CS/10892

Le succès au Mali passe par une action militaire vigoureuse, mais aussi par une solution aux problèmes politiques et à la crise humanitaire dans le pays, souligne M. Jeffrey Feltman

22/01/2013
Conseil de sécuritéCS/10892
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6905e séance – après-midi


LE SUCCÈS AU MALI PASSE PAR UNE ACTION MILITAIRE VIGOUREUSE, MAIS AUSSI PAR UNE SOLUTION AUX

PROBLÈMES POLITIQUES ET À LA CRISE HUMANITAIRE DANS LE PAYS, SOULIGNE M. JEFFREY FELTMAN


Saluant l’intervention de la France, les représentants de l’Union africaine et de la

CEDEAO exhortent l’ONU à financer rapidement la Mission internationale de soutien au Mali


« Le succès au Mali passe par une action militaire vigoureuse, mais également par la solution aux problèmes politiques et à la crise humanitaire qui sévit dans ce pays », a souligné, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, qui faisait un exposé sur le démarrage du déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA).


Cette Mission, autorisée le mois dernier en vertu de la résolution 2085 (2012), est chargée d’aider les autorités maliennes à reprendre le nord du pays aux groupes islamistes armés qui ont pris le contrôle au début de 2012.  Sur autorisation du Conseil, la France est intervenue au Mali en lançant l’opération Serval le 11 janvier.  L’appui de la France a ainsi permis aux forces maliennes de reprendre, des mains des extrémistes, les villes de Diabaly, Konna et Douentza.


Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a déclaré que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, saluait la décision courageuse de la France de déployer des forces au Mali, afin de stopper l’avancée des groupes extrémistes vers le sud.  Il s’est félicité des efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine ainsi que des pays contributeurs de troupes, afin d’accélérer le déploiement de la MISMA, avant d’insister sur la volonté claire du Secrétaire général de contribuer rapidement, dans la limite du mandat de l’ONU et de ses moyens, à résoudre la crise du Mali dans le respect de la résolution 2085 (2012) du Conseil de sécurité. 


Alors que plus de 2 150 soldats français et 855 soldats africains sont déjà déployés pour constituer la Force de la MISMA, il est indispensable, a insisté M. Feltman, de mener parallèlement des efforts militaires et politiques, en tenant compte des préoccupations humanitaires et des droits de l’homme.  Concernant la situation humanitaire, il a attiré l’attention sur les obstacles liés à l’acheminement de l’aide qu’apportent les quelques organisations non gouvernementales actives dans le nord du Mali, région de plus en plus isolée en raison de la fermeture de voies d’approvisionnement au sud du pays et le long de la frontière avec l’Algérie.


Le représentant de l’Union africaine auprès des Nations Unies et celui de la Côte d’Ivoire, qui s’exprimait au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, ont exhorté, cet après-midi, les Nations Unies à fournir immédiatement l’appui logistique et financier nécessaire au déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali. 


Le Chef de la délégation de l’Union européenne a assuré que les préparatifs en vue d’un appui financier et logistique, en étroite relation avec l’Union africaine et la CEDEAO, étaient en cours et que l’Union européenne participera à la Conférence des donateurs, prévue le 29 janvier 2013, à Addis-Abeba.  Ce dernier a également mis l’accent sur la nécessité d’établir, sous les auspices de l’ONU, une coordination efficace entre acteurs humanitaires et a appelé toutes les parties au conflit à accorder un accès humanitaire sans entrave aux populations dans le besoin, tout en garantissant la sécurité des travailleurs humanitaires.  Le Programme alimentaire mondial (PAM), a-t-il ajouté, a commencé à distribuer l’aide alimentaire à 12 000 personnes déplacées à Bamako, avant de le faire, dès que la situation le permettra, dans trois régions du nord du pays.


Le niveau de la Force de la MISMA, initialement estimé à 3 300 personnes, sera revu à la hausse.  Les membres du Conseil doivent examiner dans le détail les trois options présentées par le Secrétaire général, a indiqué M. Feltman, soutenu dans ce sens par les délégations qui ont pris la parole.


Les représentants du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Tchad, du Burkina Faso, du Niger, du Bénin, du Nigéria, ainsi que ceux de l’Union africaine et de l’Union européenne, ont rendu un vibrant hommage à la France pour son intervention rapide au Mali. 



