SG/SM/14126

« La crise syrienne n’a eu pour réponse qu’une implacable agression », dénonce Ban Ki-moon qui y voit un « test décisif » pour la communauté internationale et pour l’ONU

24/02/2012
Secrétaire généralSG/SM/14126
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« LA CRISE SYRIENNE N’A EU POUR RÉPONSE QU’UNE IMPLACABLE AGRESSION », DÉNONCE BAN KI-MOON

QUI Y VOIT UN « TEST DÉCISIF » POUR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ET POUR L’ONU


On trouvera, ci-dessous, le texte du message du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, prononcé par M. B. Lynn Pascoe, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, à la Conférence internationale des amis du peuple syrien, aujourd’hui, 24 février, à Tunis:


Je tiens à remercier le Gouvernement tunisien d’accueillir cette Conférence qui vient à point nommé.


Les vents du changement qui balayent la région se sont levés en Tunisie voilà plus d’un an maintenant.  Les peuples de la région exigent d’être entendus.  J’ai à maintes reprises appelé les dirigeants à les écouter.  La force et la brutalité ne parviennent jamais à anéantir l’aspiration à la justice et à la liberté.


La crise syrienne n’a pas commencé avec des appels à un changement de régime.  Le peuple voulait des réformes et la fin de l’oppression, de l’exclusion et de la marginalisation.  Il réclamait la justice sociale, une répartition plus équitable des bénéfices du développement, et la pleine jouissance de ses droits et libertés sur les plans politique, social et économique.  Il n’a eu pour réponse qu’une implacable agression.


Près d’un an plus tard, les violences qui perdurent dans le pays se révèlent être un test décisif pour la communauté internationale et pour l’Organisation des Nations Unies, et ce, dans trois domaines: les droits de l’homme, l’accès à l’aide humanitaire et la recherche d’une solution politique.


Je parlerai d’abord des larges violations des droits de l’homme.


Depuis le début de ce mois, le Gouvernement syrien a intensifié encore ses mesures répressives et déclenché une attaque en règle contre l’opposition pour tenter de l’écraser.  L’usage systématique de chars d’assaut, de mortiers, de roquettes et d’artillerie contre des zones densément peuplées de la ville de Homs et d’autres villes est inacceptable.  Je demande que la violence cesse de la part de toutes les parties, y compris l’opposition armée.  La présence supposée de groupes armés dans ces zones ne peut en aucun cas servir de prétexte aux attaques du Gouvernement contre la population civile.


La nature et l’échelle des exactions commises par les forces du régime syrien laissent à penser que des crimes contre l’humanité ont probablement été commis depuis le mois de mars 2011.  La communauté internationale doit être unie pour faire en sorte que ces crimes ne resteront pas impunis, et cela dès la prochaine réunion du Conseil des droits de l’homme qui examinera le nouveau rapport que la commission d’enquête indépendante vient de publier.


Je parlerai ensuite de l’aggravation de la crise et des conséquences terribles sur le plan humanitaire, notamment dans les provinces de Homs, Hama, Edleb et Deraa.  Des familles ont été confinées dans leurs maisons pendant des jours sans pouvoir sortir pour chercher de la nourriture, de l’eau ou des soins médicaux.  Pendant ce temps, le bombardement aveugle de zones peuplées de civils se poursuit en faisant un nombre alarmant de victimes.  La large médiatisation de la mort de journalistes étrangers lors des bombardements de cette semaine a de nouveau mis en lumière les horreurs perpétrées chaque jour contre le peuple syrien.  À l’intérieur de la Syrie, entre 100 000 et 200 000 personnes ont fui les combats, cherchant en général refuge dans leur famille ou chez des amis dans d’autres villes.


Le système des Nations Unies est fermement décidé à venir en aide au peuple syrien.  C’est ce qu’il fait par l’intermédiaire du Croissant-Rouge arabe syrien, son principal partenaire humanitaire sur le terrain, ainsi que par l’intermédiaire de ses propres institutions, qui ont distribué de la nourriture, des fournitures médicales et des couvertures.  Nous sommes actuellement en train d’accroître l’appui que nous apportons au Croissant-Rouge arabe syrien et de prendre des mesures pour assurer un accès sans entrave aux villes les plus touchées par les combats, notamment celle de Homs.


