7318e séance – après-midi
CS/11663

Paix et sécurité en Afrique: le Conseil de sécurité met l’accent sur la nécessité de préparer l’après-Ebola

Le Chef de la MINUAUCE réaffirme l’importance d’appuyer financièrement l’adaptation de la réponse à l’épidémie

Le Conseil de sécurité s’est penché, cet après-midi, sur l’évolution de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.  Le Chef de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE), M. Antony Banbury, a confirmé à ses membres le chiffre de plus 5 400 personnes décédées depuis la déclaration de l’épidémie, il y a huit mois.  « Les pays les plus touchés restent le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée », a-t-il rappelé, en faisant part de l’inquiétude des acteurs de la réponse à Ebola face à la propagation de la maladie au Mali.  « Les projections les plus pessimistes à l’échelle régionale, heureusement, ne se sont pas réalisées mais la menace reste réelle et d’ampleur mondiale », a-t-il toutefois indiqué depuis Accra, au Ghana. 

Deux mois après avoir adopté la résolution 2177 (2014) reconnaissant que cette épidémie « d’une ampleur sans précédent » constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales, le Conseil de sécurité, qui s’est réjoui d’un ralentissement dans la diffusion du virus hémorragique, a souligné la nécessité de préparer l’après-Ebola.  À cette fin, il a souligné, dans une déclaration présidentielle, qu’il comptait sur l’aide apportée par la Commission de consolidation de la paix (CCP), à l’ordre du jour de laquelle figurent les trois pays les plus affectés.  Le Conseil souligne également dans ce texte « l’importance pour la MINUAUCE de continuer à renforcer sa coordination avec les Gouvernements guinéen, libérien et sierra-léonais et tous les acteurs nationaux, régionaux et internationaux ».

La question des ressources devant soutenir la réponse immédiate et à long terme à Ebola a été au centre d’un débat organisé à la demande des États-Unis.  Le principal enjeu, qui a été maintes fois rappelé, est d’empêcher que les efforts de développement entrepris de longue haleine pour avancer sur la voie de la démocratie ne soient réduits à néant par la maladie.  Sur ce point, la représentante de la Jordanie a souligné que, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’épidémie, si elle n’est pas stoppée, pourrait coûter à l’Afrique de l’Ouest quelque 30 milliards de dollars.  Les délégations ont par ailleurs été averties par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour l’Ebola, M. David Nabarro, que le montant des besoins financiers pour répondre efficacement à l’Ebola s’élevait désormais à 600 millions de dollars.  À cet égard, M. Banbury a précisé que la Guinée était, des trois pays les plus touchés, celui qui avait le plus besoin de moyens d’urgence.  « C’est en Guinée que la gestion de la crise est la plus difficile, en raison du manque de ressources reçues mais aussi du contexte sécuritaire et de la configuration géographique du pays », a-t-il ainsi précisé.

« Le taux de mortalité a baissé pour la première fois depuis le début de l’épidémie et on observe une stabilisation des cas à Conakry, Coyah et Macenta », a répondu le représentant guinéen, M. Mamadi Touré, qui a toutefois signalé une augmentation des cas dans les zones plus reculées.  « La lutte contre l’épidémie s’intensifie à travers la sensibilisation des populations à l’aide de supports de communication adaptés, la mise en place d’un système d’alerte précoce, les enterrements sécurisés par une équipe de la Croix-Rouge guinéenne et l’identification des contacts », a-t-il assuré.  Pour le Chef de la MINUAUCE, le succès ne pourra être complet si l’action n’est pas menée en dehors des capitales et si la volonté politique des autorités fléchit.

« Pour le Gouvernement libérien, la prochaine étape est d’améliorer les centres de soins à travers tout le pays en leur fournissant matériel, équipements et fournitures médicales », a expliqué la représentante du Libéria, Mme Marjon Kamara, avant de réaffirmer l’importance de sécuriser le soutien des partenaires internationaux.  Pour souligner le caractère multidimensionnel de la crise sanitaire, elle a annoncé que les élections sénatoriales, qui avaient été suspendues après que l’épidémie s’est déclarée, se tiendront le 16 décembre prochain.  « Conscient que la maladie se transmet rapidement par contact, le Gouvernement du Libéria a décidé de limiter au maximum les rassemblements pendant la campagne électorale », a fait savoir Mme Kamara, qui a indiqué que la Présidente Ellen Johnson Sirleaf avait lancé un appel au peuple pour qu’il respecte cette directive.

Le représentant du Mali, M. Dianguina Doucouré, a évoqué, de son côté, les mesures préventives prises par le Ministère de la santé et de l’hygiène publique de son pays, en citant notamment le renforcement du contrôle sanitaire aux frontières terrestres et aéroportuaires, ainsi que la mise en place d’une équipe d’intervention rapide.  Le représentant de la Sierra Leone, M. Vandi Chidi Minah, a estimé, quant à lui, que c’était grâce au changement des conceptions traditionnelles des communautés locales qu’il serait possible de faire la différence.  C’est également sur ce point qu’a insisté la délégation de l’Argentine.  « Il est difficile de faire des projections car on ne peut pas prévoir exactement l’évolution de l’épidémie.  La seule chose sûre et évidente, c’est que la peur doit laisser place à la solidarité », a ainsi déclaré l’Ambassadrice Maria Cristina Perceval, qui a rendu hommage au rôle « crucial » des communautés dans la réponse efficace à Ebola.  Elle a par ailleurs demandé aux autres pays de s’inspirer des États-Unis et de la Chine « qui investissent à la fois dans l’aide immédiate et à long terme en Afrique ».

La représentante américaine, Mme Samantha Power, a indiqué que son pays allait axer son action sur la résilience des systèmes de santé nationaux, tandis que son homologue de la Chine, M. Liu Jieyi, a relevé que son pays avait d’ores et déjà consacré 122 millions de dollars et, qu’à présent, il réfléchissait à la création d’un centre de recherche sur les pathogènes menaçant les pays du continent africain.

Les intervenants ont aussi insisté sur l’importance de ne pas stigmatiser les personnes infectées ou guéries et pour que les médias participent activement à la riposte contre l’épidémie.  Le Conseil de sécurité conclut d’ailleurs sa déclaration en s’inquiétant « des effets préjudiciables que l’isolement a sur les pays touchés du fait des restrictions en matière de commerce et de déplacements qui leur ont été imposées, ainsi que des actes de discrimination à l’encontre des ressortissants guinéens, libériens, maliens et sierra-léonais, y compris des survivants de l’Ebola, de leur famille ou de ceux atteints de la maladie ».

