la dette de pays en développement tels que Tuvalu.

Enfin, il a indiqué que le futur cadre d’Addis-Abeba devait être complémentaire, et non pas faire double emploi avec les moyens de mise en œuvre du futur programme de développement.  « Tuvalu reconnaît la nécessité de procéder à une division claire et effective des responsabilités entre les deux processus à ce stade de développement mais ces derniers doivent fusionner afin de viser les mêmes résultats », a-t-il conclu.

M. MATTEO RENZI, Premier Ministre de l’Italie, a parlé d’emblée des milliers de migrants qui tentent de se rendre en Europe et  de la foi de son pays dans la valeur humaine en faisant face à ce phénomène.  Le Premier Ministre a, à l’instar du Secrétaire général, estimé que 2015 est une « année séminale » durant laquelle il faudra fortifier la volonté d’aboutir à un monde meilleur, de mettre au point un agenda du développement vraiment durable et intégré qui tire les leçons des retards pris dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il faut, a plaidé le Premier Ministre, une vision plus ambitieuse du développement qui mette en commun toutes nos ressources, toute notre expérience, toute notre volonté et tout notre talent.  Le Premier Ministre s’est dit heureux d’être à Addis-Abeba, le siège de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), qui symbolise aujourd’hui la stratégie mondiale du développement et la vision qui sous-tend cette stratégie.  L’Italie, a-t-il dit, peut être une sorte de pont entre l’Europe et l’Afrique.  « Je suis venu ici parce que l’Italie sait ce que le mot solidarité veut dire », a expliqué le Premier Ministre, arguant que pour sauver la vie des milliers de migrants, il faut leur redonner l’espoir d’une vie meilleure, d’un emploi.  Il faut investir en Afrique et cela ne doit pas seulement être fait par les grandes sociétés mais aussi par les PME dont l’Italie est très riche. 

En attendant, a poursuivi le Premier Ministre, l’Italie a augmenté son APD et compte bien devenir en 2017, le champion de cette aide.  Elle compte aussi mettre l’accent sur les exportations et organise, dans ce cadre, une Réunion ministérielle avec les petits États insulaires en développement.  « Je suis ici parce que le monde change et que l’aide au développement doit revêtir une nouvelle dimension », a poursuivi le Premier Ministre.  Nos partenaires, s’est-il expliqué, ont besoin de nos conseils et de notre technique concernant les politiques sociales et la promotion du secteur privé, domaine dans lequel l’Italie a une grande expérience.  Le Premier Ministre a annoncé la création de la banque italienne de développement dont les contours seront présentés à cette Conférence au cours d’une manifestation parallèle.  Il n’a pas voulu oublier l’importance de la coopération culturelle dans un monde riche en potentialités.  Le Premier Ministre a conclu en attirant l’attention sur une loi italienne qui reconnaît la diversité du monde et des acteurs internationaux.  Il a enfin indiqué que le portefeuille du Ministre italien des affaires étrangères s’est enrichi de la coopération internationale, « ce qui n’est pas seulement une révolution phonétique mais bien un message envoyé à tout le monde ».  « Je suis ici pour l’avenir et envoyer un message d’espoir », a ajouté le Premier Ministre.

Mme KORI UDOVICKI, Vice-Premier Ministre de la Serbie, a indiqué que les OMD, malgré le scepticisme qu’ils avaient rencontré lors de leur mise en place, étaient un succès.  Elle a ensuite affirmé que la nouvelle structure économique mondiale avait abouti à une pénurie d’emplois, mais pas à « une pénurie de revenus ».  Mon pays est particulièrement touché, a-t-elle poursuivi, précisant que 35% de la population serbe étaient sans emploi.  Elle a rappelé dans le même temps que l’épargne mondiale et les actifs internationaux s’élevaient, respectivement, à 22 et 212 000 milliards de dollars.  « Le chômage, comme bien d’autres défis de développement, est principalement un problème de gouvernance », a-t-elle affirmé.

Elle a souligné la nécessité de lutter contre l’évasion fiscale et le « démon de la corruption » et de promouvoir la bonne gouvernance et l’équilibre budgétaire, avant de détailler les efforts de son pays dans ces domaines.  La Serbie a réduit son déficit budgétaire de 7% l’automne dernier à 3% cette année, a-t-elle dit.  Mme Udovicki a affirmé que la Serbie, pays enclavé, à revenu moyen élevé et candidat à l’Union européenne, était bien consciente des défis auxquels font face les pays en développement.  Elle a en conséquence souhaité que les pays développés consacrent 0,7% de leur revenu national brut à l’APD.  « Nous partageons cette planète, nous devons donc travailler ensemble pour promouvoir le développement durable », a-t-elle conclu.

M. NHLANHLA NENE, Ministre des finances de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a insisté sur la lutte “essentielle » contre les flux financiers illicites et sur l’aide à l’industrialisation des pays en développement.  L’assistance technique, a-t-il insisté, est « cruciale » pour l’exploitation des ressources naturelles.  Il a aussi souligné l’importance de la coopération nord-sud, première plateforme pour trouver les sources de financement du développement.  Il a appelé les États à s’approprier l’esprit de cohésion sociale pour sortir les populations du marasme de la pauvreté, du chômage et des inégalités.  M. Nene a réaffirmé la position de son Groupe selon laquelle la coopération Sud-Sud ne pourrait servir aux pays développés pour se soustraire aux engagements pris en matière d’APD.  La coopération Sud-Sud n’est pas un substitut mais un complément de la coopération nord-sud, a insisté le Ministre.  Il a appelé au respect du principe de responsabilités partagées mais différenciées pour ne pas atténuer l’importance de la coopération nord-sud. 

Le document final, a-t-il conclu, doit refléter les éléments présents dans le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha.  Il doit réaffirmer l’importance de l’APD et faire la distinction entre le financement du programme de développement durable pour l’après-2015 et celui de la lutte contre le changement climatique.  Le document doit aussi entériner la transformation du Comité d’experts sur la coopération en matière fiscale en un organe intergouvernemental.

M. NEVEN NIMICA, Commissaire européen à la coopération internationale et au développement de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne fournissait plus de la moitié de l’APD mondiale et était déterminée à atteindre l’objectif de consacrer 0,7% de son revenu national brut à l’APD dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015. Il a également souligné l’engagement sans précédent de l’Union européenne de consacrer de 0,15 à 0,20% de ce même revenu à l’APD au bénéfice des pays les moins avancés. « L’Union européenne fera en sorte que 20% de ses dépenses servent à la réalisation des objectifs dans le domaine des changements climatiques », a-t-il poursuivi, ajoutant que l’Union européenne aiderait à la mobilisation de 100 milliards de dollars pour l’éradication de la pauvreté et la promotion du développement durable d’ici à 2020.

M. Nimica a indiqué que le projet de document final, s’il présentait des avancées décisives en vue de la réalisation d’objectifs communs, incluait des éléments qui n’étaient pas optimaux pour tous. « Je ne cacherai pas que certains éléments demeurent problématiques pour nous », a-t-il dit, avant d’indiquer que l’Union, dans un esprit de compromis, était prête à adopter ce texte tel qu’il est.  Ce texte ne doit pas être renégocié, dans la mesure où cela saperait le travail accompli jusqu’à présent, a-t-il dit.

M. Nimica a indiqué que le texte contenait un train de mesures robustes en faveur de la transformation économique des pays les moins avancés, y compris un appui à la mobilisation des ressources domestiques, l’apport catalyseur de l’APD et des engagements commerciaux forts.  Il a également indiqué que le nouveau partenariat international pour le développement durable était intégré – « il n’y a qu’un seul programme de développement durable » -, complet et universel. Ce partenariat postule que chaque pays apporte sa juste contribution, a-t-il dit.

