7368e séance – après-midi
CS/11753

Conseil de sécurité: le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques regrette que les appels à la retenue et à la protection des civils en Ukraine restent « lettre morte »

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, a, cet après-midi, présenté au Conseil de sécurité un exposé sur les événements survenus ces derniers jours dans l’est de l’Ukraine, en particulier les attaques qui ont pris pour cibles des civils à Donetsk, Horlivka et Marioupol, faisant au total, en cinq jours, près de 50 morts et 150 blessés.

M. Feltman a rappelé que le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, n’avait eu de cesse, tout au long du conflit en Ukraine, et en particulier au cours des dernières semaines, d’appeler à la désescalade de la violence, à la retenue et à la protection des civils.  Il a indiqué qu’il regrettait profondément que ces appels soient « tombés dans l’oreille d’un sourd ».

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a déclaré que les tirs de roquettes contre des immeubles d’habitation à Marioupol, qui ont causé des dizaines de morts parmi les civils, constituent une violation du droit international humanitaire.  « Un message sans équivoque doit être envoyé: les auteurs de ces actes doivent en être tenus pour responsables et doivent être traduits devant la justice », a-t-il déclaré.

M. Feltman a également indiqué que le leader de la République populaire autoproclamée de Donetsk avait annoncé, le 23 janvier, que lui et les siens boycotteraient les prochaines consultations avec le Groupe de contact trilatéral et qu’il mettrait unilatéralement fin au cessez-le-feu, menaçant de s’emparer de nouveaux territoires en Ukraine. 

M. Feltman a exhorté les autorités de la Fédération de Russie à user de leur influence pour amener les rebelles à mettre immédiatement fin aux hostilités.  Les efforts visant à trouver une solution politique doivent être redoublés, a demandé le Secrétaire général adjoint, appelant toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités et plaidant pour un « nouvel engagement politique total aux niveaux les plus élevés » en faveur d’une solution pacifique et durable au conflit.

Lors de la discussion qui a suivi la présentation de M. Feltman, à laquelle ont pris part les membres du Conseil de sécurité, auxquels s’était jointe l’Ukraine, plusieurs délégations ont regretté le fait que le Conseil n’ait pu, ce week-end, s’entendre sur le contenu d’un texte de déclaration à la presse qui aurait condamné les tirs de roquettes effectués contre la ville de Marioupol. 

Le représentant de la Fédération de Russie a demandé qu’une enquête impartiale soit menée sur toutes les tragédies qui se sont produites au mois de janvier.  Les dirigeants rebelles ont fait plusieurs déclarations qui ont été citées, par certaines délégations, en les sortant de leur contexte, a-t-il regretté.  Il a jugé préoccupant le fait que ses « collègues occidentaux accusent les rebelles de tous les crimes possibles et inimaginables et couvrent les crimes de l’Ukraine ».  

Son homologue ukrainien a, pour sa part, regretté que l’un des membres permanents du Conseil de sécurité, qui a reçu de la Charte la responsabilité essentielle de faire respecter le droit international, n’ait « pas assumé cette responsabilité en bloquant l’adoption par le Conseil d’une déclaration visant à condamner l’attaque lancée contre Marioupol ».

Il a demandé que la Fédération de Russie « mette en œuvre pleinement les accords de Minsk » et qu’elle « retire immédiatement toutes ses forces armées du territoire de l’Ukraine ».  

Auparavant, la déléguée de la Lituanie avait, elle aussi, demandé à la Russie de mettre un terme à cette « guerre insensée », en retirant ses troupes de l’est de l’Ukraine, en libérant les personnes détenues, en cessant de manipuler l’aide humanitaire et en respectant la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Sur cette lancée, elle avait aussi exigé « un accès sans exception à tout le territoire de l’Ukraine, y compris la Crimée, pour les observateurs de la communauté internationale ».

La seule solution au problème qui se pose en Ukraine est politique et non pas militaire, a souligné la représentante des États-Unis, apportant l’appui de son pays au Groupe de contact trilatéral et aux négociations à format Normandie.  « Si la Fédération de Russie veut la paix en Ukraine, pourquoi ne retire-t-elle pas ses forces? » a-t-elle en particulier demandé.

