ECOSOC/6621

#Youth2015: le Forum de la jeunesse 2014 du Conseil économique et social donne l’occasion aux jeunes de contribuer à « bâtir leur vision d’avenir »

2/6/2014
Conseil économique et socialECOSOC/6621
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de 2014

Forum de la jeunesse 2014

matin & après-midi                       


#YOUTH2015 : LE FORUM DE LA JEUNESSE 2014 DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DONNE

L’OCCASION AUX JEUNES DE CONTRIBUER À « BÂTIR LEUR VISION D’AVENIR »


Le Forum de la jeunesse 2014 du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), qui se tient à New York les 2 et 3 juin 2014 sur le thème « #Youth2015: Bâtir leur vision d’avenir », s’est ouvert ce matin avec la participation de nombreux représentants de groupes et d’associations de jeunes, l’occasion pour eux et pour les délégations des États Membres de l’ONU de réfléchir aux moyens d’inclure les jeunes, soit la moitié de la population de la planète –composée par les moins de 25 ans- dans les processus de prise de décisions devant conduire à un avenir durable.


Estimant qu’il se trouvait aujourd’hui devant les dirigeants non seulement « de demain » mais aussi « d’aujourd’hui », le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a souligné que les jeunes impriment leur marque dans les domaines de la technologie, de la politique, de l’art, de la science, dans les rues, et jusqu’aux autoroutes de l’information.  « Faites entendre votre voix, haut et clair », les a-t-il invités avec encouragement en leur demandant de continuer à remplir leurs rôles de meneurs et de citoyens du monde.


Le Forum ouvert ce matin est organisé dans le but de faire entendre la voix des jeunes dans la discussion portant sur les défis à relever pour permettre à la communauté internationale de parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), alors qu’il reste 500 jours pour atteindre la date limite fixée à cet égard, et afin d’élaborer et définir les lignes du futur programme de développement pour l’après-2015, dont la mise en œuvre succédera à celle des OMD.  L’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi, nommé il y a un an et demi à ces fonctions nouvelles au sein du Secrétariat de l’ONU, a expliqué que le Forum de la jeunesse avait commencé d’exister il y a cinq mois, sur Internet, avec le lancement d’un portail permettant de recueillir les contributions de jeunes du monde entier.


La journée a commencé par la prestation d’un groupe de jeunes, « Lisa Russell Spoken Word Artists », qui, en scandant « The world we want is the world that wants us » (Le monde que nous voulons est un monde qui veut de nous), ont présenté leurs arguments en faveur des droits des jeunes à l’éducation, à un emploi décent et à la liberté d’expression.


Cinq sessions de travail sont prévues au cours des deux journées du Forum.  Celles qui ont eu lieu aujourd’hui ont eu pour thèmes: l’emploi des jeunes; les lacunes à combler dans le programme de développement pour l’après-2015; et les progrès à faire en Afrique au-delà de 2015.


Ce matin, les participants au Forum ont placé l’emploi des jeunes au rang des priorités tant pour les gouvernements que pour le secteur privé, au regard de l’ampleur du problème du chômage des jeunes, qui constitue l’un des obstacles majeurs au développement durable.  En effet, au niveau mondial le manque d’emploi touche 3 fois plus les jeunes que les adultes, a remarqué l’intervenante principale, Mme Brittany Trilford, de l’Alliance CIVICUS, qui parlait au nom des jeunes.


Remarquant que 73 millions de jeunes à travers le monde étaient sans emploi en 2013 et qu’environ 225 millions n’étaient ni scolarisés, ni employés ni en formation professionnelle, le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sajdik (Autriche), a souligné les coûts économiques et sociaux dévastateurs du chômage tant pour ces jeunes que pour les sociétés dont ils font partie.


Parmi les causes du chômage, le Forum a dénoncé leur manque d’accès non seulement à l’éducation et à la formation professionnelle, mais aussi à l’information sur le marché du travail.  Une experte du Conseil pour l’épanouissement des jeunes de la Barbade a aussi soulevé le problème du manque de données disponibles sur le chômage des jeunes, comme c’est le cas dans les Caraïbes.


En outre, comme l’a relevé un panéliste de l’Organisation internationale du Travail (OIT), les jeunes qui ont un emploi ne parviennent pas forcément à sortir de la pauvreté, car ils sont mal rémunérés et décrochent rarement des emplois décents dans le secteur formel.  Il a dès lors recommandé aux gouvernements d’adopter des plans d’action nationaux favorisant la transition des jeunes vers des emplois stables, décents et formels, ce qui passe notamment par un salaire minimum garanti et décent.


Dans l’après-midi, quatre intervenants ont présenté les résultats de consultations mondiales et régionales sur la jeunesse.  Parmi eux on comptait notamment le Ministre des affaires de la jeunesse du Sri Lanka, M. Dullas Alahapperuma, qui a parlé de la Déclaration de Colombo sur la jeunesse, un texte qui invite notamment à promouvoir des cibles quantitatives et qualitatives sur l’emploi des jeunes pour l’après-2015.


