CS/10840

Le Conseil de sécurité tient son débat annuel sur les femmes, la paix et la sécurité

30/11/2012
Conseil de sécuritéCS/10840
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6877e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ TIENT SON DÉBAT ANNUEL SUR LES FEMMES, LA PAIX ET LA SÉCURITÉ


Les femmes doivent être impliquées dès le début

des processus de paix, estiment de nombreux orateurs


Le Conseil de sécurité a débattu, aujourd’hui, du rôle des femmes dans les situations de conflit et postconflit.  Une soixantaine de délégations ont souligné la nécessité de faire pleinement participer les femmes dans les processus de paix, et ce, dès le début de leur élaboration.


Ce débat annuel au Conseil de sécurité, qui se tient généralement à l’occasion de l’anniversaire de la résolution 1325 adoptée en octobre 2000 sur les femmes, la paix et la sécurité, vise à définir les meilleurs moyens de lever les obstacles entravant la participation des femmes.  La quasi-totalité des orateurs ont jugé que la participation des femmes à l’élaboration et à la mise en œuvre des accords de paix demeurait très insuffisante, même si quelques progrès ont été accomplis.


Si c’est l’un des constats positifs du Secrétaire général de l’ONU dans son rapport, celui-ci n’en demeure pas moins préoccupé par la lenteur persistante de ces timides avancées.  Il cite, en particulier, la participation des femmes aux pourparlers de paix, l’inclusion de dispositions en faveur des droits des femmes et des filles dans les accords de paix et l’augmentation de la représentation des femmes à des postes électifs ou nominatifs.


Lançant le débat, le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, M. Jan Eliasson, a rappelé que les conflits armés ne touchaient pas les hommes et les femmes de la même façon, un fait illustré de manière tragique par la situation prévalant actuellement dans le nord du Mali, zone actuellement sous le contrôle de fondamentalistes religieux qui entendent imposer un certain nombre de règles de vie draconiennes à la population, aux femmes en premier lieu.


Par ailleurs, il faut faire participer les femmes dès le début des processus de paix et non pas à la dernière étape de ces processus, a expliqué M. Eliasson, se ralliant ainsi à l’avis de la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Michelle Bachelet.  Celle-ci a constaté qu’on était encore loin du compte: « Sur les 14 délégations engagées dans un processus de paix en 2011, sous les auspices des Nations Unies, seulement 4 d’entre elles comprenaient une femme », a-t-elle fait remarquer.


La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a appelé les États Membres et les responsables au sein du système des Nations Unies à faire davantage pour nommer des femmes à des postes dirigeants.  « Depuis juin 2010, la proportion de femmes nommées à des postes de responsabilité dans les missions politiques des Nations Unies a chuté de 23 à 18%, et de 24 à 21% dans les missions de maintien de la paix », a-t-elle relevé.


Les missions de l’ONU, a assuré, quant à lui, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, soutiennent activement le rôle des femmes dans l’édification de la paix.  Le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU épaule ainsi les organisations féminines de la société civile qui militent en faveur de la protection des droits des femmes.  En matière d’action concrète à envisager, M. Ladsous propose de renforcer les réseaux de soutien aux survivantes de violences sexuelles.  Il a aussi indiqué que l’ONU contribuait à la formation et à l’intégration de femmes dans les forces de sécurité, en République démocratique du Congo (RDC) par exemple.  Il a cependant reconnu qu’il faudrait plus d’initiatives de cette nature.


La Présidente de l’organisation non gouvernementale Femmes Africa Solidarité, Mme Bineta Diop, a exhorté le Conseil et les États Membres à axer leurs efforts pour traduire en justice les auteurs des violations des droits des femmes.  Mme Diop a aussi plaidé pour un plus ferme engagement des organisations de femmes dans les processus de paix.


Après ces exposés, le Conseil a entendu une soixantaine de délégations qui ont déclaré qu’il convenait de faire plus si on entendait vraiment faire en sorte que les femmes jouent pleinement leur rôle dans l’instauration d’une paix durable dans les pays sortant d’un conflit.  Elles ont également souligné l’importance d’élaborer des plans nationaux en faveur de la promotion des femmes.  Le représentant de la Fédération de Russie a déploré que le nombre de femmes victimes d’un conflit n’ait pas diminué depuis l’adoption de la résolution 1325, en 2000.  Il a aussi émis le vœu qu’une attention égale soit portée à toutes les situations marquées par des violences faites aux femmes, en souhaitant que l’enquête sur l’intervention de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye soit menée avec diligence.


Les processus de prévention et de règlement des conflits sont encore trop souvent l’affaire exclusive des hommes, alors que ce sont les femmes qui sont la cible privilégiée de violences en situation de crise, a estimé le représentant de la France.  Son homologue du Pakistan a rappelé que son pays, un des plus gros contributeurs aux opérations de maintien de la paix déployées par les Nations Unies à travers le monde, soutient les efforts entrepris pour accroître la participation des femmes dans ces opérations. 


Pour de nombreuses délégations, celles du Royaume-Uni et des États-Unis notamment, l’ONU doit recruter davantage de femmes à des postes de haut niveau, tant au Siège que sur le terrain.  De même, est-il nécessaire que les missions de paix sur le terrain comptent plus d’expertes, a estimé le représentant britannique.  Face aux violences sexuelles en période de guerre, « la culture d’impunité doit être remplacée par une culture de dissuasion », a-t-il déclaré.


Le représentant du Maroc a souligné qu’au bout du compte, l’application de la résolution 1325 était une question de volonté politique.  Dressant le constat des résultats mitigés enregistrés plus de 10 ans après l’adoption de la résolution 1325, l’Inde a insisté sur la nécessité de prendre des mesures concrètes au niveau national.  De nombreuses délégations –de l’Australie au Togo, en passant par le Nigéria– ont d’ailleurs vanté leurs plans d’action nationaux en faveur d’une plus grande participation des femmes à la vie publique.


Enfin, la représentante du Brésil a rappelé que son gouvernement avait organisé, en marge de la Conférence Rio+20, un sommet de « dirigeants femmes » qui a souligné la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la pleine participation des femmes à la gouvernance à tous les niveaux et dans tous les processus de prise de décisions.


LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ


Lettre datée du 2 octobre 2012, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Guatemala auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2012/774)


Rapport du Secrétaire général sur les femmes et la paix et la sécurité (S/2012/732)


Ce rapport donne un aperçu des progrès réalisés depuis l’an dernier dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  Par ce texte, le Conseil de sécurité avait demandé instammentaux États Membres de faire en sorte que les femmes soient davantage représentées à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux pour la prévention, la gestion et le règlement des différends.


Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, constate que la promotion des droits des femmes dans le contexte de la prévention et du règlement des conflits et de la consolidation de la paix a enregistré des avancées majeures au cours de l’année écoulée.  Le nombre d’États Membres et d’organisations régionales dotés d’un cadre spécial de mise en œuvre, d’une stratégie ou de mécanismes de coordination a continué d’augmenter.  Les investissements en faveur du renforcement des capacités du personnel civil et du personnel en uniforme, l’amélioration de l’encadrement et de la formation commencent à porter leurs fruits.  Les mécanismes d’alerte précoce sont mieux à même de détecter et de signaler les menaces visant les femmes et les filles, constate M. Ban.


Le Secrétaire général n’en demeure pas moins préoccupé par la lenteur persistante des avancées concernant la participation des femmes aux pourparlers de paix, l’inclusion de dispositions en faveur des droits des femmes et des filles dans les accords de paix et l’augmentation de la représentation des femmes à des postes électifs ou nominatifs.  Il s’inquiète aussi de la permanence de profondes lacunes en termes de protection, des obstacles à l’accès des femmes et des filles à la justice.  Il constate des signes d’affaiblissement des droits des femmes dans certains contextes.  Par ailleurs, il déplore la lenteur de l’évolution de la proportion des ressources allouées aux activités en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité des sexes dans les situations après un conflit.


La réalisation de progrès solides dans la mise en œuvre du programme relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité au cours de l’année à venir exige que l’on prenne des mesures dans trois domaines.  Il souhaite tout d’abord une application cohérente des normes et règles internationales relatives aux droits fondamentaux des femmes et des filles dans toutes les initiatives de prévention et de règlement des conflits et de consolidation de la paix.  Il convient également, ajoute-t-il, de faire preuve de détermination pour surmonter les obstacles à la participation et à la représentation des femmes et des filles.  Enfin, une amélioration constante des systèmes de suivi et de contrôle est nécessaire.


Le Secrétaire général précise qu’il avait demandé que l’entité ONU-Femmes, les institutions des Nations Unies et les organisations de la société civile qui appuient l’élaboration et l’exécution des plans d’action nationaux procèdent à un bilan de la concrétisation, au plan national, des engagements pris en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité.  Il précise également qu’il avait demandé aux entités des Nations Unies d’intensifier la coordination pour ce qui est de l’élaboration de systèmes de surveillance et de suivi adéquats et souples tenant compte de la problématique hommes-femmes.  Il s’agit de faire en sorte que ces systèmes de recueil de données soient pertinents au niveau des pays tout en pouvant faire l’objet de rapports au niveau mondial.  Ces données doivent être exploitables par l’adoption de systèmes de « marqueurs » concernant le contrôle de l’utilisation des fonds alloués aux projets axés sur les femmes.


