Conférence de presse

Conférence de presse des experts de l’Instance permanente sur les questions autochtones sur la « doctrine de la découverte »

07/05/2012
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DES EXPERTS DE L’INSTANCE PERMANENTE SUR LES QUESTIONS

AUTOCHTONES SUR LA « DOCTRINE DE LA DÉCOUVERTE »


Plusieurs experts ont parlé de l’impact de la « doctrine de la découverte », thème principal de la onzième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones qui a ouvert ses portes aujourd’hui.  Les experts s’exprimaient au cours d’une conférence de presse, tenue cet après-midi au Siège de l’ONU à New York, durant laquelle le Ministre congolais de la communication a rappelé la promulgation d’une loi nationale sur le respect des droits des populations autochtones. 


La « doctrine de la découverte » s’appuie sur différents textes mais le plus cité est la bulle Romanus Pontifex, de 1455, qui a donné naissance au concept de « terra nullius ou terra nullus  » et consacré le principe selon lequel tout monarque chrétien qui découvre des terres non chrétiennes a le droit de les proclamer siennes. 


La militante et avocate amérindienne, Mme Tonya Frichner, a annoncé que durant cette session, le Conseil œcuménique des Églises, l’Église épiscopale et l’Église méthodiste dénonceraient officiellement la « doctrine de la découverte ».  Elle a ajouté que l’Instance permanente effectuerait une étude internationale sur l’impact de cette doctrine sur la santé physique, sociale et psychologique des populations autochtones et le respect de leurs droits de l’homme.  L’étude devrait être publiée en 2014 pour coïncider avec la fin de la Décennie internationale des populations autochtones.


Le Grand Chef Edward John et Président de l’Instance permanente a fustigé une doctrine fondée sur la suprématie de certaines idées et civilisations et dont l’application a constitué une attaque directe contre les populations autochtones.


« Il est important de comprendre la dynamique de cette doctrine et de son impact sur le monde actuel, car il se fait ressentir au quotidien dans la vie de 360 millions de personnes », a-t-il souligné.


« La doctrine de la découverte » est une véritable doctrine de la domination, a renchéri la militante et avocate amérindienne, qui en a relevé l’incompatibilité avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, notamment ses articles 3 sur l’autodétermination, 28 sur les réparations et 37 sur les traités.


Cette doctrine a influencé des systèmes juridiques qui ont eu un effet négatif sur les communautés autochtones, a-t-elle tranché.  À titre d’exemple, elle a indiqué qu’aux États-Unis, une décision de 1883, reconnaissant le droit des populations autochtones à occuper une terre mais leur niant celui de la posséder, avait servi de base aux lois fédérales relatives aux Amérindiens.


Le Grand Chef Edward John a évoqué ses nombreuses années passées dans un internat canadien pour autochtones.  Ces institutions avaient été créées sur le postulat que j’étais un être inférieur et que les enfants de ma communauté devaient être retirés à leurs parents, être civilisés et christianisés.  « À travers moi, notre langue et notre culture étaient condamnées à mourir », a-t-il dit.


Mme Megan Davis, Rapporteure de l’Instance permanente, a indiqué qu’une étude était en cours sur l’intégration des droits des populations autochtones dans les constitutions nationales.  Celles du Bangladesh et de la Nouvelle-Zélande sont en cours de révision, de même que celle de l’Australie, « une des rares constitutions discriminatoires toujours en vigueur dans le monde ».


Mme Davis a également annoncé qu’une étude sur la violence à l’encontre des femmes autochtones serait également lancée afin d’attirer l’attention non pas seulement sur la violence de l’État mais sur celle qui existe au sein des communautés mêmes, dont la violence domestique.


Également présent à la conférence de presse, M. Bienvenu Okiemy, Ministre de la communication et des relations avec le Parlement de la République du Congo, a rappelé que le 25 février 2011, son Président a promulgué la loi sur la promotion et la protection des droits des populations autochtones, dont leur droit à la terre, à l’éducation et à la santé.


« Cette loi fait franchir une frontière juridique et sociétale très importante », s’est félicité le Ministre.  « Car dans les faits, il y avait une discrimination envers les populations autochtones et il fallait d’un point de vue juridique, inscrire dans le marbre que les autochtones font partie de la population nationale et ont les mêmes droits que les Bantous. »


« On ne peut construire et développer un pays sans une cohésion sociale forte, un pays qui ait du sens, sans l’union de tous ses enfants », a souligné M. Okiemy en précisant que sur une population de quatre millions d’habitants, la République du Congo compte « 3% à 10% » d’autochtones.


Le Grand Chef Edward John s’est particulièrement félicité de l’adoption de cette loi qui met à jour le caractère fallacieux de l’argument selon lequel l’Afrique n’a pas de population autochtone.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.