CS/11335

Haïti: le Conseil de sécurité examine les cinq options pour une reconfiguration de la MINUSTAH au-delà de 2016

24/3/2014
Conseil de sécuritéCS/11335
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

7147e séance – matin


HAÏTI: LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LES CINQ OPTIONS POUR UNE RECONFIGURATION DE LA MINUSTAH AU-DELÀ DE 2016


Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, les cinq grandes options que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, propose pour la reconfiguration après 2016 de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).


« Toute reconfiguration de la Mission devra tenir compte des impératifs de l’heure et refléter les besoins particuliers d’Haïti », a insisté le représentant d’Haïti, tout en estimant que dans ce processus, les institutions nationales haïtiennes devraient tenir pleinement leur place et exercer leurs responsabilités.


« Haïti se trouve à un tournant où les progrès en matière de paix, de sécurité et de stabilité devraient être pérennisés à travers la consolidation du processus démocratique, l’état de droit, la bonne gouvernance et une meilleure prise en charge des besoins de toute la population », a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la MINUSTAH, Mme Sandra Honoré, lors du débat semestriel que le Conseil de sécurité consacrait à la situation dans le pays.


Pour Mme Honoré, qui présentait le rapport* du Secrétaire général, « la promulgation de la loi électorale et la récente signature de l’Accord d’El Rancho, issu du processus de dialogue inter-haïtien, marquent des pas importants vers la tenue des élections de 2014 ».


« L’engagement démontré par les intervenants nationaux en faveur d’un dialogue comme moyen d’entente est une victoire pour Haïti », a-t-elle poursuivi, en souhaitant que ce dialogue se poursuive et s’approfondisse afin d’apporter des réponses aux nombreux défis auxquels le pays fait face. 


« Il est dans l’intérêt national que les acteurs politiques haïtiens adhèrent à l’esprit de cet Accord afin de permettre au pays de continuer d’avancer sur la voie de la démocratie et de la stabilisation », a-t-elle souligné.  Cette condition est nécessaire, a-t-elle précisé, pour assurer un développement économique et social durable au profit de tous les Haïtiens.


Dans son rapport, le Secrétaire général souligne que « conformément à la résolution 2119 (2013) du Conseil de sécurité, un processus intégré de planification de ce que sera la configuration de la Mission des Nations Unies en Haïti après 2016 avait commencé, avec la participation d’acteurs nationaux et internationaux importants et, notamment, l’équipe de pays des Nations Unies ».


« Ce processus permettra au Conseil de prendre à l’avenir une décision en connaissance de cause sur la configuration la plus appropriée de la présence des Nations Unies pour aider Haïti après l’achèvement, en 2016, du plan de consolidation de quatre ans », précise-t-il, en proposant « cinq grandes options de configuration ».


Ces cinq options, énoncées par Mme Honoré, sont les suivantes: la désignation d’un envoyé spécial de l’ONU en Haïti pour offrir les bons offices politiques; l’établissement d’une mission politique spéciale conservant la capacité de développer la Police nationale haïtienne; la création d’une nouvelle mission de maintien de la paix ayant surtout un rôle politique, avec une empreinte au sol beaucoup plus réduite; l’établissement d’une nouvelle opération de maintien de la paix, plus petite avec une force de police des Nations Unies et une présence militaire réduites; une modification du mandat actuel de maintien de la paix de la MINUSTAH afin de tenir compte de la réduction des activités rendue possible par l’achèvement du plan de consolidation.


Une évaluation stratégique complète sera réalisée à l’échelle des Nations Unies en vue d’établir un état mis à jour et détaillé des conditions sur le terrain afférentes aux cinq options envisageables pour la configuration de la Mission.  Ses conclusions seront présentées dans un rapport ultérieur au Conseil, lequel contiendra également les recommandations du Secrétaire général concernant l’option qui conviendrait le mieux à Haïti à ce stade.


Pour certains pays, comme la France, il est essentiel que la future mission des Nations Unies en Haïti conserve une composante de police importante, les besoins en matière d’ordre public, de formation et d’accompagnement de la Police nationale haïtienne et, plus largement, d’édification de l’État de droit étant les principaux défis auxquels le pays est confronté.


L’Argentine a estimé que toute décision sur cette question devrait tenir compte de l’avis des autorités nationales.  Pour le Mexique, il convient de maintenir une approche progressive et planifiée de la reconfiguration de la MINUSTAH au-delà de 2016.  Un retrait brutal de la Mission pourrait entraîner une résurgence de la crise et de l’instabilité politique avec des conséquences énormes, a-t-il prévenu.


Le Gouvernement haïtien ne peut se reposer indéfiniment sur la MINUSTAH, a en revanche considéré le délégué britannique, en invitant les autorités nationales à jouer pleinement leur rôle pour sauvegarder l’avenir du pays.


Au cours de la discussion, de nombreux pays ont jugé encourageants les progrès réalisés par la Police nationale haïtienne, en se félicitant en particulier de la baisse notable de la criminalité dont a fait état Mme Honoré.


Beaucoup d’intervenants ont également noté avec satisfaction les progrès enregistrés sur le plan humanitaire.  En revanche, même si, comme l’a souligné la Représentante spéciale, le nombre de cas suspects de choléra s’est considérablement réduit, l’accent a été mis sur la nécessité d’accroître les efforts pour éliminer l’épidémie, Haïti ayant toujours le taux le plus élevé de choléra dans le monde.


L’Uruguay, au nom du Groupe des Amis d’Haïti, a réitéré son engagement en faveur de la politique de la tolérance zéro contre les abus sexuels et a demandé que tout le personnel des Nations Unies adhère à des normes de conduite élevées. 


*     S/2014/162



LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI


Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (S/2014/162)


Déclarations


Mme SANDRA HONORÉ, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a affirmé que depuis son dernier exposé devant le Conseil de sécurité, au mois d’août 2013, la situation sécuritaire générale dans le pays était demeurée relativement stable.  L’année précédente, l’année 2013 a été marquée par une diminution du nombre de crimes importants, avec 21% d’homicides et 53% d’enlèvements en moins par rapport à l’année précédente, a-t-elle précisé.


La performance de la Police nationale haïtienne a continué de s’améliorer et la situation sécuritaire dans les cinq départements laissés vacants par la composante militaire de la MINUSTAH est restée stable, a expliqué Mme Honoré.  Toutefois, lorsque la capacité de la Police nationale fut mise à rude épreuve, le soutien opérationnel des forces de la MINUSTAH s’est souvent avéré nécessaire, a-t-elle dit, en mettant l’accent sur son renforcement essentiel par la MINUSTAH.