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité se dit de nouveau gravement préoccupé par l’ampleur sans précédent de l’épidémie due au virus Ebola en Afrique, qui constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, et ses conséquences pour l’Afrique de l’Ouest, en particulier le Libéria, la Guinée et la Sierra Leone. Il remercie les États Membres de la région pour les contributions cruciales qu’ils ont apportées et l’engagement qu’ils ont pris de continuer de piloter l’action menée sur le terrain contre l’épidémie, de remédier aux conséquences d’ordre politique, socioéconomique et humanitaire de l’épidémie sur les populations, y compris la sécurité alimentaire, ainsi qu’aux conséquences en matière de sécurité, et de faire face à la nécessité de planifier la reprise à long terme dans la région, notamment avec l’aide de la Commission de consolidation de la paix. Le Conseil souligne qu’il faut continuer de retrouver systématiquement les personnes avec qui les malades ont eu des contacts, d’assurer la mobilisation sociale et de promouvoir l’action communautaire, en particulier en dehors des grandes zones urbaines des pays les plus touchés.

Le Conseil souligne l’importance pour la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) de continuer à renforcer sa coordination avec les Gouvernements guinéen, libérien et sierra-léonais et tous les acteurs nationaux, régionaux et internationaux, y compris les partenaires bilatéraux et les organisations bilatérales, notamment l’Union du fleuve Mano, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, l’Union européenne, le Groupe de la Banque mondiale et les organismes des Nations Unies, afin de déterminer plus rapidement les lacunes dans la riposte à la crise, et d’utiliser plus pleinement et plus efficacement toute l’assistance fournie à cet égard, en particulier au niveau local. Il demande à cet égard au Secrétaire général d’accélérer les efforts pour renforcer la présence et les activités de la MINUAUCE dans les districts et les préfectures, à l’extérieur des capitales.

Le Conseil se déclare préoccupé par les infections au virus Ebola signalées récemment au Mali. Il apprécie les importantes mesures prises par le Gouvernement malien, notamment la nomination d’un coordonnateur de la lutte contre Ebola, qui est chargé de diriger l’action menée à cet égard par l’ensemble des pouvoirs publics. Le Conseil affirme qu’il importe que tous les États Membres se préparent à détecter, prévenir et isoler les cas suspects d’infection au virus Ebola à l’intérieur et au-delà de leurs frontières, et à renforcer l’état de préparation de tous les pays de la région. Il rappelle le Règlement sanitaire international (2005), qui vise à renforcer les moyens dont disposent tous les pays pour détecter, évaluer et notifier les menaces pesant sur la santé publique et y faire face.

Le Conseil se félicite de l’action menée par la MINUAUCE pour assurer la direction générale de la riposte opérationnelle du système des Nations Unies, comme l’a demandé l’Assemblée générale des Nations Unies. Le Conseil souligne qu’il faut que les entités compétentes du système des Nations Unies, y compris les opérations de maintien de la paix et missions politiques spéciales en Afrique de l’Ouest, en étroite collaboration avec la MINUAUCE et dans les limites de leurs mandats et capacités existants, fournissent une assistance immédiate aux gouvernements des pays les plus touchés.

Le Conseil salue l’action primordiale, héroïque et dévouée des personnes intervenant en première ligne dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest, y compris les secouristes sanitaires et humanitaires, les éducateurs et les équipes d’enterrement nationaux, ainsi que les secouristes sanitaires et humanitaires internationaux détachés par les États Membres de diverses régions et par des organisations non gouvernementales et intergouvernementales. Il exprime ses condoléances aux familles des victimes de l’épidémie, y compris les personnes intervenues en première ligne aussi bien nationales qu’internationales. Il engage instamment tous les États Membres et toutes les organisations non gouvernementales, intergouvernementales et régionales à continuer de répondre aux besoins non encore satisfaits en personnel médical, ainsi qu’en personnel spécialisé dans des domaines essentiels tels que l’hygiène et l’assainissement.

Le Conseil souligne qu’il importe au plus haut point de prendre des dispositions essentielles, notamment de mettre en place des capacités d’évacuation médicale, de transport et de traitement, pour faciliter le déploiement immédiat, durable et sans entrave des secouristes sanitaires et humanitaires dans les pays touchés. Il se félicite des mesures annoncées par les États Membres et les organisations régionales tendant à fournir des capacités d’évacuation médicale des secouristes sanitaires et humanitaires, ainsi que d’autres formules de traitement sur place.

Le Conseil prend note des efforts considérables que fait la communauté internationale pour intensifier la riposte coordonnée à l’épidémie d’Ebola et des progrès importants accomplis sur le terrain grâce à ces contributions. À cet égard, il félicite les États Membres qui, de concert avec d’autres acteurs sur le terrain, ont ouvert des centres de traitement de la maladie à virus Ebola et fourni d’autres formes d’appui essentielles aux pays touchés. Il engage instamment tous les États Membres, partenaires bilatéraux et organisations multilatérales à accélérer la fourniture de ressources et d’une assistance financière, ainsi que de laboratoires mobiles; d’hôpitaux de campagne pour dispenser des soins médicaux ne concernant pas la maladie à virus Ebola; de personnel et de services cliniques spécialisés dans les centres de traitement de la maladie à virus Ebola et les lieux d’isolement; de traitements, de vaccins et de matériel de diagnostic pour traiter les malades et limiter ou prévenir la propagation de l’infection ou de la transmission du virus; de matériel de protection pour les personnes qui interviennent en première ligne. Il demande aux États Membres, en particulier ceux de la région, de faciliter immédiatement la livraison d’une telle assistance aux pays les plus touchés.

Le Conseil souligne que la dynamique des besoins sur le terrain dans les pays les plus touchés exige que la riposte de la communauté internationale reste souple, afin qu’elle puisse s’adapter à l’évolution des besoins et à la nécessité de réagir rapidement face aux nouvelles poussées épidémiques.