« La mise en œuvre du développement durable va au-delà des engagements financiers », a-t-il poursuivi, précisant que le renforcement des capacités dans le domaine scientifique, les technologies et l’innovation étaient des éléments clefs de la réalisation des objectifs de développement durable. M. Nimica a ensuite indiqué que le futur cadre d’action d’Addis-Abeba devait promouvoir l’état de droit, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption tout en veillant à assurer la cohérence des politiques menées à tous les niveaux. Le suivi de nos actions doit être transparent afin de rester dans les clous de cet ambitieux programme de développement, a-t-il dit. « À cette fin, nous devons viser à mettre en place un cadre de suivi et de responsabilisation globale », a dit M. Nimica qui a rappelé que les objectifs recherchés étaient l’éradication de la pauvreté extrême et la promotion d’un avenir durable pour tous. « Il s’agit de notre monde, de notre dignité, de notre avenir ».

Mme CECILIA VACA JONES, Ministre du développement social de l’Équateur, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a jugé important de continuer à avancer et de définir des actions concrètes dans certains domaines.  La Ministre a d’abord voulu des éléments concrets pour la promotion de stratégies ciblées visant un plan d’action global pour la coopération avec les pays à revenu intermédiaire.  Il faut aussi un mécanisme de suivi qui examine et renforce de manière véritable le processus du financement du développement.  La Ministre a aussi plaidé pour le renforcement du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale pour améliorer la participation des États tout en maintenant son caractère technique.  Les sources privées et innovantes de financement doivent être volontaires et ne pas imposer un fardeau inutile aux pays en développement.  Ces sources, a insisté la Ministre, doivent être complémentaires et ne pas se substituer aux autres sources de financement du développement.  La Ministre a aussi souligné la nécessité de renforcer la transparence dans la coopération ainsi que la supervision, la régulation et la bonne gouvernance du système financier international.  Il faut également réaffirmer la nécessité de conclure le Cycle de Doha et obtenir des pays développés qu’ils respectent leur engagement à consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD.  Il faut, a conclu la Ministre, souligner l’importance de la coopération sud-sud et mettre en place une stratégie de financement holistique, multipartite et transparente qui tienne compte des besoins particuliers de tous les pays en développement, sans oublier les pays à revenu intermédiaire. 

Au nom de l’Équateur, la Ministre a rejeté l’idée selon laquelle les États ne seraient que des acteurs parmi d’autres de la mobilisation des ressources et de la lutte contre la pauvreté.  L’État, a-t-elle dit, est, par sa responsabilité inhérente, l’acteur clé du partenariat mondial puisqu’il détient les pouvoirs légitimes de planifier et de contrôler.  L’Équateur réclame aussi, a-t-elle dit, un cadre juridique contraignant sur les processus de restructuration de la dette souveraine, lequel doit être doté de mécanismes solides et justes, visant une croissance économique inclusive.  L’Équateur estime également que l’APD doit obéir au principe des responsabilités communes mais différenciées dont le champ d’application ne se limite en aucun cas au changement climatique.  L’Équateur s’oppose catégoriquement à l’idée que la coopération Sud-Sud et les transferts des salaires des migrants soient considérées comme un substitut de l’APD.  C’est là un subterfuge que les pays développés peuvent employer pour échapper à leur obligation.  Ils devraient plutôt créer des taxes sur les transactions de capitaux pour financer la lutte contre la pauvreté et les changements climatiques.  La Ministre a aussi rappelé à ces pays que dans sa région, les flux financiers illicites sont estimés à plus de 150 milliards de dollars, soit le double des transferts des salaires des migrants et 14 fois l’APD.  La Ministre a enfin insisté sur la nécessité de démocratiser les institutions financières multilatérales et de créer, au sein de l’ONU,  un forum où les tous les États pourraient faire entendre leur voix sur les questions économiques. 

M. JACOB LEW, Secrétaire du Trésor des États-Unis, a déclaré que l’APD pouvait et devait être utilisée comme un outil visant à jeter les bases d’une véritable transformation. « Mon pays est fier d’être, historiquement, le donateur bilatéral le plus généreux en matière d’APD », a-t-il dit, précisant qu’en 2014 l’APD fournie par les États-Unis avait atteint le chiffre record de 33 milliards de dollars sur une APD mondiale de 135 milliards. Il a indiqué que les États-Unis essaieraient de maintenir cet engagement. « Depuis 2009, les États-Unis ont dépensé en moyenne environ 50% de leur APD en faveur des pays moins avancés, fragiles et en proie à un conflit ». Il a aussi affirmé que son pays avait mobilisé plus de 85 milliards de dollars d’investissements privés dans les économies émergentes et en développement.

« L’APD est plus efficace lorsqu’elle est utilisée comme levier et qu’elle encourage des investissements accrus par d’autres », a-t-il dit, tout en soulignant le rôle clef que joue le secteur privé. M. Lew a rappelé que les investissements directs étrangers pour la seule Afrique subsaharienne étaient passés de 1,7 milliard de dollars en 1990 à 42,4 milliards de dollars en 2014. Il a ensuite affirmé que son pays œuvrait de plus en plus en tant que facilitateur de partenariats avec le secteur privé. « Avec le programme Power Africa, les États-Unis se sont engagés à fournir plus de 7 milliards de dollars d’appui financier, de garanties de prêts et d’assistance technique afin d’augmenter les capacités de production d’électricité », a-t-il affirmé, ajoutant qu’en moins de deux ans, cet effort avait suscité des engagements de partenaires privés à hauteur de 20 milliards de dollars.

Enfin, M. Lew a indiqué qu’après huit mois de négociations, le projet de document final de la Conférence était équilibré et robuste. Les négociations doivent s’achever, a-t-il dit, rappelant que l’étape suivante était de traduire par des actions transformatrices le cadre d’Addis-Abeba.

M. LOU JIWEI, Ministre des finances de la Chine, a estimé que pour être à la hauteur des nouveaux défis, il faut se fonder sur les OMD et mettre au point un agenda encore plus ambitieux.  Il est essentiel que les pays travaillent la main dans la main pour que le financement du développement permette de combler le fossé entre les pays développés et les pays en développement.  La Chine propose que la coopération Nord-Sud soit confirmée comme la voie principale du financement du développement, conformément au Consensus de Monterrey et à la Déclaration de Doha.  Les pays développés doivent respecter leur engagement à consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD laquelle doit d’ailleurs mieux s’adapter aux besoins réels des pays en développement et cibler la lutte contre la pauvreté, le logement, l’éducation ou encore les infrastructures et donner la priorité aux PMA et aux pays en développement sans littoral. 

La coopération Sud-Sud est une composante utile du financement du développement, a poursuivi le Ministre.  Elle couvre aujourd’hui davantage de domaines et se fonde sur un respect entre États dénué de toute visée politique.  C’est un partenariat « sûr et égalitaire » qui a développé des connaissances et des pratiques et qui doit continuer sur cette voie.  La Chine, a enfin déclaré le Ministre, pense que les mécanismes novateurs de financement doivent être mis en oeuvre progressivement.  Le débat sur la taxe sur le carbone ou les transitions financières doit s’ouvrir à tous les pays.  Il est plus urgent de demander aux banques de développement de mobiliser davantage de fonds et à la communauté internationale de créer un environnement plus favorable au commerce international, par la réforme des institutions de Bretton Woods et leur ouverture aux pays en développement.  Ces institutions devraient être capables d’éviter les fluctuations qui entrainent des risques systémiques.  Le Ministre a aussi plaidé pour un meilleur accès des pays en développement aux technologies. 

M. IBRAHIM AL-ASSAF, Ministre des finances de l’Arabie saoudite, a déclaré que les questions de développement ne devaient pas être confondues avec d’autres questions débattues au sein d’entités onusiennes parallèles. « De même, le financement du développement ne doit pas recouper le financement de la lutte contre les changements climatiques », a-t-il dit, précisant que ce dernier devait procéder de ressources nouvelles et additionnelles. Plaidant pour des mécanismes de suivi et de responsabilisation distincts, il a indiqué que cela permettrait de préserver l’accent mis sur l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement durable.

