ENV/DEV/1347

Forêts: le FNUF clôt son débat ministériel par des déclarations appelant à une juste évaluation des contributions non monétaires « inestimables » des forêts

09/04/2013
Conseil économique et socialENV/DEV/1347
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Forum des Nations Unies sur les forêts                     

Dixième session                                            

4e, 5e et 6e séances – matin et après-midi                  


FORÊTS: LE FNUF CLÔT SON DÉBAT MINISTÉRIEL PAR DES DÉCLARATIONS APPELANT À UNE JUSTE ÉVALUATION

 DES CONTRIBUTIONS NON MONÉTAIRES « INESTIMABLES » DES FORÊTS


ISTANBUL, 9 avril -- Au deuxième jour de sa dixième session qu’il tient à Istanbul jusqu’au 19 avril, le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a conclu aujourd’hui son débat ministériel par des déclarations appelant à une juste évaluation des contributions non monétaires « inestimables » des forêts.  Le FNUF a en effet placé cette session sous le signe des forêts et du développement économique. 


Si la contribution du secteur des produits ligneux, à savoir le bois rond, le traitement du bois ou encore les pâtes et le papier, a atteint 468 milliards de dollars en 2012, la valeur du secteur des produits non ligneux reste invisible.  De nombreuses délégations ont donc appelé aujourd’hui à une juste évaluation de biens et services importants que sont les bienfaits d’ordre culturel, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation aux changements climatiques ou encore la préservation de la biomasse et des ressources en eau.


Le représentant du Japon a d’ailleurs rappelé le Séminaire sur le rôle des forêts dans les catastrophes naturelles que son pays a organisé.  Sans une évaluation de toutes les contributions non monétaires des forêts, le secteur forestier reste peu compétitif par rapport aux autres secteurs de l’économie, a prévenu le Directeur exécutif de l’Organisation internationale des bois tropicaux, lors d’un dialogue interactif de haut niveau avec les chefs des organisations membres du Partenariat de collaboration sur les forêts.  Il y a un vrai potentiel pour les secteurs du tourisme, des transports et de l’énergie, a renchéri le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  


Il faut donc des modèles d’évaluation inclusifs, a estimé le représentant de l’Irlande, alors que son homologue de la Suède a appelé les communautés forestières à adopter une approche multisectorielle qui, couplée à l’approche paysagère, permettrait de rassembler les communautés, le secteur privé et les gouvernements locaux autour des mêmes objectifs. 


L’approche paysagère doit effectivement sous-tendre toutes les politiques sur la contribution des forêts au développement économique, a acquiescé le représentant du Canada, au nom du Réseau international des forêts modèles (RIFM), qui lancé en 1992 pour défendre les investissements dans les partenariats, applique cette approche. 


Dans cette approche, le paysage est analysé comme un élément actif du système territorial, contribuant à ses propres mutations: d’une part parce que les enseignements de l’écologie du paysage montrent combien les formes, les structures et les arrangements spatiaux du paysage sont susceptibles de conditionner les fonctionnements des écosystèmes; et d’autre part, parce que les significations et les valeurs que lui attribue chacun des groupes d’acteurs conditionnent pour partie leurs décisions en matière d’aménagement, de gestion ou de protection de l’environnement.*


Parallèlement à ce débat interactif et au débat ministériel, le FNUF a tenu aujourd’hui deux tables rondes de haut niveau sur les thèmes « les forêts et le développement économique », et « le programme de développement post-2015 et l’arrangement international sur les forêts ».  Si la première a été l’occasion de recenser les nombreuses contributions monétaires des forêts qui  couvrent près de 31% de la surface émergée du globe, soit environ 4 milliards d’hectares, la seconde table ronde a constitué la première discussion officielle sur les interactions potentielles avec le suivi du Document final de la Conférence Rio+20 sur le développement durable et l’Agenda du développement post-2015, en négociations.  


Dans ses remarques de clôture, M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de l’ONU, a estimé que ces deux jours de débats démontraient l’engagement significatif des États à assurer une gestion durable des forêts et s’est dit confiant quant à une issue heureuse de cette dixième session qui doit s’attaquer à la question épineuse du financement.


« Nous sommes prêts à créer un monde vert et meilleur », a affirmé M. Veysel Eroğlu, Ministre des forêts et des eaux de la Turquie.  Le FNUF poursuivra ses travaux demain, mercredi 10 avril en se penchant sur les contributions régionales et sous-régionales à la gestion durable des forêts et le renforcement de la coopération.


*     L’approche paysagère: un outil polyvalent au service de l’approche opérationnelle et interdisciplinaire des problématiques environnementales, Nîmes : France (2008)



Table ronde 1: « Les forêts et le développement économique »


Les discussions, présidées par le Ministre des forêts et des eaux de la Turquie et le Ministre des terres et des ressources naturelles du Ghana, ont été ouvertes par l’ancienne Conseillère principale à la Banque mondiale et chercheuse, Mme Uma Lele, qui a parlé d’un enjeu important.  En effet dans son rapport (E/CN.18/2013/4), le Secrétaire général nous rappelle que depuis les années 80, la contribution au produit intérieur brut (PIB) du secteur forestier a augmenté pour atteindre près de 468 milliards de dollars, mais la part de ce secteur dans le PIB mondial a reculé, passant de plus de 1,6% à moins de 1%.  Il est vrai que les chiffres portant sur les marchés infranationaux n’ont fait l’objet d’aucune analyse rigoureuse.


Il est tout aussi vrai que les avantages matériels ou monétaires des forêts sont généralement mieux reconnus que leurs contributions non monétaires, qui comprennent les produits forestiers non ligneux, les services fournis par les écosystèmes, le tourisme et les bienfaits d’ordre culturel.  D’après les études réalisées dans les pays et régions où il existe des données fiables à ce sujet, la contribution non monétaire des forêts à l’économie des ménages et l’économie nationale est de trois à cinq fois supérieure aux contributions monétaires officiellement comptabilisées. 


Les forêts sont une source d’emplois importante dans le secteur formel qui emploie 13 millions de personnes et le secteur informel qui en emploie 45 millions.  En tout, 1 à 1,5 milliard de personnes tirent parti des forêts, que ce soit par leurs emplois, les produits forestiers ou les contributions directes et indirectes des forêts à leurs subsistance et revenus.


La Turquie, la Chine et le Brésil ont été cités par Mme Muma Lele, comme de bons exemples dans la gestion durable de tout le potentiel des forêts pour le développement économique.  Le Ministre des forêts et des eaux de la Turquie a en effet reconnu que son pays est un des rares à avoir réussi non seulement à augmenter son couvert forestier mais également à augmenter la diversité des arbres.  Parmi les mesures que son pays a prises pour servir les objectifs de reboisement, le Ministre a cité les centres d’appui dans plusieurs localités du pays et les mécanismes de financement.