LA SITUATION AU MALI


Déclarations


M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a rappelé que le Secrétaire général des Nations Unies avait salué la décision courageuse de la France de déployer des forces au Mali afin de stopper l’avancée des groupes extrémistes vers le sud.  Il s’est félicité des efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine ainsi que des pays contributeurs de troupes, afin d’accélérer le déploiement de la MISMA.  Il a insisté sur la volonté claire du Secrétaire général de contribuer rapidement, dans la limite du mandat de l’ONU et de ses moyens, à résoudre la crise du Mali dans le respect de la résolution 2085 (2012) du Conseil de sécurité. 


« Alors que nous examinons aussi des solutions pour le Mali, a indiqué M. Feltman, n’oublions pas que les facteurs inhérents à l’effondrement, il y a 10 mois, d’un des piliers de la démocratie en Afrique de l’Ouest et à l’occupation de la moitié du pays sont très profonds. »  Les solutions ne seront pas simples et le succès de la communauté internationale pour aider le Mali à restaurer la démocratie et reconquérir son territoire de façon durable dépendra aussi de la largeur de sa vision et du caractère exhaustif de sa réponse, a-t-il prévenu.  M. Feltman a rappelé que la chute de la ville de Konna, le 10 janvier, dans le cadre d’une tentative des extrémistes de se diriger plus au sud et de prendre Bamako avait eu pour effet de galvaniser le Mali et les pays amis et d’accélérer la réaction internationale et régionale face à la crise.  Contrairement à ce qui avait été initialement estimé, les groupes extrémistes étaient mieux équipés, ouvrant ainsi un nouveau front en prenant le contrôle de Diabaly, à 350 km de Bamako, le 14 janvier.    


Des troupes nigérianes en route vers le Mali ont été attaquées le 20 janvier 2013 dans le nord du Nigéria par Boko Haram, causant la mort de trois soldats nigérians, a indiqué le Secrétaire général adjoint.  Le 19 janvier 2013, la CEDEAO avait tenu un sommet extraordinaire à Abidjan pour discuter des modalités d’un déploiement accéléré des forces africaines, a-t-il dit.  M. Feltman a précisé que le Sommet de la CEDEAO avait exhorté l’ONU à fournir immédiatement l’appui logistique et financier nécessaire au déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) et a invité le Gouvernement du Mali, l’Union africaine et la CEDEAO à établir un quartier général fonctionnel de la Mission, afin de faciliter la coordination et la mise en œuvre de la résolution 2085 (2012).


M. Feltman a indiqué que le déploiement des troupes de la MISMA et des officiers d’état-major avait commencé le 19 janvier 2013.  Deux jours plus tard, 855 soldats avaient été déployés depuis le Bénin, le Nigéria, le Sénégal et le Togo, tandis qu’un bataillon complet du Niger avait été déployé à sa frontière avec le Mali.  Il semble qu’il existe un consensus parmi les acteurs principaux réunis à Bamako selon lequel le niveau de la Force de la MISMA, initialement estimé à 3 300 hommes, doit être revu à la hausse, a fait remarquer le Secrétaire général adjoint.  Il a indiqué que les membres du Conseil de sécurité examineront dans les détails les trois options présentées par le Secrétaire général pour le financement de la MISMA. 


Le Secrétaire général adjoint a assuré que le Gouvernement malien avait reconnu la nécessité de voir avancer de concert les processus politique et militaire.  Il a dit souhaiter une présence discrète de l’ONU à Bamako que le Mali pourrait consulter à tout loisir.  Le Gouvernement malien estime aussi qu’un processus de consultation plus large ne pourra avoir lieu que lorsque l’autorité de l’État aura été réinstallée dans le nord du pays, a-t-il ajouté. 


M. Feltman s’est inquiété de la situation de la population du nord en expliquant que les taux de nutrition avaient atteint des seuils inquiétants avec la reprise du conflit.  Les quelques ONG actives dans le nord du Mali signalent que la région est de plus en plus isolée, parce que les voies d’approvisionnement venant de l’Algérie et du sud du Mali sont coupées.  La distribution alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM) est en cours pour 12 000 personnes déplacées à Bamako, a-t-il assuré, avant de citer des initiatives en cours pour distribuer l’aide alimentaire dans les trois régions du nord dès que possible.