Pour la France, la Russie porte une part de responsabilité importante dans les violences qui ont cours dans l’est de l’Ukraine du fait du soutien implicite qu’elle apporte aux séparatistes ukrainiens et à leurs actions.  Le représentant de la France a donc appelé la Fédération de Russie « à cesser de conforter les séparatistes dans leur fuite en avant déstabilisatrice, en mettant fin au transfert d’armes et d’hommes par la frontière russo-ukrainienne ».  Il a dans le même temps invité l’Ukraine à lancer la réforme institutionnelle à laquelle le Gouvernement s’est engagé.  

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, n’avait eu de cesse, tout au long du conflit en Ukraine, et en particulier au cours des dernières semaines, d’appeler à la désescalade, à la retenue et à la protection des civils.  Il a regretté profondément que ces appels soient « tombés dans l’oreille d’un sourd ».

En cinq jours, depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité, qui a eu lieu le 21 janvier, près de 50 civils ont été tués et 150 autres ont été sérieusement blessés, a ajouté M. Feltman, relatant les tirs de roquettes qui ont eu lieu contre un trolley à Donetsk, le 22 janvier, et contre des habitations à Marioupol, le 24 janvier.

Marioupol, a-t-il dit, est située à l’extérieur de la zone immédiate de conflit.  On peut donc en conclure que l’entité qui a procédé aux tirs de roquettes savait qu’elle visait une population civile.  Si cela était le cas, cela constituerait une violation du droit international humanitaire, a-t-il déclaré.  Un message sans équivoque doit être envoyé, a dit M. Feltman: les auteurs doivent être tenus pour responsables et présentés devant la justice.

Le Secrétaire général adjoint a également indiqué que le leader de la République populaire autoproclamée de Donetsk avait annoncé le 23 janvier le boycott des prochaines consultations prévues avec le Groupe de contact trilatéral, ainsi qu’un retrait unilatéral du cessez-le-feu, et il a menacé de saisir d’autres territoires. 

M. Feltman a exhorté les autorités de la Fédération de Russie à user de leur influence pour appeler les rebelles à mettre immédiatement fin aux hostilités.  Ceci constituerait un pas essentiel vers la fin du bain de sang, a-t-il dit.  Il a également appelé à lever tous les obstacles posés à l’aide humanitaire.

Les efforts visant à trouver une solution politique doivent être redoublés, a-t-il poursuivi.  Ainsi qu’il l’a été défini à Minsk, toutes les parties doivent cesser immédiatement les hostilités, a dit M. Feltman en demandant en particulier aux rebelles de renouveler l’engagement qu’ils avaient pris en faveur du cessez-le-feu et de renoncer à leur offensive. 

Il a plaidé pour un nouvel engagement politique total à tous les niveaux, donc les plus élevés, en faveur d’une solution pacifique et durable à ce conflit et a réitéré l’encouragement de l’ONU à la tenue d’une réunion au « format Genève » le plus tôt possible.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a averti que le conflit le plus sanglant en Europe se déroulait actuellement, se montrant alarmée par le « week-end mortel qui vient d’avoir lieu ».  Elle a regretté que le Conseil n’ait pas condamné cette attaque parce que, a-t-elle estimé, « la Russie protège ses militants au lieu de condamner les auteurs de ces actes ».  Rappelant le nombre de morts depuis le début du conflit et « le coût de l’agression de l’Ukraine par la Russie », elle a indiqué que sa délégation dénombrait « pas moins de 75 à 115 attaques menées contre l’Ukraine chaque jour rien qu’au cours de la semaine dernière ».  Elle a aussi rappelé la prise de l’aéroport de Donetsk la semaine dernière par « les militants parrainés par le Kremlin ».  Elle a dénoncé « le fait que la Russie équipe des combattants qui vont se battre sur le territoire d’un pays voisin, ainsi que la propagande de haine continue qu’elle mène en vue de diaboliser son voisin ». 

