CS/11565

Le Conseil de sécurité examine la situation en Afghanistan à quelques jours de la promulgation des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 14 juin

À quelques jours de l’annonce des résultats définitifs du second tour de l’élection présidentielle afghane, qui a opposé M. Abdullah Abdullah à M. Ashraf Ghani Ahmadzai le 14 juin, M. Ján Kubiš, Représentant spécial du Secrétaire général, a indiqué que la constitution d’un gouvernement d’unité nationale était la seule voie possible pour faire face aux défis qui se posent à l’Afghanistan.  

À l’instar de l’ensemble des 30 délégations qui ont pris la parole aujourd’hui au Conseil de sécurité, le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a salué la volonté manifestée par les millions d’Afghans qui se sont rendus aux urnes, ainsi que l’action menée par les Forces de sécurité afghanes et les résultats qu’elles ont obtenus.  Les délégations ont estimé, de manière pratiquement unanime, qu’un gouvernement d’unité nationale et une transmission pacifique du pouvoir étaient indispensables pour améliorer la sécurité et la lutte antiterroriste, et soutenir les initiatives en faveur de la réconciliation et du développement économique afghans.

Saisies du dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan, de nombreuses délégations se sont particulièrement inquiétées de la persistance des défis sécuritaires qui se posent au pays en notant que 4 853 victimes civiles (1 564 morts, 3 289 blessés) ont été recensées au premier semestre de 2014, soit une augmentation de 24% par rapport à la même période en 2013.  Entre le 1er  juin et le 15 août, la MANUA a aussi enregistré 5 456 atteintes à la sécurité dans tout le pays, soit 10,7% de plus qu’à la même période en 2013 et 18,7% de plus qu’à la même période en 2012.

Malgré la persistance de revers, la représentante des États-Unis a rappelé que 8,1 millions d’enfants, dont un tiers de filles, avaient aujourd’hui accès à l’école, et que deux tiers des Afghans ont accès aux services de santé de base.  Alors que les Afghans n’entendaient que les incantations des intégristes en 2001, ils ont aujourd’hui accès à des centaines de station de radio et peuvent regarder des dizaines de chaînes de télévision, s’est aussi félicitée Mme Samantha Power.  Sur le même ton, le représentant de l’Union européenne a cependant tenu à rappeler que les femmes et les filles afghanes n’étaient pas autorisées à travailler ou à aller à l’école, ni à sortir sans être accompagnées.  Tout en reconnaissant des progrès, le représentant du Chili a jugé qu’il était temps que l’Afghanistan s’engage à adopter la loi sur la lutte contre les violences faites aux femmes.

Au-delà de l’indispensable appui de la communauté internationale aux Forces de sécurité afghanes, de nombreuses délégations ont souligné l’importance de la coopération internationale et régionale, notamment aux fins de la lutte contre la criminalité transfrontalière et de celle menée contre la culture et les trafics de stupéfiants.  Alors que le représentant de l’Inde a indiqué que son pays aura toujours comme ambition d’être le principal partenaire de l’Afghanistan, celui du Pakistan a estimé qu’il est nécessaire pour son pays de renforcer sa coopération avec l’Afghanistan en matière de lutte contre le terrorisme.  La sécurité de l’Afghanistan est indispensable à la sécurité régionale et donc à celle de notre pays, a quant à lui insisté le représentant de l’Iran.   

Gardant à l’esprit la dernière réunion des hauts responsables du Processus d’Istanbul sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan, qui a eu lieu à Beijing le 10 juillet, de nombreuses délégations ont exhorté l’Afghanistan à saisir l’occasion de la quatrième conférence ministérielle, qui se tiendra à Tianjin, en Chine, pour optimiser les avantages de ce mécanisme.

Mettant l’accent sur la nécessité d’efforts supplémentaires pour lutter contre les trafics de stupéfiants dont les revenus alimentent les réseaux terroristes, le représentant de la Fédération de Russie a appelé le Conseil et les États Membres à « renoncer aux deux poids deux mesures et aux œillères idéologiques pour mettre fin au trafic de drogues en Afghanistan et ainsi stabiliser ce pays ».  En écho à cette intervention, le représentant de la France a rappelé que son pays est, avec la Fédération de Russie, à l’origine du Pacte de Paris, principal cadre multilatéral des projets relatifs à la lutte contre le trafic d’héroïne en provenance de l’Afghanistan.  La phase IV de ce Pacte a été adoptée en mars 2013 et couvre des programmes d’action pour la période 2013-2016, orientés notamment vers la lutte contre les flux financiers illicites issus du trafic et vers le renforcement de la coopération régionale, a précisé M. Alexis Lamek.

« Le sommet de l’OTAN, tenu récemment au Pays de Galles, a montré les progrès réalisés et le chemin qui nous reste à parcourir », s’est pour sa part félicité le représentant du Royaume-Uni avant de préciser que son pays a décidé de consacrer 100 millions de dollars par an, au cours des trois années à venir, au renforcement des Forces de sécurité afghanes.

À la suite du premier tour de l’élection présidentielle afghane, le 5 avril, à l’issue duquel aucun candidat n’avait recueilli plus de 50% des voix, un second tour a eu lieu le 14 juin pour départager les deux principaux candidats, M. Abdullah Abdullah (45% des voix au premier tour) et M. Ashraf Ghani Ahmadzai (31,6%).  Dans un climat tendu et sur fond de pourparlers entre les équipes des candidats, les résultats préliminaires du deuxième tour ont été annoncés par la Commission électorale le 7 juillet, contre l’avis de l’ONU.  Ceux-ci ont indiqué un renversement de situation par rapport au premier tour, M. Ghani arrivant en tête avec 56,4% des voix, suivi de M. Abdullah qui aurait récolté 43,6% des 7 947 527 suffrages exprimés valides.  Face aux allégations de fraudes, les deux candidats, MM. Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani Ahmadzai se sont engagés à reconnaître les résultats qui sortiraient de l’audit mené sur les bulletins contenus dans les 22 828 urnes. 

*A/68/988–S/2014/656

 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2014/656)

Dans les observations qu’il fait dans ce rapport, le Secrétaire général note que lapériode à l’examen a été extrêmement éprouvante pour l’Afghanistan, et que la prolongation d’un processus électoral contesté exacerbe l’incertitude économique, encourage les fauteurs de troubles et intensifie le désenchantement de la population.  Tous les domaines de la vie étant touchés, l’anxiété est devenue palpable parmi un peuple qui ne se souvient trop bien que les derniers arrangements de gouvernance qui l’ont entraîné dans la guerre civile.  Le Secrétaire général estime qu’un transfert légitime du pouvoir est la meilleure manière de protéger les cadres institutionnel et juridique de l’Afghanistan et la confiance que leur accorde le public.  « La situation restant incertaine, j’encourage les dirigeants du pays à faire passer au premier plan les souhaits de la population et l’unité nationale en se gardant de toute erreur d’appréciation ou de tout dérapage malheureux et pour aider à rétablir la confiance dans le processus démocratique », indique le Secrétaire général.