Le 16 janvier, la Cour pénale internationale (CPI) avait lancé des enquêtes sur des allégations de crimes de guerre commis au Mali depuis janvier 2012, a indiqué par ailleurs le Secrétaire général adjoint.  M. Feltman a ainsi rappelé aux parties au conflit leur obligation de protéger les civils en réaffirmant que le respect des droits de l’homme s’appliquait aussi pour les opérations militaires engagées avec le soutien de l’ONU.  « Nous ne pourrons régler la crise au Sahel sans régler définitivement la crise au Mali », a averti le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques.  Les efforts militaires et politiques doivent être menés parallèlement, en tenant compte des préoccupations humanitaires et des droits de l’homme, a-t-il insisté, en prévenant qu’une seule option militaire ne permettra pas l’édification d’une solution durable pour le Mali.


M. OUMAR DAOU (Mali) a déclaré que les groupes terroristes et irrédentistes, foulant au pied l’esprit et la lettre de la résolution 2085 (2012) du Conseil de sécurité et agissant au mépris du droit international et des droits de l’homme, continuaient de défier la communauté internationale. 


Les plus hautes autorités maliennes n’ont cessé de préconiser un règlement politique et de déployer des efforts soutenus pour parvenir à un règlement politique durable, a-t-il assuré.  Mais, face à cette situation, le Président de la République par intérim a lancé l’appel à la mobilisation générale et a décrété l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire national.  Il a demandé le soutien militaire de la France pour freiner l’avancée des terroristes qui menaçaient le Mali et les autres pays de la région sahélienne, a-t-il rappelé.


Le représentant du Mali a, ainsi, adressé un vibrant hommage à la France, à son peuple et à son Président, M. François Hollande, lequel, a-t-il ajouté, prenant la mesure de la situation, a aussitôt donné une suite favorable à la demande du Mali.


Les armées malienne et française continuent leur progression, a-t-il dit, en rendant hommage aux victimes et aux populations opprimées du nord.  L’heure de la libération de la région septentrionale a sonné, a-t-il souligné, en précisant que plusieurs localités étaient désormais sous le contrôle des armées malienne et française.


Le délégué a lancé un appel solennel à la communauté internationale, à tous les pays amis et partenaires pour contribuer aux ressources financières qui permettraient de mobiliser une force africaine.  


Le représentant du Mali a ainsi évoqué la réunion extraordinaire du Sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), le 19 janvier dernier à Abidjan, en Côte d’Ivoire, et a appelé la communauté internationale à fournir un appui logistique à cette Mission.  Il l’a également appelée à participer à la conférence des donateurs qui se tiendra prochainement à Addis-Abeba, en Éthiopie, en émettant l’espoir qu’elle sera coprésidée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.


M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a souligné les efforts constants de l’Union africaine depuis le 20 décembre 2012 qui ont abouti à la création de conditions politiques nécessaires au Mali et dans la région pour permettre la mise en œuvre de la résolution 2085 autorisant le déploiement de la MISMA.  Il faudra assurer une fourniture opportune et coordonnée des moyens nécessaires à cette Mission, a-t-il insisté.  L’Union africaine attend avec impatience la position du Conseil de sécurité au sujet des recommandations du Secrétaire général concernant l’appui à la MISMA et les forces maliennes.  M. Téte Antónioa remercié les États membres de l’Union africaine qui se sont déjà engagés à fournir des troupes à la MISMA. 


L’Observateur permanent de l’Union africaine a précisé que la Présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, a condamné les attaques des groupes terroristes et criminels, en appelant tous les États membres de l’Union africaine d’apporter les moyens logistiques et financiers nécessaires et d’appuyer le renforcement des capacités de défense et de sécurité du Mali, en accord avec les décisions pertinentes du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.


M. Téte António a rappelé que, dans un communiqué publié le 14 janvier 2013, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avait reconnu l’appui fourni par la France à la demande des autorités maliennes, dans le respect du cadre de la résolution 2085 (2012) du Conseil de sécurité.  


