7505e séance – matin & après-midi
CS/12011

Conseil de sécurité: l’ONU partage de plus en plus la responsabilité du maintien de la paix avec des organisations régionales gênées par le manque de ressources financières

« Mon message est simple: les Nations Unies partagent de plus en plus la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité avec les organisations régionales », a déclaré d’emblée le Secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité qui, à l’initiative de sa Présidente pour le mois d’août et Représentante permanente du Nigéria, examinait aujourd’hui le rôle de ces organisations face aux défis contemporains en matière de sécurité mondiale.  Si le message de M. Ban Ki-moon s’est voulu simple, celui de l’Observateur de l’Union africaine l’a été tout autant: « l’expérience de ces dernières années a amplement démontré qu’un des plus grands obstacles est la question des ressources financières ».

Les organisations régionales, qui assument un rôle de trait d’union entre les niveaux national et mondial, présentent un intérêt accru, souligne la Présidente du Conseil de sécurité, Mme Joy Ogwu du Nigéria, dans son papier de réflexion*.  Face aux nouvelles menaces du terrorisme, de la prolifération des armes légères et de petit calibre, de la piraterie, de la criminalité transnationale organisée, de la dégradation de l’environnement et des pandémies, qu’aucun État ne peut contenir ou éliminer à lui seul et qu’aucun régime de normes ne peut prendre seul en charge, les organisations régionales peuvent faire valoir leurs compétences approfondies, leurs connaissances uniques et leurs solides réseaux locaux.  

Ces organisations ont l’avantage de la proximité géographique avec les situations de conflit dans leur région et sont mieux à même de les comprendre.  Le recours plus systématique au Chapitre VIII de la Charte sur les accords régionaux a d’ailleurs conduit, aujourd’hui, à un système décentralisé de gestion de la sécurité mondiale sous la conduite de l’ONU au sein duquel les organisations régionales jouent un rôle primordial.

« Nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider à résoudre les problèmes régionaux », a acquiescé M. Ban Ki-moon.  Le Secrétaire général de l’ONU a indiqué qu’il est en train d’examiner le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix qui appelle d’ailleurs à un partenariat plus fort entre les sphères internationale et régionale pour faire en sorte que le Conseil de sécurité puisse s’appuyer sur un réseau plus résilient et plus efficace d’acteurs.  Le Groupe recommande que l’on approfondisse le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine dont le continent accueille deux tiers des opérations de maintien de la paix et près de 90% des Casques bleus de l’ONU. 

Il est clair, a souligné l’Observateur de l’Union africaine, qu’avec nos mécanismes régionaux nous avons montré notre détermination à contribuer, de manière significative, aux efforts collectifs de sécurité sur le continent.  Mais, a-t-il prévenu, l’expérience de ces dernières années a amplement démontré qu’un des plus grands obstacles est la question des ressources souples, durables et prévisibles.  Il est « crucial », a-t-il insisté, qu’une solution adéquate soit trouvée de toute urgence.  Le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix recommande d’ailleurs, a relevé le Secrétaire général, un plus grand appui aux opérations de maintien de l’Union africaine approuvées par le Conseil de sécurité et appelle ainsi à un financement plus prévisible, y compris l’utilisation des contributions des États. 

Félicitée comme « un exemple à suivre » pour sa coopération avec l’Union africaine, l’Union européenne a, par la voix de son représentant, dit craindre que la grande dépendance de l’Union africaine et des organisations régionales africaines vis-à-vis des partenaires internationaux et des fonds de l’Union européenne ne limite l’appropriation africaine, y compris l’établissement de capacités africaines durables.  Depuis 2004, l’Union européenne a fourni 1,4 milliard d’euros aux forces de paix de l’Union africaine et les fonds vont passer de 750 millions à 900 millions d’euros pour la période 2014-2016.  Les organisations africaines devraient pouvoir progressivement prendre en charge une part croissante du financement de leur action, a également estimé le représentant de la France.  De toute évidence, a répondu l’observateur de l’Union africaine, nous nous efforçons d’obtenir de nos membres qu’ils augmentent leurs contributions pour que l’appui extérieur, y compris celui de l’ONU et des autres partenaires, soit véritablement « complémentaire ».

L’importance des organisations régionales étant acquise, plusieurs délégations dont celle du Bénin, ont insisté sur la responsabilité « primordiale » du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  En Afrique, l’ONU ne saurait se désengager en sous-traitant aux arrangements régionaux, a estimé le représentant de l’Inde qui a voulu que l’on garde à l’esprit qu’avec la régionalisation ou la sous-régionalisation du maintien de la paix, le danger de l’impartialité ne peut être écarté.  Il ne faut pas perdre de vue, a renchéri son homologue de la Malaisie, que les organisations régionales sont confrontées aux mêmes problèmes que l’ONU, comme la surexploitation des capacités et les dysfonctionnements.  

Ces organisations peuvent aussi être vulnérables à l’hégémonie des uns et des autres qui cherchent à influencer l’action collective pour leurs propres intérêts politiques.  Sans des ressources financières suffisantes et un soutien au renforcement des capacités, les aspirations et la détermination des organisations régionales pourraient dépasser leur capacité d’action.  Quand la communauté internationale place des espoirs « irréalistes » dans des organisations « mal préparées », le partage du fardeau pourrait devenir un simple passage de relais. 

Le Conseil doit assurer les ressources au moment où il autorise une organisation régionale à agir, a reconnu le représentant des États-Unis qui a ajouté que le maintien de la paix et de la sécurité part aussi du principe qu’un regard distancié peut être plus efficace pour trouver des solutions.  Au Soudan du Sud, a-t-il pris comme exemple, l’ONU a misé sur un processus politique régional qui a fini par échouer.  C’est donc au Conseil d’intervenir pour faire avancer les choses et établir les responsabilités de la crise.  Certes, a commenté le représentant de l’Inde, mais quand deux-tiers du travail du Conseil concernent un continent, l’Afrique, qui n’a même pas de siège permanent au Conseil, la légitimité des décisions peut être remise en cause et leur force faire défaut.

Il faut, a conclu le Secrétaire général, une coordination et des consultations plus systématiques sur les normes politiques, les directives et la formation pour assurer la cohérence à toutes les phases, de la planification au retrait d’une opération.

*S/2015/599

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Organisations régionales et défis contemporains en matière de sécurité mondiale

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, s’est concentré sur la manière de renforcer les partenariats avec les organisations régionales afin, a-t-il dit, d’améliorer la réponse collective aux menaces en mutation.  Mon message est simple, a dit le Secrétaire général: les Nations Unies partagent de plus en plus la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité avec les organisations régionales.  Nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider à résoudre les problèmes régionaux et inclure les États concernés dans la recherche des solutions.  Dans le même temps, les organisations régionales devraient continuer de contribuer aux efforts de paix et de sécurité des Nations Unies.  Nous comptons sur elles, a insisté le Secrétaire général, pour leur influence politique et leurs capacités civiles et militaires.

Compte tenu de la nature changeante des conflits, les Nations Unies se déploient désormais dans des environnements fragiles et isolés où l’on ne voit pas très bien quelle paix il y a à maintenir, a reconnu le Secrétaire général.  Le Conseil de sécurité a confié à juste titre aux Casques bleus le mandat de protéger les civils mais trop souvent, ils n’ont pas les équipements, les ressources et la formation qu’il faut.  Pour combler ces lacunes, le Secrétaire général a appelé à un nouvel examen des opérations de maintien de la paix. 

M. Ban a indiqué qu’il est en train d’examiner le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix qui appelle d’ailleurs à un partenariat plus fort entre les sphères internationale et régionale pour faire en sorte que le Conseil de sécurité puisse s’appuyer sur un réseau plus résilient et plus efficace d’acteurs.  Le Groupe recommande que l’on approfondisse le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, a acquiescé le Secrétaire général, en rappelant que deux tiers des opérations de maintien de la paix et près de 90% des Casques bleus sont déployés en Afrique. 

Le Groupe recommande, a poursuivi le Secrétaire général, un plus grand appui aux opérations de maintien de l’Union africaine approuvées par le Conseil de sécurité.  Il préconise que l’ONU permette aux organisations régionales de partager le fardeau conformément à la Charte.  Le Groupe appelle ainsi à un financement plus prévisible, y compris l’utilisation des contributions des États. 

Après avoir passé en revue l’état actuel de la coopération de l’ONU avec les organisations africaines, le Secrétaire général a jugé qu’il est temps d’optimiser encore plus cette collaboration.  Nous devons travailler ensemble pour harmoniser les normes, a-t-il dit, en vue d’améliorer la transition des opérations de l’Union africaine aux missions de maintien de la paix de l’ONU.  Il faut une coordination et des consultations plus systématiques sur les normes politiques, les directives et la formation pour assurer la cohérence à toutes les phases, de la planification au retrait d’une opération.

