7343e séance – matin
CS/11705

Le Conseil de sécurité se penche sur le partenariat Nations Unies-Union africaine, un enjeu stratégique dans un contexte d’exacerbation des crises

Sous la présidence du Ministre des affaires étrangères du Tchad, M. Moussa Faki Mahamat, le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, une déclaration présidentielle qui souligne l’importance de renforcer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine pour lui permettre de « faire face aux défis communs de la sécurité collective en Afrique », où sont actuellement déployés un nombre record de soldats de la paix.

« Il est vital que nous continuions à renforcer notre partenariat stratégique et que nous nous employions plus efficacement, ensemble, à prévenir, gérer et régler les conflits », a lancé le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon.  Un tel partenariat, a-t-il précisé, doit se fonder sur une évaluation des avantages comparatifs de l’ONU et de l’Union africaine.

Outre le Secrétaire général et ses 15 membres, le Conseil a entendu une vingtaine de délégations qui se sont exprimées, au cours de ce débat, sur la « note de réflexion* », qui présente les quatre principaux enjeux suivants: le financement des opérations de paix de l’Union africaine; la planification et la gestion des transitions entre missions de l’ONU et de l’Union africaine; le renforcement des moyens de déploiement rapide; et l’amélioration de la collaboration institutionnelle entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

Plusieurs exemples attestent de l’efficacité de la complémentarité entre les deux organisations, a fait remarquer le Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, M. Pierre Buyoya, en citant les situations en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs, en Guinée-Bissau ou encore au Mali et en République centrafricaine, deux pays où des missions sous conduite africaine ont été déployées avant de céder la place à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Lutte antimines, processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), réforme du secteur de la sécurité, reconstruction postconflit, développement, contreterrorisme et non-prolifération sont autant de problématiques transversales dans lesquelles cette complémentarité s’avère également probante, a ajouté M. Buyoya.

L’opérationnalisation d’initiatives importantes comme la Force africaine en attente et celle de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises est à la traîne en raison d’un manque de soutien financier de la part des États Membres, a déploré le Haut-Représentant qui a prôné l’établissement de principes « axés sur l’appui aux processus d’appropriation par les pays africains et sur un partage des responsabilités et des tâches entre les deux organisations ».

L’Inde, qui est le plus important pays contributeur de troupes dans l’histoire de l’Organisation, a toutefois prévenu des risques que fait peser, selon elle, une telle logique.  Pour son représentant, « les Nations Unies ne peuvent pas se désengager du continent africain en externalisant la responsabilité du maintien de la paix auprès de mécanismes régionaux ».

La déclaration présidentielle, lue aujourd’hui par le Ministre tchadien des affaires étrangères et de l’intégration africaine, M. Moussa Faki Mahamat, dont le pays préside le Conseil de sécurité au cours de ce mois, réaffirme les dispositions de la résolution 2167 (2014), adoptée en juillet dernier par le Conseil de sécurité sous la présidence du Rwanda.  Le représentant rwandais a rappelé que les deux textes insistent notamment sur la nécessité de rendre « plus prévisible, durable et souple » le financement des organisations régionales qui entreprennent des activités de maintien de la paix au titre d’un mandat du Conseil, alors qu’elles se heurtent à des difficultés pour obtenir ce soutien.

Le Ministre tchadien s’est élevé contre le « refus » du Conseil de sécurité de faire « le moindre pas en avant » pour mettre pleinement en œuvre la mesure proposée par le Groupe d’experts sur les modalités d’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, qui consiste à financer, « pendant une durée maximum de six mois », « au moyen de contributions mises en recouvrement par l’ONU », les opérations africaines autorisées par le Conseil de sécurité. Il a été rejoint sur ce point par l’Inde.

Les États-Unis, plus favorables à une assistance bilatérale aux pays et organisations concernés, n’ont pas jugé nécessaire d’accroître le montant des quotes-parts des États Membres.  La délégation a présenté le « partenariat pour une réponse rapide au maintien de la paix » lancé par son gouvernement, une initiative dotée d’un budget de 110 millions de dollars pour la formation et l’équipement des forces africaines, sans compter le soutien financier conséquent qu’il apporte à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Si la France, a indiqué son représentant, contribue à l’heure actuelle à la formation de 25 000 soldats africains, son action s’inscrit aussi dans le cadre des programmes de l’Union européenne auprès de l’Union africaine, assortis de « 750 millions d’euros pour la période 2014-2016 ».  L’Union européenne, a précisé son délégué, a déboursé 1,2 milliard d’euros depuis 10 ans pour appuyer les opérations sous conduite africaine par le biais de la « Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique », en particulier la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Pour l’Australie, la solution à long terme réside dans le renforcement de la capacité de l’Union africaine à financer ses propres opérations.  « Elle a d’ores et déjà fait montre d’une telle capacité dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola avec une campagne de levée de fonds innovante, à travers notamment de contributions du secteur privé », s’est félicité le représentant.

En début de séance, le Secrétaire général, suivi par les membres du Conseil de sécurité et les autres délégations, a vigoureusement condamné les attaques meurtrières perpétrées aujourd’hui par les Taliban contre une école de Peshawar, au Pakistan.

 

* S/2014/879

 

COOPÉRATION ENTRE LES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AU SERVICE DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Opérations de paix: le partenariat Nations Unies–Union africaine et son évolution

Lettre datée du 8 décembre 2014, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Tchad auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2014/879)

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions et les déclarations de son président qui soulignent combien il importe d’établir, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des textes constitutifs des organisations régionales et sous-régionales, des partenariats efficaces entre l’ONU et ces organisations.

Le Conseil, rappelant les buts et principes de la Charte des Nations Unies, réaffirme qu’il tient de la Charte la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil remercie de leurs exposés le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, et le Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, l’ancien Président Pierre Buyoya.

Le Conseil constate les progrès accomplis en termes de coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine et souligne qu’il importe de renforcer encore cette coopération et de nouer, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, un partenariat efficace avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour concourir à rendre celui-ci à même de faire face aux défis communs de la sécurité collective en Afrique.

Le Conseil réaffirme que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies peut améliorer la sécurité collective.

Le Conseil considère que, grâce à leur connaissance de la région, les organisations régionales sont bien placées pour appréhender les causes profondes des conflits armés, ce qui peut leur être utile pour la prévention ou le règlement de ces conflits.

Le Conseil reconnaît le rôle que joue l’Union africaine pour prévenir ou régler les conflits sur le continent africain et exprime son appui aux initiatives de paix menées par l’Union africaine et aux initiatives similaires d’organisations sous-régionales.

Le Conseil se félicite de la contribution accrue de l’Union africaine à la paix et à la sécurité, y compris au maintien de la paix, en particulier au Soudan (Darfour), au Mali, en République centrafricaine et en Somalie, et de la Force spéciale mixte régionale de l’Union africaine, ainsi que des efforts qu’elle consent pour renforcer ses capacités, notamment en rendant opérationnelles sa Force africaine en attente et sa Capacité de déploiement rapide, et il salue la coopération continue entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur différents volets de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, notamment les systèmes d’alerte rapide, la diplomatie préventive, la médiation, l’assistance électorale, le maintien de la paix et le relèvement et la reconstruction après les conflits.

Le Conseil accueille avec satisfaction la décision de l’Union africaine de déclarer la décennie 2014-2024 Décennie Madiba Nelson Mandela pour la réconciliation en Afrique, de prendre des mesures appropriées pour promouvoir la réconciliation comme un moyen d’assurer la paix, la stabilité et le développement en Afrique, et de prendre également des mesures appropriées en collaboration avec les États Membres pour promouvoir les enseignements tirés de l’héritage indélébile laissé par Mandela dans les domaines de la vérité, la réconciliation et la consolidation de la paix.

Le Conseil se félicite des efforts que déploie l’Union africaine pour mettre fin à l’impunité et amener les auteurs d’actes criminels à en répondre, notamment en renforçant les institutions judiciaires nationales.

Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer encore la coopération avec l’Union africaine pour concourir à rendre cette dernière mieux à même de faire face aux défis de la sécurité collective, et notamment à tenir son engagement à réagir rapidement et comme il convient aux crises qui se font jour, et de définir des stratégies efficaces de prévention des conflits, de maintien et de consolidation de la paix.

Le Conseil rappelle que c’est aux organisations régionales qu’il incombe de se procurer pour elles-mêmes des ressources humaines, financières, logistiques et autres, notamment grâce aux contributions de leurs membres et au soutien de partenaires, et se félicite du précieux appui financier fourni par leurs partenaires à cet effet.

Le Conseil reconnaît que l’un des facteurs qui font le plus obstacle à ce que l’Union africaine puisse s’acquitter efficacement de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité régionales est la mobilisation durable de ressources prévisibles et souples.

Le Conseil engage à resserrer la coordination et la coopération sur les questions de police entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et les organisations internationales, régionales et sous-régionales, y compris au moyen d’activités de formation et moyennant le partage et l’échange de connaissances et de compétences thématiques et la fourniture d’un appui opérationnel, selon qu’il conviendra.

Le Conseil reconnaît le rôle que l’Union africaine peut jouer dans la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants touchés par les conflits armés, ainsi que dans l’action menée pour prévenir la violence sexuelle et sexiste et y faire face durant les conflits armés et dans les situations d’après conflit, et appuie le rôle crucial que jouent les femmes dans toutes les initiatives de paix et de sécurité, y compris celles qui visent à prévenir et régler les conflits et à en atténuer les effets.

