CS/10868

Le Conseil de sécurité juge primordial d’améliorer la coordination entre acteurs de la consolidation de la paix, en particulier au sein de l’ONU

20/12/2012
Conseil de sécuritéCS/10868
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6897e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ JUGE PRIMORDIAL D’AMÉLIORER LA COORDINATION ENTRE ACTEURS

DE LA CONSOLIDATION DE LA PAIX, EN PARTICULIER AU SEIN DE L’ONU


Si le système des Nations Unies est devenu plus souple,

les défis demeurent importants, souligne le Secrétaire général


Par une déclaration lue par son Président, le Conseil de sécurité a réaffirmé, aujourd’hui, que l’instauration d’une paix durable, point d’orgue d’un débat au cours duquel le Secrétaire général s’est également exprimé, exigeait l’adoption d’une stratégie intégrée dans plusieurs domaines, dont la sécurité, le développement et les droits de l’homme, y compris l’égalité des sexes et l’état de droit.


Après avoir rappelé qu’il incombait au premier chef aux autorités nationales d’arrêter leurs propres priorités de consolidation de la paix, le Conseil, par la voix de M. Mohammed Loulichki, du Maroc, souligne qu’il est primordial d’améliorer la coordination entre les missions des Nations Unies, les équipes de pays des Nations Unies et les autres entités régionales et acteurs du développement, « pour que les activités de consolidation de la paix soient menées avec plus d’efficacité ».


Par la présente déclaration présidentielle, le Conseil renouvelle en outre son appui à l’action de la Commission de consolidation de la paix et exprime sa volonté de continuer à faire appel aux services de cette dernière en matière de conseil, de sensibilisation et de mobilisation des ressources.


Les membres du Conseil soulignent l’importance du rôle que jouent les femmes dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix.  « Il incombe au premier chef aux gouvernements des pays touchés par un conflit armé de renforcer la participation des femmes aux activités de prévention et de règlement des conflits et de consolidation », précisent-ils.


Toujours en vertu de cette déclaration présidentielle, le Conseil engage les gouvernements, les organismes des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales à étoffer la réserve de civils spécialistes de la consolidation de la paix au lendemain de conflits.


À l’ouverture du débat, auquel ont participé une quarantaine de délégations, dont les présidents des formations pays de la Commission de consolidation de la paix, le Secrétaire général, qui présentait son rapport sur la question, a indiqué que les Nations Unies avaient fait des progrès importants en vue de la promotion d’une paix durable dans les deux premières années, « particulièrement cruciales », qui suivent la fin d’un conflit.


« Le système des Nations Unies est devenu plus souple dans le déploiement d’experts, de hauts responsables et de personnel sur le terrain », s’est-il réjoui, tout en reconnaissant qu’il existait encore des défis importants.  M. Ban Ki-moon a recensé les trois éléments clefs qui contribuent à prévenir le retour de la violence dans les pays sortant d’une situation de conflit: l’inclusivité, la consolidation des institutions et un ferme appui international.


Le Secrétaire général a rappelé que des approches inclusives pour la consolidation de la paix, tout en poursuivant l’objectif de convaincre toutes les parties qu’elles ont intérêt à régler leurs différends au moyen du dialogue, permettent également de diminuer le niveau de corruption et d’améliorer la transparence.  « La communauté internationale doit équilibrer son soutien à long terme pour la consolidation des institutions tout en s’assurant que les populations touchent rapidement les dividendes du retour de la stabilité », a rappelé le Secrétaire général à propos du second élément qu’il a mentionné.


M. Ban a ensuite estimé que le ferme soutien international politique, nécessaire aux tâches de consolidation, « qui peuvent parfois prendre une génération », a-t-il expliqué, appelait des responsabilités réciproques à long terme et un partenariat plus équilibré entre donateurs et gouvernements récipiendaires.  Enfin, il a rappelé que les États Membres avaient, lors de la Conférence Rio+20, reconnu que l’état de droit et la bonne gouvernance étaient essentiels pour parvenir à réaliser un développement durable.  « L’Agenda pour le développement au-delà de 2015 pourrait être l’occasion de pousser cette reconnaissance encore plus loin », a-t-il espéré.


Pour sa part, le Président de la Commission de consolidation de la paix, M. Abdulkalam Abdul Momen, a souligné la nécessité de tirer les leçons des expériences de la situation spécifique de certains pays, en termes de bonnes pratiques, de défis et d’opportunités.  Il a ensuite invité le Secrétaire général à expliquer dans quelles conditions les recommandations formulées dans son rapport pourraient être traduites efficacement sur le terrain, dans les pays sortant d’un conflit.  « Cela permettrait de fixer des objectifs clairs tout en procédant à une évaluation sérieuse des politiques et outils dont dispose l’Organisation en appui à ces objectifs », a estimé le Président de la Commission.


À l’instar des délégations des États-Unis, de l’Afrique du Sud ou de la France, plusieurs intervenants ont assuré que l’appropriation nationale et le renforcement des capacités nationales étaient les clefs de la réussite des efforts de consolidation de la paix.


Tout aussi nombreuses ont été les délégations qui ont préconisé un renforcement des liens entre la Commission de consolidation de la paix et d’autres organes, en particulier le Conseil de sécurité.  « La Commission est le point de rencontre entre le Conseil, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social », a notamment affirmé le représentant du Guatemala, en plaidant pour un meilleur partenariat entre le Conseil et la Commission. 


« Le partenariat entre le Gouvernement et la Commission de consolidation de la paix avait guidé un ensemble de programmes et d’interventions « qui sont devenus indispensables à la réalisation d’une paix durable dans mon pays », a assuré la représentante du Libéria.  « Il serait particulièrement utile de tirer profit du savoir des présidents des formations pays lors des consultations du Conseil, ainsi que tout au long du cycle des mandats des missions de l’ONU dans les pays en question », a estimé la représentante du Luxembourg, dont le pays fera son entrée, avec le Rwanda, l’Argentine, l’Australie et la République de Corée, au Conseil de sécurité le 1er janvier prochain.


CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS


Rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit (S/2012/746)


Dans ce rapport, le Secrétaire général expose ce qui a été accompli depuis son dernier rapport intérimaire, présenté en 2010 (A/64/866-S/2010/386), et indique dans leurs grandes lignes les nouvelles mesures à prendre pour mieux aider les pays touchés par un conflit à instaurer une paix durable.


« Nous avons fait de grands progrès dans la sélection et le déploiement rapide de cadres et de personnels immédiatement après une crise », se félicite tout d’abord M. Ban Ki-moon, dans le présent rapport.  Il se réjouit également que des cadres stratégiques intégrés ont été établis pour la quasi-totalité des missions, qui reposent sur l’intégration des missions et des équipes de pays.


Puis, notant que les conflits étaient essentiellement motivés par des différends liés aux ressources naturelles ou à l’accès à la terre, il invite les entités des Nations Unies à s’associer pour tirer parti de leurs compétences et connaissances respectives, de sorte à bien orienter les activitésd’assistance à la gestion de ces ressources.


En ce qui concerne le financement, le Secrétaire général invite les États Membres à assurer durablement et de manière prévisible le financement des activités de consolidation de la paix, notamment par le biais d’instruments communs souples et tolérants au risque.


« Si l’idéal, qui avait présidé à la création de la Commission de consolidation de la paix, n’avait pas encore abouti, celle-ci n’en avait pas moins progressivement contribué à affermir la paix », assure ensuite M. Ban dans son rapport, avant de détailler les efforts faits par la Commission.


À ce titre, le Secrétaire général invite la Commission à consolider sa stratégie tendant à favoriser une plus grande cohérence entre les bailleurs de fonds et une plus grande concordance entre leur assistance et les objectifs des plans nationaux de consolidation de la paix.  Le Conseil est, pour sa part, invité à continuer de prier la Commission de lui prêter avis, notamment pour ce qui est des mandats des missions.


Déplorant que la problématique hommes-femmes n’avait jusqu’à présent pas été systématiquement intégrée au règlement des conflits, le Secrétaire général engage de nouveau lesentités des Nations Unies à s’employer systématiquement pour que les femmesparticipent aux processus de paix et à y dépêcher des spécialistes de la problématique hommes-femmes.


Les entités des Nations Unies chargées d’organiserdes pourparlers, des réunions de groupes de contact et des conférences debailleurs de fonds sont également engagées à faire en sorte que les questions relatives à la participationdes femmes à la paix et à la sécurité soient prises en compte.


Au titre du renforcement des institutions, le Secrétaire général exhorte les gouvernements et leurs partenaires internationaux à réfléchir sérieusement au rythme, à l’enchaînement et à l’adaptation des programmes relatifs à la réforme des institutions.


« Un juste milieu entre l’appui au renforcement institutionnel à long terme et l’impératif d’obtenir des résultats rapides et tangibles au moyen de la restauration des fonctions fondamentales de l’État et de la prestation de services doit être trouvé », indique M. Ban.


Enfin, au titre de l’appui continu de la communauté internationale et de la responsabilité mutuelle, le Secrétaire général invite les États Membres à contribuer, dans les pays sortant d’un conflit, à des plans de transition comportant des objectifs stratégiques convenus et définissant les responsabilités mutuelles.


Les États Membres sont également invités par le Secrétaire général à approuver la prise en compte, dans le programme de développement pour l’après-2015, des questions liées à la consolidation de la paix.


« Pour que notre action collective en faveur de la consolidation de la paix se développe, j’invite les entités des Nations Unies et les États Membres à donner suite aux recommandations formulées dans le présent rapport », conclut le Secrétaire général.


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a tout d’abord rappelé que son rapport de 2009 sur la consolidation de la paix identifiait les deux premières années suivant la fin d’un conflit comme étant une occasion à saisir pour entamer les efforts en vue d’une paix durable.  Il a également rappelé qu’il avait proposé un plan d’action pour une réponse améliorée du système des Nations Unies au cours de cette période.