S’agissant de la situation politique, elle a félicité les dirigeants politiques d’Haïti pour avoir choisi la voie du dialogue et conclu un accord sur la tenue d’élections cette année.  Elle a également félicité la Conférence épiscopale d’Haïti et son Président, le cardinal Chibly Langlois, pour le succès, sous son égide, le 24 janvier, du lancement du processus de dialogue national entre l’exécutif, le Parlement et les partis politiques pour examiner trois principaux domaines d’action: la gouvernance démocratique, les élections et la révision de la Constitution.


L’« Accord d’El Rancho », signé le 14 mars, stipule qu’un scrutin aura lieu cette année, combinant les élections sénatoriales partielles, municipales et locales longtemps retardées à celles prévues pour la fin de 2014, à savoir le renouvellement d’un deuxième tiers du Sénat et de la totalité de la Chambre des députés.


Il est essentiel que les dispositions de l’Accord, y compris la révision de la loi électorale, soient mises en œuvre en temps opportun par les autorités haïtiennes, a déclaré Mme Honoré.


Sur le plan économique, la Représentante spéciale a fait montre d’un optimisme prudent face au taux de croissance de 4,3% en 2013, ce qui donne au Gouvernement haïtien une assise plus importante pour un développement plus durable et équitable.


La reconstruction au lendemain du séisme et la réhabilitation se sont poursuivies, a par ailleurs souligné Mme Honoré, en notant que des 1,5 million de personnes logées dans des camps à la suite de cette tragédie en janvier 2010, seules 146 573 se trouvaient encore dans des camps provisoires.  Malgré ce succès, il est un impératif que le Gouvernement haïtien donne suite à son engagement d’assurer une fermeture ordonnée de ces camps et trouve des solutions durables pour les personnes déplacées.


Le Chef de la MINUSTAH a exprimé sa préoccupation concernant le fait que quelque 600 000 Haïtiens étaient toujours confrontés à une insécurité alimentaire sévère, et que la prévalence d’une malnutrition aiguë chez les enfants était passée de 5,1% en 2012 à 6,5% à ce jour.


De même, alors que le nombre de cas suspects de choléra s’est considérablement réduit chaque année, passant de 352 033 en 2011 à 58 608 cas en 2013, davantage doit être fait, Haïti ayant toujours le taux le plus élevé de choléra dans le monde.


La Représentante spéciale a rappelé que, dans son rapport du mois d’août 2013, le Secrétaire général avait indiqué son intention d’étudier la meilleure façon pour les Nations Unies de continuer à contribuer à une plus grande stabilité et au développement d’Haïti au-delà de 2016.


Elle a précisé que cinq grandes options étaient proposées dans son dernier rapport: la désignation d’un envoyé spécial de l’ONU en Haïti pour offrir les bons offices politiques; l’établissement d’une mission politique spéciale conservant la capacité de développer la Police nationale haïtienne; la création d’une nouvelle mission de maintien de la paix ayant surtout un rôle politique, avec une empreinte au sol beaucoup plus réduite; l’établissement d’une nouvelle opération de maintien de la paix, plus petite avec une force de police des Nations Unies et une présence militaire réduites; et une modification du mandat actuel de maintien de la paix de la MINUSTAH afin de tenir compte de la réduction des activités rendue possible par l’achèvement du plan de consolidation.


En ce qui concerne le développement de la Police nationale d’Haïti, la MINUSTAH, de concert avec les partenaires internationaux, continue de soutenir le Gouvernement haïtien et la police dans la mise en œuvre du plan 2012-2016, avec l’objectif d’atteindre un minimum de 15 000 policiers actifs en 2016, la force actuelle de la police étant de 11 228 policiers actifs, dont 950 femmes.


Les progrès réalisés dans la professionnalisation de la police doivent être complétés par des améliorations similaires dans d’autres domaines de l’état de droit, notamment dans le secteur de la justice et des services pénitentiaires, a-t-elle estimé.


Mme Honoré a affirmé que Haïti se trouvait à un tournant où les progrès en matière de paix, de sécurité et de stabilité devaient être pérennisés à travers la consolidation du processus démocratique, l’état de droit, la bonne gouvernance et une meilleure prise en charge des besoins de toute la population.


La promulgation de la loi électorale et la récente signature de l’Accord d’El Rancho issu du processus de dialogue inter-haïtien marquent des pas importants vers la tenue des élections de 2014, a-t-elle ajouté.


L’engagement démontré par les intervenants nationaux en faveur d’un dialogue comme moyen d’entente est une victoire pour Haïti, a-t-elle poursuivi, en souhaitant que ce dialogue se poursuive et s’approfondisse afin d’apporter des réponses aux nombreux défis auxquels le pays fait face. 


Il est dans l’intérêt national que les acteurs politiques haïtiens adhèrent à l’esprit de cet Accord afin de faire en sorte que le pays continue d’avancer sur la voie de la démocratie et de la stabilisation, condition nécessaire pour un développement économique et social durable au bénéfice du peuple haïtien, a conclu la Représentante spéciale.


Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a salué les progrès réalisés dans le renforcement du rôle de la Police haïtienne.  Elle a dit souhaiter qu’une force de police plus vaste soit mise en place, afin de couvrir tous les besoins du pays en matière de sécurité et de permettre que l’état de droit puisse solidement être établi dans le pays.  Elle a souligné qu’il était nécessaire que des patrouilles de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) soient menées en partenariat avec la police haïtienne, et que cette dernière puisse, progressivement, mener des patrouilles de manière indépendante.  Elle a aussi appelé les autorités nationales à promouvoir l’état de droit, notamment en améliorant les secteurs judiciaire et pénitentiaire. 


La réduction de la durée de la détention provisoire serait à ce propos un indicateur de l’amélioration du système judiciaire, a-t-elle affirmé.  Mme Power a en outre invité les partenaires d’Haïti à axer leurs efforts sur le renforcement de ce secteur judiciaire.  Elle a recommandé que les dirigeants politiques nationaux et la société civile trouvent un accord sur le processus électoral en cours, afin de s’assurer que les élections prévues cette année soient transparentes et libres.  Par ailleurs, la représentante a dit attendre l’évaluation de la MINUSTAH, annoncée par le Secrétaire général dans son rapport, en souhaitant que cela soit fait en considération de l’évolution du pays.