De son côté, le Porte-parole du Parlement des jeunes de la Francophonie a indiqué qu’en novembre prochain, l’Organisation internationale de la Francophonie adopterait une stratégie jeunesse pour 2015-2022 intitulée « La jeunesse est notre atout majeur! »


Enfin, la dernière table ronde de la journée a abordé toutes ces questions sous l’angle de l’Afrique, dans l’idée de générer des solutions pour y autonomiser les jeunes gens et pour donner forme à un programme de développement pour l’après-2015 qui tienne compte des problèmes de revenus, de disparités entre les sexes et d’inégalités entre les zones rurales et urbaines qui persistent sur ce continent.  La Coordonnatrice nationale du Mouvement de la jeunesse arabe pour le climat a, par exemple, évoqué l’existence de nombreuses initiatives lancées par les jeunes égyptiens pour le recyclage des déchets et pour promouvoir le développement durable.


La réunion pouvait être suivie en direct sur le Web, les participants pouvant poser des questions via les réseaux sociaux Facebook et Twitter.


Le Forum de la jeunesse 2014 se poursuivra demain, mardi 3 juin, à partir de 10 heures et sera clôturé à 18 heures.


« #YOUTH2015: BÂTIR LEUR VISION D’AVENIR »


Déclarations d’ouverture


M. MARTIN SAJDIK, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé qu’à l’approche de la dernière phase de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il était temps de tirer les leçons apprises au cours des 14 dernières années et de défendre les priorités de développement des jeunes et leurs préoccupations pour l’avenir.  « Aujourd’hui, il y a 1,8 milliard d’adolescents et de jeunes à travers le monde, ce qui représente un quart de la population mondiale.  Pendant des siècles, leur imagination et leur énergie a poussé les sociétés à innover, à évoluer et à rechercher une amélioration de la qualité de vie », a rappelé le Président de l’ECOSOC.  Au cours des dernières années, les actions des jeunes ont été à l’origine de soulèvements politiques et ont ébranlé les structures traditionnelles de pouvoir, a-t-il relevé.  Ils sont descendus dans la rue pour défendre les droits de l’homme, ont lancé des campagnes sans précédent en ligne pour de nombreuses causes et ont révolutionné les moyens à travers lesquels nous communiquons entre nous, a poursuivi M. Sajdik. 


Plusieurs obstacles persistent sur la voie qui permettrait aux jeunes de réaliser leur potentiel, a regretté le Président de l’ECOSOC.  Il y a tout d’abord les taux de chômage élevés, a-t-il noté: « En 2013, 73 millions de jeunes à travers le monde étaient sans emploi.  En outre, environ 225 millions, dont 20% d’entre eux vivant dans les pays en développement n’étaient ni scolarisés, ni employés ni en formation professionnelle.  Les coûts économiques et sociaux pour ces jeunes, mais aussi pour les sociétés dont ils font partie, sont dévastateurs », a souligné le Président de l’ECOSOC.  Le manque d’accès à une éducation de qualité et d’opportunité pour poursuivre des études constituent d’autres obstacles.  Dans de nombreuses régions, filles et garçons font l’objet d’une discrimination et sont souvent parmi les éléments les plus ostracisés de leur société, a-t-il relevé.


Le Président de l’ECOSOC s’est voulu cependant optimiste, affirmant que des changements étaient en train de prendre forme, notamment grâce à l’usage que les jeunes font des nouvelles technologies de l’information et de la communication.  Ainsi en va-t-il de la campagne « MyWorld » et de la plateforme de financement communautaire qui lui est associée, a-t-il relevé.  Il a ensuite annoncé qu’il présenterait, demain après-midi, aux États Membres, la contribution des jeunes au processus d’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  M. Sajdik a vivement encouragé les jeunes à rester engagés et à devenir parties prenantes à toutes les questions qui ont une importance pour eux.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a accueilli les jeunes présents à ce Forum en rappelant qu’on les considère comme les dirigeants de demain.  « J’ai un avis différent », a-t-il dit en expliquant voir en ces jeunes également les dirigeants d’aujourd’hui.  Il a remarqué que les jeunes laissent leur marque dans les domaines de la technologie, de la politique, de l’art, de la science, dans les rues, et jusqu’aux autoroutes de l’information.  La moitié de la population de la planète a moins de 25 ans, a-t-il rappelé, avant d’inviter les jeunes à s’engager plus que jamais dans les affaires de leurs sociétés.


Alors qu’il reste 500 jours d’ici à la date butoir prévue pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les États Membres travaillent dur pour définir la nouvelle génération d’objectifs de développement durable qui sera mise en œuvre dans l’après-2015, a souligné M. Ban.  Le Secrétaire général a recensé les progrès accomplis au cours des 15 dernières années, notamment en matière de lutte contre la pauvreté, et de mortalité maternelle et infantile.


Il a relevé que les jeunes doivent faire face aux défis qui se posent à eux en termes d’éducation de qualité, de soins de santé et d’emploi décent.  Je sais que vos attentes vont au-delà du travail, leur a-t-il dit, reconnaissant que les jeunes veulent l’établissement d’une pleine égalité homme-femme et la fin de la violence à l’encontre des femmes et des filles, toutes choses qu’ils méritent.  « Vous voulez et vous méritez des sociétés démocratiques, solides, qui offrent les libertés et les opportunités dont vous avez besoin », a-t-il ajouté.


M. Ban s’est félicité du consensus atteint par plus de 1 000 jeunes et par de nombreuses organisations de la société civile.  Il a indiqué qu’en tant que Secrétaire général, il cherchait toujours à connaître les avis des jeunes gens sur les problèmes du monde.  « Je me rends dans les universités, dans les lycées et les écoles.  Parfois même je tweete! » a-t-il indiqué.  M. Ban s’est aussi félicité d’avoir nommé le premier Envoyé spécial pour la jeunesse qu’ait connu l’Organisation.  « Faites entendre votre voix, haut et clair », a-t-il encouragé les jeunes.