« Les Nations Unies ont fait des progrès importants dans l’avancement de ce plan d’action », s’est-il félicité, en indiquant que les missions des Nations Unies et les équipes de pays travaillaient plus étroitement ensemble.  « Le système des Nations Unies est devenu plus souple dans le déploiement d’experts, de hauts responsables et de personnel sur le terrain », s’est-il réjoui, en citant aussi le renforcement des partenariats, notamment avec la Banque mondiale et les organisations régionales.  M. Ban a indiqué que, grâce à ces efforts, la réponse des Nations Unies aux défis immédiats surgissant après un conflit avait été plus « cohérente, rapide et efficace », même si les résultats étaient plus mitigés en ce qui concerne la participation accrue des femmes aux efforts de consolidation de la paix.


« En dépit des progrès accomplis, il reste des défis importants », a tempéré le Secrétaire général, en rappelant que 90% des conflits entre 2000 et 2009 étaient survenus dans des pays qui avaient connu auparavant des épisodes de guerre civile.  Citant le manque de confiance -notamment entre l’État et la société- comme l’élément commun à tous les cas d’un retour de la violence, M. Ban a mentionné les trois facteurs clefs qui permettent de faire pièce à un tel retour: l’inclusivité, la consolidation des institutions et un appui international robuste.


M. Ban Ki-moon a indiqué que des approches inclusives pour la consolidation de la paix avaient pour objectif de convaincre toutes les parties qu’elles ont intérêt à régler leurs différends au moyen du dialogue.  « De telles approches axées sur le respect de l’état de droit, permettent également de diminuer le niveau de corruption et d’améliorer la transparence », a-t-il fait remarquer, en faisant référence à l’appui fourni par les Nations Unies à la transition au Yémen. 


Concernant le second facteur, le Secrétaire général a affirmé que la communauté internationale devrait équilibrer son soutien à long terme pour la consolidation des institutions tout en s’assurant que les populations touchent rapidement les dividendes du retour de la stabilité.  « Il y a un besoin vital de se concentrer précocement sur la restauration des capacités administratives essentielles et la fourniture des services sociaux », a–t-il poursuivi.


Soulignant ensuite l’importance cruciale du renforcement de l’état de droit, comme l’a reconnu également l’Assemblée générale, en adoptant le 24 septembre dernier, la Déclaration de haut niveau à ce sujet, M. Ban a rappelé que les États Membres avaient, lors de la Conférence Rio+20, reconnu que l’état de droit et la bonne gouvernance étaient essentiels pour parvenir à réaliser un développement durable.  « L’Agenda pour le développement au-delà de 2015 pourrait être l’occasion de pousser cette reconnaissance encore plus loin », a estimé le Secrétaire général.


M. Ban a ensuite affirmé que les tâches de consolidation de la paix pouvaient prendre une génération et exigeaient un ferme soutien international politique et financier.  Ce soutien appelle des responsabilités réciproques à long terme et un partenariat plus équilibré entre donateurs et gouvernements récipiendaires, a-t-il précisé.  « Les pactesde transition peuvent fournir la base pour une confiance renforcée et des partenariats approfondis entre les pays émergeant d’une situation de conflit et la communauté internationale », a-t-il assuré, en encourageant les États Membres à appuyer leur utilisation.  Le Secrétaire général a indiqué, avant de conclure, que de tels pactes avaient tendance à encourager les partenaires de développement à prendre des risques.  Le Fonds pour la consolidation de la paix pourrait contribuer à réduire de tels risques, a-t-il ajouté.


M. ABDULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh), Président de la Commission de consolidation de la paix, a rappelé que la dernière réunion du Conseil de sécurité consacrée à ce sujet avait eu lieu le 12 juillet dernier, en précisant que la Commission avait, pour sa part, tenu une réunion le 26 novembre pour examiner son rapport final.  La Commission a pris note de l’importance des principaux thèmes contenus dans ce document: inclusivité, renforcement institutionnel, appui international pérenne, responsabilité mutuelle.  M. Momen a aussi rappelé que par la Déclaration politique adoptée lors de la Réunion de haut niveau consacrée à cette question le 25 septembre dernier, la Commission avait attiré l’attention sur ces thèmes auprès de ses membres au sens large, au plus haut niveau politique.  Elle a aussi cherché à réaffirmer l’engagement politique en faveur des objectifs mondiaux en matière de consolidation de la paix dans les pays sortant d’un conflit.


La Commission a également pris note de l’analyse et des recommandations formulées dans le rapport de cette année par rapport à la participation des femmes à la consolidation de la paix.  Elle a aussi souligné la nécessité de concevoir des programmes visant à renforcer l’intégration des femmes et des jeunes en tant qu’agents du redressement et de la reconstruction postconflit.  Si des progrès ont été réalisés dans le renforcement du rôle des femmes, M. Momen a estimé qu’il faudrait déployer des efforts supplémentaires.  Le partage d’expériences, particulièrement par le biais de la coopération Sud-Sud ainsi que la coopération triangulaire sur des thèmes spécifiques pourrait contribuer à la réalisation de l’objectif de l’autonomisation des femmes.


En application des recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport, a rappelé M. Momen, la Commission a décidé de renforcer sa démarche visant à promouvoir et à améliorer la collaboration et la cohérence des partenaires inspirant les stratégies nationales de consolidation de la paix dans les pays figurant à son ordre du jour.  La Commission a mis l’accent sur le renforcement des partenariats avec les gouvernements nationaux, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD).  Elle a aussi consulté l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a-t-il ajouté.  La Commission a en outre accompli des progrès en identifiant des formes différenciées et souples d’engagement avec les pays inscrits à son ordre du jour avec le souci de renforcer son impact sur le terrain.  Des mesures pratiques ont été prises à cette fin.


Le Président de la Commission de consolidation de la paix a noté que l’on en était actuellement dans la phase d’établissement de normes en la matière.  Si les efforts entrepris ne sont pas parfaits, ils font toutefois la différence et ont un mérite en matière d’engagements et d’investissements collectifs.  La Commission œuvre à renforcer son action sur le terrain et à soutenir les efforts mondiaux des Nations Unies pour accompagner les pays émergeant d’un conflit sur la voie d’un chemin qui soit irréversible vers la paix et le développement.  Avant de conclure, M. Momen a souligné la nécessité de tirer les leçons des expériences de pays particuliers, en termes de bonnes pratiques, de défis et d’opportunités.  Il a invité le Secrétaire général à mettre l’accent dans ses prochains rapports sur la praticabilité de ses recommandations en termes d’impact sur le terrain et d’effectivité opérationnelle de l’ONU dans les pays sortant d’un conflit.  Cela permettrait de fixer des objectifs clairs tout en permettant une évaluation sérieuse des politiques et outils dont dispose l’Organisation en appui à ces objectifs, a estimé le Président de la Commission de consolidation de la paix.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a affirmé que le renforcement des institutions des pays émergeant d’une situation de conflit devrait être entendu dans un sens large.  « Il s’agit de créer un tissu social résilient et des institutions dynamiques », a-t-il expliqué, en notant cependant que de telles tâches pouvaient prendre des décennies.  À la suite du Secrétaire général, M. Wittig a indiqué que la communauté internationale devrait équilibrer son appui à long terme aux efforts de la consolidation des institutions avec la nécessité que les populations touchent rapidement les dividendes du retour à la stabilité. 


Concernant une participation accrue des femmes aux efforts de consolidation de la paix, le représentant a pris note des résultats modestes enregistrés jusqu’à présent et plaidé pour des mesures plus systématiques en faveur de la participation des femmes aux efforts de consolidation de la paix.  M. Wittig a ensuite invité la Commission de consolidation de la paix à mieux utiliser l’influence politique des pays qui la composent, en soulignant que la nature intergouvernementale de cet organe était un atout.  Enfin, il a rappelé que son pays avait fait cette année une contribution de 6,5 millions de dollars au Fonds de consolidation de la paix.


M. JOÃO MARIA CABRAL (Portugal) a déclaré que ce débat illustrait l’importance du concept de consolidation de la paix.  Si des progrès restent à accomplir, il semble qu’il n’existe pas de formule unique, car les pays doivent définir les choix prioritaires qui leur incombent.  La Commission de consolidation de la paix ne peut se substituer à eux.  Un appui international coordonné est néanmoins nécessaire en gardant à l’esprit que l’édification de nouvelles institutions relève d’un engagement à long terme, a estimé le représentant.  Il a souligné l’importance du rôle des femmes et des jeunes dès l’amorce du processus de consolidation.  Cela implique la participation des femmes dans les processus de prise de décisions.  Il est important que les acteurs, la Commission de consolidation de la paix en particulier, utilisent au mieux des instruments régionaux tels que le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale.  Le représentant a assuré que son pays était prêt à contribuer à ces efforts.  En conclusion, il a rappelé que le Portugal, dont le mandat de deux ans au sein du Conseil de sécurité prend fin, remercie les autres membres de l’esprit de coopération qui a présidé aux travaux du Conseil pendant cette période.


Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a indiqué que le principe d’appropriation nationale devrait guider les efforts de consolidation de la paix.  Elle a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’une participation accrue des femmes à ces efforts et salué les initiatives des Nations Unies prises en ce sens.  Elle a notamment souligné que la présence des femmes était cruciale à tous les niveaux de prise de décisions administratives et politiques dans les pays concernés.  Comme l’a souligné le Secrétaire général, la représentante des États-Unis a estimé que la communauté internationale devrait équilibrer son soutien à long terme en faveur de la consolidation des institutions, en s’assurant que les populations touchent rapidement les dividendes du retour à la stabilité.  La représentante a ensuite encouragé le système des Nations Unies à mieux coordonner ses efforts, avant de saluer le renforcement des partenariats entre la Commission de consolidation de la paix et la Banque mondiale ainsi que la Banque africaine de développement.  Enfin, elle a invité le Conseil à accorder une attention croissante « aux enjeux complexes et fondamentaux de la consolidation de la paix ».  Le Conseil ne peut les négliger sous peine d’assister à un retour de la violence, a-t-elle souligné en conclusion.