Lors d’une réunion de coordination qui s’est tenue le 16 janvier 2013 à Addis-Abeba, la Commission de l’Union africaine et la CEDEAO -dans le souci d’aider le Mali a retrouver son unité et son intégrité nationales- se sont concentrées sur les moyens d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 2085 du Conseil de sécurité; les questions de commandement de la MISMA, en s’appuyant sur le concept des opérations de la CEDEAO et de l’Union africaine et des meilleures pratiques observées lors des missions conduites par l’Union africaine; ainsi que la constitution et le financement de la Force. 


M. Téte António a réaffirmé l’engagement pris par l’Union africaine et la CEDEAO lors de leur réunion de coordination de n’épargner aucun effort pour permettre le déploiement rapide de la MISMA et d’apporter le soutien nécessaire, en collaboration avec les Nations Unies et les autres partenaires, à la restauration de l’ordre constitutionnel au Mali.  Il a estimé que les mesures concrètes prises par les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, durant leur sommet du 19 janvier 2013, à Abidjan, fournit une réponse prompte au caractère urgent de la situation au Mali.  Il a assuré du soutien de l’Union africaine aux autorités de transition maliennes dirigées par le Président par intérim du Mali, M. Dioncounda Traoré et de son Premier Ministre, M. Diango Cissoko.  Avant de conclure, il a exhorté tous les partenaires à participer à la Conférence de donateurs qui se tiendra à Addis-Abeba, le 29 janvier 2013, et à fournir des contributions généreuses.


M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire), qui s’exprimait au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a affirmé que l’intervention des troupes françaises à la demande des autorités légales du Mali, qui ont aidé l’armée malienne à repousser l’offensive des groupes terroristes, traduit l’urgente nécessité d’une solidarité internationale. 


Le délégué de la Côte d’Ivoire a souligné que le Sommet extraordinaire de la CEDEAO du 19 janvier à Abidjan avait pris, dans le contexte de la résolution 2085 (2012) du Conseil de sécurité, des décisions importantes relatives aux modalités concrètes et immédiates en vue d’un déploiement accéléré de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA).


Le Sommet avait également décidé de la création d’un mécanisme conjoint de coordination de la mise en œuvre de la résolution 2085 (2012) par les Nations Unies, l’Union africaine et la CEDEAO dans le but de faciliter des consultations régulières sur le leadership politique, la mobilisation des ressources, la reddition de comptes ainsi que le contrôle et l’évaluation des dépenses, a-t-il ajouté.


M. Bamba a précisé que le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo avaient promis de fournir des contingents militaires.  D’autres pays africains, qui ne sont pas membres de la CEDEAO, notamment le Tchad, l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Burundi et la République-Unie de Tanzanie, fournissent également des contingents ou se sont engagés à contribuer, par d’autres moyens, au déploiement de la MISMA, a-t-il indiqué, en précisant que cette liste n’était pas exhaustive.


Compte tenu des annonces faites, le nombre total des effectifs de la MISMA pourrait doubler par rapport à l’effectif initial de 3 300, a expliqué M. Bamba, en ajoutant qu’à ce stade, seulement 946 avaient été déployés.


Suite à une mission conduite à Bamako par le Ministre ivoirien des affaires étrangères, il ressort, a poursuivi M. Bamba, que l’état-major de la MISMA ne dispose pas des ressources nécessaires pour son bon fonctionnement, ni de la logistique nécessaire à son déploiement en dehors de la capitale malienne.  Le budget de la MISMA ne peut être mis en place étant donné que les contributions attendues ne sont pas encore disponibles, a-t-il fait remarquer.


Compte tenu de la gravité de la situation au Mali et dans la sous-région, la CEDEAO appelle par conséquent l’attention du Conseil de sécurité sur l’impérieuse nécessité de la mise à disposition du paquet logistique et financier d’urgence demandé par le Président de la Commission de la CEDEAO dans une lettre en date du 18 janvier transmise par le Secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité, a-t-il déclaré.


L’Union africaine et la CEDEAO renouvellent ainsi leur demande au Conseil de sécurité pour qu’il autorise d’urgence un financement à travers les contributions des Nations Unies mises en recouvrement, en vue de permettre le déploiement rapide de la MISMA et la conduite efficace des opérations.