Les droits de l’homme doivent être au fronton de tous les efforts.  L’appui des Nations Unies aux partenaires régionaux, a prévenu le Secrétaire général, dépend du respect de la « Politique de diligence voulue en matière des droits de l’homme », des normes les plus élevées de conduite et de discipline, des règles financières de l’ONU et des autres procédures normatives.  Nous sommes tous responsables de nos actes et de la manière dont nous les accomplissons, s’est expliqué le Secrétaire général.  Nous pouvons avoir des divergences de vues mais aussi longtemps que nous rechercherons la paix, la sécurité et les droits de l’homme, nous ferons ensemble la course vers un avenir plus sûr.

M. LIU JIEYI (Chine) a insisté sur trois points et d’abord la nécessité pour que le maintien de la paix et de la sécurité internationales soit guidé par les principes de la Charte et se fonde sur les bons offices, la médiation et le dialogue.  Il faut promouvoir des solutions politiques et régionales aux crises et ce faisant, respecter les principes de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Deuxièmement, a poursuivi le représentant, il faut renforcer les efforts de coordination et de partenariat entre les Nations Unies et les organisations régionales.  L’ONU doit pouvoir s’appuyer sur l’expérience de ces dernières.  Elle doit compléter les compétences régionales qui doivent être enrichies par des échanges d’expériences.  Troisièmement, a enfin dit le représentant, nous devons adhérer aux principes mêmes des organisations régionales en tenant compte notamment des intérêts régionaux qu’elles représentent. 

La Chine a toujours été un partenaire de l’Afrique et a appuyé les initiatives pour renforcer les capacités sécuritaires, lutter contre le terrorisme et la piraterie.  Le représentant a reconnu les progrès notamment en Somalie où la Chine concourt aux efforts de l’AMISOM.  La Chine, a-t-il indiqué, prépare actuellement la sixième réunion sur la paix et la sécurité avec l’Afrique.  

M. MAHMOUD DAIFALLAH MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a dit que la crise syrienne a engendré de grands changements dans la région alors que certains groupes profitent du chaos pour se transformer en groupe mondiaux.  La cybermenace représente aujourd’hui une menace mondiale à laquelle nous devons faire face, a dit le représentant en insistant sur le fait que cette menace exige une réponse mondiale et des stratégies claires à tous les niveaux.  Certaines organisations régionales comme l’Union européenne, l’Union africaine et les organisations d’Amérique latine et d’Asie représentent des modèles très spéciaux qui doivent être suivis et appuyés pour parvenir à une sécurité collective.  Le représentant a salué le rôle efficace de l’Union européenne sur le continent africain et au Moyen-Orient.  Il a aussi salué la coopération entre l’ONU et l’Union africaine et mis l’accent sur la valeur ajoutée des organisations régionales qui connaissent mieux le terrain, les sources des conflits et les solutions à y apporter.  Il a jugé important que ce soit l’ONU qui prenne l’initiative de nourrir les partenariats avec les organisations régionales face aux menaces émergentes.  Il a souligné l’importance des organisations régionales pour stimuler la coopération entre les États au niveau local mais pour nouer le lien le plus fort entre la sécurité, aux niveaux local et mondial. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a appuyé le développement de la coopération de l’ONU avec les organisations régionales « dans l’intérêt de la mise en œuvre de la Charte des Nations Unies et notamment de son Chapitre VIII ».  Dans ce contexte, il a jugé indispensable de renforcer encore la coopération entre l’ONU et l’Union africaine.  « Nous constatons la coopération heureuse entre l’Union africaine et les organisations sous-régionales africaines face à des menaces émergentes ».  Préoccupé par le groupe Boko Haram, le représentant a salué toutes les initiatives de coopération, au niveau local.  Nous voyons aussi, a-t-il poursuivi, un grand potentiel entre l’ONU et les États arabes, l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  La Fédération de Russie, a dit le représentant, appuie les principes d’Helsinki: « les politiques de deux poids deux mesures et la recherche de sa sécurité aux dépens de celle des autres ne conduisent qu’à de l’instabilité ».  Le représentant a exhorté l’OSCE à éviter la confrontation et à préserver son impartialité s’agissant de l’Ukraine.  Seul un dialogue entre Kiev et les régions de Lougansk et Donetsk permettra de régler durablement ce conflit, a-t-il prévenu. 

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a estimé qu’une « sincère » complémentarité entre les actions des Nations Unies et celles des organisations régionales et sous-régionales devrait s’appuyer sur les avantages comparatifs et les capacités des unes et des autres.  La représentante s’est attardée sur la coopération entre l’ONU et l’Union européenne, l’OSCE et le Conseil de l’Europe.  Elle a entre autres souligné que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE dans l’est de l’Ukraine est d’autant plus importante qu’elle est le seul organe international collectant des informations sur le terrain et comptabilisant les violations du cessez-le-feu qui malheureusement sont en hausse.  Les véhicules de la Mission ont été incendiés, ses drones continuellement sabotés, ses observateurs empêchés de se déplacer et menacés par des militants « illégaux » qui continuent de jouir de l’appui militaire et matériel « de leurs patrons ».  La Mission de l’OSCE, a plaidé la représentante, a besoin de l’appui et de la coopération de l’Union européenne et de l’ONU.  Il faudrait envisager pour l’ONU un plus grand rôle dans la recherche d’une solution durable et viable à ce conflit.  Nous devons maintenir l’attention sur ce conflit parce qu’il s’agit aussi d’une violation flagrante des normes internationales, y compris une attaque contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un État Membre de l’ONU qui pourrait avoir des conséquences bien au-delà des limites géographiques. 

Comme les défis contemporains en matière de sécurité sont « trop complexes et trop multidimensionnels » pour être relevés par un seul acteur, il est essentiel de faire avancer les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales en renforçant les complémentarités et en créant de nouvelles synergies sur la base des avantages comparatifs, a conclu la représentante.

M. FRANCISCO JAVIER GASSO MATOSES (Espagne) a estimé que les organisations régionales doivent jouer un rôle marqué en Afrique.  Il a aussi souligné le rôle des organisations sous-régionales comme l’Autorité intergouvernementale (IGAD) au Soudan du Sud, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Côte d’Ivoire, et la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) au Burundi.  Les organisations régionales ont toute leur place dans la lutte contre les nouvelles formes de menaces à la paix dont le terrorisme, le crime transnational organisé ou encore la traite de personnes, a insisté le représentant.  Il a mis l’accent sur l’importance de la médiation et de la diplomatie préventive au niveau régional et le rôle de la femme dans le règlement des conflits et la consolidation de la paix.  Pour lever les obstacles et renforcer l’efficacité de l’action régionale, le représentant a préconisé la prévisibilité des fonds et le renforcement de la coopération avec les Nations Unies mais aussi de la coopération triangulaire Nations Unies-Union européenne-Union africaine.  Il a indiqué que l’Espagne a participé à quatre réunions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. 

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a dit que les organisations régionales doivent envisager de nouvelles manières d’agir devant les nouvelles réalités mondiales.  Le représentant a jugé qu’elles devraient s’inspirer de l’Amérique du Sud qui est devenue une zone de paix grâce au travail des différents mécanismes régionaux de coopération contre le terrorisme, le trafic de drogues ou la traite des personnes.  Il s’est dit favorable à une collaboration plus structurée entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine.  À son tour, il a insisté sur la prévisibilité, la durabilité et la souplesse du financement des missions des organisations régionales qui doivent intégrer une formation en matière des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a prévenu que la menace à la paix et à la sécurité en Afrique a changé avec l’apparition d’un nouveau type de défis que constituent des groupes terroristes tels qu’Al-Chabab et Boko Haram.  À cet égard, il a salué la réponse commune contre Boko Haram qu’est la force commune appuyée par le Conseil de sécurité.  Mais, a-t-il ajouté, les risques de piraterie et de plateformes offshores méritent aussi toute l’attention de ce Conseil.  Le projet de création de capacités africaines de réaction rapide aux crises représente un pas très important et si les aspects techniques de ce projet sont encore en gestation, nous sommes persuadés que les capacités seront bientôt une réalité grâce au soutien des pays africains eux-mêmes mais aussi de l’ONU.  La responsabilité première pour assurer la paix et la sécurité est en effet au niveau national.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a reconnu que les défis actuels ne peuvent plus être relevés par une seule organisation.  La Somalie est le parfait exemple de l’importance d’un partenariat intégré entre l’ONU et l’Union africaine.  C’est un succès qui a démontré la valeur ajoutée de ce type de coopération.  Mettre fin aux combats au Soudan du Sud est un autre défi, a-t-il dit, en estimant que le Conseil de sécurité devra prendre des décisions « très déterminées » si ce pays n’accepte pas de signer l’accord proposé par l’IGAD.  Le représentant n’a pas oublié de saluer le rôle de facilitateur de l’Union européenne en Afrique et au Moyen-Orient, dont le rôle « décisif » dans le dossier nucléaire iranien.  Si le Conseil de sécurité a la responsabilité première en matière de sécurité, cela n’exclut pas une contribution des organisations régionales et sous-régionales, a insisté le représentant.  Nous sommes convaincus que nous devons et pouvons faire davantage en matière de coopération, a-t-il conclu.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a fait observer qu’outre les questions de financement et de capacités, il existe d’autres défis significatifs à une coopération efficace avec les organisations régionales et sous-régionales sur les questions de paix et de sécurité.  Il y a encore de trop nombreuses situations où le rôle de ces organisations n’a pas suffi pour prévenir ou régler des crises.  Il a ainsi expliqué que la coopération des organisations régionales, en particulier de l’Union européenne, avec le Conseil de sécurité demeure largement réactive et limitée au cas par cas.  Des interventions telles que la MISMA au Mali posaient d’importants défis, non seulement en termes de ressources, mais également de vision et d’entente mutuelle.  Cela a considérablement compliqué le processus de transition vers le déploiement d’une opération des Nations Unies, a-t-il soutenu.  L’aspect essentiel de ce problème, a-t-il dit, réside dans l’échec des deux parties d’adopter une approche commune.  Le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine doivent travailler de manière unie pour jouer un rôle complémentaire et utiliser mutuellement leurs avantages comparatifs, tout d’abord dans le domaine de la prévention des conflits.  À cet égard, certaines recommandations du Groupe d’examen de haut niveau des opérations de paix sont pertinentes.  