Rappelant les défis à relever, il les a exhortés à s’attaquer aux problèmes posés par les changements climatiques.  « Il n’y a pas de plan B, car nous n’avons pas de planète B », a-t-il averti.  Il leur a aussi demandé de continuer à remplir leurs rôles de meneurs et de citoyens du monde.  « L’avenir vous appartient », a-t-il souligné avant d’encourager les jeunes à parler aux dirigeants de la planète.  « C’est à vous de porter ce flambeau et nous essayons de le rendre plus léger », a-t-il ajouté.


Le Secrétaire général a rappelé qu’il avait grandi après la guerre de Corée, dans le dénuement, mais en ayant soif de connaissances.  « L’ONU et la communauté internationale nous ont aidés à nous relever.  L’ONU était une lueur d’espoir, ce qu’elle reste encore aujourd’hui pour de nombreuses personnes », a-t-il observé.  Reconnaissant que les jeunes sont légitimement passionnés, il leur a demandé en même temps de faire preuve de compassion envers les autres.  Il a plaidé en faveur d’un véritable équilibre et d’un monde meilleur pour tous.


M. JOHN ASHE, Président de l’Assemblée générale, a entamé son intervention devant le Forum de la jeunesse 2014 en relevant deux éléments du discours du Secrétaire général.  Tout d’abord, que sa décision de nommer le tout premier Envoyé des Nations Unies pour la jeunesse témoignait de son attachement profond au rôle que peuvent jouer les jeunes dans le monde actuel.  Il a également noté que les rôles traditionnels de la gouvernance étaient en train d’évoluer, notamment grâce aux réseaux sociaux, qui permettent aux jeunes de faire entendre leurs voix.  Les jeunes, a poursuivi M. Ashe, représentent un cinquième de la population mondiale.  Aujourd’hui, ils ont la possibilité d’être associés au processus d’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, a souligné le Président de l’Assemblée générale.  « Pendant trop longtemps, une vérité très simple a été passée sous silence: que les décisions prises par la communauté internationale concernaient directement les jeunes.  Ce Forum est donc l’occasion de pouvoir tenir compte de leur contribution, puisqu’ils sont désormais en position de faire connaître leurs préoccupations et leurs attentes », a estimé le Président de l’Assemblée générale, pour qui un objectif distinct portant sur le bien-être de la jeunesse doit être fixé dans le programme de développement pour l’après-2015.  « Restez engagés dans ce processus », a lancé en conclusion le Président de l’Assemblée générale.


Mme BRITTANY TRILFORD, militante et Conseillère sur la jeunesse à l’Alliance mondiale pour la participation citoyenne (CIVICUS), a souligné le potentiel immense des jeunes, qui peuvent véritablement contribuer à la croissance et à la stabilité des pays et du monde.  « Mais, très peu est fait pour les associer aux programmes de développement », a-t-elle regretté, notant que les jeunes sont souvent relégués à jouer un rôle passif.  Aujourd’hui, dans un monde d’inégalité, les jeunes ont un défi immense à relever, a-t-elle cependant estimé avec espoir.  Il faut que « l’Avenir que nous voulons » se concrétise, a-t-elle demandé, rappelant par-là les engagements pris par la communauté internationale lors des travaux de la Conférence Rio+20.  Les jeunes doivent participer aux processus de prise de décisions, a estimé Mme Trilford, arguant que certaines inégalités touchent particulièrement les jeunes et se manifestent à travers des situations comme celle du chômage qui les affecte 3 fois plus que les « adultes ».  Elle a aussi rappelé leurs grands besoins en termes d’accès aux technologies, cet accès leur étant souvent barré par manque de ressources.


« Les jeunes sont réduits au silence », a déploré Mme Trilford, « alors qu’ils peuvent apporter une grande contribution à la croissance ».  Elle a demandé plus d’innovation et d’imagination de la part de la communauté internationale et de chaque pays dans les choix politiques, économiques et sociaux qu’ils font, faisant remarquer que l’innovation et l’imagination sont des domaines où les jeunes sont bien placés pour intervenir.  « Nous allons passer à un monde toujours plus interdépendant que jamais », a-t-elle aussi souligné en citant l’ancien Président américain Bill Clinton, qui appelle à définir ces interdépendances.  Encouragée par l’étincelle qui brille pour la création d’un monde meilleur, Mme Trilford a invité les jeunes à agir en groupe et à travailler dur.  Est-ce que vous voulez simplement sauver la face ou sauver le monde? a-t-elle cependant lancé à l’adresse des délégations prenant part au Forum.


M. AHMAD ALHENDAWI, Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, a estimé que ce qui rendait spécial ce Forum, c’est qu’il avait commencé d’exister il y a cinq mois, sur Internet, avec le lancement d’un portail qui a permis de recueillir les contributions de jeunes du monde entier.  Grâce à ces efforts, celles-ci seront prises en compte dans le cadre de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, s’est-il félicité.  J’aimerais, a ensuite déclaré M. Alhendawi, que les jeunes continuent de rester mobilisés.  Il a ensuite montré une photographie du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lorsqu’il était jeune, pour faire mesurer à l’audience tout le chemin parcouru par le Secrétaire général depuis cette époque.