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a dénoncé la crise au Mali comme étant une « entreprise cynique, sournoisement préparée sous le couvert de la religion, qui porte gravement atteinte à la paix et à la sécurité de toute la région ouest-africaine et, au-delà, du monde entier ».  Il a attiré l’attention sur la pluralité des groupes islamistes impliqués dans cette guerre, soit près d’une dizaine de groupes qui sévissent en toute impunité dans cette zone, « avec le souhait de faire du Mali la plaque tournante du narco-terrorisme et de toutes les contrebandes en Afrique et au-delà ».  M. Diallo s’est félicité de l’intervention immédiate d’un allié historique, la France, à la demande du Mali et avec la caution des pays de la sous-région, qui contribuera à la reconquête du nord du Mali. 


Le représentant du Sénégal a salué la décision du Tchad d’envoyer 2 000 hommes pour participer à cette « croisade contre le terrorisme international », ainsi que le déploiement d’éléments précurseurs par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Le Sénégal, a assuré M. Diallo, contribuera à hauteur de 500 hommes à la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), dont on prévoit, a-t-il dit, qu’elle dépassera les 5 000 hommes.  Le représentant a salué la volonté du Conseil de sécurité de trouver des solutions idoines à la crise au Mali.  Il a appelé tous les pays voulant enrayer la menace terroriste à soutenir, financer et armer les troupes africaines engagées dans ce théâtre d’opération, notamment dans le cadre de la Conférence des donateurs pour le Mali prévue le 29 janvier 2013.  Avant de conclure, M. Diallo a averti des risques de voir la région sahélo-saharienne devenir le nouveau sanctuaire du terrorisme international.


M. ALLAM-MI AHMAD (Tchad) a rappelé que les terroristes avaient voulu prendre de court la communauté internationale en vue de contrôler tout le Mali et le transformer en une véritable base arrière de leurs opérations dans la sous-région et le reste du monde.  Il a estimé que « cela était prévisible ».  Très tôt, a-t-il expliqué, le Tchad a fait partie des pays qui ont insisté sur l’urgente nécessité pour la communauté internationale de prendre des mesures appropriées, la situation menaçant gravement la paix et la sécurité non seulement au Mali et dans la sous-région, mais aussi la paix et la sécurité internationales.  Le Président du Tchad, M. Idriss Déby Itno, a félicité la France pour la promptitude avec laquelle elle a répondu à l’appel du Président du Mali afin de stopper la progression des terroristes vers le sud du pays.  Il a aussi appelé la communauté internationale à soutenir « l’action salvatrice de l’armée française ».


C’est dans ce contexte que le Tchad a décidé d’envoyer au Mali un contingent militaire de 2 000 hommes, a précisé M. Ahmad.  Le Tchad a ainsi répondu aux demandes du Mali et de l’Union africaine, avec le plein appui de l’Assemblée nationale tchadienne.  Le représentant s’est félicité du soutien unanime que les membres du Conseil de sécurité ont apporté à la France et aux pays africains qui se sont mobilisés derrière le Mali dans ces circonstances difficiles.  M. Ahmad a demandé à la communauté internationale de compléter ce soutien par des moyens logistiques pour les troupes déployées et par un soutien financier pour la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA).


M. DER KOGDA (Burkina Faso) a souligné les efforts déployés par les pays de la région pour nouer le dialogue entre le Gouvernement du Mali et les mouvements rebelles du nord, qui s’étaient engagés à rompre tout lien avec les groupes terroristes.  Il a rappelé que le Médiateur de la CEDEAO pour le Mali, le Président Blaise Compaoré, du Burkina Faso, et son Médiateur adjoint, le Président du Nigéria, M. Jonathan Goodluck, ont fait comprendre aux différents protagonistes, à savoir le Groupe Ansar Dine et le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA), l’intérêt de mener des négociations franches et objectives qui préservent l’unité et l’intégrité territoriale du Mali, afin d’éviter le recours à la force. 


