ECOSOC/6601

Les Nations Unies doivent améliorer l’initiative « Unis dans l’action » dans la perspective de l’après-2015, soulignent les intervenants devant l’ECOSOC

25/2/2014
Conseil économique et socialECOSOC/6601
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de 2014

5e & 6e séances – matin & après-midi


LES NATIONS UNIES DOIVENT AMÉLIORER L’INITIATIVE « UNIS DANS L’ACTION » DANS

LA PERSPECTIVE DE L’APRÈS-2015, SOULIGNENT LES INTERVENANTS DEVANT L’ECOSOC


Les fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies doivent travailler de manière plus cohérente afin que leurs activités opérationnelles de développement aboutissent à de véritables résultats, ont plaidé la plupart des intervenants en cette deuxième journée de la réunion de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) consacrée aux activités opérationnelles de développement des Nations Unies.


Trois tables rondes avaient été organisées au cours de cette journée, avec en toile de fond l’évaluation de la mise en œuvre de l’initiative « Unis dans l’action » et des suggestions subséquentes que le système des Nations Unies devrait prendre en compte dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.


La Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement pour l’après-2015, Mme Amina Mohammed, a souligné le contexte important dans lequel interviennent ces débats, en estimant que la communauté internationale devrait se poser la question de savoir « comment nous envisageons le monde en 2030? ».  Il a cependant prévenu contre toute interruption entre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en cours et le démarrage du programme de développement pour l’après-2015.


La Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, Mme Judy Cheng-Hopkins, a souligné que la cohérence était primordiale pour le succès des activités et programmes de développement des Nations Unies sur le terrain.  C’est une cohérence qui est déjà visible grâce à l’initiative « Unis dans l’action » et que le représentant de l’Éthiopie a saluée.  Elle a permis d’harmoniser le plan de travail annuel des Nations Unies dans son pays, ce qui a conduit à l’alignement presque complet des activités de Nations Unies sur les priorités que son gouvernement a définies, a-t-il assuré.


La représentante du Brésil a également appelé à tenir compte des contextes nationaux, en précisant que l’application de l’initiative « Unis dans l’action » devait être volontaire.  Pour sa part, le Coordonnateur résident des Nations Unies en Éthiopie, M. Eugene Owusu, a regretté que l’engagement ne soit pas toujours partagé au sein même des équipes de pays des Nations Unies.


Dans le cas des pays sortant d’un conflit, les panélistes, tout comme nombre d’États Membres, ont reconnu que les interventions des Nations Unies devraient alterner entre mesures de relèvement et activités de développement.  Cette approche, ont-ils soutenu, devrait permettre d’économiser les ressources des différentes institutions du système des Nations Unies.  


Le Haut-Commissaire adjoint des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), M. Aleander Aleinikoff, a indiqué que le HCR et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avaient lancé une initiative commune pour la gestion des situations de transition dans certains pays sortant d’un conflit. 


En dépit des objectifs communs et des efforts de coordination, ont noté de nombreux intervenants, les institutions du système des Nations Unies semblent suivre des procédures différentes sur le terrain.  Le représentant de Caritas Internationalis, M. Joseph Cornelius Donnelly, a souligné qu’il était important de trouver le point de convergence où les organisations de la société civile et les autres partenaires peuvent travailler ensemble.


La Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Mme Margaret Chan, a relevé que face à l’évolution du paysage du développement et aux nouveaux défis qui apparaissent, les réformes du système des Nations Unies étaient incontournables, en droite ligne avec les recommandations de l’examen quadriennal complet.  Elle a également déploré les inégalités sociales et économiques qui constituent des freins au développement comme cela a été mis en lumière par un rapport publié en décembre dernier par la Banque Crédit Suisse.  Selon ce rapport, les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres du monde possèdent moins de 1% des richesses mondiales, tandis que 1% des plus riches possèdent près de la moitié des richesses mondiales.


Dans la perspective de l’après-2015, le Sous-Directeur général chargé du plan stratégique de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), M. Hans D’Orville, s’est joint à d’autres intervenants pour insister sur l’importance de la mobilisation des ressources financières.  « À l’UNESCO, certains États Membres dont la contribution représentait 20% de notre budget ont retiré leur soutien financier », a-t-il regretté, en soulignant la difficulté à laquelle est maintenant confrontée l’organisation pour s’acquitter de son mandat.  


Pour le Directeur général adjoint à la coopération technique à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Laurent Thomas, les défis sont trop importants pour qu’un pays réussisse seul.  À ce jour, a-t-il déploré, 840 millions de personnes continuent de souffrir de l’insécurité alimentaire, tandis que 26% d’enfants du monde souffrent d’un retard de croissance.  Se voulant optimiste, il a déclaré que l’éradication de la faim dans le monde était cependant possible.     


Le Conseil économique et social se réunira à nouveau demain, mercredi 26 février, à 10 heures.


