AG/COL/3255

Le Comité spécial de la décolonisation entend des pétitionnaires plaider pour le changement de statut de Porto Rico et sa réinscription sur la liste de la décolonisation

17/06/2013
Assemblée généraleAG/COL/3255
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial chargé d’étudier la situation               

en ce qui concerne l’application de la Déclaration         

sur l’octroi de l’indépendance aux pays

et aux peuples coloniaux

5e & 6e séances – matin & après-midi


LE COMITÉ SPÉCIAL DE LA DÉCOLONISATION ENTEND DES PÉTITIONNAIRES PLAIDER POUR LE CHANGEMENT DE STATUT DE PORTO RICO

 ET SA RÉINSCRIPTION SUR LA LISTE DE LA DÉCOLONISATION


Le Comité demande aux États-Unis d’engager un processus pour que

 le peuple portoricain exerce son droit à l’autodétermination et à l’indépendance


Après l’audition aujourd’hui de 40 pétitionnaires sur la question de Porto Rico, le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (Comité spécial des Vingt-Quatre), a, cet après-midi, demandé de nouveau au Gouvernement des États-Unis d’Amérique d’assumer la responsabilité qui lui incombe d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, et ce, aux termes d’une résolution contenant une décision adoptée par consensus.


« Après 115 ans de domination coloniale, le peuple de Porto Rico n’a toujours pas perdu son identité », a observé le représentant de Cuba en présentant le projet de texte.  À l’instar des autres coauteurs de ce texte (Bolivie, Équateur, Nicaragua et Venezuela), le représentant de la République islamique d’Iran, parlant au nom du Mouvement des non-alignés, a réaffirmé le droit à l’indépendance et à l’autodétermination de ce peuple.


Les coauteurs de ce texte, qui est adopté pour la quatorzième année consécutive, ont rappelé l’appui de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) aux Portoricains.  « Porto Rico fait partie de notre Amérique », a lancé la représentante du Nicaragua.  Son homologue de l’Équateur a évoqué l’adoption, en février 2012, de la Déclaration spéciale d’appui au peuple portoricain par l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique.


De nombreux pétitionnaires ont commenté le résultat du référendum tenu le 6 novembre 2012 à Porto Rico, qui avait pour but de déterminer le statut définitif de l’île caribéenne en choisissant entre trois options: conserver le statut actuel d’« État libre associé aux États-Unis », qui date de 1953; devenir un État fédéré des États-Unis; ou, choisir l’indépendance.  Avec un fort taux de participation (80%), ce référendum a permis de constater que la majorité des votants (54%) refusait le maintien du statut actuel.


Parmi les votants, 61% se sont prononcés en faveur de l’annexion par les États-Unis de Porto Rico qui deviendrait alors le cinquante et unième État des États d’Unis d’Amérique.  Un représentant de ce courant, du « New Progressive Party », a souligné l’injustice du statut actuel.  Il a comparé le fait que les États-Unis adoptent et imposent à l’île les lois applicables à Porto Rico avec l’interdiction faite aux Portoricains de voter lors des élections américaines. 


Les pétitionnaires indépendantistes ne se sont pas privés de critiquer la consultation de 2012, notamment au motif qu’elle n’avait pas inclus les membres de la diaspora portoricaine.  D’autres ont souligné l’inutilité d’un référendum dont le résultat n’était pas juridiquement contraignant.  Le pétitionnaire du Comité de Porto Rico aux Nations Unies (COPRONU) a, pour sa part, accusé le parti annexionniste portoricain d’avoir manipulé les données du plébiscite en prenant en compte dans son calcul les 15 000 bulletins blancs déposés.


Les indépendantistes ont aussi demandé que l’Assemblée générale des Nations Unies inscrive à nouveau Porto Rico sur la liste des territoires non autonomes.


Outre la question du statut de l’île, les pétitionnaires ont abordé les problèmes qui se posent sur le plan économique et social, notamment l’absence d’un véritable système de santé à Porto Rico et le fort taux actuel de chômage (40%).  Plusieurs se sont élevés contre l’imposition de la peine de mort, décidée par sept fois à Porto Rico entre 2003 et 2013, alors que les Portoricains la rejettent.  En outre, ont relevé de nombreux intervenants, il est curieux que la justice soit rendue en anglais à Porto Rico, alors que cette langue étrangère n’est maitrisée que par 10% de la population, dont la très grande majorité est hispanophone.


En ce qui concerne la situation des prisonniers politiques, le Comité a demandé à nouveau au Président des États-Unis de libérer Oscar López Rivera, détenu depuis plus de 30 ans, ainsi que Norberto González Claudio, qui tous les deux purgent leurs peines dans des prisons américaines.  Cet appel a été relayé par de nombreux pétitionnaires.  M. López Rivera détient le triste record de la plus longue détention politique, celle qui lui est imposée ayant dépassé celle qu’a subie Nelson Mandela dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, ont fait remarquer plusieurs intervenants.


Par le texte adopté, le Comité se déclare également préoccupé par les actes commis contre des indépendantistes et souhaite que des enquêtes soient menées sur leur situation.  En outre, il prie instamment le Gouvernement des États-Unis de mener à son terme la restitution de l’ensemble des terrains anciennement occupés par sa marine de guerre et celle des installations de l’île de Vieques et de Ceiba, et d’accélérer le nettoyage et la dépollution des zones touchées par les manœuvres militaires américaines.  Plusieurs pétitionnaires ont appuyé cette demande, soulignant les dangers qu’encourent les habitants de cette île en ce qui concerne leur santé.


Le Comité spécial des Vingt-Quatre tiendra sa prochaine réunion demain, mardi 18 juin 2013, à 10 heures.


DÉCISION DU COMITÉ SPÉCIAL EN DATE DU 18 JUIN 2012 CONCERNANT PORTO RICO


Rapport du Rapporteur du Comité spécial, Bashar Ja’afari (République arabe syrienne) A/AC.109/2013/L.13


Ce rapport passe en revu les grandes lignes de l’évolution de la situation politique, militaire et économique à Porto Rico.


Il indique notamment qu’un plébiscite (le quatrième en 45 ans) a été organisé à Porto Rico le 6 novembre 2012, auquel 80% de l’électorat a pris part, à la suite duquel 54% de l’électorat portoricain s’est opposé au maintien du statut politique actuel de Porto Rico.


Depuis, le Gouverneur Alejandro García Padilla, membre du Partido Popular Democrático (PPD), a déclaré publiquement qu’en l’absence de décision du Congrès des États-Unis sur le statut politique de l’île avant la fin de l’année 2013, le PPD promouvrait une loi visant à convoquer une assemblée constituante.


Le rapport relève que la question des prisonniers se pose à Porto Rico, un certain nombre d’organisations portoricaines et de responsables politiques et associatifs faisant valoir depuis des années qu’il s’agit de prisonniers politiques condamnés à des peines trop lourdes.  Le cas d’Oscar López Rivera, aujourd’hui âgé de 70 ans, détenu depuis 31 ans, et qui se trouve actuellement dans une prison fédérale de l’Indiana est le plus marquant. Les manifestations en faveur de sa libération se poursuivent.  Oscar López Rivera est, selon de nombreux observateurs, le prisonnier politique ayant connu la plus longue incarcération de l’histoire portoricaine et mondiale, indique le rapport.   


Le rapport explique que les États-Unis conservent depuis 1953 la même position quant au statut de Porto Rico et la compétence des organes des Nations Unies pour l’examiner en s’appuyant sur la résolution 748 (VIII) par laquelle l’Assemblée les a déchargés des obligations que leur imposait le Chapitre XI de la Charte des Nations Unies.  Les États-Unis affirment notamment que Porto Rico a exercé son droit à l’autodétermination, est pleinement autonome, s’est prononcé librement et démocratiquement en faveur du statut d’État libre associé aux États-Unis et, en conséquence, ne relève plus de la compétence de l’ONU.  Les Portoricains favorables à la décolonisation et à l’indépendance contestent cette affirmation.