À la suite de l’élection présidentielle du 5 avril, à laquelle aucun candidat n’a recueilli plus de 50% des voix, un second tour a eu lieu le 14 juin pour départager les deux principaux candidats, M. Abdullah (45% des voix au premier tour) et Ashraf Ghani Ahmadzai (31,6%).  Le second tour de l’élection présidentielle a eu lieu le 14 juin, rappelle M. Ban.  À la clôture des bureaux de vote ce 14 juin, la Commission a annoncé que plus de 7 millions de suffrages avaient été exprimés (dont 62% dans les bureaux de vote réservés aux hommes et 38% dans ceux réservés aux femmes).  Le taux de participation annoncé a été immédiatement contesté par M. Abdullah, qui estimait que les chiffres étaient nettement inférieurs.  Le 18 juin, M. Abdullah a annoncé son retrait.

Face à l’impasse politique, le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, est arrivé à Kaboul le 11 juillet, et il y a entamé une intense période de navette diplomatique.  Le 12 juillet, lors d’une conférence de presse organisée par l’ONU, M. Abdullah et M. Ghani ont confirmé qu’ils acceptaient les dispositifs techniques et politiques établis en consultation avec le Secrétaire d’État des États-Unis.  Le 8 août, M. Abdullah et M. Ghani se sont entendus sur un communiqué commun et, au cours de la conférence de presse organisée par mon Représentant spécial, ils ont mis l’accent sur la nécessité d’aller au-delà de la période de campagne et de se concentrer sur la formation d’un gouvernement d’unité nationale, indique le Secrétaire général dans ce rapport.

Le 17 août, en réaction à l’accord conclu sur un gouvernement d’unité nationale, des manifestations ont eu lieu à Kandahar, certains manifestants menaçant de soutenir les Taliban si un gouvernement de coalition était « imposé » à l’Afghanistan et exigeant que les Taliban et Hezb-i-Islami fassent partie du gouvernement d’unité nationale qui serait formé.  Le 5 septembre, la Commission a annoncé qu’elle avait terminé l’audit des 22 828 urnes électorales.

Dans le domaine de la sécurité les groupes d’insurgés, les terroristes internationaux et les réseaux associés ont profité de la longue crise politique et électorale et de l’incertitude pour lancer des attaques à travers tout le pays, déplore le Secrétaire général.  Ils ont tenté de s’emparer de territoires et d’y rester en se livrant à des attaques avec des groupes composés de plusieurs centaines d’hommes afin de s’imposer par la force dans les centres administratifs de districts et aux postes de contrôle, faisant d’innombrables victimes parmi les civils, le personnel de sécurité et les insurgés.

Entre le 1er juin et le 15 août, l’ONU a enregistré 5 456 atteintes à la sécurité dans tout le pays, soit 10,7% de plus qu’à la même période en 2013 et 18,7% de plus qu’à la même période en 2012.  Au 20 juillet 2014, l’Armée nationale afghane comptait 183 343 hommes, dont 6 929 membres de la Force aérienne afghane, l’effectif total prévu des forces armées étant de 187 000 hommes.  Le Fonds d’affectation spéciale pour l’ordre public en Afghanistan, administré par l’ONU, aide à rémunérer 147 077 policiers et 5 640 gardiens du Département de l’administration pénitentiaire centrale, contre les 157 000 prévus, relève M. Ban Ki-moon.

Le Secrétaire général indique ensuite que l’Afghanistan a poursuivi le dialogue avec ses voisins en vue de la promotion de la coopération régionale, en mettant particulièrement l’accent sur le dialogue avec le Pakistan, qui porte sur les questions de sécurité.  Durant la période allant du 1er janvier au 30 juin 2014 4 853 victimes civiles (1 564 morts, 3 289 blessés) ont été recensées en Afghanistan, soit une augmentation de 24% par rapport à la même période en 2013.  Sur l’ensemble des victimes, 74% ont été imputées à des éléments hostiles au Gouvernement afghan et 9% aux forces progouvernementales, tandis que dans 12% des cas, les victimes ont été tuées pendant des affrontements entre les deux parties, où il n’a pas été possible d’identifier les auteurs.  L’emploi d’engins explosifs improvisés a aussi augmenté de 7% en 2013, faisant 1 463 victimes civiles (463 morts, 1 000 blessés), soit le chiffre le plus élevé pour ce type de tactique depuis 2009.

Durant la période considérée, les préparatifs de la conférence ministérielle consacrée au développement de l’Afghanistan, qui doit se tenir à Londres le 25 novembre, ont permis d’axer les efforts sur l’instauration d’un dialogue approfondi entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale.

Le 31 juillet, l’Équipe spéciale sur les personnes déplacées dans leur propre pays, qui est coprésidée par le Ministère des réfugiés et du rapatriement et l’ONU, a enregistré 60 307 personnes déplacées en Afghanistan à cause du conflit en 2014, ce qui porte leur nombre total à 701 909 personnes.  Au cours des sept premiers mois de 2014, 10 055 réfugiés afghans (en moyenne 47 personnes par jour) ont été rapatriés de leur plein gré en Afghanistan, soit 7 168 personnes en provenance du Pakistan, 2 741 de l’Iran et 146 qui viennent d’autres pays. 

Parlant ensuite de la lutte contre la drogue, M. Ban Ki-moon indique dans ce rapport que 2 692 hectares de champs de pavots ont été éradiqués en 2014, soit une baisse de 63% par rapport à 2013, qui peut en partie être attribuée aux efforts déployés par les forces de sécurité pour protéger le processus électoral.  Entre le 1er juin et le 16 août, la police des stupéfiants a mené 597 opérations, qui se sont soldées par l’arrestation de 529 suspects, le démantèlement de 16 laboratoires illicites d’héroïne et la saisie de 4 460 kilogrammes de précurseurs chimiques, de 13 295 kilogrammes d’opium, de 105 kilogrammes de graines de pavot, de 654 kilogrammes d’héroïne, de 2 642 kilogrammes de haschich, de 2 165 kilogrammes d’amphétamines, de 2 kilogrammes de morphine, ainsi que la saisie de 81 véhicules et de 66 armes de différents types.  Durant ces opérations, neuf agents de police ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, souligne le Secrétaire général avec regret.

