ENV/DEV/1354

Le FNUF reconnaît la contribution des forêts à l’économie et décide d’étudier l’idée d’un fonds mondial pour leur gestion durable

20/04/2013
Conseil économique et socialENV/DEV/1354
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Forum des Nations Unies sur les forêts                     

Dixième session                                            

14e séance –soir et matin


LE FNUF RECONNAÎT LA CONTRIBUTION DES FORÊTS À L’ÉCONOMIE ET DÉCIDE

D’ÉTUDIER L’IDÉE D’UN FONDS MONDIAL POUR LEUR GESTION DURABLE


ISTANBUL, 19 et 20 avril -- Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a invité, aujourd’hui, les États à reconnaître la contribution des biens et services des forêts aux économies nationales et locales, illustrant ainsi le thème principal de cette dixième session qui était « Les forêts et le développement économique ».  


Après « des négociations parfois enflammées, complexes mais globalement gratifiantes », selon les mots du représentant de l’Union européenne, le FNUF a achevé, tard dans la nuit, ses travaux par l’adoption sans vote de résolutions1 dans lesquelles il décide aussi d’examiner en 2015 la possibilité de créer un fonds mondial de contributions volontaires pour financer la gestion durable des forêts.


Le Forum, qui a ouvert ses travaux le 8 avril dernier en présence du Premier Ministre turc, M. Recep Tayyip Erdoğan, a accepté l’invitation de la Turquie de quitter exceptionnellement le Siège de l’ONU à New York pour célébrer sa dixième session à Istanbul.  Parmi les 3 000 participants représentant 197 États, le Forum a accueilli deux premiers ministres, un vice-président et plus de 50 ministres des forêts, de l’agriculture et des finances.


Le succès de cette dixième session, a commenté le Président du FNUF, M. Mario Ruales Carranza, de l’Équateur, souligne le caractère unique de la valeur ajoutée du Forum, organe d’élaboration des politiques sur tous les types de forêts.  Les résolutions adoptées aujourd’hui sont une nouvelle étape importante sur la voie d’un avenir meilleur.


Dans ses résolutions, le FNUF invite non seulement les États à reconnaître la contribution des biens et services des forêts aux économies nationales et locales mais également à intégrer la valeur des forêts dans leurs systèmes nationaux de comptabilité et dans leurs politiques de développement.  Pour ce faire, ils sont invités à améliorer la collecte, l’analyse et la diffusion des informations et des données et à développer des méthodologies pour évaluer le large éventail des bienfaits découlant des forêts.


Si la contribution monétaire des forêts est évaluée à 500 milliards de dollars par an, les données manquent sur la contribution non monétaire.  Or, dans les pays et régions où ces données sont fiables, la contribution non monétaire des forêts à l’économie nationale est de 3 à 5 fois supérieure à la contribution monétaire officiellement comptabilisée2.


Le rôle vital des forêts et des arbres est ainsi reconnu, dans les textes adoptés aujourd’hui, pour ce qui est, en particulier, de la réponse à apporter aux défis complexes et interconnectés du développement socioéconomique, de l’élimination de la pauvreté, de la viabilité environnementale, de la sécurité alimentaire, de l’énergie, de l’eau, de la lutte contre les changements climatiques et la désertification, de la préservation de la biodiversité et de la réduction des risques de catastrophes.


Les États Membres sont donc invités à créer ou à renforcer les cadres et les politiques juridiques, institutionnels et de gouvernance, nécessaires à la pleine exploitation de la contribution des forêts au développement économique. 


Outre les dispositions sur les contributions régionales et sous-régionales, et sur le renforcement de la coopération, le Forum réserve un important chapitre à l’évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’« Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts », adopté en 2007, et dans la réalisation des quatre objectifs d’ensemble visant à stopper la réduction de la couverture forestière, à renforcer les avantages économiques, sociaux et environnementaux des forêts, à accroître la superficie des forêts protégées et, enfin, à inverser la tendance à la baisse de l’aide publique au développement en faveur des forêts. 


Le Forum décide d’ailleurs que l’efficacité de cet arrangement international sur les forêts sera évaluée en 2015 et que, sur cette base, un large éventail d’options doit être examiné, y compris la création d’un instrument contraignant sur tous les types de forêts, le maintien de l’arrangement actuel ou son maintien combiné à d’autres options. 


La décision finale dépendra des conclusions de trois groupes d’acteurs, à savoir les parties prenantes, dont les États et les neuf grands groupes3, les consultants indépendants et le groupe d’experts à composition non limitée.  Ils devront aussi donner leur avis sur l’efficacité et l’avenir du FNUF, de son secrétariat et du Partenariat de collaboration sur les forêts.  Les résolutions, adoptées aujourd’hui, contiennent d’ailleurs des dispositions sur le Fonds d’affectation spéciale du Forum qui doit financer le travail de ces acteurs.


