ECOSOC/6632

Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable lance ses travaux, sous les auspices de l’ECOSOC, en s’appuyant sur les compétences de tous les acteurs

30/6/2014
Conseil économique et socialECOSOC/6632
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de 2014

Forum politique de haut niveau

sur le développement durable

matin et après-midi


LE FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE LANCE SES TRAVAUX, SOUS LES AUSPICES DE L’ECOSOC,

EN S’APPUYANT SUR LES COMPÉTENCES DE TOUS LES ACTEURS


Il faut parvenir à un véritable « contrat entre les générations »,

prône un des coprésidents du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable


En lançant, ce matin, les travaux du « Forum de haut niveau sur le développement durable sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) », les États Membres et autres acteurs concernés ont insisté sur les caractéristiques principales de ce développement, qui doit intégrer ses trois dimensions -économique, sociale, environnementale- et garantir l’universalité des engagements pour obtenir, au final, un changement véritablement transformateur.


Ils ont émis l’espoir que le Forum contribuerait utilement au processus conçu lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », en juin 2012, en vue de bâtir « L’avenir que nous voulons » comme le stipule le Document final de la Conférence.


Le Forum politique de haut niveau a été créé à la suite de cette Conférence, avec pour mission de matérialiser la vision de Rio+20 et de définir les objectifs du développement durable, a rappelé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DAES), M. Wu Hongbo.


Cette première session du Forum politique, qui durera sept jours, soit jusqu’au 9 juillet, se tiendra, les 8 et 9 juillet, en parallèle avec l’Examen ministériel annuel et précèdera la session du Forum sur la coopération au développement prévue les 10 et 11 juillet, a indiqué le Président du Conseil économique et social, M. Martin Sajdik (Autriche).


Le Forum politique fait partie du processus des Nations Unies en faveur du développement durable, a rappelé le Président de l’ECOSOC, en se félicitant, à cet égard, de la tenue, la semaine dernière à Nairobi, de la première session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (ANUE) du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).


M. Sajdik a fait remarquer que la participation de la société civile à ce processus avait atteint un niveau sans précédent, en assurant qu’il ferait son possible pour maintenir cet engagement.  Dans cet esprit, le représentant du grand groupe de la jeunesse a suggéré la création, à l’ONU, d’un poste de haut-commissaire pour les générations futures qui travaillerait avec le Forum politique.


Il faudrait, en effet, établir un véritable « contrat entre les générations », a reconnu un des coprésidents du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, organe dont les négociations décisives sur les objectifs de développement durable commenceront le 2 juillet.  Il a aussi prôné « l’engagement politique des pays ». 


De son côté, le représentant du Réseau des collectivités locales pour le développement durable a souhaité que les collectivités locales qui représentent, ensemble, presque 15% du PIB mondial, contribuent activement à la recherche et à la mise en œuvre de solutions sur le terrain. 


Selon le Directeur général de l’Institut des ressources mondiales, qui animait la première des trois tables rondes de la journée, les trois caractéristiques principales du futur programme de développement pour l’après-2015 sont « l’intégration » de ses trois dimensions; « l’universalité », qui veut que les objectifs soient applicables à tous les pays tout en se basant sur la responsabilité commune mais différenciée; et un « programme transformateur » qui remédie aux niveaux inacceptables de pauvreté actuels.


Si l’on a reconnu, au cours des discussions, que le programme de développement pour l’après-2015 devait contribuer à atteindre une plus grande prospérité, le représentant du Brésil a prévenu que les forces du marché ne peuvent pas, à elles seules, mettre fin à la pauvreté.  C’est pourquoi, ont prôné de nombreux intervenant, il est nécessaire d’adopter un programme de développement équilibré.


Une autre table ronde a mis l’accent sur les moyens de garantir l’efficacité du financement du développement durable.  Au-delà des moyens disponibles, c’est la cohérence de leur utilisation qui fera une différence, ont souligné les intervenants.  Ils ont aussi remarqué que la complexité inhérente à la question du financement exigeait l’intervention d’experts et une analyse de données qui, cependant, ne sont pas toujours disponibles.  Les entreprises doivent, pour leur part, mettre en œuvre des normes de bonne gouvernance et de bonne conduite.


« Comment la consommation et la production durables contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable? »  C’était la question posée aux panélistes de la dernière table ronde qui ont souligné l’importance de faire changer les mentalités ou de renforcer ce qui a déjà été entrepris.  La Présidente de Zipcar, société de location de voitures à l’heure, a assuré que les nouvelles générations changeaient d’attitude aux États-Unis et ailleurs.  La possession d’un véhicule cède peu à peu la place à l’accès à des services de transport. 


Cette discussion a aussi abordé le problème du gaspillage alimentaire et de la surconsommation d’eau.  Le représentant du PNUE a indiqué, à cet égard, qu’un changement de modes de consommation permettait d’économiser entre 20 et 30% d’eau, sans avoir à investir dans des équipements nouveaux.


Cette journée s’est conclue par un dialogue avec le Président du Conseil du cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, auquel a participé le Ministre de l’environnement de l’Indonésie.


Le Forum politique de haut niveau poursuivra ses travaux demain, mardi 1er  juillet, à 10 heures.


FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE


Ouverture du Forum


M. MARTIN SAJDIK (Autriche), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), ouvrant cette première session du Forum politique de haut niveau sur le développement durable sous les auspices de l’ECOSOC, a déclaré: « nous commençons à mettre en œuvre une des dispositions du Document final de Rio+20 ».  « Nous nous engageons dans la dernière étape vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont l’échéance est fixée à 2015. »  Il a aussi indiqué que des négociations décisives du Groupe de travail sur les objectifs de développement durable commenceront mercredi 2 juillet, dans la foulée des travaux du Forum politique.  Il a émis l’espoir que le Forum politique constituerait une « plateforme robuste pour l’après-2015 », afin de répondre à des attentes importantes, tout en agissant de manière responsable.  M. Sajdik a aussi fait remarquer que la participation de la société civile avait atteint un niveau sans précédent.  La Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui s’était tenue à Rio, en juin 2012, avait structuré cette participation par le biais des grands groupes, a-t-il rappelé, en se réjouissant que des dizaines de milliers d’acteurs de la société civile aient contribué aux négociations en vue de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  « La participation de la société civile et d’autres acteurs est un impératif que je m’efforcerai de faire respecter », a-t-il assuré.


Le Forum politique fait partie du processus des Nations Unies en faveur du développement durable, a rappelé le Président de l’ECOSOC, en se félicitant, à cet égard, de la tenue, la semaine dernière à Nairobi, de la première session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (ANUE) du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Notant par ailleurs que les innovations aux Nations Unies ne recueillaient pas toujours l’accord de tous, M. Sajdik a souhaité, en l’occurrence, que le Forum politique réponde aux attentes de chacun.  « Nous allons engager des dialogues sur des points concrets comme les petits États insulaires en développement et les pays en situation particulière », a-t-il annoncé.  Le Président de l’ECOSOC a aussi indiqué que les participants allaient réfléchir aux priorités et aux moyens de les relever.  Le Forum politique servira aussi de plateforme pour explorer les moyens de répondre aux tendances actuelles, a-t-il ajouté.  M. Sajdik a demandé d’utiliser les deux prochaines années pour faire du Forum politique une institution fonctionnelle qui permette de mettre en œuvre les objectifs de développement durable lorsqu’ils seront adoptés.  « L’intégration sera le facteur clef de notre Forum », a-t-il souligné.  Avant de conclure, il a encouragé à organiser des débats similaires aux niveau local, national et régional.


Dans une déclaration liminaire, M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DAES), a rappelé que ce Forum politique avait été créé lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 » dans le but de matérialiser la vision de Rio+20 et de définir les objectifs du développement durable.  Il a indiqué que le Forum politique doit examiner les défis qui se posent aux progrès réalisés et servir d’instance qui permette aux États de partager leurs expériences et données scientifiques.  Notant que tous les pays ne sont pas encore en mesure d’atteindre tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a recommandé de modifier l’approche adoptée jusqu’ici pour mieux répondre aux exigences d’un développement durable et viable et réexaminer les programmes de développement qui sont devenus obsolètes.  M. Wu Hongbo a estimé que le Forum politique permettra aussi de tenir des débats stratégiques sur des aspects essentiels du programme de développement pour l’après-2015.  Il est nécessaire de mobiliser plus de ressources pour le développement durable et de les utiliser de manière efficace, a-t-il recommandé, avant d’appeler les États à établir des plans de développement nationaux qui prennent en compte les liens étroits entre les différents secteurs. 


« Même si le produit intérieur brut (PIB) mondial a été multiplié par 10 depuis 1950, nous n’avons pas su exploiter les bénéfices de cette croissance et les avantages technologiques pour éliminer la faim et la pauvreté », a regretté le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  Illustrant son propos, M. Wu Hongbo a indiqué que 850 millions de personnes continuaient de souffrir de la faim et que 200 millions vivaient dans un taudis.  Il a émis l’espoir que les travaux du Forum politique contribueront à accélérer la réalisation d’un véritable développement durable.


Déclarations des grands groupes et des autres parties prenantes


M. PETER DAVIES, Commissionnaire du Pays de Galles pour un avenir durable, intervenant au nom de trois réseaux, dont le Réseau des collectivités locales pour le développement durable, a souligné l’importance de la mise en œuvre sur le terrain des solutions qui seront développées en matière de développement durable, ce à quoi les collectivités locales peuvent et doivent contribuer.  Faisant observer que les collectivités locales représentaient, ensemble, presque 15% du PIB mondial, il a indiqué que, par leurs bonnes pratiques, elles étaient bien placées pour servir de modèles.  « Nous souhaitons développer une vision commune » pour l’après-2015, a-t-il dit, en espérant que les objectifs de développement durable contribueraient à réaliser des changements sur le terrain.  Les pays dotés des technologies doivent, a-t-il ajouté, encourager le transfert des connaissances.  Dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015, il a souhaité que les entreprises puissent jouer un rôle responsable tout en réalisant des profits.  Le commerce, les investissements, l’innovation et les créations d’emplois sont des éléments fondamentaux du développement durable, a-t-il souligné, en rappelant que les mesures prises doivent toujours respecter l’environnement.  Il faudrait protéger la planète et s’adapter aux changements climatiques, ce qui, a-t-il dit, exige une vision globale.  M. Davies a également insisté sur la nécessité d’adopter des modes de consommation qui soient respectueux de l’environnement.  Il a aussi conseillé de coordonner les efforts entrepris dans les domaines de la science et l’innovation pour qu’ils contribuent efficacement à la réalisation du développement durable.  Un projet de loi sur le bien-être des générations futures sera examiné, à partir de la semaine prochaine, dans le pays de Galles, a-t-il indiqué.


