TAD/2048

Ouverture à Doha de la CNUCED XIII, en vue de proposer des solutions aux impacts négatifs de la mondialisation actuelle

23/04/2012
Conseil économique et socialTAD/2048
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

OUVERTURE À DOHA DE LA CNUCED XIII, EN VUE DE PROPOSER DES SOLUTIONS

AUX IMPACTS NÉGATIFS DE LA MONDIALISATION ACTUELLE


(Publié tel que reçu)


DOHA, QATAR, 21 avril -- La treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII), première grande Conférence ministérielle des Nations Unies sur le commerce et le développement organisée depuis l’éclatement des crises économique et financière mondiales, s’est ouverte cet après-midi à Doha, au Qatar, dans l’espoir d’apporter des réponses aux problèmes actuels de l’économie mondiale et de concrétiser les efforts de solidarité mondiale.  « Une mondialisation centrée sur le développement: Vers une croissance et un développement équitables et durables » sera le thème principal de cette session de la CNUCED, dont les travaux se déroulent jusqu’au 26 avril.


« Les crises qui ont affecté le monde depuis 2008 ont créé des déséquilibres majeurs qui ne pourront être traités dans leur intégralité », a prévenu l’Émir du Qatar, Cheikh Hamad bin Khalifa Al-Thani, qui a ouvert cette treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, la première à se tenir dans la région arabe.


Au cours de la cérémonie d’ouverture, outre la Ministre de l’industrie et du commerce du Ghana, intervenant en tant que Présidente sortante et représentante du pays hôte de la CNUCED XII, qui a eu lieu en 2008 à Accra, les Présidents de la Tunisie, des Comores et du Niger, les Premiers Ministres de la Turquie et du Bangladesh ainsi que le Président du Sénat de l’Algérie ont exprimé chacun leurs déceptions face à une mondialisation mal gérée, avant de faire part de leurs vœux pour que la mission de la CNUCED porte ses fruits.


Thème récurant dans les interventions, la déréglementation des marchés financiers a été accusée d’être responsable de tous les maux dont souffre le système financier international actuel par les orateurs qui ont souligné ses nombreuses incidences négatives sur les pays en développement.  Ajouté à cela, « la dérégulation et la privatisation à marche forcée des outils de production de l’économie mondiale ont réduit à néant les efforts des États, provoqué des famines, accru des inégalités, bridé la croissance économique et mis au chômage des millions d’hommes et de femmes à travers le monde », a résumé le Président du Niger tout en se félicitant que son pays ait résisté aux pressions qu’il a subies afin de privatiser son secteur énergétique.


Si l’Émir du Qatar a évoqué l’existence d’un « désaccord profond » entre l’Union européenne et les États-Unis d’un coté, et les États en développement, de l’autre, au sujet des aides et subventions versées aux producteurs et aux exportations de produits agricoles, il a dit espérer que la CNUCED XIII permettrait de rapprocher les deux parties afin d’améliorer le commerce mondial, d’assurer l’accessibilité aux marchés et de mettre un terme notamment aux subventions indirectes ou cachées.


Le Président de la Tunisie a invité les participants à la Conférence à travailler en vue d’instaurer un nouveau partenariat pour le développement dans le monde.  Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, s’exprimant par la voix de sa Vice-Secrétaire générale, Mme Asha-Rose Migiro, a averti que « tout échec de cette rencontre compromettrait les efforts déployés en vue de promouvoir une mondialisation plus équitable et plus durable ».


La cérémonie d’ouverture a commencé par un spectacle de chants et de danses mettant en scène des hommes d’affaires en costume blanc utilisant les outils technologiques de communication les plus avancés, puis engageant un ballet avec des personnes défavorisées en haillons, avant de leur tendre la main en signe de la solidarité qui est appelée à se manifester partout, dans un monde devenu interdépendant.


À l’issue de cette cérémonie d’ouverture, la CNUCED a ouvert les travaux de sa première séance plénière qui était consacrée aux questions procédurales.