Le Conseil se félicite des partenariats conclus par l’Organisation des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix, et notamment du concours qu’elle prête aux efforts déployés par l’Union africaine pour mettre au point des politiques, des directives et des formations, en particulier en ce qui concerne la réforme du secteur de la sécurité, la reconstruction au sortir des conflits, les femmes, la paix et la sécurité et la protection des civils, y compris la protection des enfants et la prévention et la répression des violences sexuelles et sexistes en temps de conflit ou au sortir d’un conflit.

Le Conseil prend acte de la précieuse contribution des organisations et mécanismes régionaux et sous-régionaux compétents à la protection des enfants touchés par les conflits armés et se félicite à cet égard de la déclaration signée le 17 septembre 2013 par le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et le Département paix et sécurité de la Commission de l’Union africaine, qui vise à intégrer des mécanismes de protection dans toutes les activités de paix et de sécurité de l’Union africaine, en étroite collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Le Conseil engage à cet égard la Commission de l’Union africaine à aider à maîtriser les conséquences que les conflits armés ont pour un grand nombre d’enfants et l’invite à continuer d’intégrer la protection des enfants dans ses activités de sensibilisation, ses politiques, ses programmes et la planification des missions, d’élaborer des directives pour la protection des enfants touchés par les conflits armés et à étoffer celles qui existent, ainsi qu’à former leur personnel et à doter ses missions de maintien de la paix et opérations sur le terrain de spécialistes de la protection des enfants, et lui demande à nouveau de créer des mécanismes de protection des enfants au sein de son secrétariat, et notamment de nommer des coordonnateurs des questions de protection des enfants.

Le Conseil prie instamment les États Membres et les organisations internationales compétentes de contribuer à renforcer les capacités des organisations régionales et sous-régionales, en particulier africaines, dans les domaines de la prévention des conflits et de la gestion des crises, ainsi que de la stabilisation après les conflits, notamment en fournissant du personnel et une aide technique et financière.

Le Conseil rappelle qu’il importe qu’il resserre ses relations avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, notamment en accroissant l’efficacité de leurs réunions consultatives annuelles, en tenant des consultations en temps opportun et en organisant des missions en collaboration sur le terrain, selon qu’il conviendra, en vue d’élaborer des cadres et des stratégies cohérentes, au cas par cas, pour faire face à des situations de conflit en Afrique.

Le Conseil appelle au renforcement de la coopération entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine, y compris dans le domaine de la médiation, et souligne qu’il importe de concevoir le programme qui succédera au Programme décennal ONU-Union africaine de renforcement des capacités de l’Union africaine de 2006, à titre de contribution importante à la prévention des conflits sur le continent africain.

À cet égard, le Conseil accueille avec satisfaction la décision prise conjointement par l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine à la quinzième réunion du Mécanisme de coordination régionale à Abuja en mars 2014, de créer un groupe de travail chargé d’élaborer un nouveau programme qui prendra également en considération l’appui de l’Organisation des Nations Unies à l’Agenda 2063.

Le Conseil salue la nomination du Groupe de haut niveau chargé d’examiner les opérations de maintien de la paix, et invite celui-ci à consulter étroitement l’Union africaine.

Le Conseil se félicite des contacts réguliers entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine, dans le cadre de l’Équipe spéciale conjointe Organisation des Nations Unies-Union africaine chargée des questions de paix et de sécurité, encourage l’Équipe spéciale à continuer de mettre l’accent sur les questions stratégiques et les problèmes propres à divers pays du continent africain qui présentent un intérêt pour les deux organisations et demande à l’Équipe spéciale d’examiner les moyens de renforcer la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine en ce qui concerne la prévention des conflits en Afrique et de fournir au Conseil de sécurité, après ses réunions, des informations actualisées.

Le Conseil se félicite du transfert de responsabilités de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) le 15 septembre 2014 et accueille avec satisfaction la réflexion en cours sur les enseignements tirés de l’expérience acquise lors du passage des opérations de paix de l’Union africaine à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies au Mali et en République centrafricaine, en application du paragraphe 13 du dispositif de la résolution 2167 (2014) et attend avec intérêt les recommandations concrètes qui pourront être formulées au terme de cette réflexion pour pouvoir mieux gérer le passage des opérations de paix de l’Union africaine à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Conseil souligne qu’il importe d’appuyer le rôle joué par l’Union africaine sur le plan politique, tant lors du passage de ses opérations de paix aux missions de maintien de la paix des Nations Unies qu’à l’occasion de la formulation et de l’application des réformes dans le domaine de la gouvernance et d’autres domaines pour pouvoir s’attaquer aux causes profondes des conflits en Afrique.

Le Conseil invite l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine à prendre des mesures concrètes pour renforcer leurs relations et à coopérer plus efficacement sur les questions d’intérêt commun et insiste sur la nécessité de renforcer les procédures de planification conjointe avant déploiement et d’évaluation conjointe des missions appliquées par l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine afin de favoriser la compréhension mutuelle et d’accroître l’efficacité des missions de maintien de la paix.

Le Conseil engage le Secrétaire général à jouer un rôle de coordination et d’appui pour aider la Commission de l’Union africaine à établir la liste des capacités requises et à formuler des recommandations sur ce que l’Union africaine pourrait faire pour étoffer ses moyens militaires et ses capacités de police civile, ainsi que ses moyens techniques, logistiques et administratifs, se félicite des échanges de personnel, notamment entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, et préconise la poursuite de cette pratique, en particulier dans les domaines de la gestion financière et de la logistique, et invite l’Union africaine à définir ses priorités en matière de formation du personnel, en particulier dans les domaines financier, logistique et administratif.

Le Conseil prend note des progrès accomplis en ce qui concerne la qualité et le déroulement des préparatifs de la huitième réunion consultative conjointe du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine tenue à New York le 6 juin 2014, y compris l’établissement à l’avance de son ordre du jour et la tenue d’une conférence de presse conjointe par les Présidents du Conseil de sécurité et de l’Union africaine, et recommande que la neuvième réunion consultative conjointe, qui se tiendra en principe à Addis-Abeba en 2015, porte sur le suivi et l’application des communiqués précédents.

Le Conseil se félicite de l’adoption, en mai 2013, de la Déclaration solennelle du cinquantenaire, dans laquelle les dirigeants africains se sont engagés à mettre fin à toutes les guerres en Afrique d’ici à 2020 et à atteindre l’objectif d’une Afrique exempte de conflits, se déclare prêt à aider l’Afrique à y parvenir et demande à tous, en particulier aux entités compétentes des Nations Unies, de se mobiliser à ses côtés, notamment en envisageant d’élaborer un plan d’action quinquennal réaliste à l’appui de l’objectif d’une Afrique exempte de conflits d’ici à 2020. Il note à ce propos qu’il faut s’attaquer d’urgence à l’instabilité et à la violence en République centrafricaine, dans l’est de la République démocratique du Congo, en Libye, dans le Sahel, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan, et y mettre fin.

Le Conseil est conscient de l’importance du rôle des bons offices du Secrétaire général en Afrique et engage le Secrétaire général à continuer de recourir à la médiation aussi souvent que possible pour aider à régler les conflits de manière pacifique, en travaillant en étroite coordination avec l’Union africaine et les organisations sous-régionales qui relèvent d’elle à cet égard, selon qu’il convient.

Le Conseil prend note de l’élection des cinq nouveaux membres du Groupe des Sages de l’Union africaine, se félicite du rôle déterminant joué par le Groupe en matière de prévention, souhaite qu’il reçoive davantage d’appui politique dans l’exécution de son mandat et l’encourage à se saisir précocement des situations dont la détérioration risque d’aboutir à un conflit.

Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer les capacités de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies en ce qui concerne les systèmes d’alerte rapide, l’analyse des conflits, le dialogue et la médiation et qu’il faut intensifier la collaboration entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies en matière de bons offices et la coopération entre les envoyés des deux organisations. Le Conseil insiste sur la nécessité d’allouer les ressources nécessaires pour appuyer et renforcer le Système d’alerte rapide à l’échelle du continent, les bons offices des envoyés et représentants spéciaux, ainsi que les activités de reconstruction et de développement après un conflit, y compris celles qui relèvent de l’Initiative de solidarité africaine.

Le Conseil souligne également qu’il importe de s’attaquer aux causes des conflits dans le cadre d’une action internationale concertée, prend note de la nécessité de mettre au point des stratégies efficaces à long terme et souligne que tous les organes et institutions des Nations Unies doivent appliquer des stratégies préventives et prendre des mesures dans leurs domaines de compétence respectifs pour aider les États Membres et les organisations régionales et sous-régionales à éradiquer la pauvreté, renforcer la coopération et l’aide au développement et promouvoir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Le Conseil se félicite du tour pris dernièrement par la coopération entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et l’Union européenne, notamment de la contribution de cette dernière au renforcement des capacités de l’Union africaine, et engage à nouveau les organisations régionales et sous-régionales à renforcer et à accroître leur coopération, notamment pour renforcer leurs capacités respectives, en vue du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil réaffirme ses résolutions antérieures et les déclarations de son président au sujet du rapport Prodi, en particulier les déclarations S/PRST/2010/21, S/PRST/2009/26 et S/PRST/2013/12, et les résolutions 1809 (2008), 1863 (2009), 2033 (2012), 2086 (2013) et 2167 (2014).

Le Conseil insiste sur la nécessité d’obtenir davantage de ressources financières provenant du continent africain, sans préjudice de l’appui de l’Organisation des Nations Unies et d’autres partenaires.

Le Conseil réaffirme qu’il est résolu à confier aux opérations de maintien de la paix des mandats clairs, crédibles et réalistes, et de doter ces opérations de ressources suffisantes.

Le Conseil insiste sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement des organisations régionales lorsqu’elles entreprennent des activités de maintien de la paix par lui décidées et salue les avantages que présentent les missions de planification conjointes et les visites d’évaluation pour ce qui est de définir les besoins des opérations de paix régionales.

