Conférence de presse

Conférence de presse du Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, M. Mourad Medelci, sur la présidence du Groupe des 77 et la Chine pour 2012

11/01/2012
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L’ALGÉRIE, M. MOURAD MEDELCI,

SUR LA PRÉSIDENCE DU GROUPE DES 77 ET LA CHINE POUR 2012


Le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, M. Mourad Medelci, qui prenait aujourd’hui la présidence du Groupe des 77 et la Chine pour 2012, a rappelé l’impératif d’une restructuration de la gouvernance mondiale afin de mieux prévenir et de mieux résoudre les crises.


Il y a deux types de solidarité, celle à laquelle on consent et celle qui nous est imposée en période de tension, comme aujourd’hui, a-t-il précisé au cours d’une conférence de presse au Siège de l’ONU, à New York.  Un monde globalisé et en crise exige la mise en place de mécanismes de solidarité durable, a-t-il souligné.


Dans la résolution d’une crise qui affecte tout le monde, le Groupe des 77 peut contribuer sur au moins deux aspects essentiels, à savoir parvenir à une meilleure lecture des causes de la crise, et mettre en place un processus solidaire avec la participation active de plus de 80% de la population mondiale que le Groupe représente.


Il est nécessaire, a souhaité M. Medelci, que les pays en développement et les pays développés parviennent à un consensus plus large.  Les solutions à la crise ne passent pas uniquement par les gouvernements mais aussi par la société civile, a-t-il fait cependant observer.  L’adhésion et l’implication de tous sont les seules voies pour surmonter la crise actuelle, a-t-il insisté. 


En 2012, le Groupe des 77 va concentrer ses efforts sur quatre grands défis: les questions monétaires et financières, la sécurité alimentaire, l’environnement et le développement durable, et l’accès à l’énergie. 


Le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie a été longuement interrogé sur la Mission d’observation de la Ligue des États arabes en Syrie.  Il a rappelé que l’Algérie y était représentée par une délégation de 10 membres gouvernementaux et de nombreux représentants de la société civile. 


« Ce qui se passe sur le terrain nous a longtemps intrigué et il était important que la Ligue des États arabes puisse être sur le terrain », a-t-il souligné, en précisant que la composition de la Mission d’observation allait être doublée et disposer de moyens logistiques renforcés.


M. Medelci a déclaré que les tirs étaient lancés des deux côtés en Syrie, et qu’il y avait des difficultés liées aux deux parties en conflit pour la mission que mène actuellement la Ligue des États arabes. 


Le Gouvernement syrien a pris des mesures, qui probablement n’étaient pas suffisantes, mais il y a eu un retrait d’armes lourdes, la libération de détenus et une ouverture aux médias, a-t-il assuré.  L’Algérie figure parmi les pays qui sont favorables à des sanctions ciblées, mais souhaite garantir que ces sanctions ne pénalisent pas la population syrienne dans son ensemble, a-t-il rappelé.


Dans le même temps, les observateurs n’ont pas eu accès à certains quartiers tenus par l’opposition armée, a-t-il déploré, tout en indiquant que la Ligue des États arabes souhaitait également parvenir à créer les conditions d’un dialogue entre les parties.


La situation qui prévaut en Syrie ne peut être qualifiée de « guerre civile », a-t-il tenu à préciser.  Il a néanmoins estimé que si l’opposition continuait de s’armer, les violences risquaient de s’étendre.


Interrogé sur le risque pour l’Algérie de subir les répercussions du « printemps arabe », M. Medelci a estimé que son pays avait fait des avancées considérables au cours de cette dernière décennie.  L’Algérie n’est pas endettée et le taux de chômage est passé de 30% à 10% en une décennie, a-t-il indiqué.


Le « printemps arabe » peut avoir une incidence, en ce qu’il nous pousse à faire mieux, a-t-il dit, en jugeant que les récentes manifestations en Algérie n’étaient que l’expression d’une société qui « en veut toujours plus, et qui a bien raison ».


L’Algérie est en train de rattraper un retard historique, notamment en matière de logement, et poursuit ses réformes, comme en témoigne l’adoption récente de six grandes lois. 


M. Medelci a notamment insisté sur la loi visant à réserver aux femmes entre 20 et 40% des sièges à l’Assemblée nationale et dans les assemblées locales.  Les femmes représentent actuellement moins de 10% des élus mais l’objectif est d’atteindre rapidement une moyenne de 30% dans le pays dès les prochaines élections législatives en mai.


Concernant ce scrutin, le Ministre a assuré que l’Algérie ferait appel à des observateurs de différentes organisations, dans un effort constant pour améliorer la transparence des élections.  Il a également souligné qu’une loi avait été promulguée pour encourager l’ouverture aux investisseurs privés des médias télévisés et radiophoniques.


Les victoires en Tunisie, en Égypte ou au Maroc de partis islamistes n’inquiètent pas l’Algérie, a-t-il assuré.  Ce que l’Algérie a refusé en 1991, et ce que nous ne voulons pas, c’est la violence, a-t-il insisté, en rappelant que son pays était ouvert au multipartisme depuis 1988, y compris à des partis islamistes, et que la liberté d’expression y était « exceptionnelle ».


Concernant les récentes accusations portées par le Premier Ministre de la Turquie à l’égard de la France, qu’il a accusée de « génocide en Algérie », M. Medelci a estimé qu’il était crucial de permettre aux enfants algériens de savoir ce qui s’est passé pendant la période coloniale, dans la sérénité, sans esprit revanchard, mais sans imposture non plus. 


Les massacres ont été nombreux, la période extrêmement dure et les sacrifices énormes pour l’Algérie, a-t-il déclaré.  « Nous devons regarder vers le futur, alors que nous célébrons, cette année, le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. »


Répondant, enfin, à une question sur la situation au Moyen-Orient, M. Medelci a jugé que le processus de paix se trouvait dans une phase politique extrêmement dure, mais que la Ligue des États arabes et l’Organisation de la Conférence islamique faisaient beaucoup d’efforts pour aider les Palestiniens à préserver leur identité et leur vie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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