Puis, il a affirmé que la définition traditionnelle de l’APD était toujours pertinente et souhaité que les engagements ayant été pris soient honorés. Soulignant le rôle important joué par d’autres ressources dans le financement du développement, il a indiqué que le financement islamique jouait un rôle toujours plus important dans les transactions financières au niveau mondial. En raison de son faible coût, le financement islamique est en mesure d’apporter des ressources additionnelles au développement, a-t-il affirmé.

Enfin, le Ministre des finances a détaillé l’appui financier de son pays aux pays en développement, précisant que ses aides financières bilatérales excédaient les cibles retenues par les Nations Unies. Les transferts de salaires émanant de l’Arabie saoudite – plus de 41 milliards de dollars en 2014 - sont les seconds les plus importants au monde et contribuent de manière significative à la réduction de la pauvreté dans les pays de destination, a-t-il conclu.

M. IMAD NAJIB FAKHOURY, Ministre du plan et de la coopération internationale de la Jordanie, a appelé les pays donateurs à consacrer non pas 0,7% mais bien 1% de leur PNB à l’APD et à se mettre d’accord sur un calendrier d’exécution.  Il faut aussi, a poursuivi le Ministre, améliorer les critères d’éligibilité des pays à revenu intermédiaire et des pays en transition vulnérables aux financements concessionnels et innovants ainsi qu’aux facilités de financement.  Conjuguer le financement du développement à des politiques fortes, à une assistance technique efficace et au renforcement des capacités est la voie à suivre. 

Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, le Moyen-Orient est confronté à des tensions politiques, économique et sociales importantes qui ont conduit à des crises humanitaires et aggravé les souffrances et la vulnérabilité des populations.  Les questions humanitaires ne peuvent être séparées des préoccupations liées au développement et à la résilience.  La crise syrienne, qui a fait de quatre millions de Syriens des réfugiés, sans compter les huit millions de personnes déplacées, n’est pas seulement une crise de réfugiés mais aussi une question de résilience, en particulier pour les pays voisins.  Les 1, 4 million de Syriens que la Jordanie a accueillis pèsent sur la position fiscale.  L’impact financier est estimé à 7,9 milliards de dollars, sans compter le coût des interventions humanitaires ou pour la résilience.  Le Plan de réponse de 2,99 milliards de dollars que la Jordanie a mis au point est extrêmement sous-financé.  À ce jour, seulement 1,9 milliard de dollars ont été reçus, a alerté le Ministre.

M. MATIA KASAIJA, Ministre des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda, a affirmé que le processus de négociation ayant abouti au projet de document final avaient été « longues, exigeantes mais également enrichissantes et gratifiantes». Le chemin parcouru depuis 50 ans par l’Afrique nous autorise à embrasser les 50 prochaines années avec espoir et armés d’une connaissance plus sûre de ce qui constitue l’essence de partenariats authentiques, a-t-il dit. Il a expliqué que les Africains étaient de plus en plus progressistes sur le plan idéologique et qu’une Afrique « pleine d’espoir et confiante » commençait à bénéficier de la paix, de la sécurité, de l’intégration économique et de l’industrialisation.

Rappelant que le stock mondial d’actifs financiers s’élevait à 218 milliards de dollars, il a indiqué que seule une fraction de cette somme était nécessaire pour financer le programme de développement. Nous devons faire des choix audacieux afin de déterminer la manière dont ils peuvent se traduire par des investissements en faveur du développement durable, a-t-il dit. Il a ensuite encouragé les institutions financières internationales à adopter des mécanismes permettant de diminuer le coût du crédit. « Nous devrions sérieusement songer à l’adoption d’un mécanisme de financement hybride qui mélange APD et prêts commerciaux afin d’amener le coût du crédit à un niveau raisonnable», a-t-il conclu.

M. GOODALL EDWARD GONDWE, Ministre des finances, du plan et du développement du Malawi, a souligné l’importance de l’appropriation nationale s’agissant de l’agenda du développement.  Les pays en développement doivent pouvoir diriger les efforts.  Ils ont besoin d’une vraie marge de manœuvre et d’une véritable autonomie pour mobiliser les ressources nationales aux fins du développement.  Le Ministre a en effet dit se souvenir des différences d’opinion entre les autorités nationales et les partenaires au développement, les seconds se transformant en mentors et en superviseurs et provoquant un certain ressentiment chez les premiers.  Dans de tels cas, ce sont les pauvres qui sont les perdants.  Il faut des partenariats véritables où l’on travaille entre égaux.  Le Ministre s’est félicité de ce que la mobilisation des ressources intérieures soit au cœur du futur document final.  Il a tout de même jugé dangereux de faire du ratio 20% de taxes/PNB le seuil au-dessus duquel les pays sont considérés comme dotés de ressources suffisantes et n’ayant pas besoin d’assistance technique.  Il a demandé à la Conférence de revenir sur cette idée, ajoutant qu’il ne fait aucun doute que l’assistance technique pour améliorer le niveau des revenus nationaux sera cruciale pour le succès du programme de développement pour l’après-2015. 

Le Ministre a voulu une meilleure collaboration pour renforcer les systèmes fiscaux et une réflexion sur la manière d’élargir la base fiscale pour y inclure un secteur informel toujours plus important.  Il a conclu en appelant les pays développé à jeter les bases des arrangements financiers qu’il faudra pour lutter contre le réchauffement de la planète, un phénomène que les pays en développement subissent alors que leur empreinte carbone est insignifiante.  Le Ministre a réservé son tout dernier mot à la proposition visant à augmenter les taxes sur le tabac, une industrie qui est une ligne de survie pour des pays comme le sien.  Il a demandé que l’on reconsidère cette question.

Mme SUBAIH BARRAK AL-SUBAIH, Ministre des affaires sociales et du travail et Ministre d’État pour la planification et le développement du Koweït, a indiqué que le programme de développement de l’après-2015 était le rêve partagé de la communauté internationale. « Mon pays souhaite se rallier au futur cadre d’Addis-Abeba et au nouveau partenariat en faveur du développement durable », a-t-elle dit. Elle a rappelé que son pays avait accueilli de nombreuses conférences relatives au développement et indiqué que son pays consacrait 1,4% de son revenu national brut à l’APD. Le développement durable doit bénéficier d’un financement adéquat et prévisible, a-t-elle dit, avant de souligner que le poids de la dette est très lourd à supporter. En conclusion, elle a salué les efforts consentis par les Nations Unis pour réduire les inégalités entre les pays en vue de la réalisation des objectifs de développement durable.

M. AUN PORNMONIROTH, Ministre de l’économie et des finances du Cambodge, a jugé qu’il faut d’abord renforcer les finances publiques et la mobilisation des revenus, au niveau national, et pour ce faire, créer un environnement favorable et appuyer la mise en place de systèmes financiers nationaux robustes.  Il faut ensuite promouvoir le secteur privé pour qu’il puisse jouer son rôle de moteur de la croissance.  En la matière, les pays en développement ont besoin d’assistance financière et technique et d’une aide au renforcement de leurs capacités.  Le Ministre a aussi plaidé pour une aide constante aux pays à revenu intermédiaire et pour leur accès aux dons et aux financements concessionnels.  Il a donc voulu un calcul qui aille au-delà du revenu par habitant pour inclure le niveau de développement, la vulnérabilité, le niveau de la dette et la capacité de mobiliser les ressources intérieures et d’accéder aux autres sources de financement.  Il a enfin réclamé un appui aux initiatives contre le changement climatique, en particulier le Fonds  vert pour le climat qui devrait avoir des procédures de décaissement plus simples et plus rapides et bénéficier de contributions publiques et privées accrues.  Le Ministre a conclu sur l’APD en appelant les donateurs à réaffirmer leur engagement à consacrer 0,7% de leur PNB à cette aide.