Le Conseil salue les efforts renouvelés de l’Union africaine en vue de rendre l’Architecture africaine de paix et de sécurité pleinement opérationnelle, attend avec intérêt l’achèvement du rapport d’évaluation de l’Architecture et espère que la deuxième phase de l’exercice Amani Africa II se passera pour le mieux en 2015, ce qui attestera que la Force africaine en attente est parfaitement opérationnelle.

Le Conseil se félicite des mesures prises pour faire fonctionner à plein la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises, notamment l’amélioration du processus décisionnel, qui permettra de procéder à des déploiements rapides.

Le Conseil souligne l’importance que revêt, pour l’Organisation des Nations Unies, le fait que l’Union africaine et ses organisations sous-régionales acquièrent les moyens de déployer rapidement des forces de maintien de la paix à l’appui de celles de l’Organisation ou d’autres opérations par lui autorisées et se félicite des initiatives prises récemment en ce sens par l’Union africaine.

Le Conseil prend note des engagements pris par l’Union européenne et l’Afrique au Sommet Union européenne-Afrique tenu à Bruxelles en avril 2014 d’améliorer le fonctionnement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, notamment en appuyant la Force africaine en attente et sa Capacité de déploiement rapide et en veillant à leur viabilité, à l’appui qu’elle reçoivent et à la façon dont elles sont dirigées, comme l’ont réaffirmé le Comité politique et de sécurité de l’Union européenne et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à Bruxelles le 15 mai 2014. Le Conseil encourage les initiatives visant à créer à cette fin davantage de synergies entre l’Union africaine, l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies, et prend note de l’étroite coopération entre l’Union européenne et l’Union africaine, avec les organisations régionales et sous-régionales pertinentes, l’Organisation des Nations Unies et ses organismes, ainsi qu’avec les autres mécanismes de coordination internationale. Le Conseil salue tous les efforts déjà déployés par l’Union européenne à cette fin et se félicite de l’intention affichée de l’Union européenne d’accroître le montant des fonds qu’elle verse, notamment par l’intermédiaire de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.

Le Conseil prend acte du premier Dialogue stratégique Union africaine-Chine pour la paix et la sécurité en Afrique, lancé en octobre 2014, qui porte sur les nouvelles mesures de coopération envisagées dans le domaine de la paix et la sécurité, notamment l’appui à la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises.

Le Conseil prend note du premier Sommet des dirigeants américains et africains et salue l’annonce de la création du Partenariat d’intervention rapide pour le maintien de la paix en Afrique, destiné à renforcer les capacités des pays d’Afrique à déployer rapidement des soldats de la paix si un nouveau conflit se fait jour.

Le Conseil prie le Secrétaire général de lui présenter un rapport annuel sur les moyens de renforcer le partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les activités du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine.

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a tout d’abord ,dans les termes les plus fermes, condamné les « terribles » attentats perpétrés aujourd’hui contre une école de Peshawar, au Pakistan, tuant essentiellement des enfants.  Il a ensuite déclaré que la coopération entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies dans le domaine de la paix et de la sécurité était cruciale et devrait systématiquement intervenir « aux premiers signes de crise ».  « Il est vital que nous continuions à renforcer notre partenariat stratégique et que nous nous employions plus efficacement, ensemble, à prévenir, gérer et régler les conflits », a-t-il dit. 

Avec le temps, a noté M. Ban, la coopération entre l’ONU et ses partenaires régionaux et sous-régionaux s’est intensifiée, de même qu’entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Le Secrétaire général a également salué le soutien renforcé aux opérations de maintien de la paix sous conduite africaine et à leur transition vers des opérations des Nations Unies, comme cela a été le cas au Mali et en République centrafricaine.  « Notre partenariat doit se fonder sur une compréhension de ce que chaque organisation peut faire dans un contexte donné, et sur une évaluation de leurs avantages comparatifs », a précisé le Secrétaire général.  En Centrafrique par exemple, la coopération entre l’Union africaine, les Nations Unies et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale a permis d’aboutir à la signature de l’Accord de cessation des hostilités à Brazzaville en juillet.  En Somalie, nos deux organisations travaillent avec d’autres partenaires, notamment l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), pour soutenir le peuple et le Gouvernement fédéral dans les phases cruciales de consolidation de la paix et des institutions, a-t-il indiqué. 

« Nous travaillons également en étroite coopération avec l’Union africaine et les organisations sous-régionales pertinentes au Soudan et au Soudan du Sud », a ajouté le Secrétaire général.  Les partenariats entre les Nations Unies, l’Union africaine, la Conférence internationale des Grands Lacs et la Communauté de développement de l’Afrique australe ont permis, a-t-il assuré, de réaliser des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région des Grands Lacs.

« Nous devons toutefois faire davantage », a estimé le Chef de l’Organisation.  Faisant référence à la crise au Burkina Faso, il a souligné la nécessité de renforcer l’action préventive.  Pour M. Ban, il faut s’adapter à un environnement de paix et de sécurité en perpétuelle évolution.  Il a ainsi rappelé que deux tiers des opérations de maintien de la paix étaient déployées dans des zones où se posent des menaces significatives, comme des groupes terroristes et extrémistes bien armés, des réseaux de criminalité transnationale organisée et des trafics d’êtres humains et de stupéfiants, de graves violations des droits de l’homme et une culture d’impunité. 

Dans certains pays, a reconnu le Secrétaire général, le Conseil de sécurité a répondu en approuvant des mandats robustes.  Mais, a-t-il souligné, les missions de maintien de la paix sont maintenant mandatées pour promouvoir la réconciliation et le dialogue nationaux en l’absence d’accord de paix.  Le maintien de la paix devient donc un domaine particulièrement chargé, avec de nombreux acteurs et même des missions parallèles, comme c’est le cas en République centrafricaine où les efforts conjoints de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), de l’EUFOR-RCA et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) ont contribué de manière significative à la stabilisation du pays, en particulier de sa capitale Bangui.

Rappelant qu’il avait lancé un réexamen ambitieux des opérations de maintien de la paix pour répondre à tous ces défis, le Secrétaire général a précisé qu’il se penchait également sur les modalités de la transition des opérations de l’Union africaine vers celles des Nations Unies.  « En mars 2015, je présenterai un rapport contenant des recommandations sur les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales pertinentes dans le domaine du maintien de la paix », a annoncé M. Ban.  Dès aujourd’hui, il a cependant identifié quatre priorités.  Tout d’abord, a-t-il dit, il faut nouer des partenariats politiques plus solides ancrés dans une vision stratégique claire.  « Ensuite, nous devons nous mettre d’accord sur le rôle exact de l’Union africaine et des organisations sous-régionales.  Il est important de renforcer la prévisibilité de notre coopération et de mener des missions conjointes d’évaluation et des exercices de planification déterminants pour les opérations de maintien la paix gérés de manière commune », a plaidé le Secrétaire général. 

Les Nations Unies, les organisations régionales et les autres partenaires doivent coopérer pour renforcer leurs capacités logistiques en faisant preuve de créativité, a insisté le Secrétaire général.  « Cela pourrait recouvrir des mécanismes multinationaux de coopération, des capacités communes et des codéploiements, avec le soutien des États Membres dotés des expertises et des moyens requis », a-t-il suggéré.  Avant de conclure, il a demandé une mobilisation plus importante des ressources financières de la part de la communauté internationale, en plus de celles que doit mobiliser l’Afrique elle-même.

M. PIERRE BUYOYA, Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et Chef de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), qui s’exprimait au nom de la Présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, a souligné que le débat d’aujourd’hui reconnaît la nécessité de renforcer le partenariat entre les deux organisations.  « Nos efforts conjoints en faveur de la paix, la sécurité et de la stabilité de la paix en Afrique n’en seront que plus efficaces », a-t-il dit.  M. Buyoya a rappelé que le partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine (UA) avait, depuis l’origine, pour objectif de forger une interaction plus efficace et cohérente dans le contexte du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies et de l’article 17 du Protocole relatif au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  C’est dans ce cadre que nous avons pu établir un calendrier de consultations régulières sur des questions d’intérêt mutuel et appelant à une collaboration active entre les deux organisations, a-t-il expliqué. 

M. Buyoya a attiré l’attention sur le fait que la conduite conjointe d’efforts de paix avait permis d’approfondir la relation entre l’ONU et l’Union africaine, au point d’établir une complémentarité qui est, aujourd’hui, incontournable.  Plusieurs exemples attestent de l’efficacité de cette complémentarité, a-t-il ajouté, en citant les situations en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs, le Mali, la Guinée-Bissau et la République centrafricaine.  Cette complémentarité est également probante dans l’appréhension des questions transversales, telles que la lutte antimines, les processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), la réforme du secteur de la sécurité, la reconstruction postconflit, le développement, le contreterrorisme et la non-prolifération des armes, a encore détaillé M. Buyoya. 

Poursuivant, le Haut-Représentant de l’Union africaine s’est dit convaincu de l’importance d’aller plus loin dans l’optimisation de la coopération entre les deux organisations dans le domaine crucial de la paix et de la sécurité.  Le nouveau Cadre conjoint ONU-UA va dans ce sens et jouera un rôle dans le contexte troublé qui caractérise de nombreuses régions du continent, a-t-il ajouté.  Sur ce dernier point, M. Buyoya a fait observer la nature de plus en plus complexe des défis, marqués notamment par les conséquences dévastatrices des changements climatiques et la montée en puissance des groupes terroristes, dont les activités « fragilisent les États et les vastes régions transfrontalières ».  Il a estimé que pour répondre à de tels défis, l’Union africaine et ses mécanismes régionaux doivent être en mesure de jouer pleinement leur rôle de chef de file pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité. 