De son coté, l’Assemblée générale a exprimé sa conviction, au paragraphe 9 de la résolution 748 (VIII), qu’il serait dûment tenu compte de la volonté du peuple portoricain et de celle du peuple des États-Unis dans le cas où l’une ou l’autre des parties à l’association consentie d’un commun accord désirerait apporter une modification aux termes de cette association.


Déclarations


M. MOHAMMAD REZA SAHRAEI (Iran),intervenant au nom du Mouvement des non-alignés (MNA), a réaffirmé la position du Mouvement concernant la question de Porto Rico, laquelle figure dans le Document final du seizième Sommet des chefs d’État et de gouvernement des États membres du Mouvement des non-alignés qui s’est déroulé à Téhéran, en Iran, en août 2012, ainsi que dans le Document final de la dix-septième Réunion ministérielle du MNA, qui a eu lieu à Charm el-Cheikh, en Égypte, au mois de mai 2012.  Cette position, a-t-il précisé, réaffirme le droit à l’indépendance et à l’autodétermination du peuple de Porto Rico.


Le représentant s’est félicité du fait que, ces dernières années, le Comité des 24 a adopté ses résolutions sur la question de Porto Rico par consensus.  Il a ensuite exhorté le Gouvernement des États-Unis à assumer ses responsabilités en accélérant le processus qui permettra au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’indépendance et à l’autodétermination.  Il a également réclamé la restitution aux Portoricains des terres occupées par la Puissance administrante dans l’île de Vieques, ainsi que celle de la base navale « Roosevelt Roads ».


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a déclaré que sa délégation partageait les propos du représentant de la République islamique d’Iran, qui s’est exprimé au nom du Mouvement des non-alignés.  Porto Rico était un pays des Caraïbes depuis 115 ans lorsque s’y est établi le colonialisme des États-Unis, a-t-il rappelé.  Historiquement, le peuple vénézuélien a toujours soutenu le peuple portoricain, a-t-il souligné, rappelant la position de son pays, qui est favorable au droit du peuple portoricain à l’autodétermination.  Il a indiqué que les fondements philosophiques de ce droit sont les mêmes que ceux qui ont inspiré les fondateurs du Venezuela.  Il a parlé de la « nouvelle ère historique qui s’ouvre en ce XXI siècle », soulignant que les situations coloniales vont à l’encontre de l’esprit de la Charte des Nations Unies.  Depuis sa création, a-t-il rappelé, le Comité des 24 a adopté 31 résolutions et décisions sur la question de Porto Rico.  Le représentant a ensuite mis l’accent sur le sort des prisonniers politiques portoricains, détenus à cause de leur militantisme en faveur de l’indépendance.  Il a indiqué que le Venezuela se portait coauteur du projet de résolution présenté par Cuba, avant d’appeler les membres du Comité à adopter ce texte par consensus.


M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a dit que son pays soutient le droit à l’exercice de sa souveraineté et de son indépendance du peuple portoricain et a appelé le Gouvernement des États-Unis à permettre aux Portoricains de librement l’exercer.  Il a également réclamé la restitution aux Portoricains des terres qui continuent d’être occupées par les États-Unis.  Le représentant a ensuite rappelé l’appui de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) aux Portoricains.  Il a également évoqué l’adoption, en février 2012, de la Déclaration spéciale d’appui au peuple portoricain par l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique.


Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a dit que sa délégation élevait sa voix en faveur de l’indépendance de Porto Rico, qui, a-t-elle déclaré, « fait partie intégrante de notre Amérique ».  Elle a souhaité que le débat sur cette question aboutisse à la reconnaissance de la souveraineté totale du peuple portoricain.  « Après 100 ans d’intervention coloniale dans ce pays frère, 31 résolutions et décisions ont été adoptées par le Comité des 24 dans le cadre du processus de décolonisation », a-t-elle rappelé.  Elle a demandé à l’Assemblée générale d’examiner une fois pour toutes tous les aspects de cette situation coloniale et de mettre en œuvre ses résolutions.  Elle a aussi souligné le caractère latino-américain caribéen de Porto Rico, qui indique son appartenance à la CELAC.  Elle a exigé la libération immédiate des prisonniers politiques portoricains et a notamment mentionné le cas d’Oscar López Rivera, qui détient le triste record d’être le détenu politique le plus longuement emprisonné, la durée de son incarcération dans les geôles américaines dépassant celle de 27 années qu’a connue Nelson Mandela en Afrique du Sud.  Enfin, elle a demandé que le projet de résolution présenté aujourd’hui soit adopté par consensus.


M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a souligné l’importance du projet de décision du Comité des 24 qui traite de la question de Porto Rico.  Porto Rico, a-t-il déclaré, est une nation latino-américaine soumise depuis trop longtemps au joug impérial des États-Unis, et il est impérieux d’assurer son retour dans la famille latino-américaine.  Le représentant a également dénoncé la poursuite de l’incarcération, qu’il a estimée inhumaine, d’Oscar López Rivera.


M. KOUSSAY ABDULJABBAR ALDAHHAK (République arabe syrienne) a indiqué que, le 25 juillet prochain marquera le cent quinzième anniversaire de l’intervention américaine à Porto Rico.  Cela fait plus de 35 ans que nous examinons cette question qui a donné lieu à 31 décisions et résolutions du Comité, a-t-il rappelé.  Porto Rico fait partie de l’Amérique latine et des Caraïbes, a-t-il estimé, avant d’exiger qu’il soit permis au peuple de Porto Rico d’exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance.  Le représentant a regretté que les Portoricains militant dans ce sens aient été victimes de violence à cause de leur engagement.  Il a espéré que le projet de résolution soumis aujourd’hui au Comité serait adopté par consensus, comme cela s’est fait les années précédentes.  Enfin, il a demandé aux Nations Unies de s’engager sans retard dans l’application de ce texte.


Adoption de la résolution ( A/AC.109/2013/L.6)


Aux termes de cette décision, le Comitéréaffirmele droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, et à l’applicabilité à Porto Rico des principes fondamentaux énoncés dans cette résolution.


Le Comité demande de nouveauau Gouvernement des États-Unis d’Amérique d’assumer la responsabilité qui lui incombe d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance dans l’application intégrale de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale et des résolutions et décisions du Comité spécial relatives à Porto Rico.


Le Comité se déclare en outre gravement préoccupé parles actes commis contre desindépendantistes et souhaite que des enquêtes soient menées sur ces actes avec tout le sérieux nécessaire et avec la coopération des autorités compétentes.


Il prie instamment le Gouvernement des États-Unis de mener à son terme la restitution à ce peuple de l’ensemble des terrains anciennement occupés et des installations de l’île de Vieques et de Ceiba, et d’accélérer l’exécution et la prise en charge du nettoyage et de la dépollution des zones touchées par les manœuvres militaires.


Le Comité demande par ailleurs de nouveau au Président des États-Unis de libérer les prisonniers politiques suivants, qui accomplissent dans des prisons américaines des peines pour des raisons touchant à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico: Oscar López Rivera, qui est détenu depuis plus de 30 ans et dont la situation a un caractère humanitaire, et Norberto González Claudio, qui a été arrêté plus récemment.


Déclaration après adoption


M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a remercié les membres du Comité des 24 pour le soutien qu’ils ont apporté au texte adopté ce matin.  Il s’est félicité que la décision ait été adoptée par consensus.  Il a fait une analogie avec l’histoire de son pays, qui a été victime de la même société esclavagiste qui a sévi partout dans les Caraïbes, et notamment à Cuba.  Notre héros national, José Martí, rêvait d’ailleurs de libérer les deux terres, a-t-il rappelé.  Il a aussi fait référence aux nombreux Portoricains qui ont lutté dans les rangs cubains en faveur de l’indépendance de l’île de Cuba et de son peuple.  En 1948, a-t-il rappelé, le jeune Fidel Castro avait organisé à Bogota un congrès d’étudiants pour exiger, entre autres, l’indépendance de Porto Rico.  Il a aussi comparé le sort d’Oscar López Rivera avec celui des cinq héros historiques de Cuba.  La présentation par Cuba du projet de décision devant le Comité est l’illustration de notre engagement historique en faveur du peuple frère de Porto Rico, a-t-il ajouté, exprimant la solidarité sans faille de son pays envers la cause du peuple portoricain.