M. Hamad Bin Abdulaziz Al-Kawari, Ministre de la culture, des arts et du patrimoine du Qatar a été élu par acclamation Président de la treizième session de la CNUCED.


« Nous ne pouvons fermer les yeux sur la complexité de la tâche qui nous attend », a déclaré le Président de la CNUCED XIII.  « Une seule personne ne peut faire face aux défis actuels, nous devons unir nos efforts et travailler comme un seul homme », a-t-il déclaré.


La CNUCED a également élu au poste de Président de son Comité plénier, M. Anthony Maruping, actuel Président du Conseil du commerce et du développement, Président du Comité préparatoire de la CNUCED XIII et Représentant permanent du Lesotho auprès de l’Office des Nations Unies à Genève.


Les représentants des 33 pays suivants ont été élus aux postes de vice-président du Comité: Algérie, Allemagne, Argentine, Bangladesh, Belarus, Belgique, Burkina Faso, Canada, Chili, Chine, Colombie, Djibouti, Équateur, États-Unis, France, Ghana, Iran, Jamaïque, Lesotho, Lituanie, Luxembourg, Maldives, Maroc, Pakistan, Pays-Bas, Pérou, Fédération de Russie, Sri Lanka, Suisse, Trinité-et-Tobago, Tunisie, Turquie et Yémen.


De son côté, M. Väino Reinart, Sous-Secrétaire d’État aux affaires économiques et du développement de l’Estonie, occupera les fonctions de rapporteur de la Conférence.


Les représentants des pays suivants siégeront, eux, à la Commission de vérification des pouvoirs: Chine, Costa Rica, Égypte, États-Unis, Italie, Maldives, Panama, Fédération de Russie et Sénégal.


Le programme de travail de la CNUCED XIII a également été adopté au cours de cette séance.


À l’issue de cette adoption, le représentant de Cuba a accusé l’Union européenne de ne faire preuve d’aucune cohérence en ce qui concerne le Corps commun d’inspection (CCI) des Nations Unies, de s’être opposé aux études et aux recommandations de ce dernier, et de lui préférer les travaux de la société privée d’audit Price Waterhouse Cooper.  Il a indiqué que sa délégation s’était néanmoins jointe au consensus par « respect pour le Groupe des 77 ».


OUVERTURE DE LA CNUCED XIII ET SÉANCE PLÉNIÈRE


Déclarations


Cheikh HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Émir du Qatar, a ouvert les travaux de la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII).  L’Émir du Qatar a évoqué la crise économique de 2008, qu’il a estimé être « un des principaux évènements survenus depuis la dernière session de la CNUCED » tenue à Accra, au Ghana.  L’Émir a également évoqué et déploré la crise de la dette qui affecte les États de la zone euro.  Les pays qui restent tributaires de leurs exportations pour atteindre leurs objectifs de croissance doivent adopter une stratégie économique équilibrée mettant en œuvre à la fois leurs exportations et des politiques favorisant la consommation au niveau local afin d’assurer leur progrès économique, a préconisé Cheikh Al-Thani.


Les crises qui ont affecté le monde ont créé des déséquilibres majeurs qui ne pourront être traités dans leur intégralité, a-t-il relevé.  La mondialisation, a-t-il souligné, ne doit pas devenir un obstacle au développement économique mondial.  L’Émir s’est dit partisan d’une approche fondée sur les valeurs humaines et qui met l’accent sur la promotion du bien-être de tous.  Il importe que les différentes parties, notamment les plus influentes, évitent toute manipulation des ressources appartenant à d’autres pays, et il faut que soit assurée la stabilité des États, a-t-il ajouté.  Il a notamment évoqué les évènements du « printemps arabe », y voyant une série d’événements qui pourraient ou non être dus à des disparités dans les processus de développement, mais qui certainement proviennent aussi des politiques d’oppression et de la corruption qui ont, entre autres, régné dans de nombreux pays.  La stabilité intérieure ne peut se réaliser dans ces conditions, a-t-il fait observer, tout en estimant que les populations doivent jouir de leurs droits légitimes qui doivent être respectés.  L’Émir du Qatar a notamment dit qu’il espérait qu’après une période de transition difficile, les pays concernés pourraient centrer leur attention sur le développement et « enfin trouver la sécurité ».  Pendant cette période de transition difficile, a-t-il ajouté, il leur faudra recevoir des aides économiques et financières.