M. KODJO MENAN (Togo) a déclaré que le Conseil de sécurité avait toujours veillé à consolider la paix après les conflits, comme le montrent ses initiatives en Sierra Leone, au Libéria et plus récemment au Timor-Leste.  Toutefois, « il est une réalité que les initiatives de la communauté internationale visant la consolidation de la paix après les conflits ont connu, ces derniers temps, des résultats divers.  S’il en est ainsi, c’est que, assez souvent, les approches mises en avant ont varié selon le poids du pays concerné et surtout suivant l’intérêt qu’il représente », a-t-il fait observer. 


Le Togo se félicite des avancées obtenues depuis 2010, « même si, dans certains pays comme la Guinée-Bissau par exemple, les attentes de la communauté internationale ont été souvent déçues du fait de l’implication répétée de militaires dans la vie politique du pays ».  Ces avancées ont été possibles grâce en partie à la Commission de consolidation de la paix, a estimé le représentant du Togo.  « Pour être pérennes, ces actions de la Commission de consolidation de la paix devraient faire l’objet d’une appropriation nationale par les États concernés. »  Cela implique que « toutes les parties prenantes d’un conflit doivent être impliquées afin de permettre aux uns et aux autres d’apporter leur pierre à la reconstruction du pays », a-t-il également fait remarquer.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné qu’il était crucial de remédier aux causes sous-jacentes des conflits.  Tous les efforts menés en ce sens devraient respecter la souveraineté des pays concernés.  La priorité est la restauration de la sécurité et le renforcement, à cette fin, des capacités locales, a-t-il expliqué, en faisant remarquer que des résultats tangibles pouvaient prendre des années.  C’est pourquoi, la communauté internationale doit ajuster son soutien.


Rappelant la nature très diverse des conflits, le représentant a indiqué que l’appui fourni par la communauté internationale devrait prendre en compte les spécificités des conflits.  Il a invité les Nations Unies à mieux coordonner ses efforts et à hiérarchiser ses priorités, qui, selon lui, doivent être axées sur des résultats tangibles.  La Commission de consolidation de la paix devrait être plus systématiquement associée aux discussions sur le passage du maintien de la paix à la consolidation de la paix, a-t-il souhaité.


M. LI BAODONG (Chine) a estimé que les Nations Unies avaient été un partenaire clef dans les pays sortant d’un conflit.  Il est essentiel que ces pays jouent eux-mêmes le tout premier rôle en matière de consolidation de la paix.  Les efforts entrepris dans ce cadre doivent mettre l’accent sur le renforcement des capacités, tout en se penchant sur les causes profondes ayant provoqué la guerre.  Il est tout aussi fondamental de mettre l’accent sur la sécurité économique car seul le développement permettra aux populations de bénéficier des dividendes de la paix, a souligné le représentant de la Chine.  L’appui et l’assistance de la communauté internationale sont les éléments incontournables, le rôle de l’ONU étant au tout premier plan à cet égard.  Le représentant a également estimé qu’il était essentiel de renforcer la coopération avec l’appui d’institutions internationales telles que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI), tout en encourageant l’engagement des organisations régionales.


M. ZAHEER LAHER (Afrique du Sud) a indiqué que la Commission de consolidation de la paix restait un instrument clef des efforts de consolidation de la paix.  « Grâce à des cadres stratégiques renforcés, elle a obtenu de bons résultats même si la situation actuelle en Guinée-Bissau montre qu’il subsiste encore des difficultés », a-t-il dit.  Le délégué a souscrit aux trois axes dévoilés par le Secrétaire général dans sa déclaration.  Il a également mis l’accent sur le renforcement des capacités locales.  À cet égard, il a détaillé les enseignements tirés d’un atelier organisé sous les auspices de l’Union africaine à Bujumbura, au Burundi. 


L’appropriation nationale doit être le principe directeur des efforts de consolidation de la paix, a-t-il souligné, avant de plaider pour une coopération accrue entre tous les acteurs afin d’éviter les doublons.  Il a indiqué que le partenariat entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité continuait d’évoluer dans un bon sens comme en attestent les interactions régulières entre les présidents de ces deux organes.  Le Conseil de sécurité devrait rechercher plus systématiquement l’avis de la Commission de consolidation de la paix, a-t-il souhaité.  Avant de conclure, il a rappelé que la consolidation de la paix exigeait des ressources financières pérennes et des mécanismes de financement souples.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a salué les progrès accomplis dans le domaine de la consolidation de la paix, tout en demandant de renforcer les activités de l’ONU dans ce domaine et de les doter des meilleurs outils et ressources pour atteindre les objectifs fixés.  Il a estimé qu’il serait utile à l’avenir de fournir, dans le rapport sur l’assistance apportée aux pays en processus de consolidation de la paix, des recommandations sur l’impact des activités d’appui de l’ONU sur le terrain.  M. Osorio a réitéré que la responsabilité principale des initiatives de consolidation de la paix revient à l’État concerné, en soulignant que les intervenants dans ce processus devraient adopter des stratégies cohérentes.  Sa délégation insiste, dans ce cadre, sur le renforcement des capacités et des institutions nationales dans les pays sortant d’un conflit.  Il faut aussi que les efforts menés par les institutions nationales soient appuyés par des capacités civiles efficaces, a-t-il ajouté.


Le représentant a également demandé un appui international politique et financier accru aux processus de consolidation de la paix, notamment en associant davantage les institutions financières internationales et les banques régionales de développement.  La Colombie reconnaît en outre le rôle essentiel que jouent les femmes dans la prévention et la résolution des conflits, a-t-il dit, en invitant les Nations Unies à promouvoir leur participation.  M. Osorio a également salué le travail important accompli par la Commission de consolidation de la paix.  La Colombie, dont le mandat de deux ans au sein du Conseil de sécurité prend fin, avait organisé, pendant sa présidence du Conseil en juillet dernier, un débat sur l’architecture mise en place à l’ONU pour appuyer la consolidation de la paix, a rappelé M. Osorio.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a remercié les membres sortants du Conseil de sécurité pour leur contribution aux travaux du Conseil.  Il a noté que l’ONU a joué un rôle positif en Sierra Leone et au Libéria, notamment à travers son action pour le rétablissement de l’état de droit et l’organisation d’élections.  C’est pourquoi, le Royaume-Uni a été le plus gros contributeur au Fonds pour la consolidation de la paix en versant 20 millions de dollars, a indiqué le représentant.  Il a estimé toutefois qu’il restait encore beaucoup de travail à accomplir.  L’ONU, a-t-il ajouté, doit s’adapter à un contexte international en pleine évolution.  La transparence et la prévisibilité de l’action sont essentielles à l’efficacité de l’assistance de la communauté internationale, a souligné le représentant du Royaume-Uni.  L’ONU doit faire plus pour favoriser le rôle des femmes dans la consolidation de la paix du pays sortant d’un conflit.  Le retour à la paix et la réconciliation ne peuvent être assurés sans une lutte plus efficace contre l’utilisation du viol comme arme de guerre, a-t-il fait remarquer.  Il a déploré par ailleurs qu’à ce jour, 20% des postes dans les missions de consolidation de la paix de l’ONU ne soient pas pourvus.


M. MARTIN BRIENS (France) a déclaré que la consolidation de la paix constituait un véritable défi pour l’Organisation des Nations unies.  Il est indispensable, a-t-il ajouté, que la communauté internationale dispose d’outils efficaces afin d’éviter la « rechute » et la résurgence de la violence dans les États fragilisés par les conflits.  Revenant sur les trois aspects présentés comme prioritaires dans le rapport du Secrétaire général, il a estimé qu’aucune reconstruction n’est possible sans une véritable appropriation nationale des objectifs de consolidation de la paix.  Mais pour être durable, il a précisé que cette reconstruction devrait reposer sur un processus inclusif.  Le Conseil a encore pu constater hier à propos de la situation en République centrafricaine qu’il est essentiel que toutes les parties prenantes acceptent les termes du processus de consolidation de la paix et y participent pleinement.  Il est indispensable que ces processus passent par la tenue de dialogues politiques larges, dans lesquels l’opposition, dans un cadre démocratique, a toute sa place, a-t-il insisté.  Il faut également prendre en compte l’avis de différents segments de la société.  Travailler à la consolidation de la paix dès la fin d’un conflit doit également passer par une valorisation de la contribution des femmes.


La mise en place d’institutions est également un facteur clef pour la réussite de la consolidation de la paix, a estimé le représentant de la France. Mais au-delà des institutions stricto sensu, c’est tout un environnement propice à la consolidation de la paix qui doit être mis en place.  Cela passe par la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, du processus de DDR (démobilisation, désarmement, réintégration), et d’un soutien à la réconciliation nationale, à la constitution d’un État de droit et à la revitalisation du tissu économique.  La mise en place de tous ces éléments suppose une excellente coordination des acteurs impliqués sur la durée des transitions.


La consolidation de la paix implique, enfin, des efforts à long terme, a rappelé le représentant, en mettant l’accent sur deux initiatives qui sont sources d’espoir pour une consolidation de la paix durable: le « New Deal » etl’initiative sur la revue des capacités civiles.  Le rôle de la communauté internationale est de créer les conditions d’un rétablissement du pays.  Les États qui reçoivent une aide ne doivent pas être maintenus indéfiniment sous perfusion, a fait remarquer M. Briens.  Pour y faire face, une option à privilégier est la mise en place de contrats, tels que le « Compact » du « New Deal », qui a été défini lors du Forum sur l’efficacité de l’aide à Busan, a-t-il indiqué, en précisant que ces contrats consistent à définir des engagements des États et permettent donc de l’impliquer dans la démarche.  Il a encouragé à prendre des initiatives visant à restaurer un tissu économique viable.  À cet égard, M. Briens a estimé que l’organisation d’un événement conjoint entre l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix sur les partenariats pour la création d’emploi des jeunes en juin dernier avait été utile, à condition que cela puisse se traduire concrètement sur le terrain.  La France, a-t-il ajouté, tient à encourager le Secrétaire général à continuer à élargir et à approfondir le vivier d’experts civils pour répondre aux besoins immédiats de renforcement des capacités des pays sortant d’un conflit.  La question du développement des partenariats est un élément central de l’examen de cette question, a-t-il dit, en citant l’initiative CAPMATCH.