Les bonnes politiques ont soutenu la transformation structurelle de l’économie, a dit l’ancienne Conseillère principale à la Banque mondiale, Mme Muma Lele.  Pour aller plus loin, elle a préconisé d’investir « énormément » dans la recherche agricole, pour trouver les moyens de parvenir à une culture intensive sur des surfaces moindres et d’exercer ainsi moins de pression sur les forêts. 


Il faut évaluer les besoins, mettre en place les bonnes politiques, créer un instrument de financement adéquat tout en assurant la transparence des investissements dans les pays en développement.  Dans cette optique, Mme Muma Lele a appelé à une vraie réflexion sur les biocarburants.  La segmentation de la pensée actuelle doit cesser. 


Nous devons en effet cesser d’examiner le secteur forestier en vase clos, a renchéri l’Ouganda.  Comme on ne lie jamais les forêts aux autres secteurs de l’économie, leur valeur véritable n’est jamais appréciée, a-t-il déploré, appuyé par la Jamaïque.


Dans ce contexte, le potentiel économique de l’écotourisme a été mis en exergue par la Malaisie, alors que celui des produits non ligneux a été souligné par l’Argentine, la Finlande, et l’Inde.  Mais pour cela, il faudra apporter une aide autrement plus efficace aux entreprises du secteur, a prévenu le Lesotho, et par exemple, en mettant en œuvre des politiques contre les fluctuations cycliques des marchés, a préconisé le Canada


La nécessité de partager les pratiques exemplaires a été soulignée par Israël et la Lettonie, alors la Grenade a soulevé la question du financement.  Face aux nombreuses catastrophes naturelles auxquelles ils doivent faire face, les petits États insulaires en développement sont confrontés à de vrais problèmes de financement, a-t-elle rappelé.


Au nom de l’Union européenne, l’Irlande a réclamé une résolution sur les partenariats nécessaires, un texte, a voulu le Bélarus, qui permet de comprendre ce qu’implique la conservation des forêts.  L’Iran a demandé l’appui du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), à l’organisation à Téhéran, au mois de décembre prochain, d’une réunion ministérielle des pays à faible couvert forestier.  Le Soudan s’est senti concerné, d’autant plus que les forêts sont un vrai moyen de sortir de la pauvreté.


Dans son rapport, le Secrétaire général affirme que les forêts fournissent des moyens indirects, mais fiables, de sortir de la pauvreté.  Mais il faut faire attention car le passage de la dépendance à l’égard des forêts à l’agriculture mène certes à une réduction de la pauvreté et s’accompagne également d’une exploitation non viable des forêts.


Il n’en reste pas moins que le rôle essentiel que jouent les forêts en satisfaisant les besoins fondamentaux –énergie, nourriture, médicaments- donne aux ménages ruraux une certaine stabilité, qui leur permet de chercher à obtenir des revenus en travaillant dans l’agriculture, en trouvant un emploi ou en investissant dans du bétail ou la plantation d’arbres.


En Ouganda, par exemple, les revenus monétaires forestiers, provenant principalement de la vente de bois de chauffage et de charbon, de matériaux de construction et de produits forestiers  permettent aux collectivités d’investir dans du bétail et de s’acquitter de frais de scolarité.


Table ronde 2: « Document final de la Conférence Rio+20, programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015 et arrangement international sur les forêts »


Cette table rondeprésidée par l’Ambassadeur pour l’environnement de la France et le Sous-Secrétaire d’État à l’environnement, à l’énergie, aux sciences et aux technologies du Brésil, s’est tenue dans un contexte particulier puisqu’en 2015, le FNUF doit évaluer l’efficacité de l’arrangement international.  Les délégations ont donc profité de cette table ronde pour analyser l’impact sur ledit arrangement international de « L’Avenir que nous voulons », le Document final de la Conférence Rio+20 sur le développement durable, et de l’Agenda pour le développement post-2015, en négociations.  


« Cette table ronde est la première discussion officielle sur les liens entre tous ces programmes et objectifs », a dit dansune déclaration liminaire,M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de l’ONU.  Rappelant que « L’Avenir que nous voulons » accorde une place aux forêts et à ses liens avec les montagnes, l’agriculture ou l’économie verte, M. Wu a jugé indispensable d’avancer encore dans la réflexion sur ces liens.


Soulignant les questions du financement et du renforcement des capacités, le Chef du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a mis aussi l’accent sur les travaux du Processus de facilitation et l’étude sur le financement des activités forestières réalisés en 2012 par le Groupe consultatif du Partenariat de collaboration sur les forêts.  Ces travaux, a-t-il dit,  pourraient apporter des éléments utiles pour la création d’une stratégie efficace de financement du développement durable.


Il nous faut, en effet, un mécanisme financier prévisible « sans lequel les États Membres se retrouveront bien seuls pour honorer leurs obligations ».  La Thaïlande a demandé un mécanisme pratique dont un système de taxation.


« Plutôt que de fixer des objectifs hypothétiques, il faut soutenir les initiatives concrètes qui ont fait leur preuve, a dit la République du Congo.  Se réjouissant du succès du REDD+ -Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts-, il a précisé qu’elle est un des deux pays au monde les plus avancés en matière de certification, sur un total de 2,5 millions d’hectares.  Le représentant de l’Union européenne a salué l’exemple de la République du Congo et a appelé à de la cohérence entre les mécanismes internationaux.  


Alors qu’il semble évident que les huit Objectifs du Millénaire pour le développement ne seront pas atteints d’ici à 2015 », le Gabon a jugé urgent d’intégrer la question des forêts dans tous les objectifs post-2015.  Il a été appuyé par l’Argentine, l’Indonésie et les États-Unis qui ont dit la nécessité de mettre à profit le rôle transversal et multifonctionnel des ressources naturelles et des forêts dans toutes leurs dimensions qu’il s’agisse de la croissance économique, de l’élimination de la pauvreté, de la préservation de l’environnement ou de la paix et de la sécurité.


Le Gabon a aussi demandé que l’on fasse du Fonds mondial pour la gestion durable des forêts un mécanisme efficace.  Le prochain arrangement international sur les forêts doit préserver l’équilibre entre les objectifs internationaux et nationaux, a prévenu l’Inde, avant que l’Allemagne ne demande que l’on garantisse le respect des intérêts régionaux et sous-régionaux.  Ce qu’il faut, c’est un accord plus ciblé avec des objectifs quantifiables, a résumé la Malaisie, appuyée par la Turquie.  Le processus doit être le plus transparent possible, a voulu l’Autriche.


Le processus de définition des objectifs de développement durable après la Conférence Rio+20 est très ouvert, a rassuré le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, en notant que l’on aurait déjà identifié 158 objectifs ».  Les OMD non réalisés pourraient très bien être intégrés aux objectifs de développement post-2015. 