M. BANTE MANGARAL (Tchad) a affirmé que la reconstruction et la stabilisation en Haïti étaient lentes et pénibles.  Elles ne seront possibles qu’avec l’engagement des Haïtiens eux-mêmes, a-t-il dit.  Le délégué a estimé que la MINUSTAH avait accompli avec efficacité son mandat en matière de renforcement des capacités de la police haïtienne. 


La situation humanitaire demeure préoccupante, a-t-il souligné, en saluant la Mission pour avoir proposé des solutions durables en vue d’intégrer les personnes exclues.  Il a encouragé le Gouvernement haïtien à s’appuyer sur la diaspora, qui constitue un facteur de développement important du pays.  Les élections, a-t-il rappelé, représentent un défi essentiel sur le chemin de la stabilisation d’Haïti.


M. LIU JIEYI (Chine) a salué les progrès qu’a connus Haïti dans le cadre de la stabilisation.  Il a indiqué que l’amélioration des conditions de vie dans le pays nécessitait la participation de tous les acteurs nationaux.  Il a proposé que le processus électoral national soit accompagné par la communauté internationale, afin de faire que les élections prévues cette année soient un succès.  Il a aussi souhaité que la communauté internationale puisse honorer ses engagements pour assister le pays, notamment sur le plan financier.  Il a salué les efforts du Secrétaire général pour éliminer le choléra à Haïti.  Le représentant a souhaité que la MINUSTAH puisse continuer de remplir son mandat, afin de promouvoir le développement économique du pays.  La reconfiguration future du mandat de la Mission en 2016 doit se faire dans l’optique d’encourager le développement économique et social du pays, a-t-il rappelé.


M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a déclaré que les principaux dirigeants du pays étaient parvenus à des compromis importants dans le processus politique.  Le bon déroulement des élections aura une incidence importante pour la stabilisation du pays et son développement, a-t-il estimé. 


Le représentant a ensuite mis l’accent sur les informations communiquées par le Secrétaire général dans son rapport concernant le renforcement du niveau de professionnalisme des effectifs de la Police nationale.  La MINUSTAH doit continuer à coopérer avec Haïti pour le maintien de cadres sécuritaires adéquats. 


Le délégué russe a également salué les efforts de la Mission dans l’accomplissement d’autres tâches prévues par son mandat.  Sa délégation, a-t-il assuré, est d’accord avec le Secrétaire général pour une future reconfiguration de la Mission.  Il convient cependant d’étudier avec attention et prudence les différentes options proposées, a-t-il dit.


M. GÉRARD ARAUD (France) a estimé que le vote d’une loi électorale en octobre dernier était la preuve de la normalisation en cours et du renforcement progressif de l’état de droit en Haïti, avant de se réjouir de la tenue prochaine des élections locales et sénatoriales partielles, après leur report à plusieurs reprises.  Il s’est dit aussi encouragé par les progrès enregistrés par la Police nationale haïtienne et il a estimé que la baisse sensible de la criminalité constituait une avancée notable.  Néanmoins, il a jugé indispensable que l’État de droit et les institutions améliorent leur efficacité, leur transparence et leur accessibilité.  Il a souhaité que le lancement d’un dialogue politique inter-haïtien au mois de janvier débouche sur un accord inclusif, avant de saluer la signature du Protocole d’accord, le 19 mars, définissant une feuille de route dans ce sens.


En matière de droits de l’homme, M. Araud a salué la désignation d’un défenseur des droits le 4 décembre dernier, la volonté des autorités de renouveler le mandat de l’expert indépendant du Conseil des droits de l’homme, ainsi que le rejet de l’appel formé par Jean-Claude Duvalier, accusé de crimes contre l’humanité.  Ces décisions sont encourageantes, mais les violations de droits de l’homme se poursuivent, a-t-il fait observer, en soulignant qu’il était de la responsabilité de l’État de mener une politique volontariste dans ce domaine.


S’agissant des défis humanitaires, le représentant de la France s’est dit très préoccupé par une possible résurgence de l’épidémie de choléra à l’approche de la saison des pluies.  À cet égard, il a soutenu l’action et l’engagement des Nations Unies dans leur action pour l’éradication totale de la maladie.  Il a appelé les Nations Unies à soutenir et compléter l’action de l’État haïtien et non à s’y substituer, avant d’appeler l’État haïtien à se mobiliser plus fermement pour exercer ses fonctions régaliennes de façon autonome.


M. Araud a rappelé que la MINUSTAH avait été déployée en 2004 dans un contexte de crise aiguë aggravée quelques années plus tard par le tremblement de terre.  À l’aune de progrès réels, il a invité la MINUSTAH à refléter cette évolution favorable, en rappelant que le processus de réduction engagé en 2013 devrait s’achever en 2016.  Il a salué les cinq options présentées par le Secrétaire général pour la reconfiguration de la Mission après 2016, en ajoutant que la conduite d’une revue stratégique par le Secrétariat devrait constituer une aide précieuse pour le Conseil en vue d’évaluer avec précision les besoins sur le terrain.  « Présentée au Conseil dès le mois d’août 2014, elle permettra au Conseil de définir le type de mission qui sera la mieux adaptée après 2016 à la situation tant politique que sécuritaire d’Haïti », a ajouté M. Araud.


Enfin, il a jugé essentiel que la future mission des Nations Unies en Haïti conserve une composante de police importante, en notant que les besoins en matière d’ordre public, de formation et d’accompagnement de la Police nationale haïtienne et, plus largement, d’édification de l’État de droit sont les principaux défis auxquels Haïti est confrontée.


M. MICHAEL TATHAM (Royaume-Uni) a souhaité que les élections parlementaires et municipales soient organisées prochainement à Haïti et que cela soit fait dans le cadre d’un processus de dialogue national inclusif.  Il a salué la professionnalisation de la force de Police nationale qui peut maintenant jouer son rôle.  Il a souhaité que les secteurs judiciaire et pénitentiaire puissent également connaître cette amélioration.  Il a déploré ainsi la durée trop longue des détentions provisoires.  Il a appelé au renforcement de l’état de droit dans le pays, en soulignant que la reconfiguration de la MINUSTAH devrait prendre en compte des besoins réels du pays.  « Le Gouvernement haïtien ne peut se reposer indéfiniment sur la MINUSTAH », a-t-il averti, tout en invitant les autorités nationales à jouer pleinement leur rôle pour sauvegarder l’avenir du pays.