La veille de l’attaque qui a eu lieu ce week-end, l’ambassadeur de la Russie auprès de l’OSCE a parlé de « la libération de Marioupol lors d’une interview télévisée », a indiqué la représentante.  Elle s’est demandée comment les séparatistes pouvaient disposer de tant de moyens et « pourquoi des centaines de mères russes recevaient les cercueils de leurs fils ».  Elle a déclaré que tous ces éléments permettent de dire « que la Russie était engagée dans la guerre contre l’Ukraine ».  Si la vie dans l’est de l’Ukraine n’était peut-être pas parfaite avant la guerre, beaucoup d’habitants locaux avaient pourtant une vie satisfaisante et un emploi, a-t-elle estimé.  Aujourd’hui, a-t-elle dit, ils n’ont plus rien « du fait des conséquences de la guerre imposée par la Russie ».  Elle a donc demandé à la Russie de mettre un terme à cette « guerre insensée », en retirant ses troupes de l’est de l’Ukraine, en libérant les personnes détenues, en cessant de manipuler l’aide humanitaire et en respectant la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Elle a aussi demandé « un accès sans exception à tout le territoire de l’Ukraine, y compris la Crimée, pour les observateurs de la communauté internationale ».

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est dit très préoccupé par l’escalade de la situation en Ukraine.  Il a condamné fermement toute action menée contre les populations civiles.  Cette dernière semaine a été terrible pour Gorlovka (Horlivka), a-t-il notamment souligné, faisant état d’une centaine de civils tués dans la ville.  Les deux villes de Marioupol et de Horlivka sont contrôlées par l’Ukraine, a-t-il précisé.  Ces tragédies, survenues ces derniers temps, « sont utilisées par Kiev pour jeter de l’huile sur le feu », a-t-il accusé.

Le représentant de la Fédération de Russie a appelé à la conduite d’une enquête impartiale sur toutes les tragédies qui se sont produites au mois de janvier 2015.  Les dirigeants rebelles ont fait plusieurs déclarations qui ont été citées hors contexte, a-t-il d’autre part notamment regretté.

M. Churkin a jugé préoccupant le fait que ses « collègues occidentaux  accusent les rebelles de tous les crimes possibles et inimaginables et couvrent les crimes de l’Ukraine ».  Depuis le mois de septembre, l’Ukraine renforce sa présence militaire dans le sud-est, a-t-il dit, ajoutant que Kiev se préparait à la guerre et ne le cachait nullement.

Le Mémorandum de Minsk n’a pas été respecté, a-t-il dit, en mentionnant notamment la partie concernant le retrait des armements lourds.  « Nous allons pousser les parties au dialogue direct comme nous l’avons déjà fait », a-t-il ajouté M. Churkin.  En retour, il a demandé à ses « collègues occidentaux » de ne pas encourager les « faucons ukrainiens ».  Il a plaidé en faveur d’un dialogue politique direct sans exclusion, indispensable, a-t-il dit, pour parvenir à une réconciliation nationale, en particulier dans le sud-est.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a remarqué que les attaques de ce week-end avaient fait le plus grand nombre de morts parmi les civils depuis les accords de Minsk en septembre dernier, alors que le Conseil de sécurité avait plaidé trois jours plus tôt en faveur d’une désescalade de la violence.  Il a jugé cette attaque comme étant un acte de provocation et a demandé de tenir ses auteurs responsables de cet acte.  Il a regretté que le Conseil n’ait pas pu se mettre d’accord sur un communiqué à la presse qui aurait condamné les attaques contre Marioupol.  « Ces attaques n’auraient pas été possibles sans le soutien de la Russie qui fournit des armes aux séparatistes », a affirmé le représentant.  Il a dit que ces attaques violent l’intégrité et la souveraineté de l’Ukraine, et qu’elles donnent aussi confiance aux séparatistes pour qu’ils poursuivent le conflit.  Il a fait remarquer que les séparatistes « avaient pris le contrôle de 500 km2 de plus du territoire ukrainien depuis les accords de Minsk ».