Déclarations


M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a évoqué les femmes qu’il avait rencontré récemment au Mali, celles-ci se plaignant de l’exclusion dont elles souffrent encore plus particulièrement depuis la conquête du nord du pays par des groupes extrémistes.  Il leur a promis qu’il transmettrait leurs doléances au Conseil de sécurité.  Exclusion, abus de toutes sortes, mariages forcés sont devenus monnaie courante dans le nord du pays, a déploré le Vice-Secrétaire général.  Comme le montre la situation malienne, les conflits armés ne touchent pas les hommes et les femmes de la même façon, a observé M. Eliasson.  Il faut faire participer les femmes dès le début des processus de paix et non pas à la dernière étape de ces processus, a-t-il estimé.  Le débat d’aujourd’hui a pour objectif de se pencher sur les meilleurs moyens de lever les obstacles qui s’opposent à la participation des femmes, a rappelé le Vice-Secrétaire général.  Il a mis en garde contre la tentation de se contenter de ce débat annuel à l’ONU à l’occasion de l’anniversaire de la résolution 1325 (2012) pour évoquer une question qui devrait faire l’objet d’une attention constante et alors que la mission en faveur des femmes demeure inachevée.  « Il est temps que nous reconnaissions le rôle et le pouvoir des femmes pour nous aider à édifier un monde plus pacifique », a-t-il souligné, avant de conclure.


Mme MICHELLE BACHELET, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a rappelé que la résolution 1325 trouvait son origine dans le courage et les accomplissements des organisations de femmes de la société civile.  Elle a notamment cité l’exemple du Mali, où les femmes dirigeantes et membres de telles organisations jouent actuellement un rôle de premier plan dans la promotion du dialogue et de la paix.  « Que ce soit au Mali, en Syrie, ailleurs au Moyen-Orient ou à l’est de la République démocratique du Congo, les femmes doivent faire partie intégrante du règlement des conflits », a-t-elle insisté.


La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a ensuite détaillé les principales conclusions du rapport du Secrétaire général, en se félicitant notamment du nombre croissant de pays et d’organisations régionales à s’être dotés de stratégies de promotion des droits des femmes.  Dans le domaine de la prévention, Mme Bachelet a indiqué que de plus en plus d’acteurs, y compris le Conseil de sécurité, avaient mis au point des systèmes d’alerte précoce en ce qui concerne les menaces faites aux femmes.


« Sur les 14 délégations engagées dans un processus de paix et dirigées par les Nations Unies en 2011, seulement 4 d’entre elles comprenaient une femme, et sur les accords de paix signés en 2011, seulement deux, au Yémen et en Somalie, comprenaient des dispositions relatives aux femmes dans la paix et la sécurité », a-t-elle déploré, en mettant l’accent sur la nécessité de redoubler d’efforts en faveur d’une participation plus active des femmes dans ce domaine.  Mme Bachelet a souligné qu’en dépit des progrès enregistrés dans le domaine de la protection, l’accès des femmes à la justice se heurtait encore à des obstacles.


La Directrice exécutive est ensuite revenue sur le rôle essentiel joué par les femmes dans les processus de paix, en soulignant que les questions relatives à l’égalité des genres devraient être abordées dès l’entame de ces processus de paix.  Elle a identifié trois domaines prioritaires d’action, citant en premier lieu la mise en œuvre substantielle des normes internationales relatives aux droits des femmes et des jeunes filles.  « Le Conseil de sécurité, a-t-elle dit, doit accorder une attention systématique aux femmes dans la paix et la sécurité, notamment dans les situations de transition et de retrait des missions des Nations Unies. »


Il faudrait également accroître le nombre de femmes médiatrices, négociatrices et observatrices dans les processus de paix.  Il est nécessaire aussi de renforcer les systèmes de supervision et de reddition des comptes en ce qui concerne la mise en œuvre des engagements relatifs aux femmes dans la paix et la sécurité, en particulier aux niveaux régional et national, a-t-elle ajouté.


« Nous avons besoin d’un leadership solide et de mesures fortes pour promouvoir les changements sur le terrain », a insisté Mme Bachelet, avant d’encourager les États Membres et les responsables au sein du système des Nations Unies à faire davantage pour nommer des femmes à des postes de haut niveau.  « Depuis juin 2010, la proportion de femmes nommées à des postes de responsabilité dans les missions politiques des Nations Unies a chuté de 23 à 18%, et de 24 à 21% dans les missions de maintien de la paix », s’est-elle inquiétée.


M. HERVÉ LADSOUS, Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix, a rappelé que le mois dernier, le Conseil de sécurité avait, dans une déclaration présidentielle, souligné l’importance de renforcer la participation des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, ainsi que dans les processus de paix, et ce, dans le cadre de l’ordre du jour sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a assuré que les missions de l’ONU soutenaient activement le rôle des femmes dans l’édification de la paix en épaulant les organisations féminines de la société civile qui militent en faveur de la protection des droits des femmes.  Le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) entend tracer la voie qui permette de surmonter les obstacles politiques et les menaces à la sécurité empêchant les organisations de femmes de s’engager de manière plus efficace dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  M. Ladsous a reconnu que les femmes continuaient d’être en grande partie absentes, leur rôle demeurant symbolique lors des processus de paix.


En matière de participation politique, le Secrétaire général adjoint a expliqué que les missions de maintien de la paix de l’ONU œuvraient avec les organisations féminines pour faire accéder les femmes dans les institutions politiques étatiques, en citant plus particulièrement le cas du Soudan du Sud.  Partout où il n’existe pas de conflit armé en tant que tel, les organisations de la société civile participent à la prévention et au règlement des tensions politiques et sociales, a-t-il dit.  M. Ladsous a évoqué le cas d’Haïti où les femmes représentent moins de 4% des parlementaires, la plupart étant exclues du processus de reconstruction.  Si la Constitution haïtienne prévoit un quota de 30% en faveur des femmes, cette disposition n’est pas appliquée, même si cela représente un signe encourageant, a-t-il fait remarquer.


« Nous devons faire davantage pour soutenir les États dans le développement de réformes constitutionnelles qui intègrent une perspective sexospécifique et qui prenne en compte la dimension des violences sexuelles », a insisté M. Ladsous.  Il faudrait, par exemple, renforcer les réseaux de soutien aux survivantes de violences sexuelles, a-t-il expliqué.  M. Ladsous est convaincu que « nous avançons dans la bonne direction » et que des progrès importants ont été accomplis.  Il a cité le cas de la République démocratique du Congo (RDC) où la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a formé 380 membres des forces armées dont 280 femmes.  Le tiers des policiers, a-t-il ajouté, est constitué de femmes.  Il a aussi cité le cas du Darfour où la Mission de l’ONU a contribué à la création d’institutions féminines.


Il faudrait également plus d’initiatives de cette nature, a souhaité M. Ladsous.  Tous les membres des équipes de pays doivent être mobilisés dans le cadre du soutien aux organisations de femmes, afin de servir de conseils pour la société civile.  Cela leur donnera l’assurance qu’elles seront soutenues par l’ONU en cas de menace.  Il a aussi cité, à cet égard, le cas du Timor-Leste et de l’Afghanistan.  En conclusion, M. Ladsous a déclaré que la clef de l’élimination des obstacles qui s’opposent à la participation des femmes en matière de prévention des conflits résidait dans la consultation systématique avec les acteurs et dirigeants locaux, y compris les organisations féminines de la société civile.


Mme BINETA DIOP, Présidente et fondatrice de Femmes Africa Solidarité, a indiqué qu’elle revenait d’un déplacement dans l’est de la République démocratique du Congo où elle a pu constater les sévices infligés aux femmes vivant dans les camps de réfugiés de la région.  « Je leur ai promis que je me ferai l’écho de leurs voix aujourd’hui devant vous », a-t-elle dit.  Soulignant le rôle crucial que jouent les femmes dans la prévention et le règlement des conflits, comme lors des élections de 2012 au Sénégal, Mme Diop a jugé que la participation des femmes à l’élaboration et à la mise en œuvre des accords de paix était très insuffisante.  « C’est inacceptable », a-t-elle continué, en soulignant le rôle essentiel des femmes dans les efforts de promotion de la paix en Colombie, au Mali ou en Syrie.  Les processus de paix seront d’autant plus robustes qu’ils prendront pleinement en compte les priorités des femmes, a-t-elle expliqué.


La prévention des conflits est le moyen le plus sûr de mettre en œuvre les engagements en faveur des femmes dans la paix et la sécurité, a rappelé Mme Diop.  C’est pourquoi, elle a plaidé pour l’adoption d’un traité sur les armes et un rôle accru des femmes dans les stratégies de prévention et de désarmement.  En ce qui concerne les menaces à l’encontre des femmes et des défenseurs de leurs droits, elle a exhorté le Conseil et les États Membres à poursuivre leurs efforts pour traduire en justice les auteurs des violations des droits des femmes.  Mme Diop a aussi plaidé pour un plus ferme engagement des organisations de femmes dans les processus de paix, pour un leadership robuste dans la mise en œuvre des mesures de la résolution 1325 et pour une allocation pérenne de ressources pour ces organisations.  Elle a en outre exhorté les membres du Conseil de sécurité à jouer le rôle de modèles dans la mise en œuvre de la résolution 1325.  « Les femmes qui souffrent dans le monde comptent sur nous, qu’attendons-nous pour leur venir en aide?» a-t-elle demandé avant de conclure.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni), citant l’adage selon lequel les femmes soutiennent « la moitié du ciel », a déclaré que même si les organes dirigeants de l’ONU devaient être représentés par un plus grand nombre de femmes au plus haut niveau, il est nécessaire que les missions de paix sur le terrain comptent plus d’expertes.  Il faut aussi faire plus pour lutter contre les violences sexistes, a ajouté le représentant du Royaume-Uni qui a assuré qu’il s’agissait d’une priorité pour son pays.  Même s’il est difficile de traduire les responsables en justice, cela ne doit pas être un prétexte pour ne rien faire: « la culture d’impunité doit être remplacée par une culture de dissuasion ».  Le Royaume-Uni compte participer à une campagne mondiale à ce sujet, a assuré le représentant.  Il a loué le rôle précieux des organisations de la société civile, en citant plus particulièrement les cas du Libéria et de la Sierra Leone pour ce qui concerne la lutte contre les viols.  Souvent les femmes portent un fardeau disproportionné lors des conflits et supportent davantage que la moitié du ciel, a-t-il conclu, en appelant à agir plus pour changer cet état de fait.