Déclarations

À quelques jours de l’annonce des résultats définitifs du second tour des élections présidentielles, tenu le 14 juin en Afghanistan, M. JÀN KUBIŠ, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en l’Afghanistan (MANUA), a indiqué que la constitution d’un gouvernement d’unité nationale était la seule voie possible pour faire face aux défis qui se posent à l’Afghanistan.  Il a précisé que le Secrétaire général, dans un entretien téléphonique en date du 10 septembre, a appelé les deux candidats, M. Abdullah Abdullah et M. Ashraf Ghani, à faire preuve d’esprit de compromis.  Il s’est particulièrement inquiété des conséquences de l’instabilité sur la population civile, en notant que 2 312 civils ont été tués et 4 533 blessés durant les premiers mois de 2014, ce qui représente une forte hausse par rapport à la même période au cours de l’année 2013.  Il a rendu hommage au courage des forces armées et de police de l’Afghanistan et s’est félicité que les membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) se sont engagés, au cours du sommet qu’ils viennent de tenir au Pays de Galles, du Royaume-Uni, à fournir un appui aux institutions de sécurités afghanes.  Notant que l’impasse politique de ces derniers mois a contribué à la stagnation économique de l’Afghanistan, M. Kubiš a insisté que seules des réformes économiques et de gouvernance efficaces permettront au pays de trouver une réponse à son déficit fiscal, qui se creuse.  Il a dit que les engagements que prendra le nouveau gouvernement seront essentiels pour faire face aux besoins des plus démunis.  Il a appelé au déploiement d’efforts régionaux renouvelés pour lutter contre le trafic des stupéfiants.  M. Kubiš a ensuite rendu hommage au Président Karzaï, qui a permis la mise en place d’une Constitution et de cadres institutionnels et juridiques en Afghanistan et a soutenu la création et la mise en place en Afghanistan de forces de sécurité capables de protéger la population.  

M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a souligné que les scrutins des 5 avril et 14 juin avaient permis au peuple afghan d’exercer ses droits démocratiques et de montrer son courage face au terrorisme.  Une période extrêmement importante commence pour le pays qui émerge de 30 ans de guerre, a-t-il remarqué.  Malgré l’enthousiasme de millions d’Afghans, il a cependant relevé la complexité de l’organisation et de la tenue des élections et les difficultés imprévues auxquelles les Afghans ont eu à faire face.  Après avoir rappelé la déclaration conjointe publiée par les deux candidats le 8 août et l’accord politique signé le 12 juillet, M. Tanin a signalé que la Commission électorale indépendante avait mené un audit au cours duquel elle a examiné 22 828 urnes dans 34 provinces.  Il a remercié la communauté internationale qui a participé à la supervision de ce processus, citant en particulier les États-Unis et les Nations Unies. 

Les derniers six mois ont été très difficiles pour le peuple afghan, a ensuite indiqué M. Tanin en expliquant les incidences qu’a eu l’impasse électorale sur l’économie, la sécurité et le moral du pays.  Il a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur les efforts déployés par le Gouvernement afghan pour améliorer la situation économique et la stabilité financière du pays, tout en faisant appel à l’aide de la communauté internationale.  En matière de sécurité, il a regretté que les Taliban et d’autres groupes terroristes aient profité de l’impasse électorale pour déstabiliser un peu plus le pays par la violence.  Il a salué l’efficacité dont ont fait preuve les forces nationales de sécurité afghanes, qui ont démontré beaucoup de professionnalisme et de courage, tout en reconnaissant que la question de la violence n’est pas encore résolue en Afghanistan.  M. Tanin a aussi déploré que l’impasse politique ait divisé la population et fait retomber l’enthousiasme qui prévalait le jour des élections.

Le représentant afghan auprès des Nations Unies a souhaité que la transition démocratique offre l’opportunité d’un nouveau départ à son pays, pour qu’y soient jetées les bases d’un programme de paix et de réconciliation.  La coopération régionale reste essentielle, a-t-il ensuite souligné, en plaçant beaucoup d’espoir sur la Conférence du processus d’Istanbul qui se tiendra prochainement à Tianjin (Chine).  L’Afghanistan est déterminé à développer des partenariats à long terme avec la communauté internationale, a assuré M. Tanin.  Il a salué la déclaration de l’OTAN, adoptée au début du mois, dans laquelle l’Organisation s’engage à former, conseiller et assister les forces nationales afghanes après 2014.  Il a dit attendre de la conférence ministérielle de développement, qui se tiendra à Londres le 25 novembre, qu’elle réaffirme et renouvelle les engagements pris dans le cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo.

M. GARY QUINLAN (Australie) a félicité le peuple afghan d’être allé en grand nombre exercer son droit de vote lors de l’élection présidentielle, malgré les nombreuses menaces.  « Si l’on ne résout pas rapidement la crise politique que connaît le pays, la transition sera en danger », a prévenu le représentant de l’Australie avant d’appeler les parties en présence en Afghanistan à constituer un gouvernement d’unité nationale.  Il a dit que l’Australie attendait avec impatience l’adoption du Cadre d’appui pour l’Afghanistan au-delà de 2014.  Il s’est dit préoccupé par l’augmentation du niveau d’activités des insurgés tout en indiquant que sa délégation se sentait encouragée par le fait que la police et l’armée afghanes sont aujourd’hui en mesure de réagir aux menaces de la manière la plus appropriée possible.  M. Quinlan a indiqué que l’Australie consacrera 300 millions de dollars aux forces de sécurité et aux institutions afghanes durant la période 2015-2017.  Il a exhorté le futur gouvernement afghan à procéder aux réformes convenues lors de la Conférence internationale de Tokyo, qui a eu lieu en 2012.  Il a appelé les Afghans à déployer plus d’efforts pour promouvoir les droits de l’homme et la bonne gouvernance.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a dit qu’il sera difficile pour le peuple afghan de faire des progrès sans la constitution d’un gouvernement d’unité nationale.  Il a jugé inacceptables les menaces proférées à l’égard du personnel de la MANUA.  Il est évident que la recherche d’une solution à la question de savoir qui sera le futur président de l’Afghanistan doit relever de la politique intérieure de ce pays et doit dépendre des Afghans eux-mêmes, a estimé le représentant.  L’Afghanistan traverse une période très difficile en matière de sécurité et nous n’avons aucun doute que les insurgés n’attendent que le départ des forces internationales pour de nouveau sévir, a noté le représentant.  Il est inacceptable de se voiler la face et de ne pas vouloir voir la réalité, alors qu’il y a de plus en plus de victimes parmi les civils.  Toute décision sur une nouvelle présence de forces internationales en Afghanistan doit être discutée et examinée de près, et elle doit être approuvée par le Gouvernement afghan et par le Conseil de sécurité, a insisté le représentant de la Fédération de Russie.  Il s’est inquiété de l’insuffisance des moyens consacrés à la lutte contre les trafics de drogues en rappelant que le produit de ces trafics vient alimenter les moyens des insurgés.  « Il faut mener des efforts de manière collective, renoncer au deux poids deux mesures, et abandonner les œillères idéologiques pour pouvoir mettre fin aux trafics de drogues en Afghanistan et ainsi stabiliser ce pays », a souligné le représentant.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a souhaité que les espoirs placés par les Afghans dans le processus électoral soient exaucés et que l’aspiration générale à la paix et à la stabilité soit prise en compte.  Il a invité les deux candidats à la dernière élection présidentielle à faire preuve de retenue dans leurs déclarations et dans leurs actes, et à placer l’intérêt de la population en tête de leurs préoccupations.  Il les a invités à respecter le résultat des urnes et à former un gouvernement d’unité nationale.  Il a précisé que ce gouvernement à venir fera face à de nombreux défis, dont celui de la sécurité.  Il a ainsi expliqué que la nouvelle administration devra rapidement prendre des décisions concernant notamment la mise en place des cadres juridiques nécessaires au déploiement des futures missions internationales d’assistance aux Forces de sécurité afghanes. 