Le Conseil engage instamment les États Membres, ainsi que les compagnies aériennes et maritimes, à veiller, tout en appliquant les protocoles appropriés en matière de santé publique, à maintenir les liens de commerce et de transport avec les pays les plus touchés, afin que tous les efforts visant à endiguer l’épidémie à l’intérieur des frontières de la région et au-delà puissent être pleinement mis à profit. Tout en ayant conscience de l’importance que des mesures de dépistage adaptées peuvent jouer pour empêcher l’épidémie de se propager, il continue de s’inquiéter des effets préjudiciables que l’isolement a sur les pays touchés du fait des restrictions en matière de commerce et de déplacements qui leur ont été imposées, ainsi que des actes de discrimination à l’encontre des ressortissants guinéens, libériens, maliens et sierra-léonais, y compris des survivants de l’Ebola, de leur famille ou de ceux atteints de la maladie.

Déclarations

M. ANTHONY BANBURY, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE), est revenu sur les derniers développements concernant la propagation de l’épidémie causée par le virus Ebola et les efforts consentis par la Mission pour y répondre d’urgence.  « La Mission a été déployée au moment où l’épidémie connaissait une accélération effroyable. »  « Les projections les plus pessimistes, heureusement, ne se sont pas réalisées mais la menace reste réelle et d’ampleur mondiale », a-t-il ajouté.  Le Chef de la Mission a noté que depuis la réunion du Conseil du 18 octobre consacrée à cette question, plus de pays étaient menacés directement.  Or, ceux qui présentent le plus de risques, a-t-il fait observer, ne sont pas dotés des moyens pour riposter. 

Abordant la situation dans les trois pays les plus touchés, le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée, il a reconnu qu’elle restait grave et porteuse de défis complexes.  M. Banbury a confirmé le bilan de plus de 5 400 personnes décédées, en ajoutant que ce chiffre était sûrement inférieur à la réalité.  « Le virus va continuer à tuer mais, au-delà du coût humain, il nous faudra réagir au coût social et économique qui est colossal au quotidien pour les populations », a-t-il déclaré.  « Le Ministre libérien des finances m’a dit que l’économie du Libéria allait connaître une contraction de 0,4% ».  « Ebola a fait des milliers d’orphelins qu’il faut prendre en charge, les écoles du pays sont fermées.  Selon la Banque mondiale, 46% des travailleurs sont maintenant au chômage », a détaillé M. Banbury. 

Pour lui, les besoins financiers augmentent au fur et à mesure de la propagation du virus Ebola, « tandis que les contributions se font rares ».  « Face aux défis opérationnels, l’ONU forge des outils de surveillance et de communication jour après jour pour lutter contre un ennemi invisible », a-t-il fait savoir, en insistant sur la nécessité pour la Mission de continuer à mobiliser la volonté politique et les ressources nécessaires à une lutte durable contre cette maladie.  « Nous avons réussi en trois mois à déployer des capacités considérables sur le terrain, un effort qui prend d’habitude au moins six mois dans le cadre des missions classiques », s’est-il réjoui.  Après avoir précisé que la priorité était d’assurer une présence dans les zones les plus reculées des trois pays, il a déclaré que l’ONU au Mali concentrait tous ses efforts pour prévenir une plus grande propagation du virus.

« Nous devons agir vite, au plus tôt pour mettre la situation sous contrôle », a-t-il insisté.  « Traitements, inhumations sans risque, établissement de fiches de traçage de sujets-contacts: toutes ces tâches sont coûteuses en temps et en énergie, mais aussi en ressources », a poursuivi le Chef de mission.  Il s’est félicité des résultats importants obtenus à ce stade, en rendant hommage en particulier aux autorités des pays, aux ONG et aux associations, « et surtout à Médecins sans frontières ».  « Nous commençons à déceler des améliorations. »  « Je le redis, les scénarios d’augmentation exponentielle ne se sont pas réalisés. »  « Mais pour atteindre l’objectif de 55% d’isolement, plus de 80% d’inhumations sans risque et à court terme de zéro infection, nous aurons besoin de plus de moyens pour continuer à adapter notre réponse », a expliqué M. Banbury.  Ainsi, il a précisé qu’en Guinée, la gestion de la crise était plus difficile en raison du manque de ressources reçues mais aussi du contexte sécuritaire et de la configuration géographique du pays.  « Nous devons cibler plus de ressources pour la Guinée », a-t-il souligné.  Par ailleurs, il a reconnu le rôle des communautés dans les résultats obtenus: « elles agissent de plus en plus d’elles-mêmes, cherchent à mieux se protéger ».  Pour M. Banbury, le succès ne pourra être complet si l’action n’est pas menée en dehors des capitales et si la volonté politique des autorités fléchit.  « Les gouvernements, a-t-il insisté, doivent continuer de jouer un rôle de chef de file avec la Mission et les autres cellules de gestion de crise. »  « Nous devons agir pour vaincre la maladie et pas simplement réagir à la maladie », a-t-il dit avant de conclure.

M. DAVID NABARRO, Envoyé spécial du Secrétaire général contre l’Ebola, a rappelé qu’il y a deux mois, le Conseil de sécurité adoptait la résolution 2177 (2014) lors d’une séance mémorable, et que celle d’aujourd’hui ne l’était pas moins.  « Pourquoi? Pour deux raisons: l’espoir et la peur », a-t-il répondu.  L’espoir, tout d’abord, parce que des signes positifs nous parviennent, notamment en provenance du Libéria, s’est-il félicité.  La peur aussi, parce que ce virus ne pardonne pas, a ajouté l’Envoyé spécial, qui a jugé que toute complaisance serait fatale.  Depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité en date sur ce sujet, les capacités de réponse des autorités nationales et locales se sont considérablement renforcées et la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) joue un rôle pivot de coordination à cet égard.  Si le nombre de cas continue d’augmenter, le taux d’infection a commencé à ralentir, a relevé M. Nabarro, qui a toutefois fait état d’une expansion géographique de l’épidémie et de la persistance de « points chauds » dans le nord de la Guinée, l’ouest de la Sierra Leone et l’apparition d’une « nouvelle chaîne de transmission » au Mali.  Cette situation, a-t-il averti, exige une vigilance et une réponse bien adaptée à l’évolution de la crise. 

C’est d’abord aux communautés qu’il faut rendre hommage pour les progrès réalisés dans la lutte contre l’Ebola et pour avoir accepté de renoncer à des pratiques traditionnelles établies depuis des générations, a poursuivi l’Envoyé spécial, qui a également souligné l’importance de la « mobilisation sociale », qu’il s’agisse d’enterrer les victimes de l’épidémie ou de fournir des soins aux malades, tout en limitant le contact physique avec eux.  Cela signifie aussi que des traitements et des unités de soins doivent être disponibles pour des personnels compétents sur place et une identification des cas d’Ebola.  Rappelant que la propagation de cette maladie crée une situation d’urgence complexe, M. Nabarro a encouragé toutes les parties engagées dans la lutte à aligner leur soutien. 