M. MOHAMED BOUSSAID, Ministre de l’économie et des finances du Maroc, a souligné la nécessité de consolider les gains enregistrés depuis Monterrey et Doha par l’adoption de mesures innovantes. Les objectifs du programme pour l’après-2015 ne pourront être atteints que grâce à un partenariat global basé sur la solidarité, a-t-il dit. Au regard de ses racines arabes et africaines, le Maroc souhaite que l’APD soit augmentée au bénéfice des pays les plus vulnérables, a-t-il poursuivi. Le Ministre a plaidé pour que des ressources de financement innovantes soient considérées, et ce dans le droit fil du consensus de Marrakech. Enfin, M. Boussaid a rappelé que les ressources de financement du développement, quels que soient leur nature, leur volume et leur nature, devaient respecter les spécificités et les priorités des pays récipiendaires.

M. DULCIDO DE LA GUARDIA, Ministre de l’économie et des finances du Panama, a indiqué que le dialogue Nord-Sud était remplacé progressivement par une manière beaucoup plus horizontale d’interagir et de commercer. Il a ensuite affirmé que la mise en œuvre du programme de développement devait se baser sur le principe de responsabilités communes mais différenciées. Il a indiqué que la souveraineté retrouvée de son pays sur le canal de Panama lui avait permis de se positionner sur de nouveaux secteurs économiquement porteurs, nourrissant une croissance économique de 8% par an sur les dix dernières années.

Le Ministre a ensuite regretté qu’en dépit de la coopération de son pays en matière fiscale, le Panama continuait de figurer sur des « listes discriminatoires ». « Nous devons faire face à l’approche des deux poids deux mesures prônée par ceux qui vous disent ce qu’il faut faire mais ne font pas ce qu’ils disent », a-t-il regretté. Il a appuyé le droit des pays souverains de mettre en place les mécanismes, notamment fiscaux, leur permettant d’attirer les investissements directs étrangers. Il a également apporté le soutien de son pays à la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption. En conclusion, il a indiqué que la communauté internationale devrait mettre la dignité humaine eu dessus des profits en ce qui concerne le futur programme de développement.

« Nous sommes venus à Addis-Abeba pour faire ce qu’il faut afin de passer de milliards en faveur du développement durable  à des milliers de dollars», a affirmé M. BORGE BRENDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège. Il ne s’agit pas de mettre de telles sommes d’argent sur la table mais de réunir les conditions afin d’y parvenir, a-t-il poursuivi. Il a déclaré que la mobilisation des ressources domestiques et la collecte fiscale devaient être au cœur du programme de développement.

Réaffirmant l’engagement de son pays de consacrer 0,7% de son revenu intérieur brut à l’APD, il a déploré que certains pays aient diminué leur assistance, alors que les besoins humanitaires sont importants. Enfin, il a souligné le besoin urgent qui s’attache à l’agrément d’un document final à Addis-Abeba, tout en reconnaissant que les délégations n’étaient pas unanimement satisfaites par le projet en circulation. Cela prouve généralement que nous avons atteint ce qui est politiquement possible, a-t-il dit, avant d’exhorter les délégations à agréer ledit projet de document final.

M. SAADA MKUYA SALUM, Ministre des finances de la République-Unie de Tanzanie, a demandé que l’objectif de 0,7% du PNB à l’APD et celui 0,15 à 2% du PNB pour les PMA soient confirmés comme source importante et prévisible du financement du développement. La Ministre a dit reconnaître l’importance des financements privés mais elle a estimé que les financements publics doivent toujours avoir la primauté.  Le fait que les financements privés soient par nature à but lucratif suggère que les deux concepts ne peuvent pas être mis sur un pied d’égalité.  L’équilibre entre les financements intérieurs et les financements internationaux doit aussi être maintenu.  La Ministre a encouragé ses « compatriotes » du continent à réaliser que le commerce intra-africain est bien plus diversifié que leurs échanges avec le reste du monde.  Il faut exploiter ce potentiel pour le développement du continent et utiliser l’intégration régionale comme un instrument de croissance et de développement inclusifs.  La Conférence, a encore dit la Ministre, doit reconnaître l’urgence qu’il y a accélérer le processus d’opérationnalisation du Fonds vert pour le climat avec les 100 milliards de dollars promis par an d’ici 2020.  Les flux financiers illicites, a-t-elle ajouté, font perdre à l’Afrique 50 milliards de dollars.  Il est essentiel que la Conférence s’engage à créer un mécanisme véritablement crédible pour renforcer la coopération internationale en matière fiscale.  S’agissant du suivi, la Ministre a jugé important que les données proviennent des sources statistiques des gouvernements et non de sources non officielles qui pourraient conduire à des conclusions contradictoires entre les États et l’ONU.   

M. PATRICK CHINAMASA, Ministre des finances et du développement économique du Zimbabwe, a rappelé que le principe des responsabilités communes mais différenciées doit continuer à s’appliquer à tous les trois piliers du développement durable.  Le Ministre a dit reconnaître que la responsabilité première en matière de développement incombe aux gouvernements eux-mêmes mais, a-t-il dit, cette reconnaissance ne dispense en aucun cas les partenaires au développement de leur responsabilité de compléter les efforts nationaux.  Le Forum sur les infrastructures proposé dans le projet de document final ne devrait pas se limiter à une plateforme de discussions mais devenir véritablement le catalyseur de la mobilisation des ressources et des financements concessionnels offerts par les banques de développement et autres pour appuyer l’Afrique dont les investissements nécessaires ont été estimés à 50 milliards de dollars.

Le projet de document final couvre aussi la coopération en matière fiscale, mais, a estimé le Ministre, il ne traite pas suffisamment des flux financiers illicites qui ont coûté à l’Afrique la somme de 60 milliards de dollars en 2014.  Les sanctions unilatérales, a répété la Ministre, compromettent gravement le développement économique.  Un certain nombre de pays en développement dont le Zimbabwe continuent de ployer sous le poids de ces sanctions « illégales ».  Nous espérons, a dit le Ministre, que « l’esprit d’Addis-Abeba » soufflera sur ceux qui utilisent ces méthodes brutales et les poussera au dialogue pour résoudre les différends qui pourraient exister.  L’objectif ultime de l’agenda du développement, a conclu le Ministre, est d’éradiquer la pauvreté et la faim par une croissance et un développement inclusifs.  Au fur et à mesure que nos économies se développeront, nous prendrons les mesures appropriées de protection de sociale.  Mais de grâce, a dit le Ministre, ne surchargeons pas notre agenda de questions qui n’ont aucun rapport avec le financement du développement.

M. YEMI OSINBAJO, Vice-Président du Nigéria, a mis la communauté internationale au défi de créer les filets de sécurité sociale contre la pauvreté, la faim et les maladies.  Il a appuyé la création d’une Commission de haut niveau sur le financement de l’initiative « Éducation pour tous ».  Il a souhaité que cela conduise à la création d’un Fonds pour l’éducation, à l’image du Fonds contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.  Le Ministre a poursuivi sur la question de la corruption et a appelé la communauté internationale à reconnaître plus clairement les menaces que fait peser le terrorisme sur le développement durable.  Le phénomène du terrorisme est une menace à la paix, à la stabilité et au développement économique.  Une telle menace exige des fonds, des partenariats et une collaboration entre États. Il faut identifier des mécanismes viables de financement pour traiter de tous les aspects de la sécurité humaine et relever les défis du terrorisme.  Il faut aussi des actions parallèles pour bloquer toutes les sources de financement des activités terroristes.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a annoncé que son pays avait dépensé 0,75% de son PIB au titre de l’APD, avant d’ajouter que cette aide, pour être efficace, devait être déployée au sein d’un cadre approprié. La promotion de l’état de droit et de la bonne gouvernance est, à ce titre, cruciale, a-t-elle dit. « Nous ne pourrons atteindre nos objectifs sans une mobilisation massive des ressources domestiques », a-t-elle poursuivi, avant d’affirmer que l’autonomisation des femmes était à cet égard capitale. Elle a expliqué que les femmes pâtissaient en effet d’une intégration socioéconomique insuffisante qui entravait le développement dans bien des pays, avant d’insister sur l’importance de promouvoir un environnement propice aux investissements étrangers directs.  En conclusion, elle a affirmé la volonté de son pays de participer pleinement au processus de suivi du programme pour l’après-2015, y compris au sein du Forum politique de haut niveau de New York.