M. USMAN MUSHTAQ, Commission de la jeunesse pour la gouvernance mondiale pour la santé, a d’emblée appelé à ne pas oublier les contributions de la Commission du développement durable (CDD).  Il a souhaité que le Forum politique garantisse une bonne participation de tous les acteurs du développement durable.  Il a également appelé à la création d’un poste de haut-commissaire pour les générations futures qui travaillerait avec le Forum politique.  Tous les grands groupes de la société civile doivent, a-t-il insisté, être largement associés aux travaux et réflexions du Forum politique.  Il a jugé indispensable que les expériences des plus marginalisés soient entendues et prises en compte.  « Notre participation aux décisions qui seront prises est essentielle », a rappelé le représentant de la jeunesse mondiale pour la gouvernance du domaine de la santé.


Mme CAROLINE USIKPEDO, Fondatrice et Présidente nationale du mouvement des femmes du Delta du Niger, a appelé à l’élaboration d’un programme de développement pour l’après-2015 qui s’attaque à toutes les inégalités et injustices.  Elle a ainsi mis l’accent sur l’importance des droits de l’homme, de la transparence et la bonne gouvernance.  Elle a appelé au respect des principes de la non-régression, de l’indivisibilité de tous les droits de l’homme, et à la nécessaire mise en place de mécanismes de responsabilisation au niveau national.  Mme Usikpedo a souligné qu’il était important d’établir des statistiques ventilées et des indicateurs afin d’évaluer la mise en œuvre de tous les objectifs.  Rappelant qu’elle était originaire d’une population autochtone de la vallée du Niger qui a beaucoup souffert de la pollution causée par les grandes entreprises multinationales, elle a demandé que des efforts soient entrepris pour indemniser les populations locales pour le préjudice à l’environnement causé par les activités de ces entreprises. 


Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. JUAN MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie), a déclaré que cette première session du Forum politique était consacrée à l’examen de questions de fond.  « Nous commençons ainsi une nouvelle étape dans la gouvernance institutionnelle en matière de développement durable », a-t-il fait remarquer, avant de préciser qu’il s’agissait d’une étape indispensable pour la mise en œuvre du Document final de Rio+20.  Il a félicité le Président de l’ECOSOC pour avoir réussi à présenter un ordre du jour intéressant et pertinent pour les sept journées de débats que tiendra le Forum politique.  Il a salué l’intérêt accordé à l’étude sur les modes viables de consommation et de production, aux perspectives régionales et aux voies à suivre dans l’avenir.  Le représentant du Groupe des 77 et la Chine a indiqué que l’Examen ministériel de haut niveau de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et celui du nouveau Forum politique étaient deux démarches différentes mais complémentaires. 


Dialogue pondéré: « De Rio+20 au post-2015: vers un agenda pour le développement durable intégré et universel »


En lançant ce débat, le Président du Conseil économique et social a rappelé les différents processus lancés par Rio+20.  Il a ensuite invité à réfléchir sur les moyens de les combiner.  M. MANISH BAPNA, Vice-Président exécutif et Directeur général de l’Institut des ressources mondiales, qui animait la séance, a voulu que la discussion se concentre sur les trois caractéristiques principales du futur programme de développement pour l’après-2015: un programme intégré et équilibré entre ses trois dimensions; un programme universel dont les objectifs seront applicables à tous les pays tout en se basant sur la responsabilité commune mais différenciée; un programme transformateur qui remédie aux niveaux inacceptables de pauvreté.


Déclarations des experts


M. CSABA KÖRÖSI (Hongrie), Coprésident du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, a parlé d’un « contrat entre les générations » et d’un « engagement politique entre les pays ».  Dix pays ont déjà mis en place des mesures pour superviser la mise en œuvre de ce contrat, s’est-il félicité.  Il est important de faire preuve de discipline dans ce processus, compte tenu du lien étroit qui existe entre toutes les questions qu’il couvre, a-t-il souligné.  Pour chaque phase –l’élaboration des objectifs et leur mise en œuvre-, il faudrait utiliser les compétences spécialisées et la coopération, a-t-il recommandé.  M. Körösi a également insisté sur la nécessité d’avoir une vision claire des objectifs à atteindre.  « Nous avons aussi besoin d’avoir confiance à l’égard des responsables de ces efforts » et de « répartition équitable du fardeau entre tous les acteurs », a-t-il ajouté.  Pour M. Körösi, il faudrait aussi s’écarter des schémas traditionnels.


Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a estimé que le travail déjà réalisé sur le développement durable a eu une valeur didactique.  Pour elle, « placer le développement durable au cœur du programme de développement pour l’après-2015, c’est avoir un agenda qui prévoit d’examiner les défis présents et futurs dans les domaines social, économique et environnemental, non pas séparément mais de manière intégrée ».  Au niveau national, a-t-elle expliqué, il faudrait sans doute adopter des modes de décision qui impliquent non seulement l’ensemble du gouvernement mais aussi la société civile et le secteur privé.  Au niveau international, le système de développement des Nations Unies devrait fonctionner davantage comme un tout et en liaison étroite avec les autres partenaires de développement, a-t-elle ajouté.


Mme Frankinet a aussi souligné que le programme de développement pour l’après-2015 devrait contribuer à atteindre une plus grande prospérité, de manière inclusive, tout en respectant les capacités de la planète.  Elle a souligné, en outre, la nécessité de bâtir ce nouvel agenda sur les droits de l’homme et les valeurs universelles d’égalité, de justice, de non-violence et de bonne gouvernance.  « C’est un agenda qui devra être pertinent et crédible, inclusif et centré sur les personnes. »  Mme Frankinet a ensuite appelé chaque pays à déterminer les politiques qu’il adoptera pour répondre à ces « défis identifiés d’un commun accord », tout en tenant compte de ses priorités nationales.  Elle a aussi suggéré à tous les acteurs -gouvernements, Nations Unies, société civile et secteur privé- de faire partie d’un « système de suivi solide mais souple ».


Pour M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), le Document final de Rio+20 avait permis d’élaborer une vision selon laquelle il ne peut y avoir de vrai développement sans y inclure l’aspect social et l’aspect environnemental.  Les forces du marché ne peuvent pas, à elles seules, mettre fin à la pauvreté, a-t-il fait remarquer.  Les États Membres avaient aussi reconnu, dans ce Document final, qu’il n’était pas possible de corriger la relation irresponsable avec la nature tant que l’élimination de la pauvreté et l’équité sociale ne pourront pas être intégrées aux efforts visant à mettre un terme à la dégradation de la planète. 


L’impact transformateur du programme de développement pour l’après-2015 ne sera garanti que si on reste fidèle au mandat de Rio+20, qui constitue la feuille de route pour l’après-2015 grâce aux principes convenus, a estimé M. Patriota.  Les États Membres doivent se mettre d’accord pour traduire cette feuille de route dans des institutions efficaces, des objectifs et des politiques aux niveaux national et international.  Il a affirmé que l’on faisait œuvre de pionnier et que l’on s’acheminait vers la convergence.  Le Forum politique de haut niveau tente de ne pas aborder cette question de manière traditionnelle, a-t-il noté, avant de recommander que la société civile participe activement aux côtés des représentants des gouvernements.


M. DEBAPRIYA BHATTACHARYA, membre éminent du Centre de dialogue sur les mesures à prendre (Dhaka) et Président du Southern Voice on Post-MDG International Development Goals, a expliqué que si le concept d’« intégration » concerne les trois piliers du développement durable (économique, social et environnemental), il existe un quatrième pilier, la gouvernance, qui est le socle pour le succès des trois autres.  Cette gouvernance doit être garantie au niveau national comme au niveau mondial, a-t-il précisé.  Sur le caractère « universel », il a rappelé que le but était d’atteindre un objectif commun avec des responsabilités différenciées.  Par ailleurs, a-t-il estimé, « un changement transformateur ne peut être obtenu que si l’on s’attaque aux causes des problèmes ».  Ces changements doivent conduire, notamment, à un meilleur accès au marché du travail, au crédit et aux ressources naturelles.


En ce qui concerne « l’inclusion », M. Bhattacharya a demandé que l’on s’interroge sur les moyens de créer des équilibres.  Il faudrait que les engagements pris soient traduits en actes concrets, a-t-il ajouté.  Il a conclu en appelant à aller au-delà de l’OMD 8 et de la question du financement du développement durable, en adoptant des politiques qui aboutissent à des changements systémiques.  Les négociations commerciales de Doha et celles sur les changements climatiques doivent aboutir à des accords, a-t-il insisté.  À ce jour, a-t-il fait remarquer, plus de 200 cibles assorties d’indicateurs ont été établis en vue de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.


Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Secrétaire générale adjointe et Directrice générale de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a rappelé que le Document final de Rio+20 avait souligné le rôle vital des femmes pour atteindre le développement durable, en précisant que celles-ci étaient la force motrice pour le changement vers « l’avenir que nous voulons ».  Il ne peut y avoir de progrès en faveur du développement durable si l’on ne met pas fin aux inégalités entre les sexes, a-t-elle rappelé.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a plaidé en faveur de l’autonomisation des femmes et, en particulier, de l’amélioration de l’accès à l’énergie, car, a-t-elle fait remarquer, ce sont les femmes qui paient le prix fort de ce problème.  Pour elle, le programme de développement pour l’après-2015 devrait prévoir des objectifs dans les six domaines stratégiques suivants: adopter des politiques d’égalité des femmes, éliminer toutes les formes de violence contre les femmes, réaliser les objectifs de santé sexuelle et procréative, prendre en compte le travail non rémunéré dans les ménages, assurer l’égalité dans l’héritage et la gestion des ressources, offrir des postes de prise de décisions aux femmes.  Elle a aussi recommandé aux gouvernements de travailler en coopération étroite avec les organisations de femmes.