L’Émir du Qatar a ensuite évoqué l’existence d’un « désaccord profond » entre l’Union européenne et les États-Unis d’un côté, et, de l’autre, les États en développement au sujet des aides et subventions versées à leurs producteurs et à leurs exportations de produits agricoles.  Il a dit espérer que la CNUCED XIII permettrait de rapprocher les deux parties afin d’améliorer le commerce mondial, d’assurer l’accessibilité aux marchés et de mettre un terme aux subventions indirectes ou cachées, entre autres.  Pour les pays en développement, il faut s’écarter d’un système de marché fondé sur la seule exportation des matières premières mais privilégier au contraire des stratégies de développement qui obéissent à leurs besoins.  Un cadre nouveau doit être créé qui adhère aux principes économiques des pays concernés et instaure un environnement favorable à l’exportation.  Il faut aussi maintenir le niveau de l’aide publique au développement et de formuler de nouveaux objectifs de développement pour la période allant au-delà de 2015, date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a recommandé Cheikh Al-Thani.


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétairegénérale des Nations Unies, a donné lecture d’un message du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui, a-t-elle expliqué, n’a pas été en mesure d’assister lui-même à la cérémonie d’ouverture de cette session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à cause d’engagements urgents.  Dans le message qu’il a envoyé, le Secrétaire général souligne que cette session de la CNUCED se tient à un moment crucial, après une crise mondiale qui a ses origines dans les pays économiquement les plus avancés, mais qui a cependant davantage affecté les nations les plus pauvres.  Les taux de croissance antérieurs à la crise n’ont toujours pas été retrouvés, a souligné Mme Migiro en présentant le message du Secrétaire général, qui regrette que les 49 pays les moins avancés (PMA) demeurent confrontés à des obstacles importants.  M. Ban a rappelé notamment que la part de ces pays dans le commerce mondial de marchandise demeure très insuffisante.  Il a aussi souligné le problème posé par une croissance qui ne génère pas d’emplois, notamment en faveur des jeunes.


Évoquant les troubles que connaissent les pays arabes, le Secrétaire général de l’ONU a jugé tout à fait opportun que les travaux de la CNUCED XIII se déroulent dans la région arabe.  La CNUCED continuera à appuyer les pays de cette région dans leurs efforts en vue de les aider à augmenter leur taux de croissance, a-t-il indiqué dans son message.  Il a regretté que les efforts multilatéraux déployés afin de coordonner une réponse durable n’aient pas encore eu les effets escomptés.  Le Cycle de négociations commerciales de Doha demeure dans l’impasse après 10 années de pourparlers, et cette session de la CNUCED est l’occasion idéale pour aborder ces préoccupations, a-t-il estimé.


Dans son message, M. Ban Ki-moon a ensuite énuméré cinq enjeux que la CNUCED doit examiner.  Il a parlé tout d’abord des efforts à mener par les pays pour rétablir la croissance de l’économie mondiale, en évitant la tentation du repli sur soi et le protectionnisme.  Il faut venir en aide aux pays les plus vulnérables, en s’assurant que l’aide publique au développement ne soit pas réduite, a-t-il recommandé.  Il a aussi invité la CNUCED à se pencher sur les causes de la crise, en particulier sur celles qui ont un caractère systémique.  Le troisième enjeu pour la CNUCED est de mettre en place des politiques commerciales et de développement permettant de faire face aux changements climatiques, a ajouté le Secrétaire général de l’ONU.  Des solutions novatrices s’imposeront, a-t-il dit, avant de souligner la contribution importante que la communauté internationale attend de la CNUCED XIII au cours de la tenue des travaux de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, prévue au mois de juin à Rio de Janeiro, au Brésil.


