Soixante-douzième session,
10e séance – matin
AG/EF/3476

Deuxième Commission: le débat met l’accent sur les priorités nationales de développement telles que l’énergie, les catastrophes et la désertification

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a terminé, ce matin, son débat sur le thème central du développement durable, en entendant les priorités nationales de pays en développement qui sont préoccupés par des questions d’accès à l’énergie renouvelable, de résilience face aux catastrophes naturelles, ou encore qui font face à la désertification et à la dégradation des terres. 

« Il n’existe pas une voie mondiale unique pour le développement durable, mais il s’agit plutôt de trouver des solutions qui tiennent compte des spécificités des pays, de leurs besoins et de leurs priorités. »  Cette approche adoptée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) résume les nombreux appels lancés par les délégations qui veulent une mise en œuvre effective pour leurs pays du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La FAO a ainsi expliqué comment elle aide les pays à identifier et à mettre en œuvre des propositions qui soient conformes à leur contexte national et ce, dans cinq domaines principaux que sont la faim, la malnutrition, la pauvreté rurale, la production agricole durable, les systèmes alimentaires et leur résilience.  

Plusieurs États ont tenu à présenter leur programme national de développement et certains ont promis de partager leur expérience au cours des examens nationaux volontaires prévus en juillet 2018 au Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  En Thaïlande, par exemple, la « philosophie de développement durable » repose sur l’autodéveloppement et l’autonomisation des communautés, afin que celles-ci soient en mesure de vivre de manière « ouverte, équilibrée et durable ». 

Les discours de ce matin ont aussi permis de relever les obstacles posés sur la voie du développement, comme les difficultés d’accès aux sources d’énergie renouvelables.  Pour expliquer l’importance de cet enjeu, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a souligné qu’investir dans la transition énergétique devrait permettre, d’ici à 2050, d’ajouter 19 000 milliards de dollars de revenus supplémentaires au produit intérieur brut (PIB) mondial et de créer 15,6 millions d’emplois.  

C’est conscient de cette opportunité que les Émirats arabes unis ont mis sur pied la plus grande centrale d’énergie solaire au monde, s’est enorgueillie la délégation en vantant aussi sa contribution de 50 millions de dollars à la promotion des énergies renouvelables dans les Caraïbes. 

Par ailleurs, au vu des nombreuses catastrophes naturelles qui sapent les efforts de développement durable, de nombreux orateurs ont souligné l’urgence de la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030.  La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge propose à cet effet un financement basé sur les prévisions, qui consiste à débloquer des fonds à visée humanitaire avant une catastrophe annoncée.  La Fédération a également lancé la « One Billion Coalition for Resilience » qui incite à créer une culture de bénévolat communautaire et d’autonomisation.

Au niveau national, la représentante des Philippines a témoigné de l’importance d’inclure un objectif sur l’amélioration de la résilience en cas de catastrophe dans le plan national de développement, en veillant à ce que des mesures soient prises dans tous les secteurs.

La plupart des catastrophes étant dues aux changements climatiques, la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques a été l’une des préoccupations majeures des intervenants.  Le délégué du Chili a rappelé que des engagements internationaux comme cet accord étaient le résultat de compromis importants consentis par la communauté internationale.  Il a de ce fait plaidé pour que ces accords ne soient en aucun cas remis en cause, souhaitant plutôt qu’ils soient améliorés.

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, la République du Congo a donné l’exemple de ce qui peut être fait au niveau d’un pays.  Le sien a ainsi développé, en partenariat avec une société forestière, un programme qui vise à réduire les émissions résultant de la déforestation et de la dégradation forestière, dans le but d’éviter l’émission de près de 11,7 millions de tonnes de gaz carbonique d’ici à 2020.  Au Gabon voisin, les aires protégées couvrent 12,72% du territoire national, tandis que 20 aires marines protégées viennent compléter les 13 parcs nationaux terrestres.  