DÉBAT SUR LES ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES

Activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement


a) Suite donnée aux recommandations de politique générale de l’Assemblée générale et du Conseil (A/69/63–E/2014/10 et A/68/658–E/2014/7)


b) Rapports des Conseils d’administration des Programme des Nations Unies pour le développement/Fonds des Nations Unies pour la population/Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance, de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et du Programme alimentaire mondial (E/2013/34/Rev.1 et E/2013/49)


Concertation sur l’action à mener sur le thème « L’initiative ‘Unis dans l’action’ des organismes des Nations Unies: comment y parvenir »


Partie 1: Procédures opérationnelles permanentes pour l’initiative « Unis dans l’action »


M. JOHN HENDRA, Directeur exécutif adjoint chargé des politiques et des programmes de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), qui animait la table ronde, a indiqué que les travaux des Nations Unies en matière de développement seraient de plus en plus cohérents, grâce notamment à l’initiative « Unis dans l’action ».  Dans quelle mesure les procédures opérationnelles de développement des Nations Unies atteignent-elles leurs objectifs dans le cadre de l’examen quadriennal complet? a-t-il demandé en lançant la discussion.  Il a aussi interrogé les experts sur les moyens de parvenir à des gains d’efficacité.  Il leur a ensuite demandé de préciser si ces procédures sont suffisamment souples pour être appliquées dans les pays qui ne bénéficient pas encore de l’initiative « Unis dans l’action ».


Mme ANNE-BRIGITTE ALBRECTSEN, Directrice générale adjointe chargée de la gestion du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a salué la « résolution historique » qui a fixé les nouvelles modalités de l’examen quadriennal complet.  Cette résolution, a-t-elle rappelé, donne, pour la première fois, un mandat pour étendre l’initiative « Unis dans l’action ».  D’autres pays bénéficieront du modèle de la première génération de cette initiative et de l’expérience des pays pilotes, avec l’aide d’un module d’appui intégré, a-t-précisé.  Mme Albrectsen a aussi rappelé que les États Membres avaient donné pour mandat à l’ONU de recenser les défis et goulots d’étranglement qui ont empêché les équipes de pays des Nations Unies d’être vraiment unies dans l’action.  La plupart des équipes de pays ont poussé ce travail le plus loin possible, mais il faut maintenant éliminer tout goulot d’étranglement qui subsiste.


C’est pourquoi Mme Albrectsen a encouragé les 40 pays qui mettent en œuvre les nouveaux plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) et les autres à s’inspirer des procédures proposées par l’ONU dans ce domaine.    Elle a espéré que les directives supplémentaires pourront être proposées dans les prochains mois.  Mme Albrectsen a aussi parlé d’un plan d’action visant à éliminer les goulots d’étranglement, adopté le 6 février, qui prévoit 55 mesures détaillées.  S’il est difficile de prouver que l’initiative « Unis dans l’action » a conduit à une plus grande efficacité, ces gains ont été tangibles, a-t-elle fait observer.  La Directrice générale adjointe du FNUAP a souligné, en outre, la difficulté à concilier la cohérence et la simplification, d’un côté, et la responsabilisation et la transparence des organismes, d’un autre côté.  Cette année sera essentielle pour la transition vers une génération axée sur les  résultats, a conclu Mme Albrectsen.  


M. EUGENE OWUSU, Coordonnateur résident des Nations Unies en Éthiopie, a rappelé que l’initiative « Unis dans l’action » avait été mise en oeuvrre, pour la première fois en Éthiopie, en 2008.  Au sujet des procédures opérationnelles permanentes, il a indiqué que la première étape consistait à les établir, car elles sont incontournables et sont censées prendre en compte les réalités particulières des pays dans lesquels elles s’appliquent.  Il a en outre précisé que ces procédures devraient pouvoir être adoptées et mises en œuvre aussi bien dans les pays où l’initiative « Unis dans l’action » peut se concrétiser, que dans ceux qui ne l’ont pas encore adoptée.  Chaque pays garde la latitude de choisir les recettes qui lui répondent mieux aux besoins nationaux, a-t-il dit. 


M. Owusu a par ailleurs fait remarquer que l’Éthiopie était l’un des pays pilotes où cette nouvelle approche pour la mise en œuvre des activités opérationnelles de développement est expérimentée.  Il a souhaité que le prochain cycle de programmation permette à cette approche de s’appliquer plus largement à d’autres pays.  Le Coordonnateur résident a recommandé la révision de cette stratégie en vue de rectifier les erreurs constatées au cours de sa phase pilote.  Il a aussi prôné la modification des modèles de procédures opérationnelles permanentes, afin d’éviter des étapes inutiles.  M. Owusu a également souligné que les gouvernements devraient s’engager fermement pour mettre en place ces procédures.  Il a estimé qu’il faudrait aussi que l’équipe de pays des Nations Unies soit dynamique et regarde dans la même direction, tout en regrettant que ce n’est pas toujours le cas.


Le Directeur exécutif adjoint d’ONU-Femmes a ensuite invité les deux experts suivants à examiner si les procédures opérationnelles de développement étaient suffisamment souples pour être adoptées par des pays qui n’ont pas officiellement souscrit à l’initiative « Unis dans l’action ».