« La Russie arme les séparatistes, les finance, les conseille et combat de manière sournoise à leurs côtés », a accusé M. Lyall Grant.  Il a aussi remarqué que « les dirigeants autoproclamés de la République de Donetsk » avaient annoncé, le 24 janvier, qu’une offensive serait menée le jour même à Marioupol.  Le représentant britannique a rappelé que l’énorme majorité des membres du Conseil de sécurité avaient, à chaque réunion tenue sur la question de l’Ukraine, rappelé leur attachement au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ce pays.  « On ne souhaite pas un monde où les frontières sont redessinées par la force », a-t-il dit.  Il a appelé le Conseil de sécurité à dire clairement sa position, au vu de la direction dangereuse que prend le conflit.  La Russie « doit retirer ses équipements et ses troupes, cesser d’appuyer les séparatistes, empêcher une nouvelle escalade dangereuse de la situation et appliquer pleinement le protocole de Minsk », a-t-il déclaré.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a rappelé les déclarations faites par le leader de la République populaire autoproclamée de Donetsk, et a reproché à la délégation de la Fédération de Russie d’avoir affirmé que celles-ci avaient été citées hors contexte. 

La semaine dernière, la Fédération de Russie a assuré qu’elle respectait pleinement l’Accord de Minsk, alors que le leader de la République populaire autoproclamée de Donetsk a affirmé samedi qu’il ne respecterait pas cet accord et le violerait, a-t-elle souligné.  La Fédération de Russie continue d’estimer que la communauté internationale ne comprend rien à la situation, a-t-elle déploré.

Depuis le mois de décembre, la Fédération de Russie a transféré de nombreux équipements lourds et des armes sophistiquées vers l’est de l’Ukraine et a déployé des systèmes antiaériens, ce qui est d’un niveau sans précédent depuis 2014, a accusé Mme Power. 

La seule solution au problème qui se pose en Ukraine est politique et non militaire, a-t-elle dit, indiquant que les États-Unis apportaient leur appui au Groupe de contact trilatéral et aux négociations à format Normandie.  « Si la Fédération de Russie veut la paix en Ukraine, pourquoi ne retire-t-elle pas ses forces ?» a-t-elle en particulier demandé.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déploré l’attaque à la roquette menée par les groupes séparatistes qui a fait 30 morts parmi les civils à Marioupol samedi et dimanche, quelques jours seulement après la mort de 13 civils à Volnovakha, survenue après l’attaque d’un bus.  « Tous les éléments qui remontent du terrain, notamment en provenance d’observateurs de l’OSCE, nous le confirment », a dit M. Delattre en condamnant ces nouvelles violations du cessez-le-feu et du droit international humanitaire.  Il a aussi souligné que cette offensive violait les engagements pris par les parties en septembre dernier à Minsk.  « Il faut appeler un chat un chat », a prévenu M. Delattre en expliquant que par le soutien implicite apporté aux séparatistes ukrainiens et à leurs actions, la Russie portait une part de responsabilité importante dans ces violences.  Il a appelé la Russie à cesser de conforter les séparatistes dans leur fuite en avant déstabilisatrice, en mettant fin au transfert d’armes et d’hommes par la frontière russo-ukrainienne.  Il l’a aussi engagée à faire usage de toute son influence sur les séparatistes à l’est du pays pour que soit pleinement respecté le cessez-le-feu.  La France estime que les déclarations faites aujourd’hui par M. Lavrov, le Ministre des affaires étrangères russe, sur la facilitation des contacts entre les parties belligérantes constituent « un signal encourageant mais insuffisant ».

De l’autre côté, M. Delattre a appelé l’Ukraine à lancer la réforme institutionnelle à laquelle elle s’est engagée.  La déclaration du Président Porochenko sur les perspectives d’un dialogue national et de cette réforme est, a-t-il estimé, un pas supplémentaire vers une mise en œuvre globale des accords de Minsk, « seule à même de parvenir à une solution négociée de cette crise ».  Le représentant de la France a demandé aux parties de démonter leur bonne foi en prenant des mesures concrètes et vérifiables.  Il leur a également demandé de s’abstenir de s’en prendre aux populations civiles, de respecter le droit international humanitaire et de garantir l’accès des intervenants humanitaires.