M. MAHMOUD DAIFALLAH MAHMOUD HMOUD (Jordanie) s’est félicité des progrès réalisés en Haïti sur le plan de la stabilité et de l’amélioration de la performance de la Police nationale haïtienne.  La communauté internationale doit continuer de poursuivre son appui à Haïti dans sa marche vers la stabilisation, même s’il incombe en premier lieu aux dirigeants et au peuple haïtiens de prendre en main l’avenir du pays, a-t-il rappelé.


Le délégué jordanien a mis l’accent sur les prochaines élections, en disant attendre avec intérêt l’appui qu’apporteront à cette occasion les Nations Unies.  Il a souligné qu’il était important de réaliser des progrès dans les domaines de l’état de droit et du développement des secteurs de la sécurité et de la justice et de répondre aux besoins humanitaires urgents du pays. 


De même, il a mis l’accent sur le processus de planification exhaustif pour la présence des Nations Unies au-delà de 2016.  Il a émis l’espoir que le prochain rapport du Secrétaire général fournira des informations plus détaillées sur les cinq options proposées.


Mme RITA KAZRAGIENĖ (Lituanie) s’est félicitée des progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan de consolidation de la MINUSTAH.  Elle a souhaité que les autorités nationales soient en mesure d’assumer une plus grande responsabilité dans les domaines de la sécurité et de la sûreté.  Elle a insisté sur la nécessité d’examiner sans retard les cas de mauvaise conduite et de violations des droits de l’homme imputés aux officiers de police.  Elle a aussi demandé que davantage d’efforts soient entrepris pour améliorer les conditions de la détention préventive et résoudre les cas de détention illégale.  L’état de droit est « absolument » essentiel pour la bonne gouvernance et la stabilité, a-t-elle rappelé. 


La représentante a ensuite appelé à intégrer la perspective sexospécifique dans les efforts de paix et de sécurité déployés par les Nations Unies, en particulier la MINUSTAH dont le mandat sera réexaminé en fonction des avancées réalisées par le Gouvernement haïtien.  Elle a demandé au Secrétaire général de fournir plus de précisions, dans son prochain rapport, sur les différentes options pour la reconfiguration de la Mission après 2016.  La Lituanie souhaite une présence des Nations Unies qui passerait du maintien de la paix à l’appui à un processus politique dirigé par les Haïtiens eux-mêmes.


Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine), saluant l’annonce de la tenue d’élections locales en Haïti cette année, a souhaité que la MINUSTAH puisse apporter son appui à cette importante étape dans la stabilisation du pays.  Elle a salué la décision de la Cour d’appel de Port-au-Prince qui a récemment confirmé que les crimes commis au cours de la période de la présidence de Jean-Claude Duvalier feront l’objet d’enquêtes et, éventuellement, de procès.  Elle a également souhaité que compte tenu de l’ampleur des violences sexuelles et sexistes dans le pays, la communauté internationale puisse apporter son appui aux autorités nationales, notamment à la police, dans le cadre des enquêtes sur ces sujets. 


Ce problème de violence sexuelle n’est pas propre à Haïti, a-t-elle fait remarquer, en demandant à ce que les programmes de formation des forces de police tiennent compte de cette question cruciale.  Elle a par ailleurs salué les avancées réalisées dans la réinstallation des personnes déplacées après le tremblement de terre de janvier 2010.  Déplorant les ravages causés par le choléra dans le pays, la représentante s’est toutefois félicitée du soutien que les Nations Unies apportent pour faire face à cette épidémie.  Elle a estimé, dans le contexte de la reconfiguration du mandat de la MINUSTAH, que toute décision sur cette question devrait tenir compte de l’avis des autorités nationales.  Elle a rappelé que le mandat de la MINUSTAH devrait continuer à aider à la stabilisation du pays, avant de se retirer progressivement et non pas brutalement. 


Mme PHILIPPA JANE KING (Australie) s’est félicitée des progrès réalisés dans le secteur sécuritaire, en appuyant le renforcement de la Police nationale haïtienne.  Dans le domaine de l’état de droit, le Gouvernement haïtien doit redoubler d’efforts pour mettre en œuvre des stratégies efficaces afin de réduire la durée de la détention provisoire et renforcer les capacités d’enquête. 


Le peuple haïtien continue d’être confronté à de nombreux défis sur le plan humanitaire, a-t-elle observé, avant de saluer, à cet égard, l’aide apportée par le Programme alimentaire mondial (PAM).  Elle s’est déclarée préoccupée par les retards constatés dans l’organisation des élections sénatoriales partielles, municipales et locales, tout en se félicitant de la signature de l’Accord d’El Rancho.  La MINUSTAH doit poursuivre son appui au processus électoral, a-t-elle souligné.


Il est temps aujourd’hui que le Conseil de sécurité permette la transition de la MINUSTAH, a-t-elle estimé, en se disant favorable à la reconfiguration de la Mission.


Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a déclaré que les autorités nationales devraient prendre d’urgence les mesures nécessaires pour mettre fin à l’impasse qui paralyse le processus électoral en Haïti.  Elle a précisé que le consensus politique était important pour la réussite des élections à venir.  Elle a en outre salué le renforcement de la professionnalisation de la Police nationale haïtienne, en demandant à la communauté internationale de continuer de jouer un rôle majeur dans ce domaine.  Au sujet de la reconfiguration de la MINUSTAH, la représentante a salué les propositions présentées par le Secrétaire général dans son dernier rapport et elle a dit espérer que les dirigeants et le peuple haïtiens s’approprieront des questions qui concernent leur avenir.


M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a mis l’accent sur la nécessité d’aligner l’aide apportée par la communauté internationale sur les priorités établies par le Gouvernement d’Haïti et d’accroître la transparence et la responsabilité mutuelle.  Il s’est félicité de la baisse de la criminalité dans le pays en 2013, tout en estimant que des mesures devraient être adoptées pour protéger les femmes et les filles. 


Pour ce qui est de la situation humanitaire, il est encourageant de constater, a déclaré le représentant du Rwanda, que 90% de la population déplacée par le séisme de janvier 2010 avaient pu quitter les camps provisoires.  Il a émis l’espoir que toutes les personnes déplacées pourront être bientôt réinstallées.  Le Rwanda demeure par ailleurs préoccupé par la malnutrition sévère qui continue d’affecter de nombreux enfants de moins de 5 ans, a-t-il dit avant de conclure. 