La crise nous a montré que beaucoup trop de communautés demeurent à l’écart de la mondialisation et du reste du monde, a poursuivi le Secrétaire général.  La CNUCED permettra de faire avancer la cause du caractère équitable des mesures à prendre pour arriver à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a indiqué M. Ban.  Concluant le message envoyé par le Secrétaire général, Mme Migiro a déclaré que le Secrétaire général appelle les États et les milieux d’affaires à mieux utiliser le potentiel des entreprises multinationales et du secteur privé, notamment pour renforcer les compétences technologiques des pays qui en ont le plus besoin.  Il a salué à cet égard le Forum mondial de l’investissement qui se tiendra dans la foulée de la Conférence.  « La CNUCED est composée de tous les pays du monde, et cette treizième édition vient à point nommé pour montrer la voie à suivre », a-t-il dit.  « Tout échec de cette rencontre compromettrait les efforts déployés en vue de promouvoir une mondialisation plus équitable et plus durable, et pour établir l’avenir que nous appelons de nos vœux », a déclaré Mme Migiro, au nom du Secrétaire général.


Mme HANNA TETTEH, Ministre de l’industrie et du commerce du Ghana, intervenant au nom du Président du Ghana, M. John Evans Attah Mills, a estimé qu’il fallait affronter la crise actuelle de manière beaucoup plus énergique.  Depuis la douzième Conférence de la CNUCED tenue à Accra, a-t-elle fait observer, les économies partout dans le monde se sont fragilisées, et il y a peu de réconfort à tirer partie du fait que la CNUCED tire la sonnette d’alarme depuis des décennies.  La Ministre a appelé les États Membres de l’ONU à resserrer la cohérence de la matrice économique mondiale afin de déboucher sur un système économique mondial beaucoup plus juste.  Elle s’est également inquiétée des retards rencontrés dans la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha. 


La Ministre a ensuite évoqué l’existence d’un consensus africain qui vise l’intégration à l’échelle du continent dans le but de promouvoir le commerce interafricain, entre autres.  Elle a également appelé à l’élaboration d’un cadre de gestion avisé du monde, qui soit « net et clair ».  L’accès équitable de tous aux bienfaits de la mondialisation est toujours d’actualité, a souligné Mme Tetteh.  Il nous faut donc rehausser la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire pour renforcer les économies vulnérables, a-t-elle préconisé.  Il faut déplacer le paradigme existant dans la conception des politiques de développement, surtout en ce qui concerne les économies faibles et vulnérables, et mettre en place des politiques beaucoup plus dynamiques, a-telle aussi insisté.  Le dogme a changé, a-t-elle ajouté, et cette session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement nous appelle à modifier notre manière de penser, afin de mieux réagir aux défis qui se posent à l’heure actuelle. 


M. MONCEF MARZOUKI, Président de la Tunisie, a appelé la CNUCED à examiner les approches et politiques qui n’ont pas porté leurs fruits en matière de développement durable.  Si la révolution qui a réussi le 14 février 2011 en Tunisie et qui a contribué à la naissance de mouvements populaires dans d’autres pays, appartient au domaine des droits de l’homme, la poursuite de la justice sociale est tout aussi importante, a-t-il expliqué.  La politique joue un rôle important dans le développement, a poursuivi le Président de la Tunisie.  « Nous abordons aujourd’hui le développement comme un processus permettant d’élargir les libertés, qu’elles soient politiques, économiques ou sociales », a-t-il souligné, avant d’inviter les participants à la Conférence qui s’ouvre aujourd’hui à Doha à travailler en vue d’instaurer un nouveau partenariat pour le développement dans le monde.


M. Marzouki a aussi mis l’accent sur la responsabilité de la promotion du développement, qui incombe principalement à l’État, premier garant de la justice sociale.  La Tunisie veut tirer profit de toutes les possibilités qu’offrent la coopération et les partenariats économiques, qu’ils soient bilatéraux, Nord-Sud, Sud-Sud ou trilatéraux, a indiqué le Président de ce pays. 