M. Delattre a insisté pour rappeler aux parties qu’il ne pouvait y avoir de solution militaire à ce conflit.  Il a assuré que la France restait mobilisée en vue de parvenir à ce règlement pacifique dont les étapes sont les suivantes: respect du cessez-le-feu, retrait des armes lourdes de chaque côté de la ligne de contact, reprise des échanges de prisonniers, règlement des questions humanitaires et, à terme, mise en œuvre par les parties de l’ensemble des mesures prévues par les accords de Minsk.  La France continuera ses efforts en contact étroit avec ses partenaires allemands et les autorités russes et ukrainiennes, a-t-il ajouté.  Pour la France, l’urgence est d’arrêter ce conflit qui a déjà fait plus de 5 000 morts et qui a un coût considérable pour le système international dans son ensemble.

M. ROMAN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a indiqué que l’Espagne soutenait sans aucune réserve l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il a regretté le fait qu’il n’ait pas été possible pour le Conseil de sécurité de publier une déclaration à la presse sur les récents incidents en Ukraine.  Il a déploré l’annonce faite par le leader de la République populaire autoproclamée de Donetsk, qui pour l’Espagne, constitue une violation claire de l’Accord de Minsk. 

Le Conseil de sécurité doit se faire entendre pleinement, a déclaré le délégué espagnol, appelant au respect plein et entier du Protocole et du Mémorandum de Minsk et de l’accord de cessez-le-feu.

M. MAHMOUD DAIFALLAH MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a exprimé sa grande préoccupation face à la violence qui sévit dans l’est de l’Ukraine, ainsi qu’en raison du fait que des civils soient pris pour cible.  Il a demandé une enquête transparente sur les incidents qui ont eu lieu à Donetsk et à Marioupol, avant d’exiger également la poursuite en justice des auteurs de ces actes.  Une solution pacifique et politique ne sera pas possible si on a recours à des moyens militaires, a-t-il fait remarquer.  Ceux qui ont une influence sur les séparatistes doivent encourager ceux-ci à respecter le cessez-le-feu.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, éviter tout discours incendiaire et irresponsable.  Au Conseil de sécurité, nous devons redoubler d’efforts pour empêcher de perdre les acquis qui ont pu être obtenus sur cette question, a-t-il demandé.  Enfin, il a rappelé la nécessité de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi que l’esprit et la lettre des accords de Minsk.

M. LIU JIEYI (Chine) a déclaré que la Chine condamnait les attaques visant les civils et appelait à la conduite d’une enquête objective en vue de tenir les auteurs des attaques survenues en Ukraine responsables de leurs actes et à les traduire devant la justice.  La situation dans l’est du pays n’a pas évolué pour le mieux, bien au contraire, a-t-il dit, exprimant la préoccupation que ressent son pays à cet égard. 

Toutes les parties doivent faire preuve de modération et éviter une escalade du conflit et elles doivent appliquer de façon concrète les accords de Minsk conclus en septembre dernier, a-t-il déclaré.

M. Liu a appelé à un règlement politique de la situation dans l’est de l’Ukraine en prenant en compte la réalité historique et les intérêts et revendications légitimes de toutes les populations de la région de l’est du pays pour parvenir à une solution juste et durable au conflit.

M. TCHOULI GOMBO (Tchad) a exprimé la grande préoccupation de sa délégation face à la dégradation de la situation en Ukraine.  Il a craint une recrudescence des combats dont les premières victimes seront les civils.  La communauté internationale ne peut rester indifférente, et les responsabilités doivent être établies en ce qui concerne les récents incidents, a-t-il demandé.  Il a lancé un appel au calme et à la retenue, plaidant en faveur d’un dialogue qui mène à la réconciliation nationale.  M. Tchouli Gombo a souhaité qu’une enquête indépendante soit menée sur les incidents survenus le week-end dernier.  Il a appelé le Secrétaire général à faire usage de ses bons offices pour relancer le processus de paix en Ukraine.  Enfin, il a exhorté les pays qui ont une influence sur les parties à faire le nécessaire pour rechercher une solution durable à la crise, dans le respect des accords de Minsk et des principes d’intégrité et de souveraineté territoriale.