Le représentant a en outre relevé que, sur le plan économique, « la mise en œuvre des réformes économiques et une coopération étroite avec ses partenaires régionaux seront essentielles pour relancer l’économie et améliorer le niveau de vie des Afghans ».  Pour ce qui est du respect de l’état de droit et des droits de l’homme, M. Maes a salué les avancées que l’Afghanistan a connues au cours de la dernière décennie, et il a émis le vœu de voir une amélioration dans le respect des droits des femmes afghanes.  Il a par ailleurs déploré le fait que les femmes et les enfants soient les premières victimes des violences et du conflit armé dans le pays.

M. ALEXIS LAMEK (France) a déclaré comprendre que les discussions se poursuivent entre les deux principaux candidats à la présidentielle afghane pour la constitution d’un gouvernement d’unité nationale.  « Nous espérons que ces pourparlers pourront déboucher rapidement sur un compromis acceptable par tous, dans l’intérêt du pays et du peuple afghan », a dit M. Lamek.  Il est en effet essentiel que le nouveau gouvernement puisse se mettre au travail dans les meilleurs délais.  L’audit électoral, conduit sous la supervision des Nations Unies, et en présence de nombreux observateurs internationaux, s’est achevé récemment, et nous espérons que les résultats de l’élection seront bientôt publiés.

M. Lamek a ajouté que la sécurité restait en particulier un enjeu de taille en Afghanistan.  La violence est encore très présente dans le pays.  Il apparaît clairement que la MANUA sera désormais en première ligne de l’engagement de la communauté internationale, a-t-il constaté.  À l’avenir, a-t-il expliqué, la MANUA sera placée dans une situation plus centrale, mais aussi plus complexe.  Le Représentant spécial aura vocation, à travers sa mission de bons offices, à incarner la communauté internationale dans son dialogue avec les autorités politiques afghanes.  Le mandat de la Mission devra clairement déterminer ses tâches prioritaires, consolider ses succès, notamment en ce qui concerne la protection des droits de l’homme, a dit M. Lamek.  Afin d’accompagner au mieux le nouveau gouvernement dans le renforcement de la souveraineté afghane, l’appui à la consolidation de l’état de droit et de la gouvernance démocratique devra constituer la première priorité dans le mandat de la Mission, a-t-il préconisé.

Qui plus est, le mandat de la MANUA devra également tenir compte des défis majeurs pour la stabilité du pays, a poursuivi le représentant de la France.  À cet égard, l’émergence d’une économie illicite liée au trafic de stupéfiants devra constituer un point d’attention particulier, dans la mesure où elle constitue un puissant facteur de déstabilisation du pays, non seulement en termes de corruption et de sécurité, mais également de santé publique et de développement, a-t-il prévenu.  « Nous pensons que la lutte contre le trafic de drogues doit être un élément central du dialogue politique de la MANUA avec les autorités afghanes sans préjudice de l’action des autres entités des Nations Unies engagées en Afghanistan comme l’ONUDC », a indiqué M. Lamek.

À cet égard, a-t-il rappelé, la France, avec la Russie, est à l’origine du Pacte de Paris, principal cadre multilatéral des projets relatifs à la lutte contre le trafic d’héroïne en provenance de l’Afghanistan.  La phase IV de ce Pacte a été adoptée en mars 2013 et couvre des programmes d’action pour la période 2013-2016, orientés notamment vers la lutte contre les flux financiers illicites issus du trafic et le renforcement de la coopération régionale.

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a dit attendre les résultats définitifs de l’audit mené sur le processus des élections et sur leurs résultats provisoires.  Elle a exhorté les deux candidats à respecter les résultats de cet audit et à conclure par la suite un accord pour la formation d’un gouvernement d’unité nationale.  Tout acte de violence ou d’incitation à la violence lors de cette phase finale ne saurait être toléré, a-t-elle souligné.  Elle a exprimé la préoccupation qu’éprouve sa délégation face à l’augmentation des attaques qui visent les civils ou le personnel de l’ONU, comme l’indique le rapport du Secrétaire général.  Avec le retrait de la Force intérimaire d’assistance à l’Afghanistan (FIAS) du pays à la fin de l’année, un soutien international sera nécessaire pour apporter un appui non seulement aux Forces de sécurité nationales afghanes mais aussi aux autres institutions du pays, a estimé la représentante.  Elle a également souhaité que le Gouvernement de l’Afghanistan signe de nouveaux accords pour assurer la formation de ses forces nationales de sécurité.  Il faut aussi, a-t-elle ajouté, qu’il mette en œuvre rapidement les lois sur la lutte contre le blanchiment d’argent et la lutte contre le terrorisme.