Dans son rapport (E/CN.18/2013/6), le Secrétaire général rappelle que les États ont convenu d’évoluer vers une plus grande convergence entre la Conférence sur le développement durable et les processus de l’après-2015, afin d’en arriver à un programme de développement unique pour l’après-2015, centré sur le développement durable.  Les consultations générales sur les priorités au-delà de 2015 engagées avec toutes les parties prenantes seront essentielles pour dégager une vision commune, estime-t-il.


On pourrait imaginer la création d’un groupe d’experts pour veiller à ce que toutes les préoccupations et contributions du FNUF soient prises en compte par tous les processus multilatéraux à venir, a suggéré le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.   


Dialogue interactif de haut niveau avec les chefs des organisations membres du Partenariat de collaboration sur les forêts


Comment rehausser l’image des forêts comme moteur du développement économique?  Telle était la question centrale posée par la modératrice de ce dialogue, Mme Jan McAlpine, Directrice du secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts.


Il faut tout d’abord, a suggéré M. Stewart Maginnis, Directeur mondial du Groupe de solutions basées sur la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature, reconnaître que le PIB n’est pas un instrument utile pour évaluer la contribution majeure des forêts au développement économique.  En effet, la plupart des biens et services issus des forêts sont de nature sociétale.  Le fait qu’ils représenteraient 25% des biens et services en zone rurale n’est jamais pris en compte, d’où le sentiment des décideurs que les forêts sont un problème à résoudre plutôt qu’une chance à saisir.


Comme les produits tropicaux non ligneux ne sont pas reconnus à leur juste valeur, le secteur forestier reste peu concurrentiel par rapport aux autres secteurs de l’économie, a acquiescé M. Emmanuel Ze Meka, Directeur exécutif de l’Organisation internationale des bois tropicaux.  Il faut des politiques déterminées et des mécanismes d’appui aux entreprises du secteur forestier, a renchéri, M. Niels Elers Koch, Président de l’Union internationale des instituts de recherches forestières et Vice-Président du Partenariat de collaboration sur les forêts


Les secteurs du tourisme, des transports et de l’énergie devraient être incités à envisager des investissements dans la gestion durable des forêts, a suggéré le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui a appelé à la coordination sectorielle au niveau des pays. 


En la matière, l’importance de la coopération internationale a été soulignée par le représentant de la Banque mondiale.  L’établissement d’objectifs de développement durable propres aux forêts permettrait en plus de réaliser des avancées notables dans la prévention de la dégradation des sols, a ajouté M. Mansour N’Diaye, Secrétaire exécutif adjoint par intérim de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.


À cet égard, la Conférence Rio+20 sur le développement durable a offert des possibilités « absolument uniques », a estimé M. Braulio Ferreira de Souza Dias, Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique.  Il a relevé les limites des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les a imputées au fait qu’ils ont été fixés en vase clos, à l’écart de l’impératif de protection de l’environnement.


Les forêts sont liés à cet impératif mais aussi aux deux autres piliers du développement que sont la croissance économique et le développement humain, a renchéri M. Eduardo Rojas-Briales, Sous-Directeur général du Département des forêts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et Président du Partenariat de collaboration sur les forêts.


On ne comprend pas toujours les enjeux, ce qui rend difficile la prise de décisions, a reconnu M. Peter Holmgren, Directeur général du Centre pour la recherche forestière internationale.  S’il a prédit que le secteur privé sera le principal argentier de la gestion durable des forêts, M. Tony Simons, Directeur général du Centre mondial d’agroforesterie a appelé à des mécanismes de paiement efficaces.  Le financement des forêts ouvre des « perspectives extraordinaires », a commenté Mme Naoko Ishii, Directrice générale, Présidente et Chef de la délégation du Fonds pour l’environnement mondial.  Elle a conseillé à la communauté scientifique de réfléchir autrement à la relation entre sylviculture et foresterie.


Suite du débat ministériel


M. FOUAD MOHADJI (Comores) a rappelé que les forêts couvraient 17% des 2 024 kilomètres carrés du territoire comorien.  « La forêt nous aide à lutter contre l’érosion des sols, à constituer des ressources en eau et en protéines », a dit M. Mohadji.  Il a ajouté que les produits forestiers constituent d’importants revenus d’exportation.  Mais face à l’accroissement de la demande en produits forestiers, il s’est inquiété d’une possible disparition de la forêt naturelle d’ici 10 ans.  Il a notamment cité les conséquences de la distillation des plantes naturelles qui consomme près de 80% de la biomasse, ce qui risque de favoriser l’érosion des sols et la diminution des réserves en eau. 


Mme JENNIFER CHILUNGA, Ministre de l’environnement et de la gestion des changements climatiques du Malawi, a souligné les difficultés de son pays pour atteindre les quatre objectifs de l'Instrument concernant les forêts, en particulier la lutte contre la déforestation.  Le Malawi a d’ailleurs créé un fonds pour encourager l’implication des partenaires non étatiques, ce qui a permis d’augmenter de 900% le financement du secteur forestier.  Nous replantons actuellement 2 000 hectares par an contre 50 par le passé, a-t-elle dit, en expliquant que la présence croissante des femmes dans les petites entreprises du secteur forestier est un élément important d’autonomisation.  La majorité des fourneaux pour combattre les changements climatiques sont fabriqués et vendus par des femmes, a-t-elle indiqué.  Elle a salué le soutien de l’Allemagne à un programme de notification et de suivi du REDD+ et celui du Japon qui a aidé le Malawi à cartographier et quantifier ses ressources forestières.  Elle a aussi mis l’accent sur les liens entre les forêts et les objectifs de développement en général.


M. HENRI DJOMBO,  Ministre du développement durable, de l’économie forestière et de l’environnement de la République du Congo, a estimé que l’aménagement des forêts dont dérive la certification forestière et le REDD+ sont des processus intimement liés qui représentent les facettes d’une même pièce visant la gestion durable des ressources financières.  C’est pourquoi, a-t-il affirmé, ces initiatives doivent bénéficier de la même attention et des moyens conséquents pour atteindre l’objectif qu’ils s’assignent.  Comme la déforestation et la dégradation de forêts résultent principalement de l’agriculture industrielle et traditionnelle et de l’exploitation du « bois-énergie », le Ministre a jugé nécessaire de promouvoir des techniques et des cultures nouvelles, plus productives, ayant un impact réduit sur l’environnement, et d’améliorer l’efficacité énergétique et le reboisement en milieu rural et périurbain.