Déjà, le déploiement d’un nombre important d’opérations d’appui à la paix de l’Union africaine au Burundi, au Darfour, au Mali, en République centrafricaine et en Somalie a démontré clairement l’engagement de l’Union africaine à contribuer, aux côtés de l’ONU, au maintien de la sécurité collective, a-t-il souligné.  En Somalie, l’AMISOM continue d’opérer dans un environnement très difficile tout en s’efforçant de créer les conditions d’un engagement international durable, qui pourrait prendre la forme d’une opération de maintien de la paix classique des Nations Unies, a-t-il en outre précisé.

M. Pierre Buyoya a ensuite déclaré que l’opérationnalisation d’initiatives importantes comme la Force africaine en attente ou encore de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises devait être soutenue financièrement.  Le Conseil de sécurité est au courant, l’Union africaine a le plus grand mal à mobiliser les États Membres pour que ceux-ci augmentent le volume de leurs contributions, a-t-il reconnu.  Pour M. Buyoya, cet effort nécessaire des États Membres couplé à une plus grande cohérence politique permettra à l’ONU et à l’Union africaine de répondre efficacement aux défis en matière de paix et de sécurité en Afrique.  Il a prôné, à cette fin, l’établissement de principes destinés à clarifier plus avant le cadre de leur partenariat.  Du point de vue de l’Union africaine, ces principes devraient être axés sur l’appui aux processus d’appropriation par les pays africains des actions de paix et sur un partage net des responsabilités et des tâches entre les deux organisations, a conclu M. Buyoya.

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, a rappelé que la Charte des Nations Unies confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle prévoit aussi, a-t-il précisé, des partenariats avec des organisations régionales et sous-régionales, un thème récurrent dans les travaux du Conseil, en particulier en ce qui concerne l’Afrique, où sont déployées la plupart des opérations de maintien de la paix.  « Nous sommes convaincus que ces organisations sont complémentaires et poursuivent les mêmes objectifs de paix, de sécurité et de stabilisation », a déclaré M. Mahamat.  C’est pourquoi il a appelé l’ONU et les organisations concernées à améliorer leur coopération dans ces domaines de la diplomatie préventive, de l’assistance électorale, de la consolidation de la paix et du développement. 

Le Ministre s’est ensuite dit favorable à la promotion d’une démarche commune pour la résolution des crises, encourageant le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de sécurité et de paix de l’Union africaine à réfléchir aux moyens de renforcer leurs synergies pour parvenir à l’objectif de « zéro conflit » en Afrique d’ici à 2020.  « Nous exhortons donc les deux Conseils à résoudre les conflits en Libye, au Mali, dans l’est de la RDC, en Somalie, au Soudan du Sud et en RCA », a poursuivi le Tchad, pour qui il faut accorder une attention particulière aux menaces que font peser les réseaux de criminalité transnationale organisée dans nombre de pays concernés.  Les partenariats entre l’ONU et les acteurs et mécanismes de coordination régionaux devraient concourir à la réalisation de l’Agenda 2063 agréé par l’Union africaine, qui consiste à définir, pour les 50 prochaines années, une trajectoire de croissance pour l’Afrique en tenant compte des leçons tirées des 50 dernières années. 

Dans le contexte spécifique du maintien de la paix, le Ministre a déclaré que sa délégation attendait avec impatience les enseignements tirés de la transition des missions de l’Union africaine en opérations onusiennes.  En outre, M. Mahamat a regretté le « refus » du Conseil de sécurité de faire « le moindre pas en avant » pour appliquer les mesures concrètes proposées par le Groupe d’experts sur les modalités d’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, accusant cet organe de « préférer le statu quo ».

Le Ministre tchadien des affaires étrangères a par ailleurs souhaité que l’exercice militaire AMANI-Africa II permette de concrétiser l’opérationnalité de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC), qui est censée ouvrir la voie au déploiement d’opérations de maintien de la paix de l’Union africaine et/ou des Nations Unies.  Cette décision, a rappelé M. Mahamat, a été prise au lendemain de la crise au Mali, « parce qu’il appartient à l’Afrique d’assumer ses responsabilités quant au maintien de la paix et de la sécurité sur le continent ».

M. USMAN SARKI (Nigéria) a rappelé qu’en 2013, le Secrétaire général s’était rendu dans la région du Sahel pour notamment y débattre du lien entre paix, sécurité et développement.  « Sur place, le partenariat ONU-Union africaine est une réalité, il est par conséquent fondamental d’aller plus loin dans le renforcement de son efficacité », a-t-il ajouté.  Pour la délégation du Nigéria, l’ONU et l’Union africaine doivent être en mesure de s’acquitter de leurs prérogatives respectives en matière de paix et de sécurité.  À cette fin, a précisé le représentant, il est nécessaire que les mécanismes pertinents de maintien de la paix soient plus prévisibles et deviennent pleinement opérationnels « dans le respect des principes des deux institutions et par le biais de ressources adéquates ».  Le représentant a ensuite jugé indispensable de développer les capacités des dispositifs de réaction rapide des deux organisations pour faire face aux nouveaux défis.  « Les États africains doivent s’inspirer de l’expérience des 59 opérations de maintien de la paix qui ont été déployées en Afrique depuis la création de l’ONU, notamment pour accélérer l’opérationnalisation de dispositifs comme la Force africaine en attente », a-t-il estimé.  

Après avoir appelé à des solutions novatrices au plan financier pour permettre un appui constant aux opérations de paix de l’Union africaine, le représentant a salué la tenue, entre Addis-Abeba et New York, de consultations annuelles entre les Conseils de l’ONU et de l’Union africaine.  Il faudrait appliquer cette pratique au sein des secrétariats des deux organisations et s’entendre sur une feuille de route orientant nos réflexions, a-t-il suggéré avant de conclure.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a salué les résultats obtenus grâce à la coopération de plus en plus étroite entre les équipes des deux organisations, en particulier en Somalie.  « Nous avons réussi à refouler les milices du groupe terroriste al-Chabab.  Il faudrait s’efforcer de conserver, dans un contexte difficile, les acquis en matière de sécurité, a-t-il estimé.  Le représentant a également salué la réaction conjointe de l’ONU, de l’Union africaine et de la CEDAO pour empêcher une aggravation de la situation au Burkina Faso.  L’Union africaine, avec l’OMS, a été présente lors du déploiement de personnels de santé en Afrique de l’Ouest pour répondre rapidement à l’épidémie d’Ebola, a-t-il rappelé.  Le représentant du Royaume-Uni a estimé que les deux organisations pouvaient travailler de manière plus efficace dans des domaines comme l’alerte précoce, la médiation et le relèvement postconflit.  Elles doivent être notamment plus décisives pour mieux répondre à l’évolution des situations au Sahara et au Sahel, en particulier dans un contexte où des menaces asymétriques ne cessent d’augmenter, a-t-il précisé.  Le représentant britannique a répété que cette année, la relation entre l’ONU et l’Union africaine avait été plus étroite et dynamique.  « Nous ne sommes pas toujours d’accord mais nous nous comprenons et restons déterminés à réaliser notre objectif commun, à savoir mettre fin à toutes les guerres et conflits sur le continent », a-t-il déclaré en conclusion.

M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) a affirmé d’emblée que l’Union africaine et l’ONU n’avaient jamais eu autant besoin l’une de l’autre dans la conduite des efforts de paix.  Il a ensuite insisté sur les avantages comparatifs uniques de l’Union africaine, tels que la connaissance du terrain, la capacité rapide de déploiement et, par-dessus tout, « la volonté robuste d’agir ».  « Nous devons faire en sorte que l’Union africaine bénéficie du soutien nécessaire », a-t-il dit.

En ce qui concerne la question récurrente du financement, le délégué de l’Australie a souligné qu’il était nécessaire de s’accorder sur des solutions innovantes afin de garantir la prévisibilité et la flexibilité du financement des missions sous conduite de l’Union africaine.  « Le modèle de l’AMISOM, où l’ONU fournit un soutien logistique financé par des quotes-parts, fonctionne de manière satisfaisante », a-t-il dit, tout en reconnaissant les réticences du Conseil à reproduire un tel modèle.  Les fonds d’affectation spéciale mis en place au Mali et en République centrafricaine ont été des échecs, a-t-il regretté.  « Au lieu d’écarter cette option, nous devrions nous demander pourquoi elle n’a pas fonctionné », a-t-il estimé. 

« Un fonds d’affectation spéciale, doté de mécanismes clairs pour un prompt décaissement, aurait-il permis de résoudre les difficultés? » s’est-il interrogé.  Le délégué de l’Australie a indiqué qu’une solution à long terme résidait dans le renforcement de la capacité de l’Union africaine à financer ses propres opérations.  « Elle a d’ores et déjà fait montre d’une telle capacité dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola avec une campagne de levée de fonds innovante, par le biais notamment de contributions du secteur privé ».

La transition entre missions, a indiqué le représentant, avait été beaucoup plus fluide en République centrafricaine qu’au Mali, grâce notamment à une coordination sur le terrain plus efficace.  « L’exercice sur les leçons apprises dans ces deux cas de figure sera riche d’enseignements », a affirmé M. Quinlan.  S’agissant de la capacité de déploiement rapide, le délégué a noté la faculté de l’Union africaine à déployer du personnel sur le terrain rapidement, avant d’ajouter que la capacité de commandement pouvait encore être améliorée.

Enfin, le délégué de l’Australie a souligné la nécessité de renforcer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, et ce, aux niveaux stratégique, opérationnel et tactique.  Il a, en particulier, plaidé pour des interactions accrues entre le Président du Conseil de sécurité et son homologue du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  « Les liens entre l’ONU et l’Union africaine vont bien au-delà des questions de financement », a-t-il assuré avant de conclure. 