M. ROMAIN SCHNEIDER, Ministre de la coopération au développement et des affaires humanitaires du Luxembourg, a souligné que son pays consacre 1% de son RNB à l’APD dont la moitié est destinée à des PMA, notamment en Afrique sahélienne.  L’APD, a-t-il dit, reste prioritaire comme pierre de touche programmatique et comme levier pour dégager des fonds additionnels, y compris en matière de mobilisation des ressources nationales, voire en provenance du secteur privé.  Dans ce contexte, le Ministre a souligné l’importance du volet fiscal.  Aider les pays en développement à parfaire leurs systèmes administratifs en matière d’imposition et de collecte de l’impôt a un effet d’entraînement aussi bien sur l’équité sociale que sur la facilitation du commerce et des investissements privés.  Le sentiment d’une responsabilité partagée et la mise en commun de nos efforts pour éradiquer la pauvreté, abolir la faim et préserver la planète nous motive à surpasser nos différences de vues et assurer une dignité pour tous, a estimé le Ministre.

M. ADRIANO MALEIANE, Ministre de l’économie et des finances du Mozambique, a souligné les progrès accomplis depuis l’adoption en 2000 des OMD. Des millions d’individus sont sortis de la pauvreté, a-t-il dit, avant de s’attarder sur les défis qui demeurent, en particulier en ce qui concerne le financement du développement. Il a affirmé que la présente Conférence devrait renforcer les engagements pris à Monterrey et à Doha et souhaité que les engagements contenus dans le projet de document final, en particulier s’agissant des investissements dans les infrastructures et les transferts de technologie, soient mis en œuvre par tous. Enfin, il a fait part des progrès de son pays dans la mobilisation des revenus domestiques, qui sont passés de 13% du PIB du Mozambique en 2006 à près de 25% en 2014.

M. YUN BYUNG-SE, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a estimé, à son tour, que l’APD doit demeurer une importante source de financement du développement, en particulier pour les pays pauvres et vulnérables aux besoins spéciaux.  Mais la mobilisation des ressources domestiques et leur utilisation efficace doivent être les toutes premières sources.  Améliorer la qualité de la coopération au développement est tout aussi importante qu’augmenter sa quantité.  La République de Corée ne cesse d’augmenter son APD, a affirmé le Ministre.  Nous savons que nous pouvons faire plus avec moins quand nous travaillons avec nos partenaires d’une manière novatrice.  La République de Corée continuera de mobiliser le secteur privé pour le développement.  Sans un partenariat inclusif entre tous les partenariats, qu’ils soient traditionnels ou nouveaux, nos objectifs ambitieux resteront lettre morte, a prévenu le Ministre.  Il a parlé de MIKTA, un partenariat interrégional nouveau et novateur avec le Mexique, l’Indonésie, la Turquie et l’Australie qui a d’ailleurs fait une déclaration dont est saisie la Conférence.

M. CARLOS RAUL MORALES, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a demandé le renforcement des administrations fiscales afin d’améliorer la collecte de l’impôt. Puis, il a appelé de ses vœux la mise en place d’une instance internationale de coopération fiscale. L’augmentation de 0,7 à 1% de la part du PIB des pays développés consacrée à l’APD serait une preuve de solidarité, a-t-il dit.  Il a demandé que les subventions aux combustibles fossiles soient éliminées. Nous devons agir maintenant, a-t-il conclu, tout en soulignant l’importance du futur programme de développement.

M. KAMAL AL-HASSI, Ministre des finances et du plan de la Libye, a souligné que la responsabilité du développement est une responsabilité collective.  Il s’est donc dit inquiet de la réduction de l’APD ces deux dernières années.  Il a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour inciter les pays développés à honorer leurs engagements.  Le Ministre a souligné la nécessité d’intensifier les efforts contre la désertification qu’il a liée au terrorisme.  Nous avons besoin d’une stratégie pour faire face au changement climatique, a-t-il insisté.  La lutte contre la pauvreté n’est pas un impératif humain mais une condition sine qua non pour vivre dans un monde de paix, de stabilité, de non-violence et débarrassé du terrorisme.  La recherche d’un meilleur avenir, a poursuivi le Ministre, est la raison pour laquelle des centaines d’Africains se jettent dans le cimetière de la Méditerranée.  Il faut une coopération entre les pays d’origine, de transit et de destination.  Nous nous opposons, a prévenu le Ministre, à toute solution militaire.  Il faut une conférence internationale pour réfléchir aux moyens de lutter contre l’immigration clandestine. 

La coopération Sud-Sud est très importante mais elle ne peut remplacer la coopération Nord-Sud.  La Libye rappelle les engagements des pays développés en matière de financement du développement et la nécessité de créer des partenariats qui puissent soutenir les efforts de développement tout en accordant une attention aux particularités régionales.  Le Ministre a aussi plaidé pour une représentation démocratique et juste au sein des institutions financières internationales et pour la réforme des structures des institutions de Bretton Woods, des questions qu’il faut rappeler dans le document final d’Addis-Abeba, a-t-il estimé.  Il a enfin plaidé pour un système commercial juste et non discriminatoire.  Le renforcement de la démocratie et des institutions fondées sur les constitutions, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption sont les fondements de l’agenda post-2015.  Le Ministre a insisté sur le lien étroit entre le développement et la sécurité.  La normalisation de la situation en Libye est un facteur essentiel pour le développement économique.  Le Ministre s’est aussi attardé sur les flux financiers illicites, obstacles à la mobilisation des ressources intérieures.  Ici aussi, a-t-il estimé, il faut une coopération internationale et de l’aide de la part de tous les États et des organisations régionale et internationales.  Le Ministre a souligné l’importance du secteur de l’énergie pour le développement.  La volatilité du prix du pétrole a eu un impact sur les programmes de développement dans les pays exportateurs.  La Libye comme d’autres pays espère qu’on pourra adopter des mesures collectives pour surmonter cette crise pétrolière. 

M. MATEUSZ SZCZUREK, Ministre des finances de la Pologne, a indiqué qu’il n’y avait pas de solution parfaite aux défis du développement durable.  Il s’est dit convaincu que le devoir des pays développés dépassait de loin l’aide financière et consistait en la création d’un environnement propice à la croissance et au développement de tous les pays du monde. La coopération internationale dans le domaine de la fiscalité internationale et de la lutte contre les flux illicites de capitaux est cruciale dans une économie mondialisée, a-t-il dit. Il a indiqué que les pays en développement seraient en mesure de mobiliser davantage de ressources domestiques s’ils appliquaient des politiques fiscales saines.

Il a longuement détaillé l’exemple de son pays qui, jusqu’en 2004, était encore récipiendaire de l’APD. La Pologne dépense 440 millions de dollars par an au titre de l’APD, a-t-il dit, précisant que son pays entendait consacrer 0,33% de son PIB à l’APD d’ici à 2030. Enfin, il a terminé par des mots de prudence, indiquant que sur les années 2004-2007 la Pologne avait perdu 5% de sa population. « Les aspirations progressent souvent plus rapidement que les économies ou les salaires », a-t-il conclu.