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a rappelé que le Chili avait toujours fourni des troupes pour la stabilisation d’Haïti.  Il a ensuite souhaité que l’environnement politique dans le pays soit amélioré et que les institutions démocratiques soient renforcées.  Il a salué l’ouverture d’un dialogue politique national en vue de relancer le processus électoral du pays et il a néanmoins déploré que le secteur de la justice et les droits de l’homme aient besoin d’améliorations notables.  Le représentant a par ailleurs rappelé que pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la situation en Haïti était « une crise humanitaire oubliée ».  C’est pourquoi, il a lancé un appel pour renforcer l’aide financière internationale en faveur du pays.  Dans le cadre de la reconfiguration du mandat de la MINUSTAH, le représentant du Chili a souhaité que cet exercice puisse conduire à une plus grande appropriation nationale de la gestion des affaires du pays.   


M. USMAN SARKI (Nigéria) s’est en particulier félicité de ce que la situation sécuritaire en Haïti soit restée calme, en notant que le nombre de crimes et d’enlèvements avait diminué.  Il est encourageant de constater, a-t-il dit, que 90% de la population déplacée par le séisme de janvier 2010 avaient pu quitter les camps provisoires.  Le représentant a pris note des cinq options présentées par le Secrétaire général dans son dernier rapport pour une reconfiguration de la MINUSTAH après 2016.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a déclaré que l’intensification des manifestations au cours de la deuxième moitié de 2013 témoignait du mécontentement croissant de la population face aux problèmes économiques et sociaux et aux blocages institutionnels persistants.  Elle a jugé essentiel que les différentes échéances électorales retardées depuis plus de deux ans soient enfin tenues et s’est félicitée de la promulgation, le 10 décembre 2013, de la loi électorale.  Elle a précisé que la signature d’un accord dans le cadre du dialogue inter-haïtien le 14 mars marquait un pas important vers un dialogue national qui, a-t-elle dit, est indispensable au renforcement des institutions démocratiques. 


La représentante du Luxembourg s’est dite cependant préoccupée par la situation des 146 000 personnes déplacées qui vivent encore dans des camps depuis le tremblement de terre de janvier 2010.  Elle s’est particulièrement inquiétée du sort de près de 100 000 enfants de moins de 5 ans qui souffrent de malnutrition.  C’est pourquoi elle a exhorté la communauté internationale à se montrer à la hauteur de ces défis, en assurant que le Luxembourg continuera d’aider Haïti à surmonter ses difficultés économiques et sociales.


Des progrès ont été réalisés dans le domaine des droits de l’homme et de l’état de droit, s’est félicitée Mme Lucas, qui a salué la décision de la Cour d’Appel de Port-au-Prince validant les poursuites judiciaires engagées à l’encontre de l’ancien Président Jean-Claude Duvalier pour crimes contre l’humanité.  Elle a noté qu’avec 11 228 agents dont 950 femmes, Haïti était sur la bonne voie pour atteindre l’objectif fixé de 15 000 agents de police en activité d’ici à 2016.  Tout en notant l’importance de la présence des Nations Unies, notamment dans le contexte des élections présidentielles de 2015, Mme Lucas a déclaré qu’il convenait de préparer l’après-2016.  Elle a salué les cinq options présentées par le Secrétaire général pour la présence de l’ONU après 2016, avant de soutenir l’objectif d’une appropriation progressive des compétences de la MINUSTAH par l’État haïtien, en particulier par la Police nationale en ce qui concerne le maintien de l’ordre.


M. DENIS RÉGIS (Haïti) a remercié les États Membres qui avaient fait des contributions en ressources humaines, financières, techniques et matérielles depuis 2004 à la MINUSTAH, « accompagnant ainsi le peuple haïtien dans sa marche vers l’édification d’un état de droit et d’une société authentique démocratique ».  Prenant note des zones d’ombre et de certaines préoccupations dont fait état le rapport du Secrétaire général, il a souligné que l’appel lancé par le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, pour « la tenue d’élections en 2014, indispensable pour la continuité des institutions démocratiques du pays », avait été entendu et avait eu « une profonde résonance au niveau des acteurs politiques du pays en particulier et de la société haïtienne en général ».  Il a salué, dans ce contexte, la signature, intervenue le 14 mars dernier, de l’Accord dit d’« El Rancho », par les principaux acteurs de la vie politique haïtienne, sous l’égide du Président du pays, M. Michel Joseph Martelly, et du Président de la Conférence épiscopale, le cardinal Chibby Langlois.  Les obstacles d’ordre politique qui freinaient la tenue d’élections sont levés, s’est-il félicité, tout en précisant que cet Accord prévoit expressément la mise en place d’un « gouvernement d’ouverture, capable de créer les conditions nécessaires pour réaliser des élections libres, honnêtes et démocratiques ».  Il a ajouté que ce consensus devrait permettre de rattraper les retards et de tenir, en 2014, les élections en vue du renouvellement des deux tiers du Sénat, de l’ensemble de la Chambre des députés, ainsi que de la totalité des municipalités et autres collectivités locales.


M. Régis a, par ailleurs, exprimé sa haute appréciation pour le soutien que les Nations Unies et d’autres institutions internationales et régionales, comme la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ont apporté à Haïti, en relation avec la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine du 23 septembre dernier, concernant la nationalité de plus de 200 000 Dominicains d’origine haïtienne.  Abordant la question de la sécurité, le représentant a salué l’appui opérationnel des forces de la MINUSTAH à la Police nationale haïtienne, ce qui a permis d’atteindre les résultats positifs notés par le rapport du Secrétaire général, notamment la baisse générale de l’insécurité dans le pays.  Il s’est en outre félicité des mesures prises par le Gouvernement haïtien en rapport avec l’amélioration des droits de l’homme.  « Malgré les contraintes multiples, les déficiences sur le plan des infrastructures et ses handicaps structurels, l’économie haïtienne amorce son redressement, après des décennies de stagnation, enregistrant une croissance de 4,3% pour l’exercice 2012-2013 », a assuré M. Régis.  Il a aussi salué la contribution de la MINUSTAH qui apporte son assistance au Gouvernement haïtien dans plusieurs secteurs, y compris dans la lutte contre le choléra qui continue de faire des victimes dans le pays.  Depuis la création de la MINUSTAH, il y a 10 ans, « d’incontestables succès ont été remportés dans les axes prioritaires de la mission de stabilisation dont elle a été investie », a estimé M. Régis, tout en reconnaissant que de nombreuses tâches restaient à accomplir, notamment sur le plan sécuritaire avec la mise en place d’une police nationale capable de véritablement jouer son rôle.