M. GOMBO TCHOULI (Tchad) a salué le rôle joué en Afghanistan par la MANUA pour aider à décanter la situation après les élections, grâce à la signature de l’accord-cadre pour le décompte des voix.  Il a aussi salué les efforts menés par le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, pour aider à résoudre les questions qui se posent et la situation.  Il a indiqué que le Tchad soutient l’appel lancé aux deux candidats pour que cette crise soit rapidement résolue et que soit formé un gouvernement d’unité nationale.  La situation postélectorale ne doit pas occulter les défis majeurs auxquels est confronté l’Afghanistan dans les domaines sécuritaire et humanitaire, ainsi que dans la lutte contre le trafic de drogues, le terrorisme et l’extrémisme, a noté le représentant du Tchad.  Il s’est félicité des efforts déployés sur le plan international en faveur de la paix et de la sécurité en Afghanistan, et en particulier de ceux déployés par la FIAS lors de la période électorale ainsi que dans la lutte contre le trafic de drogues.  Il a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à poursuivre le soutien dont l’Afghanistan va avoir besoin après le départ de cette Force.  Le représentant a ensuite dénoncé le terrorisme.  Enfin, il s’est joint à l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur de l’augmentation de l’assistance humanitaire et de la décrispation de la situation politique.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) s’est inquiétée de l’impact de la crise électorale actuelle sur les objectifs de réforme de l’Afghanistan et sur les espoirs de la population.  Elle a appelé les candidats et toutes les parties concernées à respecter les principes d’une transition pacifique et à éviter toute escalade.  La représentante jordanienne a exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour mettre fin à l’insécurité en Afghanistan.  La situation sécuritaire reste difficile sur le terrain et les forces de sécurité et les civils continuent d’être victimes d’attaques de groupes terroristes, a-t-elle regretté.  Elle a appelé les responsables afghans à poursuivre les efforts de réforme, notamment pour lutter contre la corruption et promouvoir la bonne gouvernance.

Mme UCHE JOY OGWU (Nigéria) a salué les efforts de la MANUA, des États-Unis et d’autres parties, qui visent à permettre à l’Afghanistan de sortir de l’impasse électorale en engageant les candidats à accepter la voie qu’ouvrirait la constitution d’un gouvernement d’unité nationale.  Elle a exhorté les parties à respecter cet engagement, et elle a salué l’achèvement fructueux, le 3 septembre, de l’audit mené sur les bulletins de vote et leur décompte.  La représentante a déploré que les civils restent les plus durement touchés par les attaques lancées par les insurgés, avant de saluer les efforts et le courage des Forces de sécurité afghanes.  Elle a exhorté l’Afghanistan à saisir l’occasion de la quatrième Conférence ministérielle, qui se tiendra à Tianjin, en Chine, pour optimiser les avantages et opportunités qu’offre ce mécanisme.

M. CRISTIÁN BARROS (Chili) a salué les efforts déployés pour la tenue des élections en Afghanistan, mais a prévenu que ces efforts seraient vains si on ne créait pas dans le pays un gouvernement d’unité nationale dans les plus brefs délais.  Il faut, a-t-il précisé, bâtir un Afghanistan qui soit capable d’être autonome, qui soit doté d’institutions démocratiques, et où règne l’état de droit.  Il a soutenu le processus de réconciliation nationale mené par les Afghans, notamment le rôle actif joué par le Conseil supérieur de la paix.  M. Barros a demandé au nouveau gouvernement de respecter les engagements qui ont été publiquement pris, et à la communauté internationale de soutenir ceux-ci, en vue de créer une atmosphère propice à la réconciliation.  Il a expliqué que la réconciliation passait par un meilleur accès à l’éducation et à l’emploi pour tous les Afghans.  Il a souhaité, à cet égard, que les progrès récemment accomplis en matière de droits de l’homme soient consolidés.  Il faut que la communauté internationale continue de participer à des partenariats sur le long terme avec l’Afghanistan après 2014, a-t-il aussi préconisé.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a rappelé que le sommet de l’OTAN, tenu au Pays de Galles au début du mois, avait permis de saluer les réalisations de la FIAS.  Ce sommet a permis de réitérer les engagements pris par l’OTAN à Chicago en 2012 en faveur de l’Afghanistan, a-t-il dit avec appréciation, avant d’annoncer l’aide financière prévue par son pays pour soutenir les Forces de sécurité afghanes dans les années à venir.  Sur le plan politique, il a salué les efforts déployés pour mener des élections à travers tout le pays, tout en soulignant l’incertitude qui règne dans la situation actuelle.  Le Conseil, a-t-il souhaité, doit envoyer un message fort aux candidats pour qu’ils continuent d’agir dans le meilleur intérêt de la population afghane.  M. Lyall Grant a aussi fait remarquer la nécessité, pour l’Afghanistan, de stabiliser son économie et de consolider les progrès accomplis en matière de droits de l’homme, notamment concernant les droits des femmes et des enfants.  Après avoir indiqué que le Royaume-Uni présiderait la Conférence de Londres sur l’Afghanistan au mois de novembre cette année, il a souligné qu’il s’agit d’un « moment historique » pour l’Afghanistan, et il a appelé la communauté internationale à apporter son plein soutien à ce pays.

M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) s’est félicité de l’accord passé entre les deux candidats présents au second tour de l’élection présidentielle afghane.  Il a salué les consultations lancées par le Président sortant, M. Hamid Karzaï, avec les deux candidats, afin d’éviter toute escalade.  Pour que l’Afghanistan parvienne à un niveau de stabilité acceptable, il faut y organiser un processus de réconciliation mené par les Afghans, a insisté le représentant du Rwanda.  Il a exhorté la communauté internationale à continuer à appuyer les Forces de sécurité afghanes après 2014 pour leur permettre de faire face à la criminalité organisée et au trafic de drogues.  Avec la réduction des forces internationales d’ici à la fin de l’année, le représentant du Rwanda a jugé que l’appui de la MANUA sera décisif pour aider l’Afghanistan à mener les réformes dont le pays a besoin.

M. WANG MIN (Chine) a émis l’espoir que le monde pourra observer une transition pacifique en Afghanistan afin que les Afghans puissent se concentrer sur le développement économique et social de leur pays.  Il a salué le rôle positif joué par la MANUA dans la conduite du processus d’audit des urnes et bulletins de vote du dernier scrutin présidentiel.  Il a espéré que les deux candidats présents au second tour procéderont aussi vite que possible à la constitution d’un gouvernement d’unité nationale.  Il a indiqué que son pays était préoccupé par le nombre croissant d’incidents sécuritaires et de victimes civiles causées par ces incidents.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à respecter ses engagements et à soutenir les efforts des institutions afghanes.  La Chine souhaite qu’un rôle de chef de file soit dévolu à l’ONU dans ce domaine, a dit le représentant.  Il a souligné les efforts déployés par la Chine pour favoriser la reconstruction et le développement économique de l’Afghanistan en précisant que son pays finalisera au plus vite la date de la quatrième conférence ministérielle, prévue le 29 août à Tianjin en Chine.