Mme ROSEMARY DICARLO (États-Unis) s’est réjouie du nombre croissant de pays qui ont adopté une stratégie visant la promotion des droits des femmes, en soulignant qu’il faudrait faire plus.  Elle a rappelé que plus de la moitié des processus de paix étaient réduits à néant au bout de cinq ans, notamment en raison de l’absence ou d’une faible participation des femmes à ces processus.  Elle a ensuite souligné les efforts en cours pour renforcer la participation des femmes afghanes à la transition en cours dans le pays, par le biais notamment du plan d’action national.  


La déléguée a plaidé vigoureusement pour que l’accent soit mis davantage sur la promotion des droits des femmes lors du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Le nombre de femmes nommées à des postes de responsabilité dans le système des Nations Unies doit être également accru, a-t-elle poursuivi, avant de déplorer que le budget de l’ONU soit encore en deçà de ce qui est nécessaire pour renforcer le rôle des femmes dans la paix et la sécurité.  Elle a aussi souhaité que les soldats de la paix soient davantage sensibilisés aux questions d’égalité du genre dans l’exercice de leurs misions.  « Il reste encore beaucoup à faire pour que les femmes ne soient plus perçues comme des victimes mais comme des actrices de premier plan », a-t-elle conclu. 


M. CEDRICK CROWLEY (Afrique du Sud) s’est dit préoccupé par la lenteur du déploiement de conseillers pour la protection des femmes dans les missions de maintien de paix et a demandé que tous les efforts soient faits afin d’assurer la protection et la promotion des droits et de l’autonomisation des femmes.  Le représentant s’est félicité que ce débat ouvert mette en avant le rôle des organisations de femmes de la société civile pour contribuer à la prévention et à la résolution des conflits armés et à la consolidation de la paix.  Pour sa part, l’Afrique du Sud continue à contribuer à l’application de la résolution 1325 par le biais de plusieurs structures et déplore que, 12 ans après son adoption, la mise en œuvre de cette résolution reste lente et inégale dans bien des domaines, même si des progrès ont été enregistrés, comme le montre le rapport du Secrétaire général.


Bien que les femmes soient, avec les enfants, les membres les plus vulnérables de la société, elles sont mises de côté dans les processus de règlement des conflits et de consolidation de la paix, a regretté M. Crowley, en précisant qu’elles devaient être éduquées afin de connaître leurs droits et de participer aux processus de prise de décisions.  À cet égard, il a salué le rôle joué par ONU-Femmes pour intégrer une perspective de genre dans l’agenda de la paix et de la sécurité.  Déplorant la sous-représentation persistante des femmes dans les processus de paix, il a plaidé pour un contrôle plus régulier de l’inclusion des femmes dans la prévention et la médiation des conflits, dans leur participation aux processus de négociation ainsi qu’aux missions des Nations Unies.  Le représentant a également prié le Secrétaire général de porter une attention particulière à la nomination de femmes à des postes à responsabilité tels que médiateur en chef ou responsable de missions de maintien ou consolidation de la paix.  M. Crowley a conclu en évoquant l’accès à la justice pour les femmes dans les situations postconflit, qui devrait passer par des politiques inclusives afin de construire des sociétés justes et égalitaires.  En ce sens, le système des Nations Unies et la communauté internationale devraient procurer l’assistance nécessaire aux pays en situation postconflit pour les aider à mettre en place des institutions de sécurité et de justice qui garantissent une correcte représentation aux femmes, a-t-il indiqué.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a déclaré que les femmes étaient souvent des acteurs indispensables du changement et elles jouaient indéniablement un rôle crucial pour reconstruire les sociétés qui ont été affectées par un conflit.  Le soutien de la communauté internationale est une nécessité et c’est pourquoi, a-t-il dit, le Conseil de sécurité doit faire preuve d’engagement à cet égard.  Rappelant une réunion organisée, à l’initiative du Royaume-Uni au cours de laquelle des témoignages avaient été entendus, le représentant a souhaité que le Conseil organise plus régulièrement des débats de ce type afin de tirer des enseignements des expériences sur le terrain.  Le représentant a aussi souligné l’importance de la participation de Mme Bachelet au débat, afin d’aider le Conseil à mettre en œuvre le mandat sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a enfin rendu hommage aux défenseurs -hommes et femmes- des droits de l’homme, en particulier ceux qui œuvrent en faveur des droits des femmes.  Ils doivent recevoir tout l’appui nécessaire, a estimé le représentant du Portugal, en soulignant que la résolution 1325 est un message percutant pour encourager les pays à accroître le rôle des femmes.


M. SERGEY KAREV (Fédération de Russie) a déploré que le nombre de femmes victimes de conflits n’ait pas diminué depuis l’adoption de la résolution 1325.  Il faut accorder une attention égale à toutes les situations marquées par des violences faites aux femmes, a-t-il poursuivi, en espérant que l’enquête sur l’intervention de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye soit menée avec diligence.  Le délégué de la Fédération de Russie a également fait part de sa préoccupation en ce qui concerne l’utilisation des drones.  Le renforcement du rôle des femmes aux différentes étapes d’un processus de paix incombe au premier chef aux gouvernements, a-t-il affirmé, en indiquant que les organisations de la société civile jouaient à cet égard un rôle, non seulement crucial, mais également complémentaire. 


Le représentant a ensuite invité à ce que la division du travail soit respectée entre les différents organes des Nations Unies pour toutes les questions associées à la promotion des droits des femmes.  « Le Conseil de sécurité ne doit examiner cette dernière question que dans le contexte de la paix et de la sécurité internationales et uniquement pour des situations inscrites à son ordre du jour », a-t-il rappelé.  Faisant référence à certains indicateurs contenus dans le rapport du Secrétaire général, le représentant de la Fédération de Russie a déploré le manque de rigueur dans l’analyse des données recueillies.  Il a indiqué, avant de conclure, que les plans d’action nationaux prévus par la résolution 1325, devraient être adoptés sur une base volontaire par les pays émergeant d’un conflit armé.  Les autres pays n’ont pas l’obligation de se doter d’un tel plan d’action, a-t-il fait remarquer.


M. GÉRARD ARAUD (France) a noté que les femmes ne sont jamais ou presque associées aux négociations politiques de sortie de crise alors qu’elles sont les premières victimes des conflits.  Même si les femmes sont de plus en plus présentes dans les équipes de médiation ainsi que dans les missions de terrain, M. Araud a demandé un accroissement du nombre de postes de conseillers pour la protection des femmes.  Il a estimé que les processus de prévention et de règlement des conflits sont encore trop souvent l’affaire exclusive des hommes, alors que les femmes restent la cible privilégiée de violences en situation de crise.  Si neuf accords de paix ont été signés dans le monde en 2011, seulement deux, au Yémen et en Somalie, prévoient des dispositions spécifiques aux femmes.  C’est précisément durant les situations de transition que des progrès pour les femmes peuvent être accomplis, a-t-il rappelé.  L’Ambassadeur Araud a souhaité que les réunions officieuses au Conseil de sécurité avec ces femmes actives sur le terrain soient poursuivies et élargies.  Il a salué le travail de Mme Bineta Diop qui, à la tête de Femmes Africa Solidarité, œuvre à la mise en œuvre de la résolution 1325 dans plusieurs pays africains, en République démocratique du Congo (RDC), au Darfour, au Rwanda ou encore en Côte d’Ivoire.  « L’actualité récente nous a montré que les défenseurs des droits de la femme étaient la cible de tous les extrémistes, qui veulent les faire taire », a-t-il ajouté avant d’attirer l’attention sur les menaces que les mouvements extrémistes font peser sur les femmes afghanes qui prennent une part active à la reconstruction de leur pays.


Le Conseil de sécurité, a rappelé le représentant de la France, a condamné à de maintes reprises les campagnes barbares de violences sexuelles orchestrées par les mouvements rebelles dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, en République démocratique du Congo.  Il s’est inquiété aussi des rapports préoccupants faisant état du recensement par les groupes islamistes des femmes qui auraient eu des enfants hors des liens du mariage au Mali.  Par ailleurs, il a salué le travail de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les violences sexuelles dans les conflits, lequel, a-t-il dit, nous permet de disposer d’une liste des groupes utilisant les violences sexuelles de manière orchestrée.  Il a précisé que la France avait adopté, en 2010, un plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 sur les femmes, paix et sécurité.  La France finance des programmes de lutte contre les violences dans six pays d’Afrique et du monde arabe, y compris en Jordanie, au Mali et au Niger, mis en œuvre par ONU-Femmes et en relation étroite avec les organisations de la société civile, a-t-il insisté avant de citer une collaboration de la France avec ONU-Femmes, depuis 2011, pour améliorer l’accès des femmes à la justice en Afghanistan.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré que ce débat permettrait de faire le bilan des progrès accomplis depuis l’adoption de la résolution 1325.  Il a rappelé le rôle complémentaire de la résolution 1889 (2009) qui s’est inscrite dans le renforcement de l’arsenal juridique.  La résolution 1889 demande aux États Membres, aux organismes des Nations Unies, aux donateurs et à la société civile de faire en sorte que la question de l’autonomisation des femmes soit prise en compte dans l’évaluation des besoins et la planification après les conflits. 