Malheureusement, a-t-il dit, la rupture unilatérale du dialogue et le rejet des engagements par certains protagonistes, notamment le Groupe Ansar Dine, ne laissent plus aucun choix à la CEDEAO et à la communauté internationale que de recourir à la force contre les groupes extrémistes qui ont montré la limite de leur bonne foi.  Le représentant du Burkina Faso a remercié la France pour la diligence avec laquelle elle a répondu à la demande du Mali, afin de freiner l’avancée des groupes terroristes.  Il a salué la décision courageuse du Président François Hollande d’apporter un soutien prompt et déterminant pour la restauration de la paix et de la stabilité au Mali et dans toute la région. 


Le représentant a appelé la communauté internationale à mettre en œuvre immédiatement la résolution 2085 du Conseil de sécurité, autorisant le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA), pour accompagner l’action de la France sur le terrain.  Il a assuré que le déploiement annoncé au Mali d’un bataillon de 500 hommes du Burkina Faso aux côtés des troupes de la CEDEAO était en cours et qu’une force supplémentaire de 1 000 hommes a été déployée le long de la frontière du Burkina avec le Mali pour parer aux infiltrations des groupes terroristes en fuite.  Il a réaffirmé la volonté du Burkina Faso d’œuvrer à la promotion du dialogue et à la bonne tenue du processus politique, en vue d’aboutir à la réconciliation nationale et à l’instauration d’une paix durable au Mali


M. BOUBACAR BOUREIMA (Niger) a estimé que la situation au Mali avait trop traîné en longueur, alors que l’attention de la communauté internationale avait été attirée sur les risques qui guettaient toute la région du Sahel à la suite de la crise libyenne.  Il a rappelé que la mission conjointe de l’ONU et de l’Union africaine avait donné un diagnostic exhaustif et formulé des recommandations pertinentes.  En outre, la Réunion de haut niveau sur la situation au Mali, organisée par le Secrétaire général de l’ONU, avait été très claire sur la nécessité de traiter efficacement et de manière intégrée les problèmes de la région, en général, et du Mali, en particulier.  L’« approche progressive et très douce » semble avoir encouragé les groupes armés qui ont vite fait de parachever leur mainmise sur tout le nord du Mali, a-t-il estimé.  Le représentant a fait observer que ces groupes avaient interprété la réaction graduelle des Nations Unies comme un manque de ferme volonté à contrecarrer leurs intentions machiavéliques, ce qui les a poussés à descendre plus au sud afin d’occuper à terme tout le pays.


Le représentant a salué la « prompte et salutaire intervention de la France » au Mali et a invité toute la communauté internationale à le faire.  Il lui a aussi recommandé d’appuyer sans tarder l’action conjointe des forces maliennes et françaises.  Au-delà de la légitimité et de la légalité que lui confère la demande expresse des autorités du Mali en vertu des dispositions de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies qui consacre le principe de légitime défense individuelle et collective, l’intervention française est conforme à l’esprit de la résolution 2085 du Conseil de sécurité, a souligné le représentant du Niger.  C’est dans cet esprit que la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a autorisé le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA).  Il a assuré que le Niger participerait à cette Mission à hauteur de 650 hommes.  Il s’est félicité, par ailleurs, des manifestations de solidarité comme la prochaine conférence des donateurs prévue à Addis-Abeba et la réunion du Groupe international de soutien et de suivi de l’Union européenne.


M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Bénin) a estimé que cette séance du Conseil de sécurité se tenait à un moment critique de l’histoire du Mali, en précisant que la crise dans ce pays affectait aussi la stabilité de tout le Sahel, de l’Afrique de l’Ouest et du continent africain dans son ensemble.


Le délégué a notamment souligné que l’intervention de la France avait apporté la puissance de feu à la mesure du danger qui planait sur le Mali, arrêté la progression des agresseurs et pavé la voie à l’arrivée des contingents de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en faisant partie de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA).


L’évolution de la situation, a souligné M. Zinsou, place le Mali dans une situation d’extrême urgence et requiert une montée en puissance immédiate de la MISMA.  Il importe ainsi, a-t-il estimé, que la MISMA puisse déployer à brève échéance toutes ses capacités aussi bien en termes d’effectifs que d’équipements pour s’affirmer sur le terrain devant les groupes armés terroristes. 


Le Bénin, qui réaffirme que le démarrage de cette campagne militaire est entièrement couvert par la résolution 2085 (2012), encourage la France à maintenir sa présence active sur le terrain et à maintenir une posture offensive qui empêche les groupes terroristes de reprendre leurs assauts, a assuré le représentant.


