CS/11220

Afrique de l’Ouest: le Représentant spécial s’inquiète de l’impact de la criminalité transnationale organisée sur les efforts de stabilisation en cours dans la région

17/12/2013
Conseil de sécuritéCS/11220
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Conseil de sécurité

7087e séance – après-midi


AFRIQUE DE L’OUEST: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL S’INQUIÈTE DE L’IMPACT DE LA CRIMINALITÉ

TRANSNATIONALE ORGANISÉE SUR LES EFFORTS DE STABILISATION EN COURS DANS LA RÉGION


« Au cours des six derniers mois, l’Afrique de l’Ouest a continué à progresser dans la voie de la stabilisation », a affirmé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et Chef du Bureau des Nations Unies dans cette région.  Présentant le rapport périodique du Secrétaire général, M. Saïd Djinnit a attribué ces progrès à l’engagement des dirigeants ouest-africains regroupés au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de l’Union du fleuve Mano.


« La montée de la criminalité transnationale organisée, sous ses différentes formes et tirant profit de la porosité des frontières et de la faiblesse des institutions nationales, est, à mon sens, la menace la plus lourde », a-t-il toutefois confié.  Pour M. Djinnit, il convient de lutter efficacement et de manière coordonnée contre la corruption, de renforcer l’état de droit et de mettre fin à l’impunité, autant de fléaux dont se nourrit précisément la criminalité transnationale organisée.  Il a assuré le Conseil de sécurité de la détermination de son Bureau, dont le mandat devrait être bientôt renouvelé, à continuer de soutenir tous les efforts en cours visant à prévenir les conflits, à consolider la paix et à promouvoir un environnement propice à un développement durable de la région.


M. Djinnit s’est d’abord attardé sur la crise au Mali.  Après avoir noté que l’effort initial de mobilisation de la CEDEAO avait été prolongé par l’ONU à travers le déploiement de sa Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), il a décrit l’état de la situation sur place.  « L’ordre constitutionnel et l’intégrité territoriale ont été rétablis au Mali et, depuis l’élection du Président Keita, le processus de dialogue et de réconciliation est en cours », a-t-il assuré.  M. Djinnit a cependant reconnu la persistance, au Mali et à l’échelle régionale, de défis majeurs en matière de sécurité et de stabilité.  À cet égard, il s’est félicité de ce que les dirigeants africains, tirant les leçons de la crise au Mali, aient décidé de créer une force de réaction rapide afin de doter l’Afrique de l’Ouest de la capacité requise pour répondre efficacement à d’autres crises et menaces collectives.  Le Représentant spécial a par ailleurs attiré l’attention sur l’accalmie politique qui prévaut au niveau sous-régional, en citant notamment le bon déroulement des élections au Togo, en Guinée et en Mauritanie.   Il a salué l’organisation de sommets de la CEDEAO à Abuja, en juillet, et à Dakar, en octobre, consacrés aux questions économiques et à l’intégration régionale.  Profitant de l’accalmie politique, a-t-il fait observer, les dirigeants ouest-africains ont souhaité relancer leurs projets de développement et approfondir l’intégration régionale.


Abordant ensuite les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest pendant la période considérée, M. Djinnit a souligné l’appui de l’ONU au dialogue entre le Gouvernement du Mali et les rebelles du nord du pays, ainsi qu’aux processus électoraux au Togo et en Guinée.  « J’ai encouragé les parties guinéennes à poursuivre le dialogue sur les réformes nécessaires pour consolider les institutions démocratiques et à œuvrer à son enracinement dans l’espace politique du pays », a-t-il indiqué.  


Par ailleurs, M. Djinnit a attiré l’attention sur le fait que le processus de démarcation de la frontière entre le Cameroun et le Nigéria avait été marqué par la signature à Genève, le 22 octobre 2013, d’une déclaration conjointe stipulant qu’à compter du 14 août 2013, le Cameroun exerce désormais pleinement ses droits de souveraineté sur la totalité de la zone de Bakassi.  Le Représentant spécial a salué « ce succès important dans la diplomatie des Nations Unies », en notant en outre que la coopération et la confiance s’étaient progressivement instaurées entre les deux pays dans le cadre du processus de mise en œuvre, sous les auspices de l’ONU, de l’arrêt de la Cour internationale de Justice.  « Le Nigéria est devenu, au cours de ces dernières années, le premier partenaire commercial du Cameroun », s’est-il félicité.


Concernant les différentes zones de tension en Afrique de l’Ouest, M. Djinnit a indiqué que la récente visite du Secrétaire général dans la région du Sahel avait contribué à créer une plus grande mobilisation en faveur des pays concernés.  Il a rappelé que le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, à la demande du Conseil de sécurité, avait adopté une plateforme de coordination pour accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  « Nous devons, dans les prochaines semaines, nous atteler, sous l’autorité de la présidence malienne de la plateforme et en concertation avec l’Union africaine, à la mise en œuvre de la plateforme établie lors de la réunion ministérielle de Bamako, le 5 novembre dernier », a-t-il déclaré. 


M. Djinnit a noté également avec satisfaction l’adoption de la Stratégie pour la sécurité transfrontalière au sein de l’Union du fleuve Mano, lors du Sommet de la CEDEAO qui s’est tenu à Dakar le 25 octobre dernier.  « Nous avons déjà enclenché le processus de mise en œuvre de la cette Stratégie en organisant des consultations approfondies avec la société civile, à Freetown, du 11 au 12 décembre », a-t-il fait savoir.  Quant à la lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée, il a assuré que les efforts se poursuivaient pour appliquer le Cadre stratégique, adopté à l’occasion du Sommet de Yaoundé des 24 et 25 juin, à travers notamment l’établissement du Centre de coordination interrégional qui sera basé au Cameroun. 


« Les pays de la région poursuivent leurs efforts en matière de lutte contre le trafic de drogues et la criminalité transnationale organisée », a poursuivi le Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest.  Il a ainsi cité le plan d’action pertinent de la CEDEAO, appuyé par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), et les activités du Comité politique de l’Initiative ouest-africaine.  Il s’est aussi réjoui de l’organisation par la France d’un débat du Conseil, demain, sur le trafic de drogues et la criminalité transnationale organisée dans la région.  « Ce problème est une menace réelle à la stabilité régionale », a-t-il souligné.  Pour faire face au terrorisme, a préconisé M. Djinnit, il faudrait renforcer la coordination des multiples initiatives en cours, afin d’agir de manière véritablement concrète, efficace et concertée contre cette « menace croissante ».


Enfin, le Représentant spécial du Secrétaire général s’est dit heureux d’informer le Conseil de sécurité que 12 des 16 pays que compte l’Afrique de l’Ouest avaient adopté des plans d’action en faveur de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité.  « Dans cet esprit, nous nous employons à recourir, chaque fois qu’il est possible, aux services de femmes ayant bénéficié d’une formation en médiation, organisée conjointement par notre Bureau et ONU-Femmes », a expliqué M. Djinnit avant de conclure.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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