Si la coopération est établie à long terme, elle doit être fondée sur un arrangement plus systématique selon lequel les deux organisations reconnaissent les menaces dans la région et souhaitent travailler ensemble pour y faire face.  La transition vers un plus grand rôle des acteurs régionaux au cours de la dernière décennie a imposé de véritables obligations aux organisations régionales et sous-régionales pour édifier une architecture complexe dans un délai relativement court.  Les organisations régionales doivent être pleinement équipées pour s’acquitter de tâches au nom de la communauté internationale, a rappelé M. Van Bohemen.  Le Conseil de sécurité doit continuer à assurer un appui institutionnel à ces organisations par le biais de ressources des Nations Unies comme dans le cas du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et de celui de l’Union africaine.  Il doit également identifier les moyens efficaces et concrets d’améliorer les échanges entre les membres du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine.  Le Conseil de sécurité doit aussi faire face aux défis que pose le financement des opérations de maintien de la paix régionales et sous-régionales, notamment en améliorant l’efficacité des mécanismes existants.  Pour sa part, a rappelé le représentant, la Nouvelle-Zélande, conjointement avec l’Espagne, a appuyé la tenue d’une réunion entre les membres de ces deux organes à Addis-Abeba au début de l’année pour discuter de leur ordre du jour commun.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a estimé que le partenariat stratégique entre les Nations Unies et les organisations régionales est « vital » pour faire face aux défis contemporains.  Un partenariat à plusieurs niveaux pourrait servir de « fondation solide pour l’agenda futur de la sécurité mondiale ».  Comme le niveau et le degré de coopération intra-régionale varient de manière significative entre les régions, en fonction du contexte historique et politique unique, la coopération avec l’ONU, pour être efficace, doit tenir compte de cette diversité et être inclusive, flexible, réactive et adaptable, notamment dans le cas d’efforts conjoints complexes comme les activités de maintien de la paix, la consolidation de la paix et la reconstruction postconflit.  Il ne faut pas perdre de vue, a poursuivi le représentant, que les organisations régionales sont vulnérables aux mêmes problèmes que l’ONU, dont la surexploitation des capacités et les dysfonctionnements.  Ces organisations peuvent se montrer vulnérables à l’hégémonie locale qui peut chercher à influencer l’action collective pour ses propres intérêts politiques.  À son tour, le représentant a insisté sur le fait que sans des ressources financières suffisantes et le soutien au renforcement des capacités, les aspirations et la détermination des organisations régionales pourraient dépasser leur capacité d’action, notamment dans les endroits du monde parmi les plus difficiles.  Aussi le partage du fardeau pourrait devenir un simple passage de relais quand la communauté internationale place des espoirs « irréalistes » dans des organisations « mal préparées ». 

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a déclaré que les organisations régionales sont les seules à même de répondre aux menaces multiformes à la paix et à la sécurité internationales.  C’est ainsi qu’en Afrique, l’Union africaine a déployé des opérations de paix mandatées par le Conseil de sécurité et d’autres missions qu’elle a déployé par ses moyens propres.  En Afrique, a encore dit le représentant, l’Union africaine est un partenaire stratégique qui mérite d’être appuyée.  Il a noté que les relations entre les Nations Unies et l’Union africaine n’ont pas encore atteint la dimension stratégique souhaitée et a ainsi demandé un financement plus durable, plus prévisible et plus souple.  Il a aussi salué les neuf missions civiles de l’Union européenne en Afrique notamment son aide au déploiement des opérations de paix au Mali et en République centrafricaine.  Le représentant a tenu à souligner le rôle de la société civile dont les femmes et les jeunes qui méritent des mesures de renforcement des capacités liées à la paix et à la sécurité.  Les défis ne connaissent pas de frontières et il faut mutualiser les efforts pour juguler les menaces.  Le représentant s’est dit favorable à un partenariat solide, fiable et durable entre Union africaine et les Nations Unies basé sur la division de travail pour relever les défis à la paix et à la sécurité.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a déclaré que le partenariat entre les Nations Unies et les organisations régionales était devenu d’autant plus important que les menaces internationales gagnent en complexité.  Les organisations régionales et sous-régionales, « voisines des situations de crise » sont les mieux placées pour identifier et relever les défis.  Mais, a mis en garde le représentant, le maintien de la paix et de la sécurité part aussi du principe qu’un regard distancié peut être plus efficace pour trouver des solutions.  Il a dénoncé les bifurcations de plus en plus tortueuses entre les processus politiques et de maintien de la paix, soulignant que la division du travail a des aspects positifs et négatifs.  Au Soudan du Sud, a-t-il pris comme exemple, l’ONU a misé sur un processus politique régional qui a fini par échouer.  Le Conseil doit intervenir pour faire avancer les choses et établir les responsabilités de la crise.  Quand le Conseil autorise les organisations régionales à agir, il doit leur assurer les ressources qu’il faut et leur faire comprendre l’importance qu’il y a à respecter les normes communes.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a rappelé que c’est la fin de la guerre froide qui a entrainé le renforcement des organisations régionales et sous-régionales.  Cette évolution est un aspect très positif pour le renforcement de la paix et de la sécurité internationales.  Les organisations régionales sont des acteurs complémentaires des Nations Unies.  Elles apportent une valeur ajoutée certaine en matière de prévention des conflits.  Le représentant a jugé qu’il faut promouvoir encore le rôle des organisations régionales pour parvenir à un monde multipolaire et multicentrique garant de stabilité et de respect mutuel.  L’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) a été créée contre les organisations régionales qui ont privilégié les intérêts étrangers aux dépens des pays d’Amérique latine.  L’Union des nations sud-américaines (UNASUR) s’est constituée grâce à la volonté d’un groupe de nations contre tout risque de « violation de l’ordre constitutionnel et de situation qui met en danger l’exercice légitime du pouvoir et les valeurs et principes démocratiques ».  Depuis 2010, l’UNASUR dispose d’un Protocole démocratique.  L’ALBA, a insisté le représentant, n’est pas un mécanisme sous-régional de défense.  Il prend en main les intérêts du développement économique et social des populations en privilégiant la complémentarité des économies plutôt que la concurrence « vorace ».  Le représentant a aussi attiré l’attention sur la création en 2005 de « Petrocaribe », un programme de coopération en matière d’énergie rassemblant 17 pays.

M. ALEXIS LAMEK (France) a déclaré que la connaissance précise du contexte local et les réseaux que les organisations régionales développent constituent un atout dans la compréhension des conflits.  Leur proximité géographique permet un déploiement rapide et le rapport privilégié qu’elles entretiennent avec les États en crise peut contribuer à la consolidation de situations fragiles.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la France veut encourager l’implication, déjà forte, des organisations régionales dans la prévention des conflits, le maintien et la consolidation de la paix.  Aujourd’hui, les organisations africaines, dont les actions ont vocation à s’intégrer à l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), prennent de plus en plus leurs responsabilités, a souligné M. Lamek, en citant le rôle que joue l’IGAD au Soudan du Sud ou encore la CEEAC en République centrafricaine.

Cette mobilisation est d’autant plus efficace qu’elle se fait en concertation active avec les différents autres acteurs, à savoir les organisations régionales, les États, les différents représentants de la société civile et, en premier lieu, les Nations Unies.  À cet égard, la France se félicite du renforcement des liens entre l’Union africaine et les Nations Unies par la création d’un Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine en 2010, l’établissement de bureaux de liaison à New York et à Addis-Abeba ou encore l’institutionnalisation d’échanges annuels entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  M. Lamek a rappelé que l’Union européenne finance plusieurs opérations de maintien de la paix comme l’AMISOM et qu’elle s’est presque entièrement acquittée de son engagement de contribuer à hauteur de 450 millions d’euros à la mise en œuvre de la Facilité de soutien à la paix en Afrique pour la période 2014-2016.  En outre, elle fournit une aide civile et militaire en Libye, en RCA, en RDC, en Somalie et au Mali et assiste le Gouvernement malien dans la réforme et la restructuration de ses Forces nationales de sécurité.