Discussion interactive


Les questions de l’universalité et de la différenciation ont été fréquemment abordées au cours de la discussion par ceux qui voulaient souligner l’importance de la « responsabilité commune mais différenciée » en matière de développement durable.  Les participants ont aussi invité à garantir la cohérence des démarches et à s’appuyer sur les partenariats pour mettre en œuvre efficacement le programme de développement pour l’après-2015.


Ce programme doit être élaboré en suivant une approche axée sur les droits, la capacité de la planète et le capital humain, a déclaré le représentant de l’Italie en lançant la discussion.  La planète a des ressources limitées, a renchéri la représentante de la Colombie en avertissant que toute inaction dans ce domaine était nuisible à tous.  C’est un défi que nous ne pouvons pas relever de manière isolée, a-t-elle précisé.  À cet égard, la représentante du Mexique a invité à tirer parti des partenariats et à renforcer la cohérence des processus. La panéliste de la Belgique a reconnu l’importance de la cohérence des politiques et donné l’exemple de son pays qui a récemment adopté une déclaration commune aux différents niveaux de gouvernement qui vise à réduire les incohérences, notamment sur la question des subventions agricoles.


« Ceux qui sont les plus responsables des actions les plus néfastes, a rappelé le représentant du Bénin, sont ceux qui doivent assumer la plus grande part de responsabilité » dans les efforts menés pour y remédier.  Il a soutenu que le principe de « l’universalité » doit aller de pair avec celui de la « différenciation » et le respect des pays en situation particulière.  Au nom d’une « solidarité responsable », la communauté internationale doit contribuer au financement du développement durable.


Le panéliste du Brésil a mis l’accent sur la différenciation dans les modes de production et de consommation, en invitant à adopter des changements transformateurs.  Il a aussi abordé la question de la gouvernance sous l’angle des institutions internationales, en évoquant la réforme du Conseil de sécurité qui, a-t-il fait observer, n’a pas encore abouti.


« Il y a beaucoup de travail pour arriver à des concepts acceptables par tous », a estimé le représentant du Monténégro, avant de plaider notamment en faveur de la préservation des ressources naturelles grâce à des mesures bien ciblées en faveur de la biodiversité.  « Nous sommes tous sur la même longueur d’onde mais nous avons du mal à le croire », a fait remarquer, pour sa part, le Coprésident du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable.  Il a signalé que les six éléments mentionnés par la Directrice exécutive d’ONU-Femmes allaient figurer dans le document de travail qui sera disponible prochainement.


De son côté, le représentant de l’Afrique du Sud a demandé de s’appuyer sur les acquis et les décisions déjà prises au plan international pour adopter un programme de développement pour l’avenir.  Il faudrait également respecter les priorités nationales et les initiatives prises sur le continent africain, notamment dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a-t-il ajouté.


Ce débat a donné la parole à des représentants des grands groupes de la société civile, comme celui de la Communauté scientifique et technologique, qui a parlé d’une recherche sur un « programme sur la planète future » dont l’objectif est de trouver des solutions en utilisant la science.  Sur ce sujet, le représentant du Monténégro a jugé bon d’établir des liens forts entre les scientifiques et les décideurs politiques.  Il a aussi indiqué que le Monténégro accueillerait, en novembre prochain, une conférence régionale sur le développement durable.


Le Forum politique de haut niveau est une instance qui a des responsabilités, a souligné la représentante de la Suisse, avant de présenter ce que fait son pays pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable grâce à une stratégie nationale.  La représentante du Nigéria a, quant à elle, proposé aux pays de mettre en place des bureaux nationaux de haut niveau afin de garantir la mise en œuvre et le suivi des objectifs de développement durable.


Enfin, le représentant du Conseil international sur le bien-être social a demandé de tenir compte des deux dimensions du terme « universel » qui s’applique tant aux pays qu’aux peuples. 


Dialogue pondéré sur le thème: « Moyens de mise en œuvre du développement durable »


Animée par M. RAYMOND SANER, Professeur en gestion organisationnelle et internationale à l’Université de Bâle (Suisse), et membre de faculté à Sciences-Po, Paris, cette deuxième table ronde a été l’occasion de mettre l’accent sur les moyens de garantir l’efficacité du financement du développement durable.  « Au-delà des moyens disponibles, c’est la cohérence de leur utilisation qui fera une différence », ont souligné les intervenants.  Il faudrait plus de cohérence et d’équité dans l’utilisation des moyens destinés au développement durable, ont-ils souligné, en rappelant que les 193 États Membres devraient, en septembre 2015, se mettre d’accord sur le programme de développement pour l’après-2015.  Il est important, ont-ils dit, de disposer de données pour mesurer ces moyens.  À ce jour, 50% des pays en développement n’ont pas des données dont ils ont besoin pour établir les plans nécessaires en matière de développement durable.


Dans une déclaration liminaire, M. Saner a appelé à saisir l’opportunité de la présence d’experts du financement du développement à cette session du Forum politique pour discuter de la complexité inhérente du financement.  Il a également appelé à « prendre conscience du coût de l’inaction ».  Une des conditions de la mise en œuvre est de bien savoir qui va financer quoi, a ajouté le professeur Saner, avant de mettre l’accent sur la nécessité d’assurer l’équité.  Il est aussi nécessaire de bien connaître le fonctionnement du secteur financier.  