Audition des pétitionnaires


Mme ANA IRMA RIVERA LASSÉN, de la Faculté de droit de Porto Rico, s’est dite convaincue de l’importance de régler la question de Porto Rico par consensus.  Elle a également insisté sur l’importance de « tenir compte de la réalité géopolitique et de la complexité de la question de Porto Rico », pour ensuite dénoncer le fait que les décisions qui régissent la vie à Porto Rico soient prises « en dehors de son espace géopolitique », et que le « pays » lui-même ne soit pas partie à ces fora de prise de décisions.  Porto Rico, a-t-elle notamment déploré, n’est pas État partie à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et ne peut pas non plus jouir du statut d’État Membre auprès de l’ONU.


Mme Lassén a ensuite indiqué que les habitantes de l’île de Vieques, connaissent les mêmes situations que les femmes ayant subi les réalités de la vie dans une situation d’occupation armée, mais qu’il n’existe aucun organe de recours pour la population portoricaine.  Elle a reconnu que le Président Obama avait lancé des initiatives relatives à la situation à Porto Rico, mais a regretté que celles-ci ne soient pas suivies d’effet et n’aient pas de caractère contraignant.


M. HÉCTOR PESQUERA SEVILLANA, du Mouvement indépendantiste national Hostosiano, a rappelé que « 62 années s’étaient écoulées depuis la création d’un État libre associé en ce qui concerne Porto Rico ».  Il a rappelé que, l’an dernier, 54% des électeurs de Porto Rico avaient refusé l’actuel statut territorial, ce à quoi les États-Unis ont répondu en souhaitant organiser un autre plébiscite.  Les États-Unis n’ont pas l’intention de laisser le peuple de Porto Rico exercer son droit à l’autodétermination, en a-t-il déduit, expliquant que le nouveau plébiscite envisagé ne serait pas contraignant sur le plan juridique et ne prévoirait pas la participation des Portoricains vivant sur le territoire des États-Unis.  Il a aussi dénoncé l’assassinat politique de Santiago Maria Pesqueira, commis le 24 mars 1976, ainsi que l’obstruction concernant l’accès à la justice, qui ne permet pas de faire la lumière sur cet évènement.  Il a demandé au Président des États-Unis de lever le secret sur tout ce qui concerne cet assassinat.  Enfin, il a dénoncé la longue détention de Carlos Alberto Torres et demandé la libération immédiate d’Oscar López Rivera des prisons américaines.


M. RAMÓN NENADICH, parlant au nom de l’« État souverain de Boriken  », a dénoncé le « régime d’apartheid » imposé par les États-Unis aux habitants de Porto Rico, ainsi que l’occupation militaire illégale des États-Unis qui contrôle, par ailleurs, près de 25 domaines de la vie publique des Portoricains.  Le pétitionnaire s’est également inquiété du fait que Porto Rico « s’est transformé en centre de production et de trafic de narcotiques le plus important du monde ».  On prétend que sans les États-Unis, Porto Rico serait plongé dans une crise encore plus grave, mais ce n’est là qu’une nouvelle version de la vieille rengaine qui veut que le colonisé ne puisse vivre sans le colonisateur ou l’esclave sans le maître qui l’asservit, a-t-il accusé.


Le pétitionnaire a poursuivi son intervention en réclamant l’instauration d’un nouveau dialogue sur l’indépendance.  La nation « Boriken », qui a été appelée Porto Rico par les colonisateurs espagnols, doit retrouver sa liberté, a-t-il insisté.  Le pétitionnaire a ensuite appelé le Comité à exiger du Gouvernement des États-Unis qu’il présente un document légitime de son prétendu droit de propriété sur Boriken.  Il a également appelé le Comité à souligner que les actes des autorités des États-Unis sont une violation de la Charte et à les exhorter à restituer la propriété du territoire « portoricain » à ses habitants légitimes et à libérer les prisonniers politiques.


Mme ILEANA CINTRÓN CRUZ, de la Commission des études sur le statut de Porto Rico et son impact sur les politiques sociales, a donné la perspective des travailleurs sociaux de Porto Rico sur les effets de la colonisation américaine du territoire, qui est un problème qui entrave le développement économique et social du peuple portoricain.  Elle a rappelé que des milliers de Portoricains avaient servi dans des guerres étrangères menées par les États-Unis et n’en étaient jamais revenus.  Elle a aussi dénoncé les politiques de deux poids deux mesures appliquées en matière sociale à Porto Rico par les États-Unis.  En outre, la profession des travailleurs sociaux à Porto Rico a perdu sa véritable essence et est devenue une activité purement « palliative », a-t-elle reconnu, tout en assurant que la profession essayait de retrouver son vrai rôle et toute sa place à Porto Rico.  Mme Cruz a plaidé en faveur de l’autodétermination de Porto Rico, qui passe par l’éducation de la population et des amis de Porto Rico pour les sensibiliser sur les effets négatifs du colonialisme en matière économique et sociale. 


M. OSVALDO TOLEDO, SR., du Comité de Porto Rico aux Nations Unies (COPRONU), a dénoncé les tentatives de destruction de la culture portoricaine menées par les États-Unis, ainsi que les politiques d’assimilation qui ont notamment vu certaines municipalités rebaptisées avec des noms anglophones.  Il a également dénoncé le fait que Porto Rico ait été exclu de la liste des territoires non autonomes.  Le pétitionnaire a ensuite attiré l’attention sur le fait que la peine de mort avait été interdite par les autorités portoricaines depuis près de sept décennies, mais que les autorités américaines continuent de se réserver néanmoins le droit de l’appliquer pour des délits perpétrés sur le territoire portoricain.  M. Toledo Sr a également dénoncé les peines « disproportionnées » imposées aux prisonniers politiques portoricains par les États-Unis, ainsi que le fait que le nettoyage et la décontamination de l’île de Vieques n’aient toujours pas été achevés.  On a créé le mythe de « l’avantage fédéral » en fournissant aux familles désœuvrées des allocations pour leur permettre de consommer des produits américains, ce qui crée par la suite une mentalité de dépendance au sein de la population, a-t-il dénoncé.


Le pétitionnaire a ensuite accusé le parti annexionniste d’avoir manipulé les données du plébiscite en prenant en compte dans son calcul les 15 000 bulletins blancs déposés.  M. Toledo Sr a critiqué l’organisation et la tenue du plébiscite, mettant en cause sa légitimité et celle des résultats proclamés.  Le pétitionnaire a également affirmé que les plébiscites à Porto Rico demeureront un exercice futile tant que leurs résultats ne seront pas contraignants.  Le peuple portoricain doit être souverain afin de pouvoir réellement négocier avec les États-Unis, a-t-il souligné.


M. MANUEL RIVERA, du mouvement « Portoricains unis dans l’action » (PUA), a dénoncé la doctrine expansionniste que pratiquent les États-Unis dans les Caraïbes.  Il a fait l’historique des politiques américaines, allant de celle du Président Eisenhower à celle du Président Obama, qui fait mener des études sur le statut d’État, qui cependant n’aboutissent à rien.  La seule chose qui perdure à Porto Rico est la politique de domination des Américains, a-t-il constaté.  Il a regretté qu’aucune loi ne permette de convoquer une assemblée constitutionnelle à Porto Rico et que les Portoricains de la diaspora ne puissent participer à aucun référendum organisé dans leur terre d’origine.  L’exclusion de la diaspora du processus de consultations est une limite importante imposée à l’exercice du droit des peuples à l’autodétermination, a-t-il dénoncé.  Il a aussi mis en accusation le fait que de nombreux résidents étrangers à Porto Rico puissent, curieusement, participer aux consultations et plébiscites organisés sur le territoire.  Le représentant a également demandé la libération des prisonniers politiques, notamment pour M. Oscar López Rivera. 