M. Djombo a déploré la duplication et le « saupoudrage » des moyens déployés sur le terrain.  Les financements demeurent insignifiants ou improductifs, a-t-il estimé, en appelant à des programmes intégrés et à la promotion de la coopération Nord-Sud et Sud-Sud, précisant qu’une telle coopération est actuellement envisagée entre le Congo et les pays forestiers tropicaux des bassins de l’Amazonie et de l’Asie.  Mon gouvernement, a-t-il affirmé, veille à l’aménagement durable de presque 10 millions d’hectares de concessions forestières, soit 78% de la superficie concédée à l’exploitation forestière.  Un réseau d’aires protégées d’une superficie de 4 millions d’hectares, soit 17% du territoire national a par ailleurs été mis en place.  Le Gouvernement entend aussi lancer un programme d’afforestation et de reboisement en vue de créer, à l’horizon 2020, un million d’hectares de forêts en savane.


M. ALHAJI INUSAH FUSEINI, Ministre des terres et des ressources naturelles du Ghana, a tout d’abord passé en revue certaines des activités organisées par son gouvernement pour célébrer, en 2011, l’Année internationale des forêts, précisant que cela avait été l’occasion pour le Ghana de forger des partenariats avec différentes parties prenantes afin d’assurer la gestion durable des forêts, tout en mettant en exergue ses contributions à la lutte contre la pauvreté.  Il a fait savoir que son gouvernement vient d’élaborer une méthodologie pour assurer l’application et l’évaluation de l’Instrument concernant les forêts.


Le Ghana a en outre aligné sa politique de gestion des forêts et de la vie sauvage avec sa stratégie de lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté.  Il a aussi établi un partenariat avec le secteur privé pour des investissements dans l’écotourisme, une initiative qui permettra non seulement de créer des emplois dans les zones rurales, mais également de renforcer l’économie forestière.  Le Ministre a par ailleurs indiqué que le programme de reboisement des forêts avait permis d’augmenter, de manière considérable, la production de nourriture dans les zones rurales.


M. MOHAMMAD HAMAD, Ministre de l’agriculture de la Libye, a indiqué que les zones forestières de son pays recèlent de nombreuses plantes médicinales.  Or, des citoyens libyens ont  profité du vide sécuritaire et administratif partiel qu’a récemment connu le pays pour accentuer la déforestation de certaines zones, en y construisant des maisons et en ajoutant ainsi aux dégâts enregistrés sous le régime précédent.  Le Ministre a appuyé les organisations de la société civile qui s’occupent de la gestion de la forêt.  Il s’est réjoui qu’on ait pu maîtriser les incendies qui s’étaient déclarées dans la zone des Montagnes vertes, il y a une quinzaine de jours.


M. MOGAWAR (Yémen) s’est inquiété des répercussions de la démographie galopante dans son pays.  En 2020, la population pourrait atteindre 33 millions d’âmes, alors que les terres arables ne représentent que 3% du territoire du pays et les forêts 4%.  Il a reconnu l’importance du reboisement, tout en prévenant du défi lié à la faible pluviométrie.  La durabilité ne peut plus être assurée, s’est-il alarmé, avant de réclamer une aide pour faire face aux dégâts causés à la « Terre nourricière ».  Il a également estimé nécessaire de réexaminer la Convention sur la lutte contre la désertification pour éviter la dispersion des efforts.


M. ANDRÉ DE JESUS MODA, Secrétaire d’État aux ressources forestières de l’Angola, a jugé essentiel de financer adéquatement tous les types de forêts afin de garantir leurs bienfaits économiques, sociaux et environnementaux.  Le financement relève de la responsabilité première des États Membres mais aussi de la responsabilité collective des institutions régionales et internationales, a dit le Secrétaire d’État.  Il a indiqué que son pays a un potentiel énorme en termes de ressources naturelles, dans un climat tropical et subtropical.  Soixante pour cent de la population angolaise est rurale et périurbaine et dépend directement ou indirectement des bienfaits de la forêt.  En ce moment même, l’Angola s’attelle, a dit le Secrétaire d’État, à l’inventaire des ressources forestières.  Il vient d’ailleurs d’approuver une nouvelle loi sur les forêts.  Le représentant s’est dit persuadé que cette session du FNUF se traduira par une mise en œuvre accélérée des programmes adoptés. 


M. GELU PUIU, Secrétaire d’État au Ministère de l’environnement et des changements climatiques de la Roumanie, a rappelé que le Document final de Rio+20 reconnaît que le processus écologique complexe des forêts est essentiel à notre développement économique, ainsi que le lien étroit entre la gestion durable des forêts et le développement économique.  Il a précisé que la forêt couvre 27% du territoire roumain et que le système de gestion est encadré par des dispositions spécifiques.  Les forêts sont une partie intégrante de notre économie qui s’y appuie pour s’approvisionner en combustibles et en médicaments, a-t-il ajouté. 


M. ERNESTO ADOBO, du Ministère des ressources naturelles et de l’environnement des Philippines, a indiqué que son gouvernement avait promulgué un moratoire sur les coupes de bois et lancé un grand programme national visant à reboiser 1,5 million d’hectares.  Une feuille de route permet également d’établir des objectifs précis en matière de reboisement et de production de café, de cacao et de caoutchouc dans les zones forestières.  Les Philippines ont l’intention d’exploiter au mieux le potentiel du programme forestier communautaire et de faire en sorte que l’ensemble du bois philippin provienne de sources renouvelables.  M. Adobo a aussi insisté sur l’importance de renforcer les institutions et politiques déjà existantes.


M. TUFUGA GAFOA FAITUA, Ministre associé aux ressources naturelles et à l’environnement du Samoa, a déclaré que de nombreuses initiatives relatives aux forêts ont été menées par son pays grâce à l’aide des partenaires au développement, notamment pour faire face aux changements climatiques, à la dégradation des écosystèmes, à la perte en biodiversité et à toutes les questions relatives à l’eau.  Il a ajouté que ces initiatives contribuaient à paver la voie d’un développement durable et de la transition vers une économie verte.  Il a remercié l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon et l’Union européenne pour leur soutien et a précisé que Samoa accueillera la Conférence des petits États insulaires en développement, en septembre 2014, l’occasion de montrer la réalité du développement durable au Samoa qui pense que la gestion durable des ressources forestières est une étape décisive de la réalisation des objectifs de développement durable.


M. A. B. TAJUL ISLAM, Ministre d’État du Bangladesh, a expliqué que dans son pays, la foresterie est considérée comme un sous-secteur de l’agriculture et a précisé que sur les 1,6 million d’hectares de forêts, 0,2 million sont des plantations artificielles dans les régions côtières.  Le Ministre a également indiqué qu’un amendement avait été apporté à la Constitution, laquelle engage l’État à veiller à la protection des ressources naturelles, forêts incluses.  M. Islam a réclamé des stratégies capables de répondre aux besoins des pays en développement en matière de renforcement des capacités, de financement, de collecte des données et de création de partenariats.  Il importe également d’inciter les institutions financières à créer des mécanismes de prêts appropriés pour le développement des forêts, a-t-il ajouté.