« Le rôle du processus budgétaire est essentiel car le budget national est le meilleur moyen de traduire les engagements en actions concrètes », a estimé M. Mansur Muhtar, Coprésident du Comité intergouvernemental d’experts sur le financement du développement durable.  Il est important d’adopter une approche qualitative des moyens investis, a-t-il souligné, en appelant à agir avec créativité dans la manière de mobiliser les fonds pour le développement durable.  « Il faut identifier des axes stratégiques pour proposer des options de financement les plus adéquates et assurer la reddition de comptes et le suivi des financements ».  « Au-delà des moyens disponibles en Afrique par exemple, toute une série de facteurs internes et externes empêchent de mettre tous ces moyens à la disposition du financement du développement », a noté M. Muhtar, avant de faire remarquer que l’on commençait à peine à comprendre la question des « flux négatifs de ressources ».


« Nous devons être créatifs et inclure toutes les parties prenantes » a, de son côté, insisté M. CLAUDIO ROJAS RACHEL, Directeur du Groupe chargé des situations économiques et des problèmes de développement du Ministère des affaires étrangères du Chili, en ajoutant que « le problème n’est pas le manque de ressources mais les modalités de leur utilisation ».  Au-delà de la question de l’aide de la communauté, il a appelé les gouvernements à identifier les dysfonctionnements qui les empêchent de progresser.  Il a estimé que la cohérence en matière de développement durable devait commencer au sein des gouvernements en s’appuyant sur la nouvelle dynamique née à Rio+20.  C’est aux Nations Unies de fédérer, de trouver une interprétation commune de la situation et de faire en sorte que les initiatives prises soient complémentaires à celles d’autres acteurs comme le G-20 ou l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).


M. STEVE WAYGOOD, Responsable chargé des investissements à Aviva Investor, a mis l’accent sur le rôle des places boursières pour rendre les marchés plus transparents et s’assurer que les entreprises mettent en œuvre des normes de bonne gouvernance et de bonne conduite.  Il est aussi intéressant de savoir combien d’entreprises transmettent des informations par le biais du terminal Bloomberg, a-t-il dit, après avoir cité aussi le problème de la fragmentation des liquidités


Au nom du grand groupe des entreprises et de l’industrie, Mme LOUISE KANTROW, Observatrice permanente auprès des Nations Unies de la Chambre de commerce internationale, a appelé à la création d’un système commercial mondial encourageant le développement, avant de rappeler que la croissance économique était plus stimulée par le commerce que par l’aide publique au développement (APD).  Parmi les conditions du développement commercial au niveau local, elle a cité l’existence d’infrastructures, d’une main-d’œuvre éduquée et de droits fonciers bien définis.  Mme Kantrow a ensuite mis l’accent sur les capacités nationales de mobilisation des ressources.  Comme le programme de développement pour l’après-2015 ne sera pas juridiquement contraignant, nous pouvons espérer que tous les acteurs iront au-delà des attentes, a-t-elle estimé.


Réagissant à une question du Pérou sur la prévisibilité et la stabilité des mécanismes de financement innovants, M. Rojas a indiqué que le Chili avait promulgué une loi fixant à 2 dollars par personne et par voyage international la taxe de transport aérien destinée au financement du développement. 


Dialogue pondéré sur le thème « Comment la consommation et la production durables contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable? »


Présidée par M. JOON OH (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social, cette table ronde était animée par le Directeur en charge des écosystèmes et du développement à l’Institut des ressources mondiales, M. PETER HAZLEWOOD, qui a demandé de réfléchir aux modes de production et de consommation permettant de réaliser le développement durable.


M. LÁSZLÓ BORBÉLY, Président du Comité pour la politique étrangère à la Chambre des députés du Parlement de Roumanie, a rappelé que les demandes en ressources dépassaient les limites planétaires.  L’objectif est maintenant de promouvoir une meilleure qualité, ce qui dépend des techniques environnementales en matière de développement durable, a-t-il expliqué.  La Roumanie, a-t-il indiqué, participe au Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable.  Outre les États Membres, les entités régionales doivent participer à ces efforts, a-t-il estimé, en invitant à mettre en place un cadre politique et économique allant dans le sens d’une production respectueuse de l’environnement.  Il a appelé à modifier nos modes de production et de consommation, ce qui exige des changements de comportement.  Il faut veiller à ce que toute la chaîne économique adopte des modes durables, a-t-il précisé.  Il ne faut ni remettre à plus tard ce qui doit être fait, ni se contenter d’établir des objectifs qu’il est facile d’atteindre, a-t-il prévenu.


M. ULF JAECKEL, Directeur de la Division de la protection du consommateur durable et de la protection de l’environnement liée aux produits au Ministère fédéral de l’environnement, de la conservation de la nature, de la construction et sûreté nucléaire d’Allemagne, a relevé que plus de 70% des gaz à effet de serre étaient la conséquence d’une consommation incontrôlable.  Chaque individu possède environ 10 000 articles de consommation et la population mondiale ne fait qu’augmenter, a-t-il indiqué pour illustrer l’ampleur de la consommation.  Bien avant Rio+20, l’Allemagne avait adopté un programme décennal sur la question des modes de production et de consommation durables, ainsi que 12 plans d’action nationaux.  Un tiers de la production alimentaire est gaspillé, a-t-il regretté.  Tout le monde, a-t-il dit, doit participer aux efforts visant à protéger l’environnement.