Mme CAROL SOSA SANTIAGO, de la Coalition portoricaine contre la peine de mort, a souligné que l’application de la peine capitale à Porto Rico porte atteinte au droit à la vie des Portoricains, qui n’ont pas choisi eux-mêmes cette mesure.  Elle a expliqué que la peine de mort a été répudiée par les autorités de Porto Rico depuis 1929, et que cette position a été érigée en élément constitutionnel en 1952.  Et pourtant, a-t-elle déploré, les autorités américaines portent atteinte à ces décisions en imposant aux Portoricains une loi sur la peine de mort.  Elle a également fait observer que le processus judiciaire et les jugements, guidés par la loi des États-Unis, sont discriminatoires.  C’est une soumission des Portoricains à la volonté d’une autorité étrangère.  Les procédures judiciaires se font entièrement en anglais à Porto Rico, une langue qui n’est maitrisée que par 10% de la population dont la langue véhiculaire est l’espagnol, a dénoncé Mme Sosa Santiago.  Entre 2003 et 2013, a-t-elle poursuivi, il y a eu sept jugements aboutissant à la peine de mort à Porto Rico.  Les décisions concernant 12 autres cas pourraient par ailleurs être prises prochainement, a-t-elle regretté.  La pétitionnaire a réclamé une action immédiate et urgente du Comité au sujet de l’imposition de la peine de mort à Porto Rico, en exhortant notamment les États-Unis à imposer un moratoire sur la certification de peines de mort prononcées dans le territoire portoricain.


M. PEDRO PIERLUISI, du « New Progressive Party  », a rappelé que 54% des électeurs portoricains ne veulent pas que le statut actuel de Porto Rico soit maintenu.  Il a indiqué parler « au nom des hommes et des femmes qui portent fièrement le drapeau portoricain dans une main et le drapeau américain dans l’autre ».  Le statut d’État est dans le meilleur intérêt de Porto Rico, a-t-il estimé.  Il a indiqué que le mouvement allant dans ce sens était devenu le courant dominant à Porto Rico.  Il a averti que le Congrès américain pourrait retirer à tout moment à Porto Rico les pouvoirs qu’il lui a conférés.  D’un coté, ce sont les États-Unis qui adoptent les lois applicables à Porto Rico, mais de l’autre les Portoricains eux, ne peuvent pas voter lors des élections américaines, a-t-il fait remarquer.  « En tant que Commissaire résident, je connais l’injustice de notre statut actuel », a dit M. Pierluisi, souhaitant que Porto Rico ne soit pas exclu des lois américaines portant sur la sécurité aux frontières et de celles ayant trait aux questions sociales.  Même si l’actuel Président des États-Unis a une forte affinité pour Porto Rico, il n’a pas besoin de nos voix puisque nous n’avons pas de droit de vote dans les élections américaines, a-t-il ajouté.  Enfin, il a assuré que « le peuple portoricain donnait clairement la préférence à un statut qui ferait de Porto Rico un État à part entière de la fédération des États-Unis d’Amérique.


M. GERARDO LUGO SEGARRA, du Parti nationaliste de Porto Rico, a dénoncé les « politiques génocidaires » imposées par les États–Unis à la population portoricaine.  Avec des élections de type colonial, les États-Unis ont créé l’illusion d’une démocratie, mais Porto Rico reste en réalité un territoire sous tutelle militaire américaine, et toute participation aux « élections » organisées par cette tutelle ne fait que perpétuer le colonialisme américain à Porto Rico, a dit M. Segarra.  Il a fait observer que, proportionnellement, la dette extérieure de Porto Rico est 5 fois plus élevée que celle des États-Unis, ce qui est une situation totalement absurde.  Le pétitionnaire a également dénoncé l’absence d’un véritable système de santé à Port Rico, ainsi que les incitations à la consommation menée par les intérêts américains, qui font que Porto Rico dispose pratiquement d’autant de voitures que d’habitants.  Le pétitionnaire a également dénoncé l’absence de politique de recyclage et le projet d’installer sept centres d’incinération de déchets, ce qui transformera Porto Rico en une véritable poubelle, a-t-il estimé.  Il a également réclamé la libération des prisonniers politiques.  Le pétitionnaire a par ailleurs regretté que pour tout ce qui concerne la politique, l’administration et la vie publique, les acteurs politiques portoricains s’expriment en anglais.  « Leurs discours sont donc incompréhensibles pour 80% des la population de Porto Rico », a-t-il fait remarquer.


M. OSVALDO TOLEDO JR., de l’Association américaine des juristes, a rappelé que, par sa résolution 748, l’Assemblée générale avait envisagé la souveraineté politique d’un État autonome comme statut pour Porto Rico.  Notre peuple est complètement handicapé depuis 1878, a-t-il dit, expliquant qu’à ses yeux, cela était le résultat d’une association concertée mise en place par les États-Unis.  Il a plaidé en faveur d’un « transfert de pouvoirs pour déterminer notre condition politique ».  Il a estimé que les États-Unis avaient violé pendant des siècles les droits fondamentaux des Portoricains.  Il a aussi dénoncé 60 années de dégradation des terres portoricaines par les États-Unis, précisant que la lutte continuait pour obtenir la démilitarisation et la dépollution des terrains servant de champs de tirs et d’essais pour l’armée et la marine des États-Unis.  Nous militons aussi pour l’abolition de la peine de mort à Porto Rico, a ajouté M. Toledo Jr, avant de demander la libération du prisonnier politique Oscar López Rivera, emprisonné depuis plus de 30 ans par les États-Unis alors qu’il n’a jamais été jugé coupable d’aucun fait. 


M. JORGE BENITEZ NAZARIO, de la Fondation « action démocratique portoricaine  », a dénoncé le fait que l’ONU « n’ait pas été en mesure de lancer un processus de décolonisation efficace de Porto Rico ».  Il a dénoncé la précarité dans laquelle se trouvent les Portoricains, 65% de la population vivant d’allocations de types divers et 40% étant en chômage de longue durée.  La dette publique de Porto Rico est semblable à celle du Mexique, a-t-il relevé en comparant l’endettement des 3,7 millions de Portoricains à celui des 117 millions de Mexicains.  Ce qui existe de capital à Porto Rico est très inégalement distribué, a déploré le pétitionnaire.  En outre, le « Gouvernement portoricain connait actuellement une crise budgétaire profonde qui menace l’ensemble de ses actifs », a-t-il ensuite indiqué.  Le pétitionnaire a rappelé que lors du dernier plébiscite, la majorité de la population portoricaine s’était prononcée contre le maintien du statut actuel de l’île, mais que les autorités fédérales américaines ont refusé de réagir à cette demande.  Il a également dénoncé le fait que les demandes concernant le nettoyage et la décontamination des terres qui ont servi pendant de longues années à des exercices de bombardement menés par la marine de guerre américaine à Vieques soient à ce jour restées lettre morte.


M. JUAN DALMAU, Secrétaire général du Parti indépendantiste portoricain, a accusé les États-Unis de faire fi de leur obligation de décoloniser Porto Rico.  Il a fait référence à la consultation organisée au mois de novembre dernier, au terme de laquelle une majorité écrasante de 54% des électeurs portoricains ont refusé que soit prolongé le statut territorial actuellement imposé à Porto Rico.  « C’est sans précédent! » a-t-il observé, notant le refus ferme opposé par le peuple portoricain à la situation de dépendance et au régime colonial que lui imposent les États-Unis.  « Le colonialisme est interdit par le droit international », a-t-il rappelé, plaidant en faveur d’un processus politique qui aboutisse à la décolonisation de Porto Rico.  « Les États-Unis devront assumer leur responsabilité et engager ce processus », a-t-il déclaré.  Il a aussi souligné la « clameur assourdissante » qui s’élève en faveur de la libération d’Oscar López Rivera.  Enfin, il s’est réjoui que les appels en faveur de la décolonisation de la Polynésie française aient été entendus en avril dernier et se soient traduits par l’inclusion de ce territoire sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser.  Il a souhaité que Porto Rico soit aussi ajouté à la liste des territoires non autonomes.