M. PAUL HERBERT OQUIST KELLEY, Ministre et Secrétaire privé pour les politiques nationales du Nicaragua, a donné un cours magistral d’économie, en s’attardant sur le néolibéralisme et les crises économiques et financières qu’il a provoquées.  On n’avancera jamais, a-t-il dit, si l’on ne cesse de renégocier des accords déjà signés comme le Consensus de Monterrey ou la Déclaration de Doha.  On ne peut pas penser que les pays en développement et les pays développés ont les mêmes responsabilités en matière de développement.  Ces responsabilités sont communes mais différenciées.  Or, aujourd’hui, seuls cinq pays dans le monde ont dépassé l’objectif de 0,7% du PNB à l’APD et ceux qui ont atteint cet objectif ne sont pas beaucoup plus nombreux.  Le Ministre a salué les nouvelles sources de financement, dont la Banque des BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud).  Tous les nouveaux mécanismes constituent une nouvelle ère économique internationale.  La crise actuelle est plus importante que celles que l’on a déjà connues, a prévenu le Ministre.  Le modèle actuel génère plus de problèmes que de solutions.  La lutte contre la pauvreté est menacée par les inégalités inhérentes au capitalisme et par les changements climatiques.  La liste des milliardaires de Forbes ne cesse de s’allonger car le néolibéralisme c’est la privatisation des bénéfices et la nationalisation des pertes, a aussi prévenu le Ministre.  L’être humain est en péril et le monde continue de penser à l’argent, a-t-il conclu en paraphrasant le pape François.

Mme ZANDA KALNINA-LUKASEVICA, Ministre intérimaire pour le développement de la Lettonie, a affirmé que le nouveau partenariat pour le développement devait associer les gouvernements, les partenaires sociaux, la société civile, le secteur privé et les universités. À la lumière de la transition vécue par son pays, elle a affirmé que l’application de toute politique exigeait des institutions professionnelles, réactives et responsables. Le renforcement des capacités et l’échange des bonnes pratiques, a-t-elle souligné, sont des éléments essentiels pour le succès du programme de développement.

Elle a estimé qu’il était nécessaire de libérer le potentiel du secteur privé en lui allouant les ressources suffisantes en vue de son renforcement. Les demandes de prêt non satisfaites par les PME dans les pays en développement s’élèvent à 250 mille milliards de dollars, a-t-elle dit.  Avant de conclure, elle a plaidé pour la mise en place d’un mécanisme unique d’examen, de suivi et de redevabilité des engagements pris à Addis-Abeba.

Pour promouvoir la croissance économique, a déclaré M. MINORU KIUCHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, le pays entend jouer un rôle de chef de file dans les investissements pour les infrastructures.  En mai dernier, le Premier Ministre japonais a annoncé une nouvelle initiative, « Partnership for Quality Infrastructure: Investment for Asia’s Future », qu’en collaboration avec la Banque asiatique de développement, le Japon va financer à hauteur de 110 milliards de dollars sur cinq ans.  Le Japon entend faire de même en Afrique dans le cadre de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD).  Il s’emploie aussi à intégrer la réduction des risques de catastrophe dans le développement.  Le Japon compte débourser 4 milliards de dollars dans le cadre de la coopération financière et formé quelque 400 000 personnes au cours des quatre prochaines années.  Le Japon, a rappelé le Ministre, propose de proclamer le 5 novembre « Journée mondiale du tsunami ».  Entre 2013 et 2014, a encore rappelé le Ministre, le Japon a fourni près de 20 milliards de dollars aux pays en développement pour leurs efforts d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. En mai, le pays et le Fonds vert pour le climat ont signé un accord confirmant une contribution du Japon de 1,5 milliard de dollars au Fonds. 

Mme JUSTINE GREENING, Secrétaire d’État du développement international du Royaume-Uni, a jugé essentiel que les jeunes, qui n’ont jamais été aussi nombreux dans le monde, aient accès à un emploi durable.  Elle a mentionné l’acuité de la question des migrations. « Les populations n’acceptent plus une condamnation à vie à la pauvreté », a-t-elle dit. Elle a encouragé les pays à imiter son pays en consacrant 0,7% de leur PIB à l’APD.  Elle a souligné la pertinence de l’inclusion économique des femmes et filles, avant de qualifier de primordiaux les investissements dans la santé et l’éducation. « Nous devons conclure l’accord autour du projet de document final », a-t-elle affirmé en conclusion.

M. VINCENT SERETSE, Ministre du commerce et de l’industrie du Botswana, a jugé remarquable que, contrairement à ce qu’elle était avant l’adoption des OMD, l’Afrique entre dans la période post-2015 comme une formidable force.  Le Ministre s’est dit encouragé par l’importance que cette Conférence accorde au sort des pays à revenu intermédiaire, comme le sien.  Les derniers chiffres montrent en effet que 75% des pauvres africains vivent dans ces pays. Il faut, a plaidé le Ministre, étudier les moyens d’aider les pays africains à revenu intermédiaire à relever les défis de la lutte contre la pauvreté, du développement des infrastructures, du renforcement des capacités, de l’industrialisation, du développement des technologies, de celui des compétences, de la lutte contre les inégalités des revenus et de l’accès limité aux services sociaux.  Il faut ouvrir à ces pays l’accès aux financements plutôt que de leur proposer des solutions à taille unique.  Ne pas le faire serait courir le risque de les voir rétrograder au rang de PMA, a prévenu le Ministre.  Le rôle de la transformation industrielle est une alternative viable pour des économies minières comme le Botswana.  La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire devraient être promues par les puissances émergentes. 

M. NOEL NELSON MESSONE, Ministre de la forêt, de l’environnement et de la protection des ressources naturelles du Gabon, a affirmé que le projet de document final allait dans le bon sens et souhaité que soit forgé ici le consensus d’Addis-Abeba, « un consensus de confiance, de solidarité et de responsabilité commune mais différenciée ». Notre développement durable à tous est à ce prix », a-t-il dit. Puis, il a détaillé les progrès accomplis par son pays sur la voie du développement durable, avec pour objectif de faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025. Estimant que son pays n’avait pas toujours eu un accès à l’APD, il a affirmé que le traitement des pays à revenu intermédiaire devait être un élément prioritaire du nouveau cadre.

Tout en affirmant que l’APD devait rester une composante centrale du financement du développement, il a jugé incontournable le rôle du secteur privé et plaidé pour la mobilisation des ressources nationales grâce à des stratégies mettant notamment l’accent sur le renforcement des administrations fiscales. Ces stratégies doivent permettre de mieux amortir les chocs découlant de la volatilité des cours des matières premières, a-t-il conclu.

M. ETIENNE SINATAMBOU, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international de Maurice, a estimé que pour assurer le succès du programme de développement pour l’apres-2015, il faudra des mécanismes simples pour apporter de la cohérence à la multitude des actions visant le même objectif.  Il faut a-t-il insisté, des arrangements cohérents et simples mais efficaces pour suivre et examiner la coopération au développement, et partager les connaissances et les enseignements tirés.  Maurice est convaincu qu’il faut un cadre à étages, un cadre qui rationalise les nombreux mécanismes existants aux niveaux national, régional et mondial.  Le cadre devrait être en mesure de traiter des problèmes systémiques, de diffuser des informations de très bonne qualité sur les progrès réalisés dans les différends objectifs et de renforcer la cohérence en créant un cadre holistique pour un suivi efficace et l’évaluation de la coopération au développement.  Cette Conférence, a estimé le Ministre, devrait jeter les bases de trois mécanismes, pour le financement, pour le transfert des technologies et pour le renforcement des capacités, trois domaines clefs desquels dépendront l’efficacité et la bonne articulation de notre développement.

Rappelant que, d’ici à 2030, deux tiers des pauvres du monde vivront dans des pays pauvres ou en proie à un conflit, M. KAIFALA MARAH, Ministre des finances et du développement économique de la Sierra Leone, s’est félicité que le besoin d’un financement adéquat pour ces pays ait été reconnu. Puis, il a souligné la nécessité d’appuyer la mobilisation des ressources domestiques, avant d’indiquer que l’APD était l’élément catalyseur du développement.

« Mais cette aide doit être intelligente et se concentrer sur les orphelins de l’assistance et non pas sur les pays géopolitiquement importants comme cela est le cas », a-t-il dit.  Notant que la pauvreté était tout à la fois la cause et la conséquence de l’instabilité et des conflits, il a affirmé que le monde ne trouverait pas la paix et le développement sans remédier à ce phénomène. Enfin, il a détaillé les remarquables succès accomplis par son pays, indiquant que la Sierra Leone était un exemple de la manière dont un pays passe de la guerre à la paix et au développement.