Le représentant a par ailleurs souligné que le Gouvernement haïtien est prêt à participer à une évaluation de la MINUSTAH, « sur la base des éléments de réflexion préliminaires qu’il a eu l’occasion de soumettre au Conseil de sécurité, et à la lumière des cinq options de reconfiguration présentées par le Secrétaire général ».  Il a précisé que « toute reconfiguration de la Mission devra tenir compte des impératifs de l’heure et refléter les besoins particuliers d’Haïti », et que les institutions nationales haïtiennes devraient tenir pleinement leur place et exercer leurs responsabilités dans cette nouvelle configuration.  Il a promis, enfin, que le Gouvernement étudiera soigneusement les propositions avancées, par le Secrétaire général, et apportera tout son concours dans la perspective de la « consolidation des gains » enregistrés ces 10 dernières années, d’une vision renouvelée et élargie des objectifs et du champ d’action de la MINUSTAH, et du nouvel élan attendu à l’horizon 2016.


Mme COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a demandé que l’on poursuive les efforts visant à renforcer la capacité des cours, des procureurs et de la police à traiter des cas de viols.  Elle a indiqué que sa délégation appuyait fermement la politique de tolérance zéro adoptée par la MINUSTAH.  Elle a souligné qu’il était important, dans le contexte du renforcement des capacités de la police nationale, de mettre l’accent sur le recrutement des femmes et d’un personnel qualifié capable de contribuer au plus haut niveau au développement du pays.  La Jamaïque, a assuré la représentante, soutient les quatre critères de stabilisation identifiés dans le plan de consolidation.  Mme Rattray a dit attendre du Secrétaire général des informations supplémentaires sur la manière dont l’ONU pourra contribuer à la stabilisation et au développement d’Haïti.  Les cinq options présentées dans son dernier rapport présentent à la fois les défis et progrès réalisés mais il demeure important d’en fournir une évaluation précise afin de permettre au Conseil de prendre une décision appropriée.


M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a appelé tous les acteurs politiques du pays à intensifier, dans un esprit de consensus, le dialogue lancé pour maintenir le climat politique du pays.  En matière de sécurité, il faudrait, a-t-il souligné, appuyer et approfondir les mesures visant à promouvoir les réformes dans les secteurs judiciaire et pénitentiaire.


L’Espagne, a ajouté le représentant, appuie le processus de réflexion sur la reconfiguration de la MINUSTAH.  Sur le plan humanitaire, l’Espagne se félicite des progrès qui ont permis de réduire le nombre de personnes déplacées et appuie les Nations Unies dans le cadre du plan d’élimination du choléra en coopération avec le Gouvernement haïtien.


Mme ANA CRISTINA RODRÍGUEZ PINEDA (Guatemala) a indiqué que le climat politique en Haïti restait préoccupant et que cette situation ne pourrait s’améliorer qu’avec la tenue d’élections.  Elle s’est ensuite dite préoccupée par les faibles progrès réalisés dans les domaines judiciaire et pénitentiaire, ce qui sape, a-t-elle dit, les avancées enregistrées par la Police nationale haïtienne et, ainsi, le renforcement de l’état de droit.  La représentante a également déploré le fait que les questions économiques et sociales soient reléguées au second plan, en soulignant la nécessité de prendre des mesures concrètes pour s’attaquer aux causes fondamentales de la pauvreté.  Concernant l’avenir de la MINUSTAH après 2016, elle a indiqué que sa délégation souhaitait un désengagement progressif et adéquat, afin qu’après le retrait de la MINUSTAH, l’on ne déploie pas de nouveau une telle mission.  


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a partagé l’analyse faite par le Secrétaire général dans son dernier rapport concernant l’amélioration du climat politique en Haïti.  L’Union européenne a félicité le Président Martelly, lors de sa récente visite à Bruxelles, pour les avancées réalisées dans le dialogue inter-haïtien, a-t-il rappelé.  M. Mayr-Harting a estimé que la consolidation de la démocratie et de ses institutions restait un pilier important de la coopération de l’Union européenne avec Haïti.  Dans cette perspective, l’Union européenne et le Gouvernement d’Haïti ont décidé de lancer, en décembre 2013, un dialogue politique conformément à l’article 8 de l’Accord de Cotonou.  Il a précisé que ce cadre permettra d’accompagner les réformes politiques et économiques indispensables pour un développement socioéconomique durable.  Il a ajouté que le dialogue politique était complété par un programme d’appui au Parlement haïtien visant à améliorer le dialogue entre les partis politiques et une gestion plus efficace de l’agenda législatif.  « Nous avons en outre demandé au Club de Madrid d’effectuer une nouvelle mission de conseil politique à haut Nivea », a indiqué M. Mayr-Harting, en précisant que cette mission avait déjà démarré.


Tout en se félicitant de la diminution sensible du nombre de personnes déplacées vivant dans des camps, le représentant de l’Union européenne s’est néanmoins inquiété des conditions de vie très précaires de ces familles.  Par ailleurs, il a assuré que l’Union européenne poursuivra en 2014 son effort humanitaire en Haïti avec un programme d’un montant de 18 millions d’euros, qui vise notamment l’éradication de l’épidémie de choléra. 


Notant que 100 000 enfants de moins de 5 ans seraient touchés par la malnutrition, il a exhorté le Gouvernement haïtien à placer la lutte contre la pauvreté et la malnutrition au centre de l’action gouvernementale.  S’agissant des propositions du Secrétaire général pour la future reconfiguration de la MINUSTAH, le représentant de l’Union européenne a appuyé l’objectif d’une réappropriation graduelle et conditionnelle des compétences de la Mission par le Gouvernement haïtien. 


M. Mayr-Harting a réitéré qu’il demeurait préoccupé par les progrès limités dans la réforme des secteurs judiciaire et pénitentiaire, en soulignant qu’il était indispensable que les autorités haïtiennes envisagent une réforme du secteur de la sécurité dans son ensemble, y compris la police, le contrôle des frontières, et les institutions judiciaires et pénitentiaires.  Il a précisé que l’Union européenne travaillait avec le PNUD pour soutenir le développement des capacités du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire.