Si l’objectif initial de verser, dans un premier temps, 100 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale pluripartenaires a été rempli, il n’en reste pas moins que le système des Nations Unies aura besoin de 1,5 milliard de dollars d’ici à mars 2015, a expliqué M. Nabarro.  « Beaucoup de promesses de contributions ont été faites » mais, a-t-il fait remarquer, il manque toujours 700 millions de dollars.  Une autre priorité immédiate, a souligné l’Envoyé spécial, c’est la mise à disposition d’un personnel de santé compétent, en particulier au Libéria et en Guinée.  Avant de conclure, il a expliqué qu’il ne faudrait pas négliger de mettre l’accent sur le relèvement et la résilience communautaire.

M. THOMAS MAUGET, Chef de la Croix-Rouge française en Guinée, a expliqué que l’épidémie d’Ebola frappe durement la localité de Macenta, située dans le sud-est de la Guinée, où son organisation s’efforce de la combattre, avec le soutien des personnels guinéens et internationaux.  Leur sécurité dans le cadre de cette opération est aussi une priorité, a souligné M. Mauget.  Ces dernières semaines ont été marquées par la résurgence de l’épidémie, y compris dans des foyers où elle était supposément éteinte.  Face à une épidémie qui « nous précède, et nous contraint à réagir », la Croix-Rouge a lancé une réponse qui s’appuie sur quatre piliers: la prise en charge des malades, la désinfection, les enterrements dignes et le soutien psychosocial. 

M. Mauget a ensuite rendu hommage aux volontaires guinéens qui répondent aux alertes.  « Venir chercher des malades et ramener des corps dans des sacs est un défi terrible que le personnel local guinéen relève chaque jour », a-t-il déclaré.  Notre rôle, comme celui de la communauté internationale, est aussi « d’aider ceux qui aident, dans chaque communauté et dans chaque foyer épidémique », a-t-il affirmé.  Malheureusement, la tâche des travailleurs guinéens est entravée par les populations locales elles-mêmes.  Au cours des réunions de coordination matinale, la localisation des nouveaux foyers est à l’ordre du jour.  Les équipes s’y rendent alors, « mais nous nous heurtons à des résistances culturelles très fortes », a regretté le Chef de la Croix-Rouge.  Pour réussir, a-t-il assuré, nous devons gagner la confiance des populations locales, et pouvoir compter sur des spécialistes de l’eau et de l’assainissement, ainsi que sur des logisticiens, parmi d’autres personnels qualifiés.  L’engagement des États à assurer les évacuations sanitaires des malades, qu’elle que soit leur nationalité, est également une nécessité, a ajouté M. Mauget.

Mme JULIE BISHOP, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a invité la communauté internationale à éviter le piège de la complaisance dans ses efforts contre l’épidémie d’Ebola.  « Les gains enregistrés à ce jour pourraient être facilement remis en cause », a-t-il en effet expliqué.  Si la propagation du virus s’est ralentie dans certaines zones –moins de 80 nouveaux cas ont ainsi été recensés la semaine dernière au Libéria-, il ne continue pas moins de se répandre.  Citant les exemples du Nigéria et du Sénégal qui ont réussi à stopper l’épidémie, il a appelé les pays de la région à intensifier leur vigilance pour diminuer encore les risques.

Le délégué a ensuite affirmé que la riposte devait s’adapter à la nature évolutive de l’épidémie, avec l’envoi de personnel de santé dans les zones enregistrant des flambées.  « La MUNUAUCE doit envoyer les informations permettant d’identifier les lacunes dans notre réponse afin de les combler dans les plus brefs délais. »

Le délégué a enfin détaillé l’effort de son pays dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola, indiquant notamment que la contribution de son pays au Fonds d’affectation spéciale s’élevait à 10 millions de dollars des États-Unis.  Il a aussi précisé que l’aide apportée par l’Australie aux pays voisins, tels que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Timor-Leste et les États insulaires du Pacifique, pour renforcer leurs capacités préventives s’élevait à 2 millions de dollars.  « Au total, l’engagement de l’Australie pour lutter contre l’épidémie s’élève à 42 millions de dollars. »

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a déclaré qu’Ebola avait encore gagné du terrain depuis l’établissement de la MINUAUCE.  Elle a toutefois relevé que 98% des inhumations ne présentaient plus de risques pour les personnels de santé présents dans les pays touchés par l’épidémie.  La représentante a également salué les progrès réalisés dans le dépistage d’Ebola: « Alors qu’avant, il fallait cinq jours pour obtenir les résultats, il n’en faut désormais plus que trois ou quatre.  Auparavant, il n’y avait que peu de districts capables de transmettre des échantillons aux laboratoires d’analyse, ils sont aujourd’hui tous en mesure de le faire sous 24 heures », a souligné Mme Power.  Si la communauté internationale n’avait pas réagi activement, le virus Ebola se serait répandu davantage et notre sécurité collective serait en danger, a–t-elle assuré.

Au cours de la semaine dernière seulement, 54 cas ont été signalés en Sierra Leone, tandis qu’en Guinée, des villages à proximité de l’épicentre de l’épidémie ne savent toujours pas comment s’en prémunir.  Pour sa délégation, il y a cinq domaines prioritaires d’action.  Tout d’abord, a indiqué Mme Power, la MINUAUCE doit coordonner les efforts des États Membres et de leur partenaires et la résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité aujourd’hui va dans ce sens.  Les donateurs doivent adapter les contributions aux besoins spécifiques des pays touchés.  Il faudrait venir en aide aux personnels de santé qui jouent un rôle extraordinaire, a souligné la représentante, en saluant les pays qui se sont engagés à déployer des équipes médicales, de la Chine à la Corée, en passant par la Suède et la République démocratique du Congo.  Pour les États-Unis, il faut mettre à disposition de ces personnels des équipements et investir davantage pour permettre aux pays concernés de prévenir l’émergence de nouvelles crises.  C’est la raison pour laquelle les États-Unis coopèrent avec l’OMS pour accroître la résilience des systèmes de santé nationaux.