M. TOM ROSSER, Vice-Ministre adjoint chargé du Service canadien des forêts au sein de Ressources naturelles du Canada, s’est vanté d’avoir l’un des meilleures régimes de gestion forestière au monde et un régime qui continue de générer des avantages importants pour les collectivités et les utilisateurs de produits forestiers tout en maintenant des forêts saines.  Ceci ne veut pas dire que nous avons réponse à tout, a-t-il reconnu, en appuyant fermement l’approche multisectorielle croisée.  Il a cité, à cet égard, le Réseau international des forêts modèles (RIFM), lancé en 1992 pour défendre les investissements dans les partenariats qui mettent l’accent sur les perspectives à l’échelle du paysage.  Il a préconisé la même approche fondée sur le paysage s’agissant de la contribution économique des forêts.


M. SCHWOERER (Allemagne) a indiqué que son gouvernement et celui du Brésil avaient organisé une conférence sur la contribution des forêts à l’économie verte au cours de laquelle l’accent a été mis sur la bonne gestion des régimes fonciers et sur la participation des populations locales au processus de prise de décisions.  Il a constaté que le défi le plus notable sera de trouver l’équilibre entre la demande croissante des produits ligneux et la protection effective des forêts. 


Il y a deux ans, le Gouvernement allemand a lancé le Plan national pour les forêts 2020 dont l’objectif principal est de relever ce défi, en maintenant l’objectif de « multifonctionnalité » des forêts allemandes, en renforçant les conditions propices à une bonne gestion des forêts par les propriétaires privés et en trouvant l’équilibre entre la séquestration de carbone et un usage plus intensif et intelligent du bois et des bioénergies, tout en prenant en compte l’effet de substitution.  L’Allemagne, a affirmé le représentant, appuie les initiatives visant à élaborer des cadres internationaux pour la gestion durable et multifonctionnelle des forêts.


Mme OYUN SANJUAASUREN, Ministre de l’environnement et du développement vert de la Mongolie, a évoqué, s’agissant d’un pays où les forêts représentent 8% du territoire, les défis rencontrés lors du passage à l’économie du marché qui a fait que 42% du pays a été soumis à l’exploitation minière.  Si de nombreuses zones n’ont pu être restaurées, une grande partie du territoire est dorénavant protégée.  La décision a été prise d’interdire tout projet industriel et toute exploitation  minière dans les zones forestières ou les versants boisés.  En outre, a-t-elle ajouté, il est désormais interdit d’utiliser les arbres du désert de Gobi comme bois de chauffe.  Les initiatives de reboisement et d’afforestation qui ont été lancées par le Gouvernement ont permis de créer 6 à 7 000 emplois par an.  Un programme de rachat des forêts reboisées par le Gouvernement a également été lancé, a indiqué le représentant.


M. GERHARD MANNSBERGER, Directeur général, Département des forêts, Ministère fédéral de l’agriculture, des forêts, de l’environnement et de la gestion des eaux de l’Autriche, a rappelé que l’Autriche a été frappée par une déforestation massive, entraînant inondations, érosions et diminution drastique des ressources forestières.  Il a cité la mise en place en 1852 d’une législation forestière fixant les droits de la forêt et le cadre d’une gestion durable des forêts.  Aujourd’hui, la couverture forestière représente 50% du territoire national, s’est enorgueilli le représentant qui s’est félicité de la compétitivité de l’industrie forestière autrichienne.  La législation relative à la gestion des forêts s’appuie  sur les recommandations de la Conférence ministérielle sur la protection de la forêt en Europe qui met l’accent sur les bienfaits économiques, environnementaux et sociaux des forêts.


M. MASRAN MD. SALLEH, Directeur général adjoint, (Politiques et planification), Département des forêts de la Malaisie, a indiqué que son pays vise une couverture forestière de 50%, ce qui n’a pas empêché les exportations de bois et produits forestiers de représenter 6,35 milliards de dollars en 2012, soit 4% du PIB, tout en garantissant un emploi à 300 000 personnes.  Il a souligné les efforts de son pays pour connecter entre elles les forêts fragmentées par un réseau de corridors écologiques.  Nous encourageons aussi une participation directe de nos populations aux activités d’écotourisme pour favoriser la création d’emplois et l’amélioration du niveau de vie des communautés locales, a-t-il dit.  Dans le souci d’obtenir des financements prévisibles, le représentant a appelé à la création d’un fonds de contributions volontaires.


M. ANDERS LÖNNBLAD, Directeur général adjoint, Ministère des affaires rurales de la Suède, a avoué que les forêts ont souvent sauvé la Suède des crises, lorsqu’il y a un siècle, elle était encore un pays pauvre.  Vu l’état de dégradation des forêts, le pays a choisi d’investir dans l’éducation à la foresterie, les systèmes d’information et la gestion responsable des forêts.  Pour passer de la pauvreté à la prospérité, la Suède a fait ce qu’il a fallu faire en matière de bonne gouvernance et des droits de propriété foncière.  Aujourd’hui, la Suède est le troisième exportateur mondial de papier et de produits dérivés du bois.  Elle voit un grand potentiel dans la bioénergie et les innovations et produits des bioraffineries. 


Le représentant a estimé qu’à long terme la gestion durable des forêts devrait pouvoir s’autofinancer mais en attendant, il s’est dit convaincu du rôle que peuvent jouer le secteur privé et les partenariats public-privé.  Mais pour ça, a-t-il prévenu, les pays concernés devront travailler au respect du droit foncier, à la bonne gouvernance, à la transparence et aux processus participatifs.  Il a aussi jugé que pour aller de l’avant, les communautés forestières doivent changer leur manière de penser et adopter une approche plus multisectorielle qui couplée à l’approche paysagère permet de rassembler les communautés, le secteur privé et les gouvernements locaux et d’identifier les meilleures politiques.  La gestion durable des ressources naturelles doit être au cœur de l’Agenda pour le développement post-2015 et de celui du développement durable, a estimé le représentant.


M. JOSEPH S. IITA, Secrétaire permanent, Ministère de l’agriculture, de l’eau et des forêts de la Namibie, a indiqué, comme partie des efforts déployés par son pays pour assurer une gestion durable des forêts, que plus de 30 millions d’hectares de zones boisées sont gérées par les communautés conformément au programme « Foresterie communautaire ».  En outre, une somme de 10 millions de dollars est allouée chaque année à la mise en œuvre de programmes liés à la lutte contre les incendies de forêts, au reboisement, à la recherche et au développement des infrastructures pour la production ligneuse et non ligneuse.