M. EDUARDO VILLANUEVA MUÑOZ, du Comité des droits de l’homme de Porto Rico, a souligné qu’Oscar López Rivera n’a pas été incarcéré pour un délit précis, ce qui est la preuve irréfutable du caractère politique de son incarcération.  « Les autorités fédérales américaines aimeraient que l’on considère la forme d’esclavage imposée aux Portoricains comme une option démocratique, et c’est contre cela qu’Oscar a mené son combat », a déclaré M. Villanueva Muñoz.  Le pétitionnaire a ensuite évoqué les souffrances qu’a connues sa famille, et notamment sa fille, du fait de son incarcération par les autorités américaines.  M. Muñoz a estimé qu’Oscar López Rivera « est le meilleur exemple d’un homme libre qui a agi « dans les entrailles du monstre » pour lutter contre le crime et la discrimination dont est victime son peuple ».  On ne saurait effacer son combat par l’isolement et la torture, a souligné le pétitionnaire qui a ensuite réclamé la libération « immédiate et inconditionnelle » de M. López Rivera.


M. HERIBERTO MARTÍNEZ RIVERA, de la Coalition œcuménique et interreligieuse de Porto Rico, a rappelé la responsabilité qu’a l’Église de participer à la résolution du problème à Porto Rico, sa mission étant d’y répondre aux nécessités humaines et d’œuvrer en faveur de la justice.  Il a signalé la hausse de la criminalité et du chômage, ainsi que le manque d’éducation et les problèmes de santé qui assombrissent l’avenir des Portoricains.  À ces réalités douloureuses, s’ajoutent les discours démagogues des dirigeants des partis politiques, a-t-il regretté.  Il a rappelé que les droits qui ont marqué la fondation des États-Unis sont les mêmes que ceux que revendiquent depuis longtemps les Portoricains.  Il a enfin réclamé la libération du prisonnier politique Oscar López Rivera et appelé à respecter les textes sacrés de l’Évangile.


M. LUIS VEGA RAMOS, du mouvement PROELA, s’est prononcé contre « l’annexion » de Porto Rico par les États-Unis par l’intermédiaire du statut « d’État libre et souverain », et a dénoncé le « pseudo » plébiscite de 2012.  Il a exhorté l’ONU à imposer aux États-Unis un délai précis au cours duquel devra être trouvée une solution à la question du statut de Porto Rico.  Il a souligné qu’il est faux de dire que l’annexion opérée par les États-Unis jouit de l’appui de 61% des électeurs portoricains.  Si on y ajoute les bulletins blancs et autres formes d’abstention, ce pourcentage ne dépasse pas en fait les 45%, a-t-il affirmé.  Le pétitionnaire a par ailleurs voulu qu’en l’absence d’une action ou d’une décision du Président Obama sur la résolution de la question du statut de Porto Rico avant la fin de l’année 2013, l’Assemblée constituante de Porto Rico se saisisse de la question.  M. Ramos a ensuite évoqué le trente-deuxième anniversaire de l’incarcération d’Oscar López Rivera et a réclamé sa libération.


M. RICARDO ROSSELLÓ NEVARES, du Mouvement « Boricua, Ahora Es!  », a rappelé la forte participation des électeurs, qu’il a estimée de 78%, à la consultation du 6 novembre 2012 qui a refusé l’option faisant de Porto Rico une colonie.  Depuis lors, le peuple portoricain fait face à la remise en question du résultat du vote par le Gouvernement américain, a-t-il regretté.  Il a demandé que soit envoyé par l’Assemblée générale un message clair au Congrès des États-Unis, message qui se traduirait par l’adoption, à Washington, d’un acte d’admission qui fasse de Porto Rico un État fédéré.  Sous l’ombrelle des Nations Unies et du Comité spécial, nous pouvons dénoncer le statut colonial qui prévaut à Porto Rico, a rappelé le représentant.  L’ONU a les pouvoirs d’agir très clairement sur cette question, a-t-il ajouté, alors que Porto Rico n’en a pas les moyens, n’ayant pas dans ses mains les rênes de son propre avenir.  L’heure est venue de respecter le droit inaliénable du peuple de Porto Rico à l’autodétermination, a souligné M. Rosselló Nevares.  Il a conclu en demandant d’intégrer Porto Rico à la liste des colonies ou des territoires non autonomes, afin que les États-Unis commencent à rendre à la communauté internationale des comptes à ce sujet.


M. NELSON ROCHET-SANTORO, du Conseil des anciens combattants et des soldats de Porto Rico, a dénoncé le fait que malgré toutes les résolutions approuvées par le Comité, Porto Rico reste dans une situation de colonialisme « grave et patent ».  Il s’est également insurgé contre le classement racial dont a été l’objet la population portoricaine, pourtant « fière de sa mixité », dans le but de lui imposer, a-t-il estimé, un statut politique et juridique inférieur.  L’État libre associé de Porto Rico dont on parle aujourd’hui n’est ni libre ni associé, car il a été dépouillé de ses droits souverains, a-t-il déclaré.  Le pétitionnaire a également dénoncé le fait que les Portoricains étaient traités « comme des marchandises ».  Le Président Bush, a soutenu M. Rochet-Santoro avait dit que les Portoricains pouvaient être cédés et négociés, « comme s’ils étaient une marchandise », a-t-il indiqué.  Nous réclamons, respect, honneur et dignité; car nous sommes des êtres humains à part entière, a dit M. Rochet-Santoro.  Il a déploré que le Congrès américain n’ait pas l’intention de respecter le résultat du plébiscite du mois de novembre 2012.


M. JESUS MANGUAL CRUZ, représentant de la diaspora portoricaine, a rappelé que le Gouvernement des États-Unis avait la liberté d’abandonner sa souveraineté sur Porto Rico, comme l’Espagne l’avait fait autrefois.  Il a regretté que Porto Rico ait été transformé en simple « bastion géopolitique des États-Unis », et a demandé que l’île soit respectée sur le plan politique par les États-Unis en lui accordant le droit à l’autodétermination.  Il a aussi dénoncé l’imposition de l’anglais, « la langue du colonisateur » à Porto Rico, alors qu’une faible minorité de la population portoricaine parle cette langue.  L’archipel de Porto Rico appartient au peuple de Porto Rico, a-t-il souligné.  Il a plaidé vigoureusement en faveur de l’octroi du droit de vote aux membres de la diaspora portoricaine dans tout nouveau référendum ayant trait à l’exercice de l’autodétermination.


M. JUAN ANTONIO CASTILLO AYALA, Coordonnateur de la « Solidaridad Diaspora Boricua (COSODIBO), a parlé de l’augmentation alarmante du nombre de personnes faisant partie la diaspora « boricua » (portoricaine) s’inquiétant plus particulièrement des répercussions de ce phénomène d’exil et d’exode des Portoricains sur Porto Rico.  Suite à la détérioration croissante des conditions de vie due à la situation coloniale qui règne dans l’île, plus de la moitié du peuple portoricain est à présent dispersée en dehors de sa terre d’origine, a-t-il notamment indiqué.  La « patine du colonialisme » ne fait que se renforcer, et la conscience des colonisés s’endort de plus en plus avec le passage du temps, a déploré M. Ayala.  Il s’est également inquiété de l’importante montée du taux important de criminalité qui affecte Porto Rico.  « Notre pays et notre peuple sont en voie d’extinction graduelle », s’est-il alarmé, pour ensuite s’inquiéter des répercussions qu’ont les politiques d’assimilation américaines sur Porto Rico. Notre présence aujourd’hui devant ce Comité est un cri d’alarme anticolonialiste, a déclaré le pétitionnaire qui a par ailleurs dénoncé  le « chantage économique » exercé par les colonialistes sur le peuple portoricain.  Il a ensuite réclamé l’organisation d’un plébiscite sous l’égide de l’ONU.