De fait, ce texte a permis de réaliser des progrès notables en matière d’autonomisation de la femme, a estimé le représentant.  Il a noté par ailleurs la progression notable des femmes dans les opérations de maintien de la paix et dans les processus de prise de décisions, progression que le Secrétaire général a constatée dans son rapport, a-t-il dit.  Les femmes, qui constituent le groupe vulnérable le plus exposé dans les situations de conflit, peuvent contribuer activement aux efforts de paix, grâce à leur sensibilité, leur créativité et leur engagement en faveur de la paix, a estimé le représentant du Maroc.  Il a également souligné la nécessité d’établir une étroite collaboration entre l’ONU et les organisations œuvrant en faveur des femmes, en se félicitant des initiatives du Département de l’information de l’ONU et du Département des opérations de maintien de la paix en matière d’égalité des sexes.  Ces initiatives, a-t-il rappelé, sont inspirées par les priorités définies par le Secrétaire général dès son élection.  Le représentant a toutefois noté que l’application de la résolution 1325 était aussi une question de volonté politique et une œuvre de longue haleine.  Il a souligné enfin le rôle crucial de Mme Bachelet à la tête d’ONU-Femmes.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a rappelé le rôle crucial de la résolution 1325 du Conseil de sécurité pour reconnaître la situation particulière des femmes et des filles dans les conflits armés.  Cette situation exige, a-t-il dit, de prendre en compte plusieurs facteurs tels que la mise en œuvre d’efforts de paix et la transformation des conditions économiques et sociales afin de promouvoir efficacement la condition des femmes.  Parmi ces conditions économiques et sociales, figurent leur autonomisation économique et la mise en place de législations et de mesures à même de faire reculer toutes les formes de violence dont elles sont victimes, a expliqué le représentant.  À ce titre, il a préconisé une amélioration des indicateurs permettant de mesurer les progrès réalisés en cette matière.  Il a en outre estimé qu’un des moyens pour protéger les femmes et les filles résidait dans leur participation active aux efforts globaux déployés pour la paix.  Cette participation doit également se refléter dans les organes et agences des Nations Unies où des fonctions de premier plan devraient leur revenir.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a plaidé pour un renforcement vigoureux de l’action du Conseil de sécurité et du système des Nations Unies dans la mise en œuvre de la résolution 1325.  Il a rappelé que la déclaration présidentielle sur les femmes dans la paix et la sécurité, adoptée le 30 octobre dernier, avait, pour la première fois, mis l’accent sur les organisations de femmes de la société civile.  Il a ajouté que ces organisations devraient recevoir un financement suffisant et pérenne.


« Dans les pays émergeant d’une situation de conflit, les femmes jouent un rôle clef dans les programmes DDR -désarmement, démobilisation et réintégration-, ainsi que dans la mise en œuvre de la justice transitionnelle », a assuré M. Wittig, avant de détailler, à cet égard, les efforts de son pays pour appuyer la promotion des droits des femmes, en particulier pour un accès sans entraves à la justice.  Le Conseil de sécurité doit apporter une attention quotidienne à la question du rôle des femmes dans la paix et la sécurité, tant dans ses efforts de prévention que lors du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix ou encore de leur retrait, a conclu le représentant de l’Allemagne.


M. KOKOU NAYO MBEOU (Togo) a déploré la multiplication des violences à l’égard des femmes et des enfants, comme on le constate actuellement dans l’est de la République démocratique du Congo et dans le nord du Mali.  Le Togo estime en conséquence qu’il « importe que les législations nationales s’approprient le droit international pénal qui prévoit de punir les auteurs de tels actes.  Le Conseil de sécurité doit s’assurer que l’impunité ne soit pas la règle mais plutôt l’exception, a-t-il souhaité.


Le représentant du Togo a rappelé par ailleurs que si des femmes étaient présentes dans 12 des 14 équipes de soutien des Nations Unies aux processus de médiation, soit 86%, seulement 4 délégations sur 14 participant aux négociations de paix comprenaient une femme dans leur rang.  « Ceci est regrettable et démontre l’urgente nécessité de sensibiliser les parties au conflit à accorder une place importante aux femmes dans les processus de négociation de la paix ».  Ce sont les organisations de la société civile œuvrant en faveur des femmes qui, a-t-il fait remarquer, assureront la durabilité de la consolidation de la paix sur le terrain.  Le représentant du Togo a signalé par ailleurs que son pays disposait, depuis 2006, d’une stratégie d’intégration de la dimension sexospécifique dans les politiques et programmes de développement.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a rappelé qu’en tant que l’un des plus gros contributeurs aux missions de maintien de la paix déployés par les Nations Unies, son pays soutenait les efforts mis en œuvre pour accroître la participation des femmes dans ses missions et mandats.  Il s’est félicité de la récompense décernée en 2011 à une Pakistanaise, officier de police pour son rôle au Timor-Leste.  Il a par ailleurs regretté la persistance des violences sexuelles commises contre les femmes malgré l’adoption d’instruments juridiques internationaux en la matière.


Le représentant a également salué le rôle des femmes dans les changements démocratiques et dans les différentes phases de résolution des conflits et de maintien de la paix.  Afin de mieux promouvoir les recommandations de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, il a estimé que ce dernier devait poursuivre son renforcement des outils disponibles, notamment en nommant des femmes au sein des missions de maintien de la paix.  Le Conseil doit en outre exiger des parties engagées dans des conflits armés de respecter dans leur intégralité les dispositions des conventions internationales relatives à la protection des femmes.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a fait part de la détermination de son pays à appliquer pleinement la résolution 1325 et à assurer une meilleure représentation des femmes lors des processus de prise de décisions.  Le respect à la lettre du mandat d’une opération de maintien de la paix, en particulier de ses dispositions relatives à la protection des droits des femmes, permet de préserver la confiance des États Membres, a-t-il assuré.


M. Osorio a ensuite détaillé les efforts de son pays pour accroître la participation des femmes colombiennes, en précisant que son gouvernement avait lancé, le 13 septembre 2012, son plan global « pour une vie sans violence ».  Il a également indiqué que les femmes joueraient un rôle de premier plan dans le processus de paix en cours en Colombie.  Le délégué a ensuite assuré du soutien de sa délégation les mesures visant à augmenter le nombre de femmes nommées aux postes de haut niveau au sein du système des Nations Unies.  Enfin, M. Osorio a invité les États à fournir des données actualisées sur les efforts entrepris en vue de promouvoir les droits des femmes.


M. WANG MIN (Chine) a déclaré que les femmes étaient une force importante dans les progrès de la civilisation humaine.  Même si elles sont souvent victimes dans les conflits et dans les situations postconflit, elles n’en demeurent pas moins des partenaires importants au cours de ces périodes.  Avec la résolution 1325, le Conseil a jeté des bases permettant de faire en sorte qu’elles soient en mesure de jouer un plus grand rôle.  Le Conseil doit systématiquement inclure la protection des femmes et le respect de leurs droits lorsqu’il se prononce sur des situations postconflit, a estimé le représentant de la Chine.  Il doit renforcer sa coopération avec l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) pour bénéficier de l’expérience de ces deux organes.  En revanche, son rôle n’est pas de définir des normes en matière de droits, a-t-il souligné.  Pour la Chine, il est important de renforcer le rôle des femmes dans les différentes étapes des processus de paix, si l’on entend véritablement protéger leurs droits.  La Chine, a assuré son représentant, appuie l’appel à l’augmentation du nombre de femmes dans les postes de haut niveau, en particulier au sein des Nations Unies.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) s’est félicité de l’attention accrue portée par le Conseil sur le rôle des femmes dans la paix et la sécurité.  Reprenant les éléments du rapport du Secrétaire général, il a rappelé que 37 États avaient adopté un plan d’action national prévu par la résolution 1325 et que huit des 15 mandats des  missions de la paix de l’ONU incluaient des dispositions relatives au renforcement du droit des femmes.  La participation des femmes lors de la prévention et le règlement des conflits est insuffisante, a-t-il déploré, avant d’appuyer les efforts visant à augmenter le nombre de femmes aux postes d’envoyés spéciaux et autres responsables de haut niveau des Nations Unies.  Il faudrait également augmenter le nombre de femmes militaires, a-t-il recommandé, avant de plaider pour des efforts accrus dans la sensibilisation des soldats de la paix à l’égalité des genres.  En conclusion, le délégué de l’Azerbaïdjan a plaidé pour des mesures plus robustes afin de mettre un terme à l’impunité des auteurs de violations graves des droits des femmes.  Il faut agir avec un sentiment d’urgence, sans sélectivité et en évitant les calculs politiques, a-t-il rappelé.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a affirmé que son pays soutenait l’idée selon laquelle une plus grande participation des femmes en matière notamment, de règlement des conflits, de négociations et de maintien de la paix, ainsi que la reconstruction postconflit, était la condition sine qua non pour garantir une paix et une sécurité durables.  Il est donc nécessaire que soit renforcé l’engagement des femmes dans les domaines de la relance économique, la cohésion sociale et la légitimité politique qui demeurent des piliers d’une paix durable, a-t-il affirmé.  Dressant le constat des résultats mitigés enregistrés plus de 10 ans après l’adoption de la résolution 1325, M. Puri a souligné l’importance de prendre des mesures concrètes au niveau national.  Il a appelé les gouvernements à développer et à mettre en place des stratégies pour assurer la mise en œuvre efficace de la résolution 1325. 