M. FREDERICK MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, s’est dit convaincu que sa région doit trouver sa voie et ne plus dépendre de l’aide comme moteur du développement.  Mais pour ce faire, il faut que les règles du jeu soient claires et qu’elles ne changent pas chaque fois que le monde développé croit que le monde en développement a obtenu des règles commerciales trop avantageuses.  On ne peut ignorer, a dit le Ministre, la vulnérabilité des États comme le sien non seulement aux chocs climatiques et météorologiques mais aussi à la taille et à la particularité des projets économiques menés par des investisseurs étrangers ou parfois par des investisseurs locaux.  Cela fait longtemps que la Communauté des Caraïbes (CARICOM) dit que le PNB ne peut plus déterminer seul la question de l’appui économique, sans tenir compte de la vulnérabilité aux chocs économiques et externes.  En effet, un seul grand investisseur peut à lui seul, quand il s’effondre, anéantir tout un pays comme le ferait un ouragan. 

Pourquoi les pays développés et les institutions financières, s’est impatienté le Ministre, alors qu’ils opinent de la tête dans des instances comme la Conférence, prétendant comprendre le problème que pose le critère du revenu par habitant, ne traduisent pas leur « approbation » en actes.  Si Robinson Crusoé vaut 1 milliard de dollars et Vendredi, 1 dollar, le revenu par habitant de leur île serait de 500 millions et  50 cents.  Or, tout le monde sait que Vendredi n’a pas cet argent.  Les chocs externes ont donné lieu dans bien des cas à des niveaux très élevés d’endettement et si le document final de cette Conférence ne traite pas de ces questions, il ne fera que compromettre la faculté des pays comme les Bahamas à le mettre en œuvre.  Le Ministre a aussi dénoncé le fait que certains pays dont le sien figurent sur une liste noire pour non-coopération en matière fiscale.  Cela est d’autant plus choquant que les pays de l’Union européenne rivalisent eux-mêmes pour attirer les riches.  « C’est tout simplement immoral », s’est énervé le Ministre.  Qui, a-t-il demandé, va réparer les dégâts infligés à notre secteur financier par une étiquette injustice qui fait fuir les investisseurs potentiels.  L’établissement des règles et des normes doit se faire dans des institutions véritablement transparentes.  La participation à de telles institutions est un droit et non un privilège.  La CARICOM, a conclu le Ministre, réaffirme le rôle important des Nations Unies dans la coopération internationale en matière fiscale.  Le caractère universel de l’ONU fait que tous les pays peuvent participer aux débats sur un pied d’égalité. C’est la raison pour laquelle les Bahamas appellent à la transformation du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale en un organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC).

M. CHRISTIAN PARADIS, Ministre du développement international et de La Francophonie du Canada, a indiqué que le projet de document final contenait les éléments essentiels et encouragé les délégations à l’adopter tel qu’il est. « Si l’on ouvre à nouveau la négociation sur le document, cette Conférence pourrait alors être en péril », a-t-il dit. Puis, il a affirmé que l’APD ne suffira pas à couvrir les besoins découlant du financement de développement, estimant que celle-ci devait être utilisée en conjonction avec des ressources domestiques et innovantes.  Il a déclaré que l’amélioration de la santé maternelle et infantile était la priorité de son pays, ce dernier participant à  l’initiative de financement «  chaque mère, chaque enfant ». Enfin, il a souligné la détermination de son pays à diminuer les coûts afférents aux transferts de salaires, ces transferts représentant, a-t-il précisé, trois fois le montant de l’APD.

M. SETH TERKPER, Ministre des finances et de la planification économique du Ghana, a souligné que l’expérience des pays comme le sien qui sont passés du statut de pays en développement à celui de pays à revenu intermédiaire a été « brutale et dérangeante » en raison d’un calcul mathématique consistant à diviser le PNB par le nombre d’habitants et à écarter, en conséquence, tout appui aux pays dont le ratio serait supérieur à 1 000 dollars.  Ce point de vue est « cynique et pessimiste », a estimé le Ministre en racontant l’expérience du Ghana pour souligner que l’économie ghanéenne demeure vulnérable aux chocs extérieurs et pourrait ne jamais se défaire de ses caractéristiques d’économie en développement.  Ce dont le Ghana a besoin c’est d’une aide pour entrer dans l’ère modeste du gaz et mettre en œuvre son plan sur la valeur ajoutée et la diversification visant à appuyer la production électrique et industrielle et à maintenir la croissance du secteur agricole et celui des services.  Le Ministre a expliqué le point de vue de son pays sur chaque élément du projet de document final. 

Maintenant que le Ghana renoue avec une forte croissance, a dit le Ministre, il réexaminera ses cycles relativement courts qui l’ont fait passer du surendettement à l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) et à une croissance d’environ 7% entre 2006 et 2012.  S’il est vrai que les nouvelles ressources naturelles que sont le pétrole et le gaz ont contribué au retour de  la croissance, cette  période a  été surtout tirée par un secteur des services qui a pris le dessus sur l’agriculture et qui reste à ce jour le secteur le plus important de l’économie.  Le Ghana comme beaucoup de pays africains attendent des objectifs de développement durable et du document final d’Addis-Abeba qu’ils l’aident à réduire les volatilités qui compromettent ses efforts de développement.

Mme VESNA PUSIC, Première Vice-Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a affirmé que le projet de document final n’avait pas trait aux sommes qui seraient mises sur la table mais aux partenariats en faveur du développement durable. Se faisant le porte-parole des petits donateurs d’APD, au rang desquels figure la Croatie, elle a encouragé les pays à revenu intermédiaire et les petits pays à consacrer une part de leur revenu à l’APD. Les petits pays donateurs sont importants car ils participent à la création d’un consensus autour de l’aide et améliorent leur image tant auprès de leur population que de la population des pays récipiendaires, a-t-elle dit, pour qu’il n’y ait pas d’arrogance dans cette APD et pour qu’elle s’articule autour d’une véritable coopération et que « tout le monde soit gagnant ». « Néanmoins, l’argent n’est pas la solution à toutes les difficultés du développement durable », a-t-elle dit, indiquant qu’elle prononcerait le reste de sa déclaration lors d’une table ronde demain.

M. RATU INOKE KUBUABOLA, Ministre des affaires étrangères de Fidji, a expliqué que son pays demeure un cas spécial pour le développement durable en raison de ses vulnérabilités uniques et particulières dont sa petite taille, son éloignement, ses ressources et sa base d’exportations limitées et son exposition aux défis environnementaux comme les changements climatiques. Les effets de ce phénomène constituent un risque important pour les petits États insulaires en développement et leurs efforts de développement durable.  Ces deux dernières décennies, pas moins de 19 ouragans se sont abattus sur le pays, causant des pertes estimées à 630 millions de dollars, soit une moyenne de 33 millions de dollar par catastrophe naturelle.  Les manifestations liées au climat appellent à des investissements dans la résilience.  Fidji attend de la communauté internationale un cadre pour le financement du développement qui s’attaque aux vulnérabilités sous-jacentes et reconnaisse les risques.  Le Ministre a appelé la communauté internationale à imiter le geste de la Banque mondiale qui a décrété des mesures d’exception en faveur des petits États insulaires en développement.  Il a insisté sur les engagements pris dans les Orientations de Samoa pour renforcer la coopération internationale et créer des partenariats véritables et durables aux niveaux national, régional et international. 

M. FAAMOETAULOA TAITO FAALE TUMAALI, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de Samoa, a rappelé que les PEID, en raison de leurs vulnérabilités, étaient des cas spécifiques en matière de développement durable, comme l’ont reconnu les Orientations de Samoa. Cette spécificité devrait être dûment considérée dans le programme de développement pour l’après-2015, a-t-il affirmé. Soulignant le rôle central de l’APD, il a indiqué que les efforts de financement consentis dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques ne devaient pas être comptabilisés au titre de l’APD.