M. IKILILOU DHOININE, Président de l’Union des Comores, a estimé que la mondialisation véhiculait rapidement vers le Sud les crises générées dans le Nord.  Il a qualifié de « mitigés » le bilan du système commercial international et a dénoncé un problème d’équité.  Il a réclamé une approche qui se focalise davantage sur l’économie réelle, la situation des pays les moins avancés (PMA) et celle des petits États insulaires en développement.  Plaidant pour un développement inclusif, le Président de l’Union des Comores s’est notamment alarmé du fait que le Programme d’action de Maurice souffre d’un sous-financement « inquiétant ».  Les Comores, a-t-il rappelé, peinent à aligner leur économie sur celle du continent africain et à attirer les investissements directs étrangers.  Les Comores ont besoin, de manière prioritaire, de l’appui multiforme des bailleurs de fonds pour éliminer les goulets d’étranglement qui entravent les investissements.  À la lumière de la domination croissante de la finance sur l’économie réelle, l’intégration mondiale avance sur des bases fragiles, a prévenu M. Dhoinine, avant de réclamer une réglementation plus stricte des marchés.  La CNUCED XIII doit être le point de départ d’une plus grande rationalisation de la mondialisation, a-t-il voulu.


M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président du Niger, a invité la CNUCED à débattre de la croissance économique et de l’équité sociale afin de dégager de nouvelles perspectives, au regard de la crise économique mondiale actuelle.  Il a dénoncé l’échec du « Consensus de Washington », qui était fondé sur la privatisation de l’économie et la libéralisation du commerce.  La dérégulation de l’économie mondiale, « gérée par la seule main invisible du marché », a réduit à néant les efforts des États, provoqué des famines, accru des inégalités, bridé la croissance économique et mis au chômage des millions d’hommes et de femmes à travers le monde, a-t-il déploré.  Le Président du Niger a rappelé que les effets les plus dévastateurs de ce modèle avaient été enregistrés très tôt, avant d’atteindre récemment les pays du « centre », c’est-à-dire les États-Unis et les pays d’Europe, ainsi que les pays dits du « printemps arabe ».


Au Niger, c’est dès le début des années 80 que le « Consensus de Washington » a été appliqué, a indiqué le Président du Niger.  Des conditions financières qui étaient très défavorables à notre pays lui ont été imposées pour réduire sa dette.  Ces conditions se sont ajoutées à une dévaluation du franc CFA, a expliqué le Président.  Il a indiqué notamment que les agriculteurs de son pays s’étaient retrouvés à la merci des spéculateurs.  Il a aussi indiqué que les privatisations des entreprises publiques n’ont toujours pas permis d’en améliorer la gestion.  Mais il s’est félicité que le Niger ait su résister quand on a voulu lui imposer la privatisation de son secteur énergétique.  « L’expérience du Niger et les récentes crises montrent qu’il faut changer le modèle actuel de développement, qui, en plus d’être porteur de misère, détruit la nature », a affirmé M. Issoufou.  « Il faudra mettre en place de régulation », a-t-il préconisé.  Il faudra aussi mettre fin au « Consensus dit de Washington », a-t-il souligné.  « Il faut également organiser la libéralisation et envisager que l’État ait à jouer un rôle qui soit complémentaire de celui du secteur privé."


M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Premier Ministre de la Turquie, a salué la toute première CNUCED au Moyen-Orient.  La nouvelle formule de développement, a-t-il dit, ne doit pas être perçue comme un simple développement économique mais comme un concept englobant le bien-être, le bonheur des populations et l’écologie.  Le développement doit être juste et flatter la conscience humaine.  Le Premier Ministre a insisté sur les inégalités flagrantes du monde actuel et a estimé qu’il faut à l’universalisation des valeurs morales.  La mondialisation, a-t-il dit, nous donne la responsabilité de voir et de contribuer à résoudre les problèmes d’autrui.  Le problème de la Palestine est un problème mondial, l’Afghanistan est un problème mondial, la faim en Somalie est un problème que toute l’humanité doit affronter et les enfants massacrés dans les rues de Syrie sont un problème auquel nous devons tous réfléchir, a-t-il ajouté pour illustrer ses propos. 