Table ronde 1: « Promouvoir l’emploi des jeunes – créer des emplois décents pour un avenir durable »


M. NIK HARTLEY, Président-Directeur général de Restless Development, a rappelé qu’en 1985, 15 avant l’adoption des OMD, un grand nombre d’organisations avaient été créées pour faire changer les choses.  « L’industrie du développement naissait », a-t-il indiqué.  Il a ensuite parlé du fondateur de Restless Development, Jim Cogan, qui avait alors mis en place un fonds et une agence pour venir en aide, à travers l’envoi de produits alimentaires à des jeunes mères et à leurs enfants démunis.  Il a plaidé pour qu’une plus grande place et plus de représentativité soient accordées aux jeunes et pour que les questions qui les concernent soient mises au cœur des futurs objectifs de développement durable.  Nous devons réfléchir aux moyens de mobiliser les jeunes, a souligné M. Hartley. 


Il a relevé tout ce qui a changé au cours des dernières décennies dans le domaine du développement.  Aujourd’hui, les pays du grand Sud prennent les rênes du développement et de l’économie mondiale, a-t-il notamment remarqué.  Il a aussi noté que tout est devenu plus compliqué, prenant pour exemple la multitude d’acronymes qui existe sur la scène internationale et qui représentent autant d’organisations actives dans le secteur du développement.  En Tanzanie, a ensuite noté M. Hartley, près de 50% de la population a moins de 15 ans, ce qui veut dire que cette population aura toujours moins de 30 ans quand seront définis les futurs objectifs de développement.  Il a aussi indiqué que dans le monde 800 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail, dans une économie qui croît statistiquement en moyenne à 6,5% par an, mais sans véritablement créer le nombre d’emplois attendus d’une telle croissance, ce qui laisse les jeunes sans perspective.  Ainsi, toujours en Tanzanie, il est prévu que 8% seulement des jeunes arrivant sur le marché du travail pourront trouver un véritable emploi.


Animée par Mme NICOLE GOLDIN, Directrice de Youth Prosperity and Security Initiative au Center for Strategic and International Studies, cette table ronde était consacrée aux défis qui se posent à l’emploi des jeunes, mais aussi aux politiques, stratégies, partenariats et programmes efficaces qui permettraient de créer des emplois décents en faveur de la jeunesse notamment dans des secteurs dynamiques comme ceux du développement durable et des nouvelles technologies de l’information et de la communication.  Mme Goldin a rappelé que le chômage des jeunes avait un coût considérable pour les pays affectés par le phénomène, non seulement sur le plan des filets de protection sociale, mais aussi dans la mesure où des sociétés entières sont privées de la participation active des jeunes dans leur fonctionnement.


Mme ALIAN OLLIVIERRE, du Conseil pour l’épanouissement des jeunes de la Barbade (iVolunteer Barbade) et coordonnatrice pour les Caraïbes des petits États insulaires en développement du grand groupe des Nations Unies des enfants et des jeunes, a expliqué que les données disponibles sur le chômage des jeunes dans les Caraïbes étaient insuffisantes.  Elle a estimé qu’il était impératif de donner aux jeunes les compétences nécessaires pour renforcer l’attractivité de leur profil professionnel.  Souvent, les diplômés de l’université manquent de qualifications de ce type, a fait observer la panéliste.  Elle a par ailleurs indiqué que dans la région dont elle est issue, les gens ne partent pas en retraite avant l’âge de 70 ans, ce qui rend complique encore davantage l’arrivée des jeunes sur le marché du travail.


M. DINO CORELL, analyste de programmes à l’Organisation internationale du Travail (OIT), a estimé que les chiffres du chômage des jeunes sont effarants.  Il a relevé, en outre, que les jeunes qui ont un emploi ne parviennent pas forcément à sortir de la pauvreté car ils sont mal rémunérés et décrochent rarement des emplois décents dans le secteur formel.  Parmi les domaines prioritaires d’action pour améliorer la situation des jeunes en matière d’emploi, il a mentionné la croissance économique, qui est créatrice d’emplois, et l’amélioration de l’employabilité des jeunes.  Il y a aussi des efforts à mener pour créer un environnement favorable à l’entreprenariat des jeunes, a ajouté M. Corell.  Il a évoqué d’une initiative de ce type, menée au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, qui favorise l’emploi des jeunes.  Une jeune Kenyane qui en a bénéficié a pu ainsi mettre en œuvre un projet, qui emploie 30 personnes, et qui est tourné vers l’élimination des déchets et la sauvegarde des arbres et l’économise du bois.  L’expert a donc invité les États à mettre en œuvre des initiatives basées sur l’amélioration de l’engagement des employeurs et des jeunes.  L’emploi des jeunes devrait être prioritaire pour les gouvernements, a-t-il estimé, leur demandant de mettre en œuvre des plans d’action nationaux favorisant la transition des jeunes vers des emplois stables, décents et formels.  Il faut notamment leur garantir un salaire minimum et favoriser le dialogue social avec eux, a-t-il recommandé.