Mme RAIMONDA MURMOIKAITÉ (Lituanie) a déclaré que les dernières élections tenues en Afghanistan ont démontré que le peuple afghan veut assumer sa responsabilité en ce qui concerne l’avenir de son pays.  Le taux de participation parle de lui-même, d’autant que de nombreux électeurs s’étaient rendus aux urnes malgré les nombreuses intimidations dont ils étaient victimes.  La représentante a ajouté qu’en cette veille de la proclamation des résultats du deuxième tour de la présidentielle, les deux candidats en lice devront placer l’intérêt de leur peuple au-dessus de tout et mettre en avant l’amour qu’ils ont pour leur pays, l’Afghanistan, afin de former un gouvernement d’unité nationale.  Tout doit être fait pour éviter tout ce qui pourrait faire dérailler la transformation historique de l’Afghanistan, a insisté la représentante.  Elle s’est dite préoccupée par les tentatives menées par les réseaux terroristes pour tirer profit de la crise électorale prolongée, et par la montée du niveau de la violence dans le pays. 

À cet égard, la représentante a exhorté toutes les parties à respecter l’obligation qu’elles ont, conformément au droit international, de protéger la population civile.  Elle a aussi condamné les attaques menées contre le personnel des Nations Unies, et contre les travailleurs médicaux et leurs biens et installations.  Elle a dit qu’il faut mettre fin à l’impunité des auteurs de ces attaques et que la reddition de comptes doit devenir une obligation concrète en Afghanistan.  Mme Murmokaité a appelé à la poursuite de l’aide internationale à ce pays tout en soulignant l’urgence qu’il y a à conclure la convention sur le statut des forces de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) sans délai.  Elle a également encouragé le Gouvernement afghan dans les efforts qu’il déploie pour mettre en œuvre les recommandations du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes; le plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, et la loi sur l’élimination de la violence contre les femmes.  La représentante a insisté sur le fait que l’acceptation des résultats de l’élection présidentielle et la formation d’un gouvernement d’unité nationale sont la priorité de l’Afghanistan à l’heure actuelle.  « Tous les yeux sont tournés vers les deux candidats qui ne peuvent pas décevoir les attentes d’une nation qui a traversé tant d’épreuves », a indiqué la représentante.          

M. FRANCISCO JAVIER DE ANTUENO (Argentine) a appelé les candidats et les partis concernés à accepter le décompte des voix pour que l’Afghanistan puisse consolider sa transition politique et son unité nationale.  Il a rappelé les défis qui se posent et que le pays doit relever, comme celui de la paix, dont a tant besoin le peuple afghan, et celui des relations cordiales à établir ou maintenir avec les pays de la région.  Il a salué les efforts de coopération menés entre l’Afghanistan et le Pakistan.  Préoccupé par la recrudescence des incidents sécuritaires et par les attaques des Taliban et autres groupes criminels et terroristes, le représentant a souligné l’efficacité dont font preuve les Forces de sécurité afghanes.  Cependant, a-t-il averti, leur action devra être soutenue par la communauté internationale pour permettre au pays de parvenir à la paix et à la stabilité durable.  Il a aussi appelé à lutter contre la malnutrition chronique dont souffre la population afghane, en particulier avec l’aide de l’ONU et d’autres acteurs non gouvernementaux.  Le représentant a également souligné le rôle des Nations Unies dans la lutte contre la production et le trafic de drogues.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) s’est félicitée de l’engagement du peuple afghan en faveur de la démocratie et du rôle joué par les différents observateurs dans le cadre du processus électoral.  Elle a salué le fort taux de participation électorale qu’on a vu en Afghanistan, mais rappelé que ces progrès avaient un prix, faisant ainsi référence à l’attentat suicide qui a frappé Kaboul.  Les progrès accomplis en Afghanistan sont réels, a remarqué Mme Power en évoquant le meilleur accès à l’éducation auquel le pays est parvenu, notamment pour les filles, qui représentent un tiers des écoliers.  Deux tiers des Afghans ont désormais accès aux services de santé de base, a-t-elle aussi noté, avant de parler aussi de l’amélioration des moyens de communication, comme la radio et la télévision.  Elle s’est réjouie que les candidats aux fonctions de président aient accepté un compromis et placent en premier l’avenir de l’Afghanistan.  Nous devons soutenir ces efforts, a dit Mme Power, avant de demander que le même soutien soit apporté à la MANUA.  Les États-Unis sont également engagés à rester un partenaire important de l’Afghanistan, a-t-elle assuré, se référant notamment au partenariat stratégique conclu en 2012.

« Avec cette transition et cette première transmission pacifique du pouvoir, l’Afghanistan se trouve à un moment historique », a dit M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) qui a appelé de ses vœux la création d’un Afghanistan stable, pacifique et démocratique.  Il a indiqué que l’Inde est engagée à aider l’Afghanistan par tous les moyens possibles, et que l’Inde aura toujours comme ambition d’être le principal partenaire de l’Afghanistan.  Il a déclaré que l’attaque menée le 23 mai contre le consulat indien à Herat démontrait la détermination des ennemis de la paix.  Nous ne devons pas permettre que notre attention soit détournée des objectifs de développement économique et social de l’Afghanistan, a insisté le représentant de l’Inde avant de saluer l’aide déterminante apportée par la MANUA pour aider le peuple et les institutions afghans à consolider les gains acquis ces 13 dernières années.   

M. SAHEBZADA KHAN (Pakistan) a déclaré que le Pakistan soutenait la transition pacifique en Afghanistan.  Notre position est celle de la neutralité, a insisté le représentant du Pakistan en précisant que son pays a renforcé les contrôles et la sécurité aux frontières lors du processus électoral afghan.  Notant que le terrorisme est un ennemi commun, il a appelé à renforcer la coopération entre le Pakistan et l’Afghanistan.  Il a jugé indispensable que soient renforcées les Forces nationales de sécurité afghanes pour les rendre capables de lutter efficacement contre les groupes terroristes.  M. Mukerji s’est inquiété des conséquences qu’entrainent les circuits de l’économie illicite qui s’est développée en Afghanistan.  Il a salué les efforts menés par la Chine en faveur du processus d’Istanbul et s’est félicité de la tenue prochaine à Tianjin, dans ce pays, de la quatrième conférence ministérielle.  