La France souscrit aux recommandations du Secrétaire général contenues dans son rapport du 2 janvier dernier et appuie celles du Groupe d’examen stratégique des opérations de paix.  Le passage de la MISMA à la MINUSMA au Mali et de la MISCA à la MINUSCA en RCA, a-t-il fait remarquer, a montré les avantages comparatifs des deux modèles d’intervention par l’Union africaine et les Nations Unies.  S’agissant de l’Examen stratégique des opérations de paix, les exemples du Mali et de la RCA ont confirmé, a soutenu M. Lamek, qu’il était essentiel pour les Nations Unies de s’investir pleinement en amont dans la définition d’un cadre global et concerté de gestion de crise afin de faciliter la mise aux normes onusiennes et la formation de contingents régionaux.  Les organisations africaines devraient pouvoir progressivement prendre en charge une part croissante du financement de leur action, a-t-il ajouté avant de conclure.

Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a dit que la multiplication de nouvelles menaces et leur caractère transnational ont ébranlé la sécurité mondiale.  Nous avons besoin d’une action commune et si la responsabilité première revient au Conseil de sécurité, les acteurs régionaux peuvent éclairer ce dernier et favoriser un multilatéralisme efficace.  Les avantages comparatifs des organisations régionales doivent être mieux reconnus.  Plaidant pour une meilleure mise en œuvre de l’Article VIII de la Charte, elle a appelé à un système plus « décentralisé » du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La CEDEAO a réalisé des progrès remarquables, en prenant en main les conflits au Libéria, en Guinée et en Sierra Léone.  L’IGAD a démontré sa valeur ajoutée et la CEEAC l’a fait au Burundi.  La représentante s’est réjouie que la régionalisation de la sécurité mondiale soit en train de prendre un élan nouveau.  Au-delà des acteurs régionaux, il ne faut pas oublier la force de plaidoirie des ONG, en particulier pour la mobilisation de ressources.  Illustrant son propos, la représentante a cité l’intervention de « Médecins sans frontières » dans la gestion d’Ebola.  Elle a jugé essentiel que les organisations régionales et sous-régionales africaines tendent la main aux ONG « essentielles ».  Elle a aussi souligné l’importance de la coopération triangulaire.  Il faut intensifier la coopération mondiale et régionale si nous voulons faire face aux défis d’aujourd’hui, a insisté la Présidente du Conseil de sécurité. 

M. BHAGWANTS S. BISHNOI (Inde) a prévenu que le rôle dévolu aux organisations régionales doit être conforme aux objectifs et aux principes des Nations Unies, dont les principes de souveraineté nationale, d’indépendance politique, d’unité et d’intégrité territoriale.  Le règlement « pacifique » des conflits doit être la priorité du Conseil et de ces organisations.  Le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix a lui-même souligné que le maintien de la paix ne peut se substituer aux solutions politiques.  Il ne sert à rien d’avoir des organisations régionales qui enclenchent des moyens militaires alors que les processus politiques ne sont ni en cours ni achevés.  Il est tout aussi important de garder à l’esprit que l’Article VIII de la Charte n’envisage pour ces organisations aucun rôle fondé sur la langue, la religion ou le rapprochement historique.  Toute interprétation trop libre de cet article serait une violation de la Charte mais aussi un acte contreproductif.  Si les organisations régionales peuvent appuyer l’ONU, la primauté de cette dernière ne saurait être niée.  En Afrique par exemple, l’ONU ne peut se désengager en sous-traitant le maintien de la paix aux arrangements régionaux.  Il faut aussi garder à l’esprit qu’avec la régionalisation ou la sous-régionalisation du maintien de la paix, le danger de l’impartialité ne peut être écarté. 

Il faut, a poursuivi le représentant, des consultations approfondies avant d’enclencher les arrangements régionaux, ce qui veut dire que les pays contributeurs de contingents doivent être invités à participer aux décisions du Conseil conformément à l’Article 44 de la Charte.  Ceci est nécessaire pour rendre les mandats plus réalistes et pour obtenir la pleine coopération de ceux qui seront véritablement chargés de leur mise en œuvre.  La Charte, a insisté le représentant, prévoit clairement que le Conseil de sécurité soit tenu pleinement informé des actions entreprises en vertu des arrangements régionaux.  Mais comme ces informations ne sont pas mises à la disposition des autres États Membres de l’ONU, il est temps de les inclure dans les rapports annuels du Conseil.  Deux-tiers du travail du Conseil concernent l’Afrique qui n’a même pas de siège permanent au Conseil.  Cette situation nuit gravement à la légitimité des décisions du Conseil et tant que cette « injustice historique » ne sera pas réparée, ces décisions manqueront de force.  Le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies offre l’occasion opportune de corriger cette grave lacune, a estimé le représentant. 

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a axé son intervention sur la région Asie-Pacifique où le Forum régional de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est a servi de cadre ministériel pour faire face aux questions politique et sécuritaire depuis plus de 20 ans.  La mission du Forum est de renforcer la confiance dans la région.  Il n’organise pas uniquement des réunions entre les ministres mais il embrasse un large éventail de questions comme le relèvement après les catastrophes, la lutte contre le terrorisme et le crime transnational ainsi que la non-prolifération et le désarmement.  Le représentant a aussi pris l’exemple du Sommet d’Asie de l’Est créé en 2005 qui offre une occasion unique pour les dirigeants des 18 pays de la région de discuter des questions d’intérêt commun, y compris les défis politiques et sécuritaires d’un point de vue stratégique.  Le représentant a également montré le rôle supplémentaire que peuvent jouer les Nations Unies et les cadres régionaux dans la région Asie-Pacifique.  Afin d’identifier les organes les plus appropriés pour relever ces défis, il est important d’examiner la nature de chaque défi au cas par cas.  Parfois, l’implication directe des Nations Unies pourrait être plus appropriée comme ce qui était arrivé au Cambodge en 1990, a déclaré le représentant et parfois les cadres régionaux sont plus efficaces comme dans la lutte contre la piraterie et les attaques armées contre les navires.  Les efforts pour assurer la non-prolifération nucléaire en Asie de l’Est sont un autre exemple qui montre l’importance de cette double approche –ONU et arrangements régionaux-.

M. JÖREN BJÄLLERSTEDT (Suède) au nom des pays nordiques, a estimé que pour créer des partenariats plus forts encore, il nous faut une vision stratégique claire.  Il s’est donc félicité de l’examen des opérations de maintien de la paix, de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité et de l’architecture de consolidation de la paix.  Il a particulièrement salué le fait que le Groupe indépendant de haut niveau ait souligné la nécessité d’une meilleure coopération avec les organisations régionales.  Il a souscrit à l’idée de trouver des mécanismes pour assurer des fonds prévisibles et durables aux arrangements régionaux de maintien de la paix.  Nous devons, a-t-il dit, en paraphrasant le Président américain, développer un nouveau partenariat entre l’ONU et l’Union africaine qui offre un appui fiable aux opérations de paix de cette dernière.  Il faut, en l’occurrence, garder à l’esprit que la coopération est la plus efficace lorsqu’elle est guidée par les principes du partage du fardeau et de la complémentarité.  Les partenariats doivent se fonder sur la compréhension commune de ce que chaque organisation peut faire dans une situation donnée et sur une évaluation « réaliste » des avantages comparatifs et des mandats de chacun. 

Conformément à la position des pays nordiques, le représentant a estimé que les Nations Unies, l’Union africaine et les organisations sous-régionales peuvent et doivent faire plus en matière de prévention des conflits, comme l’ont montré les « dures leçons » apprises de la République centrafricaine, du Soudan du Sud et du Burundi.  Parfois, l’ONU et les acteurs régionaux doivent agir plus tôt, a-t-il insisté.  Le représentant a aussi souligné l’importance qu’il y a à faire participer activement les femmes dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits ainsi que dans les efforts postconflit et dans la coopération.  L’expérience des pays nordiques a montré qu’une véritable participation des femmes dans tous les aspects du rétablissement de la paix est une « fondation indispensable » à une paix solide et au développement durable.  Cette interdépendance est d’ailleurs soulignée dans les nouveaux objectifs de développement durable et leurs cibles pour un développement pacifique.  L’appropriation locale des actions est une condition préalable à la légitimité et à l’efficacité des efforts de paix, a aussi insisté le représentant, en prenant l’exemple de l’épidémie d’Ebola. 

