7592 séance – après-midi    
CS/12176

Crise humanitaire en Syrie: deux responsables onusiens soulignent l’urgence d’une solution politique

La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Kyung-Wha Kang, et le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Antonio Guterres, ont dressé cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, un tableau très sombre de la situation humanitaire en Syrie, dont plus de la moitié de la population est aujourd’hui déplacée.  De septembre à novembre 2015, 1% seulement des 400 000 personnes vivant dans des zones assiégées a pu recevoir une assistance alimentaire ou médicale, a indiqué Mme Kang.

À l’instar de M. Guterres, qui s’exprimait pour la dernière fois en sa qualité de Haut-Commissaire pour les réfugiés, elle a souligné l’urgence d’une solution politique en Syrie et salué, à ce titre, l’adoption de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité le 18 décembre.  « Si le conflit ne prend pas fin, alors la Syrie, telle que nous la connaissons, n’existera plus », a averti M. Guterres.  Il a également plaidé pour une nouvelle donne entre la communauté internationale -en particulier l’Europe- et les pays voisins de la Syrie pour faire face à la crise des réfugiés.  Près de 4,3 millions de Syriens ont fui leur pays depuis le début du conflit. 

« Aucun mot ne peut rendre justice au désespoir et à la dévastation qu’endurent des millions de Syriens chaque jour », a affirmé Mme Kang, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014) et 2191 (2014) du Conseil*.  Elle a indiqué que de septembre à novembre 2015, en raison des restrictions et de l’insécurité, les Nations Unies et leurs partenaires n’avaient pu distribuer l’aide qu’à 32 % des 4,5 millions de personnes se trouvant dans des zones difficiles d’accès.

« C’est inacceptable », a martelé Mme Kang. Les autorités syriennes, a-t-elle insisté, doivent approuver les 47 demandes d’envoi de convois en attente et de  permettre à ceux qui avaient déjà été autorisés d’atteindre leur destination. Les opérations transfrontières autorisées par le Conseil ont amélioré, de manière significative, l’accès humanitaire, en fournissant l’aide humanitaire à 2,4 millions de personnes, a-t-elle indiqué.

La Sous-Secrétaire générale s’est dite très préoccupée par l’escalade des affrontements et des frappes aériennes dans le nord du pays, qui serait le fait des forces syriennes et alliées, causant de nombreux morts et blessés parmi les civils. Lors de la journée d’hier, a-t-elle ajouté, six frappes aériennes dans le centre-ville d’Idleb ont fait 43 morts, dont 30 corps ne sont toujours pas identifíés. « Les attaques indiscriminées dans des zones habitées sont une honte», a-t-elle dit.

Au cours du mois dernier, plus de 121 000 personnes ont fui leurs maisons dans neuf gouvernorats, un grand nombre d’entre eux pour la seconde ou troisième fois, a rappelé Mme Kang.  Plus de la moitié de la population syrienne avait été déplacée depuis le début du conflit. Près de 4,3 millions de Syriens ont fui le pays, a-t-elle précisé. Dans un tel contexte, la Sous-Secrétaire générale  a appelé tous les partenaires à faire preuve de générosité en prévision de la Conférence en soutien de la Syrie et de la région qui se tiendra à Londres, l’année prochaine.

« Alors que nous entrons dans une nouvelle année, nous devons tout faire pour redonner l’espoir aux Syriens qui ont enduré tant de souffrances », a-t-elle déclaré, en appelant de ses vœux une solution politique globale en Syrie qui réponde aux causes profondes du conflit. Mme Kang a, enfin, exprimé l’espoir que les efforts du Groupe de contact international pour la Syrie seront couronnés de succès et salué l’adoption de la résolution 2254 (2015) du Conseil, le 18 décembre dernier.

De son côté, le Haut-Commissaire pour les réfugiés a appelé à une « nouvelle donne » entre la communauté internationale - en particulier l’Europe- et les pays voisins de la Syrie.  Il a souligné que des investissements massifs en Jordanie, au Liban et en Turquie étaient essentiels pour éviter que ces réfugiés ne tombent dans un dénuement total et pour aider les pays hôtes à faire face à leurs besoins.

« 90% des réfugiés syriens en Jordanie et au Liban vivent sous le seuil de pauvreté défini par ces deux pays et 50% des enfants réfugiés ne vont pas à l’école », a précisé M. Guterres, en soulignant que les économies du Liban et de la Jordanie avaient perdu des milliards de dollars.  Il a ainsi espéré que la prochaine Conférence de Londres ne répondra pas seulement aux vastes besoins humanitaires mais permettra de promouvoir « une solidarité internationale effective s’appuyant sur une responsabilité partagée entre pays hôtes et communautés ».

Sur un million de réfugiés arrivés en Europe par bateau cette année, 50% sont des Syriens, a précisé le Haut-Commissaire pour les réfugiés, qui a appuyé l’idée d’établir un vaste programme de réinstallation et autres formes d’accueil dans les pays européens.  Les réfugiés syriens sont victimes du terrorisme et n’en sont pas la source, a tenu à rappeler M. Guterres.  Ces réfugiés, a-t-il fait remarquer, ne peuvent être tenus responsables d’une menace qu’ils ont fuie pour sauver leur vie.

Il est urgent de traduire en réalité le cessez-le-feu entrevu lors des pourparlers de Vienne et dans les différentes résolutions du Conseil de sécurité, a insisté le Haut-Commissaire pour les réfugiés car, a-t-il prévenu, « si le conflit ne prend pas fin, la Syrie telle que nous la connaissons n’existera plus ».  Ce constat, a-t-il ajouté, était également vrai pour l’Iraq.

 

*     S/2015/962*

 

 

 

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