7381e séance – matin
CS/11777

Conseil de sécurité: faute de remettre la transition sur les rails, le Yémen risque de basculer dans la guerre civile et de se désintégrer, prévient le Conseiller spécial de M. Ban Ki-moon

Quatre ans après le début des manifestations pacifiques pour le changement, la transition au Yémen nage en pleine confusion, a prévenu aujourd’hui au Conseil de sécurité, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Yémen.  M. Jamel Benomar, qui intervenait par vidéoconférence à partir de Sanaa, a parlé d’un pays à la croisée des chemins: soit il bascule dans la guerre civile et se désintègre, soit il trouve un moyen de remettre la transition sur les rails.

Ces propos ont été confirmés par M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU, qui revient d’une visite en Arabie saoudite et dans les Émirats arabes unis, où il a abondamment été question des moyens d’éviter une guerre civile au Yémen.  « Le Yémen est en train de s’effondrer sous nos yeux », a affirmé M. Ban, et « nous ne pouvons rester spectateurs ».

Le Secrétaire général a argué que la priorité doit être d’aider le peuple yéménite à rétablir aussitôt que possible une autorité gouvernementale légitime.  Il a appelé le Conseil de sécurité à continuer d’apporter son « appui unifié » à son Conseiller spécial. 

M. Jamel Benomar a justement souligné qu’il continue à exercer les bons offices du Secrétaire général, en convoquant des négociations quotidiennes avec 12 partis politiques, dont Ansarallah, pour trouver une solution consensuelle à l’impasse politique actuelle.  Nous marchons sur un champ de mines, a-t-il avoué, tout en reconnaissant de « bons progrès », même si, après l’ajournement des négociations le 5 février dans l’idée d’obtenir des partis un accord le 7 février, Ansarallah a prononcé unilatéralement le 6 février, la dissolution du Parlement et la formation d’un conseil présidentiel de cinq membres, dans l’attente duquel, un comité suprême de la révolution dirigerait le pays.

Le Conseiller spécial s’est félicité de ce que malgré ce « contrecoup sévère », tous les partis politiques aient accepté de reprendre des négociations « délicates » sur les arrangements pour la gouvernance de la transition, s’agissant de l’exécutif et du législatif.  Les partis examinent des mesures de partage du pouvoir dans un nouveau gouvernement d’unité nationale ainsi que des mécanismes pour que les institutions publiques de sécurité puissent reprendre leurs responsabilités.  Ils discutent également des moyens d’éviter les hostilités dans la riche province pétrolière du Mareb.

Le représentant du Yémen a dit apprécier le rôle constructif du Secrétaire général et de son Conseiller spécial et a souhaité que le Conseil de sécurité prenne des mesures urgentes pour avancer dans la recherche du consensus et dans la transition.  Le Conseil devrait déclarer « illégale » l’initiative d’Ansarallah et obtenir de lui qu’il cesse de recourir à la force, rétablisse la sécurité dans la capitale et rende les armes volées, a tranché le représentant du Qatar, au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour lequel Ansarallah a fait « un coup d’État armé contre un gouvernement et un parlement élus ». 

Le Secrétaire général a d’ailleurs exhorté les membres du Conseil de sécurité à travailler étroitement avec le CCG et d’autres partenaires internationaux pour trouver des mesures d’établissement de la confiance avec les parties yéménites, désamorcer les tensions et ouvrir la voie à une solution pacifique grâce à des négociations politiques.

Avec l’instabilité actuelle, son Conseiller spécial a en effet dit craindre le retour d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) qui a déjà pris le contrôle du camp de la 19e Brigade d’infanterie à Bayhan, Shabwa, et de son arsenal de munitions et d’armes lourdes.  L’incertitude politique fait aussi craindre l’effondrement du riyal, la monnaie locale, avec les conséquences que l’on sait sur la paix sociale.

Déjà, près de 61% de la population, soit 16 millions de personnes, ont besoin d’une assistance humanitaire.  Le plan d’aide humanitaire pour 2015, qui est en train d’être finalisé, visera la somme de 748 millions de dollars pour 8,2 millions de personnes.  Le représentant du Yémen a demandé à la communauté internationale de contribuer à ce plan et a assuré que son pays assurera la protection du personnel humanitaire.

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