M. CESAR BARAHONA, Président de réseau mondial de production propre économe en ressources, et Directeur du National Cleaner Production Centre au Nicaragua, a rappelé que l’eau était une ressource naturelle qu’il faudra multiplier par 5 dans les années à venir.  Le réseau qu’il préside concerne plus de 30 pays et favorise les transferts de technologies et financiers, a-t-il indiqué.  Le Centre national pour une production plus propre encourage l’adoption de stratégies de production verte auprès des gouvernements et des entreprises.  En suivant les conseils donnés, des entreprises ont pu économiser leur consommation en énergie de 25%, avec également une réduction de leur consommation d’eau et de leur production de déchets, a assuré M. Barahona.  Il a ainsi plaidé en faveur de partenariats entre les gouvernements et le secteur privé.  Le réseau qu’il représente entend jouer un rôle moteur dans le développement durable, a-t-il dit, tout en soulignant celui, essentiel, que doivent assumer les petites et moyennes entreprises.  Il a donc invité à adopter des politiques viables et à mettre en place des mécanismes de financement appropriés pour ces entreprises.


Mme KAYE CEILLE, Présidente de Zipcar, a indiqué que l’entreprise Zipcar avait été créée en 2000 pour permettre à des particuliers d’utiliser des voitures sans en être propriétaires.  Zipcar dispose de plus de 10 000 véhicules qu’utilisent plus de 850 000 clients moyennant une somme modique pour une utilisation de quelques heures, a-t-elle expliqué.  Mme Ceille a précisé que chaque véhicule partagé remplaçait 15 voitures, ce qui contribue à réduire les embouteillages dans les villes.  Chaque voiture répond aux besoins de 40 personnes, a-t-elle ajouté, en assurant que cela permettait de réaliser une économie de 600 dollars par mois pour chaque usager et que des millions de dollars étaient ainsi économisés en matière de stationnement et d’entretien.  Reconnaissant que le fait de posséder une voiture était un aspect social, Mme Ceille a cependant noté que les jeunes obtenaient, aujourd’hui, leur permis de conduire à un âge plus avancé que leurs parents et que, souvent, ils devaient rembourser un prêt étudiant.  Il en résulte que les nouvelles générations changent d’attitude aux États-Unis et ailleurs.  Mme Ceille a invité à examiner également la question du cologement et à mettre davantage l’accent sur l’innovation afin de parvenir à de meilleurs résultats en matière de protection de l’environnement.


M. CHRISTIAN P. FRUTIGER, Directeur adjoint du Département des affaires publiques à Nestlé, a estimé qu’il était important de faire participer le secteur privé à la table des négociations.  Des entreprises telles que Nestlé sont des acteurs de développement, a-t-il affirmé.  Il a illustré son propos en citant quelques chiffres: Nestlé a 250 000 employés, 470 usines, dont la moitié se trouve dans des pays en développement, et travaille avec des milliers d’agriculteurs.  « Nous devons produire davantage avec moins de moyens pour faire face à la demande alimentaire croissante », a-t-il dit.  Pour limiter le gaspillage alimentaire, qui représente actuellement 30 à 40% de pertes pour le consommateur final dans les pays industrialisés, nous devons aider les consommateurs à agir raisonnablement, en ajustant, par exemple, les dates de péremption figurant sur les emballages.


M. DIDIER BERGERET, Directeur du Programme mondial de conformité sociale, a parlé de la multiplication des démarches à accomplir pour remplir les normes de production et professionnelles, qui alourdissent les processus de production.  Il a présenté le cadre de chaîne d’approvisionnement durable que son Programme a créé, qui permet aux fournisseurs de travailler plus efficacement et aux auditeurs de travailler ensemble.  Il a demandé à tout le système de l’ONU d’appuyer cette démarche, comme le fait déjà l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).  Nestlé travaille aussi avec des États, comme les Pays-Bas, a-t-il indiqué.


Discussion interactive


La question de la production et de la consommation durables doit être examinée en lien avec celle de l’accès à la technologie pour les pays en développement, a estimé le représentant du Bénin, en plaidant en faveur d’un partenariat en ce sens.


La représentante de la Belgique a rappelé que la réalisation des objectifs de développement durable exigeait une croissance équitable et durable.  C’est pourquoi les modes de production et de consommation durables sont essentiels.


La représentante de la Finlande a parlé du « défi de consommation élevé » qui oblige à investir dans des modes de production élevée, tout en réduisant la consommation dans les modes de vie quotidienne.  Mais comment allons-nous changer nos modes de vie dans les pays en développement? a demandé le représentant des ONG.  Il a appelé à aider ces pays à passer à cette phase, notamment grâce à une aide financière.  La représentante de la Norvège a parlé de l’expérience de son pays, qui a encouragé l’utilisation des véhicules électriques et établi une taxe verte. 