M. NICK WESTCOTT, Directeur pour l’Afrique au Service de l’action extérieure de l’Union européenne, a indiqué que l’environnement sécuritaire mondial et européen ayant connu des changements spectaculaires ces récentes années a fait que les ministres de la défense et des affaires étrangères de l’Union européenne ont appelé, en mai dernier, à une Union plus forte et à une sécurité et une défense communes encore plus fortes.  Il a relevé que la prévention des conflits et des rechutes est, conformément au droit international, l’un des objectifs premiers de l’action extérieure de l’Union européenne, en partenariat avec les acteurs mondiaux, régionaux, nationaux et locaux.  Il a rappelé que l’Assemblée générale a souligné la relation spéciale entre l’Union européenne et les Nations Unies en 2011 par la résolution 65/276, relative à la « Participation de l’Union européenne aux travaux de l’Organisation des Nations Unies ».  Il a aussi salué la récente identification des domaines prioritaires du renforcement du partenariat stratégique entre les Nations Unies et l’Union européenne pour la période 2015-2018 dont le maintien de la paix et la gestion des crises.  Il a noté que ce document souligne l’importance de la contribution des membres de l’Union européenne aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

M. Westcott a par ailleurs salué le partenariat entre l’Union européenne et les organisations régionales, notamment en Afrique.  Il a rappelé qu’au cours du dernier Sommet conjoint UE-Afrique de 2014 à Bruxelles, l’Union européenne a appuyé l’aspiration et l’engagement africains à assurer la paix, la sécurité et la stabilité dans le continent, dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Il a indiqué qu’en vue d’améliorer la capacité africaine de prévision, de prévention et de réponses aux crises, l’Union européenne s’est engagée à rendre opérationnelle la Force africaine en attente et à reconnaitre le rôle de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC) comme outil de transition complémentaire à la Force en attente.  M. Westcott a également salué la participation intense des pays africains aux opérations de maintien de la paix sur le continent, que ce soit dans le cadre des missions de l’ONU que dans le cadre des forces hybrides de l’Union africaine.  Il a affirmé que depuis 2004, l’Union européenne a fourni 1,4 milliard d’euros aux forces de paix de l’Union africaine.  Il a en outre annoncé que les fonds s’inscrivant dans ce programme vont passer de 750 millions à 900 millions d’euros pour la période 2014-2016, afin de répondre aux nouvelles crises et autres menaces à la paix sur le continent.  Au rang de ces nouvelles menaces, il a évoqué la lutte contre les groupes terroristes, notant que cela va engager des ressources importantes et du temps.  Il a indiqué que cette situation va nécessiter un soutien supplémentaire de la part des partenaires africains et non africains et des Nations Unies.

Le délégué a fait observer que la grande dépendance de l’Union africaine et des organisations régionales africaines vis-à-vis des partenaires internationaux et des fonds de l’Union européenne limite l’appropriation africaine, y compris l’établissement de capacités africaines durables.  Le représentant n’a pas conclu sans évoquer la crise des migrants clandestins.  Cette crise qui sévit en Méditerranée est un exemple de la manière dont le crime transnational organisé, notamment le trafic des migrants et des êtres humains, peut déstabiliser une région et placer les droits et même la vie des milliers de gens en danger.  Il a fait mention des mesures d’urgence engagées par l’Union européenne et a annoncé la tenue, les 11 et 12 novembre prochains, à Valletta à Malte, d’un Sommet en collaboration avec l’Union africaine, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et L’Organisation internationale des migrations (OIM), ainsi que d’autres organisations internationales et régionales importantes et les représentants des pays d’origine, de transit et de destination.  Il a aussi annoncé qu’une réunion de haut niveau sur la route occidentale des Balkans est aussi envisagée.

Il est clair, a déclaré M. ADONIA AYEBARE, Union africaine, que l’Union africaine et ses mécanismes régionaux ont montré leur détermination à jouer pleinement leur rôle et à contribuer, de manière significative, aux efforts collectifs de sécurité sur le continent.  Ce faisant, les Africains ont développé une architecture solide couvrant un large éventail de défis, y compris ceux liés au déficit en matière de gouvernance.  Mais, a reconnu l’observateur, l’expérience de ces dernières années a amplement montré qu’un des plus grands obstacles de l’Union africaine et de ses mécanismes régionaux est la question des ressources souples, durables et prévisibles pour ses efforts de paix.  Il est « crucial », a-t-il insisté, qu’une solution adéquate soit trouvée de toute urgence, en gardant à l’esprit que le Conseil de sécurité a la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  De toute évidence, l’Union africaine s’efforce d’obtenir de ses membres qu’ils augmentent leurs contributions pour que l’appui extérieur, y compris celui de l’ONU et des autres partenaires, soit véritablement complémentaire.  Dans ce contexte, l’Union africaine salue le rapport du Groupe indépendant de haut niveau et attend avec intérêt son examen approfondi à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité.

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (Iran) a mis l’accent sur l’importance des arrangements et organismes régionaux et sous-régionaux pour la promotion de la paix et de la sécurité internationales mais aussi pour le développement économique et social.  Il a réaffirmé l’importance de la synergie entre les initiatives régionales et sous-régionales pour assurer la complémentarité et la valeur ajoutée de chaque processus dans l’intérêt de la stabilité politique, de la croissance économique et du développement culturel.  Il a appelé à des efforts constants pour renforcer les capacités de maintien de la paix africaines.  Il a salué la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel ainsi que les efforts internationaux visant à mobiliser les ressources et une assistance pour les pays de la région.  Il a invité la communauté internationale à renouveler son engagement vis-à-vis du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).

S’agissant des efforts internationaux, régionaux et nationaux visant à promouvoir le désarmement nucléaire, il a salué la Déclaration spéciale sur le désarmement nucléaire adoptée le 29 janvier 2014 par le Sommet de la Communauté économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC).  Il a aussi salué l’entrée en vigueur du Traité constitutif de l’UNASUR, avant de qualifier cette organisation « d’exemple d’intégration régionale ».  Il a souligné l’importance du Forum pour la coopération entre l’Asie de l’Est et l’Amérique latine (FEALAC) ainsi que les efforts en cours pour renforcer encore la Communauté des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il a aussi salué la tenue des deuxième et troisième Sommets des chefs d’État et de gouvernement d’Afrique et d’Amérique du Sud au Venezuela en 2009 et en Guinée-Équatoriale en 2013.        

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a appelé les Nations Unies et le Conseil de sécurité à utiliser leurs avantages comparatifs afin d’assurer la cohérence de la réponse de la communauté internationale dans le but d’éviter des duplications.  Il a indiqué que, bien que le partenariat entre l’ONU et certaines organisations, telles que l’UE, soit déjà bien établi dans le cadre des opérations de maintien de la paix, il serait possible de l’intensifier.  Il a ainsi relevé que sur le plan opérationnel, il serait bénéfique d’amplifier la coopération en matière de soutien et de logistique, de renforcement de l’échange d’informations et d’analyses, de coopération dans le cadre de l’état de droit et de la défense et dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité.  Il a affirmé que cette réalité concernait également la coopération entre l’UE et d’autres organisations régionales, telles que l’UA.

Le représentant a en outre rappelé que la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, dans le cadre de la sécurité, est sous-tendue par trois piliers que sont le maintien de la paix, la responsabilisation et la consolidation de la paix.  Pour améliorer cette coopération à travers ces piliers, il a estimé que la cohérence devait être primordiale, avec la définition de mandats clairs et précis au plus haut niveau politique.  Il a aussi proposé l’établissement d’une culture commune sur le terrain, notamment à travers la formation et le conseil.  Il a également affirmé que la protection des civils et le respect de la justice étaient importants, indiquant que la véritable protection des civils exigeait l’établissement d’une culture de la responsabilisation.

M. Lambertini a également préconisé une approche globale à travers un soutien coordonné en faveur de la justice et du secteur de la sécurité, précisant que l’état de droit et la réforme du secteur de la sécurité avaient été au cœur même des activités des missions des Nations Unies et de l’UE au cours de la décennie passée.  Néanmoins, a-t-il fait observer, les interprétations de ce que signifiait véritablement la notion d’état de droit et la réforme du secteur de la sécurité, ainsi que la mise en pratique de ces concepts sur le terrain semblaient diverger.  Il a par ailleurs souhaité que des moyens financiers et le capital politique nécessaires soient investis dans la prévention des conflits, affirmant que les moyens de prévention – la négociation, le dialogue et la médiation, constituaient des outils essentiels pour faire face aux défis contemporains mondiaux en matière de sécurité.  Le représentant a par ailleurs souligné que la question des migrations, un phénomène transnational par définition, ne pouvait être traitée de manière sérieuse sans une coopération étroite entre son pays et des organisations internationales et régionales, telles que la Ligue des États arabes et l’Union africaine, indiquant que son pays était aujourd’hui au premier plan des efforts de sauvetage des vies des centaines de migrants en Méditerranée.  Il a expliqué que les interventions humanitaires pour sauver des vies devaient s’accompagner d’une approche globale capable de faire face aux causes profondes des migrations.

Rappelant que 80% des Casques bleus de l’ONU sont déployés en Afrique, M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a souligné l’importance de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine et les organisations sous-régionales, dont, notamment, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Mettant l’accent sur le rôle de l’Asie centrale, il a rappelé que son pays a initié en 1992 une Conférence sur l’interaction et le renforcement des mesures de confiance en Asie (CICA).  « Aujourd’hui la CICA s’étend de Séoul au Caire », s’est–il félicité, en précisant que cet organisme de coopération réunissait 26 pays de différents continents.  Il a aussi indiqué que le Kazakhstan était non seulement un membre fondateur du Centre régional d’information et de coordination pour l’Asie centrale (CARICC), mais également membre, observateur ou partenaire de 15 organismes de coopération qui ont un statut d’observateurs auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Il a souligné le rôle décisif que joue son pays pour la promotion des droits de l’homme dans le cadre des présidences qu’il a assumées à l’OSCE, à l’OIC et d’autres organisations régionales. 