M. HALIT CEVIK (Turquie) a estimé qu’il fallait que la communauté internationale continue à investir dans des scénarios positifs pour l’Afghanistan en cette période qui est cruciale pour le pays.  Il a salué la volonté, le courage et la détermination du peuple afghan qui a participé aux élections présidentielles et provinciales avec enthousiasme, malgré les risques encourus en matière de sécurité.  Le moment est venu d’honorer les souhaits exprimés par les Afghans, a-t-il dit.  Le représentant a estimé que l’audit électoral réalisé récemment est un pas dans la bonne direction.  Il a dit avoir confiance en la capacité de l’Afghanistan à mener à bien une transition pacifique.  M. Cevik a déploré les attentats qui ont frappé le pays, mais a émis l’espoir que cela ne fera pas dérailler les efforts menés en faveur d’une transformation pacifique du paysage social et politique du pays.  Il a souhaité plus de coopération régionale en saluant les efforts bilatéraux et multilatéraux menés à cet égard, notamment à travers le processus d’Istanbul, avant de réitérer le soutien de la Turquie à la MANUA.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé les engagements pris en faveur du soutien à l’Afghanistan lors de la Conférence de Tokyo, tenue en janvier 2002, et dans la Déclaration de Tokyo de 2012.  Depuis 2001, le Japon a fourni 5,4 milliards de dollars en faveur de programmes destinés à la sécurité et au développement de l’Afghanistan, ce qui fait de lui le deuxième donateur après les États-Unis, a indiqué M. Yoshikawa.  Le représentant a estimé que la capacité de la communauté internationale à appuyer l’Afghanistan dépendra de la capacité de ce pays à honorer ses propres engagements.  Il a ainsi souligné la nécessité pour les Afghans de faire preuve de légitimité et de crédibilité, avant d’exprimer la déception de sa délégation face au processus électoral qui n’a toujours pas encore abouti.  Nous ne voulons pas que notre partenariat soit hypothéqué par des troubles politiques nationaux, a-t-il dit, insistant pour que ce processus soit conclu de manière pacifique, et se concrétise par la formation d’un gouvernement d’unité nationale le plus tôt possible.  Le Japon s’est engagé à mobiliser jusqu’à 3 milliards de dollars en faveur de l’Afghanistan sur une période de 5 ans à compter de 2012, a-t-il rappelé pour illustrer le soutien de son pays.

M. THOMAS MAYR-HARTING, Union européenne, a rendu hommage au travail effectué par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), et il a noté que le rôle joué par la MANUA sera encore plus important dans les années à venir.  Il a souhaité que le processus électoral afghan soit mené à terme de manière transparente, et il a invité les deux candidats à l’élection présidentielle du 14 juin dernier à placer l’intérêt national au premier plan, et à respecter l’engagement qu’ils ont pris de former un gouvernement d’unité nationale.  Le représentant de l’Union européenne a ensuite rappelé que les Afghans ont soif de réformes, et que le nouveau gouvernement devrait être à la fois robuste et uni pour faire face aux défis qui l’interpelleront, notamment afin de pouvoir sauvegarder les progrès réalisés au cours des 13 dernières années.  Il a également dit espérer que la conférence de Londres, prévue au mois de novembre prochain, serait l’occasion pour l’Union européenne de réaffirmer son partenariat avec un nouveau gouvernement afghan, sur la base de l’engagement que devra prendre ce dernier concernant la conduite de réformes.

M. Mayr-Harting a par ailleurs relevé trois secteurs importants pour l’action du prochain Gouvernement afghan.  Il s’agit notamment de la sécurité, du développement économique et humain, et de la promotion de l’état de droit et des droits de l’homme.  Il a indiqué, en ce qui concerne la sécurité, que la signature rapide d’un accord entre l’Afghanistan et les États-Unis est de la plus grande importance, afin d’assurer la continuité de la présence internationale aux côtés des Afghans.  Il a ajouté que le rôle que jouent les pays voisins était également important pour veiller à ce que l’instabilité ne se répande dans toute la région.  Le représentant a en outre souligné que la sécurité est une nécessité pour le développement économique et humain.  Il a suggéré que le nouveau gouvernement puisse prendre des décisions rapides pour améliorer la confiance en l’économie du pays, notamment par des mesures qui donneraient la priorité au monde rural, qui est « l’âme de nombreux Afghans », a-t-il noté.  Il a ensuite prôné une amélioration de l’état de droit et des droits de l’homme, notamment en ce qui concerne le respect et la défense des droits des femmes et des filles afghanes.  Pour faire face à tous ces défis, M. Mayr-Harting a demandé un engagement fort de la part du nouveau gouvernement et de la communauté internationale.

M. AMIR HOSSEIN ZAMANINIA (République islamique d’Iran) a déclaré qu’il est indispensable que la communauté internationale soutienne les Forces de sécurité et les institutions afghanes et a rappelé que la sécurité de l’Afghanistan a un impact direct sur celle de la région d’Asie centrale et d’Asie du Sud et donc de l’Iran.  Il a exhorté les deux candidats à la présidentielle à achever les négociations sur la formation d’un gouvernement d’unité nationale et à permettre ainsi une transition pacifique dans les plus brefs délais.  M. Zamaninia a dit qu’il est nécessaire de trouver les moyens de lutter contre les trafics de stupéfiants avant de préciser que l’Iran souhaitait trouver une solution durable pour les réfugiés afghans.

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a dit que les deux candidats à la présidentielle afghane, MM. Abdullah et Ghani, doivent assumer leurs responsabilités dans l’intérêt de l’Afghanistan.  Il s’est ensuite inquiété de l’impact de la crise électorale sur l’économie afghane.  Il faudra travailler dur pour restaurer la confiance du peuple afghan à l’égard de son élite politique, a estimé le représentant de l’Allemagne.  Il a exhorté la communauté internationale à venir en appui à la reconstruction et au développement de l’Afghanistan et a jugé indispensable que la MANUA puisse travailler sur une base financière solide et prévisible. 

M. ROMAN OYARZUN (Espagne) a renouvelé l’engagement de son pays envers l’Afghanistan et a demandé aux dirigeants politiques afghans et aux institutions de l’État d’être à la hauteur des défis qui se posent à leur pays.  Le temps est à la consolidation du processus politique par une transition démocratique et pacifique à la tête de l’État, ce qui passe par la formation d’un gouvernement d’unité nationale qui respecte la Constitution et les lois afghanes, a dit M. Oyarzun.  Seul un leadership renouvelé, renforcé et soutenu par la volonté démocratiquement exprimée par le peuple afghan, peut aider à canaliser les efforts de tous les Afghans sur les fronts de la sécurité, de l’économie et de la vie sociale, a dit le représentant.  Il a ajouté que seuls les ennemis du progrès pourraient bénéficier de l’échec de ce processus en Afghanistan.