M. LIU JIEYI (Chine), notant une réduction du nombre de cas signalés, a estimé que les efforts internationaux commençaient à porter leurs fruits.  Toutefois, la maladie menace encore la vie et la sécurité des populations en Afrique de l’Ouest mais aussi du monde entier.  Pour le représentant de la Chine, il faut pérenniser les progrès déjà engrangés et axer les efforts supplémentaires sur la prévention en anticipant, sur la base de données, l’évolution de l’épidémie.  « Nous entrons dans une phase critique qui exige que nous honorions tous nos engagements », a-t-il a souligné avant de mettre l’accent sur l’importance de préparer les activités de reconstruction post-Ebola.  Il faudrait ainsi consolider les systèmes de santé nationaux pour que les pays touchés puissent se remettre rapidement sur la voie de la stabilité et de la prospérité, a estimé le représentant. 

La Chine a consacré une aide de 122 millions de dollars pour contribuer à contenir la propagation du virus Ebola.  « Nous avons affrété des avions pour acheminer le plus rapidement possible les équipements et autres fournitures sur place. »  « Nous allons ouvrir et gérer intégralement un centre de traitement au Libéria. »  « Une équipe de gestion de crise est arrivée en Sierra Leone pour y intensifier les activités de contrôle dans des laboratoires », a signalé le représentant de la Chine.  « À la fin du mois, nous aurons plus de 1 000 professionnels de santé répartis dans les pays les plus touchés », a-t-il assuré.  En conclusion, il a fait savoir que la Chine réfléchissait avec les pays touchés et 10 pays de la région, à la création d’un centre de recherche sur les pathogènes qui menacent les pays d’Afrique. 

M. GOMBO (Tchad) s’est dit inquiet du signalement de nouveaux cas au Mali et des conséquences sociales et économiques de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.  « Le virus fragilise tout ce qui a été construit dans les périodes postconflit des pays. »  « Sur le plan sécuritaire, il complique l’application des régimes de sanctions de l’ONU », a-t-il ajouté.  Le représentant tchadien a estimé qu’il faudrait maintenir l’élan de solidarité historique qui a permis de mobiliser d’importantes contributions en un temps record sur le terrain.  « Toutefois, la mobilisation doit s’intensifier pour éradiquer le fléau et préparer la reconstruction post-Ebola. »  « Dans ce contexte, les médias ne doivent pas semer la panique et la désolation mais, au contraire, être une partie prenante de la réponse internationale à la maladie », a-t-il également demandé.  Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur l’importance de consolider les efforts de prévention, par le biais notamment de la création de centres d’accueil dans les zones reculées et d’activités accrues de traçabilité destinées à remonter à la source des infections. 

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a déclaré que la lutte contre l’épidémie d’Ebola mobilise son pays au plus haut niveau.  La semaine dernière, une personnalité politique issue du Gouvernement français s’était rendue en Guinée avec le Coordonnateur de l’Union européenne, à l’occasion de l’ouverture d’un centre de traitement à Macenta, au cœur de la région la plus éprouvée du pays.  La Secrétaire d’État chargée du développement et de la francophonie, Mme Annick Girardin, s’est également rendue au Mali pour offrir la solidarité de la France, tandis que le Président François Hollande, se rendra pour sa part à Conakry la semaine prochaine pour renforcer la réponse de la France à cette épidémie, a-t-il indiqué.  

M. Delattre a également salué le courage, le dévouement des travailleurs humanitaires et des ONG engagés dans la lutte contre le virus, qualifiant de « légitime » par ailleurs leur préoccupation d’une prise en charge sur place ou d’une évacuation médicale en cas d’infection.  C’est pour cette raison que la France est en train de construire à Conakry, un centre de traitement pour tout le personnel, national et international, impliqué dans la réponse à l’Ebola, sans distinction de nationalité.  La France a également obtenu la mise en place d’un mécanisme européen de prise en charge des personnels internationaux, prévoyant leur évacuation en Europe, a ajouté le représentant.

La France a en outre déployé plus de 100 membres du personnel médical en Guinée et plusieurs experts médicaux également au Mali, notamment pour faciliter les contrôles sanitaires à l’aéroport de Bamako.  Toutes ces mesures doivent permettre de venir à bout de l’épidémie, en isolant le virus et non les pays.  L’isolement est contreproductif à court terme et nuisible au développement économique à long terme, a conclu M. Delattre.   

M. USMAN SARKI (Nigéria) a déploré l’insuffisance de moyens médicaux et logistiques à disposition dans la lutte contre l’Ebola.  L’appui de la communauté internationale demeure crucial dans cette maladie, a-t-il souligné, en saluant les contributions faites par des organisations sous-régionales africaines, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Le représentant a ensuite appelé l’Union européenne à tenir son engagement de verser un milliard de dollars à la lutte contre l’épidémie, avant de rappeler que son propre pays avait débloqué 300 millions jusqu’à présent. 

L’engagement des communautés locales est également indispensable pour parvenir à éradiquer le virus, dont la propagation sape les fondements socioéconomiques, et « pas seulement sanitaires », des pays touchés.  Les pays ont besoin d’une assistance soutenue, et non d’un isolement, a estimé le représentant, pour qui l’approche en cinq points du Secrétaire général constitue une feuille de route bienvenue.  M. Sarki a ainsi demandé aux États Membres de s’abstenir de mesures unilatérales susceptibles d’ajouter aux tensions existantes.

Mme NIDA JAKUBONĖ (Lituanie) a indiqué que le Coordonnateur de l’Union européenne pour la lutte contre le virus Ebola, qui s’est rendu dans les pays touchés la semaine dernière, avait constaté le besoin persistant d’aide internationale urgente pour ces pays.  Elle a suggéré d’adapter la réponse collective à la dynamique changeante de l’épidémie.  Il faut également, a-t-elle recommandé, renforcer les capacités de réaction, ainsi que les mesures de prévention et de sensibilisation dans les pays voisins, comme le Mali et la Guinée-Bissau.  La représentante a salué ce qui est fait au niveau régional ainsi que les mesures prises par les donateurs bilatéraux et multilatéraux.

La Lituanie a contribué à cette réaction par le biais du Programme alimentaire mondial (PAM) et coordonne ses activités avec ses partenaires de l’Union européenne, a-t-elle indiqué.  La représentante a rappelé l’engagement pris par les dirigeants de l’Union européenne de financer la réponse à hauteur de 1,1 milliard d’euros.  Elle a aussi mentionné le déploiement par l’Union européenne d’experts médicaux et humanitaires, avec l’envoi d’équipements et la mise en place d’un système d’évacuation du personnel travaillant sur le terrain.