En ce qui concerne l’appui de l’ONU aux pays en conflit ou qui en sortent, M. Puri a insisté sur la nécessité d’adopter une approche prenant en compte l’assistance qui, selon lui, devrait se focaliser sur le renforcement des institutions gouvernementales et l’intégration de la perspective du genre dans les domaines tels que la sécurité, la justice, la gouvernance, ainsi que les services de base.  Saluant les efforts de l’ONU, notamment dans le déploiement dans ses missions d’un grand nombre de conseillers chargés de la protection des femmes et des questions du genre, le représentant a insisté sur la nécessité de garantir la représentation géographique et l’expérience.  Par ailleurs, il a noté que la promotion et la protection des femmes et des filles étaient des défis pressants, en recommandant une tolérance zéro pour les cas de violences basées sur le genre et la poursuite de leurs auteurs.  Il a rappelé que l’Inde était le premier pays plus grand contributeur de troupes de l’ONU mais également le premier pays à avoir déployé une unité entière de 100 femmes soldats de la paix au Libéria en 2007.  


M. OSAMA ABDEL KHALEK (Égypte) a relevé qu’au cours de l’année écoulée, des progrès avaient été accomplis, en particulier pour faire participer les femmes aux efforts de médiation et pour inclure, dans les accords de paix, des dispositions spécifiques visant l’amélioration de la sécurité et de la condition des femmes et des fillettes.  Il a également salué les efforts de suivi, contrôle et évaluation des activités des missions des Nations Unies.  Il a espéré que les prochains rapports sur la question des femmes, la paix et la sécurité reflètent une augmentation du nombre de femmes à des postes élevés, et dans les processus de prise de décisions de l’Organisation, notamment pour ce qui est de la paix et la sécurité.  Les femmes sont des partenaires clefs et actives dans la prise de décisions, la conception de stratégies de paix et la promotion d’une culture de la paix, a-t-il affirmé, en soulignant que l’autonomisation des femmes était un facteur au cœur de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, en particulier sa résolution 1325.


Il a vivement salué le rôle du système des Nations Unies, en particulier de l’Entité pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) dans la promotion de la contribution des femmes en la matière et l’accroissement de la participation politique de celles-ci dans les États arabes, comme le souligne le rapport du Secrétaire général, grâce à une stratégie conjointe avec le Département des affaires politiques.  Il a indiqué que cela était également vrai en matière de renforcement des capacités des femmes à tous les niveaux de la médiation et des négociations, ainsi que leur contribution aux opérations sur le terrain, en tant qu’observatrices militaires, policières civiles, et fonctionnaires des droits de l’homme dans les différentes missions de maintien de la paix.  Le représentant s’est également félicité de la nomination de Mme Zainab Bangura, au poste de Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, et a assuré que son pays était prêt à pleinement coopérer avec elle.  Il a toutefois formé le vœu que, dans ses rapports, Mme Bangura établisse une distinction entre la « violence en période de conflit », et la « violence dans les situations de non-conflit », en toute neutralité, professionnalisme et objectivité.  En conclusion, il a rappelé les répercussions graves de l’occupation israélienne sur la condition des femmes arabes, d’un point de vue psychologique, mental, social, économique, juridique et politique. 


M. STEFAN BARRIGA (Liechtenstein) s’est déclaré préoccupé par les faibles progrès réalisés pour garantir une participation appropriée des femmes dans les pourparlers de paix et pour inclure dans les accords de paix des dispositions sur leurs droits.  Sur les neuf accords de paix signés en 2012, seuls deux contiennent des dispositions à cet égard, a-t-il regretté.  C’est pourquoi, le Liechtenstein, a-t-i dit, appelle le Conseil de sécurité et tous les acteurs pertinents à redoubler d’efforts pour promouvoir la participation des femmes dans les négociations de paix et la médiation, et à répondre aux préoccupations spécifiques des femmes au cours de la période de reconstruction au lendemain d’un conflit.  Le Conseil de sécurité doit également, avec l’Assemblée générale, répondre au manque de femmes médiatrices en encourageant le Secrétaire général à les nommer à de tels postes, a-t-il ajouté.


Selon une étude récente, le Conseil de sécurité répond de manière incohérente aux problématiques relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité dans ses décisions touchant les situations de pays, a indiqué M. Barriga.  Le représentant du Liechtenstein s’est dit convaincu que les membres du Conseil devraient déployer davantage d’efforts pour garantir que les experts pays reçoivent les informations nécessaires pour répondre à ces enjeux.  En soutien à de tels efforts, le Liechtenstein a pris plusieurs initiatives, au nombre desquelles figurent la publication d’un manuel sur le thème des femmes, de la paix et de la sécurité dans le cadre du projet PeaceWomen et l’organisation d’un atelier sur les femmes, la paix et la sécurité en Afghanistan, a-t-il indiqué.  Le Liechtenstein organise également une série de discussions sur ce thème, dont la première se tiendra le 12 décembre au Siège de l’ONU, avec la participation de Mme Fatou Bensouda, Procureure de la Cour pénale internationale, a-t-il ajouté.


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré que la prévention et le règlement des conflits ainsi que la consolidation de la paix exigeaient une coopération entre toutes les parties prenantes et à tous les niveaux, et, à ce titre, les organisations de femmes peuvent et doivent jouer un rôle important.  Il s’est félicité de l’accent mis par le Conseil de sécurité sur la contribution des organisations féminines de la société civile à la paix et à la sécurité.  Compte tenu du fait que les plans d’action nationaux et régionaux adoptés pour mettre en œuvre la résolution 1325 du Conseil de sécurité sont de plus en plus nombreux, M. Mayr-Harting a souligné que cela permettrait désormais de comparer les différentes expériences faites en ce domaine et d’en tirer des leçons pour la formulation et la révision de ces plans d’action.  Le Chef de la délégation de l’Union européenne a également remarqué que 26 des 37 plans d’action nationaux étaient désormais équipés d’indicateurs qui permettent de mieux mesurer leur impact et leur application.  À cet égard, il a rappelé que l’Union européenne avait adopté, en 2008, une approche globale pour la mise en œuvre des résolutions 1325 et 1820, et qu’elle avait également établit des indicateurs pour évaluer les écarts dans l’application de ce plan d’action.  À ce jour, plus de la moitié des États Membres de l’Union européenne se sont dotés de plans d’actions nationaux dans ce domaine, a-t-il précisé.


En matière de médiation dans le règlement pacifique des conflits, M. Mayr-Harting a noté que les femmes représentaient 86% des équipes de médiation de l’ONU qui étaient impliquées dans les 14 négociations de paix en 2011 alors que seulement quatre délégations des parties prenantes à des négociations de paix comprenaient également des femmes et que seulement deux des neuf accords de paix signés prévoyaient des dispositions relatives au rôle des femmes dans les processus de paix.  Toutefois, a-t-il fait remarquer, les expériences récentes ont démontré que les périodes de transition sont une occasion unique pour briser le cycle de la marginalisation des femmes et pour faire des progrès substantiels en termes de participation des femmes aux processus politique, économique et de paix.  L’Union européenne propose par conséquent de se pencher sur les facteurs qui découragent les femmes à se présenter aux élections ainsi que sur les mesures favorisant la parité et la sécurité des femmes dans les élections et leur participation aux efforts de médiation.  De plus, l’Union européenne est convaincue qu’il faudrait soutenir l’action des femmes dirigeantes et des organisations de femmes dans les processus de paix, sans toutefois perdre de vue la sécurité de ces femmes qui deviennent facilement la cible de violences lorsqu’elles s’engagent activement dans la défense des droits des femmes.  Ainsi, l’Union européenne encourage le Conseil de sécurité à poursuivre et renforcer son action dans le domaine de la protection des défenseurs des droits de l’homme.  M. Mayr-Harting a également fait part des différentes actions menées dans ce contexte par l’Union européenne et pour prendre en compte la perspective sexospécifique dans ses actions sur le terrain, notamment par le biais de formations spécialisées.  L’Union européenne est préoccupée par les violences sexuelles et menaces de violences sexuelles dont le rapport du Secrétaire général fait état, et qui sont devenues une pratique courante dans les conflits au fil des ans, y compris en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, en Libye, en Syrie et au nord du Mali, a-t-il indiqué, avant de conclure.


M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) a salué les risques pris par les femmes dans le cadre de leur participation dans les missions de paix déployées à travers le monde.  Il a néanmoins réaffirmé que son pays était convaincu de la nécessité de renforcer cette participation afin de mieux prendre en compte les menaces spécifiques auxquelles les femmes et les filles sont confrontées et de ne pas remettre en cause les avancées dont elles ont pu bénéficier avant un conflit armé. 