M. KEVIN SMYTH, Conseiller, Sous-Secrétaire général, Département de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires maritimes de l’Irlande, a réclamé des modèles d’évaluation plus inclusifs pour jauger, dans toutes les régions du monde, l’ensemble de la contribution des forêts au développement économique.  La gestion durable des forêts restera un mot vain si l’on continue de traiter des forêts, de manière isolée, a-t-il prévenu.  Il faut des approches intégrées et en l’occurrence, a dit le représentant, l’Instrument concernant les forêts est un outil clef pour aider les gouvernements à coordonner les efforts nationaux et internationaux.  Le représentant a dit attendre de ce Forum une résolution sur les forêts et le développement économique qui tienne compte du suivi de la Conférence Rio+20 et contribue à la mise en œuvre des décisions prises dans la ville brésilienne.  La résolution devrait contenir des directives claires pour tous les acteurs concernés, dont le Partenariat de collaboration sur les forêts.


Rio+20, a-t-il poursuivi, a mis en place des processus parallèles qui vont contribuer à reformuler d’ici à 2015, le cadre politique et institutionnel du développement durable.  Mais, a-t-il ajouté, nous voyons aussi un certain nombre d’évolutions importantes dans d’autres fora, en particulier, les Conventions sur les changements climatiques, la biodiversité et la désertification.  Ce paysage politique et institutionnel émergent aura sûrement un impact important sur la politique internationale liée aux forêts et l’avenir du FNUF, a prédit le Sous-Secrétaire général, en parlant en particulier de la révision de l’arrangement international sur les forêts prévu en 2015.  Il faut s’assurer, a-t-il voulu, que tout arrangement futur soit conforme au cadre plus large du post-2015.  Le représentant a donc dit attendre de cette session une action concrète, transparente et inclusive permettant au FNUF de prendre des décisions informées.


M. RUSSELL PHILIPS, Ministre Conseiller, Agriculture, de l’Australie, a rappelé que les populations autochtones australiennes entretiennent les forêts australiennes depuis 50 000 ans.  Les connaissances de ces populations, s’agissant de la contribution de la forêt à l’alimentation et à la pharmacopée, a contribué à la définition de la politique de gestion durable de la forêt australienne, appuyée par le cadre robuste fourni par la Déclaration nationale de 1992.  Le Ministre conseiller a souligné le soutien du Gouvernement australien aux communautés locales pour réduire les émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts, en ajoutant que cette initiative constituait une contribution clef de l’Australie à l’action mondiale REDD+.  Il a salué les législations développées par les États-Unis et l’Union européenne pour lutter contre le trafic du bois et a précisé que l’Australie a adopté en 2012 une loi interdisant l’importation d’essences protégées.


M. PANFILOV (Fédération de Russie) a dit que la gestion des forêts était en partie financée par des redevances versées par ses bénéficiaires.  Conscient du rôle et de l’importance des forêts pour la planète, la Fédération de Russie procède aux reformes appropriées en ajustant sa législation et programmes nationaux à un certains nombre d’objectifs, a-t-il dit.  Le 21 mars, lors de la Journée internationale des forêts, des séances de sensibilisation ont été organisées, également dans les écoles, sur la valeur et la contribution des forêts et la nécessité de les protéger.  Il est temps, a dit le représentant, que l’industrie du bois devienne écologiquement responsable et nous devons trouver les moyens d’afficher le juste prix de toutes les contributions de la forêt et de reconnaître ses fonctions multiples.  Nous devons, a-t-il conclu, avoir un instrument qui permette de fixer les orientations et d’améliorer l’utilisation des ressources aux niveaux national et mondial. 


M. KEIJI FUKUDA (Japon) a, en tant que membre du Processus de Montréal qui cumule 49% des forêts et 33% de la population mondiale et 40% de la production mondiale de bois, souligné la nécessité de mesurer toute l’étendue des biens et services forestiers.  Il a salué les efforts conjoints de la FAO, de la Commission économique pour l’Europe (CEE), l’Organisation internationale des bois tropicaux (ITTO), de l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale (OFAC), de « Europe Forest » et du Processus de Montréal pour avoir élaboré un questionnaire sur les ressources forestières dont les réponses seront analysées dans le rapport très attendu que la FAO doit présenter en 2015.


Il a rappelé la tenue en 2012 à Sendai, au Japon, d’un séminaire sur le rôle des forêts dans les catastrophes naturelles et la renaissance des forêts et de la foresterie.  En novembre 2013, le Japon lancera un projet pour la reconstruction du parc national, dont le concept est la réhabilitation des zones touchées par les catastrophes naturelles en interconnectant les forêts, les rivières, les mers et le satoyama, qui est un espace non peuplé, à la frontière de l’habitat humain et de la montagne boisée.


Mme FABIANA LOGUZZO, Directrice de l’environnement de l’Argentine, a indiqué que son pays compte 33 millions d’hectares de forêts autochtones et que la loi prévoit la création d’un fonds pour leur protection.  Un mécanisme a aussi été mis en place pour dédommager les provinces.  Mme Loguzzo a souligné que la valeur non monétaire des forêts dépasse de loin leur valeur marchande, d’où l’importance, selon elle, de parvenir à comptabiliser ces ressources.  En attendant, l’Argentine s’est dotée d’un programme spécial pour la gestion des produits non ligneux et appuie, par ailleurs, la création d’un fonds mondial pour les forêts.


M. ANGELO SARTORI (Chili) a indiqué que son pays dispose depuis 1931 d’une loi sur la bonne gestion des forêts.  Le décret 701 de 1974 prévoit des subventions pour le reboisement, ce qui a permis de reboiser 1,5 million d’hectares.  Le représentant a également évoqué la promulgation, en 2008, d’une loi qui envisage la création d’un fonds pour la gestion durable des forêts autochtones et la promotion de la recherche.  Le Chili, s’est-il enorgueilli, compte parmi l’un des rares pays à pouvoir se targuer d’une augmentation de son couvert forestier.


M. IAROSLAV MAKARCHUK (Ukraine) a dit que son pays avait pris de nombreuses mesures pour protéger ses ressources naturelles dans l’intérêt des générations actuelles et futures.  L’Ukraine participe actuellement aux travaux du Comité intergouvernemental qui doit mettre en œuvre l’instrument juridiquement contraignant sur les forêts en Europe. 


M. DON KOO LEE (République de Corée) a appelé à des mesures concrètes et décisives pour lutter contre la dégradation des forêts et des sols.  Il a mis l’accent sur l’importance du Partenariat mondial pour la restauration des paysages forestiers et parlé de la signature par son pays d’un accord juridiquement contraignant de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui est entré en vigueur le 5 aout 2012.  La République de Corée a remis en état 4 millions d’hectares de terres dégradées et planté 12 milliards d’arbres depuis les années 50.