M. BRUNO POUEZAT, Coordonnateur résident des Nations Unies au Maroc, a rappelé qu’il était le troisième à occuper les fonctions de coordonnateur résident des Nations Unies dans ce pays et que le Maroc participait à l’expérience pilote « Unis dans l’action ».  Il a ajouté que le cycle du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), portant sur la période 2012-2016, avait été formulé fin 2010, au moment où l’expérience des pays pilotes commençait à être partagée.  Le Plan-cadre a fait l’objet d’une large consultation avec le Gouvernement, la société civile et le représentant des institutions du système des Nations Unies, a-t-il indiqué.  Ce Plan-cadre, qui établit cinq domaines de priorité, dispose d’un Groupe d’évaluation et de suivi.  M. Pouezat a fait part de son succès à mi-parcours de ce cycle, à l’exception de l’aspect financier.  Il a ainsi expliqué que les activités opérationnelles étaient plus directement en lien avec les priorités nationales, plus stratégiques et mieux en mesure de s’adapter aux changements rapides. 


Au titre des recommandations, M. Pouezat a suggéré de donner aux gouvernements engagés dans ce processus des directions plus claires.  Il a estimé que l’initiative « Unis dans l’action » avait été très productive au Maroc pour faire passer les activités de développement du stade de processus à celui des résultats.  Il a permis de discuter des progrès et de mieux respecter l’appropriation nationale, a-t-il ajouté.  Le Coordonnateur résident a aussi remarqué que les débats menés au sein des différents groupes du Plan-cadre allaient bien au-delà du mandat strict du PNUAD.  Il a apprécié, en outre, le dialogue mené avec les communautés, qui laisse entrevoir une coordination accrue dans le futur.  La définition de « Unis dans l’action » doit être affinée afin que les gouvernements qui l’envisagent sachent bien à quoi ils s’engagent, a estimé M. Pouezat.  Il a conclu son intervention en louant cette initiative qui, a-t-il dit, permet de surmonter les obstacles bureaucratiques.


Mme FLORENCE BAUER, Représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Bosnie-Herzégovine, a estimé pour sa part que la nouvelle approche de mise en œuvre des programmes de développement faisait gagner du temps et des ressources.  Elle a expliqué qu’en Bosnie-Herzégovine, toutes les institutions du système des Nations Unies avaient tenu une réunion conjointe avec le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine afin d’adopter un document unique intitulé « Plan cadre de développement stratégique », qui établit un ensemble d’indicateurs clairs et vérifiables pour les objectifs de développement définis au niveau international.  Elle a ajouté que la recherche des fonds se faisait désormais de manière concertée entre diverses institutions du système des Nations Unies travaillant dans le pays, ce qui a conduit à élargir la liste des donateurs. 


La représentante de l’UNICEF a ensuite fait remarquer que la mise en commun des activités de développement avait permis aux différentes institutions de réaliser des gains en termes de temps, d’énergie et de ressources.  L’image unie des institutions du système des Nations Unies renforce la confiance que leur accorde le gouvernement, a-t-elle assuré.  Mme Bauer a néanmoins regretté le fait que certaines procédures diffèrent d’une institution à une autre, créant ainsi des blocages comme c’est le cas pour les procédures d’achat de matériel ou de passation de marché.  Mme Bauer a par ailleurs salué le fait que les procédures opérationnelles permanentes soient flexibles et puissent donc être adaptées à tout pays, en ajoutant, dans un style imagé, que ces procédures étaient « comme un menu dans lequel chaque pays peut choisir le plat qui lui convient ».


Débat interactif


Comment faire face aux défis de l’harmonisation des pratiques d’« Unis dans l’action »?  Comment élargir ce processus tout en conservant son caractère volontaire?  Ce sont des questions, parmi d’autres, qui ont été posées au cours du débat interactif.


Entamant ce débat, le représentant de la République dominicaine a mis l’accent sur la mobilisation active de ressources financières en faveur du développement, en estimant qu’il faudrait créer un environnement plus propice au développement pour mobiliser plus efficacement les ressources nationales et internationales dans ce domaine.  Il a aussi vanté les mérites de la coopération Sud-Sud qui, a-t-il dit, permet de réaliser un équilibre au niveau mondial.


La Représentante de l’UNICEF en Bosnie-Herzégovine a jugé important que chaque fonds ou programme du système des Nations Unies poursuit ses propres activités de mobilisation de fonds, tout en travaillant avec les autres pour la réalisation de cet objectif.  Les fonds, programmes et institutions spécialisées ont des difficultés à trouver les ressources nécessaires, a reconnu le représentant du Viet Nam, après avoir salué le travail très efficace de l’équipe de  pays au Viet Nam, qui coordonne les travaux de 16 de ces organismes du système des Nations Unies.  Les avantages à long terme de ce processus l’emportent sur toutes les difficultés initiales, a-t-il assuré. 


« Nous avons besoin d’une bonne coordination au sein des organismes du système des Nations Unies, au sein du gouvernement et entre les deux, a expliqué le représentant du Maroc.  Il a fait part des succès du plan-cadre allégé et du plan d’action unique mis en place dans son pays.


Son homologue de l’Éthiopie a souligné que l’initiative « Unis dans l’action » avait permis d’harmoniser le plan de travail annuel dans son pays, sur la base du calendrier éthiopien qui va de juillet à juin.  Il s’est aussi félicité de l’alignement presque complet des activités de Nations Unies sur les priorités que son gouvernement a définies.


