SG/SM/14380-SC/10684

Face aux situations en Afghanistan, en Somalie, en RDC, en Côte d’Ivoire ou en Syrie, Ban Ki-moon met en avant « cinq grands impératifs » pour la protection des civils dans les conflits

25/06/2012
Secrétaire généralSG/SM/14380
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FACE AUX SITUATIONS EN AFGHANISTAN, EN SOMALIE, EN RDC, EN CÔTE D’IVOIRE OU EN SYRIE, BAN KI-MOON

MET EN AVANT « CINQ GRANDS IMP É RATIFS » POUR LA PROTECTION DES CIVILS DANS LES CONFLITS


On trouvera ci-après le discours que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon a prononcé, le 25 juin, lors du débat public du Conseil de sécurité sur la protection des civils dans les conflits armés:


Le rapport que je présente aujourd’hui est le neuvième rapport sur la protection des civils dans les conflits armés (S/2012/376).  Le constat fondamental de ce rapport est clair: trop de personnes meurent un peu partout dans le monde.  Parfois ces personnes sont prises dans des tirs croisés, mais le plus souvent, elles sont délibérément prises pour cible.  Elles sont les victimes innocentes des attaques lancées contre leurs communautés, souvent contre des lieux qui devraient en toute logique être des sanctuaires, tels les hôpitaux, les écoles et les lieux de culte.  De plus en plus, une litanie effroyable de violences sexuelles, de disparitions forcées, d’actes de torture et autres exactions portant atteinte, souvent de façon éhontée, au droit international humanitaire et au droit des droits de l’homme s’égrène sous nos yeux.


Prenons certains des faits les plus récents.  L’an passé en Afghanistan, notre Mission sur place a constaté une hausse du nombre de victimes civiles.  Plus de 75% de ces meurtres sont imputables aux forces antigouvernementales. 


En Somalie, les attaques des Chabab visent le plus souvent les civils non armés.  Les affrontements qui opposent actuellement le Soudan, le Soudan du Sud et leurs alliés respectifs ont fait de nombreux morts et blessés et entraîné des déplacements massifs de population.  


En République démocratique du Congo, les civils sont régulièrement pris au piège des combats féroces qui opposent les forces gouvernementales à différents groupes armés et souvent, ils sont la cible de représailles des deux côtés.  


En Côte d’Ivoire, sept Casques bleus ont récemment perdu la vie en tentant de protéger des villageois face à des attaquants armés venus de l’autre côté de la frontière avec le Libéria. 


En Syrie, les forces gouvernementales et les groupes armés s’affrontent sans se soucier, semble-t-il, des populations civiles.  Les attaques sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes.  À l’heure où nous parlons, la ville d’Homs et plusieurs autres zones sont pilonnées.  Les observateurs des Nations Unies ont risqué leur vie pour rendre compte au reste du monde de ce qu’ils ont vu.  Ils ont fait état d’attaques armées contre les civils, de massacres s’apparentant à des exécutions et de tirs des forces d’opposition depuis les hôpitaux où elles sont retranchées. 


Face à cette géographie des conflits, nous devons tout simplement faire davantage.  Nous devons faire davantage pour protéger les femmes et les enfants, en particulier, pour empêcher les attaques contre des journalistes, pour sauver des vies innocentes. 


Le Conseil de sécurité a réalisé d’importants pas en avant ces 18 derniers mois.  L’unité dont a fait preuve le Conseil a ainsi permis de stopper la violence et de faire triompher la démocratie en Côte d’Ivoire.  


En Libye, les forces internationales sont intervenues pour enrayer la menace qui pesait clairement sur les civils dans l’est du pays après que l’ancien régime a démontré qu’il était prêt à se livrer à des tueries à grande échelle.  


Le Conseil a aussi été davantage disposé à user de sanctions ciblées contre les auteurs de violations du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme. 


Ces derniers mois, les jugements historiques rendus contre Charles Taylor et Thomas Lubanga ont représenté des jalons importants pour la justice internationale et le respect du principe de responsabilité.  Les commissions d’enquête créées par le Conseil des droits de l’homme ont également révélé que de graves violations du droit international ont été commises en Côte d’Ivoire, en Libye et en Syrie.  