Autre défi à relever, celui de la désertification qui pourrait compromettre la sécurité alimentaire de millions de personnes, a de son côté averti le représentant de l’Algérie.  Son homologue de l’Érythrée a expliqué que la désertification, la dégradation des sols et les sècheresses étaient les plus grands problèmes de son pays qui fait partie de l’Initiative de la Grande Muraille verte pour arrêter la désertification de la bande du Sahara.  L’Islande s’est d’ailleurs félicitée de sa participation à cette initiative.

Sur le plan multilatéral, plusieurs délégations ont insisté sur le rôle que doit jouer le système des Nations Unies pour faire avancer le développement durable.  Il n’a « rien perdu de sa pertinence », a estimé la déléguée de la Thaïlande, avant que la représentante du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ne vienne expliquer que chaque fonds, programme et agence doit jouer sa partition en harmonie avec les autres.

La Deuxième Commission tiendra demain, 11 octobre, à 10 heures, une réunion conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC) sur le thème « Les nouvelles frontières et l’avenir », avant d’entamer dans l’après-midi l’examen de la question de l’élimination de la pauvreté.

DÉVELOPPEMENT DURABLE (A/72/75–E/2017/56, A/72/174, A/72/216, A/72/343, A/72/343/CORR.1 ET A/72/353)

Suite et fin de la discussion générale

M. APPOLINAIRE DINGHA (République du Congo) a indiqué que son pays avait entrepris un processus de transposition au plan national des programmes 2030 de l’ONU et 2063 de l’Union africaine, avec une feuille de route pour la période 2018-2022 qui a été arrêtée le 24 février 2017.  Il a expliqué que le pays était affecté, de manière récurrente, par des catastrophes naturelles et anthropiques, donnant l’exemple des 83 000 personnes déplacées du fait de la situation sécuritaire dans le département du Pool.

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, le Congo a développé, en partenariat avec une société forestière, un programme de réduction des émissions qui résultent de la déforestation et de la dégradation forestière dans les départements de la Sangha et de la Likouala.  Ce projet devrait permettre d’éviter l’émission de près de 11,7 millions de tonnes de gaz carbonique d’ici à 2020, a-t-il annoncé.  En outre, plus de 6 millions d’hectares de forêts sont gérés par un plan d’aménagement, tandis que 17 aires protégées ont été créées, couvrant une superficie de près de 4 millions d’hectares, soit 12,72% du territoire national.

L’initiative Fonds bleu pour le bassin du Congo, considérée comme le fer de lance de la lutte contre les dégradations diverses touchant les écosystèmes aquatiques et côtiers d’Afrique, montre la détermination du pays à traiter la question des changements climatiques dans sa globalité.  M. Dingha a cependant averti que l’accès à une énergie abordable, durable, moderne et fiable était encore loin d’être à la portée au Congo, appelant en conséquence à une coopération internationale capable de l’accompagner sur cette voie.

Mme WALLIYA PREMCHIT (Thaïlande) a réaffirmé l’importance des différents forums mondiaux et régionaux axés sur le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, parmi lesquels le Forum Asie-Pacifique pour le développement durable et le Forum politique de haut niveau pour le développement durable. 

La représentante a en outre plaidé en faveur d’un renforcement des moyens de mise en œuvre de ces objectifs, via davantage d’investissements dans la science, la technologie et l’innovation, mais également une amélioration des capacités statistiques et la revitalisation du Partenariat mondial pour le développement durable.  La coopération Sud-Sud et triangulaire, parallèlement à la coopération Nord-Sud, ainsi que les partenariats multipartites sont à ses yeux essentiels pour y parvenir, sans oublier le système des Nations Unies pour le développement, qui n’a, selon elle, « rien perdu de sa pertinence ». 

La Thaïlande a développé une approche nationale basée sur la « philosophie de l’économie suffisante », a par ailleurs déclaré la représentante.  Cette philosophie, a-t-elle expliqué, repose sur l’autodéveloppement et l’autonomisation des communautés, afin que celles-ci soient en mesure de vivre de manière « ouverte, équilibrée et durable ».

Mme AL DAHMANI (Émirats arabes unis) a indiqué que son pays avait mis en place un comité national sur les objectifs de développement durable au début de 2017.  Le pays entend faire une présentation en 2018 sur son expérience au cours de la prochaine session du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, a-t-elle signalé.  