M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a déclaré que les progrès de la mise en œuvre du Plan d’action de 2009 appellent des mesures spécifiques pour empêcher le retour de la violence et pour construire une paix durable, y compris la gouvernance, le redressement économique, le renforcement de l’appui financier et l’aide au renforcement des capacités nationales.  L’appropriation nationale du processus de la consolidation de la paix est aussi importante, a indiqué le représentant qui a ajouté que l'aide internationale ne pouvait donner des résultats concrets que si elle avait pour objectif de renforcer les institutions nationales, ainsi que les capacités chargées de les diriger, dans les pays sortant d’un conflit.  M. Musayev a aussi réitéré qu’une consolidation de la paix effective nécessitait des actions plus cohérentes et coordonnées de tous les donateurs et de toutes les organisations.  Il a également rappelé que le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États faisaient partie des principes et des normes à la base du succès.  La consolidation de la paix ne doit pas viser à soutenir et légitimer le statu quo créé à la suite de violations du droit international, en particulier les normes impératives qui interdisent la menace ou l’emploi de la force, le génocide et les discriminations raciales, ou être utilisée comme outil pour accepter un fait accompli.


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a insisté sur la nécessité d’établir une coordination plus étroite entre l’ONU et les États concernés en vue d’assurer une appropriation nationale plus grande.  Les accomplissements des missions de maintien de la paix méritent d’être soulignés, a reconnu le Pakistan.  Parmi les éléments clefs à retenir figurent l’appropriation nationale, le développement et le lien entre maintien et consolidation de la paix.  La Commission de consolidation de la paix a beaucoup progressé depuis sa création, il y a sept ans, a estimé le représentant du Pakistan.  Les risques de rechute étant le principal défi rencontré, le rôle des Casques bleus peut être déterminant pour l’empêcher, a estimé le représentant.  Il a également souligné le rôle des femmes dans la consolidation de la paix.  Il s’est dit convaincu qu’un financement garanti pourrait avoir un rôle de catalyseur pour des programmes de développement.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a déclaré que la Commission de consolidation de la paix n’avait pas tout à fait atteint les objectifs pour lesquels elle avait été créée, même si des progrès importants ont été accomplis et qu’il y a un nombre croissant de pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  « Ce sont les États concernés qui doivent prendre en mains l’exécution des plans définis en concertation avec la Commission de consolidation de la paix », a-t-il insisté, avant de plaider pour une amélioration de la coordination des acteurs impliqués et une plus grande inclusion des acteurs privés, comme les fondations.


La Commission de consolidation de la paix devrait établir des liens entre les différents organes du système des Nations Unies, a proposé le représentant du Guatemala.  « La Commission de consolidation de la paix est le point de rencontre entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social », a-t-il estimé.  Comme il n’y a pas de nette démarcation entre maintien de la paix et consolidation de la paix, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix devraient établir un partenariat afin d’accroître, a-t-il dit, l’efficacité de l’action menée sur le terrain.  Avant de conclure, M. Rosenthal a souligné l’importance cruciale d’une participation accrue des femmes aux efforts de consolidation de la paix et plaidé pour le déploiement, sur le terrain, d’experts dans le domaine de l’égalité entre les sexes.  Le Guatemala, qui achève son mandat de deux ans au sein du Conseil de sécurité, a souligné la contribution de sa délégation aux travaux du Conseil et a félicité ses homologues pour l’esprit de coopération qui a présidé à ces travaux.


M. HARDEEP S. PURI (Inde) a rappelé que la création de la Commission de consolidation de la paix résultait de la nécessité d’aider les pays sortant d’un conflit.  Le dialogue, le renforcement des institutions nationales et l’engagement international continu sont les éléments clefs soulignés par le Secrétaire général, a-t-il rappelé.  Le renforcement de la cohérence entre les entités et les divers programmes des Nations Unies sur le terrain doivent constituer une priorité de l’action, estime l’Inde, tout en assurant la pérennité des financements.  L’inclusivité est essentielle, a estimé le représentant, en soulignant que les jeunes et les femmes devraient participer à la consolidation de la paix.  Pour que les populations puissent bénéficier des dividendes de la paix, le processus de consolidation de la paix ne doit pas être considéré comme un aspect secondaire de l’aide internationale, a également souligné le représentant de l’Inde.  Par ailleurs, la Commission de consolidation de la paix doit aligner ses objectifs sur ceux des pays concernés, a-t-il rappelé.  Outre son action au sein des missions de l’ONU, l’Inde a établi des partenariats avec des pays sortant de conflit, a-t-il indiqué.


M. MOHAMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré que la coordination des actions était un point essentiel de la consolidation de la paix qui doit aussi se faire dans le cadre d’une appropriation nationale.  Il incombe en effet au premier chef aux pays concernés de prendre les mesures nécessaires pour réaliser les priorités établies.  Les acteurs concernés doivent avoir pour souci d’éviter tout doublon, en agissant au cas par cas en fonction des ressources disponibles, a-t-il dit.  La Commission de consolidation de la paix peut jouer un rôle clef dans ce cadre, a estimé le représentant du Maroc.  Après sept ans d’existence, la Commission de consolidation de la paix a prouvé son efficacité, a-t-il estimé.  Le Conseil de sécurité peut, a-t-il ajouté, bénéficier de son expérience.  La communauté internationale devrait être en mesure d’apporter un appui financier adéquat et prévisible, dans des délais raisonnables.  La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, ainsi que la coopération régionale doivent permettre de relever les défis auxquels peut se heurter la consolidation de la paix, a insisté le représentant du Maroc.  En partenariat avec le Qatar et la Norvège, le Maroc avait organisé un atelier visant à renforcer le savoir-faire en cette matière dans le monde arabe, le 10 novembre dernier, a-t-il indiqué.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité, rappelant ses résolutions et les déclarations de son président, notamment S/PRST/2009/23, S/PRST/2010/20, S/PRST/2011/2 et S/PRST/2011/4, sur la consolidation de la paix au lendemain de conflits, réaffirme l’importance capitale que revêt la consolidation de la paix comme fondement d’une paix et d’un développement durables au lendemain de tout conflit.


Le Conseil prend note avec satisfaction du rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit (S/2012/746).


Le Conseil réaffirme que l’appropriation et la responsabilité nationales sont cruciales pour l’instauration d’une paix durable et que c’est aux autorités nationales qu’il incombe au premier chef d’arrêter leurs propres priorités et stratégies de consolidation de la paix au lendemain de tout conflit.


Le Conseil souligne l’importance de l’ouverture dans la promotion des processus nationaux de consolidation de la paix et la réalisation de leurs objectifs, le but étant de faire une place aux besoins de toutes les couches de la société.  Il engage l’Organisation des Nations Unies à prêter appui aux efforts déployés à l’échelle des pays pour associer les acteurs nationaux intéressés aux activités et processus de consolidation de la paix.


Le Conseil salue les initiatives de pays sortant d’un conflit tendant à réduire la pauvreté, à décourager les conflits et à améliorer les conditions de vie de leurs populations, souligne que la consolidation de la paix dans les pays qui sortent d’un conflit incombe au premier chef aux gouvernements et aux acteurs nationaux concernés, notamment la société civile, et que l’Organisation des Nations Unies peut jouer un rôle décisif en apportant son concours à la réconciliation nationale, à la réforme du secteur de la sécurité, aux mesures de démobilisation, désarmement et réintégration, au rétablissement de l’état de droit et des institutions nationales, à la relance de l’économie et à la fourniture des services de base, ainsi qu’à d’autres activités essentielles de consolidation de la paix dans les pays sortant d’un conflit.


Le Conseil réaffirme que l’instauration d’une paix durable exige l’adoption d’une stratégie intégrée fondée sur la cohérence des activités menées dans les domaines de la politique, de la sécurité, du développement, des droits de l’homme, y compris l’égalité des sexes, de l’état de droit et de la justice.  À cet égard, il fait valoir l’importance de l’état de droit en tant qu’élément clef de la consolidation de la paix, tout en précisant que les juridictions sont tenues de rendre la même justice pour tous et de veiller à ce que les citoyens bénéficient tous d’une protection égale devant la loi et en soulignant qu’il est nécessaire de redoubler d’efforts pour renforcer les capacités de l’appareil judiciaire et des institutions de sécurité, en particulier de la police, de la magistrature et de l’administration pénitentiaire.


Le Conseil souligne qu’il faudrait renforcer la coordination, la cohérence et l’intégration des activités de consolidation de la paix et qu’il est primordial d’améliorer la coordination entre les missions des Nations Unies, les équipes de pays des Nations Unies et les autres entités régionales et acteurs du développement, y compris les organisations régionales, pour que les principales activités de consolidation de la paix soient menées avec plus d’efficacité.  Il insiste également sur la nécessité de mieux définir, en fonction de leurs points forts respectifs, la répartition des tâches et des responsabilités entre ces acteurs dans l’accomplissement de ces activités.


Le Conseil rappelle sa résolution 1645 (2005) et reconnaît que la Commission de consolidation de la paix joue un rôle important en ce qu’elle favorise et appuie une approche intégrée et cohérente de la consolidation de la paix, notamment en encourageant les partenaires à mieux aligner leurs politiques sur les stratégies et priorités nationales dans ce domaine.


Le Conseil renouvelle son appui à l’action de la Commission et exprime sa volonté de continuer à faire appel aux services de cette dernière en matière de conseil, de sensibilisation et de mobilisation des ressources, notamment en sollicitant des conseils ciblés sur l’adhésion nationale et internationale aux objectifs de consolidation de la paix à long terme des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  Il souligne également la contribution que la Commission de consolidation de la paix apporte pour assurer le transfert sans heurt des responsabilités des missions déployées dans les pays inscrits à son ordre du jour, notamment grâce à la mobilisation d’un appui international soutenu en vue de renforcer les capacités nationales dans les domaines essentiels.