Notant que 13 millions de dollars avaient été économisés au niveau de l’Éthiopie grâce à l’initiative « Unis dans l’action », la représentante de la Suisse a souligné le lien ainsi établi entre les mesures prises et les résultats.  Comment êtes-vous parvenu à ce chiffre? a-t-elle demandé au Coordonnateur résident en Éthiopie qui a expliqué qu’il avait fait appel à un consultant indépendant pour établir cette estimation.  La représentante de la Suisse a aussi demandé aux représentants des institutions du système des Nations Unies de préciser comment on pouvait faire face au défi de l’harmonisation des pratiques.


La Directrice générale adjointe chargée de la gestion du FNUAP a reconnu qu’il y avait des différences à surmonter, car les procédures de l’examen quadriennal complet s’appliquent de manière différence à chacune des institutions du système des Nations Unies.  Chaque organe directeur de ces institutions a un modèle de fonctionnement différent.  La hiérarchisation de leurs structures diffère également, de même que les modalités d’évaluation, a-t-elle ajouté.  Elle a cependant mentionné les 75 mesures prévues pour éviter les goulots d’étranglement, dont la majorité devrait être mise en œuvre cette année.


Quels sont les défis que peuvent rencontrer les pays à revenu intermédiaire pour mettre en œuvre l’initiative « Unis dans l’action », a pour sa part demandé la représentante du Bélarus, suivie par le Ministre des affaires étrangères d’El Salvador.  Le Coordonnateur résident des Nations Unies au Maroc a répondu en soulignant que le volume des ressources dans ces pays était limité, de même que l’implication  de partenaires.  Ces pays sont aussi des clients très exigeants, a-t-il fait remarquer.


Le Ministre des affaires étrangères d’El Salvador a aussi demandé de prévoir des mandats concrets pour la mise en œuvre de l’initiative « Unis dans l’action ».  Il ne faut pas revenir en arrière, a-t-il insisté, en invitant à faire progresser la mise en œuvre de cette initiative en respectant le contexte propre à chaque pays.  Il a proposé d’inclure dans les domaines d’activités couverts par l’initiative « Unis dans l’action » l’appropriation nationale.  La représentante du Brésil a, elle aussi, appelé à tenir compte des contextes nationaux, après avoir souligné le caractère volontaire de l’initiative « Unis dans l’action ».  La représentante de la Fédération de Russie a partagé ce souci de conserver à l’initiative « Unis dans l’action » son caractère volontaire.  Les bureaux de l’ONU dans les pays qui n’appliquent pas cette initiative doivent se montrer souples et choisir les mesures les mieux adaptées à leur situation, a-t-elle recommandé.


De son côté, le représentant de l’Australie a souligné la nécessité de suivre une approche plus stratégique pour rapprocher les Nations Unies des pays, en particulier dans la région du Pacifique.  Les fonctionnaires des Nations Unies peu nombreux dans cette région sont pourvus de délégations de pouvoirs par les différents organismes du système des Nations Unies.  Par souci d’efficacité, il serait donc important de renforcer la coordination de leurs activités, a-t-il préconisé.


Partie 2:Comment améliorer l’efficacité, le rendement et les résultats de l’Organisation des Nations Unies dans les pays passant de la phase des secours à celle des activités de développement?


Mme JUDY CHENG-HOPKINS, Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, et modératrice de ce débat, a souligné que la cohérence était primordiale pour le succès des activités et programmes de développement des Nations Unies sur le terrain.  La cohérence vise à ce que les politiques soient harmonieuses et non contradictoires, a-t-elle rappelé, en précisant que cela ne devrait pas être confondu avec la coordination qui est, quant à elle, essentielle pour assurer la mise en œuvre des programmes.


Mme AMEERAH HAQ, Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, a indiqué que la sécurité était la condition sine qua non pour assurer le développement d’un pays.  Elle a parlé de son expérience dans certains pays en conflit comme l’Afghanistan et le Timor-Leste où la sécurité était la préoccupation majeure des populations, loin devant les questions de logement ou d’autres domaines de développement.  Elle a cité en exemple le Timor-Leste où la question de la formation d’une police nationale avait été au centre des activités de la Mission des Nations Unies avant la fin de son mandat.  Cette exigence visait à empêcher la résurgence de la violence, a-t-elle expliqué.  Mme Haq a ainsi précisé que, dans la plupart des pays sortant d’un conflit, le besoin fondamental de la population était de pouvoir se sentir en sécurité.


M. THOMAS ALEXANDER ALEINIKOFF, Haut-Commissaireadjoint des Nations Unies pour les réfugiés, a fait observer que les réalités du terrain montraient que les activités de secours et les activités de développement pouvaient être engagées en parallèle.  Il a fait référence à la crise en Syrie en soulignant que la fourniture des logements décents était une activité de développement qui pourrait profiter aux communautés les plus touchées par le conflit en cours.  Il a également noté que les refugiés de retour chez eux au lendemain d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle devraient bénéficier, à la fois, d’activités de secours et de développement.  M. Aleinikoff a ensuite indiqué que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avaient lancé une initiative commune pour la gestion des situations de transition.  Cette initiative vise à mettre en œuvre, a-t-il expliqué, un éventail d’activités de secours et de développement devant être engagées simultanément. 