M. MATTEO LANDI, spécialiste du développement industriel et expert en emploi des jeunes à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a estimé que le secteur privé avait la responsabilité de créer des emplois décents et productifs à destination des jeunes et que, dès lors, un partenariat entre les États, les gouvernements et ce secteur était vital.  La difficulté d’avoir un accès garanti à l’information constitue le principal obstacle pour les jeunes, notamment pour ce qui concerne l’obtention d’information sur les marchés d’emploi, a indiqué M. Landi.  « Quelles sont les chaînes de valeurs susceptibles d’être porteuses d’opportunités professionnelles et les réseaux qui permettraient aux jeunes de trouver une place en entreprise? » s’est-il demandé, plaidant pour que l’accès à l’entreprenariat et au leadership soit favorisé à l’intention des jeunes.


Mme ESTHER AGBARAKWE, cofondatrice de Youth Climate Coalition, du Nigéria, a rappelé que 65% de la population africaine a moins de 35 ans, ce qui veut dire que cette tranche d’âge représente beaucoup d’énergie latente, mais ressent aussi beaucoup de marginalisation dans les circonstances actuelles.  Les problèmes structurels et culturels affectent grandement les jeunes, a-t-elle noté.  Elle a estimé que l’Afrique recèle beaucoup de potentiel en termes de croissance et que les jeunes s’y expriment de plus en plus, comme ils l’ont fait lors du printemps arabe.  Notant qu’il existe de nombreux plans d’action nationaux en faveur de l’emploi, elle a cependant demandé au secteur privé de se mobiliser lui aussi dans ce domaine.  Elle a évoqué et regretté les problèmes posés par le népotisme, une habitude qui se fait trop souvent, il est difficile pour un jeune de trouver un emploi sans « piston ».  L’experte a ensuite souligné notamment les besoins qui se posent aux jeunes en termes de services de santé.  En ce qui concerne l’agriculture, elle a expliqué qu’il fallait mettre l’accent sur une exploitation durable des terres, car c’est un secteur d’emplois très important en Afrique.


Mme ANETTE TRETTEBERGSTUEN, membre de la Commission du travail et des affaires sociales de la Norvège et membre de l’Union interparlementaire, a reconnu qu’il n’y a pas de solution unique pour créer des emplois décents pour les jeunes.  Elle a aussi constaté qu’en la matière, on fait bien souvent le contraire de ce qu’il faudrait faire.  Ainsi, elle a remarqué que les normes du travail « sont de plus en plus médiocres », car on constate que l’offre d’emplois se traduit désormais de plus en plus par des emplois temporaires et à temps partiels que par des postes de travail décents et stables.  Elle a donc voulu partager avec les participants au Forum les pratiques optimales qui ont porté leurs fruits en Norvège.  « Dans notre pays », a dit Mme Trettebergstuen, « le taux de chômage est très bas parce que des politiques d’emploi efficaces ont été mises en œuvre ».  On cite ainsi en exemple le « modèle norvégien », qui est un mélange d’économie ouverte bénéficiant de l’intervention de l’État, basé sur de solides normes de protection des travailleurs et un bon accès au marché.  Les réformes sociales qui ont été menées en Norvège sont d’autre part viables, tandis que le climat des affaires mis en place est favorable à l’investissement, a dit l’experte.  Le modèle norvégien attire de nombreux migrants, a-t-elle indiqué, ce qui crée un problème de dumping social, c’est-à-dire que du fait de leur abondance sur le marché, les migrants sont employés à des salaires plus bas que les nationaux.  L’enjeu à relever est donc de combattre ce phénomène, a-t-elle reconnu.  L’experte a aussi indiqué que l’Union européenne a invité ses États membres à mettre en place des plans d’action pour l’emploi des jeunes, afin d’offrir aux moins de 20 ans le droit à un emploi, à une formation et à une éducation.  Une autre mesure à prendre serait de renforcer les syndicats afin de mieux suivre à travers eux ce qui se passe sur le terrain.


Mme ANDREA TAYLOR, Directrice Amérique du Nord, Citoyenneté et affaires publiques à Microsoft Corporation, a expliqué que, depuis de nombreuses années, un programme triennal avait été lancé par Microsoft au niveau international pour permettre aux jeunes d’accéder à la formation.  « Nous sommes en effet convaincus que les jeunes sont l’épicentre des sociétés d’aujourd’hui », a-t-elle indiqué.  Ce programme, qui a pour objectif de toucher 300 millions de personnes à terme, met l’accent sur le mentorat dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et des communications, a dit Mme Taylor.  Elle a ajouté qu’à ce jour, 186 ONG bénéficient de l’appui de Microsoft.  Certains des jeunes qui ont été aidés dans ce contexte sont même devenus à leur tour des donateurs et contribuent à changer leurs communautés respectives à travers le monde, s’est-elle félicitée.


Dialogue interactif


La discussion qui a suivi les interventions des panélistes a conduit les participants à se pencher sur les attentes des jeunes en matière d’emploi, avant de s’intéresser à la situation particulière des jeunes femmes et à ce que peut offrir le secteur de l’agriculture.


Il faut commencer par proposer des systèmes de réformes viables en matière d’emploi et de retraite, a estimé l’experte de la Norvège en lançant le débat.  Elle a rappelé le cas de la France, où la réforme du système de retraite avait entraîné des manifestations qui ont amené des foules nombreuses à descendre dans la rue.


Il faut également renforcer les capacités des jeunes pour leur permettre de faire entendre leurs voix, a ajouté le représentant de l’OIT, tandis que celui de l’ONUDI a mis l’accent sur l’importance de l’information qui devrait être fournie aux jeunes pour améliorer leur accès à un emploi.