La représentante a aussi mentionné un fonds mis sur pied par les Émirats arabes unis, dotés de 50 millions de dollars, destiné à soutenir la promotion des énergies renouvelables dans les Caraïbes.  En outre, Abu Dhabi compte la plus grande centrale d’énergie solaire au monde, s’est-elle prévalue, voulant encore démontrer l’engagement de son pays en faveur des sources d’énergie renouvelables.  Elle a indiqué par ailleurs que le Sommet sur les énergies de l’avenir se tient chaque année à Abu Dhabi.   

M. HTIN LINN MAUNG (Myanmar) a souligné que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable était la plateforme centrale pour assurer le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau mondial.  Le Myanmar est en train d’élaborer un plan de développement national, annuel et quinquennal, ventilé par région et par secteur, tandis que l’Organisation centrale statistique a été mise en place.  Le Myanmar, pour qui la question des sources de financement du développement est cruciale, s’associe aux appels des pays en développement envers leurs partenaires de développement pour qu’ils maintiennent, voire augmentent, leurs contributions volontaires.

Le représentant a également abordé la question de la vulnérabilité de son pays aux catastrophes naturelles, ce qui justifie la priorité accordée par le Gouvernement à la réduction des risques de catastrophe par le biais de lois adoptées en 2013 et 2015, et par la mise en place d’un comité national pour la gestion des catastrophes.  Le Myanmar va aussi accueillir le troisième Sommet de l’eau de l’Asie-Pacifique, du 11 au 12 décembre 2017, dont le document final sera soumis au Sommet mondial de l’eau qui aura lieu au Brésil en 2018.  Il a ensuite souligné que, malgré les sources multiples d’énergie renouvelable dans les pays en développement, une grande partie de leurs populations n’a toujours pas accès à l’électricité.  Il a donc plaidé pour que l’on facilite la mise en place d’infrastructures et de centrales électriques.  Enfin, avec un secteur agricole qui représente 38% de son PIB et 60% de la force de travail, le pays doit faire face aux changements climatiques avec une politique environnementale et une politique sur les changements climatiques. 

M SONAM TOBGYE (Bhoutan) a jugé nécessaire d’accélérer le rythme de mise en œuvre du Programme 2030, de s’assurer qu’il est inclusif et équitable, et de maintenir un élan vigoureux pour réaliser sa vision audacieuse.  Et, dans l’objectif de ne laisser personne de côté, l’accent doit continuer à être mis sur les groupes de pays en situation particulière, notamment les pays les moins avancés, a ajouté la délégation, avant de saluer les efforts en cours pour intégrer le développement durable dans le travail du système des Nations Unies.

Abordant la question des changements climatiques, qui est induit par l’homme, la délégation a souhaité qu’elle reste au centre des actions menées pour parvenir au développement durable.  Du point de vue national, le Bhoutan dépend de l’énergie pour sa croissance et ce secteur restera au cœur de ses stratégies de développement.  Le tourisme durable étant également important pour le pays, le Gouvernement a mis en place une taxe de 65 dollars par touriste et par nuit, qui est réinvestie dans la mise en œuvre d’activités de développement durable.

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a souligné l’importance pour son pays de la lutte contre la désertification et de la tenue récente de la treizième session de la Conférence des Parties de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.  Il a salué l’adoption du cadre stratégique 2018-2030 pour la mise en œuvre de cette convention, se félicitant notamment des indicateurs utilisés pour mesurer la réalisation de ses cinq objectifs stratégiques.

M. Remaoun s’est également félicité de l’adoption de la Déclaration d’Ordos à l’issue de la conférence.  C’est à ses yeux un engagement mondial envers la lutte contre la désertification et l’investissement dans les nouvelles technologies capables de combattre la dégradation des sols et les sécheresses.  Notant que l’effet des changements climatiques sur la désertification demeurait méconnu, le représentant a mis en garde que la poursuite de la désertification pourrait compromettre la sécurité alimentaire de millions de personnes dans les pays en développement.