M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a rappelé l’adoption, en juillet dernier, de la résolution 2167 (2014), sous la présidence de son pays.  Ce texte souligne notamment « l’importance des partenariats et de la coopération avec les organisations et arrangements régionaux et sous-régionaux pour ce qui est d’appuyer les opérations de maintien de la paix ».  La résolution 2167 (2014) insiste aussi sur la nécessité de rendre « plus prévisible, durable et souple » le financement des organisations régionales qui entreprennent des activités de maintien de la paix au titre d’un mandat du Conseil de sécurité, a précisé le représentant.  M. Gasana s’est félicité de ce que la déclaration présidentielle, adoptée ce matin, réitère précisément la détermination du Conseil en ce sens. 

Soulignant les progrès accomplis dans l’opérationnalisation des capacités africaines de réponse aux crises, le représentant du Rwanda a cité en exemple la création de la Force en attente d’Afrique de l’Est, qui sera formée de 2 500 soldats issus des pays contributeurs de la région.  Souvent, l’Union africaine a eu du mal à se doter de ces capacités, ce qui ne fait que souligner les disparités entre la volonté politique et les moyens financiers dont l’organisation dispose, a-t-il fait remarquer.  Avant de conclure, M. Gasana a salué l’examen en cours initié par le Secrétariat sur le maintien de la paix et attend ses recommandations concrètes.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est déclaré, lui aussi, favorable à des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique.  Il a salué la participation très active de ces organisations, tout en reconnaissant la nécessité de renforcer la fiabilité et la souplesse des financements des opérations sous conduite de l’Union africaine, notamment par le biais du Fonds africain pour la paix.  M. Churkin a souligné qu’il serait pertinent de recevoir des évaluations ponctuelles sur les résultats des missions sous conduite africaine mandatées par le Conseil de sécurité. 

En tant que membre permanent du Conseil, la Fédération de Russie participe à de nombreuses opérations de maintien de la paix, dont elle est le principal fournisseur de moyens dans le domaine de l’aviation civile, y compris en Afrique, a rappelé M. Churkin.  Le représentant a précisé que des contingents africains étaient entraînés dans des centres de formation russes afin de leur permettre d’être immédiatement opérationnels sur le terrain.

Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a estimé qu’il était nécessaire d’utiliser de manière optimale les accords régionaux et sous-régionaux pertinents, qui représentent l’un des moyens les plus efficaces pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  En Afrique, l’accent doit être mis sur la prévention qui est, a-t-elle rappelé, une responsabilité commune.  Si le Conseil de sécurité salue les contributions à la paix et au relèvement postconflit des organisations régionales, il doit faire en sorte qu’elles bénéficient des ressources financières et humaines adéquates, a estimé la représentante.  La connaissance des situations de crise des organisations régionales n’a pas de prix et doit être une plus-value, a-t-elle estimé, en ajoutant que l’ONU avait pour vocation d’apporter la légitimité, les capacités opérationnelles et la force de sa composition universelle aux efforts de paix régionaux. 

Le système de sécurité collective doit bénéficier de la contribution renforcée des organisations régionales et, dans cette respective, le Conseil de sécurité doit répondre aux besoins de ces instruments dont nous saluons l’utilité, a-t-elle déclaré.  La représentante de l’Argentine a précisé que cette « décentralisation » devrait être soutenue et opérationnalisée dans le cadre d’une coopération basée sur la confiance.  La décentralisation ne doit pas signifier une déconcentration sans ressources, a-t-elle prévenu.

M. MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a appelé à adopter des stratégies mieux adaptées et à trouver des solutions novatrices pour répondre aux défis émergents en Afrique.  « Les organisations régionales, l’Union africaine mais aussi la Ligue des États arabes et l’ONU doivent œuvrer de concert pour renforcer l’efficacité des efforts de paix à travers tout le continent », a estimé le représentant.  « La résolution des conflits passe par une connaissance approfondie des spécificités locales et c’est pourquoi, nous devons appuyer l’Union africaine en assurant un appui au renforcement de ses compétences et au financement de ses opérations de maintien de la paix », a-t-il également souligné.  Pour le représentant jordanien, l’accent doit être mis sur la médiation et le rétablissement de la confiance entre parties aux conflits.  « Au-delà, l’Union africaine et les mécanismes régionaux mentionnés doivent être en mesure de participer aux étapes de préparation du déploiement des missions de paix de l’ONU », a-t-il recommandé.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a estimé qu’il était difficile de mettre en œuvre les décisions internationales sans une contribution au niveau régional.  C’est pourquoi les organisations régionales doivent jouer un rôle actif pour prévenir les conflits ou venir au secours des pays touchés par les conflits.  Il a expliqué que les organismes régionaux pouvaient aider à intégrer la vision des acteurs locaux et promouvoir l’appropriation locale.  La délégation du Chili encourage la conclusion d’accords régionaux qui donnent la priorité à une vision holistique, avec la participation des acteurs locaux pour définir les problèmes, ainsi qu’une interaction entre les organisations régionales et celles du système des Nations Unies pour échanger des bonnes pratiques et les leçons tirées de situations similaires.

Il faudrait également améliorer la prévisibilité et la flexibilité du financement des opérations de paix qui sont conduites par l’Union africaine mais mandatées par les Nations Unies, a ajouté le représentant.  Il est ainsi nécessaire, a-t-il souligné, de fournir des contingents bien équipés et établir des procédures précises sur le terrain, tout en prêtant attention à la formation des contingents aux questions d’éthique et de droits de l’homme.  Le représentant a aussi jugé utile de simplifier et de standardiser les formes de collaboration institutionnelle entre le système des Nations Unies et les organismes régionaux.  La coordination du travail sur le terrain est essentielle pour le succès d’une opération de maintien de la paix, a-t-il assuré.

Rappelant que 70% des opérations étaient déployées en Afrique, Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a souligné qu’il était nécessaire de renforcer les capacités opérationnelles de l’Afrique pour permettre à ses opérations de maintien de la paix de répondre efficacement aux situations de crise et de conflit.  Des synergies avec l’ONU sont essentielles sur la base des enseignements tirés des partenariats établis à ce jour, a souligné la représentante.  Les organisations régionales africaines sont en effet les mieux placées pour prendre la mesure des conflits en cours sur le continent et juger des meilleurs moyens de réagir.  « Dans ce contexte, la compréhension des méthodes de travail respectives et des processus de prise de décisions profiterait à l’action collective sur le terrain », a assuré la déléguée.  Des consultations en temps voulu contribueraient à renforcer les partenariats stratégiques, a-t-elle estimé.  Sa délégation, a-t-elle dit, attend avec impatience les recommandations que le Secrétaire général a annoncées aujourd’hui.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a rappelé que l’Union africaine avait fait la preuve de sa compétence dans le domaine du maintien de la paix.  Mais, seuls des partenariats avec l’ONU et d’autres organisations sous-régionales seront en mesure, a-t-il assuré, d’améliorer son action dans ses différents théâtres d’opération.  Le Conseil de sécurité, a rappelé le représentant, a certes un rôle unique à jouer en matière de paix et de sécurité internationales, « mais nos décisions doivent être prises en concertation avec tous les États Membres, les organisations régionales et sous-régionales et les pays contributeurs de troupes ».  Si des progrès clairs ont été accomplis dans le déploiement rapide, notre réaction demeure trop lente, a estimé M. Pressman, qui s’est dit partisan d’une coopération plus étroite avec l’Union africaine sur la base des enseignements tirés. 

Pour leur part, les États-Unis ont créé le « partenariat pour une réponse rapide au maintien de la paix », qui prévoit un budget de 110 millions de dollars pour la formation et l’équipement des forces africaines, qu’elles soient sous conduite de l’Union africaine ou de l’ONU et qui représentent un total de 67 000 soldats, a indiqué le représentant.  Expliquant que son pays préférait offrir une assistance bilatérale aux pays et organisations concernés plutôt que d’augmenter le budget des opérations de maintien de la paix, M. Pressman a fait remarquer qu’en 2013, le Gouvernement américain avait, par exemple, débloqué 200 millions de dollars à l’appui de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et 180 millions de dollars à l’appui de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), qui se sont ajoutés « aux 450 millions de dollars versés au titre de sa quote-part ». 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a tout d’abord noté la contribution décisive que les organisations régionales et sous-régionales apportent à la sécurité collective, et ce, sans préjudice de la responsabilité principale reconnue au Conseil de sécurité. Il a ensuite expliqué que le partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine fonctionnait à plusieurs niveaux, de l’échange d’informations à la coopération opérationnelle, et dans les diverses dimensions des situations, de la prévention à la consolidation de la paix en passant par la phase du maintien de la paix. « Les événements les plus récents fournissent des illustrations de l’effectivité et de l’efficacité de ce partenariat », a-t-il affirmé, en citant les cas du Mali et de la République centrafricaine, où l’intervention des Nations Unies a été précédée par celle d’une Force de l’Union africaine. 

Le représentant de la France a ensuite détaillé le soutien apporté par l’Union européenne à l’Union africaine, par le biais notamment de programmes de formation et d’entraînement, « appuyés sur un engagement financier de 750 millions d’euros pour la période 2014-2016 ».  M. Delattre a aussi indiqué que la France, qui a fait du soutien à la construction et au renforcement des capacités africaines de paix un objectif prioritaire, contribuait à la formation de 25 000 soldats africains.  « Ces contributions doivent être coordonnées et mises au service d’une vision partagée de la paix », a-t-il toutefois insisté, en faisant remarquer que l’Union européenne s’inscrivait, à cette fin, dans le cadre d’une coopération tripartite entre les Nations Unies et l’Union africaine.