Pour sa part, la représentante de Youth Climate Coalition a suggéré de sensibiliser les jeunes à certaines valeurs, et notamment de développer chez eux le sens du volontariat.  La représentante de iVolunteer Barbade a cependant recommandé de faire évoluer la façon dont cette expérience est perçue, car certains employeurs ne la valorisent pas suffisamment, ce qui décourage les jeunes vis à vis de l’enrôlement dans le bénévolat.  Le rôle des mentors est très important, a pour sa part remarqué la modératrice, tout en appelant les jeunes à faire à leur tour du mentorat.


Un autre intervenant à la discussion a conseillé de faire participer les jeunes au changement de paradigme en ce qui concerne le développement économique.  Plaidant en faveur de la recherche du bien-être plutôt que de la croissance à tout prix, il a suggéré, par exemple, de se fixer comme objectif la réduction du nombre d’heures de travail en passant à une semaine de travail de 4 jours au lieu de 5 par employé, ce qui aboutirait à créer des emplois pour d’autres personnes.


La plupart des jeunes sont des salariés et ne sont pas des entrepreneurs, a fait remarquer par ailleurs un représentant des jeunes avant de demander que l’accent soit mis sur le droit des travailleurs, notamment les jeunes, à être partie à des syndicats.  Il faut que les jeunes puissent négocier face à leur employeur, ce que l’appartenance syndicale leur permettrait, a-t-il expliqué.


Le principal obstacle à l’emploi des jeunes est le manque de financement pour lancer des projets, a remarqué un représentant de jeunes du Kazakhstan.  « Comment peut-on pérenniser les microentreprises? » a demandé pour sa part le représentant du Réseau des jeunes leaders des Nations Unies pour les OMD et du Réseau des jeunes francophones, afin d’éviter que les jeunes qui travaillent dans ce genre d’entreprises ne retombent pas dans le chômage.  Il a aussi voulu savoir comment on pouvait industrialiser l’agriculture en Afrique afin d’offrir aux jeunes des emplois pérennes dans ce secteur.


Un autre intervenant a proposé de consacrer 30% des postes à pourvoir aux jeunes dans les politiques d’emploi nationales.  Concernant le futur programme de développement durable pour l’après-2015, une représentante a demandé s’il était possible d’envisager d’y inclure un objectif distinct pour les jeunes au lieu de s’intéresser à eux dans de manière transversale.


« Comment pouvons-nous améliorer les perspectives sociales et de travail vis-à-vis des femmes? » a ensuite demandé une autre représentante de la société civile.  En Palestine, a-t-elle remarqué, les femmes subissent une forte pression sociale qui les incite à rester à la maison comme femmes au foyer.


Répondant à cette question, l’expert de l’ONUDI a estimé que la véritable autonomisation était possible par le biais de l’entreprenariat.  Se disant du même avis, la représentante de iVolunteer Barbade a recommandé de mettre davantage en valeur l’éducation et l’entreprenariat des femmes.  Il faut permettre aux filles de poursuivre leurs études afin de les préparer au marché du travail, a également souhaité la représentante de Youth Climate Coalition.


En Norvège, la part des femmes dans la main-d’œuvre est de 78%, a indiqué pour sa part l’experte de ce pays.  Elle a expliqué que cela avait été possible grâce à des mesures spécifiques, comme l’offre de travail à temps partiel, les congés de paternité et de maternité, ainsi que l’ouverture de crèches à des coûts abordables.


Répondant à une autre question qui portait sur le choix de l’agriculture par les jeunes en recherche d’emploi, le représentant de l’OIT a appelé à en faire davantage dans un domaine qui a le potentiel de faire sortir de nombreuses personnes de la pauvreté.  Il a invité les participants au Forum à se demander comment ce secteur est perçu, et comment on peut renforcer les capacités d’adaptation du secteur primaire.


Table ronde 2: Rapports des instances mondiales et régionales de la jeunesse


M. DULLAS ALAHAPPERUMA, Ministre des affaires de la jeunesse et de la formation professionnelle du Sri Lanka, s’est félicité des bons résultats obtenus lors de la Conférence mondiale sur la jeunesse, tenue dans son pays, qui a rassemblé le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies et l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, ainsi que plus de 1 000 participants.  La Conférence a donné lieu à l’adoption de la Déclaration de Colombo sur la jeunesse, qui comprend 88 recommandations et 9 engagements principaux, a-t-il ajouté.  Le Ministre sri-lankais a relevé les nombreux défis qui se posent à l’inclusion des jeunes dans le monde actuel, tout en expliquant que les jeunes sont néanmoins de plus en plus encouragés à participer aux niveaux mondial, régional, local et communautaire, comme le recommande la Déclaration de Colombo.


En  ce qui concerne le chômage des jeunes, le texte adopté à l’issue de la Conférence souligne la nécessité d’un environnement favorable aux affaires.  La Déclaration de Colombo invite aussi à promouvoir des cibles quantitatives et qualitatives sur l’emploi des jeunes pour l’après-2015.  Elle promeut l’accès à l’éducation de qualité à tous les niveaux et à la formation professionnelle, comme cela est déjà le cas au Sri Lanka, a tenu à souligner le Ministre.  Le texte plaide aussi en faveur de la création de centres d’innovation et de technologies avant de parler, par ailleurs, de l’importance de la bonne nutrition, de styles de vie sains et d’une bonne santé.  Les autres domaines prévus par la Déclaration sont notamment l’égalité entre les sexes, la prévention et la résolution des conflits, ainsi que la consolidation de la paix.  Enfin, a rappelé le Ministre, la Déclaration a invité la communauté internationale à créer un département spécial au sein des Nations Unies qui serait chargé des questions relatives à la jeunesse. 