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a déclaré que des partenariats plus solides avec le secteur privé, les institutions financières internationales, le milieu académique et la société civile seraient cruciaux pour la mobilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment en faveur des pays à revenu intermédiaire. 

Les institutions arméniennes, a-t-elle indiqué, sont en train d’opérer des changements dans le but de s’adapter aux objectifs de développement durable.  En outre, des cibles et indicateurs nationaux seront élaborés d’ici à l’an prochain.  La représentante a également signalé que son pays venait de créer un laboratoire national d’innovation dédié aux objectifs de développement durable, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Le but est de s’inspirer des innovations mises en œuvre à travers le monde afin de les adapter au contexte arménien.

Reconnaissant le caractère universel des objectifs de développement durable, M. NIKULAS PETER JOHN HANNIGAN (Islande) a déclaré que son pays comptait les intégrer dans ses politiques nationales ainsi que dans le cadre de sa coopération avec les autres États.  L’Islande, a-t-il indiqué, possède une expertise spécialisée qui lui permet de contribuer à l’objectif 15.3 sur la dégradation des sols ainsi qu’à la mise en place de la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel, notamment par le biais du Programme de formation à la restauration des sols de l’Université des Nations Unies. 

S’agissant de l’objectif 14, qui vise la conservation et l’exploitation durable des océans, mers et ressources marines, il a expliqué que l’Islande dispensait un programme de formation des pêches en coordonnant ses activités avec les Nations Unies dans ce domaine.  Il a souligné par ailleurs l’implication de l’Islande dans le développement de l’énergie géothermique, notamment en Afrique de l’Est, en collaboration avec la Banque mondiale et le Fonds nordique de développement.

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a expliqué que la désertification, la dégradation des sols et les sècheresses sont les plus grands problèmes que connaît son pays.  Pour y remédier une action coordonnée nationale, régionale et internationale est nécessaire, a-t-il affirmé.  La priorité pour son pays est d’arriver à la neutralité en matière de dégradation des sols, étant donné la contribution importante des ressources naturelles dans le développement économique.  Les leçons tirées en matière de conservation des sols et de l’eau ont prouvé qu’il est possible de les rendre à nouveau productifs, a expliqué le représentant.  Toutefois, le gouvernement a besoin de pouvoir compter sur des partenariats pour arriver au plein potentiel de ces programmes en vue d’assurer la sécurité alimentaire du pays.

L’Érythrée a mobilisé les communautés locales, les chefs religieux, les femmes et les étudiants, pour participer à ces programmes, a précisé le représentant avant de signaler aussi ce que fait le pays au plan régional.  Ainsi, l’Érythrée fait partie des 10 pays de l’Initiative de la Grande Muraille verte pour arrêter la désertification de la bande du Sahara.  Avant de conclure, le représentant a demandé à l’ONU de repositionner l’appui qu’il fournit aux pays en développement, un appui qui reste critique pour la pleine réalisation des objectifs de développement durable.

M. JORGE IGLESIAS MORI (Chili) a rappelé que les engagements internationaux tels que l’Accord de Paris sur les changements climatiques étaient le résultat de compromis importants consentis par la communauté internationale.  De ce fait, ces accords ne doivent en aucun cas être remis en cause, mais plutôt être améliorés, a-t-il plaidé.

Pour le Chili, il est urgent de mobiliser des moyens financiers supplémentaires en faveur des pays en développement pour permettre à ceux-ci d’atteindre les résultats escomptés par l’Accord de Paris.  Malgré tout ce qui est fait, nos actions sont insuffisantes face aux changements climatiques, a-t-il constaté avant d’appeler à changer les modèles de production et de consommation et à améliorer la gestion des océans.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a été d’avis que les objectifs de développement durable ne sauraient transformer le monde sans des politiques de promotion d’une croissance économique inclusive et durable, ce qui nécessite notamment le renforcement des infrastructures et des services d’appui à la production, en particulier dans le secteur agricole et celui de l’énergie.  Cela oblige aussi à conclure des partenariats multipartites plus viables, établis sur la base du Programme d’action d’Addis-Abeba.