M. FRANCISCO JORDÁN GARCÍA, de la Coordination nationale des activités de la Montagne des Martyrs, a signalé que des milliers de personnes à Porto Rico ont été placées sous surveillance et soupçonnées de toutes sortes de crimes, en vertu des mesures adoptées et imposées à Porto Rico par le Gouvernement américain.  Il a dénoncé des arrestations arbitraires et des tortures pratiquées sur des militants indépendantistes, et ce, afin de fragiliser l’opposition au colonialisme des États-Unis.  Outre cette surveillance et ces assassinats, nous avons souffert à plusieurs autres égards, a-t-il poursuivi, avant de demander « que soit mis fin au colonialisme et à la domination des États-Unis sur Porto Rico ». 


M. FERNANDO LASPINA, de la « Coordination pour la libération du prisonnier politique Oscar López Rivera  », a expliqué qu’il anime un centre culturel portoricain dans le Bronx, à New York, zone qui abrite la plus importante communauté de la diaspora portoricaine aux États-Unis.  Il a ensuite indiqué que la campagne en faveur de la libération d’Oscar López Rivera avait connu un nouvel élan après que les habitants et élus de 32 villes se soient prononcés en faveur de sa libération.  Trente-deux villes pour bientôt 32 années d’incarcération d’Oscar López Rivera, qui en a passé 12 dans l’isolement totale d’une petite cellule, a-t-il ajouté.  M. Laspina a évoqué la publication d’un livre relatant le parcours de M. Rivera, ainsi que l’organisation d’une campagne de sensibilisation dans d’importantes villes des États-Unis.  Des militants vêtus de costume de prisonnier orange arborant l’inscription « Libérez Oscar López Rivera » ont également défilé au cours de diverses manifestations à New York, a-t-il précisé.  Le pétitionnaire a ensuite réclamé la mobilisation d’une action consensuelle au niveau international pour appuyer la libération d’Oscar López Rivera.


M. MIGUEL REYES WALKER, du Parti national de Porto Rico-Mouvement libérateur, a regretté l’absence aujourd’hui de M. Torres, Président de ce parti, qui a été interdit de sortie du territoire portoricain par le Gouvernement des États-Unis.  Notre Président a été détenu au cours d’un voyage de retour vers Porto Rico alors qu’il était en déplacement au Panama, a-t-il expliqué, s’élevant contre ce genre de mesures qui constituent des violations du droit international par les États-Unis et par les pays qui se prêtent à ces actions.  M. Torres n’a jamais été accusé d’un délit quelconque, a-t-il assuré, dénonçant des mesures répressives et arbitraires contre un militant de l’indépendance de Porto Rico.  En ce qui concerne le référendum de 2012, il a rappelé que la majorité des Portoricains s’était prononcée contre le statut de colonie.  Il a rappelé que tous les systèmes de gouvernance à Porto Rico sont gérés par la puissance coloniale.  Nous sommes surtout une source de recettes pour les États-Unis, a-t-il estimé, donnant le chiffre de 50 milliards de dollars que les entreprises américaines tireraient de l’exploitation de Porto Rico et de ses habitants.  Il a comparé ce pillage du patrimoine national et des ressources humaines portoricaines avec ce qui se faisait au temps de l’Empire romain.  Enfin, il a demandé aux Nations Unies de jouer un rôle actif dans l’élimination du colonialisme.


M. JOHN WARD LLAMBIAS, du « Gran Oriente Nacional de Puerto Rico  », a déclaré qu’il ne suffit pas aux ambassadeurs de signer des déclarations pour mettre un terme à l’assimilation politique, culturelle et linguistique de Porto Rico par les États-Unis.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à mettre un terme au processus d’assimilation de Porto Rico par des intérêts étrangers, « qui ne fait que croitre ».  Il s’agit d’une extermination pure et simple des peuples originels de l’Amérique latine et des Caraïbes, et la bataille que nous menons est une bataille pour la libération de l’ensemble de l’Amérique latine et des Caraïbes, a-t-il indiqué. M. Llambias a ensuite dénoncé le fait qu’aucune élection n’ait été tenue pour apporter une véritable modification au statut politique de Porto Rico.  « Le déroulement des élections à Porto Rico par les États-Unis est une vraie mascarade, et on ne peut prétendre qu’elles sont démocratiques lorsque le résultat est fixé d’avance et prévisible », a-t-il notamment ironisé.  Il a également dénoncé le fait qu’aucun résultat issu des plébiscites organisés à Porto Rico n’ait été pris en compte par le Gouvernement des États-Unis.  Le pétitionnaire a aussi dénoncé l’imposition de la peine de mort à Porto Rico et le fait que la jurisprudence fédérale américaine supplante la jurisprudence portoricaine.


Mme ELDA SANTIAGO PEREZ, du Comité d’appui à Noberto González Claudio, a indiqué qu’elle est l’épouse de Noberto González Claudio, prisonnier politique portoricain arrêté par les autorités américaines au mois de mai 2011.  Elle a passé en revue les grandes lignes de l’engagement de son époux en faveur de la lutte anticolonialiste, et a précisé qu’il a toujours opéré dans la clandestinité, un tel combat ne pouvant se mener au grand jour à Porto Rico.  Mme Perez a ensuite déclaré que les prisonniers politiques portoricains sont traités comme des criminels et sont l’objet d’une véritable ségrégation au sein des institutions carcérales américaines.  L’octroi des soins auxquels ils ont droit est retardé, et le droit de visite de leur famille est constamment enfreint, a-t-elle dénoncé. Elle a cité en exemple la dernière visite qu’elle a effectuée dans l’espoir de voir son époux, juste la semaine dernière.  « Dans le parloir, tous les prisonniers sont descendus pour recevoir la visite de leurs proches, sauf Noberto, que l’on a seulement fait venir lorsque que le temps des visites touchait à sa fin », a-t-elle indiqué.  Dénonçant ce genre de mauvais traitement, elle a ensuite réclamé la libération de son mari.


M. CRISTOBAL BERRÍOS DÁVILA, du Groupe « Action civile pour le statut de Porto Rico  », a demandé si la question de Porto Rico relevait du domaine national ou avait une portée internationale, quand on sait que l’Assemblée générale n’a toujours pas révoqué sa décision de retirer Porto Rico de la liste des territoires non autonomes.  Lors du référendum, a-t-il indiqué, le Parti populaire portoricain a laissé l’électorat libre de décider de la réponse à donner à la question.  À l’issue de cette consultation, le statut actuel de Porto Rico a été rejeté par les électeurs à la majorité de 54%, a-t-il rappelé.  Il appartient maintenant au Congrès américain de respecter ce choix, a-t-il souligné.  Au nom de cette majorité, il a suggéré au Comité des 24 de demander à l’Assemblée générale de tenir compte de ce choix libre du peuple de Porto Rico, qui s’est déterminé de manière démocratique.  De leur côté, les États-Unis doivent décider de trancher une fois pour toute la question relative au statut de l’île, a-t-il préconisé.


M. LUIS A. DELGADO RODRÍGUEZ, de « Alianza pro Libre Asociación Soberana » (ALAS), a indiqué que son association représente les personnes qui ont voté en faveur de l’octroi du statut d’État libre souverain à Porto Rico.  Le 6 novembre dernier, s’est-il félicité, est morte la fiction juridique du statut d’État libre associé imposé à Porto Rico, qui cherchait à accorder une quelconque légitimé au régime colonial.  C’est là un jalon historique, a souligné M. Rodríguez.  Il a appelé les protagonistes à honorer leur responsabilité et a réclamé la réinscription de Porto Rico sur la liste des territoires non autonomes.  Le cas de Porto Rico doit être porté devant l’Assemblée générale, a-t-il ajouté, et le Comité spécial doit reconnaître le résultat du plébiscite.  Le pétitionnaire a ensuite appelé au respect de la résolution 1541 et à celui du statut de libre association.  M. Rodríguez a par ailleurs réclamé la libération immédiate d’Oscar López Rivera.