M. Delattre a ensuite appelé à la poursuite des efforts, tout d’abord, en termes de financement.  Notant que la « soutenabilité financière du système » était devenue un enjeu majeur, il a souligné qu’il était nécessaire de sécuriser des ressources financières qui viennent du continent africain, en appui de la volonté politique affichée par ses dirigeants. « La capacité de déploiement rapide est une condition essentielle de réussite des interventions internationales, dans des situations où le temps est compté », a-t-il ensuite affirmé. Enfin, M. Delattre a souligné l’importance croissante que revêt la question de la transition entre missions. « Une dimension complémentaire à la transition, lorsque les interventions se complètent sur le même théâtre, est celle de la coordination dans les interventions afin que chacune apporte le meilleur de ses compétences au profit du règlement de la crise », a-t-il indiqué en conclusion.

M. LIU JIEYI (Chine) a souligné l’importance des accords régionaux de maintien de la paix, en particulier en Afrique.  Pour sa délégation, le rôle de l’Union africaine a augmenté à mesure que s’est renforcé, ces dernières années, le système multilatéral de sécurité.  Le représentant de la Chine a appelé l’ONU à améliorer sa coopération avec l’Union africaine en respectant la volonté de l’Afrique et en contribuant à la recherche de « solutions africaines à des problèmes africains ».  « Il convient de prendre en compte les suggestions des pays et organisations africains en matière de sécurité et de développement et de prévention des conflits ».  À cette fin, a-t-il suggéré, la Commission de consolidation de la paix et l’Union africaine devraient bâtir un mécanisme multidimensionnel.  

Pour le représentant de la Chine, le partage d’expériences doit être au cœur des délibérations entre les conseils des deux organisations.  La Chine, a-t-il rappelé, a déployé, à ce jour, 2 000 soldats de la paix dans sept opérations de maintien de la paix en Afrique et continue de fournir à l’AMISOM un important appui logistique.  Le représentant a assuré que son pays entretenait avec l’Union africaine un dialogue stratégique permanent.  À l’avenir, la Chine entend poursuivre ses activités de formation auprès des pays fournissant des contingents aux opérations de paix déployées en Afrique. 

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a rappelé que c’est sur le sol africain que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales est le davantage développée.  Elle a mis l’accent sur l’importance de cette coopération dans le domaine de la protection des enfants, avant de se féliciter de la signature, le 17 septembre 2013, de la déclaration conjointe du Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et du Département paix et sécurité de la Commission de l’Union africaine.  Elle a ajouté que les exemples du Mali et de la République centrafricaine montraient l’impact opérationnel entre l’ONU et l’Union africaine.  Concernant la situation au Soudan du Sud, la Représentante spéciale a rappelé les déclarations de l’IGAD et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Elle a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à prendre des mesures restrictives, à l’encontre de toute partie responsable de violations de la cessation des hostilités ou d’obstructions aux négociations politiques, voire de violations et abus des droits de l’homme. 

« C’est aussi dans des moments critiques que se mesure la vigueur d’un partenariat », a estimé Mme Lucas.  Par ailleurs, elle s’est félicitée des solides partenariats qui ont été établis à la fois entre l’ONU et l’Union européenne et entre l’ONU et l’Union africaine pour développer des synergies en matière de réponses immédiates aux crises, d’action humanitaire, de maintien et de consolidation de la paix et de développement qui bénéficient à l’Afrique.  « En 2016, a-t-elle précisé, plus de 17 000 militaires africains auront été formés avec l’appui des Européens, certains d’entre eux, au Mali et en Somalie, par des instructeurs luxembourgeois ».  Le Luxembourg, a-t-elle assuré, est favorable à un renforcement de la coopération triangulaire entre l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne.

M. OH JOON (République de Corée) s’est dit encouragé par le renforcement des échanges entre les deux organisations.  La coopération entre l’ONU et l’Union africaine s’est intensifiée dans le domaine essentiel du maintien de la paix, a-t-il noté, en précisant que l’Union africaine est désormais plus visible dans ce domaine.  C’est pourquoi, il faudrait améliorer ses moyens de réponse rapide en tenant compte des succès et des échecs de l’intervention de l’Union africaine au Soudan et en Somalie », a ajouté le représentant.  S’agissant de l’efficacité des opérations de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité, le représentant de la République de Corée a demandé aux États Membres de faire preuve de créativité pour garantir un financement durable.  La coopération entre les deux institutions doit être effective dès la phase de planification des efforts multilatéraux de maintien de la paix en Afrique, a-t-il en outre estimé. 

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a tout d’abord remercié tous les intervenants qui ont exprimé leur solidarité avec son pays, à la suite de l’attaque meurtrière perpétrée, aujourd’hui, contre une école de Peshawar.  Il s’est ensuite félicité des liens étroits qui existent entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine pour mettre en place des modèles opérationnels conjoints. Le financement du maintien de la paix devrait être prévisible et suffisant, a-t-il lui aussi insisté, en plaidant pour des mandats plus clairs et réalistes.  Compte tenu des contextes de plus en plus difficiles et instables dans lesquels les opérations sont déployées, la participation de l’Union africaine à l’élaboration des mandats serait utile dès les premières phases, a poursuivi le représentant.  Il faudrait améliorer les méthodes de travail des deux Conseils par le biais d’une meilleure communication, a-t-il ajouté.  Pour sa délégation, les pays et les organisations régionales possédant les capacités et les ressources devraient activement contribuer au renforcement des capacités des missions de la paix sur le terrain.  En outre, les leçons apprises devraient être mises en œuvre en gardant à l’esprit que « la régionalisation n’est pas un prétexte pour créer des disparités s’agissant des normes professionnelles exigées dans le cadre du maintien de la paix ».

M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a déclaré que la relation de son pays avec l’Afrique remontait aux périodes de luttes anticolonialistes.  L’Inde est le plus important contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il rappelé, en précisant qu’elle avait, depuis la création de l’Organisation, déployé 170 000 soldats et policiers.  Reconnaissant le rôle des organisations régionales, en particulier celui de l’Union africaine, M. Bishnoi a déclaré que le renforcement nécessaire de la coopération avec ces organisations régionales ne devrait pas occulter le rôle de chef de file de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité. 

« Les Nations Unies ne peuvent pas se désengager du continent africain en externalisant cette responsabilité auprès de mécanismes régionaux, dont le rôle n’est pas de se substituer à l’ONU », a tranché le représentant.  En matière de financement, il a recommandé au Conseil de sécurité de demander au Secrétaire général de présenter une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations de M. Romano Prodi, dont l’une était de se servir des fonds du budget des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour appuyer les opérations de l’Union africaine approuvées par le Conseil « pour une période n’excédant pas six mois ». 

M. NICK WESTCOTT, délégué de l’Union européenne, a rappelé que l’Union européenne entretenait depuis longtemps des partenariats avec à la fois l’Union africaine et les Nations Unies.  Dans la mesure où ces partenariats se recoupent de plus en plus en matière d’appui à la paix et à la sécurité, il a jugé opportun de réfléchir à la façon d’améliorer cette coopération tripartite.  L’Union européenne a appuyé la création de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et s’engage à aider à sa mise en œuvre à tous les niveaux, dans la limite de ses ressources et de ses obligations découlant des traités. 

Lors du Sommet Union européenne-Afrique qui s’est tenu à Bruxelles en mai dernier, la feuille de route adoptée a identifié des mesures à prendre, en particulier pour intensifier le dialogue politique sur la sécurité, la défense et la gestion des crises, pour opérationnaliser l’Architecture, notamment en appuyant la Force africaine en attente, et pour trouver des sources de financement durables à cette fin.  L’Union européenne, a précisé M. Wescott, a déboursé 1,2 milliard d’euros depuis 2004 pour appuyer les opérations de paix conduites par l’Union africaine à travers la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique, en particulier la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Ces opérations coûtent cher, a toutefois souligné le délégué.  C’est pourquoi, il est important que d’autres acteurs contribuent au renforcement de la capacité africaine, jusqu’à ce les pays africains soient eux-mêmes en mesure de couvrir les frais.  Au Mali, l’Union européenne organise des missions de formation civiles et militaires pour les forces armées maliennes.  Cette initiative s’inscrit dans une stratégie cohérente à moyen terme, a-t-il expliqué.  De même, dans la région des Grands Lacs, l’Union européenne a coopéré avec l’ONU et l’Union africaine pour résoudre les défis posés par le mouvement rebelle M23.  En conclusion, le délégué de l’Union européenne a souligné que les efforts visant à encourager la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et de l’ordre constitutionnel restaient fondamentaux pour prévenir les crises.   

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a relevé que les défis auxquels l’Union africaine avait fait face dans le passé avaient contribué à renforcer son expérience dans la prévention et le règlement de crises ou de conflits régionaux.  Il a déclaré que tout comme l’Afrique, l’Amérique du Sud œuvrait actuellement à l’élaboration d’une architecture de consolidation de la paix, sous les auspices de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) et du Conseil sud-américain de la défense.  Le représentant a déclaré qu’il incombait en premier lieu aux pays africains de régler les crises ou conflits de la région, en saluant, à cet égard, les efforts de stabilisation entrepris par l’Union africaine.