Le Conseil apprécie le rôle que les soldats de la paix et les missions de maintien de la paix jouent dans les premières opérations de consolidation de la paix et rappelle que les activités prescrites dans ce domaine doivent également contribuer aux objectifs de consolidation de la paix à long terme en vue d’accomplir des progrès continus qui permettront à terme de réaliser les objectifs de consolidation de la paix et de faciliter le retrait des missions de maintien de la paix et le transfert de leurs responsabilités.  Il constate qu’il faut prendre en compte les connaissances et les données d’expérience acquises par les missions dans l’élaboration des stratégies de consolidation de la paix.


Le Conseil rappelle qu’il est essentiel d’apporter un soutien ciblé, bien défini, équilibré et durable aux partenariats noués avec les pays sortant d’un conflit, qui soit adossé à des engagements mutuels, en vue de mettre en œuvre des stratégies nationales efficaces en matière de consolidation de la paix, prévoyant notamment la reconstruction ou l’instauration des institutions nécessaires au relèvement au lendemain d’un conflit, axées sur l’obtention de résultats et régies par le principe de responsabilité mutuelle.


Le Conseil prie instamment les États Membres et les autres partenaires de redoubler d’efforts en vue d’assurer de manière prévisible et durable le financement de l’entreprise de consolidation de la paix, notamment par l’intermédiaire du Fonds pour la consolidation de la paix et de fonds d’affectation spéciale multidonateurs.


Le Conseil souligne qu’il importe de coopérer efficacement avec les institutions financières internationales, les banques régionales de développement et le secteur privé afin de promouvoir la création d’emplois et de tenir compte des besoins de développement socioéconomique à long terme de tout pays sortant d’un conflit.


Le Conseil engage les gouvernements, les organismes des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales à élargir et étoffer la réserve de civils spécialistes de la consolidation de la paix au lendemain de conflits, notamment en faisant appel à des experts venant de pays ayant une expérience dans les domaines de la transition démocratique ou de la consolidation de la paix au lendemain de conflits, en particulier des femmes et des personnes originaires de pays en développement, dont la participation est essentielle au succès de l’action des Nations Unies au service de la consolidation de la paix.  Il encourage également les gouvernements, les organismes des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales à utiliser les compétences disponibles dans le domaine civil, et à continuer de les développer, tout en veillant à réduire le plus possible les doublons et à assurer la cohérence et la complémentarité des activités.  Il insiste également sur l’importance que les délibérations des organisations internationales fassent progresser le processus, en conformité avec la résolution 66/255 de l’Assemblée générale et dans le respect de l’obligation de mandater et déployer les experts civils en observant les règles et procédures pertinentes de l’Organisation des Nations Unies.


Le Conseil souligne l’utilité de partager l’expérience des pays qui ont connu une situation de conflit ou d’après conflit et des transitions comparables, et souligne l’importance d’une coopération efficace aux niveaux régional, Sud-Sud et triangulaire.


Le Conseil souligne l’importance du rôle joué par les femmes dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix, et précise qu’il incombe au premier chef aux gouvernements des pays touchés par un conflit armé de renforcer la participation des femmes aux activités de prévention et de règlement des conflits et de consolidation de la paix dans le cadre du programme relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité, y compris en consultant les organisations féminines compétentes dès les premières étapes de la planification et de la définition des priorités.  Il se félicite que le Secrétaire général ait demandé que les femmes prennent davantage part et soient associées de plus près aux activités de prévention et de règlement des conflits armés et de consolidation de la paix et soient mieux représentées dans ces domaines et qu’une action plus ferme soit menée pour écarter les obstacles à leur participation à tous les niveaux.


Le Conseil rappelle l’importance d’aborder la question des crimes commis à l’encontre des femmes en période de conflit armé, y compris les meurtres, les mutilations et les violences sexuelles, dès le début des processus de paix, des efforts de médiations, de la négociation des cessez-le-feu et des accords de paix, en particulier dans les dispositions relatives aux dispositifs de sécurité, à la justice transitionnelle et aux réparations, ainsi que dans le contexte de la réforme du secteur de la sécurité. 


Le Conseil met l’accent sur la nécessité d’investir dans les capacités économiques des femmes et des jeunes en vue d’un relèvement durable au lendemain d’un conflit et engage les États Membres à promouvoir pareille démarche.


Le Conseil réaffirme la décision qu’il a prise au paragraphe 14 de sa résolution 1998 (2011) de continuer à insérer des dispositions spécifiques pour la protection des enfants dans les mandats des opérations de maintien de la paix pertinentes.


Le Conseil a conscience que la criminalité transnationale organisée, y compris les activités illicites comme le trafic de drogues et le commerce illicite des armes, complique la consolidation de la paix dans les pays sortant d’un conflit, et souligne l’importance d’améliorer la coopération internationale et régionale sur la base d’une responsabilité commune et partagée pour lutter efficacement contre ce phénomène et renforcer les capacités des pays en matière de prévention du crime et de justice pénale.  Il souligne à cet égard l’importance de renforcer la coopération entre les acteurs de la consolidation de la paix au sein d’une même région pour relever ces défis de manière coordonnée et en étroite collaboration avec les autorités nationales et les organisations régionales et sous-régionales compétentes ainsi que les bureaux régionaux des Nations Unies, et avec leur consentement.


Le Conseil prie le Secrétaire général de lui rendre compte, ainsi qu’à l’Assemblée générale, d’ici à décembre 2013, des progrès accomplis par les organismes des Nations Unies en matière de consolidation de la paix au lendemain de conflits, y compris en matière de participation des femmes à ces activités, et de lui présenter un rapport sur ce sujet en décembre 2014 au plus tard, en mettant particulièrement l’accent sur l’impact des activités menées par ces organismes sur le terrain, y compris les enseignements tirés des activités de consolidation de la paix menées par les Nations Unies dans le contexte de chaque pays ainsi que sur la suite donnée aux dispositions de la présente déclaration, en tenant compte des vues de la Commission de consolidation de la paix.


Suite des déclarations


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a mis l’accent sur la nécessité d’approfondir l’interaction entre la Commission de consolidation de la paix et les organes des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité.  Les acteurs dans les processus de consolidation de la paix des Nations Unies doivent veiller à la coordination, la cohérence et l’alignement des actions sur les priorités du pays hôte, a-t-elle rappelé.  Le Brésil a noté l’interaction croissante entre les institutions financières internationales et les efforts de la Commissions de consolidation de la paix pour favoriser le dialogue avec les organisations régionales et sous-régionales.


L’idée de la responsabilité mutuelle doit être considérée comme l’identification conjointe des objectifs stratégiques et des actions prioritaires par les pays sortant d’un conflit et la communauté internationale, a estimé Mme Ribeiro Viotti.  Elle ne devrait pas constituer une condition préalable à la coopération, a-t-elle prévenu.  Il est également important que la communauté internationale comprenne les réalités des pays en conflit et développe, à cet égard, un point de vue plus tolérant.  Elle a également souligné le rôle des femmes dans le processus de consolidation de la paix, en précisant qu’elles jouaient un rôle clef dans la prévention des conflits, la réconciliation nationale et la relance de l’économie du pays.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a indiqué que l’inclusion dans les processus de consolidation de la paix de tous les groupes de la population, en particulier les plus vulnérables, était le meilleur moyen de prévenir, à court et à long termes, l’émergence de frustrations qui peuvent conduire le pays à sombrer à nouveau dans le conflit et la violence.  Elle a assuré que pour la mise en place d’institutions étatiques durables, la Commission de consolidation de la paix avait une réelle valeur ajoutée, « parce que son approche de la paix est globale ».  En ce qui concerne l’amélioration des partenariats, elle a indiqué « que le New Deal était un parfait exemple d’appropriation et de leadership venant du Sud ».  Mme Lucas a indiqué que son pays, qui fera partie prochainement des membres du Conseil de sécurité, jugeait opportun de renforcer les relations entre le Conseil  et la Commission.  Elle a estimé qu’il était particulièrement utile de tirer profit du savoir et de l’analyse des présidents des formations pays lors des consultations du Conseil, ainsi que tout au long du cycle des mandats des missions de l’ONU dans les pays en question.


M. JIM McLAY (Nouvelle-Zélande) a déclaré que toutes les méthodologies décrites par le Secrétaire général dans son rapport sur la consolidation de la paix avaient une importance vitale pour éviter tout retour au conflit, mais aussi prévenir tout conflit.  Mettant l’accent sur trois éléments clefs que sont l’ouverture à la participation d’acteurs largement représentatifs de la population, le renforcement des institutions et l’appui continu de la communauté internationale et responsabilité mutuelle, le représentant de la Nouvelle-Zélande s’est dit convaincu que les choses iraient beaucoup mieux aujourd’hui en Syrie ou dans les Kivu en République démocratique du Congo, si ces principes étaient appliqués.  S’agissant tout particulièrement de l’ouverture, M. Mclay a salué les recommandations faites par le Secrétaire général concernant le rôle des femmes dans les processus de paix.  Il a indiqué que la communauté internationale a échoué au Timor-Leste en 2006, parce que nous avons sous-estimé l’importance de l’appui continu de la communauté internationale.  En conséquence, le peuple timorais a payé un prix inacceptable.  Le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à retenir la leçon de ce retrait prématuré au Timor-Leste, en estimant que ces retraits prématurés se traduisaient par de fausses économies.  Il a salué l’initiative du Groupe G-7+ émanant d’États sortant d’un conflit, dont le Timor-Leste, qui se sont accordés sur cinq objectifs concernant la consolidation de la paix et la restauration de l’État de droit.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à s’approprier ces cinq objectifs comme référence lors de la mise en œuvre ou examen de mandats de mission.  Les Nations Unies doivent également être en mesure d’identifier et de déployer rapidement les capacités civiles nécessaires.    