Cette participation doit être accompagnée de dispositifs spécifiques tournés vers la protection des femmes, notamment des « violences sexuelles pratiquées par les belligérants engagés dans de nombreux conflits armés », a estimé le représentant.  Il a salué, à cet égard, la nomination de Mme Zainab Bangura au poste de Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence sexuelle dans les conflits armés.  Pour M. Ragaglini, cette nomination ainsi que les autres avancées enregistrées dans ce domaine doivent être complétées dans les résolutions et déclarations présidentielles du Conseil de sécurité adoptées à l’occasion de débats thématiques et de renouvellement de mandats des opérations de maintien de la paix.  « Si nous voulons agir sérieusement en faveur de la paix, nous devons également être sérieux en ce qui concerne les droits des femmes et des filles », a-t-il déclaré avant de conclure.


M. MARGUS KOLGA (Estonie) a jugé particulièrement pertinent de souligner la valeur du rôle des organisations féminines et des femmes qui jouent un rôle de premier plan dans tous les aspects des conflits, depuis la prévention aux périodes d’après-guerre.  Il s’agit d’un facteur fondamental si l’on veut assurer la crédibilité et la légitimité des efforts internationaux.  Il est important de protéger les militantes des droits de l’homme qui, très souvent, sont prises pour cible et faire entendre leur voix, a souligné le représentant de l’Estonie.  Son pays, a-t-il indiqué, fait de la promotion des droits des femmes une des priorités de sa politique étrangère.  En tant que membre du Conseil exécutif d’ONU-Femmes, et de la Commission de la condition de la femme, l’Estonie soutient l’objectif de promouvoir le rôle des femmes dans la société, a assuré son représentant.


M. HAIM WAXMAN (Israël) a indiqué qu’une loi récemment promulguée demande que les femmes israéliennes soient associées à toutes les commissions d’enquête gouvernementales et toutes les équipes de négociation de paix d’Israël.  Pour illustrer les efforts inlassables que son pays mène pour que les femmes participent activement aux efforts de paix et à la sécurité du pays, M. Waxman a cité l’exemple du Golda Meir Mount Carmel Training Center, qui avait initié une série de séminaires, depuis 2003, pour promouvoir le dialogue entre femmes israéliennes et palestiniennes.  « La décennie écoulée a permis à plus de 1 000 Israéliennes et Palestiniennes de participer à une vingtaine de ces ateliers dont le plus récent a eu lieu la semaine dernière », a précisé le représentant d’Israël.  Pour la délégation israélienne, il faut redoubler d’efforts pour s’assurer que les femmes prennent part à la prise de décisions sur la période de transition et le retrait d’une mission de maintien de la paix.


M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a rappelé que son pays était actif dans la promotion du rôle des femmes dans la société.  En application de la résolution du Conseil de sécurité 1325 (2000), la Thaïlande a établi un sous-comité sur les femmes et la promotion de la paix et de la sécurité pour donner des directives sur les mesures visant à promouvoir les droits des femmes et à les protéger contre la violence.  En outre, « nous sommes reconnaissants envers l’ONU-Femmes pour l’organisation conjointe de l’atelier sur les Femmes, la paix et la sécurité, à Bangkok le 15 octobre dernier », a-t-il déclaré.


Lorsque la situation l’exige, les femmes thaïlandaises peuvent aussi être d’efficaces agents de la paix, a estimé M. Sinhaseni.  Il y a des femmes thaïlandaises qui sont des observatrices et des militaires dans de nombreuses missions de maintien de la paix des Nations Unies, par exemple au Népal, au Soudan et au Darfour.  Ces femmes militaires ou policières occupent notamment des postes dans les services de santé ou de coordination.  Elles sont formées au droit international humanitaire sur la protection des enfants et des femmes, ainsi qu’en ce qui concerne le HIV/sida.  Le représentant a noté que, depuis 2009, les femmes étaient admises à la prestigieuse école de la police royale de la Thaïlande.  Après l’obtention de leur diplôme, ces femmes seront affectées à d’importantes tâches de résolution de cas avec violence sur femmes et enfants.  « Nous espérons que ces femmes pourront intégrer les missions de maintien de la paix des Nations Unies déployées à travers le monde, pour assister et protéger les femmes et les enfants les plus vulnérables ».  En conclusion, le délégué a souligné la nécessité de la mise en œuvre pratique et universelle de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.


M. GAREN NAZARIAN (Arménie) a mis l’accent sur le lien entre « égalité des sexes » et la paix et la sécurité, lequel est, a-t-il dit, est de plus en plus visible.  Il a regretté toutefois que, malgré les mesures prises pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, les résultats restent insuffisants et les efforts de lutte contre cette réalité manquent de coordination.  La magnitude de ce problème n’est pas suffisamment connue et c’est pourquoi, il faudrait pouvoir disposer de plus d’informations afin d’agir plus efficacement et prendre les mesures qui s’imposent.  Le représentant a salué le rôle des femmes dans les processus de paix, notant cependant qu’elles restent encore largement marginalisées.  La participation des femmes aux processus de paix et à la consolidation de la paix doit être davantage encouragée, a-t-il estimé, en rappelant qu’il faudrait, au préalable, reconnaître l’importance de leurs contributions dans ces domaines.  Il a rappelé l’accord que l’Arménie a conclu avec l’entité ONU-Femmes visait à renforcer et favoriser la participation des femmes aux processus politiques à tous les niveaux.


M. LUIS-ALFONSO DE ALBA (Mexique) a déclaré que la réunion d’aujourd’hui est d’une importante vitale, en reconnaissant les progrès accomplis depuis l’adoption de la résolution 1325.  Citant certains de ces progrès, il a mis l’accent sur le déploiement des conseillères sur l’égalité entre les sexes dans les opérations de maintien de la paix, et a espéré qu’il sera élargi aux processus de paix et de consolidation de la paix.  De la même façon, il a applaudi à l’inclusion d’outils d’alerte précoce et de réponse dans les mandats de ces opérations et des missions politiques spéciales.  En tant que membre du Groupe des amis pour la médiation, il s’est félicité de l’intégration d’une perspective sexospécifique dans le dernier rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la médiation dans le règlement pacifique des conflits, la prévention des conflits et leur résolution, ainsi que du Guide pour une médiation efficace.  


M. de Alba a jugé qu’il était nécessaire de progresser dans l’application de la résolution 1325, par l’identification de mesures visant la promotion de la participation des organisations féminines dans les processus et accords de paix, un thème qui est, a-t-il dit, au cœur du présent débat.  Il a rendu hommage, dans ce cadre, au travail des organisations non gouvernementales dans les étapes initiales des processus et accords de paix, notamment, et recommandé de consulter les organisations féminines, ainsi qu’avec les femmes affectées par les conflits.  Au cours de la période de transition, il faudrait veiller à ce que la protection et la sécurité des femmes soit assurée.  Le représentant a souligné l’importance de prévoir dans le futur traité sur le commerce des armes une disposition sur les femmes, la paix et la sécurité, compte tenu du fait que le trafic illégal des armes légères et de petit calibre favorise les crimes fondés sur le sexe.


M. PAUL SEGER (Suisse) a abordé la question de la participation des organisations de la société civile oeuvrant en faveur des femmes dans les activités de prévention et de règlement des conflits armés, ainsi que dans la consolidation de la paix en insistant sur trois points qui sont: la médiation, le programme consacré au traitement du passé et la réforme du secteur de la sécurité.  S’agissant de la médiation, il a relevé les données factuelles comprises dans le rapport du Secrétaire général, ainsi que sa conclusion selon laquelle « les progrès avancent trop lentement en ce qui concerne l’inclusion des femmes dans les pourparlers de paix ».  Il s’agit, a-t-il dit, d’identifier les possibilités de participation qui s’offrent à elles et de leur ouvrir ces possibilités à tous les niveaux. 


La délégation suisse préconise en outre qu’il faudrait prendre en compte la perspective sexospécifique dans la mise en œuvre des mécanismes de justice transitionnelle, en se basant sur le constat que les besoins des femmes doivent être une dimension à part entière des quatre principes de lutte contre l’impunité qui sont la recherche de la vérité ; la justice ; les réparations et les garanties de non répétition.  Pour ce qui est des violences sexospécifiques, le représentant a affirmé qu’elles trouvaient souvent leurs racines dans les valeurs et normes traditionnelles, ainsi que dans des stéréotypes perpétrées par le système éducatif et les structures sociales.  Ainsi, pour que le secteur de la sécurité puisse efficacement lutter contre l’impunité des crimes commis à l’encontre des femmes, il est indispensable de le réformer en tenant compte des clichés sexistes et des schémas profondément enracinés en associant des réseaux de femmes au processus de réforme, a précisé M. Seger.


Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a indiqué que chaque anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 est l’occasion de réaffirmer l’attachement aux objectifs fixés et de mettre l’accent sur ses multiples dimensions.  Elle a salué le travail du Groupe de travail des organisations de la société civile pour les femmes, la paix et la sécurité qui, précisément, donne un élan supplémentaire au Conseil sur cette question, avant de rappeler que l’Argentine avait été l’un des coauteurs de ce texte.