Le représentant a estimé que l’établissement du Bureau de l’Observateur permanent de l’Union africaine auprès de l’Organisation des Nations Unies en 2009 était une étape cruciale dans la coopération entre les deux organisations dans le domaine de la prévention des conflits, le maintien et la consolidation de la paix.  Il a précisé que cette coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans leur ensemble, conformément aux dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, ne doit pas donner lieu à un abus d’autorité du Conseil de sécurité.  M. Patriota a indiqué par ailleurs que le maintien de la paix internationale et de la sécurité en Afrique devrait aller au-delà des activités de maintien de la paix, et que cela devrait également intégrer la prévention des conflits, la consolidation de la paix, le développement économique solide, accompagné de la justice sociale et de la stabilité politique.  Il a enfin souhaité que des fonds adéquats soient mis à contribution dans le cadre du mandat des opérations de maintien de la paix.

M. PER THÖRESSON (Suède), qui s’exprimait au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), a souhaité tirer les leçons tirées de la coopération entre l’Union africaine et l’ONU, ainsi qu’au Darfour, au Mali et en République centrafricaine.  Il a conseillé de rechercher une plus grande complémentarité des rôles, ainsi que de discuter du renforcement des capacités et des questions de financement.  Le représentant s’est félicité de l’intention de l’Union africaine de développer ses capacités civiles et militaires de gestion des conflits, une tâche à laquelle les pays nordiques contribuent depuis longtemps.  Le rôle de l’Union africaine dans le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique devrait être renforcé davantage, grâce à une coopération plus étroite entre l’Architecture africaine de paix et sécurité et l’Architecture africaine de gouvernance.  M. Thörensson a ensuite souligné qu’il était important de faire participer plus activement les femmes dans les processus de prévention, de gestion et de règlement pacifique des conflits, en saluant à cet égard la nomination d’un envoyé spécial de l’Union africaine pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Il a aussi salué les efforts menés en vue de la reconstruction et de la réconciliation, en particulier l’Initiative de solidarité africaine.  En outre, il a mentionné le partage de connaissances entre les pays nordiques et l’Union africaine, en assurant que les pays de ce groupe souhaitaient s’engager encore plus dans ce sens.

M. RAJA REZA BIN RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) a salué les progrès de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, notamment dans les domaines de la médiation, et du maintien et de la consolidation de la paix.  La connaissance que les organisations régionales ont des réalités de leurs zones d’influence leur

permet de jouer un rôle clef en matière de maintien de la paix et d’être des partenaires privilégiés de l’ONU pour la gestion des conflits.  Il a par ailleurs plaidé pour l’harmonisation des approches de l’ONU et de l’Union africaine en matière de gestion des crises et dans le cadre du maintien de la paix.

Le représentant a en outre proposé que la communauté internationale apporte une contribution financière adéquate pour renforcer les opérations de maintien de la paix menées par l’Union africaine sous le couvert du mandat de l’ONU, proposant dans ce contexte que les États Membres de l’ONU s’acquittent de leur cotisation annuelle à temps et dans leur intégralité, afin que des fonds prévisibles soient disponibles pour répondre à ces besoins.

M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a suggéré au Conseil de sécurité et au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de mener leurs consultations annuelles dans un format qui permette une véritable discussion et un échange constructif.  Il a également suggéré de tenir ces consultations plus souvent, afin de permettre une conversation continue.  Il faudrait aussi, a-t-il ajouté, un échange d’informations constant et de meilleure qualité entre les deux organes.  Le représentant a apprécié la proposition du Tchad selon laquelle les membres africains du Conseil de sécurité pourraient assister en tant qu’observateurs aux réunions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  « Ma délégation salue aussi les idées suggérées lors du Séminaire de haut niveau tenu la semaine dernière sur la paix et la sécurité en Algérie, en particulier sur les moyens de resserrer les liens entre les pays africains membres du Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine », a-t-il ajouté.

La Nouvelle–Zélande est convaincue de la nécessité d’appuyer un leadership africain pour les efforts de résolution des conflits sur le continent, en particulier lors des premières étapes, lorsque les organisations régionales offrent un avantage comparatif par rapport à l’ONU.  Il a assuré que son pays avait ainsi appuyé les efforts menés par l’Union africaine au Mali, en République centrafricaine et en Somalie.  Il a par ailleurs invité le Conseil de sécurité à résoudre les problèmes de financement et de capacité des opérations menées par l’Union africaine.  Le représentant s’est dit cependant déçu par le manque de progrès sur cette question.  Avant de conclure, il a indiqué que son pays allait lancer le prochain « manuel de l’Unions africaine », en français et en anglais, lors du Sommet de janvier prochain.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a condamné d’emblée les attentats terroristes qui ont été perpétrés ce matin au Pakistan.  Il a ensuite souligné qu’il est important de renforcer les capacités de l’Union africaine dans le domaine de la gestion des conflits.  L’Égypte, a-t-il assuré, est engagée dans le processus de création de de la force d’intervention rapide de l’Union africaine qui devrait voir le jour en 2015.  Le représentant a précisé que le maintien de la paix implique aussi la consolidation de la paix, afin d’éviter que les pays sortant d’un conflit n’y sombrent pas à nouveau. 

Le représentant a également plaidé pour la mise en place d’un centre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement dans les nations en situation postconflit, en coopération avec l’ONU.  Il a prévenu que tous ces efforts n’aboutiraient pas à des résultats positifs si les fonds adéquats ne sont pas mis à contribution à cet effet.  Il a de ce fait invité l’ONU à renforcer son appui à l’Architecture africaine de paix et de sécurité.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a estimé que ce débat était organisé à point nommé, à un moment où l’Union africaine déploie d’immenses efforts pour régler les problèmes relatifs à la paix et à la sécurité auxquels l’Afrique est toujours confrontée.  Il s’est félicité des mesures prises visant à rendre pleinement opérationnelle l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Il a estimé que la mise en œuvre de l’Accord général de paix au Soudan, l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), ainsi que les missions en République centrafricaine et au Mali, étaient de bons exemples de coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Il a cependant reconnu que cette coopération n’avait pas encore déployé tout son potentiel.

Il faudrait établir des relations plus efficaces entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, a recommandé M. Boukadoum, en préconisant notamment d’organiser des réunions annuelles plus efficaces.  Il a aussi salué les résultats atteints lors des consultations entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’UA.  Il a cependant recommandé de renforcer cette coopération en développant un programme de suivi du Programme décennal de renforcement des capacités entre l’ONU et l’Union africaine de 2006.  Le représentant a aussi souhaité qu’il soit dûment tenu compte de la question critique du financement prévisible et durable des missions de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité.  Avant de conclure, il a encouragé le Conseil de sécurité à s’engager de manière plus active avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, en se basant sur le respect mutuel, l’appropriation africaine, la prise de décision consultative, la division du travail et le partage des responsabilités.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a plaidé pour une appropriation africaine de la résolution des conflits en Afrique.  « Les Africains savent ce qu’ils sont, mieux que quiconque », a-t-il affirmé, en ajoutant que « les efforts de médiation politique et les opérations de paix en Afrique peuvent réussir mieux s’ils sont menés de façon à respecter la culture et la tradition africaines ».  Il a ainsi évoqué la gestion de crise que l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont assurée dans le contexte de la crise ivoirienne. 

Le représentant a en outre souligné que bien que la responsabilité première de financement du maintien de la paix en Afrique incombait à l’Union africaine, l’ONU doit continuer de s’engager avec l’UA afin d’examiner comment améliorer la prévisibilité, la durabilité et la flexibilité du financement des opérations de l’Union africaine mandatées par le Conseil de sécurité.  Il a affirmé que le Japon continuait à augmenter ses contributions financières à travers le Fonds pour la paix de l’Union africaine, dont le montant total s’élève maintenant à 12 millions de dollars.

M. TIM MAWE (Irlande) a souligné que près de 50% des 100 000 Casques bleus déployés actuellement par les Nations Unies sont postés dans des pays africains.  Il a salué la contribution des pays africains aux missions les plus difficiles, comme celles au Mali et en République démocratique du Congo (RDC).  Il s’est félicité de la création du Groupe de haut niveau chargé d’examiner les opérations de paix, présidé par M. José Ramos Horta, et il a dit attendre avec intérêt l’engagement actif de ce groupe au cours des prochains mois.  Les deux organisations doivent accorder une attention particulière à la protection des civils qui, a-t-il rappelé, doit être au cœur des mandats des opérations de maintien de la paix. 

Il faudrait donner aux missions de l’Union africaine la capacité de protéger les civils, a insisté le représentant, qui a aussi suggéré aux Nations Unies de chercher des moyens de développer les capacités internes des pays, en particulier les institutions de police, les tribunaux et les autorités locales, afin de permettre aux pays affectés par les conflits de construire la paix.  M. Mawe a cependant souligné qu’il restait encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne la transition des missions, le renforcement des capacités logistiques des forces de l’Union africaine et les problèmes de longue date de financement des missions.  L’Irlande, a assuré M. Mawe, contribue à la formation des forces de sécurité africaines en Somalie et au Mali.

M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie) a estimé que l’évolution des dynamiques en matière de paix et de sécurité internationales exige un recalibrage de la réponse internationale.  Cette réalité, couplée aux restrictions budgétaires que vit l’ONU, a-t-il indiqué, appelle à un renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a rappelé que la Turquie participait à un certain nombre d’opérations de maintien de la paix en Afrique en fournissant des fonds et des personnels.  Par ailleurs, il a souhaité que le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine soit renforcé, notamment dans des domaines comme le renforcement des capacités institutionnelles, la réforme du secteur de la sécurité, la protection des civils, les droits de l’homme, l’intégration de la dimension sexospécifique et la lutte contre la criminalité organisée. 