Comme le virus Ebola touche des pays qui sont tout juste sortis de conflit -Libéria, Guinée et Sierra Leone-, les conséquences, a-t-elle souligné, sont d’ordre politique, social, économique, humanitaire et sécuritaire.  Cette crise a affecté les soins de santé de base, la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et l’éducation, en touchant en particulier les groupes vulnérables, a-t-elle fait remarquer.  La représentante a aussi parlé de la stigmatisation qui frappe les survivants d’Ebola alors qu’ils réintègrent leur vie quotidienne.  C’est pourquoi, il faudrait mener une réflexion sur la phase de l’après-Ebola, en envisageant des stratégies à long terme pour reconstruire la capacité des systèmes de santé.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg), après avoir rendu hommage à l’engagement héroïque des milliers de volontaires nationaux et internationaux qui, au péril de leur vie, sont en train d’endiguer l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, a estimé que l’effort de la communauté internationale devait se poursuivre et s’intensifier, même si le dernier rapport de situation de l’OMS permet d’entrevoir une lueur d’espoir.  Malgré la baisse des nouveaux cas d’infection en Guinée et au Libéria, le moment n’est pas venu de baisser la garde, a-t-elle déclaré.

La représentante a rappelé que l’Union européenne et ses États membres s’étaient engagés à mobiliser plus d’un milliard d’euros et que beaucoup d’entre eux envoient du personnel médical et humanitaire ainsi que des laboratoires mobiles et du matériel spécialisé.  Le Centre de coordination de la réaction d’urgence de l’Union européenne est activé.  Dans ce cadre, le Luxembourg a mis à disposition des capacités d’évacuation médicales et, à partir de la mi-décembre, deux avions de Luxembourg Air ambulance spécialement équipés pour évacuer les patients infectés seront disponibles et à la disposition de tous les États Membres des Nations Unies, de leurs agences spécialisées et des organisations internationales pertinentes.  La contribution totale du Luxembourg à la lutte contre l’épidémie d’Ebola et à la préparation dépasse les 2 millions de dollars, a précisé Mme Lucas.

La représentante a jugé préoccupante la propagation du virus au Mali, estimant que le cas de ce pays illustre l’importance pour les États Membres de la région de se préparer à prévenir, dépister, isoler et traiter tous les cas d’Ebola dans les meilleurs délais.  Le Luxembourg soutient un programme régional pour renforcer les capacités des pays de la région, mis en œuvre par la Croix-Rouge nationale, a-t-elle assuré.  Mme Lucas a par ailleurs salué l’attitude « responsable et courageuse » de tous les États Membres qui ont maintenu leurs liens de transport et de commerce avec les pays les plus touchés malgré le risque de propagation, ainsi que les compagnies aériennes et maritimes qui continuent à les desservir.

Après les secours d’urgence, il faudrait préparer l’après-Ebola, a estimé les représentantes.  La formation Guinée de la Commission de consolidation de la paix (CCP), que préside le Luxembourg, y travaille activement avec ses homologues de Guinée et de Sierra Leone.  Les trois formations de la CCP ont déjà tenu une réunion conjointe le 3 novembre et ont invité le Président de la Commission à demander au Secrétaire général une évaluation de l’impact l’épidémie dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance locale, des institutions politiques, de la cohésion sociale et du développement économique durable.  L’objectif, a expliqué Mme Lucas, est de permettre à la communauté internationale de mieux soutenir le redressement des trois pays affectés à plus long terme.  La représentante a conclu en se félicitant que la déclaration présidentielle, adoptée cet après-midi, reconnaisse le rôle que la CCP aura à jouer dans ce contexte.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a estimé qu’il faudrait redoubler d’efforts pour mettre fin à l’épidémie d’Ebola.  Pour sa part, le gouvernement britannique a déployé des militaires en Sierra Leone et enverrait 700 lits supplémentaires pour les patients dans ce pays au cours des six prochains mois.  En outre, s’est félicité le représentant, le tout premier centre de soins britannique a été ouvert et cinq autres sont en chantier, tandis qu’un navire britannique est à quai à Freetown et des hélicoptères facilitent la logistique sur place.  Le Ministre des affaires étrangères était sur place la semaine dernière pour prendre la mesure des progrès accomplis, « mais la bataille ne fait que commencer », a prévenu M. Wilson.  Face à d’énormes défis, il a salué le leadership de l’Envoyé spécial et du Représentant spécial et a encouragé les Nations Unies à établir des partenariats en privilégiant les pays les plus touchés.  « L’attaque d’Ebola est une attaque contre la communauté internationale », a-t-il déclaré en conclusion. 

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a estimé que l’épidémie causée par le virus Ebola n’était plus uniquement une crise sanitaire mais une crise « multidimensionnelle comportant des aspects politiques, sociaux et sécuritaires ».  « Les trois pays les plus touchés sont à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix », a-t-elle ajouté.  La Commission devrait évaluer les dommages causés par l’épidémie à l’économie de ces pays.  « L’Ebola pourrait coûter 33 milliards de dollars à la région si l’épidémie n’est pas rapidement contenue », a-t-elle rappelé avant de saluer les informations publiées par l’OMS qui indiquent la stabilisation du taux de propagation du virus.  Cependant, il faut redoubler d’efforts pour éviter la diffusion du virus dans les pays voisins, a-t-elle insisté.  « La Mission coordonne l’action des agences, fonds et programmes du système des Nations Unies et s’efforce d’exécuter efficacement son mandat en utilisant de manière optimale ses ressources ».  « Tous les acteurs impliqués doivent identifier les lacunes qui sapent encore les efforts de riposte et agir de manière unie », a-t-elle recommandé.  « Être efficace face à la crise permettra de préparer le terrain à la reconstruction post-Ebola », a-t-elle estimé.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a appelé à éviter toute nouvelle flambée épidémique, qui réduirait à néant les résultats obtenus ces dernières années en matière de consolidation de la paix au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée.  La Fédération de Russie appuie tous les efforts entrepris pour atténuer les conséquences de la maladie sur l’économie des pays touchés.  Pour ce faire, nous fournissons une aide technique et financière consistant à livrer des médicaments par l’intermédiaire de l’OMS et à déployer des équipes d’épidémiologistes dotées de laboratoires mobiles, a-t-il expliqué.  « Nous avons consacré à ce stade 20 millions de dollars pour contribuer à la lutte contre l’Ebola », a aussi indiqué le représentant.  La Fédération de Russie a livré cinq hélicoptères civils à la Sierra Leone et dressé un hôpital de terrain en Guinée capable de prendre en charge 200 personnes infectées, a-t-il encore signalé.  La priorité doit être donnée à la prévention de la détérioration de la situation dans les pays touchés, a conclu le représentant. 