M. WILL NANKERVIS (Australie) a déclaré que la consolidation de la paix était essentielle, sachant qu’environ la moitié des pays sortant d’un conflit sombraient de nouveau dans la violence dans les cinq années qui suivent, comme le montrent les questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  C’est pourquoi, il est important de mettre l’accent sur les efforts de consolidation de la paix pour rétablir la stabilité et l’état de droit, a estimé le représentant.  L’Australie, a-t-il assuré, peut faire bénéficier de son expérience aux pays concernés dans la région Asie-Pacifique.  Le représentant a souligné qu’il était temps de faire le point sur la réalisation de l’agenda 2009 du Secrétaire général en matière de consolidation de la paix.


Le délégué a souligné l’importance de la période de transition entre le maintien et la consolidation de la paix, en citant l’exemple du Timor-Leste, de la Sierra Leone, du Libéria et des Îles Salomon.  Une des leçons à retenir de ces expériences est la nécessité de planifier la transition le plus tôt possible en mettant l’accent sur le développement de capacités nationales.  Quant à la participation des femmes, il a fait remarquer qu’il ne s’agit pas uniquement d’une question d’égalité: l’expérience montre en effet que les processus de consolidation de la paix ont plus de chance de réussir lorsque les femmes jouent un rôle actif.


Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a souhaité que la stratégie de consolidation de la paix se base sur trois éléments: la responsabilité nationale des activités entreprises dans ce domaine, le rôle des Nations Unies en matière de coordination de l’aide internationale, et le rôle des organisations régionales et sous-régionales conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Elle a souligné, à cet égard, la nécessité de renforcer les capacités des systèmes régionaux d’appui aux pays sortant de conflit.  Examinant le rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix après les conflits, elle a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme proposé par le Secrétaire général en 2009, qui ont permis aux Nations Unies d’agir dans ce domaine de manière plus cohérente et efficace.  Il reste cependant un long chemin à parcourir, a-t-elle noté, en soulignant, en particulier, la nécessité d’améliorer la participation des femmes dans les processus de consolidation de la paix.  Elle s’est par ailleurs félicitée que les pays sortant d’un conflit bénéficient, par le biais de la coopération technique et de la coopération Sud-Sud, d’un appui pour le renforcement de leurs capacités nationales.  Enfin, Mme Perceval a plaidé en faveur d’une plus grande coopération entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité. 


M. TSUNEO NISHIDA (Japon) a déclaré qu’il était crucial de restaurer aussi vite que possible, dans les pays sortant d’une situation de conflit, les institutions permettant d’assurer les services publics.  Il a plaidé pour la mise en place de mécanismes plus souples permettant aux parties prenantes de se rassembler autour de cet objectif.  M. Nishida a ensuite appelé de ses vœux une participation accrue des femmes aux efforts de consolidation de la paix, un soutien international pérenne et un partenariat équilibré, grâce au principe de responsabilité mutuelle, entre gouvernements récipiendaires et bailleurs de fonds.  Le délégué du Japon a souligné la nécessité de renforcer le partenariat entre le Conseil et la Commission de consolidation de la paix, afin que celle-ci puisse « réaliser son plein potentiel ».  Tout en notant les incertitudes qui demeurent sur l’intégration des efforts de consolidation de la paix à l’Agenda pour le développement au-delà de 2015, il a souligné le rôle que pourrait jouer à cet égard la notion de sécurité humaine.


M SHIN DONG IK (République de Corée) a déclaré que ces six dernières années la Commission de consolidation de la paix s’était développée progressivement pour accomplir son mandat en catalysant les efforts internationaux en faveur des pays sortant d’une situation de conflit de sorte qu’ils renouent avec une paix durable.  Néanmoins, la réalité montre que dans la plupart des cas, si ce n’est dans la totalité, la situation demeure fragile et que les nombreux défis en suspens n’ont pas diminué, a-t-il noté.  La délégation coréenne a cité le cas de la République centrafricaine, l’un des pays inscrit à l’ordre du jour de la Commission, où il y a seulement deux jours, des rebelles dissidents avaient recouru à la force pour satisfaire leurs revendications.  Cela illustre l’importance dans les processus de consolidation de mettre l’accent sur la prévention et de traiter les causes sous-jacentes du conflit, a estimé le représentant.  Sa délégation, souhaite que le Conseil de sécurité établisse un partenariat solide avec la Commission de consolidation de la paix, a-t-il dit, avant de rappeler que la République de Corée participait activement aux travaux de la Commission.


M. THOMAS GUERBER (Suisse) a déclaré que la validité des trois priorités définies par le Secrétaire général –ouverture, renforcement des institutions et appui de la communauté internationale, responsabilité mutuelle– était confirmée par sa propre expérience en tant que Président de la configuration spécifique de la Commission de consolidation de la paix sur le Burundi.  La dernière conférence des donateurs du Burundi, qui s’est tenue à Genève à la fin octobre, constitue un bon exemple.  « Elle a permis l’alignement des donateurs autour d’un programme commun qui avait été préparé par le Burundi dans le cadre d’un processus inclusif.  Cette conférence a marqué une étape importante dans le processus de consolidation de la paix au Burundi et nous sommes optimistes quant à l’impact positif qu’elle aura dans la durée », a-t-il assuré.  Ces principes font également partie intégrante du « New Deal » pour l’engagement dans les États fragiles, qui avait été conclu l’an dernier à Busan et dont la Suisse est signataire.


La Suisse considère par ailleurs qu’une vision claire et à long terme pour la consolidation de la paix aiderait à rationnaliser encore davantage les efforts, a indiqué son représentant.  Il a ensuite souligné la nécessité de poursuivre les efforts en faveur de la parité entre les hommes et les femmes.  Sa délégation suggère d’examiner plus à fond la question de la relation entre, d’une part, les missions mandatées par le Conseil et, d’autre part, les mandats de la Commission: « Duplication, déroulement et durée des mandats respectifs sont des sujets qui méritent notre attention et ceux-ci s’avèrent particulièrement importants pour les phases de transition », a-t-il précisé.


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) au nom du Mouvement des pays non alignés, a déclaré que la notion de consolidation de la paix évoluait continuellement et qu’il restait encore beaucoup à apprendre dans la définition des politiques les plus justes dans ce domaine et dans celles de la hiérarchisation des priorités, afin que celles-ci répondent aux spécificités locales.  Le Mouvement des pays non alignés réitère par ailleurs que toutes les initiatives en matière de consolidation de la paix et de planification doivent reposer sur les principes d’appropriation nationale et sur un financement opportun, prévisible et fiable.  Quant à la Commission de consolidation de la paix elle-même, le Mouvement des pays non alignés est convaincu qu’elle constitue la plateforme pour un mécanisme institutionnel coordonné, cohérent et intégré capable de répondre aux besoins particuliers des pays sortant d’un conflit.  Le Mouvement des pays non alignés réaffirme le rôle central de la Commission de consolidation de la paix pour fournir aux Nations Unies une orientation politique et des stratégies pertinentes.  En matière de financement, le Mouvement des pays non alignés demande la mise sur pied d’un mécanisme au sein de la Commission et au sein de chaque configuration de pays afin d’assurer l’unité des efforts des bailleurs, en coopération étroite avec les pays concernés, a rappelé le représentant.


M. SAIFUL AZAM MARTINUS ABDULLAH (Malaisie) a tout d’abord prévenu que les programmes visant à renforcer les capacités nationales et de réforme du pays sortant d’un conflit ne peuvent être imposés de l’extérieur.  L’appropriation nationale est cruciale mais, compte tenu des différences entre les pays, la Malaisie partage l’idée de développer des principes et des directives, a-t-il indiqué.  S’agissant de l’action internationale sur le terrain, il a estimé qu’il était pertinent d’encourager le recours à l’expertise et au partenariat des pays qui ont eux-mêmes vécu les affres d’un conflit. 


Mais aucun effort ne saurait porter de fruits sans un financement adéquat, a-t-il rappelé, en soulignant que certains pays pourraient avoir besoin d’une aide pendant 15 ans.  Insistant une nouvelle fois sur l’importance d’une bonne expertise civile pour la consolidation de la paix, le représentant a illustré ses propos en donnant pour exemple, l’implication de son pays dans le processus de paix entre le Front de libération islamique moro et les Philippines où la Malaisie a déployé, aux côtés des militaires et des policiers, et des experts civils.  On ne saurait trop insister sur le caractère essentiel du capital humain, a-t-il dit.  La Malaisie, qui est membre de la Formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, a accueilli, par exemple, dans ses universités plus de 300 étudiants bissau-guinéens.


M. IOANNIS VRAILAS, de la délégation de l’Union européenne, a estimé que les Nations Unies étaient mieux équipées aujourd’hui pour faire face aux multiples défis de la consolidation de la paix.  Il s’est félicité des résultats obtenus dans plusieurs domaines mis en lumière par le rapport du Secrétaire général.  Il faudrait poursuivre les efforts pour améliorer davantage l’intégration de la parité entre les hommes et les femmes dans la planification, l’engagement des femmes dans la reconstruction de la paix et la gouvernance et le redressement économique.  Répondre aux défis de la consolidation de la paix est un effort qui nécessite des engagements continus, ainsi que des efforts coordonnés et intégrés », a-t-il encore déclaré, en appelant les Nations Unies à renforcer davantage la coopération avec ses partenaires, les États Membres, les organisations régionales et les acteurs de la société civile.


M. Vrailas est revenu ensuite sur les trois domaines dans lesquels de nouveaux efforts doivent être déployés.  Il a réaffirmé le plein appui de l’Union européenne aux travaux de la Commission de consolidation de la paix.  Il l’a invité à explorer des moyens d’intervention plus flexibles et à mieux coordonner et soutenir les autres acteurs du système des Nations Unies.