M. DOUG COURT, Coordonnateur adjoint du Sommet mondial sur la jeunesse BYND 2015 « UIT », a présenté les conclusions de ce Sommet et parlé de l’innovation.  Ce domaine permet de trouver des solutions pour améliorer les processus, a-t-il explicité.  Il a expliqué qu’il fallait tout d’abord définir ce que l’on recherche, puis prévoir comment le mesurer.  Ensuite, tout au long de ce processus d’innovation, il faut assurer un filtrage des idées et des procédures.  Puis vient le temps de la mise à l’essai, a-t-il ajouté.  Revenant au Sommet, il a expliqué qu’il avait eu lieu à l’initiative d’un État Membre, le Costa Rica, qui souhaitait organiser une conférence pour établir un lien entre les jeunes et les processus onusiens dans le cadre des préparatifs ayant trait à la période de l’après-2015.  C’est ainsi qu’a eu lieu BYND2015, qui veut dire « beyond 2015 » (au-delà de 2015), un sommet dont les travaux ont abouti à la proposition d’une résolution sur la jeunesse et la création d’une plateforme en ligne pour négocier ce texte.  Ce Sommet a aussi demandé que l’on prenne en compte le rôle des technologies de l’information et de la communication, en ce qu’elles abaissent les barrières entre les gouvernements et les jeunes.


M. GABRIEL LAURENCE-BROOK, Porte-parole du Parlement des jeunes de la Francophonie, a rappelé que le développement durable est l’un des objectifs majeurs de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).  Cette organisation s’est dotée, en 2014, d’un cadre stratégique de développement durable, qui fait de la jeunesse une cible transversale.  L’OIF s’est engagée à accroître les capacités d’action des jeunes tout en stimulant leur dynamisme par le rassemblement des jeunes francophones.  En novembre prochain, à l’occasion du prochain Sommet de la Francophonie, l’OIF adoptera une stratégie jeunesse pour 2015-2022 intitulée « La jeunesse est notre atout majeur! », a dit le Porte-parole du Parlement des jeunes de la Francophonie.  M. Laurence-Brook a ensuite présenté les conclusions de la Consultation jeunesse de l’OIF, dans lesquelles la majorité des jeunes ont demandé la prise en compte de la jeunesse dans un objectif de développement durable spécifique, certains souhaitant cependant que les objectifs concernant les jeunes soient aussi abordés de façon transversale dans les autres objectifs.  Les jeunes ont aussi plaidé en faveur du renforcement de leur participation dans les prises de décision, proposant notamment la mise en place d’un « parlement mondial des jeunes pour le développement durable ».  Les jeunes francophones sont par ailleurs favorables à la solidarité intergénérationnelle et à la solidarité intragénérationnelle, a indiqué M. Laurence-Brook.  L’accès à des emplois durables est une autre préoccupation des jeunes francophones, a-t-il ajouté, déclarant notamment qu’une proposition de création d’un fonds mondial pour l’emploi des jeunes avait été faite.


Présentant le Forum régional de la jeunesse en Amérique latine et dans la région arabe, M. ALEJO RAMÍREZ, Secrétaire général de l’Organisation ibéro-américaine de la jeunesse, a estimé que les jeunes n’avaient pas joué un rôle suffisant dans la réalisation des OMD.  La participation des jeunes aux futurs objectifs de développement durable n’est pas encore garantie, a-t-il ajouté, demandant à cet égard que 25% de la population ne soient pas laissés à l’écart.  Car les jeunes ont une forte capacité de changer le monde, a-t-il assuré, indiquant qu’il voulait notamment s’appuyer sur les 50 millions de moins de 20 ans qui vivent en Amérique latine.  D’un autre côté, M. Ramírez a relevé que 61% des jeunes du monde n’ont pas accès à Internet, avant d’appeler à remédier à cette situation.  Il a souhaité que les objectifs de développement durable ouvrent des opportunités pour les jeunes.  Le développement du monde sera mesuré en fonction du développement des jeunes, a-t-il prévenu.  Il a expliqué que l’organisation au nom de laquelle il prenait la parole se veut un pont entre les jeunes, les universitaires, les organisations qui s’intéressent aux jeunes et les ministères de la jeunesse.  Le débat doit être centré sur la réduction des inégalités, a-t-il dit en concluant son intervention. 


Table ronde 3: « Accomplir le progrès en Afrique après 2015: une perspective de la jeunesse »


Alors que de nombreux pays africains ne parviendront pas à réaliser dans les délais impartis les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), un effort colossal déployé à l’échelle du continent a permis d’accomplir des progrès substantiels dans certains domaines depuis 2000.  Parallèlement, l’Afrique a subi de nouveaux conflits au cours des 15 dernières années, dont certains récurrents, qui ont mis en péril les gains de développement et la stabilité régionale, les jeunes en étant les premières victimes.  La table ronde portant sur le progrès en Afrique après 2015 avait pour objectif de générer des idées et des solutions pour autonomiser les jeunes et les aider à s’engager durablement contre la violence, mais aussi pour donner forme à un programme de développement pour l’après-2015 qui tienne compte des problèmes de revenus, de disparités entre les sexes et d’inégalités entre zones rurales et urbaines qui persistent en Afrique, a expliqué l’animatrice des échanges, Mme HADEEL IBRAHIM, Directrice exécutive et fondatrice de la Fondation Mo Ibrahim.