Le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a demandé d’établir des liens entre les différents secteurs pour aboutir à des modes de production et de consommation durable.  Il faudrait, pour cela, que les différents ministères d’un même pays travaillent ensemble.  En changeant nos modes de consommation, nous pouvons économiser 20 à 30% de l’eau, sans avoir à investir dans des équipements nouveaux, a-t-il assuré pour encourager les efforts en ce sens.


De son côté, le représentant du Brésil a souligné la nature transversale des modes de production et de consommation durables dans les objectifs de développement durable.  Quand on parle d’universalité, on doit parler de différenciation.  C’est pourquoi, il faudrait traiter des problèmes de surconsommation, en parallèle avec ceux de la sous-consommation.


Pour le représentant du grand groupe des enfants et des jeunes, il faudrait prévoir un calendrier pour atteindre ces objectifs.  Il a aussi demandé de mettre en place un cadre global qui évalue les risques liés aux excédents et aux déficits environnementaux, ce que le PNUE appelle le « E-risque ».  Il faudrait également mettre l’accent sur l’éducation, ce qu’a confirmé le panéliste de la Roumanie.


Dialogue avec le Président du Conseil du cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables: « La consommation et la production durables en action: les travaux du Conseil du cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables »


Animé par M. PETER HAZLEWOOD, Directeur en charge des écosystèmes et du développement à l’Institut des ressources mondiales, le dernier débat de la journée s’est concentré sur « les travaux du Conseil du cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables ».  Ce débat a ainsi permis de rappeler que le passage à une consommation et à une production durables (CPD) était indispensable si l’on veut favoriser le développement économique et social dans les limites des écosystèmes, améliorer l’efficacité et la durabilité de l’utilisation des ressources et des processus de production et réduire la dégradation des ressources, la pollution et le volume de déchets.  À cet égard, les intervenants ont souligné qu’il était important d’encourager les entreprises et de sensibiliser le grand public pour que cette production et consommation durables deviennent une réalité.


M. BALTHASAR KAMBUAYA, Ministre de l’environnement de l’Indonésie et Vice-Président du Conseil du cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, a indiqué que son pays avait adopté, le 5 juin 2013, un tel cadre en vue de l’intégrer à la stratégie nationale de développement quinquennale (2015-2019).  « Pour que la consommation et la production durables soient au cœur de la planification, le gouvernement doit établir le programme de développement conjointement avec le secteur privé, le secteur de l’industrie et la société civile », a insisté le Ministre indonésien.  Il faudrait encourager les entreprises à adopter des modes de consommation et production durables et sensibiliser le public.   


Mme SYLVIA DEL CARMEN TREVIÑO MEDINA, Directrice générale de l’industrie au Ministère de l’environnement et des ressources naturelles du Mexique, et Présidente du Conseil du cadre décennal de programmation, a indiqué que le cadre décennal était intégré au plan national de développement (2013-2018) du Mexique.  « Nous savons que nous devons autonomiser les acteurs du cadre dans chacun des pays où ils interviennent et nous devons davantage assurer la coordination de leurs activités au niveau national », a dit la Présidente du Cadre décennal de programmation, qui a aussi mis l’accent sur l’incitation des entreprises. 


« Nous ne pouvons pas parler de production et consommation durables sans parler des océans qui représentent deux tiers de la surface de la terre », a fait remarquer Mme LISA EMELIA SVENSSON, Ambassadrice pour les océans, les mers et l’eau douce de la Suède.  À ce jour, a-t-elle indiqué, un milliard de personnes tirent leurs protéines de produits marins.  Mme Svensson s’est inquiétée des conséquences de la pollution marine sur la chaîne alimentaire et la santé, ainsi que des effets des subventions et de la pêche illégale et de la surpêche sur la gestion des ressources halieutiques.  Grâce aux océans, on produisait de l’énergie et on promouvait le tourisme, a-t-elle rappelé.  L’observation des baleines peut constituer une activité générant des revenus, a-t-elle dit.  Faisant observer que 90% des transports étaient assurés par voie maritime, elle a souhaité que les objectifs du développement durable prennent en compte ces réalités et tiennent compte les attentes des pays. 


M. LEWIS AKENJI, de l’Institut des stratégies environnementales mondiales, a recommandé aux États Membres de ne pas définir des objectifs de développement durable (ODD) pour l’après-2015 qui soient en contradiction avec les objectifs du cadre décennal de consommation et de production durables.


Le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a estimé qu’il faudrait mieux communiquer pour expliquer comment les objectifs de production et consommation durables pourraient contribuer à la compétitivité, à l’élimination de la pauvreté et à la lutte contre la faim.  Répondant à une question du délégué du Brésil, un représentant de l’administration du cadre décennal a annoncé le lancement d’ici à 2015 de six programmes dont un programme d’éducation durable et un programme de constructions durables.


À la Conférence Rio+20, les chefs d’État s’étaient engagés à accélérer le passage à des modes de consommation et de production durables, grâce à l’adoption du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, (paragraphe 226 du Document final « L’avenir que nous voulons »).  Le Cadre décennal de programmation pour la période 2012-2022, fondé sur Action 21, la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développementet le Plan de mise en œuvre de Johannesburg, doit tenir compte des différents niveaux de développement des pays, ainsi que des capacités et prérogatives de chaque pays concernant ses stratégies, priorités et politiques de développement.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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