La représentante a souligné la contribution des organisations et mouvements de femmes dans la prévention des conflits, et l’engagement des organismes des droits de l’homme en faveur des droits des femmes et des filles en vue de traduire dans la réalité la responsabilité de protéger les droits dont la jouissance n’est plus une option.  Pendant la période 1999-2000, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, l’Argentine avait joué un rôle déterminant dans les consultations avec les organisations non gouvernementales, ce qui a conduit à l’adoption de la résolution 1325, a-t-elle poursuivi en se déclarant pleinement à la disposition du Conseil pour la pleine mise en œuvre de ce texte fondamental


M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada) a indiqué que son pays était très favorable à la reconnaissance de la nécessité de prendre des mesures efficaces pour remédier à la violence sexuelle en lien avec les conflits.  « Les gouvernements ont la responsabilité de prendre en compte les enjeux liés aux femmes, à la paix et à la sécurité », a soutenu M. Rishchynski.  Il a estimé que la société civile pourrait, potentiellement, jouer un rôle efficace.  Il a ainsi pris l’exemple de la Sierra Leone où la défense des droits des femmes par des organisations locales a amené l’État à agir pour protéger les femmes, groupe particulièrement vulnérable.  « Plus spécifiquement, cela s’est traduit par l’adoption d’une nouvelle loi ayant pour effet de pénaliser les infractions sexuelles et d’imposer des peines minimales plus sévères aux délinquants », a précisé le représentant du Canada.


M. ANDREAS RIECKEN (Autriche) a regretté que les femmes et les organisations de femmes de la société civile restent encore trop souvent absentes dans les efforts et pourparlers de paix.  Faisant référence aux données chiffrées présentées par le Secrétaire général dans son rapport, il a estimé que ces données montraient qu’il restait encore beaucoup à faire pour encourager l’inclusion et la participation des femmes à tous les efforts de prévention et de règlement de conflits, y compris aux négociations de paix et à la consolidation de la paix.  Il s’est dit préoccupé par le nombre croissant d’attaques dont ont été victimes les défenseurs des droits des femmes au cours de l’année passée, et a soutenu les recommandations faites par le Secrétaire général pour combattre cette tendance.  Pour faciliter la participation des femmes au processus politique, l’Autriche préconise l’utilisation de quotas.  Elle estime en outre qu’il faudrait faire davantage au sein même des Nations Unies, en augmentant le nombre de femmes au sein des opérations de maintien de la paix, en particulier la nomination de femmes médiatrices.  Le représentant a également fait état des différentes actions menées par l’Autriche dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325 et, notamment, l’adoption, en janvier 2012, de son plan d’action révisé ainsi que l’adoption d’un plan d’action de lutte contre la traite des personnes.


Mme MARIE SKARE, de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a affirmé que les organisations de la société civile avaient joué un rôle déterminant dans la promotion des droits de la femme et de l’égalité entre les sexes.  Dans une large mesure, a-t-elle dit, c’est grâce à la société civile que la résolution 1325 a vu le jour, il y a 12 ans.  Tout en reconnaissant la responsabilité première des États dans la mise en œuvre des résolutions relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité, l’OTAN, en tant qu’organisation politico-militaire, s’acquitte de sa part de responsabilité dans les opérations qu’elle mène, ainsi que dans le cadre de ses partenariats.  « Nous avons un plan d’action et, ensemble, avec nos partenaires, nous joignons l’acte à la parole », a-t-elle déclaré.  Au plan politique, l’OTAN encourage fortement tous ses partenaires à adopter des objectifs concrets concernant la promotion relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité, et sensibilise à ces questions.


Au plan opérationnel, l’OTAN, avec ses partenaires, notamment à travers la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (FIAS) et la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR), a fait montre de son ferme engagement visant la promotion du rôle important des femmes et s’est engagé avec les femmes chefs de file et militantes pour mieux comprendre leurs points de vue et perspectives.  À titre d’exemple, elle a expliqué que l’Alliance avait, parmi son personnel, des conseillers sur les questions des femmes et des points focaux œuvrant dans différents bureaux et sur le terrain, en Afghanistan et au Kosovo.  Elle a précisé qu’elle travaillait avec certains d’entre eux et pouvait témoigner des efforts considérables déployés pour élargir la mise en œuvre de la résolution 1325 et intégrer la dimension de l’égalité des sexes dans toutes les opérations.  Mme Skare a aussi insisté sur la formation et l’éducation en tant qu’« outils stratégiques pour les forces de sécurité et pour la réforme du secteur de la défense et de la sécurité ».  « Si ces outils sont dûment utilisés, ils peuvent avoir des effets multiplicateurs car les attitudes adoptées par les personnes formées sont susceptibles de s’étendre à tous les secteurs de la vie, bien au-delà de la sphère de la sécurité », a-t-elle fait remarquer avant de conclure.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a salué les avancées réalisées dans la mise en œuvre du plan d’action en sept points sur la participation des femmes à la consolidation de la paix, ainsi que l’adoption d’un cadre de résultats stratégiques sur les femmes et la paix et la sécurité depuis l’adoption de la résolution 1325.  Pour sa délégation, il ne saurait y avoir de prévention des conflits sans participation des femmes, ni de participation sans protection effective des droits et de l’intégrité physique et morale des femmes.  Dès lors, il importe, a estimé Mme Lucas, de faire progresser simultanément tous ces aspects.  Elle s’est dite encouragée par le nombre croissant de mécanismes de coordination régionaux et de plans d’action nationaux qui ont vu le jour.  Ce bilan reste cependant mitigé, a-t-elle dit, en citant la faible participation des femmes aux pourparlers de paix, les problèmes structurels qui limitent leur participation à la vie politique, ainsi que la recrudescence de la violence à l’égard des femmes. 


Parmi les délégations impliquées dans les 14 processus de paix en 2011, seules quatre comportaient une représentation féminine.  De plus, sur les neuf accords de paix signés en 2011, seuls deux contenaient des dispositions spécifiques liées aux femmes et à la paix et à la sécurité.  La situation au niveau de la représentation politique n’est pas plus encourageante, dans la mesure où les femmes ne représentent toujours que 20% des parlementaires, et légèrement plus au niveau ministériel, a-t-elle encore relevé. 


Pour sa délégation, « cela n’est guère suffisant » d’autant plus que les régions les plus touchées par les conflits sont aussi souvent celles où la situation sociale et politique de la femme est la moins développée.  Pour cette raison, le Luxembourg estime qu’il faudrait mettre l’accent sur la formation des femmes à la vie politique, mais aussi sur l’amélioration des conditions matérielles leur permettant de participer aux élections ainsi que sur leur protection au cours des périodes électorales.  Mme Lucas a également fait part des actions menées par son pays dans ce domaine, y compris en collaboration avec le Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Citant en conclusion Louis Aragon, elle a dit que « l’avenir de l’homme est la femme ».


Tout en saluant la création d’ONU-Femmes et d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, M. LEONARDO LUÍS GORGULHO NOGUEIRA FERNANDES(Brésil) a estimé qu’il restait encore beaucoup à faire pour assurer que les femmes soient pleinement intégrées dans les efforts de paix nationaux et multilatéraux.  Le plus important, a-t-il dit, est de renforcer le dialogue avec les groupes de femmes dans les situations de conflit et postconflit.  Des consultations fréquentes avec les groupes de femmes sont le meilleur moyen de transmettre leurs inquiétudes et besoins à tous les acteurs des efforts de paix, a-t-il insisté.  Le représentant du Brésil a demandé que l’interaction avec les groupes de femmes devienne une partie intégrante des activités de maintien et de consolidation de la paix de l’ONU.  Il a estimé que ce dialogue était très important au moment de la préparation du retrait des missions ou durant la période de transition, car il est de nature à stimuler les gouvernements nationaux et la famille de l’ONU, lorsqu’il s’agit d’intégrer les questions sexospécifiques dans leurs politiques après le départ d’une mission. 


Le représentant du Brésil a rappelé que son pays avait signé, en 2011, une lettre d’intention avec ONU-Femmes, dans le but de renforcer sa coopération avec cet organisme dans le domaine de formation et de sensibilisation des Casques bleus aux questions de sexospécificité et de promouvoir la coopération Sud-Sud concernant les centres de formation des Casques bleus en Amérique latine et en Afrique.  Mettant l’accent sur l’importance de l’autonomisation économique des femmes en situation postconflit, il a estimé que l’accès des femmes à l’éducation, à l’emploi, à la santé et à la propriété était autant de moyens d’éviter la reprise de conflits.  Il a cité la mise en place au Brésil d’un programme de microcrédit intitulé « Bolsa familia », à l’intention des femmes, qui a permis à des millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté.  Il a rappelé que le Brésil avait organisé en marge de la Conférence Rio+20, un sommet de « dirigeants femmes » qui a mis l’accent sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la pleine participation des femmes à la gouvernance à tous les niveaux et dans tous les processus de prise de décisions.  Ce Sommet a aussi souligné la nécessité d’éliminer toutes les barrières discriminatoires qui empêchent encore les femmes d’accéder, de posséder ou de gérer des ressources productives et de bénéficier de toutes les opportunités de développement durable.   


M. FERNANDO ARIAS(Espagne) a salué la publication récente du recueil d’informations « Femmes, paix et sécurité » réalisé par ONU-Femmes, qu’il juge utile pour la mise en œuvre de la résolution 1325.  « L’Espagne fournit des efforts significatifs dans la promotion du rôle de la femme en situations de conflit », a souligné le représentant de l’Espagne.


La délégation de l’Espagne a aussi mis en exergue des initiatives menées dans le domaine de la coopération pour promouvoir le rôle de la femme dans le processus de paix en période de conflit et postconflit.  Pour cela, le plan d’action de l’Espagne sur les femmes et l’édification de la paix renforce le pouvoir des femmes, a précisé M. Arias.