Mme MARGARETA KASSAGANA-JAKUBOWSKA (Pologne) a estimé que les organisations régionales étaient souvent mieux placées et équipées pour comprendre et réagir face aux causes profondes des conflits armés dans leur région, citant l’engagement de l’Union africaine (UA) dans la résolution du conflit au Mali, celui de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour résoudre la crise politique au Burkina Faso, ou encore celui de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans les pourparlers de paix sud-soudanais.  Elle a de ce fait proposé l’avènement d’une coopération plus étroite entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans des domaines tels que les alertes précoces aux conflits, la prévention des conflits, ainsi que le maintien et la consolidation de la paix.

La représentante a en outre relevé que l’Europe avait la plus vaste et longue expérience en matière de mise en place d’institutions collectives de sécurité au niveau régional.  Elle a rappelé à ce propos que cette année marquait le quarantième anniversaire de la signature de l’Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, appelé Acte final d’Helsinki, un document ayant prévalu à la création de l’OSCE.  Elle a par ailleurs souligné que l’OSCE avait fait preuve d’un niveau solide d’efficacité et de pertinence dans la crise ukrainienne et appelé au respect de la sécurité des personnels de l’OSCE sur le terrain, au même titre que celui dû aux personnels des missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Elle a également souligné l’importance de la coordination et de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, et entre ces organisations elles-mêmes.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a affirmé que les organisations régionales pouvaient faire face à de nombreux défis économiques et sociaux ainsi qu’à leur dimension sécuritaire.  Elle a rappelé que chaque organisation régionale était unique et différente de par son histoire, son mandat, sa composition, son évolution et ses capacités.  Elle a particulièrement salué la contribution de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la Ligue arabe et du Conseil de coopération du Golfe, précisant que l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR) devait encore faire ses preuves en raison des différends qui opposent ses membres.  Elle a par ailleurs estimé que l’Organisation de Shanghai pour la coopération avait un énorme potentiel et que l’Organisation de la conférence islamique (OCI), forte de ses 57 États Membres de l’ONU provenant de 4 continents, occupait une position unique.

La représentante a également jugé essentiel que l’ONU promeuve sa coopération avec l’OCI dans les domaines de la médiation et du règlement des différends, le maintien et la consolidation de la paix, l’aide humanitaire, dont l’aide aux réfugiés et aux personnes déplacées, en s’attaquant notamment aux racines des conflits et de l’extrémisme.  Elle a jugé particulièrement opportune la coopération entre les organisations régionales en Asie occidentale.

M. NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam), au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé que face à des menaces de plus en plus complexes à la paix et à la sécurité internationales, des approches globales prévoyant un rôle proéminent pour les organisations régionales sont nécessaires pour trouver des solutions ciblées et durables.  Pour l’ASEAN, les organisations régionales peuvent faire plus pour relever les nouveaux défis en matière de sécurité.  La propre expérience de l’Association l’a montré: la promotion du consensus, l’engagement soutenu, le respect du point de vue des autres et des principes fondamentaux du droit international que sont la souveraineté et l’intégrité territoriale, la non-ingérence dans les affaires intérieures et le règlement pacifique des différends est le meilleur moyen de relever les défis communs. 

L’ASEAN est également convaincue que le rapport du Secrétaire général sur les organisations régionales dans le maintien de la paix peut offrir des recommandations sur la manière d’aller plus loin dans l’engagement de ces organisations.  L’ASEAN appuie les consultations et le dialogue entre organisations régionales et le fait que l’ONU promeuve les pratiques exemplaires en la matière, l’expertise et les ressources pour que l’on puisse exploiter la capacité collective de relever des défis de plus en plus complexes.  Les organisations régionales ne se ressemblent pas.  Chacune d’elle a ses propres caractéristiques, objectifs et fonctions.  Le partenariat entre l’ONU et une organisation régionale doit s’appuyer sur une bonne compréhension de la nature de l’une et de l’autre, de leur force et de leurs limites, a insisté le représentant.

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a rappelé que son pays, à l’occasion de la présidence mensuelle du Conseil de sécurité qu’il a assumée en novembre 2007, avait lancé un débat similaire en mettant l’accent sur les capacités des organisations régionales.  Il a précisé que la réunion du Conseil de sécurité s’était à l’époque conclue par l’adoption d’une déclaration présidentielle appelant au développement d’un partenariat efficace entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales en matière de réaction rapide aux conflits et aux crises émergentes.  Il a estimé que le caractère de plus en plus complexe et multidimensionnel des crises exigeait une participation plus active des organisations régionales et sous-régionales.

Le représentant de l’Indonésie a réitéré l’importance de consultations permettant d’optimiser les avantages comparatifs entre l’ONU et les acteurs régionaux, mettant l’accent sur la valeur ajoutée de l’ASEAN en termes de stabilité de l’Asie du Sud-Est, qui a permis la promotion du commerce mondial.  Par ailleurs, il a précisé que son pays favorisait les consultations transrégionales entre des organisations comme l’Association de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), la Réunion Asie-Europe, et le Forum pour la coopération entre l’Asie de l’Est et l’Amérique latine.

M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a déclaré que malgré des ressources non prévisibles pour les opérations de maintien de la paix, les organisations régionales avaient les moyens de réagir rapidement aux conflits.  Cette situation a notamment permis à son avis d’assurer la continuité avec les missions de l’ONU plus durables.  Il a souligné l’importance des initiatives régionales de paix fondées sur la souveraineté et l’indépendance, du dialogue et des bons offices.  Le représentant a néanmoins réclamé le partage du fardeau des coûts des opérations de maintien de la paix en l’absence de financement prévisible.  Ce manque de financement devrait aussi encourager les parties à accroître leurs complémentarités et à éviter les chevauchements, a-t-il jugé.  Il a déclaré en conclusion qu’en l’absence de financement prévisible, il fallait adopter une stratégie nuancée comme le font les organisations régionales, plutôt que des approches rigides et inefficaces comme le font les organisations mondiales.

M. ÁLVARO CERIANI (Uruguay) a estimé que l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) constituait le cadre adéquat pour relever les défis sécuritaires dans la région.  Il a proposé que les organisations régionales s’efforcent d’intégrer la prévention des conflits et la protection de la paix dans leurs démarches, à l’instar de l’UNASUR qui ne se présente pourtant pas comme un modèle pour les autres.  En outre, les organisations régionales doivent recourir aux bons offices, au dialogue, et être créatives pour créer des conditions propices à la paix, a-t-il affirmé, soulignant que les organisations régionales devaient garantir la bonne gouvernance démocratique, le respect des droits de l’homme et l’intégrité des États en vue de préserver la paix et la sécurité en leur sein.  

M. OH JOON (République de Corée) a rappelé que son pays a été l’un des coauteurs de la résolution 2167 du Conseil de sécurité et s’est dit convaincu que ce texte doit guider les futures relations entre ledit Conseil et les divers organes des organisations régionales.  En tant que membre du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, la République de Corée ne peut que rechercher les moyens de parvenir à des consultations plus étroites avec les organisations régionales et sous-régionales pour avoir des stratégies plus solides et plus intégrées en matière de consolidation de la paix et de reconstruction.  Issue d’une région où le rôle de l’organisation régionale n’est pas aussi proéminent qu’en Afrique ou en Europe, la République de Corée n’en est pas moins activement engagée dans les processus de l’ASEAN. 

Cela fait longtemps que le pays défend l’idée d’une Initiative de coopération et de paix en Asie du Nord-Est.  Le but est de dégager un consensus sur des questions peu compliquées mais essentielles comme les changements climatiques, l’environnement, les secours après les catastrophes et la sécurité nucléaire, et de développer progressivement une tradition de coopération parmi les acteurs régionaux pour trouver des solutions à des questions plus difficiles.  Le représentant a aussi parlé de l’Initiative Eurasie et du projet « Eurasiean Express » que son pays vient de conclure.  Il s’agit d’un voyage transcontinental de 14 000 kilomètres qui a rassemblé des membres des gouvernements, de la société civile et des ONG. 

Mme PAULINA MARÍA FRANCESCHI NAVARRO (Panama) a fait le lien entre développement inclusif et stabilité, soulignant le caractère de plus en plus interconnecté des économies.  Elle a par ailleurs indiqué que l’objectif 16 des 17 objectifs de développement durable qui doivent être adoptés en septembre prochain vise à réduire de manière substantielle le flux de biens illicites, notamment des armes.  Elle a souligné la nécessité de tabler sur la prévention des conflits, réaffirmant le rôle clef et la valeur ajoutée des organisations régionales et sous-régionales dans ce domaine.  Elle a estimé que les inégalités sociales, et non les armes, demeuraient la principale source d’instabilité en Amérique latine en expliquant que la pauvreté et les inégalités qui en découlent favorisaient la propagation de réseaux criminels transfrontaliers.  Elle a salué l’évolution des cadres régionaux de coopération en Amérique du Sud en citant la création en 2011 de la CELAC, mécanisme de concertation politique et d’intégration, et de l’UNASUR qui rassemble 12 États d’Amérique du Sud.  « Nous ne devons pas établir un modèle unique de coopération entre l’ONU et les organisations régionales », a-t-elle dit, en appelant à tenir compte de la spécificité et de la valeur ajoutée de chaque organisation.   