Pour que cette approche concernant les activités opérationnelles soit couronnée de succès, il faudrait que les institutions du système des Nations Unies puissent travailler dans l’intégration et non dans un contexte d’agrégation.  L’intégration requiert que les objectifs nationaux soient pris en compte dans les objectifs internationaux, tandis que le terme « agrégation » fait plus référence à une juxtaposition des objectifs distincts de chaque institution, a-t-il indiqué.  Avant de conclure, il a plaidé pour que la question des déplacements de populations soit pleinement intégrée dans les programmes de développement, y compris dans le programme de développement pour l’après-2015.


M. PETER DE CLERCQ, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et Coordonnateur résident des Nations Unies, Coordonnateur de l’action humanitaire et Représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), citant l’exemple d’Haïti où 500 ONG étaient arrivées dans le pays après le séisme de 2010 et de la Somalie qui est sortie de 30 ans de guerre civile sans aucun service de base de l’État, a conseillé de canaliser le processus de rétablissement des services de base, avant de chercher à les remplacer.  Il a également recommandé de faire confiance au gouvernement du pays bénéficiaire en lui offrant un appui budgétaire direct.  Entre 2010 et 2012, 4,6 milliards de dollars ont été dépensés en Haïti, dont 9% sont passés par le Gouvernement.  « Si nous prenons des risques lorsque nous passons par le gouvernement, nous pouvons cependant prendre des mesures de contrôle », a-t-il fait remarquer.  Ainsi, la présence de l’ONU a été renforcée au sein des structures gouvernementales de la Somalie, tandis qu’en Haïti, des fonctionnaires des Nations Unies travaillent aux côtés de ceux du Gouvernement.


Le Représentant spécial a aussi conseillé de traiter le plus tôt possible de la gestion des finances publiques.  Il est nécessaire, a-t-il dit, de disposer d’un cadre crédible de coopération entre le gouvernement et la communauté humanitaire, en invitant à envisager un cadre officiel, comme le « New Deal » ou un cadre d’efficacité de l’aide, comme c’est le cas en Haïti.  Ce cadre doit être simple, a précisé M. de Clercq, qui a aussi appelé les différentes institutions du système des Nations Unies à chercher des solutions pour résoudre les problèmes de développement à long terme, notamment le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.  Il est important de bien préparer la transition, comme dans le cas de la MINUSTAH, a insisté M. de Clercq.  Si le réseau de coordonnateurs résidents est une bonne base, il est cependant nécessaire d’améliorer la gestion des ressources, a-t-il souligné, avant d’assurer qu’une gestion responsable encourageait les donateurs à renforcer leur appui.


M. JOSEPH CORNELIUS DONNELLY, représentant de Caritas Internationalis, a expliqué le rôle de la société civile dans les efforts de développement en affirmant que la participation des individus était au centre de l’action de la société civile.  Il a souligné que le développement reposait sur les partenariats mondiaux, pour lesquels l’Objectif no 8 du Millénaire avait établi des mesures concrètes.  Il est important de trouver le point de convergence où les organisations de la société civile et les autres partenaires peuvent travailler ensemble, a-t-il dit.  M. Donnelly a assuré que les nombreux représentants d’ONG qu’il avait consultés souhaitent participer davantage aux travaux des Nations Unies.  Il a proposé de ne pas rechercher de solution unique, mais de dialoguer davantage dans la recherche de solutions répondant aux besoins spécifiques des pays.  Il a donné l’exemple du partenariat formé entre ONUSIDA et Caritas Internationalis, avant de plaider en faveur des trois « priorités » à savoir: Personnes, Partenariat et Participation.  Il faut, avant tout, identifier les personnes bénéficiaires.  S’agit-il de réfugiés, de rapatriés, de personnes déplacées ou de populations autochtones?  Il est ensuite plus aisé de déterminer les réponses à apporter, a-t-il dit.



Débat interactif 


Pour la plupart des panélistes, les activités de secours et de développement des Nations Unies peuvent être engagées simultanément et non pas les unes à la suite des autres.  Cette approche devrait permettre d’économiser les ressources et l’énergie des différentes institutions du système des Nations Unies, ont plaidé les orateurs.  Ils ont en outre suggéré que la mise en commun des objectifs et des moyens de ces institutions puissent davantage se refléter sur le terrain, et non pas seulement au Siège.


Au cours de l’échange avec les panélistes, la représentante de la Suisse a souhaité que les Nations Unies puissent travailler davantage à la prévention des conflits.  Elle a noté que des institutions nationales robustes étaient importantes pour empêcher la résurgence des conflits.  Quelles seraient les implications des nouvelles approches opérationnelles des Nations Unies pour les coordonateurs résidents? a-t-elle ensuite demandé.  Elle a en outre demandé comment fonctionnait la coordination entre le PNUD et le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) en ce qui concerne le poste de point focal pour les questions relatives à l’état de droit.  Son collègue d’El Salvador a abondé dans le même sens en souhaitant que soient précisées les mesures prises au niveau du Siège de l’ONU pour éviter les doublons entre les activités de divers départements comme le DOMP et le Département des affaires politiques qui interviennent tous dans les pays en conflit.


La Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions a expliqué que les missions de maintien de la paix  disposaient d’un personnel qualifié pour les questions relatives à l’état de droit.  Le PNUD a besoin cependant de mobiliser des fonds supplémentaires pour contribuer à cet effort.  Les objectifs sont communs, a-t-elle reconnu, en faisant cependant observer que la coordination nécessaire entre ces deux entités n’était pas toujours facile.  Répondant à la question d’El Salvador, elle a indiqué que l’initiative « Unis dans l’action » permettait de gérer en partie cette question d’harmonisation des mandats, notamment au niveau du Siège.  Elle a néanmoins fait remarquer que ce qui est agréé au niveau du Secrétariat ne se reflétait pas toujours sur le terrain.


Pour le Haut-Commissaire adjoint des Nations Unies pour les réfugiés, la coordination des activités se fait aussi de plus en plus sur le terrain, comme c’est le cas en Afghanistan où le HCR coopère avec la Banque mondiale pour venir en aide à la population civile. 


Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour Haïti et Coordonnateur résident, Coordonnateur humanitaire et Représentant résident du PNUD a appuyé cette vision de travail en synergie.  Il a cité en exemple la coopération entre le PNUD et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) qui, a-t-il assuré, avait permis de soutenir, avec succès, le processus d’élaboration de la nouvelle Constitution somalienne.


Dialogue avec les institutions spécialisées sur le thème « L’évolution du paysage du développement: que cela signifiera-t-il pour les institutions spécialisées pour l’après-2015 axé sur le développement durable? »


Mme MARGARET CHAN, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a indiqué que les questions de santé avaient bénéficié de nouveaux programmes axés sur les résultats tels que l’initiative « Toutes les femmes, tous les enfants », plus connue sous son intitulé anglais « Every woman, every child » (EWEC).  Elle a relevé des chiffres positifs qui démontrent que les principaux problèmes de santé mondiale sont en train d’être maîtrisés, comme le laisse voir la stagnation des chiffres concernant le VIH/Sida et la tuberculose dans le monde, ou encore le nombre de décès des enfants qui est passé de 10 millions il y a une décennie à près de 5 millions aujourd’hui.  Elle a ensuite souligné que le monde avait énormément changé et que les menaces au développement étaient désormais plus complexes.  Les interventions, a-t-elle estimé, ne peuvent plus se limiter à des secteurs spécifiques tels que la santé, l’éducation, l’énergie ou l’alimentation.


Par ailleurs, Mme Chan a affirmé que face à ces défis, les réformes du système des Nations Unies étaient incontournables, en droite ligne des recommandations de l’examen quadriennal complet.  Elle a noté que les inégalités sociales et économiques étaient un obstacle pour le développement.  Elle a ainsi rappelé certains éléments du rapport publié en décembre dernier par la Banque Crédit Suisse qui a établi que les 3,5 milliards les plus pauvres du monde possèdent moins de 1% des richesses mondiales, alors que 1% des plus riches possèdent près de la moitié des richesses.  Mme Chan a ajouté que le monde n’avait plus besoin de pays riches où vit une majorité de pauvres.  La Directrice générale de l’OMS a en outre attiré l’attention de la communauté internationale sur l’augmentation des maladies non transmissibles qui sont désormais plus mortelles que les maladies transmissibles, et 80% des décès attribuables à ces maladies ont lieu dans les pays les moins avancés et dans le pays à revenu intermédiaire, s’est-elle inquiétée.  Mme Chan a souligné qu’avec la croissance économique, la modernisation, la surconsommation et l’urbanisation, les modes de vie peu sains s’étaient répandus dans le monde.  Elle a donc invité les gouvernements à créer un environnement social permettant aux populations d’adopter des comportements plus sains.


La Directrice générale a par ailleurs appelé à des collaborations multisectorielles pour faire face à ces nouveaux défis, notamment avec une plus grande implication du secteur privé qui, a–t-elle mis en garde, joue un rôle de plus en plus grand dans la vie publique, au détriment des gouvernements dont le rôle de protection du public diminue.  Elle a, dans ce contexte, donné l’exemple d’entreprises de tabac qui portent plainte auprès des gouvernements pour la perte de leurs profits quand de nouvelles lois visant à mieux protéger la santé sont promulguées.  Mme Chan a ainsi prôné une coopération multisectorielle entre divers acteurs afin de faire que le développement durable soit une réalité dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.


M. GILBERT HOUNGBO, Directeur général adjoint chargé des programmes extérieurs et des partenariats de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné le lien qui existe entre les dimensions sociale et durable du développement.  Il a rappelé que la chaîne d’approvisionnement avait changé au cours des 15 dernières années, en citant en exemple le secteur de l’habillement au Bangladesh, qui générait 1 milliard de dollars d’exportations à la fin des années 1970 et au début des années 1980, contre 28 milliards aujourd’hui.  L’explosion de ce secteur a créé de nombreux emplois, notamment pour les femmes, contribuant ainsi à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans ce pays.  M. Houngbo a cependant rappelé l’accident qui avait touché ce secteur l’an dernier, ce qui montre que le problème est plus complexe qu’on le croit.  C’est pourquoi il a appelé les gouvernements à travailler avec tous les partenaires pour assurer la cohérence des progrès.