M. KAYODE LARO (Nigéria) a affirmé que des civils continuent de souffrir dans l’est de l’Ukraine.  Le Nigéria condamne les attaques aveugles contre des zones habitées, et appelle les deux parties à procéder à une désescalade de la violence et à respecter les accords de Minsk.  Les parties doivent trouver une solution politique grâce au dialogue, a-t-il déclaré. 

M. RAFAEL DARIO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) s’est inquiété de l’escalade du conflit armé dans l’est de l’Ukraine, qui a fait de nombreux morts parmi les civils.  Il a plaidé en faveur d’une solution négociée et pacifique à cette crise.  Il faut, a-t-il demandé, que tout incident fasse l’objet d’une enquête indépendante sur le terrain et que les auteurs des actes de violence soient poursuivis en justice.  Le représentant a souhaité que les parties continuent à rechercher une solution politique et diplomatique à la crise ukrainienne, en soulignant le rôle important de médiation que jouent les organismes internationaux.  Il s’est notamment félicité des efforts menés par la France et l’Allemagne, aux côtés de ceux de la Russie et de l’Ukraine.  Le représentant a estimé que les accords de Minsk restent la base qui permettra d’établir une paix durable dans la région.  Il a insisté pour que les parties agissent de façon modérée et évitent de prendre des mesures punitives.  Enfin, il a demandé d’accorder un accès humanitaire en faveur des déplacés et des personnes qui vivent dans les régions affectées.

M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a condamné l’attaque qui a fait 30 morts et plus de 90 blessés le 24 janvier 2015, touchant des quartiers résidentiels.  Cet incident survenu à Marioupol confirme les craintes de voir une escalade de la violence qui avaient été exprimées la semaine dernière, a-t-il noté.  Il a jugé « inacceptables » les morts causées par le conflit dans l’est de l’Ukraine, appelant les parties à respecter le droit international humanitaire.  Il a dénoncé à cet égard les tirs aveugles de roquettes sur des zones habitées par des civils et a demandé que les responsables de ces actes soient poursuivis.  La Nouvelle-Zélande estime que la fourniture de troupes et de matériels par la Russie aux séparatistes est pour le moins irresponsable, a dit M. McLay.  Il a plaidé en faveur d’un dialogue politique inclusif et a appelé la Russie à faire usage des outils diplomatiques disponibles pour garantir le respect du cessez-le-feu par les séparatistes.  Il a également souhaité que le Conseil de sécurité assume les responsabilités qui sont les siennes en vertu de la Charte des Nations Unies. 

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a exprimé la préoccupation qu’éprouve la Malaisie face à l’escalade de la violence dans l’est de l’Ukraine avec notamment la répétition d’attaques aveugles contre des civils.  Il a appelé à la conduite d’une enquête sur ces événements et a demandé que les responsables de ces actes soient identifiés et traduits devant la justice.

Le représentant de la Malaisie a appelé toutes les parties concernées à utiliser tous les moyens possibles en vue de parvenir à une solution pacifique du conflit.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a réitéré la position de son pays concernant la crise ukrainienne et a condamné l’attaque perpétrée contre Marioupol.  Il faut protéger les civils, a-t-il demandé, appelant aussi les parties à respecter le cessez-le-feu.  Les accords de Minsk sont le cadre de tout accord pacifique pour résoudre cette crise, a-t-il réitéré.  Il faut respecter l’intégrité et la souveraineté de l’Ukraine, a-t-il aussi demandé avant de mettre l’accent sur l’importance de la fourniture de l’assistance humanitaire aux personnes qui en ont besoin.  

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a déclaré que les auteurs des actes déplorables commis ces derniers jours en Ukraine contre les populations civiles doivent en être tenus responsables et traduits devant la justice.