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a indiqué que même si le rôle principal en matière de maintien de la paix échoit à l’ONU, une coopération étroite reposant sur une communication et une coordination efficaces entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales peut être un atout majeur dans l’action que la communauté internationale mène pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a noté que sur le continent africain, confronté à de lourds défis sécuritaires, humanitaires et socioéconomiques, les organisations sous-régionales sont mieux placées en termes de proximité géographique, de connaissance politique et culturelle des situations locales et d’expériences communes, pour agir efficacement en faveur de la paix et de la sécurité.  Il a, dans ce contexte, salué « l’envergure et la diversité qui marquent de plus en plus le rôle agissant que joue la CEDEAO dans sa sous-région », et il a cité aussi d’autres organisations sous-régionales qui sont actives dans leur zone géographique respective, notamment la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).  Il a en revanche regretté que ces organisations sous-régionales africaines, engagées dans le règlement des conflits, se heurtent à d’énormes obstacles tels que l’absence d’appui financier prévisible, durable et souple, l’absence d’équipements, d’expertise et de compétences civiles appropriées.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a cité l’exemple de l’Organisation des États d’Amérique (OEA) qui vise à garantir la paix et la sécurité sur le continent américain, précisant que dans certains cas extrêmes un État pouvait être suspendu de l’OEA.  Il a salué l’importance du Conseil de défense d’Amérique du Sud en tant que réseau de coopération innovant et s’est félicité de la création de la CELAC en 2011 qui a proclamé « l’Amérique latine et les Caraïbes zone de paix ».  Il a réaffirmé la responsabilité première du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, responsabilité qui ne doit, à son avis, être ni remplacée ni déléguée aux organisations régionales.  Il a également estimé que les contraintes financières ne devaient pas entrer en compte au moment de l’établissement de stratégies de coopération entre l’ONU et les organisations régionales et souligné que l’engagement régional n’était pas forcément la panacée, en ajoutant qu’aborder un défi sous un angle uniquement régional pouvait être contreproductif.   

M. HALIT CEVIK (Turquie) a affirmé que la paix et la sécurité ne pouvaient pas être réalisées uniquement par des moyens militaires car certains des défis n’ont pas nécessairement une nature militaire.  Nous devons employer un large éventail de politiques pour affronter les défis actuels, a-t-il indiqué, affirmant que les organisations régionales avaient une contribution essentielle à apporter dans ce domaine.  La Turquie prend activement part aux activités des organisations régionales dans sa région, notamment en Europe, au sein de l’OSCE, de l’OTAN, de l’OCI, de l’Organisation économique de la mer Noire notamment, a-t-il précisé.  « Nous avons aussi renforcé nos relations avec les organisations régionales en Afrique, en Asie et en Amérique latine », a-t-il ajouté.  Il a également réaffirmé l’importance du renforcement de la coopération entre organisations régionales, ainsi qu’entre les organisations régionales et les Nations Unies afin de créer des synergies et obtenir de meilleurs résultats.  Il s’est déclaré satisfait du récent développement de partenariats entre les Nations Unies et l’Union africaine pour trouver des solutions aux différents conflits en Afrique.  La Turquie, par le biais de canaux bilatéraux, régionaux ou internationaux, fera de son mieux pour contribuer à la paix et à la sécurité, dans sa région et au-delà, y compris en Afrique, a conclu le représentant.  

Tout en se disant conscient des défis nouveaux et émergents, M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a tout de même prévenu que les menaces plus « traditionnelles » posées par des acteurs publics expansionnistes et irrédentistes sont toujours là au cœur de l’instabilité régionale et internationale.  La Géorgie est convaincue, compte tenu de la nature universelle des principes fondamentaux sur lesquels s’appuie l’architecture européenne de sécurité, que le principal problème est davantage lié au manque de volonté de certains États de respecter les engagements pris en vertu des arrangements régionaux plutôt qu’aux imperfections du système lui-même.  Le mépris des obligations est un véritable défi à notre sécurité commune, lequel donne naissance aux crises que nous connaissons aujourd’hui, a insisté le représentant. 

Malheureusement, a-t-il poursuivi, la sécurité régionale de l’Europe a été compromise, de manière importante, par le comportement agressif de la Fédération de Russie vis-à-vis de ses voisins, en particulier la Géorgie et l’Ukraine qui subissent une occupation militaire illégale de plusieurs parties de leur territoire.  Cette façon inquiétante d’altérer arbitrairement les frontières internationales par la force est une menace mortelle non seulement pour la vision stratégique d’une Europe entière, libre et en paix mais aussi pour les relations amicales entre tous les peuples de la région.  Les premiers signes de l’érosion du système moderne de sécurité en Europe ont émergé il y a longtemps, avec le manque de volonté de respecter de bonne foi les engagements pris en 1999 lors du Sommet d’Istanbul.  Il faut regretter, a encore dit le représentant, que les États de l’OSCE n’aient pas fait preuve de la détermination et de l’unité nécessaires pour répondre à cette dangereuse tendance dès le début.  Aujourd’hui, il est profondément décevant qu’à cause de l’opposition de la Fédération de Russie, l’on n’ait pas été en mesure de rétablir une mission de l’OSCE en Géorgie.  Or, a estimé le représentant, c’est la mauvaise évaluation de l’érosion de l’architecture de sécurité en Europe et donc la réponse inadéquate aux évènement tragiques en Géorgie qui ont conduit à une autre grave violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale d’un autre État, l’Ukraine.  Le représentant a appelé à une coopération étroite entre l’ONU et l’OSCE et les autres organisations régionales.  Il n’a pas oublié de souligner l’importance du partenariat entre l’ONU et l’Organisation pour la démocratie et le développement économique qui réunit l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la République de Moldova et l’Ukraine (GUAM). 

M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït), qui est intervenu au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a évoqué les défis présentés par les menaces terroristes et l’extrémisme violent.  Il est nécessaire d’élaborer une réponse globale au terrorisme, a-t-il indiqué, tout en reconnaissant qu’il existait des divergences fondamentales au niveau mondial sur cette question.  Le représentant a ajouté que l’OCI contribuait à la délégitimation des discours de haine et participait activement à la lutte contre le cyber-terrorisme.  Il a rappelé à titre d’exemple les différentes réunions et conférences de l’OCI visant à élaborer la stratégie à suivre contre le cyber-terrorisme, affirmant en particulier que la conférence des ministres des affaires étrangères de l’OCI avait élaboré une stratégie efficace contre l’islamophobie et contre le terrorisme violent.  Il a aussi évoqué la création d’un fonds contre le terrorisme.  Le représentant a souligné le fait que l’OCI restait un partenaire des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent et pour une culture de paix au niveau international, et mis l’accent sur l’importance de la prévention des différends, la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous. 

M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a appelé les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, à mener par l’exemple lorsqu’il s’agit des menaces à la paix et à la justice et en conséquence, à agir à l’unisson, en privilégiant les efforts concertés.  Il a lancé un appel aux membres les plus influents du Conseil de sécurité pour qu’ils s’abstiennent du droit de veto face aux cas de génocide et aux atrocités.  Toute tentative de « frustrer » la justice serait une insulte, en particulier aux victimes.  Les menaces posées par les conflits exigent des Nations Unies et des organisations régionales qu’elles travaillent ensemble, de manière complémentaire, au nom de la justice.  Le Botswana est convaincu que l’implication à un stade précoce des organisations régionales peut être utile pour éviter qu’un conflit ne naisse ou échappe à tout contrôle.  Le Botswana, qui opère au sein de la Communauté économique de l’Afrique australe (SADC), reste fidèle aux principes de démocratie, de gouvernance inclusive, d’état de droit et des droits de l’homme.  Il appuie fermement toutes les actions contre les menaces à la paix et à la sécurité internationales ainsi que le renforcement des institutions de responsabilisation aux niveaux national, régional et international.

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a estimé que le soixante-dixième anniversaire de l’ONU est une occasion d’examiner les moyens d’améliorer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales.  Il a rappelé que l’Égypte est à la fois membre de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes et a affirmé que l’expérience démontrait l’avantage comparatif des organisations régionales dans la médiation et le règlement pacifique des conflits.  Il a estimé que les défis contemporains comme le terrorisme, la criminalité transfrontalière et la piraterie étaient des problèmes transfrontaliers qui ne peuvent être traités que par le biais d’une coopération internationale.  Le représentant a indiqué que les objectifs de développement pour l’après-2015 étaient de nature à trouver des réponses adéquates à ces problèmes, saluant les recommandations contenues dans le rapport du Groupe d’experts de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix pour tirer profit des avantages comparatifs des organisations régionales.  Il a jugé déterminant que l’ONU continue d’appuyer -au-delà du programme décennal qui se termine en 2016– les capacités de maintien de la paix des organisations régionales et sous-régionales africaines.  