Le dialogue national de haut niveau initié entre Haïti et la République dominicaine représente, a-t-il estimé, une excellente opportunité pour trouver des solutions à des questions transfrontalières.  L’Union européenne continuera d’appuyer ce processus en tant qu’observateur du dialogue, a-t-il dit.  


Mme MARÍA EMMA MEJÍA (Colombie) a estimé qu’Haïti était toujours confrontée à de nombreux défis.  Rappelant que son pays participait à la MINUSTAH, elle a mis l’accent sur la nécessité d’appuyer la Police nationale haïtienne afin de mieux lutter contre le problème mondial de la drogue, la criminalité transnationale organisée, les extorsions de fonds et les enlèvements. 


La sécurité, la stabilité, la réalisation de meilleures conditions de vie pour le peuple haïtien, le renforcement des capacités de la démocratie institutionnelle doivent demeurer les priorités de l’engagement de la communauté internationale en Haïti, a-t-elle poursuivi.  La Colombie, a-t-elle souligné, est favorable à une réduction progressive et responsable de la MINUSTAH, qui tienne compte des points soulevés dans le dernier rapport du Secrétaire général.


Mme CRISTINA CARRION (Uruguay), au nom du Groupe des Amis d’Haïti, a encouragé tous les acteurs politiques haïtiens à poursuivre le dialogue et à renforcer la coopération pour la consolidation démocratique dans le pays.  Elle a réitéré qu’il était essentiel d’organiser cette année des élections législatives, municipales et locales.  À cet égard, la signature de l’Accord « El Rancho » marque une étape importante dans le processus dirigé par les Haïtiens eux-mêmes, et représente la volonté des acteurs politiques haïtiens à faire progresser le processus électoral, a estimé la représentante. 


En outre, le Groupe des Amis d’Haïti a noté que depuis le dernier rapport du Secrétaire général, la situation sécuritaire dans le pays, tout en étant restée relativement stable, avait été marquée par de nombreuses manifestations.  Le Groupe des Amis d’Haïti reconnaît les progrès accomplis dans l’exécution du plan de consolidation 2013-2016 de la MINUSTAH, avec l’objectif de permettre aux autorités haïtiennes d’assumer la pleine responsabilité de la sécurité de leur pays dès que les conditions le permettent.


Le Groupe des Amis d’Haïti a aussi noté les cinq options présentées dans le rapport du Secrétaire général comme bases pour les futures discussions sur la meilleure façon de poursuivre l’action politique et d’assurer le maintien de la paix en Haïti.  Le Groupe se félicite également de l’intention du Secrétaire général de procéder à une évaluation stratégique globale en vue de faire une recommandation au Conseil de sécurité et souligne l’importance d’une étroite coopération avec le Gouvernement d’Haïti à cet égard, a indiqué la représentante. 


Au plan sécuritaire et de l’état de droit, la représentante de l’Uruguay a souligné le rôle de la Police nationale haïtienne pour la stabilité et la sécurité dans le pays.  À cet égard, le Groupe des Amis d’Haïti tient à souligner l’importance de la professionnalisation et la réforme de la police afin qu’elle  soit en mesure d’assumer l’entière responsabilité de la sécurité du pays.  Le Groupe souligne aussi la nécessité de renforcer la capacité de la police en dehors de Port-au-Prince et de veiller à ce qu’elle respecte les normes les plus élevées en matière de droits de l’homme. 


La représentante a ajouté que le Groupe des Amis d’Haïti réitérait son engagement en faveur de la politique de la tolérance zéro contre les abus sexuels et demandait que tout le personnel des Nations Unies adhère à des normes de conduite élevées.  Le Groupe exhorte tous les acteurs impliqués à prendre leurs responsabilités pour prévenir de tels cas et mener des enquêtes sur les allégations d’abus sexuels et à en tenir responsables les auteurs,  a-t-elle indiqué.  La représentante s’est dite préoccupée par les conditions de vie dans les camps abritant les personnes déplacées, en particulier les femmes et les enfants.  Elle a ainsi appelé tous les acteurs à prévenir et à réduire la criminalité, en particulier les violences contre les femmes et les enfants, y compris le viol.  S’agissant de la lutte contre le choléra, la représentante s’est félicitée du plan de deux ans de l’ONU axé sur les actions à court terme, en appui au plan national de 10 ans pour l’élimination du choléra en Haïti et a pris note de la nomination du Coordonnateur principal pour lutte contre le choléra en Haïti.


M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a salué les progrès dans le relogement des sinistrés du tremblement de terre de janvier 2010 à Haïti, même si, a-t-il déploré, les expulsions forcées sont un sujet d’inquiétude.  Il a salué les progrès économiques réalisés par le pays et s’est félicité de la signature de l’Accord d’El Rancho qui « présente une opportunité cruciale de rompre avec la pratique du passé qui allait à l’encontre du progrès social et qui avait ralenti les progrès du pays ». 


Le représentant a souhaité qu’avec la contribution des médiateurs du dialogue inter-haïtien, la démocratie haïtienne puisse se normaliser et que des élections soient organisées en 2014.  Le représentant a par ailleurs salué les succès dans la mise en place de la Police nationale haïtienne.  Il a cependant ajouté que cela ne devrait pas faire oublier que le renforcement du système judiciaire et du secteur de la sécurité reste en chantier.  Dans ce contexte, il a salué la mise en place de projets communautaires visant à réduire la violence, avec le soutien de la composante renforcement de l’état de droit de la MINUSTAH. 


Dans le cadre de la reconfiguration du mandat de la MINUSTAH, M. Patriota a prôné une considération judicieuse des indicateurs sociopolitiques du pays avant toute décision, au lieu de s’en tenir uniquement aux restrictions budgétaires que connaît l’ONU.  Il a ainsi invité le Conseil de sécurité à ne pas mettre en péril la sécurité et la stabilité qui ont été chèrement acquises en Haïti.  Le Brésil, a-t-il dit, salue la proposition du Secrétaire général de mener une évaluation stratégique complète avant de prendre une décision au sujet de la reconfiguration envisagée.  Son pays opte pour le maintien d’une présence militaire adéquate de la MINUSTAH, a-t-il indiqué, en plaidant pour que la reconfiguration de la Mission prenne en compte le rôle des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.  C’est aux Haïtiens d’assurer la transition, a-t-il prévenu, en ajoutant que cette transition s’éloignerait de la situation d’instabilité du passé, mais resterait proche du rêve originel des Haïtiens.  « Un rêve qui a inspiré toute une région à réclamer l’indépendance comme étant la voie pour assurer une vie de dignité pour tous », a-t-il précisé.