Mme DANIELLE AGYEMANG, Coordonnatrice de programme et liaison du Mouvement mondial de la jeunesse de NED-démocratie, a déclaré que les conflits violents, mais aussi la persistance de certaines traditions et comportements « assassinent les rêves des jeunes », que l’on décourage aussi parfois de faire des études.  Elle a proposé l’instauration de quotas pour garantir la présence des jeunes sur le marché du travail.  Elle s’est en outre félicitée de la campagne lancée par l’Union africaine pour mettre fin aux mariages forcés.


M. CHERNOR BAH, Président du Groupe de défense de la jeunesse de l’Initiative mondiale pour l’éducation avant tout, a déclaré que la guerre civile avait été un énorme gâchis pour la jeunesse de son pays, la Sierra Leone.  Les gouvernements, a-t-il estimé, doivent comprendre que l’éducation est l’arme la plus efficace pour relever les défis du développement et de l’innovation en Afrique, où pas moins de 250 millions de personnes sont analphabètes.  Or, les disparités sont particulièrement marquées entre zones rurales et zones urbaines, et d’autant plus entre garçons et filles, a-t-il fait observer, précisant que plus de 90% des jeunes handicapés africains n’étaient pas scolarisés.  « L’Afrique est le seul continent où le taux des jeunes scolarisés dans le secondaire n’a pas augmenté au cours de la dernière décennie », a ajouté le panéliste.


M. HOLO HACHONDA, membre de l’Équipe spéciale de haut niveau de la Conférence internationale sur la population et le développement et Directeur de programme de BroadReach Healthcare, a estimé de son côté que l’ensemble des questions auxquelles les panélistes s’efforçaient de répondre aujourd’hui étaient étroitement liées entre elles.  « Tant qu’il ne sera pas possible d’autonomiser les femmes, nous ne pourrons pas tirer le meilleur parti de ce qu’elles ont à offrir », a-t-il tranché.  « Le continent africain continue d’être marqué par des inégalités criantes entre femmes et hommes, et il est freiné dans son développement par l’incidence de certaines maladies comme le VIH/sida », a expliqué M. Hachonda.  En outre, l’éducation sexuelle doit être faite dès l’école pour prévenir les grossesses précoces et les maladies infectieuses, qui sont autant d’obstacles à la réalisation du potentiel des jeunes et leur développement personnel.


Mme MARIAM MOHAMED ABDULLAH ABDELHAFIZ ALLAM, Coordonnatrice nationale du Mouvement de la jeunesse arabe pour le climat, a évoqué l’existence dans son pays d’origine de nombreuses initiatives lancées par les jeunes pour le recyclage des déchets et la promotion du développement durable.  En Égypte, une expérience a été lancée pour voir si les centrales hydrauliques sont efficaces et pour mesurer leur impact sur le développement durable.  Mais, a-t-elle souligné, la voix des jeunes n’est pas encore suffisamment prise en compte par les autorités, alors qu’ils auraient pourtant beaucoup à dire.  Elle a cité le cas de l’eau du Nil, dont une grande partie se perd du fait de l’évaporation, ce qui risque d’exacerber les conflits et les migrations forcées, un sujet sur lequel les associations de jeunes pourraient faire une précieuse contribution, a souligné Mme Allam.


Dialogue interactif


Suivie par de nombreux autres intervenants, une jeune femme en provenance d’El Salvador a déclaré que les jeunes devaient être associés aux processus de prise de décisions, et pas simplement autorisés à faire des discours.  Un intervenant du Burkina Faso a jugé qu’aujourd’hui, dans certains pays d’Afrique, l’accent n’est pas suffisamment mis sur la formation professionnelle, et qu’il est impératif d’inverser cette dynamique.  En outre, en l’absence de paix, a-t-il prévenu, tous les efforts et les discours seront voués à l’échec.  Il a donc proposé de créer un « observatoire panafricain pour la culture de paix ». 


Un jeune participant au Forum s’est quant à lui demandé quelles stratégies seraient les mieux adaptées pour faciliter l’insertion professionnelle des LGBT, qui sont un sous-groupe particulièrement vulnérable de la catégorie des jeunes.


Un intervenant venant du Mali a rappelé que la Déclaration de Dakar, récemment adoptée, avait demandé à ce que des fonds soient mis en place pour favoriser l’emploi des jeunes et qu’un objectif spécifique aux jeunes soit intégré au programme de développement pour l’après-2015.  Il a lui aussi abondé dans le sens du jeune Burkinabé qui affirmait que la paix est la condition sine qua non du développement des nations et donc des jeunes.  Une jeune femme originaire du Burundi a de son côté souhaité que, dans les recommandations qui seront présentées demain aux États Membres, soit mentionnée la mise en place « d’un système de formation » qui permettrait aux jeunes déscolarisés ou en situation d’échec scolaire de faire l’apprentissage d’un métier.  Elle a évoqué un projet en cours dans son pays, grâce auquel les jeunes vivant en milieu rural peuvent se regrouper pour travailler en synergie sur les différents volets de la chaîne entrepreneuriale (production, marketing, vente, etc.).


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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