Le représentant a également souhaité une mobilisation de la communauté internationale pour renforcer la résilience et les capacités des pays vulnérables, notamment les pays africains et les pays insulaires, face aux chocs exogènes, aux effets des changements climatiques et aux catastrophes naturelles.  À ce titre, sa délégation encourage les transferts de technologies écologiquement rationnelles, ainsi que la pleine application des décisions sur le Fonds vert pour le climat qui exigent la mobilisation de 100 milliards de dollars par an.

Le Sénégal a procédé à une réorientation de sa politique, a dit le représentant en expliquant que le pays mène ainsi une transformation sectorielle du système de production, en insistant aussi sur la protection sociale des populations vulnérables.  C’est dans cette dynamique que s’inscrit le Plan Sénégal Emergent dont l’opérationnalisation se traduit par un portefeuille de programmes ayant pour finalité une croissance économique inclusive et durable, a-t-il expliqué.  Il a également présenté la réforme territoriale en cours qui comprend le Programme de modernisation des villes, le Programme d’urgence de modernisation des axes frontaliers et le Programme d’urgence de développement communautaire.

Mme MARIA ANGELA ABRERA PONCE (Philippines) a souligné que les Philippines avaient vu de près les effets dévastateurs des catastrophes naturelles qui sapent les acquis du développement.  C’est pourquoi un objectif d’amélioration de la résilience en cas de catastrophe a été fixé, de manière transversale, dans le plan national de développement des Philippines pour 2017-2022.  La représentante a aussi plaidé pour une bonne cohérence entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030.  Le pays attend d’ailleurs avec impatience l’établissement du processus de suivi du Cadre de Sendai. 

La représentante a insisté sur la nécessité de collecter des données relatives aux catastrophes.  Elle a estimé en outre que la gestion durable de la biodiversité pouvait permettre de réduire les risques de catastrophe.  Les Philippines sont également engagées à la modernisation de leur secteur énergétique.  Le pays invite les partenaires au développement à respecter leur promesse de fournir 20 milliards de dollars pour les pertes et dommages dans le cadre des mesures d’adaptation d’atténuation aux changements climatiques.  Pour sa part, le pays a mis sur pied un fonds de 20 millions de dollars au bénéfice des communautés locales affectées par les changements climatiques.

M. ILKIN HAJIYEV (Azerbaïdjan) a indiqué que l’Azerbaïdjan avait lancé le programme « Azerbaïdjan: Vision 2020 », qui vise à passer d’une économie traditionnelle à une économie fondée sur la connaissance.  Le cadre des objectifs de développement durable est également en train d’être intégré dans les plans de développement national et un Conseil de coordination a été créé pour rationaliser les principales activités et garantir la coordination entre les parties prenantes.

Pour partager ses expériences, l’Azerbaïdjan a présenté en juillet 2017 son premier examen national volontaire au Forum politique de haut niveau pour le développement durable et, en guise de suivi, une conférence nationale sur les objectifs de développement durable sera organisée avec le Bureau de pays pour débattre des moyens de mise en œuvre du Programme 2030.

Quant aux questions des changements climatiques et des émissions de gaz à effet de serre qui touchent toutes les populations, la délégation azerbaïdjanaise souligne l’importance de la mise en œuvre du Programme 2030, de l’Accord de Paris et d’autres accords visant à protéger la planète.  Le Programme 2030 relève d’une responsabilité partagée, a conclu la délégation en soulignant que les efforts nationaux exigent le soutien de partenariats mondiaux et la contribution des parties prenantes de tous les secteurs.

MGR BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que le développement durable devait se fonder sur le développement humain.  Dès lors, a-t-il souligné, le développement durable nécessite une consommation et une production durables, ce qui signifie que chacun doit faire attention à ses actes et devenir partie-prenante de ce pari.  Pour sa délégation, il s’agit d’un véritable rejet du consumérisme et de l’individualisme.  L’observateur a également remarqué que le manque de durabilité économique et environnementale était un frein au développement durable, comme en témoignent les effets des nombreuses catastrophes naturelles.  Par conséquent, le Saint-Siège en appelle à la communauté internationale pour renforcer la résilience et les capacités dans les PEID et les PMA.