En ce qui concerne l’appropriation nationale, M. Houngbo a assuré que le système des Nations Unies voulait aider les gouvernements.  Les institutions spécialisées devraient être prêtes à signer des accords de développement, dans le contexte des plans de développement nationaux, a-t-il recommandé.  Si un gouvernement n’a pas les capacités dans ce domaine, a-t-il dit, il sera difficile de l’aider sans renforcer ses capacités nationales.  Le Directeur général adjoint de l’OIT a aussi fait remarquer que les mécanismes de financement du développement avaient changé.  Il a donc recommandé de tenir compte et de promouvoir le rôle des institutions spécialisées œuvrant dans le domaine du développement, comme les universités.


M. HANS D’ORVILLE, Sous-Directeur général chargé du plan stratégique de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 englobe toutes les compétences des institutions du système des Nations Unies.  « Le système des Nations Unies regroupe les forces du monde globalisé », a-t-il observé, en invitant à « utiliser ces forces pour optimiser le bien public ».  Faisant remarquer que le système des Nations Unies était décentralisé, puisque la plupart des institutions ne sont pas basées à New York, il a souhaité que l’on trouve une solution pour assurer une meilleure coordination de leurs activités opérationnelles de développement.  Ces institutions peuvent contribuer au programme de développement pour l’après-2015 qui est en cours d’élaboration, a-t-il insisté.  M. D’Orville s’est dit surpris qu’une organisation comme l’UNESCO n’aborde pas souvent les questions relatives à la paix et à la sécurité dans son programme de développement.  Ces aspects sont un peu négligés, notamment dans le cadre de la coopération.  Il faudrait aussi tenir compte davantage des besoins des enfants, des femmes et des personnes défavorisées, a-t-il estimé.


Le Sous-Directeur général de l’UNESCO a ensuite abordé la question du manque de financement des institutions spécialisées.  « À l’UNESCO, certains États Membres dont la contribution représentait 20% de notre budget ont retiré leur soutien financier », a-t-il regretté, en soulignant la difficulté qui en résulte pour l’organisation de mener à bien sa mission.  Nous avons dû établir des priorités pour allouer nos fonds à certains projets, a-t-il expliqué, en encourageant les autres institutions du système des Nations Unies à s’inspirer de cet exemple.  Par ailleurs, il a conseillé de se baser sur la collecte de données pour mieux évaluer les résultats.  Il a ensuite souligné la double pression que subissent les institutions spécialisées, à cause de la baisse de l’aide publique au développement et du fait que les donateurs ne sont plus aussi actifs qu’auparavant.  Des mécanismes novateurs sont devenus indispensables, comme des partenariats avec le secteur privé, a-t-il dit, en citant par exemple le partenariat avec Propter & Gamble pour financer des programmes pour l’éducation des filles.


M. LAURENT THOMAS, Directeur général adjoint à la coopération technique à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a affirmé que l’alimentation et l’agriculture étaient au cœur des défis qui se posent à un développement durable.  Il a rappelé que 840 millions de personnes continuaient de souffrir de l’insécurité alimentaire, tandis que 26% d’enfants du monde souffraient d’un retard de croissance.  Le monde a donc besoin d’augmenter sa production alimentaire de l’ordre de 60%, avec moins de ressources et grâce à une agriculture « intelligente » qui tienne compte des questions climatiques, a-t-il souligné.  Il a déclaré que ces défis étaient trop importants pour qu’un pays réussisse seul à y faire face.  L’agriculture durable est au cœur des trois piliers du développement, a-t-il rappelé, avant d’indiquer que la FAO avait adopté un nouveau cadre d’action qui se fixe pour objectif, non pas la réduction de la famine, mais son éradication.  Cet objectif est réalisable si l’on se base sur les avancées et acquis que le monde a connus dans la mise en œuvre des OMD, notamment l’objectif no 1 relatif à l’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim dans le monde.


Mme AMINA MOHAMMED, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement pour l’après-2015, a rappelé que l’année 2015 marquera la jonction entre la date butoir de la réalisation des OMD et le démarrage du programme de développement pour l’après-2015, en précisant aussi qu’il ne faudrait pas qu’il y ait une césure entre ces deux programmes internationaux.  Le système des Nations Unies devrait donc adopter une approche intégrée pour veiller à ce que ce nouveau programme de développement soit véritablement universel.  Elle a ensuite précisé que la mobilisation des ressources, de même que la question de la coordination et la prise en compte intégrée des trois piliers du développement durable, seront des priorités de ce nouveau programme.  Les Nations Unies devraient jouer le rôle de facilitateur et d’intermédiaire neutre dans le cadre de ce programme, a-t-elle insisté, tout en souhaitant qu’elles puissent mobiliser des partenaires tels que les gouvernements ou encore le secteur privé qui, a-t-elle rappelé, ne prendra pas forcément le risque d’investir sans s’assurer de résultats concrets.  Elle a par ailleurs dit que la communauté internationale devrait se poser la question de savoir comment nous envisageons le monde en 2030.