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a cité l’exemple de la CELAC qui rassemble les 32 pays de l’Amérique latine et des Caraïbes dans une unité respectueuse de la diversité.  « La CELAC est un exemple concret d’intégration régionale », a-t-il souligné, en ajoutant que le rôle des organisations régionales ne diminue en rien le rôle principal de l’ONU et du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale.  « Nous devons aussi veiller à revitaliser l’Assemblée générale », a réaffirmé le représentant de Cuba qui s’est dit convaincu que la paix et la sécurité internationales continueraient d’être menacées tant que la communauté internationale n’aura pas la même perception et interprétation des défis à la paix.  « Tant que nous n’aurons par éliminé les armes nucléaires qui menacent la sécurité de notre espèce, il n’y aura pas de paix », a-t-il lancé, précisant qu’il était indispensable que tous les États sans exception respectent la Charte de l’ONU. 

M. VOLODYMYR MIALKOVSKYI (Ukraine) a déploré l’agression de son pays, il y aura bientôt un an et demi, par la Fédération de Russie, notant par ailleurs l’importante contribution de l’OSCE dans le cadre de la réponse que la communauté internationale a apportée à cette agression.  Il a particulièrement salué le rôle de l’OSCE dans le cadre de sa mission spéciale de suivi, notamment dans le cadre du suivi des Accords de Minsk et relevé qu’au cours des années récentes, la coopération entre les Nations Unies et le Groupe des Guam (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldova) s’était développée, comme l’atteste une résolution adoptée par l’Assemblée générale à cet effet.  Il a affirmé à cet effet que les États membres de ce groupe souffraient tous de situations de conflit non résolues depuis des décennies, appelant la communauté internationale à soutenir les efforts de ces pays, notamment en matière de renforcement de leurs capacités.

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a souligné que pour son pays, le règlement pacifique des conflits sur la base des normes et des principes du droit international, sans exception, est d’une importance particulière, compte tenu des négociations en cours sur le règlement du conflit du Nagorno-Karabkh au sein du Groupe de Minsk de l’OSCE.  Un appui consolidé à ces négociations, y compris par le Conseil de sécurité et le Secrétaire général, est « essentiel » pour éviter les écarts et les pièges nés des interprétations biaisées des causes et des conséquences du conflit.  Le représentant a fait état de l’expérience de son pays en tant que membre de l’OTSC, en disant attendre avec intérêt la participation de l’ONU à l’exercice des Forces de maintien de la paix de l’Organisation –« Coopération 2015 »- qui aura lieu en Arménie, au début de l’automne.  L’agenda international actuel et ses menaces, ses désaccords et ses conflits fait que l’Arménie attache une grande importance aux autres organisations régionales et sous-régionales desquelles elle est membre ou avec lesquelles elle coopère, pour trouver des solutions communes et préserver les canaux du dialogue.  Les petits États sont particulièrement vulnérables et sensibles aux problèmes, surtout quand les désaccords aux niveaux régional et international font naître des lignes de division, s’est expliqué le représentant sans oublier de souligner le rôle important de la société civile pour relever les défis en matière de sécurité.

M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a indiqué qu’en matière de prévention, les organisations régionales et sous-régionales étaient mieux placées pour comprendre les causes profondes des conflits armés.  Ces organisations sont souvent conscientes de ces conflits émergeants très tôt et peuvent servir d’outils comme la médiation pour leur prévention, a-t-il dit.  Il a évoqué à cet égard l’exemple de la mission de l’Organisation des États américains en appuyant l’accord de paix et du processus de paix en Colombie.    

Au moment où les conflits éclatent, a continué le représentant, la communauté internationale doit agir pour contenir et atténuer leurs conséquences et les résoudre.  Les opérations de maintien de la paix sont nécessaires pour protéger les civils et créer les conditions de la paix, et un processus politique est essentiel pour parvenir à la paix, a-t-il dit.  S’agissant du continent africain, le représentant a salué le rôle croissant de l’Union africaine dans le maintien de la paix et de la sécurité.  Il a par ailleurs salué les contributions positives de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’IGAD, de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), et de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) dans le règlement des différends sur le continent et affirmé que leurs efforts avaient besoin d’être renforcés et appuyé par la communauté internationale.

Après le conflit, des efforts coordonnés et opportuns sont nécessaires pour prévenir la rechute, a poursuivi le représentant.  Si des stratégies de sortie restent au stade de la réflexion, a-t-il estimé, les pays courent le grand risque de revenir en arrière dans le conflit.  À son avis, le maintien de la paix doit être un élément essentiel de chaque mission, y compris la planification préliminaire, et avoir une vision complète pour la paix, la justice et le développement durable.  Les Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales ont besoin de faire ce changement ensemble, pour sauver des vies et prévenir les cycles de violence, a conclu le représentant.

M. DENIS RÉGIS (Haïti) a noté que l’histoire récente montre que, du fait des conflits d’intérêts nationaux, l’action du Conseil de sécurité est souvent assujettie à de multiples contraintes d’ordre politique et stratégique, qui, dans certains cas de crise régionale majeure, ont abouti à la quasi-paralysie de l’organisme, alors que les circonstances justifiaient une intervention urgente.  Le représentant a indiqué que dans l’esprit de sa responsabilité fondamentale, et en vertu du principe de subsidiarité qui est implicite dans la Charte, le Conseil de sécurité est appelé à encourager le règlement pacifique des différends locaux par les organisations régionales, « soit sur l’initiative des États intéressés, soit sur renvoi du Conseil de sécurité ».  Il a ajouté que les organisations régionales doivent être de ce fait considérées comme parties prenantes et ont vocation à être associées étroitement à l’action des Nations Unies, à travers un processus de décentralisation, de délégation ou de coopération dont les modalités devraient être clairement définies.  Elles devraient, a-t-il affirmé, être correctement outillées pour soutenir, à l’échelle régionale, la lutte contre le terrorisme et intervenir sur tous les théâtres d’opérations locales où le Conseil de sécurité a mandaté des activités de maintien et de consolidation de la paix.  Le représentant a par ailleurs salué le rôle de l’Organisation des États américains (OEA) aux côtés de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).

« Les organisations régionales ont donné amplement la preuve de leur capacité de contribuer efficacement à l’action du Conseil de sécurité en matière de sécurité collective », a fait valoir M. Régis.  Il a ajouté que les organismes régionaux et sous-régionaux sont particulièrement bien placés pour appréhender les causes des conflits armés, ce qui peut être utile aux fins de leur prévention ou de leur règlement, et cela peut compléter l’action menée par l’ONU dans ce domaine, conformément au Chapitre VIII de la Charte, a-t-il précisé.  Il a estimé que les États souverains étant les premiers répondants face aux menaces contre la paix, une aide internationale plus conséquente devrait être octroyée notamment aux pays les moins nantis, souvent mal équipés, afin de les aider à relever efficacement les défis actuels à la sécurité.

M. DUNCAN MUHUMUZA LAKI (Ouganda) a cité le Président de son pays, M. Museveni, qui a affirmé à plusieurs reprises que l’engagement des forces internationales dans un conflit devait être précédé par l’intervention des acteurs régionaux.  Le représentant a relevé que, bien que l’Union africaine ait fait montre de sa volonté de s’engager dans le maintien de la paix, les restrictions financières de ses membres enrayaient son action.  Il a appelé au renforcement du soutien matériel des organisations régionales, afin que les partenariats régionaux soient plus efficaces, citant en exemple le succès de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), qui a reçu le soutien nécessaire du Conseil de sécurité pour mener à bien sa mission. 

M. THOMAS ADOUMASSE (Bénin) a souligné que la coopération entre l’ONU et l’Union africaine a montré son efficacité et sa pertinence.  Il faudra se baser sur les enseignements tirés de ces collaborations réussies pour améliorer constamment le partenariat stratégique avec les organisations régionales et sous-régionales, en recourant aux formules les plus pragmatiques pour faire face aux défis et en assurant le financement des opérations engagées par les organisations régionales avec l’aval du Conseil de sécurité.  Le succès de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine réside, selon le représentant, dans une plus grande cohérence dans les actions, grâce à des consultations régulières entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité et ce, pour un usage plus flexible du Chapitre VIII de la Charte, en tenant compte des réalités intrinsèques de chacune des crises et des conflits à régler. 

Il est important, a poursuivi le représentant, d’aborder les questions en suspens dans l’aménagement du partenariat stratégique entre l’ONU, l’Union africaine et les communautés économiques régionales et dans ce contexte, le Conseil de sécurité doit assumer pleinement la responsabilité primordiale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a félicité l’Union européenne pour sa coopération avec les organisations régionales et sous-régionales « qui est un exemple à suivre ».  Il a ajouté qu’au-delà des actions militaires, la recherche de la paix doit accorder davantage d’importance au dialogue interreligieux et interculturel qui doit impliquer toutes les composantes de la société pour agir collectivement sur les causes profondes de conflits.  C’est l’objectif majeur du symposium qui s’est tenu à Cotonou du 26 au 28 mai 2015 et qui a adopté le Manifeste pour l’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel. 

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