M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a salué la mobilisation sans précédent de la communauté internationale, qui a notamment permis d’aboutir à la création de la MINUAUCE.  S’il s’est félicité du ralentissement du taux d’infection par Ebola, cela ne signifie pas, loin de là, « que nous sommes hors de danger », a-t-il prévenu, en jugeant insuffisants le financement de la lutte contre l’épidémie et la mise à disposition des personnels qualifiés et des moyens nécessaires pour permettre aux pays touchés de faire la différence.  Le représentant a estimé que l’accent devrait être mis sur les populations vivant en zones rurales pour endiguer la propagation du virus.  Revenant ensuite sur les préoccupations d’ordre économique et social  évoquées aujourd’hui par d’autres intervenants, le délégué du Rwanda a estimé qu’il faudrait réfléchir dès maintenant à l’après-Ebola.  « Nous appelons de nos vœux une bonne coordination pour tirer le meilleur parti des ressources disponibles sur le terrain », a-t-elle ajouté en conclusion. 

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a rappelé que, depuis le début du mois de septembre, la situation était devenue plus complexe.  Elle a aussi jugé important que les parties coordonnent leurs efforts pour mieux répondre à la crise et envisagent des stratégies de long terme, y compris s’agissant du relèvement.  Mme Paik a préconisé des évaluations médicales rapides et lancé un appel renouvelé à la vigilance, en rappelant que 504 professionnels de santé étaient morts en s’occupant des malades.  Comme le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, l’a dit récemment, a rappelé la représentante, « nous ne pouvons pas baisser notre garde ».  Dans le cadre de cette mobilisation, la République de Corée a annoncé le versement prochain de 5 millions de dollars de plus, alors qu’elle vient de déployer une équipe pluridisciplinaire en Afrique de l’Ouest.

M. IGNACIO LLANOS (Chili) a déclaré que la crise causée par l’Ebola avait une incidence sur la paix et la sécurité internationales car les trois pays les plus touchés étaient dans des phases de transition vers la paix et la stabilité.  « Nous appuyons tous les efforts entrepris par les institutions pour éviter une dégradation de la situation dans ces pays », a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite salué l’assistance apportée par la Mission et le personnel de terrain, l’Union africaine, la CEDEAO, la Commission de consolidation de la paix et la Banque mondiale.  Le Chili a élaboré, avec l’appui de ces acteurs,  des protocoles pour lutter plus efficacement contre l’épidémie et renforcer les actions de prévention.  Le représentant a rendu hommage aux travailleurs de santé cubains sur le terrain, a-t-il encore dit.  À son tour, il a souligné la nécessité de ne pas baisser la garde, d’accélérer les efforts de riposte et de renforcer les capacités nationales en garantissant une répartition géographiquement juste des ressources.  « Les mesures prises ne doivent pas seulement être efficaces mais prendre également en considération les droits de l’homme et éviter toute discrimination. »  « Il s’agit là d’un devoir moral », a-t-il conclu.

Mme MARIA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a considéré que le Conseil de sécurité était, depuis la déclaration de l’épidémie, conscient de la nécessité de coopérer pour venir en aide aux malades et éviter la transmission à d’autres pays.  « Nous savons qu’il faut se garder de toute indifférence, de tout égoïsme en pratiquant l’isolement », a-t-elle aussi insisté, en ajoutant que la communauté internationale et à présent l’opinion mondiale avait compris le sens de cette crise, « une crise désormais multidimensionnelle aux conséquences également humanitaires et culturelles considérables ».  Notant que « les pays les plus frappés sont ceux qui consacraient depuis des années toute leur énergie au développement », la représentante a appelé leurs partenaires à les aider à empêcher que tous ces efforts ne soient réduits à néant. « Il est difficile de faire des projections car on ne peut pas prévoir exactement l’évolution de l’épidémie ». 

« La seule chose sûre et évidente, c’est que la peur doit laisser place à la solidarité », a-t-elle déclaré.  La représentante de l’Argentine a ensuite salué le rôle crucial des communautés dans la réponse à l’Ebola.  « Lorsque vous discutez avec les gens sur place, vous prenez la mesure de ce que l’on appelle des défis logistiques, or, ces mots recouvrent parfois des réalités absurdes. »  « Les moyens manquent parfois pour traverser une rivière et traiter des personnes isolées », a indiqué la représentante.  Elle a demandé aux autres pays de s’inspirer de la Chine et des États-Unis « qui investissent à la fois dans l’aide immédiate et à long terme en Afrique ».  « Les médias doivent faire preuve d’éthique et de responsabilité pour éviter les discriminations, pour que les malades n’aient plus peur de se rendre dans les centres de traitement », a conclu Mme Perceval.

M. MAMADI TOURE (Guinée) a indiqué qu’à la date du 19 novembre, le nombre des cas déclarés en Guinée était de 2 055 dont 1 224 décès.  « Le taux de mortalité a baissé pour la première fois depuis le début de l’épidémie et on observe une stabilisation des cas à Conakry, Coyah et Macenta », s’est-il félicité, en ajoutant néanmoins que, dans d’autres préfectures du pays, il y avait une augmentation continue des cas.  Il a déclaré que dans ces préfectures, la lutte contre l’épidémie s’intensifiait à travers la sensibilisation des populations à l’aide de supports de communications adaptés, la mise en place d’un système d’alerte précoce, les enterrements sécurisés par une équipe de la Croix-Rouge guinéenne et l’identification des sujets contacts.

M. Touré a indiqué que son pays suivait un plan accéléré de lutte dont les objectifs sont d’interrompre les chaînes de transmission communautaire sur l’ensemble du territoire d’ici au 31 janvier 2015 et de stopper l’apparition de nouveaux cas endogènes ou d’importation au 30 avril 2015.  En termes de résultats obtenus à ce jour, le délégué de la Guinée a cité notamment la construction de trois centres de traitement Ebola, le déploiement de 903 agents communautaires pour le suivi de 95% des contacts et la mise en place de 42 équipes actives pour assurer des enterrements dignes et sécurisés.