M. USMAN SARKI (Nigéria) a mis l’accent sur le communiqué final du Sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), le 19 janvier dernier à Abidjan, en Côte d’Ivoire.  Le représentant a indiqué que son pays avait déployé rapidement 1 200 troupes pour servir au sein de la MISMA, en précisant que c’est le général de division Shehu Usman Abdulkadir, du Nigéria, qui dirigera la Force de la Mission.


Les actions entreprises par le Nigéria sont, a-t-il précisé, conformes à la décision du Conseil de sécurité du 10 janvier dernier et à sa résolution 2085 (2012) appelant au déploiement rapide de la MISMA et à un appui international au Mali.  Elles sont également conformes, a-t-il ajouté, à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international.


Le Sahel et des pays comme le Mali ont été trop longtemps ignorés ou négligés par la communauté internationale, a estimé M. Sarki, en appelant à une assistance humanitaire rapide et suffisante à la région.  À moyen et long termes, des initiatives structurées de consolidation de la paix, le renforcement de la réforme du secteur de la sécurité et des capacités institutionnelles, y compris la bonne gouvernance, le renforcement des institutions démocratiques, les droits de l’homme et l’autonomisation des jeunes, sont indispensables dans l’ensemble de la région.


Le délégué du Nigéria a ainsi considéré que l’usage de la force, s’il s’avère nécessaire pour affronter la menace terroriste immédiate et à l’instabilité au Mali et à la région tout entière, ne peut constituer une stratégie ou une solution à long terme.  La communauté internationale doit faire plus que cela, a-t-il déclaré, en mettant l’accent sur la nécessité de promouvoir le développement économique et d’accroître l’aide au développement devant permettre aux gouvernements de la région de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité et des conflits.


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a salué la réponse rapide de la France, soutenue par d’autres États membres de l’Union européenne, à la demande d’assistance militaire contre les groupes terroristes et criminels exprimée par le Président du Mali.  L’Union européenne soutient le déploiement rapide de la MISMA, conformément à la résolution 2085 (2012) et réaffirme son engagement à fournir rapidement une aide financière à cette Mission, en particulier à travers la mobilisation de la facilité africaine de paix.  Il a assuré que les préparatifs en vue d’un appui financier et logistique, en étroite relation avec l’Union africaine et la CEDEAO, étaient en cours et que l’Union européenne participera à la Conférence des donateurs, prévue le 29 janvier à Addis-Abeba.  Il a salué l’importance de la dernière lettre du Secrétaire général concernant les différents moyens de fournir un soutien logistique à l’appui de la MISMA, en espérant que le Conseil de sécurité pourra se prononcer rapidement sur l’autorisation d’un dispositif solide sur le financement de la Mission. 


En réponse à la demande du Mali et, en conformité avec la résolution 2085 (2012), l’Union européenne a décidé de déployer une mission de formation militaire (EUTM-Mali) aux Forces armées maliennes.  Il a précisé que le commandement de cette mission de formation avait été confié au général François Lecointre et qu’une première équipe technique, qui arrivera à Bamako dans les prochains jours, commencera son travail en février.  M. Mayr-Harting a souligné que des progrès politiques sont cruciaux pour assurer la stabilité du Mali à long terme, avant d’appeler les autorités maliennes à adopter et mettre en œuvre le plus rapidement possible une feuille de route visant à rétablir la démocratie et l’ordre constitutionnel.  Il a appelé à un dialogue national inclusif ouvert aux populations du nord et à tous les groupes rejetant le terrorisme et reconnaissant l’intégrité territoriale du pays.  L’armée, a-t-il également insisté, devrait être réformée et soumise au pouvoir civil.  Dès que les conditions seront réunies, l’Union européenne sera déterminée à reprendre graduellement sa coopération pour le développement et à débourser rapidement les fonds prévus, a-t-il assuré.  Avant de conclure, M. Mayr-Harting a mis l’accent sur la nécessité d’établir une coordination efficace entre acteurs humanitaires sous les auspices de l’ONU et appelé toutes les parties concernées à accorder un accès humanitaire sans entrave aux populations dans le besoin, tout en garantissant la sécurité des travailleurs humanitaires.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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