M. MOSHE KAMHI, Consul général d’Israël à Istanbul, a précisé que son pays avait confié dès 1961 toutes ses activités relatives à la forêt à l’ONG Keren Kayemeth LeIsrael (KKL).  Depuis 1961, a-t-il dit, KKL a planté 240 millions d’arbres,en développant des règles de gestion des espaces verts et de gestion efficace des ressources en eau.  Il a dit qu’Israël avait développé des méthodes pratiques de lutte contre la désertification comme le reboisement de zones semi-arides et la sensibilisation à la contribution écologique et économique des forêts.  Il a expliqué que l’Agence israélienne pour la coopération au développement (MASHAV) organisait régulièrement des séminaires pour partager l’expérience d’Israël en matière d’agriculture et des forêts, et ce, dans le contexte des changements climatiques.  


M. ROLF MANSER, du Bureau fédéral pour l’environnement de la Suisse, s’est interrogé quant à la capacité du FNUF à fournir une perspective politique complète en matière de gestion durable des forêts et de diriger les autres processus concernant la multifonctionnalité des forêts.  En outre, le FNUF est-il capable, au niveau national, de fournir aux différents ministères et agences chargés des forêts, la capacité de coordonner la multiplicité de questions intersectorielles liées aux forêts? s’est-il demandé.  Le représentant a rappelé que l’Instrument concernant les forêts sera évalué en 2015 et a voulu que le FNUF soit reconnu comme l’endroit idoine pour coordonner les questions concernant les forêts au sein de l’ONU.


Cela pourrait se traduire par l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant qui pourrait être mis en œuvre par des conventions régionales, notamment la prochaine Convention sur les forêts européennes ou l’accord du Bassin du Congo, a-t-il voulu.  M. Manser a par ailleurs estimé qu’au vu des difficultés du cadre stratégique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à maintenir la question des forêts en tête des priorités de l’Agenda pour le développement post-2015, on ne pouvait se permettre de laisser l’avenir de l’Instrument concernant les forêts aux mains de cet Agenda.


M. DANIEL ANDRÉ (Sénégal) s’est inquiété des effets de l’exploitation non contrôlée des défrichements pour créer de nouvelles terres agricoles.  Mille deux cent fois par an, a-t-il signalé, la forêt brûle au Sénégal, ce qui impacte négativement les écosystèmes aussi fragiles que les mangroves et les palmeraies.  Dans un tel contexte, le représentant a estimé primordial de poursuivre les réflexions sur des stratégies « globales et cohérentes » susceptibles de mieux concilier les besoins à court terme des populations et la préservation du capital forestier. 


M. André a indiqué que son gouvernement s’était doté d’une nouvelle politique forestière qui s’appuie sur l’aménagement participatif des forêts et la gestion rationnelle des ressources forestières, entre autres.  Il a également affirmé que la création de bourses vertes, entrant dans le cadre d’un appui non salarié à des jeunes pour la réalisation d’activités dans le domaine de l’économie verte, contribuera à la montée en puissance d’une conscience  citoyenne plus sensibilisée aux questions environnementales.


Le représentant a ensuite indiqué que le Sénégal a l’intention d’aménager 400 000 hectares de forêts d’ici à la fin de 2016.  Cependant, s’est-il inquiété, une moyenne annuelle de 700 000 hectares brûlés chaque année entraîne une perte continuelle de la biodiversité du pays.  M. André a réclamé l’opérationnalisation des mécanismes de lutte contre la déforestation (REDD+) et du Fonds vert pour le climat ainsi que le transfert de technologies écologiquement rationnelles.  Il a également fait savoir qu’au regard de l’intensification du commerce transnational illicite d’essences de valeur, le Sénégal milite fortement pour l’instauration d’une certification du commerce du bois et d’un instrument juridiquement contraignant sur tous les types de forêts.


M. DIEGO PACHECO BALANZE (Bolivie) a insisté sur l’importance de vivre en harmonie avec la nature et de rompre avec les modèles de développement capitalistes.  Après avoir expliqué que le couvert forestier national s’étend sur 55 millions d’hectares, le représentant a appelé à des mécanismes de protection qui ne dépendent pas des marchés.  Il a donc appuyé le mécanisme conjoint d’adaptation qui a été présenté à la Conférence Rio+20.


M. Balanze s’est également dit préoccupé, par l’insistance de certains, de privilégier l’option de l’économie verte.  Or, selon lui, le REDD+ n’a rien fait d’autre que d’enterrer les discussions sur la gestion durale des forêts, dans le contexte des changements climatiques.  Il a également jugé que les rapports du Secrétaire général ne mentionnent pas comme il se doit le rôle des communautés dans la gestion des forêts.


M. WIJARN SIMACHAYA (Thaïlande) a indiqué que son gouvernement s’était engagé à reboiser 500 000 hectares de forêts au cours des cinq prochaines années, l’objectif ultime étant d’obtenir un couvert forestier de 40% du territoire et d’enregistrer, d’ici à 2020, près de 20 000 forêts communautaires. Un projet visant à planter 800 millions d’arbres a été mis sur pied dans le cadre de la célébration, en 2011, de l’Année internationale des forêts.


M. NGUYEN BA NGAI (Viet Nam) a indiqué que le secteur forestier avait contribué de manière notable à la croissance de l’économie nationale, le montant des exportations de bois étant passé d’1 milliard de dollars en 2004 à 4,8 milliards en 2012.  Il a expliqué que 25 millions de personnes vivent dans des zones forestières reculées du pays et que les forêts sont considérées comme la principale source de revenus pour les minorités ethniques.  Le bien-être de ces dernières a été amélioré de manière notable grâce aux revenus générés par la plantation d’arbres dans leur jardin, lesquels génèrent 3 millions de mètres cubes de bois de coupe par an. 


Le représentant a cependant averti qu’en raison de l’évolution des politiques commerciales relatives à la traçabilité du bois, de nombreux Vietnamiens risquent de ne pouvoir fournir la preuve de la légalité de leurs bois, a-t-il précisé.  Les pays importateurs doivent élaborer de nouvelles politiques commerciales plus favorables aux économies en transition exportatrices.


Le représentant a par ailleurs indiqué qu’en 2010, son gouvernement avait émis un décret sur le paiement des « services environnementaux forestiers », mais qu’il peinait à le mettre en œuvre faute d’une juridiction appropriée aux niveaux national et international.  Il a ensuite jugé que les projets REDD+ devaient se centrer non seulement sur le renforcement des capacités, mais également sur l’élaboration d’un mécanisme pilote de paiement du carbone aux populations locales.


M. GIANPAOLO SCARANTE (Italie) a dit que la forêt italienne, estimée à 10 millions d’hectares soit 54% du territoire national, était caractérisée par une grande diversité d’espèces et par sa contribution inestimable à la séquestration du carbone et à la protection de la biomasse.  L’Italie est un des plus grands importateurs de bois, puisqu’elle est à la tête de différents secteurs de l’industrie du meuble. Vantant les mérites de la biomasse pour le renouvellement de l’énergie et la contribution des forêts à la réduction de gaz à effet de serre et à l’adaptation aux changements climatiques, le représentant a estimé que la mise en œuvre des Conventions de l’ONU sur les changements climatiques et la désertification stimuleront les efforts supplémentaires pour la reconnaissance de la valeur et des contributions des forêts.  