Toujours pour 2015, le Forum encourage une pleine intégration de la problématique de la gestion durable des forêts dans les discussions sur le suivi de la Conférence Rio+20 qui a demandé un agenda en 2015, et sur l’agenda du développement post-2015, date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Comme partie intégrante de l’évaluation de l’arrangement international sur les forêts, le Forum décide d’examiner un large éventail d’options et de stratégies de financement de la gestion durable des forêts, y compris la création d’un fonds mondial de contributions volontaires. 


En attendant, il invite les États à reconnaître que l’architecture de ce financement a considérablement évolué et qu’un certain nombre de nouveaux mécanismes ont émergé.  Les États, prie instamment le Forum, doivent s’assigner comme priorité une meilleure coordination de ces différents instruments et mécanismes pour répondre à des besoins mondiaux estimés entre 70 et 160 milliards de dollars par an.


Il n’y a pas, insiste le Forum, de réponse unique à ces besoins.  Des actions conjuguées doivent être attendues de toutes les parties prenantes et de toutes les sources, publiques et privées, nationales et internationales, bilatérales et multilatérales.  Le Forum invite d’ailleurs le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) à créer « un nouveau point focal sur les forêts », à sa prochaine reconstitution et à’essayer d’améliorer les modalités actuelles de financement, en tenant compte des résultats de l’évaluation du programme d’investissement « Gestion durable des forêts/REDD+4 ».


Le représentant des États-Unis et facilitateur des négociations sur les questions de financement s’est félicité de cette issue heureuse qui devrait, a-t-il dit, mener en 2015 à une réflexion sérieuse sur la manière de financer efficacement la gestion durable des forêts. 


« Nous devons, a déclaré son homologue de Fidji, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, rester concentrés sur la création d’un fonds mondial et sur la manière d’amener le FEM à financer la gestion durable des forêts. » 


Ces forêts représentent 31% de la surface émergée du globe, soit environ 4 milliards d’hectares.  Mis à part le fait que 3 milliards de personnes dans le monde en dépendent pour le bois de chauffage, la couverture forestière est menacée par les besoins en agriculture, en infrastructures de transport, en ressources naturelles et en médicaments.


Après une semaine de travail marquée par un débat ministériel, une série de tables rondes de haut niveau et la présentation inédite d’un document unique des neuf grands groupes, le Forum a consacré sa deuxième semaine aux négociations, au sein de deux groupes de travail, sur les textes adoptés aujourd’hui. 


« Ces négociations ont été parfois enflammées, complexes mais globalement gratifiantes », a estimé le représentant de l’Irlande, au nom de l’Union européenne.  « Nous devrions, a-t-il ajouté, améliorer l’interaction avec les grands groupes.  Une demi-journée de dialogue ne suffit pas à tirer pleinement parti de leur participation.  Notre objectif devrait être de mieux honorer, au niveau international, notre engagement collectif en faveur du principe 10 de Rio », a-t-il insisté. 


Le Forum, qui se réunit, tous les deux ans, tiendra sa onzième session en 2015 à une date et en un lieu qui seraient déterminés par le Conseil économique et social (ECOSOC).  Les travaux seront dirigés par MM. Srecko Juricić, de la Croatie; Heikki Granholm, de la Finlande; et Macharia Kamau, du Kenya.  Les candidats des groupes d’Amérique latine et des Caraïbes et des États d’Asie n’ont pas encore été désignés.


Avant d’adopter l’ordre du jour provisoire de cette onzième session5, le Forum et la Directrice de son secrétariat, Mme Jan McAlpine, ont exprimé leur profonde gratitude au Gouvernement et au peuple de Turquie, en particulier au Ministre turc des forêts et de l’eau, pour avoir accueilli cette dixième session à Istanbul, du 8 au 19 avril, et apporté un appui précieux.


« Nous avons envoyé un message fort à ceux qui négocient l’agenda pour le développement durable demandé par la Conférence Rio+20 et les Objectifs du Millénaire pour le développement post-2015 », a conclu le Sous-Secrétaire adjoint des forêts et de l’eau de la Turquie, M. Mahir Kusuk, après que la Directrice du secrétariat du Forum se fut félicitée de cette « feuille de route ».


1.    La version finale des résolutions sera publiée à une date ultérieure.


2.    E/CN.18/2013/4


3.    Identifiés à la Conférence de Rio de 1992, les neuf grands groupes sont les entreprises et l’industrie; les enfants et les jeunes; les agriculteurs; les peuples autochtones; les autorités locales; les ONG; la communauté scientifique et technique; les femmes; et les travailleurs et les syndicats.


4.    Programme des Nations Unies, créé en 2008, sur la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts et sur le rôle de la préservation, de la gestion durable des forêts et de l’augmentation des stocks de carbone renfermés par les forêts dans les pays en développement.


5.    E/CN.18/2013/L.1


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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