Mme JAN SUSLER, du Bureau du droit des peuples, a examiné les différents aspects de la situation de colonialisme qui perdure à Porto Rico.  Elle a longuement évoqué le cas de M. Oscar López Rivera, en présence de la fille de ce détenu politique qui assistait à la séance de travail du Comité, a-t-elle fait remarquer.  Elle a parlé des différents visiteurs qui ont voulu constater par eux-mêmes les conditions de détention imposées à M. Rivera en visitant sa cellule.  Elle a profondément regretté que les autorités américaines aient interdit toute communication entre lui et le monde extérieur, en lui refusant le droit de recevoir des messages.  Le monde entier a envoyé des messages de soutien à Nelson Mandela lorsqu’il était prisonnier politique en Afrique du Sud, a-t-elle rappelé, déplorant que cela ne soit pas le cas pour Oscar López Rivera, même après 32 longues années de détention.  Cet emprisonnement est plus long que celui dont a souffert M. Mandela, a-t-elle dit avec regret.


M. JOSÉ LUIS NIEVES, du Conseil national pour la décolonisation (CONADE), a déclaré que Porto Rico n’est pas un territoire des Etats-Unis, arguant notamment que « l’accord conclu entre l’Espagne et les États-Unis était nul et non avenu » car, a-t-il affirmé, personne n’a consulté le peuple de Porto Rico.  En outre, le référendum qui a débouché sur la création de « l’État de Porto Rico » ne prévoyait même pas la possibilité pour son peuple d’exercer son droit à l’indépendance.  Le pétitionnaire a fait observer qu’aucun habitant de Porto Rico n’avait pu voter pour l’élection du Président Obama, qui pourtant est censé diriger le Porto Rico.  C’est une situation de dictature absolue, a-t-il dénoncé.  M. Nieves a ensuite réclamé une « action libératrice » de la part des Nations Unies afin de permettre au peuple portoricain de pouvoir exercer son droit à l’autodétermination.  Il faut chasser l’armée américaine de « Boriken », a insisté le pétitionnaire.  M. Nieves a ensuite formulé l’espoir que « Boriken » puisse bénéficier un jour du statut d’État observateur auprès des Nations Unies.


M. JOSÉ MANUEL SALDAÑA, du mouvement « Égalité  », a rappelé que, le 11 mars 2011, le Président Barack Obama avait enjoint les Portoricains de décider de leur statut.  M. Obama avait alors indiqué que le bien-être économique à long terme de Porto Rico devait être pris en compte dans les décisions à prendre à l’égard de ce statut.  Après avoir rappelé les résultats du référendum du 6 novembre 2012, « qui ont été majoritairement en faveur de l’annexion de Porto Rico par les États-Unis », le représentant a souligné « l’obligation qui incombe dès lors au Président des États-Unis de finaliser l’annexion de Porto Rico pour en faire le cinquante et unième État de l’Union des États-Unis d’Amérique.  Ce sera l’État le plus pauvre des États-Unis, a-t-il prévenu, précisant que 48% des Portoricains vivent en dessous du seuil de pauvreté fédéral des États-Unis.  Si cette étape n’est pas franchie, alors il faudra que l’Assemblée générale place Porto Rico sur la liste des territoires non autonomes, a-t-il demandé.


Mme MARIA DE LOURDES GUZMAN, du Mouvement de l’union souveraine de Porto Rico, a déclaré qu’elle avait l’impression de « venir d’une patrie d’esclaves », dénonçant tour à tour l’imposition de l’anglais dans la vie publique portoricaine et les conditions économiques qui ont poussé nombre de Portoricains à choisir d’immigrer.  Elle a également déploré le sang versé par les Portoricains lors de différentes guerres promues par les États-Unis.  Mme Guzman a ensuite dénoncé le fait que les autorités des États-Unis avaient établi des bases militaires à Porto Rico en s’y emparant de terres qui n’étaient pas les leurs sans avoir à verser le moindre centime aux propriétaires légitimes.


La pétitionnaire a également dénoncé le fait que le FBI ait interdit au dirigeant du parti nationaliste de Porto Rico, M. Franciso Torres Lopez, de quitter le territoire portoricain, alors qu’il devait participer à cette session du Comité des 24.  C’est un abus d’autorité patent de la part des autorités américaines, a-t-elle déploré.  Elle a aussi dénoncé l’assassinat en toute impunité, en 2005, également par le FBI, du dirigeant indépendantiste Filiberto Ojeda Ríos.  Mme Guzman a également pointé du doigt la situation créée par les États-Unis dans l’île de Vieques qui connait, a-t-elle précisé, le taux de cancer le plus élevé jamais vu, ainsi que des niveaux alarmants de mercure et d’arsénique dans son sol et ses eaux.  La pétitionnaire a aussi déploré que les États-Unis continuent de persister à vouloir traiter la question de Porto Rico comme une question de politique interne.


Mme MARY ANNE GRADY FLORES, du Groupe de solidarité de Vieques des Travailleurs catholiques Ithaca, a soutenu le droit à l’indépendance de Porto Rico.  Elle s’est félicitée de l’arrêt des bombardements opérés par la marine américaine à Vieques et de l’engagement du Comité en faveur de cet objectif.  Elle a demandé le nettoyage immédiat de tous les matériaux dangereux déversés par les États-Unis sur Vieques afin de procéder à la décontamination des terres de cette île, ainsi que la restitution des terrains à leurs propriétaires.  La dernière arme pour laquelle des essais ont été menés à Vieques était les obus et les bombes à l’uranium appauvri, a-t-elle rappelé, soulignant le caractère extrêmement dangereux de cette substance radioactive pour la population.  L’Agence pour le registre des maladies et les substances toxiques a indiqué qu’aucune donnée nouvelle n’a été collectée et reconnait l’incidence élevée des maladies, notamment de cancer, sur l’île de Vieques par rapport à l’île principale de Porto Rico, a indiqué Mme Flores.  Elle a témoigné que sa langue et ses yeux souffraient de sensations de brûlures lorsqu’elle s’est rendue à Vieques.


M. JOE UMPIERRE, du « Frente Autonomista  », a réclamé l’établissement d’un statut de libre association entre Porto Rico et les États-Unis, statut qui reconnaisse le caractère unique de Porto Rico.  Il a ensuite indiqué que Porto Rico n’a pas les solutions indispensables à la transformation de son économie, et que les États-Unis manquent de volonté pour améliorer la situation économique de l’île.


Le pétitionnaire a ensuite dénoncé l’adoption par le Comité de résolutions « timides et inutiles ».  Le Comité doit faire plus et apprendre à se libérer du syndrome colonial et de l’influence de certaines puissances, a-t-il dit.  On ne peut remettre à plus tard la libération de nos prisonniers politiques ni la question du nettoyage de la base militaire de Vieques, a-t-il souligné.  Il a réclamé une action courageuse de la part du Comité, car, a-t-il insisté, on ne saurait nous laisser répéter la même ritournelle année après année en nous demandant chaque fois de venir prononcer les mêmes discours à l’ONU.


Mme MARIA VILLENEUVE, du mouvement « Boricuaspour un nouveau pays  », a rappelé l’origine ethnique de la population de Porto Rico, confirmée par des enquêtes génétiques.  La majorité de la population portoricaine descend du peuple caribéen Taïnos, a-t-elle indiqué.  Elle a rappelé qu’après l’invasion de l’île de Boricua, les États-Unis avaient renversé le gouvernement autonome de Porto Rico.  Puis, en 1900, le Congrès américain avait établi le gouvernement colonial qui existe encore aujourd’hui.  Les États-Unis refusent d’appliquer le droit international, a regretté la représentante, s’inquiétant en outre de la situation des nombreux prisonniers politiques portoricains détenus aux États-Unis, notamment M. Oscar López Rivera.  Elle a observé que la nation portoricaine avait pris la décision d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination, comme le veut le droit international.