M. JORGE ABARCA DEL CARPIO (Pérou) a vu une coïncidence heureuse entre ce Forum et les changements majeurs intervenus dans le secteur forestier au Pérou qui a mis en route différents projets, dont un inventaire avec le soutien de la Norvège et de la FAO.  Il a aussi un programme de conservation de la forêt amazonienne et un autre qui vise à renforcer la bonne gouvernance dans l’exploitation des bois tropicaux.  La part de l’aide publique au développement (APD) consacrée aux forêts est insuffisante, a-t-il tranché, avant d’appeler à une réaffectation des moyens en tenant compte, d’une part, d’un meilleur équilibre entre les quatre objectifs de l’Instrument concernant tous les types des forêts et des sept directives de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), d’autre part.


Mme NTHABISENG MOTETE (Afrique du Sud) a reconnu que l’industrie forestière contribue, de manière importante, à l’économie sud-africaine, puisqu’elle apporte 21 milliards de rands par an au PNB.  Mais, a-t-elle dit, la vitalité du secteur dépend du reboisement et de l’accès à l’eau.  Malgré tout, 110 000 hectares ont été déclarés prêts à l’afforestation, car selon les dernières données, l’industrie forestière et des produits forestiers emploie 145 900 personnes.  À peu près, 9,2 millions de personnes dépendant des biens et services des forêts et plus de 80% des ménages ruraux utilisent le bois comme source d’énergie, ce qui représente quelque 3 milliards de rands par an.


Aujourd’hui, le pays s’est doté d’un plan national de développement, « Vision 2030 » dans lequel la foresterie a une place de choix, comme moteur de la croissance économique.  Face aux défis auxquels sont confrontés les pays en développement, la représentante a estimé qu’une des manières de les relever serait de créer, au Fonds pour l’environnement mondial, un point focal sur les forêts.  En outre, les mécanismes tels que le REDD+ ne devraient pas se limiter au reboisement et à l’afforestation.  Ils devraient aussi récompenser les efforts de conservation de la forêt, a plaidé la représentante. 


M. JAVIER DIAZ-CARMONA (Costa Rica) est intervenu au nom de « Forest 11 » regroupant les 11 pays qui représentent près de la moitié du couvert forestier de la planète.  Il a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mettre la gestion forestière au service de la lutte contre la pauvreté et de l’atténuation des conséquences des changements climatiques, entre autres.  Il a également appelé le FNUF à améliorer la coopération intersectorielle afin de placer la question des forêts au cœur du système onusien.


M. Diaz-Carmona a aussi réclamé la création du fonds mondial pour les forêts, y voyant un pas concret en vue de la réalisation des quatre objectifs concernant les forêts.  Ce fonds ne doit pas être une coquille vide mais être assorti de mécanismes assurant sa reconstitution car, a-t-il souligné, il est vital pour les économies en développement.  Le représentant a insisté sur le principe des responsabilités communes mais différenciées.


M. V. RAJAGOPALAN, Secrétaire d’État à l’environnement et aux forêts de l’Inde, a indiqué que son pays s’est doté d’un réseau important de zones protégées.  Il a vu dans l’exploitation durable des plantes médicinales, entre autres, le moyen d’intégrer la question des forêts au développement économique.  Les programmes d’afforestation et de reboisement lancés par son gouvernement avaient contribué à la réalisation des OMD.  Il a également fait savoir que les droits des communautés autochtones tributaires des forêts sont protégés depuis 2006.


Mme ASTRIDE NAZAIRE (Haïti) a cité le chiffre « terrible et répété à satiété » qui illustre le drame écologique de son pays et selon lequel, la couverture forestière est aujourd’hui réduite à 2%, l’une des plus faibles au monde.  Les avantages tirés des maigres ressources forestières peuvent être classées, à l’exception du commerce du bois de chauffage, dans la catégorie des contributions non monétaires des forêts.  En Haïti, a alerté la représentante, aucun des éléments des trois piliers de l’approche nouvelle du développement n’est épargné par le recul des surfaces boisées. 


Pour faire face à ces défis, la représentante s’est dite convaincue que la mise en œuvre de l’Instrument et la poursuite de ses quatre objectifs est la réponse la plus appropriée.  En Haïti, même si leurs impacts et leurs résultats sont très limités et localisés, quelques projets comme le parc de Seguin, menés depuis quelques années, vont dans le sens des initiatives du Forum, s’est réjouie la représentante.  Ils illustrent la viabilité des partenariats avec le secteur privé et vise à tirer parti des potentialités de l’écotourisme et de la gestion durable des forêts.  La représentante a annoncé que son gouvernement s’est engagé à doubler d’ici 3 ans la couverture forestière.  Mais, a-t-elle prévenu, les problèmes de financement, de la pénurie de ressources humaines qualifiées et de moyens techniques, en particulier pour la collecte des données et la surveillance, se posent avec acuité.  Ils devront, a-t-elle voulu, être sérieusement discutés lors des débats de ce Forum. 


M. EDWARD S. KAMARA (Libéria) a parlé des efforts de son pays pour associer les communautés locales à la gestion durable des forêts.  Avec l’aide de la FAO, nous recherchons des moyens d’instaurer un dialogue avec les gestionnaires des forêts pour assurer une répartition équitable des bénéfices et identifier les bonnes façons de régler les conflits.  Nous avons une contribution importante des populations autochtones pour lesquelles la préservation des forêts est un élément important de l’identité culturelle.  Depuis quelques mois, une commission examine un projet de loi sur l’utilisation des ressources forestières axé sur la prise en compte des intérêts des populations locales, a encore dit le représentant du Libéria.


M. NOUAL (Algérie) a engagé la communauté internationale à adopter des mesures concertées de riposte pour faire face aux défis que connaissent les forêts du monde.  Il a réclamé une stratégie de gestion durable des forêts, afin de préserver les écosystèmes de la planète.  Il a aussi évoqué la tenue, au mois de mars 2013 en Algérie, du troisième Forum sur la gestion intégrée des forêts méditerranéennes.  Il a en profité pour dire que la dimension sociale se trouve au cœur des préoccupations des gestionnaires des forêts algériennes.


L’Algérie s’est ainsi dotée de programmes de développement intégrés en faveur des populations rurales.  Elle craint aujourd’hui la pression démographique sur les écosystèmes forestiers.  Elle réclame donc l’adoption d’une démarche de proximité axée sur la promotion de ressources naturelles.  En attendant, a dit le représentant, le Gouvernement algérien a adopté des instruments d’aide à la prise de décisions, de même que des politiques de protection des écosystèmes naturels.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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