M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a estimé que les progrès réalisés en Haïti n’auraient pas été possibles sans la présence et le soutien de la MINUSTAH et d’autres organisations internationales.  Il est clair que la stratégie visant à s’attaquer parallèlement aux défis de la sécurité, du développement et des droits de l’homme, comme cela a été fait depuis 2004, a joué un rôle dans le processus de rétablissement de la stabilité et de reconstruction d’Haïti.


Le Mexique affirme qu’une transition pacifique du pouvoir à la suite d’élections libres, associées au renforcement institutionnel du Gouvernement haïtien, est importante pour la consolidation de la démocratie dans le pays.


Par ailleurs, le délégué mexicain a souligné que son pays espérait que la mise en œuvre du plan d’action humanitaire pour Haïti en 2014 et le plan national pour l’éradication du choléra, avec l’appui du système des Nations Unies et d’autres partenaires internationaux, aideront à répondre aux besoins critiques liés à l’épidémie et à réduire les taux infection. 


Il est essentiel, a-t-il souligné, de maintenir une approche progressive et planifiée de la reconfiguration de la MINUSTAH au-delà de 2016, conformément à la résolution 2119 (2013).  Un retrait brutal de la Mission pourrait entraîner une résurgence de la crise et de l’instabilité politique avec des conséquences énormes, a-t-il prévenu.


M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada) a d’abord rappelé les contributions de son pays au développement d’Haïti dont l’octroi de 1,4 milliard de dollars en aide humanitaire et au développement depuis 2006.  Il a aussi parlé de l’aide à la réinstallation de 53 000 personnes déplacées à la suite du séisme de 2010, au cours de la prochaine année.  Le Canada se réjouit qu’Haïti ait inscrit en tête de ses priorités le développement économique et, notamment, le commerce et l’investissement, a indiqué le représentant.  La transparence, la responsabilisation, la compétitivité économique et la diversification sont essentielles pour le développement d’Haïti et pour générer des recettes fiscales pour l’État, a estimé M. Rishchynski.  Pour que ce pays puisse réussir sur la voie du développement, il faudrait mettre en place des institutions responsables et la stabilité politique.  Il s’est ainsidit  encouragé par l’annonce récente selon laquelle les élections sénatoriales, municipales et locales auront lieu l’automne prochain. 


« Ces paroles doivent maintenant se concrétiser par des actions et se traduire par des électeurs exerçant leur droit de vote », a fait remarquer le représentant.  Il est également important de continuer à améliorer la protection des droits de la personne en Haïti, a-t-il souligné.  À cet égard, le Canada félicite l’Office de la protection du citoyen d’Haïti d’avoir obtenu le statut d’institution nationale des droits de l’homme, en décembre de l’année dernière, a indiqué le représentant, tout en estimant qu’il restait encore beaucoup à faire.  Des lacunes généralisées dans les institutions du secteur de la justice continuent de susciter des préoccupations, a-t-il précisé.  Jusqu’à 70% de la population carcérale, selon certaines sources, demeurent en détention préventive prolongée, dans d’horribles conditions, a déclaré M. Rishchynski.  Avant de terminer, il a noté la planification prospective effectuée par la MINUSTAH, en vue d’une présence des Nations Unies en Haïti après 2016.


M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a rappelé que le Chili participait à la MINUSTAH depuis 2004.  Il a invité les forces politiques haïtiennes à respecter l’Accord d’El Rancho, afin d’organiser la tenue d’élections cette année.  À cet égard, il a invité le système des Nations Unies à continuer d’apporter son appui au renforcement de la démocratie et de la sécurité en Haïti.  Il a également salué l’assistance que la MINUSTAH apporte au renforcement de la Police nationale haïtienne. 


Au sujet de la reconfiguration du mandat de la MINUSTAH, le représentant a estimé que des décisions sur une réduction du personnel de la Mission ne devraient être prises qu’après une évaluation complète de la situation sur le terrain.  Il a prévenu que les succès de la MINUSTAH ne devraient pas faire croire que tout va pour le mieux à Haïti.  Des situations similaires, qui ont guidé au retrait des forces onusiennes dans certains pays, avaient parfois conduit à une résurgence de la violence et de l’instabilité, a-t-il averti.


M. JUN YAMAZAKI (Japon) s’est félicité de l’adoption d’une loi électorale et du lancement du processus de dialogue entre Haïtiens.  En dépit des défis qui subsistent, des progrès significatifs ont été réalisés dans le cadre du processus de stabilisation et de redressement d’Haïti, a-t-il constaté.  M. Yamazaki a ensuite indiqué que 2 200 membres des Forces japonaises d’autodéfense avaient été déployés dans le pays en décembre 2012 pour participer aux activités de déblayage et de reconstruction.  Son gouvernement, a-t-il rappelé, a déboursé plus de 150 millions de dollars depuis 2010 pour contribuer au financement de la reconstruction d’Haïti.  Le représentant a également annoncé que le 7 mars, le Japon s’était engagé à financer à hauteur de 6,8 millions de dollars la reconstruction d’infrastructures pour l’approvisionnement en eau à Léogâne.  Sept millions de dollars seront par ailleurs alloués à la remise en état d’un hôpital à Jacmel.


M. Yamazaki a aussi fait savoir que le 11 mars, le Japon avait conclu un accord avec l’UNICEF pour contribuer à hauteur de 2,5 millions de dollars au financement d’un projet de lutte contre le choléra.  Trois millions de dollars permettront en outre de venir en aide aux agriculteurs défavorisés.  Le représentant a ensuite émis l’espoir que les efforts de redressement permettront, dans un avenir proche, de déboucher sur le retrait progressif des opérations de la MINUSTAH et le transfert de ses fonctions au Gouvernement d’Haïti.  Il a par ailleurs rappelé que l’année 2014 avait été désignée par son gouvernement Année de l’amitié entre le Japon et la CARICOM afin de renforcer la coopération dans divers domaines prioritaires.


La Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a repris la parole pour remercier le Conseil de sécurité d’avoir tenu ce débat, ainsi que les pays contributeurs de troupes de la Mission et autres partenaires qui se sont exprimés et ont formulé des recommandations.


La MINUSTAH, a-t-elle dit, continue de se concentrer sur les domaines d’intervention clefs du renforcement de la police, des capacités pour le processus électoral et de l’état de droit.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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