Le représentant a invité les parties au conflit à respecter les accords de Minsk, et il a demandé qu’elles coopèrent, notamment pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.

M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a déploré l’aggravation de la situation dans son pays, après l’attaque de Marioupol.  Il a estimé que c’était « un crime contre l’humanité, comme l’a dit le Président de l’Ukraine ».  Il a regretté que l’un des membres permanents du Conseil de sécurité, qui a reçu de la Charte la responsabilité essentielle de faire respecter le droit international, n’ait pas assumé cette responsabilité en bloquant l’adoption par le Conseil d’une déclaration visant à condamner cette attaque.  Lors de la dernière réunion du Conseil, « j’ai demandé pourquoi des bataillons russes se trouvaient sur le territoire ukrainien sans explication », a rappelé M. Sergeyev.  « Le monde civilisé attend toujours une explication de la part de la Russie », a-t-il dit.

Si les rebelles avaient respecté les accords de Minsk, cette tragédie ne se serait pas produite, a estimé le représentant de l’Ukraine.  Il a dit qu’il déduisait, « à partir de l’attitude de la Russie au Conseil de sécurité que ce pays était responsable de l’attaque récente et des meurtres de civils innocents ces dernières semaines ».  Il a demandé que la Russie mette en œuvre pleinement les accords de Minsk et qu’elle « retire immédiatement toutes ses forces armées du territoire de l’Ukraine ».  Il a aussi demandé « la libération du pilote ukrainien qui mène actuellement une grève de la faim ».  « Les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk doivent être reconnues comme des organisations terroristes », a-t-il aussi demandé.  Nous sommes pour la paix, mais nous allons défendre notre patrie, a-t-il dit, indiquant qu’il citait le Président ukrainien. 

M. CHURKIN, reprenant la parole, a déclaré que le représentant ukrainien avait déformé sa déclaration concernant les événements survenus à Marioupol.  Il faut condamner toutes les situations où les victimes sont des civils, ce qui a été le cas à Marioupol, a souligné M. Churkin. 

Samedi, un accord sur une déclaration présidentielle du Conseil de sécurité à la presse n’a pas été rendu possible en raison de la position de certains collègues, a-t-il regretté.  Ces collègues ont consacré beaucoup trop d’attention au dirigeant de la République populaire autoproclamée du Donbass, a-t-il précisé.  Le conflit en Ukraine n’a pas de solution militaire, et des efforts politiques sérieux doivent être déployés maintenant et permettre d’établir un dialogue direct entre l’est et Kiev, a préconisé le représentant.

M. Churkin a affirmé que Moscou était favorable à n’importe quel format de réunion qui offrirait l’occasion de faire progresser la situation de manière positive, mais que la Fédération de Russie insistait également sur le caractère essentiel du dialogue direct.

Reprenant la parole, le représentant de l’Ukraine a répondu à son homologue de la Russie en s’appuyant sur les chiffres fournis par des organisations présentes sur le terrain.  Nous avons une liste de questions sur six bataillons russes, a-t-il dit.  Comparons les chiffres, a-t-il aussi proposé.  Il a indiqué que la présence de 9 000 soldats russes sur le sol ukrainien avait été mentionnée par quelqu’un lors de la dernière séance du Conseil sur l’Ukraine.  Aujourd’hui, a-t-il indiqué, on parle de 12 000 soldats, a-t-il ajouté.  Il serait plus facile de résoudre ce problème si la Russie retirait immédiatement ses troupes et ses armes du territoire de l’Ukraine, a-t-il estimé, se plaignant que les discours venant de la Fédération de Russie sur les droits de la population du Donbass soient devenus de « véritables mantras ».  Il a regretté « que la délégation de la Fédération de Russie n’exprime pas de condoléances concernant les civils tués » et lui a demandé « de ne pas jouer avec les mots ».

Reprenant la parole, M. CHURKIN a affirmé que son collègue ukrainien contestait des choses qui sont pourtant incontestables.  À longueur de réunion et réunion après réunion, la délégation ukrainienne se contente de répéter la même propagande devant le Conseil de sécurité, a accusé M. Churkin.

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