Je me félicite par ailleurs du rôle que le Groupe d’experts informel sur la protection des civils continue de jouer.  En outre, chaque jour, des dizaines de milliers de civils continuent bien entendu de dépendre des soldats de la paix pour leur protection.  Les missions de maintien de la paix ont réalisé des progrès importants pour s’acquitter de ce qui est l’aspect le plus difficile de leur mandat.  Elles recensent et combattent les menaces grâce à des efforts politiques pour prévenir les violences et les conflits. 


Outre la protection physique immédiate qu’elles assurent, les missions contribuent à l’instauration de conditions favorables à la protection des civils, notamment en aidant les institutions publiques et locales à mieux s’acquitter de leur responsabilité fondamentale de protéger les civils.  


Faisant fond sur les enseignements tirés de l’expérience, nous avons mis au point de nouveaux outils pour améliorer les efforts de maintien de la paix permettant aux missions de s’acquitter de leur mandat de protection, notamment grâce à des directives en matière de planification stratégique et à la formation.


Mon rapport met en avant cinq grands impératifs qui continuent de s’imposer en matière de protection des civils. 


Premièrement, les parties à un conflit doivent redoubler d’efforts pour respecter le droit international humanitaire et le droit des droits de l’homme.  Toutes les violations qui sont commises appellent notre attention, mais certaines plus encore que d’autres, comme par exemple le fait que des engins explosifs sont de plus en plus utilisés dans des zones densément peuplées.  Cette année, mon rapport jette également un coup de projecteur sur les attaques visant les services de santé.  Selon le Comité international de la Croix-Rouge, ce type d’attaque figure désormais au nombre des questions humanitaires les plus importantes, les plus complexes et les plus méconnues de notre époque. 


Deuxièmement, il faut d’urgence établir un dialogue plus systématique avec les groupes armés non étatiques.  Cela ne veut pas dire qu’on doive leur reconnaître une légitimité, mais simplement que ces groupes et leurs chefs doivent avoir conscience de leurs responsabilités et savoir que toute violation du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme aura des conséquences. 


Troisièmement, lorsque les missions de maintien de la paix des Nations Unies ont pour mandat de protéger les civils, elles doivent disposer des ressources et des forces nécessaires pour le faire.  Les activités qu’elles mènent pour protéger directement les civils doivent être relayées par des efforts efficaces au plan politique en faveur de l’instauration d’une paix durable et par une assistance à l’édification des institutions publiques, afin qu’à terme les soldats de la paix puissent se retirer. 


Quatrièmement, la survie des civils pris au piège d’un conflit est souvent tributaire de l’aide internationale.  Nous devons faire davantage, bien davantage, pour garantir aux travailleurs humanitaires un accès sûr, en temps voulu et sans entrave.


Cinquièmement, il y a l’obligation de rendre des comptes.  Lorsque les autorités nationales faillissent à leur devoir de prendre des mesures pour protéger les civils ou traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de violations flagrantes des droits de l’homme, j’exhorte le Conseil de sécurité à montrer fermement la voie pour guider la communauté internationale dans sa réponse. 


Respecter ces impératifs exige de la volonté politique: la volonté des parties de conduire les hostilités dans les limites fixées par le droit international, de s’abstenir d’employer des engins explosifs dans les zones peuplées, d’autoriser le dialogue avec les groupes armés et d’ouvrir l’accès à ceux qui ont besoin d’être secourus, de faire régner la discipline et de faire répondre de leurs actes les auteurs de violations.  Cela suppose également, de la part du Conseil, la volonté de s’acquitter de son engagement de longue date en ce qui concerne la protection des civils en utilisant systématiquement les outils dont il dispose, y compris l’imposition d’embargos sur les armes, les sanctions ciblées et la saisine du Tribunal pénal international.  


Au delà, j’exhorte également le Conseil et les États Membres à envisager de nouvelles méthodes pour prévenir les violations du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme et y réagir, et à veiller à ce que la protection des civils reçoive l’attention qu’elle exige.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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