Concernant le « New Deal » pour l’engagement dans les États vulnérables, adopté lors du Forum de Busan, en 2011, et qui comprend cinq objectifs de consolidation de la paix et de renforcement de l’État, M. Vrailas a insisté sur le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation afin d’assurer une meilleure efficacité des mesures prises.  S’agissant de la participation des femmes dans la consolidation de la paix, le représentant a rappelé qu’il était important de soutenir leur rôle dans la promotion de la paix et de la sécurité.  Sur les neuf accords de paix signés en 2011, deux seulement contiennent des dispositions sur la protection des droits des femmes, a-t-il regretté.  C’est pourquoi, l’Union européenne insiste sur la nécessité d’assurer aux femmes une participation active à toutes les étapes des processus de paix.


Après avoir reconnu les progrès réalisés, M. MARTEN GRUNDITZ (Suède) a souligné que la communauté internationale devrait renforcer son appui aux processus de consolidation de la paix.  Il a estimé que cet appui repose sur trois piliers: une meilleure coordination des efforts internationaux, le renforcement du dialogue avec le pays hôte et la participation active des femmes au processus de consolidation de la paix.  La Suède, a rappelé son représentant, s’était engagée au Libéria en présidant la Formation Libéria qui avait, notamment, pour tâches d’appuyer les efforts d’inclusivité, de réconciliation et de décentralisation.  Le représentant de la Suède a aussi réaffirmé qu’il était essentiel que les processus de consolidation de la paix respectent la parité entre les hommes et les femmes.  Avant de conclure, il a indiqué que le Conseil de sécurité pourrait mieux cibler son action en établissant des échanges réguliers avec la Commission de consolidation de la paix, notamment dans le contexte du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix.


M. ERIK LAURSEN (Danemark) a estimé que la clef du succès résidait dans la capacité de fournir des résultats concrets sur le terrain.  Le type d’appropriation nationale et de leadership dont a fait preuve le G-7+ mérite d’être salué et encouragé.  À cet égard, les partenariats sont cruciaux pour la stabilité à long terme, une cohérence maximale et la suppression des chevauchements, a poursuivi le représentant.  Après avoir regretté le peu d’avancées dans la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix, le représentant a réitéré l’attachement de son pays à la résolution 1325, relative aux femmes, la paix et la sécurité. 


Le Danemark, a-t-il rappelé, a toujours défendu une architecture de consolidation de la paix plus ambitieuse et plus efficace.  Aussi en 2013, espère-t-il, devenir membre du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix.  Le pays a d’ores et déjà renouvelé son appui financier au Fonds de consolidation de la paix, en débloquant une somme de plus de 8 millions de dollars pour la période 2012-2014.  Le Danemark appuie aussi fermement l’Initiative sur les moyens civils et encourage le système des Nations Unies à mettre encore davantage l’accent sur le « New Deal ».  Pour l’avenir, le représentant a jugé impératif que le nouvel agenda pour le développement de l’après 2015 reconnaisse les liens inextricables entre paix, sécurité et développement, étant donné que les pays fragiles sont ceux qui ont aujourd’hui le plus de mal à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


M. YUSRA KHAN (Indonésie) s’est félicité de ce que le rapport mette l’accent sur l’appropriation nationale.  Cette appropriation et les priorités identifiées par les acteurs nationaux eux-mêmes doivent être la base même de tout appui de la communauté internationale.  Le représentant a poursuivi en estimant qu’une vraie consolidation de la paix était celle qui libère le potentiel des progrès économiques et du développement.  Pour ce faire, il faut une étroite collaboration entre tous les acteurs internationaux, a-t-il souligné.  Le cadre d’appui, a-t-il ajouté, doit aussi être plus transparent et plus comptable de ses actes.  L’Indonésie peut témoigner de l’importance de ces deux éléments après son expérience dans le règlement d’un conflit de plusieurs décennies à Aceh.  


À l’origine d’un effort en ce sens en 2008 à la Commission de consolidation de la paix, l’Indonésie ne peut que se féliciter de l’appel du Secrétaire général à tendre la main aux fondations et au secteur privé, a indiqué le représentant.  Après avoir appelé les autres organes de l’ONU dont le Conseil de sécurité à s’inspirer des discussions de la Commission de consolidation de la paix, le représentant a conclu sur la question de la participation de la femme au processus de consolidation de la paix, en arguant que cette participation doit aller au-delà des quotas et se concentrer sur le renforcement de leurs capacités.  Il a donc attiré l’attention sur l’expertise des femmes du Sud mondial qui sont déjà nombreuses dans le système des capacités civiles des Nations Unies. 


M. MARTIN ADAMU (Nigéria) a déclaré que bien avant la création de la Commission de consolidation de la paix, son pays contribuait depuis longtemps à des opérations de maintien de la paix, une expérience qui lui avait permis de constater la fragilité de ce processus.  Une approche plus intégrée devrait établir les priorités dont le dialogue, avec une participation plus inclusive, notamment celle des femmes, et le renforcement des institutions nationales.  Le Nigéria note que le Fonds de consolidation de la paix joue un rôle important même si d’autres ressources sont nécessaires pour lui permettre de fonctionner pleinement.  Il est important de porter la plus grande attention aux stratégies régionales, a estimé le représentant du Nigéria.  Son pays, a-t-il rappelé, s’est engagé dans les processus de consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest.


M. GAREN NAZARIAN (Arménie) a indiqué que chaque situation était spécifique.  Il a cependant souligné que le dénominateur commun était la nécessité d’intervenir le plus rapidement possible afin de ne pas compliquer la résolution de la paix.  « Nous devons faire preuve de détermination, persévérance et patience.  Nous pensons, a-t-il dit, qu’il faut continuer de promouvoir et appuyer les mécanismes de consolidation telle que la Commission de consolidation de la paix qui offre des conseils en matière de reconstruction et de réconciliation. » 


Il faut que les programmes soient adaptés aux besoins des pays et orientés vers des résultats.  Le représentant a insisté sur la nécessité de faciliter la participation de la société civile, notamment des associations de femmes, dans toutes les étapes du processus de consolidation de la paix.  Il a mis l’accent également sur la contribution des institutions financières internationales, dont les banques régionales de développement, pour améliorer la cohérence des efforts de consolidation de la paix aux niveaux régional et sous-régional.  La détermination et la volonté politique des États Membres, ainsi que l’appropriation nationale, sont essentielles pour atteindre les objectifs de consolidation de la paix, a-t-il assuré.


M. TETE ANTONIO, de l’Union africaine, a déclaré que l’Afrique avait un intérêt tout particulier dans ce sujet, de par l’étendue des conflits qui déchirent le continent.  Il a rappelé que l’Union africaine avait posé les bases d’une politique en matière de reconstruction et de développement après le conflit à Banjul, en Gambie, en 2006, axée sur la planification, l’efficacité et la coordination des activités de consolidation de la paix.  Ce cadre repose sur cinq principes : leadership africain, appropriation nationale et locale, inclusivité, équité et non-discrimination, coopération et cohésion et, enfin, renforcement des capacités.  En juillet dernier, l’Initiative solidarité africaine avait été lancée afin de mobiliser un soutien renforcé au sein même du continent en faveur de la reconstruction post-conflit et pour le développement des pays sortant de la guerre, a rappelé l’Observateur de l’Union africaine. 


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a rappelé que 90% des conflits intervenus entre 2000 et 2009 s’étaient déroulés dans des pays qui avaient déjà connu une guerre.  Il a souligné qu’il était indispensable d’établir un ordre de priorité dans les définitions des programmes de transition.  Il est également important de procéder à une réforme efficiente du secteur de la sécurité et de permettre un dialogue politique inclusif de nature à garantir la tenue des élections libres et démocratiques et la construction d’un État de droit reposant sur des institutions fortes.  Le représentant du Sénégal a souhaité que ce double fondement politique et sécuritaire s’accompagne d’un renforcement des capacités nationales pour la satisfaction des besoins sociaux, en mettant l’accent sur la santé, l’éducation et la formation.  Il a mis l’accent sur la nécessité de stimuler une relance économique de nature à favoriser le développement social, en appelant tout particulièrement à soutenir la production agricole et le développement d’infrastructures.  Souscrivant aux recommandations du Secrétaire général, le représentant du Sénégal a souligné l’importance d’une participation réelle des femmes dans les processus de transition.  Il a également mis l’accent sur le rôle prépondérant de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Le Sénégal souhaite que l’on renforce la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, a-t-il indiqué, avant de se féliciter de la qualité du partenariat stratégique que l’Union africaine continue de développer avec l’ONU.


Après s’être félicité des idées que le Secrétaire général présente dans son rapport, M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a souligné que la réhabilitation des capacités civiles était un des domaines les plus importants de l’assistance aux pays sortant d’un conflit.  La Croatie, a-t-il confié, suit attentivement le processus d’évaluation des capacités civiles et est prête à contribuer activement à l’initiative CAPMATCH.  Elle tient à souligner, une nouvelle fois, son attachement aux efforts visant à une plus grande coordination entre les multiples acteurs internationaux de la consolidation de la paix, en tenant particulièrement à une meilleure clarification des rôles et des responsabilités.  Seule une coordination améliorée et, en particulier, un engagement approprié des institutions financières internationales, des organisations régionales et sous-régionales, du secteur privé et des donateurs non traditionnelles, pourra optimiser les résultats et assurer une efficacité à l’engagement international.


M. JAKKRIT SRIVALI (Thaïlande) a tenu à insister sur l’importance de l’appropriation nationale et du rôle primordial de la relance économique et d’un développement économique inclusif dans les efforts de consolidation de la paix.  Il a aussi jugé important de pouvoir compter sur un appui financier international « en temps, prévisible et durable ».  Il a souligné que la communauté internationale devrait continuer de se concentrer sur sa contribution à la mise en place de capacités et d’institutions fortes et réactives.  À cet égard, il a attiré l’attention sur « l’avantage comparatif » du Sud mondial.  Enfin, le représentant a dit attendre d’autres progrès concernant la participation des femmes à la consolidation de la paix, en général, et au règlement des conflits, en particulier. 