M. Oyarzun s’est ensuite inquiété de l’augmentation, de 24%, du taux d’attaques menées par des groupes d’insurgés et de terroristes contre les civils.  Cette augmentation est une conséquence horrible de l’incertitude politique actuelle, a-t-il estimé.  C’est aux Afghans eux-mêmes de prendre l’initiative, a ensuite indiqué le représentant qui s’est aussi préoccupé de la détérioration de la situation économique du pays.  La conférence ministérielle qui sera tenue à Londres en novembre devrait permettre de renouveler et d’actualiser le partenariat entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale, partenariat qui a été établi par le cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo.  Sur la relation de l’Afghanistan avec les pays voisins, M. Oyarzun a fait part des attentes de son pays en ce qui concerne la prochaine conférence ministérielle, dont la tenue est prévue à Tianjin, en Chine. 

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a dit que l’incertitude qui a pesé sur les résultats de l’élection présidentielle et l’absence prolongée de nouveau président à la tête de l’Afghanistan constituent de graves sources de préoccupations pour le pays.  C’est pourquoi il est important que le processus électoral débouche, dans le court terme, sur un résultat qui soit accepté par la majorité du peuple afghan.  Pour y parvenir, toutes les parties prenantes doivent faire preuve de beaucoup de modération, d’un sens de la responsabilité, et elles doivent aussi éviter de prendre des initiatives qui pourraient saper la conclusion d’un accord.  Le représentant a dit attendre que l’engagement pris par les deux candidats à la présidentielle soit traduit dans la réalité afin de créer la fondation du développement socioéconomique, de la paix et de la stabilisation dont le pays a tant besoin.

L’urgence aujourd’hui reste la finalisation du processus électoral et l’installation du nouveau président et du nouveau gouvernement, a estimé M. Lambertini.  Ces actes récompenseraient l’action et l’engagement des Forces de sécurité nationales afghanes, qui ont permis au peuple afghan d’exercer son droit à s’exprimer démocratiquement.  C’est pour cette raison que l’Italie a confirmé l’engagement pris à Chicago il y a deux ans dans le cadre de l’OTAN, en ce qui concerne l’appui à apporter aux Forces armées afghanes au cours de la phase de transition qui suivra le départ des troupes de la FIAS.  Concernant la sécurité, la signature de l’accord bilatéral de sécurité entre l’Afghanistan et les États-Unis était importante, a ensuite déclaré M. Lambertini qui a rappelé que l’objectif de ces accords était de donner un cadre légal à la présence des forces internationales dans le pays.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a relevé que le développement de l’Afghanistan ne peut pas se réaliser dans un environnement instable, avant d’appeler les futurs dirigeants politiques du pays à tout faire pour garantir cette stabilité.  Il a salué à cet égard la déclaration conjointe des candidats en faveur de la formation d’un gouvernement d’unité nationale.  Malgré les difficultés, nous pensons que les mesures nécessaires peuvent être prises pour soutenir l’économie et établir un budget transparent, a dit le représentant slovaque.  Il a salué les missions menées par les Forces de sécurité nationales afghanes et en particulier leur professionnalisme.  Il a dit que son pays voulait s’engager à les soutenir.  Une aide globale au développement reste essentielle pour la stabilité de l’Afghanistan, a-t-il poursuivi, en soulignant la nécessité de l’aligner sur les priorités nationales.  Il a indiqué que l’Afghanistan est l’un des trois pays prioritaires pour l’aide publique au développement slovaque.  Enfin, il a salué les mesures prises par l’ONU dans le processus électoral, ainsi que le rôle irremplaçable que joue la MANUA.

M. BOGUSLAW WINID (Pologne) a déploré le décès, il y a deux jours, du quarante-quatrième soldat polonais en Afghanistan depuis le début de l’engagement de la Pologne dans les missions de la FIAS.  Le Gouvernement polonais réaffirme sa détermination à lutter contre le terrorisme, a-t-il dit, tout en soulignant l’attachement de son pays à la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité nationale de l’Afghanistan.  La Pologne soutien le rôle des Nations Unies dans le processus de stabilisation de l’Afghanistan et le rôle de coordination joué par la MANUA, a dit M. Winid.  Il s’est félicité des conclusions du récent sommet de l’OTAN sur l’Afghanistan qui, a-t-il espéré, permettraient à la communauté internationale d’aider le pays à atteindre les objectifs en matière de sécurité et de prospérité.  M. Winid a soutenu le compromis proposé dans le processus politique grâce à M. John Kerry.  Il a aussi souligné le rôle qu’ont joué les différents observateurs électoraux, notamment l’Équipe d’audit de l’Union européenne.  Il est important, a-t-il estimé, que toutes les parties acceptent les résultats de l’audit.  Enfin, il a exprimé sa préoccupation quant à la stabilité budgétaire de l’Afghanistan, avant de détailler l’aide apportée par la Pologne à ce pays depuis 2001 dans le cadre de mécanismes internationaux.  La Pologne, a-t-il ajouté, est prête à soutenir les Forces de sécurité afghanes après 2014, en particulier les forces de police.

M. GUILLERMO RISHCHYNSKI (Canada) s’est réjoui de l’excellent taux de participation des Afghans à l’élection présidentielle de cette année, mais a regretté les allégations de fraude électorale qui ont perturbé le processus.  Il a indiqué que le Canada avait participé aux efforts internationaux concernant le processus d’observation et de vérification du vote, et il a félicité les Nations Unies d’avoir coordonné ce processus.  Le représentant a demandé aux parties afghanes de mettre de côté leurs divergences et de construire un avenir plus sûr et prospère.  En matière de sécurité, avec en vue le retrait de la FIAS à la fin de l’année, M. Rishchynski a jugé important de garantir aux Forces de sécurité afghanes la formation et le matériel nécessaires à la protection de leur pays.  Il a ainsi prié le Gouvernement afghan de signer l’Accord bilatéral sur la sécurité États-Unis-Afghanistan et de conclure la Convention sur le statut des forces OTAN-Afghanistan dès que possible.  En ce qui le concerne, le Canada consacrera 330 millions de dollars sur trois ans, à partir de 2015, au Fonds d’affectation spéciale de l’OTAN au profit des Forces de sécurité afghanes, sous réserve du respect des conditions générales de transparence, de suivi des dépenses et de rapport coût-efficacité, a dit le représentant.  Il a rappelé que le Canada avait envoyé, pendant 12 ans, plus de 40 000 soldats servir en Afghanistan.  M. Rishchynski a aussi souligné les progrès accomplis dans les domaines de l’économie et des droits de l’homme, qui sont des domaines dans lesquels le Canada continuera à investir.  Il fournira à cet égard à l’Afghanistan une aide au développement de 227 millions de dollars entre 2014 et 2017. 

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