Nous devons veiller à ce que les autorités syriennes autorisent cet accès d’une façon qui n’exacerbe pas les tensions.  J’appuie sans réserve l’appel lancé par le CICR pour qu’une pause ou trêve humanitaire soit observée quotidiennement afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire par les organismes des Nations Unies et le Croissant-Rouge arabe syrien.  La Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Valerie Amos, se rendra en Syrie dès que possible pour négocier les conditions de cet accès avec les autorités.


Nous nous employons par ailleurs avec les gouvernements des pays voisins à faire en sorte que les nationaux syriens et autres personnes fuyant les violences bénéficient d’une assistance et d’une protection.  Nous nous félicitons des efforts déployés dans ce domaine par la Turquie, le Liban et la Jordanie, où la présence de quelque 20 000 réfugiés a été enregistrée.  La solidarité de l’ensemble de la communauté internationale est tout aussi importante et pourra être sollicitée afin d’apporter une aide financière le cas échéant.  Pour que les donateurs et les institutions disposent d’une plate-forme d’échange d’informations et de mobilisation de fonds, nous mettons en place un forum humanitaire syrien qui sera coprésidé par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, la Ligue des États arabes et l’Office humanitaire des communautés européennes.


Pour finir, je dirai qu’il n’y a qu’une solution politique qui puisse résoudre cette crise.


J’engage tous ceux qui m’écoutent à exprimer une position commune dans leurs messages et leurs actes.  Il faut à tout prix éviter une militarisation accrue de la situation qui aboutirait à ce que le pays sombre dans la violence intercommunautaire.  Nous devons faire en sorte de préserver la coexistence pacifique des multiples communautés syriennes.


J’appuie pleinement les efforts engagés par la Ligue des États arabes pour trouver une solution politique conformément à la résolution adoptée par l’Assemblée générale la semaine passée.  Tous les membres sans exception de la communauté internationale ont le devoir de contribuer à arrêter la violence et à assurer le bien-être du peuple syrien.


Les autorités syriennes doivent pour leur part cesser toutes violences, respecter les droits de l’homme, protéger la population, libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, retirer les forces armées des villes et agglomérations, garantir la liberté de rassemblement et ne mettre aucune entrave à l’action de contrôleurs externes.


Outre ces exigences immédiates, l’Assemblée générale a affirmé dans sa résolution qu’elle soutenait sans réserve la décision de la Ligue des États arabes de faciliter un processus de transition politique dirigé par les Syriens.  Ce plan prévoit que les autorités syriennes et l’opposition engagent un véritable dialogue dans le but de former un gouvernement d’unité nationale qui supervisera une transition pacifique vers un système politique démocratique et pluraliste.  Nous travaillerons en étroitement collaboration avec la Ligue arabe à la réalisation de ces objectifs.  J’ai annoncé hier, conjointement avec le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, que l’ancien Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies Kofi Annan était nommé Envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes sur la crise syrienne.  M. Annan offrira ses bons offices en vue de faire cesser tous les actes de violence et toutes les violations des droits de l’homme, de mettre un terme à la crise humanitaire et de promouvoir un règlement politique pacifique sans exclusive conduit par les Syriens qui réponde aux aspirations démocratiques du peuple syrien au moyen d’un dialogue politique d’ensemble entre le Gouvernement syrien et toutes les composantes de l’opposition syrienne.


Nous sommes guidés par des principes clairs, qui sont ceux de la non-violence, de la prise en main par les pays de leurs intérêts, du respect des droits de l’homme, de la responsabilité, de l’impartialité et de l’indépendance de l’aide humanitaire.  Je compte que la communauté internationale agira de manière cohérente pour favoriser le règlement pacifique de la crise.


Il est temps de mettre fin aux bains de sang et aux souffrances.  Je vous engage instamment à trouver un terrain d’entente et à prendre des mesures pour remédier au sort de plus en plus tragique du peuple syrien.  Je vous souhaite dans cet esprit une réunion très fructueuse.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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