« Si nous nous réjouissons de la tendance à la baisse du nombre de victimes par endroits, la bataille est loin d’être gagnée », a-t-il averti, en insistant sur l’ampleur des défis qui subsistent.  C’est pourquoi, M. Touré a estimé que la lutte contre l’épidémie d’Ebola ne pourra être durablement efficace que si les infrastructures sanitaires actuelles de la Guinée, qui présentaient déjà des faiblesses, sont fortement appuyées parallèlement à la riposte à Ebola.  Le délégué a ensuite insisté sur les conséquences très néfastes de l’épidémie pour l’économie, la cohésion sociale et la situation politique et sécuritaire dans le pays.  « Des tensions sociales sont déjà évidentes dans les zones où des populations sont encore réticentes à coopérer avec les efforts nationaux et internationaux de riposte à Ebola ».

En conclusion, le délégué a lancé un appel aux pays pour qu’ils contribuent au Fonds d’affectation spéciale, dont le solde reste largement inférieur aux besoins pour lutter contre l’épidémie.

Mme MARJON V. KAMARA (Libéria) a confirmé, à la suite de l’Envoyé spécial, que si les taux d’infection et de mortalité ont décliné dans son pays, l’épidémie n’est toujours pas sous contrôle.  Pour le Gouvernement libérien, la prochaine étape est d’améliorer les centres de soins à travers tout le pays en leur fournissant matériel, équipements et fournitures médicales, a-t-elle expliqué, avant de souligner l’importance de sécuriser le soutien des partenaires internationaux.  La déléguée a ensuite rappelé le caractère multidimensionnel de l’épidémie d’Ebola, dont l’impact est aussi social et économique, dans des pays où « les fragiles gains de la paix sont menacés ». 

 

C’est la raison pour laquelle elle s’est félicitée des contributions significatives faites par l’Union européenne et la Banque mondiale pour soutenir les budgets des trois États les plus touchés par l’Ebola.  En outre, a ajouté Mme Kamara, il faut soutenir les moyens de subsistance des communautés, alors qu’elles sont confrontées à l’inflation et à des pénuries de produits de base.  Certains agriculteurs ne sont pas en mesure de cultiver leurs terres et, selon certaines informations, « ils n’ont pas d’autres choix que de consommer les semences qui étaient destinées à être plantées pour faire pousser du riz », alors que l’insécurité alimentaire s’aggrave.

Les élections sénatoriales, qui avaient été suspendues à la suite de l’épidémie, auront lieu le 16 décembre prochain, a annoncé la représentante.  « Conscient que la maladie se transmet rapidement par contact, le Gouvernement a publié une règlementation limitant au maximum les rassemblements pendant la campagne électorale », a indiqué Mme Kamara, avant d’ajouter que la Présidente Ellen Johnson-Sirleaf avait lancé un appel au peuple pour qu’il se conforme à cette directive. 

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a déclaré, pour sa part, que les taux d’infection demeuraient élevés dans son pays, en rappelant qu’au-delà de la crise sur le plan sanitaire, l’épidémie avait des répercussions sur les plans économique et social et sur l’agriculture nationale, très perturbée.  C’est à travers le changement des conceptions traditionnelles des communautés locales qu’il sera possible de faire des progrès, a-t-il assuré.  « Nous savons que c’est une lutte de longue haleine », a concédé M. Minah, qui a fait état de besoins alimentaires et de ressources financières.  Le délégué a salué les efforts déployés jusqu’à présent par les États Membres et le Conseil de sécurité et lancé un appel à la MINUAUCE pour qu’elle déploie le personnel nécessaire sur le terrain. 

Exprimant la reconnaissance de son gouvernement au Royaume-Uni pour son soutien considérable, M. Minah a déclaré qu’il faudrait désormais penser à l’avenir, en axant les efforts sur la reconstruction et la résilience.  « Nous avons perdu des concitoyens, mais il serait pire de voir sombrer toute notre économie », a-t-il résumé.  C’est pourquoi, il a lancé un appel aux institutions financières internationales pour qu’elles apportent à son gouvernement et à ceux du Libéria, de la Guinée et du Mali les moyens suffisants leur permettant d’assurer leur relèvement et d’établir des systèmes de santé nationaux.

M. DIANGUINA DIT YAYA DOUCOURE (Mali) a indiqué que son pays avait enregistré son premier cas confirmé de maladie à virus Ebola le 23 octobre 2014 dans la région de Kayes, située dans l’ouest du pays.  Il s’agissait d’une fillette de 2 ans, arrivée à Bamako d’un pays voisin trois jours plus tôt, et qui, malgré une prise en charge immédiate, est décédée.  Il a énuméré les dispositions urgentes prises pour identifier la famille hôte à Bamako, les compagnons de voyage de la fillette, le personnel médical concerné ainsi que le voisinage du domicile à Kayes.  Outre ces personnes, a-t-il ajouté, un autre patient venant d’un pays voisin a été pris en charge le 10 novembre 2014, mais il est décédé quelques jours plus tard, ainsi que les deux agents de santé qui avaient été en contact avec lui.

Le représentant du Mali a souligné que, conformément à ses engagements de transparence, son gouvernement informe quotidiennement l’opinion publique nationale et internationale, sur l’évolution de la maladie dans son pays.  Il a ainsi indiqué que, à la date du 20 novembre 2014, 310 « personnes-contacts » sont sous surveillance, dont deux sont suspectes d’avoir été contaminées.  En ce qui concerne les personnes liées au cas de Kayes, elles ne sont plus en observation car le foyer de la maladie est éteint après plus de 21 jours.  À ce jour, on compte quatre décès de personnes ayant eu contact avec le patient venant d’un pays voisin et le décès de la fillette à Kayes.

Énumérant ensuite les mesures préventives prises par le Ministère de la santé et de l’hygiène publique, M. Doucoure a souligné le renforcement du contrôle sanitaire aux frontières terrestres et aéroportuaires, ainsi que la mise en place d’une équipe d’intervention rapide.  Il a aussi parlé des dispositifs de sensibilisation et d’informations visant à éviter les déplacements non essentiels vers les zones d’épidémie.  Le représentant a aussi indiqué qu’un centre d’isolement avait été installé à Kourémalé, à la frontière avec la Guinée.  Après avoir assuré de la détermination de son pays à contenir cette maladie, il a appelé la communauté internationale à se mobiliser et à fournir une « assistance plus substantielle et coordonnée ».

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