« La solidarité est non seulement une exigence de charité mais aussi un appel à une véritable justice », a expliqué le représentant pour lequel les problèmes liés à la durabilité ne peuvent pas être uniquement résolus par la technologie et l’aide, mais exigent aussi de mettre en avant de meilleurs modes de vie et plus d’humanité.  Sa délégation souligne en outre l’importance de la solidarité intergénérationnelle pour atteindre le développement durable, parce que le bien commun s’étend aux générations futures.  « Il faut se rendre compte que le monde est un cadeau que nous devons partager avec les autres et ceux qui viendront après nous », a-t-il conclu.

Mme ORTIZ de URBINA, Président de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a affirmé que l’adoption progressive des énergies renouvelables à l’échelle mondiale contribuerait non seulement à assainir la qualité de l’air et de l’eau, mais également à bâtir des économies modernes, créatrices d’emploi et sources de croissance.  Selon lui, investir dans cette transition énergétique devrait permettre, d’ici à 2050, d’ajouter 19 000 milliards de dollars de revenus supplémentaires au PIB mondial et 15,6 millions d’emplois additionnels.  « La bonne nouvelle, c’est qu’accélérer la transformation du système énergétique pour atteindre nos objectifs en matière de climat et de développement est une proposition économiquement et techniquement viable », a-t-il salué.

Mme DIZERY SALIM, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a estimé que la communauté internationale avait fait de grands pas dans la lutte contre les risques de catastrophe en sortant des étroits silos institutionnels pour adopter une approche holistique, multirisque et planificatrice, appuyée par d’impressionnantes capacités de préparation et d’alerte.  Pour leur part, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont quadruplé leurs investissements dans les activités de réduction des risques de catastrophe depuis 2009 et se sont concentrés sur la recherche d’approches locales et participatives.  La communauté internationale semble avoir compris, a noté Mme Salim, qu’une meilleure intégration de la réduction des risques de catastrophe dans la planification économique et du développement, ainsi que dans l’urbanisme, est nécessaire pour faire face aux problèmes sous-jacents.  La Fédération, a-t-elle indiqué, a ainsi aidé plus de 25 pays à aller dans ce sens au cours de la dernière décennie.

Si l’on enregistre une hausse du financement international pour l’adaptation aux changements climatiques, la Fédération regrette que les activités des organisations communautaires au plan local ne reçoivent pas le même soutien.  Pour sa part, elle a mis en place, entre autres initiatives, un financement basé sur les prévisions, qui consiste à débloquer des fonds à visée humanitaire avant une catastrophe annoncée.  Cela se fait en connectant les autorités météorologiques nationales aux communautés en danger, tout en s’assurant que ces fonds parviennent bien aux acteurs locaux pour qu’ils puissent lancer des actions préventives.  La Fédération a également lancé la One Billion Coalition for Resilience, qui vise à créer une culture de bénévolat communautaire et d’autonomisation.  La délégation a invité les États et les autorités locales à investir dans des initiatives semblables.

Dans les deux ans à venir avant l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris, les sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se concentreront sur le soutien aux gouvernements dans l’élaboration de lois et de politiques visant à se conformer à leurs engagements pris dans l’Accord et dans le Cadre de Sendai, comme elle le fait déjà avec les Philippines et les Tonga.

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a mis l’accent sur l’importance des programmes qui promeuvent les trois dimensions du développement durable.  Investir dans la sécurité alimentaire, l’agriculture et la nutrition est un moyen efficace pour le faire, a-t-elle poursuivi en invitant à promouvoir une agriculture durable et une gestion durable de l’eau, des terres, des océans ainsi qu’une production et une consommation durables, tout en répondant aux menaces posées par les changements climatiques.  Elle a insisté sur le fait que les réponses doivent se fonder sur la demande, être accessibles à tous, basées sur les connaissances et adaptées aux besoins des communautés locales. 