« Nonobstant les difficultés, il serait important de mesurer, de définir et de compter, de manière séparée et précise, les fonds alloués à l’aide classique au développement et les fonds consacrés aux changements climatiques ». Il a indiqué que l’APD devait être utilisée de manière intelligente et appuyée les efforts en faveur du renforcement des capacités et des transferts de technologie. Enfin, il a souligné l’importance de remédier aux problèmes d’endettement des pays en développement.

M. JAWAD NAJI, Ministre, Conseiller du Premier Ministre de la Palestine pour les affaires arabes et islamiques, a indiqué que le projet de document final ne mentionnait pas le droit au développement des populations sous occupation, au contraire des déclarations antérieures. « Cela est curieux », a-t-il dit, avant de se dire fier de voir que le drapeau de son pays flotte à l’extérieur du bâtiment de la Conférence. Il a demandé qu’Israël respecte les résolutions relatives aux territoires occupés et souhaité que la communauté internationale continue d’appuyer le processus d’édification de l’État palestinien. Puis, il a détaillé les efforts de son gouvernement pour renforcer les capacités productives de l’économie palestinienne, avant de remercier les institutions financières régionales et internationales pour leur appui. Le développement durable commencera dès lors que l’occupation israélienne aura cessé, a-t-il conclu.

M. KOSSI ASSIMADOU, Ministre chargé de la planification du développement du Togo, a estimé que le programme de développement « ambitieux et transformatif » pour l’après-2015 nécessite, pour une réalisation efficiente du développement durable, des changements à tous les niveaux : changement de mentalité des peuples, changement dans la planification du développement, dans le partenariat et dans le financement du développement à travers des mécanismes mieux adaptés et innovants. Les pays en développement et les pays riches, a poursuivi la Ministre, ont une responsabilité commune dans la réussite du nouveau programme de développement post-2015 qui intègre « pour une fois et de façon cohérente » les aspects économiques, sociaux et environnementaux.  Le Togo est conscient des efforts que le monde a déployés ensemble au cours des négociations pour aboutir au Programme d’action d’Addis-Abeba qui doit faciliter la mise en œuvre du programme post-2015.  Le Togo estime que la mise en œuvre efficace de tous les mécanismes de financement nécessite l’instauration d’un environnement mondial de paix sans lequel la réalisation des objectifs de développement durable serait compromise quelle que soit l’importance des financements mobilisés.  C’est dans cette perspective que le Togo accueillera, en novembre 2015, un Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique. 

Mme ANNICK GIRARDIN, Secrétaire d’État française chargée du développement et de la Francophonie, a affirmé que la solidarité était une valeur au cœur de la France. « Le financement du développement, c’est l’expression même de la solidarité à l’échelle du monde », a-t-elle dit, précisant que la France, avec 8 milliards d’euros donnés en 2014 au titre de l’APD, dont près de la moitié versée aux pays africains, était le quatrième bailleur mondial.

« Pour construire un monde plus juste, nous avons besoin des entreprises », a-t-elle poursuivi, pour autant qu’elles respectent les règles du jeu. Puis, elle a déclaré que son pays visait à accroître son engagement dans l’APD en initiant de nouvelles contributions de solidarité fondées sur les produits du transport aérien et de la finance. Mentionnant l’aide apportée par son pays dans la lutte contre l’épidémie d’Ébola et son rôle dans la promotion de la paix, elle a indiqué que la France était au rendez-vous de la solidarité mondiale avec les plus pauvres et les plus vulnérables.

« Les ODD marqueront un tournant parce qu’ils sont universels et ne sacrifieront pas l’environnement à l’économie », a-t-elle dit. Puis, elle a indiqué que le marathon international qui commence à Addis-Abeba et passera par New York et Paris, devrait  permettre un changement. Si nous n’agissons pas, le climat ruinera le développement, a-t-elle poursuivi, indiquant qu’à Paris, pour la Conférence sur les changements climatiques, l’objectif sera de parvenir à un accord universel. « Le combat pour le climat est aussi un combat pour le développement à condition que le combat pour climat soit fondé sur la justice », a conclu Mme Girardin, estimant que les conditions de cette justice n’étaient pas encore réunies.

Mme NIALE KABA, Ministre chargée de l’économie et des finances de la Côte d’Ivoire, a déclaré que dans le contexte des efforts déployés par son pays, l’adoption en septembre prochain d’un nouveau cadre de développement constitue une importante échéance car il s’agira de créer les conditions de l’émergence d’un programme de développement solide et ambitieux à la fois centré sur l’homme et orienté vers la viabilité environnementale.  Notre tâche d’aujourd’hui, a dit la Ministre, est de réaffirmer cet engagement politique en mobilisant des moyens de mise en œuvre et de suivi adéquats.  « Notre responsabilité commune, a-t-elle estimé, est d’honorer les engagements pris à Monterrey et à Doha et de mobiliser tous les potentiels aussi bien financiers qu’institutionnels. »  La responsabilité première incombe en priorité aux États eux-mêmes.  Toutefois, a tempéré la Ministre, l’APD continuera de jouer un rôle majeur particulièrement important pour faire face aux vulnérabilités des États.  Les pays développés doivent dans un souci de solidarité agissante et de responsabilité collective honorer leurs engagements en la matière.  En outre, la coopération Sud-Sud devra être renforcée pour une meilleure complémentarité de la coopération triangulaire.  Par ailleurs, les problèmes de la dette souveraine, des partenariats public-privé, du financement des collectivités locales doivent demeurer une source d’attention constante.  La seule volonté des pays ne suffira pas pour faire face aux nombreux défis du développement national.  La nécessaire solidarité entre les peuples et les nations exige une action collective et coordonnée en vue de faire face aux défis multiformes et sans cesse renouvelés auxquels nous sommes confrontés.  « Nos délibérations, a conclu la Ministre, nous offrent l’opportunité historique de porter un message d’espoir et d’espérance qu’un monde meilleur pour tous est possible ».

M. ABDOU KOLLEY, Ministre des finances et des affaires économiques de la Gambie, s’est attardé sur les questions de la mobilisation des ressources domestiques, des financements privés, de l’APD, du commerce international et des flux financiers illicites.  Pour réussir les objectifs de développement durable mieux vaut renoncer à la manière habituelle de faire les choses.  Le dévouement collectif de la communauté internationale au développement doit se traduire par une augmentation des moyens de mise en œuvre dont les financements.  Nous devons travailler ensemble pour mobiliser les ressources adéquates et explorer des options novatrices pour une mise en œuvre réussie.  La Conférence doit avoir un résultat « robuste et ambitieux », un résultat qui appelle à un bon équilibre entre les diverses sources de financement et qui reflète un partenariat mondial pour le développement durable.  Le résultat doit tenir compte des réalités, des capacités et des niveaux de développement des pays et  accorder l’attention requise à la situation des pays africains, des PMA, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement.

M. ANDRES ESCOBAR ARANGO, Vice-Ministre des finances de la Colombie, a souhaité une mobilisation de toutes les ressources de financement, avant d’insister sur l’importance des transferts de technologie. Il a indiqué qu’au cours des dernières années 4 millions de personnes étaient sorties de la pauvreté dans son pays pour rejoindre les classes moyennes. Il faut lutter contre les injustices au sein des pays, a-t-il affirmé, avant de juger capitale la lutte contre l’évasion fiscale. La coopération internationale doit venir compléter les efforts des pays à revenu intermédiaire, a-t-il dit, estimant que ladite coopération devait remédier aux carences structurelles de ces pays. Enfin, il a rappelé que la coopération Sud-Sud ne saurait remplacer la coopération Nord-Sud et appelé de ses vœux la mise en place d’un mécanisme de suivi des engagements pris lors de cette Conférence.

 

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