M. Çevik a en outre souligné que le lien entre la sécurité et le développement exigeait un plus grand soutien de la communauté internationale aux efforts de développement.  La Turquie va verser 5 millions de dollars pour la lutte contre l’Ebola, a annoncé le représentant.  Il a aussi souligné que la Turquie était engagée dans la reconstruction de la Somalie, et que l’Agence de coopération et de développement turque (TIKA) assurait la mise en œuvre de projets de développement dans 36 pays africains.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a souligné l’importance, dans les opérations de maintien de la paix, du respect du principe de non usage de la force sauf en cas de légitime défense, ainsi que des principes d’égalité de souveraineté, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale et de non intervention dans des questions qui relèvent de la juridiction nationale.  Il a par ailleurs demandé de mettre en œuvre efficacement le plan décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine.  Le représentant a recommandé le renforcement d’un partenariat efficace entre l’ONU et l’Union africaine afin de mieux planifier le déploiement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.  Il est nécessaire, a-t-il souligné, de se concentrer sur l’aide au développement dans les régions sortant de conflit. 

Sa délégation se félicite des mesures prises par le Soudan et le Soudan du Sud pour régler leurs différends par des moyens pacifiques, a-t-il indiqué, en appelant à ce que ces questions soient réglées sous l’égide du Groupe de haut niveau de mise en œuvre de l’Union africaine.  Le représentant a salué, par ailleurs, la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, en souhaitant qu’elle soit mise en œuvre grâce à une étroite collaboration entre les États du Sahel, d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb, ainsi qu’avec l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté des États sahélo-sahariens et l’Union du Maghreb arabe.

M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie) a affirmé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, notamment l’Union africaine, est un engagement multilatéral majeur qui doit être encouragé, soutenu et renforcé.  Il a invité l’ONU et l’Union africaine à poursuivre le renforcement de leur relation, et à développer un partenariat plus efficace, par exemple par des planifications communes avant tout déploiement d’opération de maintien de la paix, afin, a-t-il expliqué, de promouvoir la compréhension commune et rendre ces opérations plus efficaces.  Le représentant a par ailleurs souligné le besoin d’assurer un financement prévisible et durable pour les missions sous conduite africaine, mandatées par le Conseil de sécurité de l’ONU.

M. KAREL VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a suggéré d’adopter des approches nouvelles pour faire face à des conflits qui évoluent, faisant référence aux nouvelles menaces comme le terrorisme et l’épidémie causée par le virus Ebola.  Le renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine est de l’intérêt de tous les pays, a-t-il assuré.  Les Pays-Bas déploient du personnel dans plusieurs missions de maintien de la paix, notamment au Mali, et fournissent un appui logistique au maintien de la paix, en particulier dans la lutte contre la piraterie, a assuré M. Van Oosterom.  Sa délégation est convaincue qu’il faudrait adopter une approche globale au maintien de la paix, afin d’aboutir à des résultats plus viables.  Le représentant a souligné l’importance de la prévention, grâce aux instruments de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, en soutenant que la prévention contribuait à sauver des vies humaines.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a dit encourager le renforcement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales.  Il a noté que plus de la moitié des effectifs des opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont fournis par des pays africains.  L’évolution des mandats des missions de paix au Mali et en République centrafricaine ont permis de renforcer le partenariat opérationnel entre l’ONU et l’Union africaine. 

L’expérience de nombreuses missions de maintien de la paix de l’ONU et de l’Union africaine montre que la réforme du secteur de la sécurité, menée par des autorités nationales, pourrait permettre de toucher aux racines mêmes des conflits, et créer un environnement propice à une paix durable.  Le représentant a enfin rappelé que du 24 au 26 novembre dernier, la Slovaquie, en partenariat avec l’Union africaine, a organisé un forum sur la réforme du secteur de la sécurité à Addis-Abeba, en Éthiopie, ainsi qu’un débat sur la réforme du secteur de la sécurité dans la Corne de l’Afrique à Nairobi, au Kenya, le 26 novembre.  Ces deux évènements ont permis de mettre en lumière le rôle des organisations régionales et sous-régionales dans le cadre de la réforme du secteur de la paix et de la sécurité, a-t-il assuré.

M. PENDAPALA NAANDA (Namibie) a souligné l’importance de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en donnant les exemples des interventions opportunes de l’Union africaine dans les conflits au Soudan, en Somalie, en République démocratique du Congo (RDC), en République centrafricaine et au Mali.  Les Nations Unies, a-t-il fait remarquer, ont une longue expérience dans les opérations de maintien de la paix et leurs meilleures pratiques sont essentielles à ce partenariat.  Il est utile que les rôles des uns et des autres soient basés sur les avantages comparatifs qu’offre chacune des organisations.  Si, en vertu de l’Article 24 de la Charte des Nations Unies, il incombe en premier lieu au Conseil de sécurité d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la Charte prévoit aussi que les organisations régionales doivent jouer un rôle dans ce domaine, a-t-il rappelé. 

Le représentant a expliqué que l’expérience de son pays dans sa région, au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), lui permettait de mieux comprendre les avantages comparatifs de chacun.  En 1998, par exemple, l’organe de la SADC chargé de la politique, de la défense et de la sécurité a autorisé une intervention au Lesotho après la contestation d’élections parlementaires, a-t-il rappelé.  À la suite du coup d’État à Madagascar, en 2009, l’Union africaine avait suspendu le statut de membre de ce pays et la SADC avait conduit le processus de médiation.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a estimé que mettre fin à l’impunité et promouvoir la justice et la réconciliation demeuraient l’un des objectifs majeurs visant à guider le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine.  Il a ainsi invité ces deux organisations à développer un cadre relatif à la justice transitionnelle, axé en particulier sur le thème de l’impunité et des liens entre ce concept et la paix, la justice et la réconciliation.  Le représentant a également plaidé pour un renforcement de la coordination entre l’ONU et l’Union africaine afin d’éviter les doublons.  « Mon pays a proposé, pour renforcer concrètement le lien entre les deux entités, d’établir un comité de sanctions, de développer une mémoire institutionnelle commune et d’intégrer aux travaux de la Direction sur le genre de l’Union africaine un volet consacré à la paix et à la sécurité. » 

Mme EMILIA GATTO (Italie) a invité à utiliser les avantages comparatifs des organisations régionales.  Elle a aussi apprécié les efforts de l’Union africaine pour renforcer ses capacités de prévention et de résolution de conflits, ainsi que dans le maintien de la paix et dans la recherche de solutions aux problèmes africains.  Elle a indiqué que son pays soutenait depuis longtemps l’Union africaine, politiquement et financièrement, tant de façon bilatérale que par le biais de l’Union européenne.  Elle a aussi donné l’exemple des contributions financières de l’Italie pour les besoins de l’AMISOM en matière de sécurité. L’Italie assure en outre le commandement de la mission de formation de l’Union européenne en Somalie. 

Sur le plan politique, l’Italie a toujours appuyé le rôle de l’Union africaine, a assuré la représentante.  Son pays a toujours encouragé l’interaction entre l’Union africaine et les organisations sous-régionales.  Elle a émis l’espoir que l’examen de la collaboration entre l’ONU et les organisations régionales aboutira à partager des idées innovantes.  S’agissant de la question des drones, elle a invité le groupe d’experts chargé de cette question à examiner plus avant les technologies modernes dans les opérations de paix, tout en gardant à l’esprit les préoccupations des États Membres.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a prôné l’adoption, par l’ONU et l’Union africaine, d’approches innovantes et souples basées sur le principe de complémentarité et d’avantages comparés.  Il a suggéré, à cette fin, de s’inspirer des résultats obtenus par la MINUAD et l’AMISOM en matière d’appui politique, de déploiement rapide de forces et de protection des civils.  Il est indispensable de se baser sur ces expériences pour améliorer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine dans les domaines stratégique et opérationnel.  Le représentant a émis l’espoir que l’examen complet du Groupe de haut niveau reflétera cette priorité.

M. KINTU NYAGO (Ouganda) a souligné la complémentarité naturelle entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a estimé que le Conseil de sécurité de l’ONU devrait intervenir sur le continent africain pour appuyer les efforts déployés par les organisations régionales et sous-régionales.  C’est particulièrement vrai dans le cadre du partenariat établi entre l’ONU et l’Union africaine au sein de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), à laquelle contribue l’Ouganda.  Cette relation doit être revitalisée, « car la paix dans la Corne de l’Afrique en dépend », a souligné le représentant.  C’est la raison pour laquelle sa délégation a demandé que lors du réexamen du mandat de l’AMISOM, il faudrait envisager un renforcement de ses capacités militaires et opérationnelles.

M. RIADH BEN SLIMAN (Tunisie) a souligné les liens organiques entre l’Union africaine et l’ONU et rappelé que l’Afrique occupait la plus grande part de l’attention de l’ONU.  « 50% des opérations de maintien de la paix, 80% des Casques bleus et 70% du budget du maintien de la paix sont consacrés à l’Afrique. »  Il a ensuite indiqué que le partenariat étroit entre les deux organisations, basé sur les avantages comparatifs de chacune d’entre elles, permettait de renforcer leur capacité d’adaptation aux nouvelles menaces.  Le délégué de la Tunisie a cité la transformation de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) en Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) comme étant un exemple qui illustre l’approche flexible qui prévaut désormais entre l’Union africaine et l’ONU.

M. Sliman a ensuite soutenu l’idée de poursuivre la réflexion sur les enseignements tirés du passage des opérations de l’Union africaine aux opérations de la paix de l’ONU afin d’éviter les délais parfois trop longs pour le déploiement d’une nouvelle opération.  « Il importe d’explorer la possibilité de mettre en place un système de forces et moyens en attente en vue d’intervenir rapidement en cas de crise, en se basant sur un système de données d’alerte rapide. »  En conclusion, le délégué de la Tunisie a rappelé qu’un financement flexible, durable et planifié demeurait une condition cruciale à la réussite des opérations de maintien de la paix.

 

 

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