Débat interactif


Ce débat s’est concentré sur les difficultés qu’il reste à surmonter pour mieux coordonner les activités de développement des organismes de l’ONU et éviter les doublons.  Ainsi, le représentant de la Suède a demandé aux intervenants de parler des défis rencontrés pour établir des partenariats qui respectent les compétences des différentes institutions.  Notant que l’UNESCO et la FAO avaient aligné leur cycle de planification sur l’examen quadriennal complet, il a demandé aux deux organisations de  préciser les difficultés qu’elles avaient rencontrées au cours de cet effort.


Le représentant de l’Éthiopie a apprécié le travail mené par les différentes institutions en collaboration avec les ministères concernés, tout en estimant qu’il y avait encore des améliorations à opérer dans leur fonctionnement.  Ainsi, a-t-il remarqué, si chaque institution dispose d’un bureau de pays sur le terrain, ce bureau n’a pas beaucoup de marge de manœuvre puisque c’est le Siège qui doit approuver toutes les décisions.  Or, a-t-il fait observer, la réponse du Siège est souvent tardive et pas forcément adaptée à la réalité du pays.


Revenant sur les propos du Directeur général adjoint de l’OIT sur le secteur du prêt-à-porter dans son pays, le représentant du Bangladesh a indiqué que son pays était classé au septième rang en matière d’autonomisation économique des femmes, sachant que ce sont des pays développés qui occupent les six premières places.  Il a déploré l’effondrement d’une usine mais il a tenu à rappeler qu’il s’agissait d’un accident isolé.  « Nous avons demandé aux pays qui importent nos produits de nous aider à améliorer la couverture sociale des salariés, ce à quoi ils ont répondu positivement », s’est-il félicité.


La question de l’appropriation nationale a ensuite été abordée par le représentant du Népal qui a noté l’absence de processus de consultation nationale sur le futur programme de développement pour l’après-2015.  Il a expliqué l’intérêt de telles consultations pour contribuer à la réflexion menée à New York.  En outre, il a estimé que les consultations nationales ne suffisaient pas et qu’il faudrait en parallèle travailler à la sensibilisation du public.  C’est là que les institutions du système des Nations Unies doivent apporter leur contribution, a-t-il ajouté.


Des progrès ont été réalisés en matière de cohérence entre les fonds, programmes et institutions spécialisées, a reconnu la représentante de la Suisse, tout en recensant ceux qui peuvent encore être faits.  Elle a dénombré sept organismes de l’ONU qui travaillent dans le domaine de la santé, outre de nombreuses autres organisations.  Elle a encouragé l’OMS et autres organisations basées à Genève à collaborer davantage pour parvenir à de meilleurs résultats.  L’ESOCOC doit jouer son rôle de coordonnateur des différentes institutions, a-t-elle ajouté.


« Nous n’avons pas le choix, nous devons travailler en partenariat avec les autres institutions », a répondu le Directeur général adjoint de l’OIT.  De son côté, la Directrice générale de l’OMS a reconnu que les doublons dans les activités des institutions pouvaient prêter à confusion.  Elle a donné le bon exemple de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI), qui rassemble des gouvernements nationaux et des organisations internationales.


Le Directeur général adjoint de la FAO a répondu à la délégation de l’Éthiopie en reconnaissant le besoin d’autonomisation des bureaux de pays.  La négociation avec les pays est le point de départ de toutes les activités que nous mettons en œuvre sur le terrain, a-t-il assuré.  Le Sous-Directeurgénéral de l’UNESCO a précisé, pour ce qui concerne son organisation, que ses bureaux sur le terrain consultaient largement les autorités nationales.  « Relier New York aux pays où les institutions du système des Nations Unies est très important », a aussi reconnu la Conseillère spéciale pour la planification du développement pour l’après-2015, avant d’assurer que ce problème serait pris en compte dans la définition des objectifs de développement durable.


Répondant à une question du représentant du Viet Nam sur le rôle normatif des institutions spécialisées, la Directrice générale de l’OMS a indiqué que son organisation essayait de tirer le meilleur parti de ses avantages comparatifs.  « Si une autre institution est mieux placée pour traiter une question, nous lui laissons la place », a-t-elle précisé.  Le Directeur général adjoint de la FAO a confirmé l’importance de tenir compte de la spécificité de chaque institution.  Le Directeur général adjoint de l’OIT a, quant à lui, estimé qu’il faudrait faire participer des institutions qui, traditionnellement, n’interviennent pas.


À une question de la Norvège, le Sous-Directeurgénéral de l’UNESCO a répondu que les priorités des États Membres étaient prises en compte dans la mise en œuvre de l’initiative « Unis dans l’action ».  Enfin, la représentante du Brésil a invité les institutions spécialisées à jouer leur rôle dans le programme de développement pour l’après-2015, avant de mettre l’accent sur la coopération Sud-Sud.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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