Face à la crise économique mondiale, M. Erdoğan a souligné l’importance de la solidarité.  Il a fait savoir que l’aide publique au développement turque (APD) a augmenté de 300 millions de dollars entre 2010 et 2011 et qu’un mécanisme spécial a été mis en place à l’intention des PMA.  Le Premier Ministre turc a également énuméré les différentes initiatives et réformes que son pays a lancées et qui ont permis, a-t-il assuré, de faire de la Turquie un phare du développement.


Cheikh HASINA WAJED, Premier Ministre du Bangladesh, a dénoncé la « financiarisation des marchés des produits de base », qui suscite une crise partout dans le monde et provoque de graves inégalités.  « Au Bangladesh, nous avons été victimes de l’escalade des prix mondiaux des hydrocarbures, qui a elle-même causé la hausse des prix des produits de base », a témoigné le Premier Ministre.  Si elle a admis que les pays en développement ont parfois connu des succès grâce à l’intégration mondiale, elle a aussi expliqué qu’ils n’ont pas pu profiter des décisions prises à Marrakech en 1995, lors de la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et de celles prises il y a 10 ans.  Elle a notamment noté qu’il y avait une augmentation du protectionnisme à travers le monde.  Les pays les moins avancés (PMA) devraient jouir de l’annulation de la dette et d’une augmentation de l’aide publique au développement, a-t-elle demandé.  Selon Mme Hasina, les PMA devraient aussi profiter des décisions prises lors de la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en décembre 2011.  Elle a dit également attendre que l’OMC mette en œuvre un mécanisme de suivi des « dispositions spéciales mais différenciées » liées au commerce. 


Afin de juguler l’envolée des prix alimentaires, le Premier Ministre du Bangladesh a suggéré d’adopter une réponse au niveau mondial.  Elle a aussi dénoncé « l’injustice criante » des changements climatiques qui affectent davantage les pays qui ne sont pas historiquement responsables des émissions de gaz à effet de serre et ne les ont donc pas provoqués.  Elle a en outre souligné la nécessité, pour les pays en développement qui cherchent à développer leurs programmes d’adaptation aux changements climatiques, de disposer de nouveaux fonds, plaidant en faveur de la création d’un « fonds vert ».  Mme Hasina a aussi souhaité que soit instauré un processus différent et plus inclusif de gouvernance et de prise de décisions au sein des institutions de Bretton Woods.  Enfin, elle a invité les participants à la Conférence à avoir confiance dans le processus multilatéral qui devrait permettre de préparer un avenir meilleur pour tous les pays du monde.


M. ABDELKADER BENSALAH, Président du Sénat de l’Algérie, a constaté que l’économie mondiale actuelle fonctionnait sur une mode d’« autopilote » et qu’elle avait des effets socioéconomiques négatifs.  Il a fustigé le maintien des subventions par les pays développés, et l’absence des investissements étrangers directs promis aux pays en développement.  Il s’est également inquiété de la déréglementation des marchés financiers et s’est insurgé contre les différentes politiques de restructuration qui, a-t-il affirmé, ont débouché sur la stagnation, une augmentation du chômage et une « chute terrifiante » du niveau de vie des populations.  La déréglementation totale n’a eu que des effets négatifs, a-t-il déploré.


Le Président du Sénat algérien a ensuite parlé des efforts de relance de l’économie de son pays menés grâce notamment aux recettes tirées de l’exploitation des hydrocarbures.  Il a déploré l’absence de gestion avisée de l’économie sur le plan mondial, et a ensuite réclamé que des réformes soient menées concernant l’élaboration des politiques et la prise de décisions au niveau international.  Des mesures doivent être prises par la communauté internationale.  Nous payons aujourd’hui le prix de l’ignorance, a-t-il affirmé.  Il a également constaté que la diplomatie multilatérale actuelle « part en vrille », pointant notamment du doigt la création de « petits groupes exclusifs ».  Il a réclamé la tenue d’un dialogue qui tienne compte de toutes les conditions requises et qui soit conforme aux principes de la justice sociale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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