M. ISMAEL MULLER VASQUEZ, du Front socialiste de Porto Rico, a dénoncé le maintien du statut colonial de Porto Rico par les États-Unis et la détérioration des conditions de vie du peuple portoricain sous ce régime colonial.  Il a ensuite engagé le Comité à se prononcer de manière « énergique » contre les autorités coloniales.  La politique des États-Unis à Porto Rico est une politique d’extermination de notre peuple, s’est-il inquiété, évoquant notamment les nombreux jeunes portoricains qui meurent des suites des trafics et de la consommation de drogues.  Il a également déclaré que les terres portoricaines sont utilisées par les multinationales américaines comme laboratoires pour mener des expériences avec de nouvelles variétés de plantes issues de manipulations génétiques.  « Pourquoi choisir Porto Rico pour en faire un dangereux laboratoire agricole, alors que son climat diffère de celui de 90% de celui du territoire continental des États-Unis, si ce n’était pour faire de nous des cobayes? » s’est-il notamment interrogé.


M. Vasquez a ensuite dénoncé l’inculpation d’Oscar López Rivera pour « sédition », ainsi que les lourdes peines imposées à tous les autres prisonniers politiques portoricains.  Il a également pointé du doigt l’intensification de la persécution dont sont victimes les indépendantistes portoricains.  M. Vasquez a ensuite réclamé le transfert aux autorités portoricaines des pouvoirs politiques concernant la gestion de leur pays et la libération des terres occupées, entre autres.


M. ISMAEL BETANCOURT JR., de l’Institut pour les communications multiculturelles, la coopération et le développement, a expliqué comment le joug colonial américain pèse sur Porto Rico et isole ce territoire.  Après avoir fait un historique de ce colonialisme et du refus que lui opposent les Portoricains, il a rappelé l’origine du mouvement pro-indépendance, fondé en 1959.  Il a regretté l’échec des plébiscites qui ont précédé celui de novembre 2012.  Il a aussi expliqué que le Parti indépendantiste avait cherché un appui auprès du Parti républicain.  Sur le plan économique et social, il a noté que le chômage à Porto Rico était resté supérieur à 10% de la population en âge de travailler depuis 1940, ce qui révèle l’existence d’une faiblesse structurelle. 


Mme WANDA BELTRÁN, du Mouvement PR-USA, Organisation civile annexionniste, a déclaré que « les Portoricains sont des citoyens américains au même titre que les personnes nées sur le territoire américain ». « Porto Rico », a-t-elle estimé, « est un État américain qui est en revanche colonisé par des Portoricains qui eux-mêmes cherchent à éviter que s’achèvent le processus prévu ».  Mme Beltrán a insisté sur l’importance d’octroyer un statut permanent et plus stable à Porto Rico.  « Le peuple portoricain », a-t-elle affirmé, « a démontré sa volonté d’être pleinement intégré aux États-Unis, et ce, malgré les manipulations de certains ».  Elle a appelé le Comité à « apporter son aide au peuple portoricain », lequel, a-t-elle affirmé, est soumis à la classe dominante portoricaine qui ne pense qu’à gérer les millions de dollars qui sont transférés dans l’île du fait de son statut actuel.  Pour la pétitionnaire, la question du statut de Porto Rico doit être résolue dès maintenant, d’où l’importance d’inscrire Porto Rico sur la liste des territoires non autonomes.


M. JOSÉ ENRIQUE MELÉNDEZ-ORTIZ, de la Ligue des citoyens unis d’Amérique latine, a souhaité que le Comité spécial intervienne en faveur de Porto Rico.  Si certains estiment que les discours des pétitionnaires se ressemblent tous, a-t-il observé, ils devraient néanmoins écouter les différents témoignages.  De nombreuses interprétations ont été données en ce qui concerne les résultats de la dernière consultation, a-t-il averti, mais ce qu’il faut en retenir c’est que les choses doivent changer.  La majorité a demandé que le statut actuel du territoire ne soit pas maintenu, a-t-il rappelé.  Il a souhaité que Porto Rico soit ajouté à la liste des territoires non autonomes de l’ONU, ce qui donnerait l’occasion de résoudre pour de bon cette question.


« Vouloir être libre c’est commencer à l’être », a déclaré M. HÉCTOR BERMUDEZ ZENÓN, du Groupe pour l’égalité et la justice de Porto Rico, qui a dénoncé le « spectacle honteux auquel se sont adonnées, cet après-midi, des personnes colonisées qui refusent de reconnaître leur statut de colonie ».  Il a réclamé la création d’un nouvel État de Porto Rico qui puisse jouir du statut d’observateur auprès des Nations Unies.  Le pétitionnaire a dénoncé les bombardements d’une partie du territoire portoricain par les autorités américaines.  « Le Président Obama nous demande honteusement de nous mettre d’accord pour participer à un nouveau plébiscite, alors qu’il sait pertinemment que les peuples colonisés ne peuvent répondre à la question de savoir s’ils veulent être esclaves ou libres », a par ailleurs déploré M. Bermudez Zenón.


Il a ensuite dénoncé le fait que les Portoricains aient été utilisés dans le passé comme « chair à canon » par les Etats-Unis dans les multiples guerres qu’ils mènent à travers le monde.  Il s’est également insurgé contre le fait que les Portoricains ne peuvent participer aux élections présidentielles américaines.


M. TOM BAUMANN, du Parti des travailleurs socialistes, s’est joint à tous ceux qui ont exigé la libération d’Oscar López Rivera, détenu depuis 32 ans.  Il a aussi demandé la libération des cinq Cubains détenus dans les prisons américaines alors qu’ils sont des héros pour les Cubains.  La lutte pour l’indépendance de Porto Rico est dans l’intérêt de la grande majorité du peuple américain, a-t-il estimé.  Tant que le colonialisme américain contrôlera Porto Rico, les Portoricains seront dans une position de faiblesse, a-t-il averti.  Il a aussi dénoncé les cas de prisonniers détenus par les États-Unis qui n’ont pas été jugés, mais ont accepté de signer un accord judiciaire appelé « plea bargain » qui les oblige à reconnaitre des faits qu’ils n’ont pas commis en échange de leur liberté.  Les quatre millions de Portoricains vivant aux États-Unis sont dévastés par la crise, a-t-il aussi indiqué.  Il a parlé de la lutte que mènent les travailleurs socialistes et donné l’exemple de la solidarité dont font preuve les chauffeurs de bus scolaires à New York.  Il a enfin apprécié que le Comité des 24 condamne le colonialisme américain à Porto Rico.


Mme CLARISSA LÓPEZ-RAMOS, du groupe « Hijos de los Presos Políticos Puertorriqueños  », a indiqué qu’elle est la fille d’Oscar López Rivera, qu’elle a rencontré pour la première fois au mois de mai 1991, dans un pénitencier américain, lorsqu’elle avait l’âge de 10 ans.  Elle a évoqué les importantes qualités humaines de son père.  Mme López-Ramos a ensuite évoqué certaines des conditions d’incarcération qui lui ont été imposées dans la prison de Marion, dans l’Illinois, où il a été soumis pendant 12 ans à un régime d’isolement total de plus de 20 heures par jour et où certaines formes de torture lui ont été administrées, comme notamment la privation de sommeil.  Elle a évoqué ses souvenirs de petite fille dans les parloirs de cette prison de sécurité maximum où son père arrivait menotté, les chaînes aux pieds, et où tout contact physique avec sa famille lui était interdit.  Mme López-Ramos a formulé l’espoir de pouvoir passer des fêtes de Noël en famille, avec lui; de pouvoir cuisiner pour lui, ou encore de pouvoir lire ensemble un livre autour d’une tasse de café.  « Ce n’est que 12 ans plus tard, lors de son transfert dans une prison à Terre Haute, dans l’Indiana, que j’ai pu embrasser mon père pour la première fois, alors que j’étais déjà mère », a déploré Mme López-Ramos.  La pétitionnaire, visiblement émue, a ensuite fait la lecture d’une lettre que lui a adressée son père et dans laquelle ce dernier évoque la première visite qu’il a reçue de sa petite-fille, et la douloureuse expérience de n’avoir pas pu voir sa propre fille grandir.  La pétitionnaire a reçu une ovation de la salle à l’issue de son intervention.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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