Mme MIRSADA ČOLAKOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a mis l’accent sur l’importance de l’ouverture et du renforcement des institutions nationales d’un pays sortant d’un conflit.  Elle a estimé que le dialogue avec des acteurs nationaux très représentatifs au stade le plus précoce de la consolidation de la paix était indispensable pour assurer le succès des efforts entrepris.  Ce processus doit être ouvert, créatif et transformatif, a-t-elle insisté.  Elle a invité la communauté internationale à faire plus en matière de reconstruction et de renforcement des capacités nationales avant toute réduction des effectifs d’une mission de maintien de la paix ou mission de consolidation de la paix.  Il est essentiel de restaurer au plus vite les fonctions clefs des gouvernements et leur capacité à assurer les services sociaux, a-t-elle souligné.  Les initiatives pour le renforcement des institutions nationales exigent un soutien politique et financier international continu.  Elle a souligné qu’il était important d’établir des partenariats équilibrés entre donateurs et récipiendaires de l’aide pour garantir l’efficacité des investissements dans les processus de maintien et de consolidation de la paix.  La représentante a également souligné l’importance du rapport sur le développement mondial, publié par l’OCDE 2011, qui fournit des conseils aux donateurs en ce qui concerne le renforcement des institutions dans les pays vulnérables ou sortant d’un conflit.  Elle a également salué l’initiative du Groupe G7+ visant à obtenir de nouveaux engagements dans cinq domaines clefs.  En conclusion, la représentante de la Bosnie-Herzégovine a estimé que l’ONU pourrait faire davantage, afin de transformer son bilan mitigé en un véritable succès.   


M. VALENTIN RYGAKOV (Bélarus) a constaté que le processus de consolidation de la paix et l’appropriation nationale en vue de permettre au pays sortant d’un conflit de reprendre le contrôle de son territoire étaient complexes et exigent l’adoption d’une approche pluridimensionnelle.  Il a parlé des contributions de la Commission de consolidation de la paix en la matière, en estimant néanmoins qu’elle devrait faire davantage.  Il est fondamental, a-t-il par ailleurs estimé, de renforcer les liens institutionnels entre la Commission de consolidation de la paix, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC).  Le représentant a également appelé à l’établissement de partenariats plus étroits avec les pays concernés et les institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale.  Le représentant a également préconisé une meilleure coordination entre le terrain et le Siège de l’ONU.  Compte tenu de la limite des ressources, cela permettrait de mieux cibler les efforts, a-t-il fait remarquer.  Il a aussi insisté sur la nécessité d’adopter des stratégies globales, coordonnées et ciblées qui tiennent comptent de la situation spécifique de chaque pays.  Le représentant du Bélarus a ensuite souligné le fait que le plan d’action sur la traite des êtres humains appelle à ce qu’une stratégie en la matière soit intégrée dans les programmes de consolidation de la paix de l’ONU.


Mme MARJON KAMARA (Libéria) a déclaré que l’engagement direct de son pays avec la Commission de consolidation de la paix (CCP) avait offert au Libéria l’opportunité de se concentrer sur les domaines critiques nécessitant une action urgente, dont le secteur de la sécurité, l’état de droit et la réconciliation nationale.  Elle a précisé que les responsabilités de son gouvernement et de la CCP pour la réalisation des objectifs agréés étaient décrites dans une déclaration d’engagement réciproque.  Ce partenariat guide un ensemble de programmes et d’interventions qui sont devenus indispensables à la réalisation d’une paix durable au Libéria, a-t-elle dit.  La représentante a souligné le rôle déterminant de la CCP, du Fonds pour la consolidation de la paix et du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, pour mettre en œuvre les stratégies de reforme des secteurs de la sécurité et de la justice.  Ces institutions ont aussi joué un rôle déterminant pour obtenir le soutien de partenaires bilatéraux, stimuler la coopération Sud-Sud ou triangulaire, a ajouté Mme Kamara.  Elle s’est félicitée du projet de la construction de cinq pôles de justice et sécurité à travers le pays, dont l’un est déjà en cours. 


Ces pôles contribueront, a-t-elle précisé, à l’achèvement de multiples objectifs, y compris la décentralisation des institutions de justice pour garantir un meilleur accès à la justice, un meilleur sens de la sécurité et l’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  Elle a dit que la réconciliation nationale était l’une des fondations les plus importantes pour bâtir une paix durable.  Mme Kamara a indiqué que le développement d’un plan de réconciliation nationale était une priorité du partenariat du Libéria avec la CCP. Elle a rappelé que la feuille de route pour la réconciliation nationale rédigée avec le soutien technique du PNUD avait été adoptée la semaine dernière lors d’une conférence nationale en même temps qu’une vision nationale pour le Libéria à l’horizon 2030.  


M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a estimé que les pays sortant d’un conflit pourraient regagner leur dignité en investissant dans la paix, le renforcement de capacités nationales, la gouvernance inclusive et l’édification d’institutions puissantes.  Il a insisté sur l’importance d’appuyer le processus de démocratisation et de développement institutionnel, mais également sur l’importance de répondre aux besoins des groupes vulnérables, notamment les jeunes, les femmes ainsi que les personnes handicapées ou blessées.  Des ressources doivent également être affectées aux programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants.  Il faudrait en outre élargir le rôle des femmes dans les processus de prise de décisions et de consolidation de la paix.  Avant de conclure, le représentant a également évoqué le rôle que sont appelés à jouer les médias et la société civile.


M. HÜSEYIN MÜFTÜOĞLU (Turquie) a jugé impératif d’adapter les efforts de consolidation de la paix et de renforcement des capacités aux spécificités nationales.  N’oublions jamais que chaque pays est unique », a-t-il dit, en appelant à adopter une approche souple.  La consolidation de la paix relève d’abord et avant tout de la responsabilité nationale, à savoir toutes les parties prenantes sans oublier la société civile, les femmes, les jeunes et les personnes âgées.  L’appropriation nationale est la clef du succès, a insisté le représentant.  Il a réaffirmé que son pays était attaché au plan d’action en sept points sur une consolidation de la paix soucieuse de l’égalité entre les sexes.  Il a fait part des efforts de son pays qui, aux côtés de la Finlande et des « Amis de la médiation », encourage la participation des femmes aux processus de règlement des conflits.  Il a demandé au Conseil de sécurité de tenir compte de cet aspect lorsqu’il élabore les mandats sur l’aide aux processus politiques et aux efforts de paix.  


Venant au renforcement des capacités, le représentant a, à son tour, vanté les mérites de la coopération triangulaire et de la coopération Sud-Sud.  Il a ainsi appuyé l’Initiative sur les moyens civils et préconisé d’adopter, pour tout effort de consolidation de la paix, une approche fondée sur la cohérence entre les objectifs politiques, de sécurité, de développement, des droits de l’homme, humanitaires et d’état de droit.  Les efforts de consolidation de la paix doivent inclure une dimension régionale car, a-t-il dit, les acteurs régionaux peuvent multiplier les chances de succès.  Dans un contexte de contraintes budgétaires, notre capacité de coordonner les différents acteurs est de plus en plus importante, a insisté le représentant.  L’ONU a un rôle unique à jouer dans ce domaine, a-t-il assuré.


Mme TINE SMITH (Norvège) a constaté, comme le souligne le Secrétaire général dans son rapport, que la mise en œuvre du plan d’action en sept points pour une consolidation de la paix prenant en compte l’égalité sexuelle connaissait des progrès inégaux.  Il est urgent, a-t-elle souligné, d’obtenir des résultats réels et concrets sur le terrain.  Les études et l’organisation d’ateliers sont une chose, mais cela ne permettra pas d’acheter la volonté politique qui est nécessaire pour faire une différence pour les femmes dans le cadre de la consolidation de la paix, a-t-elle fait observer.


La représentante a ensuite constaté que la consolidation de la paix était un processus difficile qui prenait du temps et impliquait de nombreux risques.  Il faut savoir être patient et ne pas présumer qu’il existe des remèdes rapides, a-t-elle conseillé, tout en avertissant que la patience ne signifiait pas l’inaction.  Elle a également appelé les donateurs à passer de l’appréhension du risque à la gestion du risque.  La représentante a par ailleurs estimé que le Fonds pour la  consolidation de la paix avait prouvé son avantage comparatif, mais a averti qu’on ne pouvait le considérer comme la principale source de financement du processus de consolidation de la paix dans un pays sortant d’un conflit.  Il est nécessaire de veiller au financement « durable et prévisible » de la consolidation de la paix, a-t-elle estimé.  La représentante a également souligné l’importance de l’appropriation nationale, d’un bon leadership politique et de la responsabilisation.


M. HERMAN SCHAPER (Pays-Bas) a salué les progrès réalisés dans le domaine de la consolidation de la paix depuis la publication en 2009 du premier rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit.  Mettant l’accent sur les défis qui subsistent, le représentant des Pays-Bas a mis l’accent sur la nécessité de mesurer combien l’analyse, la planification et la programmation conjointe nous ont permis d’améliorer nos résultats sur le terrain.  Il a estimé qu’il était nécessaire d’accélérer la prestation de services, de surmonter les divisions internes au sein du système des Nations Unies et d’améliorer encore la coordination, la coopération et l’alignement.  Le représentant des Pays-Bas a suggéré au Secrétaire général et aux États Membres de recourir à des mesures novatrices pour obtenir des résultats sur le terrain.  Le Conseil de sécurité pourrait aussi soutenir ces efforts en fournissant des conseils et en examinant de manière approfondie la mise en œuvre des mandats des missions de consolidation de la paix.  Par ailleurs, M. Schaper s’est félicité des recommandations présentées ce matin par le Secrétaire général concernant l’inclusivité, le renforcement des institutions nationales et un soutien international durable.  En conclusion, il a regretté que certains aient jugé inutile d’examiner les liens entre consolidation de la paix et développement lors de l’examen quadriennal complet.  Sa délégation estime que les progrès en matière de renforcement des capacités civiles sont très lents et regrette les immenses résistances à l’initiative du Groupe G-7+ concernant la promotion de l’appropriation nationale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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