Pour la FAO, il n’existe pas une voie mondiale pour le développement durable, mais il s’agit plutôt de trouver des solutions qui tiennent compte des spécificités des pays, de leurs besoins et de leurs priorités.  C’est l’approche adoptée par la FAO au niveau international, régional et national pour aider les pays à identifier et mettre en œuvre les propositions qui sont conformes à leur contexte national, a expliqué sa représentante.  Pour y arriver, la FAO se concentre sur cinq domaines principaux -la faim et la malnutrition, la pauvreté rurale, la production agricole durable, les systèmes alimentaires et leur résilience.  Au plan national, les programmes-pays de la FAO sont donc élaborés en collaboration avec les gouvernements pour tenir compte des priorités nationales et identifier des opportunités de coopération plus larges pour le système des Nations Unies.

Mme Mucavi a également rappelé l’accent mis par la FAO sur la lutte contre les changements climatiques et la réduction des risques des catastrophes naturelles.  Son portefeuille changements climatiques comprend 300 projets à l’échelle mondiale à travers lesquels la FAO soutient les contributions déterminées au niveau national pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris.

Les pays sont confrontés à des défis différents et nécessitent par conséquent des programmes différents pour réaliser leur développement durable, a encore insisté la représentante, justifiant ainsi le programme sur mesure mené par la FAO en collaboration avec le Département des affaires économiques et sociales (DESA) et le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement sur la situation des pays les moins avancés (OHRLLS) dans le cadre de l’Action mondiale pour la sécurité alimentaire et la nutrition dans les PEID.  Ce programme cherche à renforcer les environnements propices à la sécurité alimentaire et à l’autonomisation des peuples dans ce domaine.  La FAO a investi 4,5 millions de dollars pour lancer la mise en œuvre de ce programme, a encore précisé sa représentante qui est consciente qu’il faudra toutefois beaucoup plus de moyens financiers et qu’il s’agit d’une entreprise collective.

Mme MARA ANGÉLICA MURILLO CORREA, parlant au nom du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a estimé que l’un des grands défis de notre époque était de permettre que tous les individus vivent de manière décente et digne, tout en évitant de compromettre les chances des générations à venir de faire pareil.  Pour ce faire, elle a conseillé de miser sur la technologie et l’innovation, ces secteurs pouvant servir de catalyseurs pour trouver des solutions. 

La représentante a souhaité que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 se fasse de manière intégrée, ce qui veut dire, pour le cas des Nations Unies, que chaque fonds, programme et agence doit jouer sa partition tout en tenant compte des autres.  Il est donc important à son avis d’améliorer la coopération entre ces diverses composantes du système onusien.  Pour sa part, le PNUE entend continuer à jouer son rôle auprès des États, notamment en veillant à ce que les problématiques environnementales ne soient pas laissées de côté.

M. PIERRE ONIANE NGUEMA, (Gabon) a expliqué la démarche du Gabon qui recherche à diversifier son économie nationale en se fondant sur le respect de l’environnement.  Cette orientation a pour but de réduire la dépendance vis-à-vis des industries extractives.  « La mutualisation de nos efforts s’avère d’autant plus cruciale, a-t-il expliqué, que l’effondrement du prix du pétrole a largement fragilisé les économies des pays producteurs en voie de développement ». 

Fidèle à ses engagements, le Gabon continue d’inscrire ses politiques publiques dans la logique d’une gestion responsable et durable de ses ressources, a poursuivi le délégué en se vantant de la création de 20 aires marines protégées qui s’ajoutent aux 13 parcs nationaux terrestres.  Le renforcement de la politique de reboisement pour la pérennisation des forêts participe de cette volonté, a-t-il ajouté.  En outre, le Président du Gabon a réuni le bureau du Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur les changements climatiques, un groupe dont il assure la présidence, le 18 septembre 2017, en marge de la session de l’Assemblée générale.  Le Gabon œuvre ainsi en faveur d’un rassemblement de toutes les parties signataires de la COP 21 dans le groupe du Pacte national pour l’environnement présenté par le Président de la France.

Par ailleurs, étant donné que le braconnage constitue une grave menace pour l’environnement et décime considérablement plusieurs espèces de la faune et de la flore, le Gabon a décidé d’être coauteur d’une importante résolution visant la mise en commun des efforts internationaux en vue d'endiguer ce phénomène.

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