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), après avoir souligné la pertinence du thème du débat axé sur la contribution des organisations de la société civile œuvrant en faveur des femmes à la prévention et au règlement des conflits armés et du maintien de la paix, a déclaré que certaines de ces organisations sont pourtant en butte à des risques et à des défis spécifiques, en particulier celles travaillant dans un contexte de violence.  Il a rappelé que la communauté internationale avait été le témoin de l’affaire de la jeune Malala Yousafzai, et déploré que les femmes militant en faveur des droits de l’homme soient fréquemment prises pour cibles au cours d’un conflit.  C’est pourquoi, il est impératif de renforcer leur protection et d’encourager leur participation active aux processus de rétablissement et de consolidation de la paix. 


Dans ce contexte, il a loué les progrès réalisés dans l’application de la résolution 1325 dans les domaines que sont la prévention, la participation, la protection, l’aide et la récupération.  Il a également salué les mesures préconisées dans le rapport du Secrétaire général (S/2012/732) dans le sens d’une amélioration des mécanismes de suivi et de reddition de comptes axés sur le respect des engagements en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité.  Il a expliqué que depuis 2008, le Chili avait mis sur pied une commission de travail interministérielle, également constituée de représentants de la société civile, en vue de l’élaboration d’un plan d’action national, conformément aux dispositions de la résolution 1325.  Ce plan d’action sera inclusif afin de refléter les intérêts de toutes les composantes de la société.  Le Chili s’emploie également à la promotion de ladite résolution au niveau régional, à travers l’échange d’expériences, et la coopération, a indiqué le représentant.


M. SHIN DONG-IK (République de Corée) a rappelé que, depuis l’adoption en 2000 de la résolution 1325 du Conseil de sécurité relative aux femmes, à la paix et à la sécurité, de nombreux défis restaient à relever malgré les progrès enregistrés.  Il a notamment regretté que parmi les neuf traités de paix signés en 2011, deux seulement contenaient des dispositions en cette matière.  Cette lacune diminue les moyens de renforcer l’autonomisation économique et politique des femmes, notamment au cours des périodes de transition, a fait remarquer le représentant.  Il a estimé que la mise en place de quotas pourrait remédier à la faible participation des femmes aux processus de prise de décisions.


Par ailleurs, le représentant a réaffirmé le rôle que jouent les organisations de la société civile œuvrant en faveur des femmes dans le règlement des conflits et les processus de paix.  Il a néanmoins déploré qu’il existe encore des obstacles dans ce domaine, citant notamment la faible participation des femmes aux processus officiels de dialogue, des financements limités, des barrières sociétales et culturelles ainsi que des menaces sécuritaires.  Ce sont, a-t-il dit, autant de facteurs qui entravent une planification à long terme de leur fonctionnement.  Il s’est également dit très préoccupé par la persistance des violences sexuelles dans le cadre de conflits armés, de processus électoraux et de troubles politiques.


M. ABDULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a remarqué que depuis l’adoption de la résolution 1325, certaines mesures concrètes ont pu être prises dans le cadre du plan d’action en sept points visant à intégrer la perspective genre dans les efforts de prévention et de règlement des conflits, ainsi que dans la consolidation de la paix.  Il n’en demeure pas moins que les femmes et les filles sont toujours victimes de violations des droits de l’homme, du droit international humanitaire ainsi que des droits des réfugiés et, en particulier, de la violence sexuelle, a fait observer le représentant, qui a estimé qu’il restait beaucoup à faire pour combattre cette réalité.  Rappelant que le message clef de la résolution 1325 était d’assurer la participation égale des femmes à tous les niveaux de prise de décision, il a insisté pour que cela commence aux Nations Unies, notamment avec la nomination de plus de femmes à des postes de haut niveau. 


Le Bangladesh souhaite en outre qu’il y ait plus de femmes médiatrices dans les pourparlers de paix et les efforts de consolidation de la paix, en rappelant que parmi les délégations impliquées dans les 14 négociations de paix menées sous les auspices des Nations Unies en 2011, seulement quatre de ces délégations comportaient des femmes.  Pour le Bangladesh, il ne fait pas de doute que les femmes et les organisations de femmes de la société civile peuvent jouer un rôle important dans les efforts de paix et assurer le respect des droits des femmes.  À cet égard, il a dénoncé les violences dont ont été victimes les défenseurs de ces droits, ainsi que des droits de l’homme au cours de l’année passée et a demandé que des mesures soient prises pour assurer la protection des femmes, des filles et des défenseurs des droits de l’homme.  Pour sa part, le Bangladesh a adopté un « modèle de paix » dont le message central est axé sur l’autonomisation du peuple, y compris les femmes et les groupes vulnérables.  Cela passe par la lutte contre la faim et la pauvreté; l’éducation et la formation; la lutte contre toutes formes de discriminations; l’accès à un emploi digne et la participation à la gouvernance, a expliqué le représentant, qui a saisi cette occasion pour rappeler qu’une femme était à la tête du pays au Bangladesh et que sa Constitution garantissait l’égalité entre les hommes et les femmes.


M. NEVEN MIKEC (Croatie) a estimé que le fait de considérer les femmes comme des « victimes » occultait souvent leur rôle significatif dans la prévention des conflits, la médiation et la reconstruction notamment, ainsi que celui des organisations de la société civile œuvrant en faveur des femmes.  En conséquence, pour la Croatie, la mise en œuvre du plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 de l’ONU a rang de priorité.  Il en a voulu pour preuve l’histoire récente de son pays, et de la région en général, où les femmes ont joué un rôle crucial en s’opposant fermement au conflit armé dans le territoire de l’ex-Yougoslavie dans les années 1990.  Il a souligné la nécessité pour les États de prendre des mesures législatives, juridiques, et de sensibilisation de l’opinion publique au rôle des femmes dans les processus de restauration et de consolidation de la paix.


M. Mikec a néanmoins expliqué qu’il ne suffisait pas de promulguer des lois mais aussi de les assortir de garanties, surtout dans des sociétés et des cultures traditionnelles conservatrices.  Pour ce faire, il importe de jeter les bases d’une coopération entre les organes étatiques avec d’autres secteurs de la société, et d’une implication accrue des hommes dans toutes les activités de promotion de l’égalité entre les sexes.  Plus encore, a-t-il poursuivi, cela ne saurait se faire en l’absence d’une coopération pleine et sincère des organismes étatiques avec les organisations féminines de la société civile.  L’autonomisation de telles organisations joue un rôle significatif, d’une part, en tant qu’observateur externe des actions entreprises par les pouvoirs publics, et d’autre part, en tant que partenaires dans l’orientation de telles actions en fonction des besoins réels des citoyennes, a-t-il affirmé, en encourageant à appuyer des campagnes, séminaires et ateliers conjoints.    


M. MATEJ MARN (Slovénie) a déclaré qu’incontestablement, les organisations de femmes de la société civile ont un rôle important à jouer pour que les besoins et les droits des femmes, ainsi que des groupes vulnérables, soient pris en compte et respectés.  La Slovénie appuie pleinement les recommandations du Secrétaire général, qui figurent dans son rapport sur les femmes et la paix et la sécurité, en vue d’une plus grande participation des femmes à toutes les étapes des processus de paix.  Le représentant a encouragé le Conseil de sécurité à poursuivre ses efforts en ce sens en incluant une perspective sexospécifique dans toutes les décisions thématiques ou propres à un pays ainsi que dans les mandats des missions. 


Le représentant a salué le fait qu’il y ait de plus en plus de femmes dans les listes d’experts en médiation des Nations Unies et parmi les représentants spéciaux du Secrétaire général.  Par ailleurs, il a mis l’accent sur l’importance de l’éducation des filles pour leur permettre d’assumer le rôle qui leur revient dans leurs communautés et sociétés à l’avenir.  Malgré les progrès tangibles, il n’en demeure pas moins qu’il existe toujours des obstacles majeurs à la participation et la représentation des femmes dans les processus de prise de décisions, a constaté M. Marn.  Il a ainsi évoqué la question de la protection des femmes contre les violences sexuelles auxquelles elles restent souvent exposées et qui bénéficient souvent d’impunité.  Par conséquent, il est extrêmement important d’adopter une approche concernant l’égalité des sexes dans les mécanismes de justice transitionnelle, a souligné le représentant.


Intervenant au nom des pays nordiques, Mme SIGNE BURGSTALLER (Suède) a souligné l’importance des organisations de femmes dans la prévention et la résolution des conflits, la construction de la paix et de la stabilité et la défense des droits de l’homme.  Elle a indiqué que la mise en œuvre et l’examen des plans d’action nationaux des pays nordiques en matière de parité entre les sexes a considérablement profité de l’étroite coopération des gouvernements avec la société civile.  Elle a indiqué que l’intégration de la dimension sexospécifique aux efforts de paix et de sécurité n’était pas seulement nécessaire, mais stratégiquement déterminante, puisque qu’au-delà des femmes, les communautés et des familles entières bénéficient de cette démarche. 


La représentante a déclaré que les femmes et les hommes devraient avoir les mêmes opportunités de participer à tous les processus politiques liés au règlement des conflits et à l’instauration de la stabilité, de la paix et de la sécurité.  Cela inclut la prévention des conflits, les processus de médiation à tous les niveaux, la mise en œuvre des accords de paix et la participation aux conférences de donateurs, a-t-elle insisté.  Mme Burgstaller a également souligné qu’il était très important de soutenir la pleine participation des femmes aux processus constitutionnels et électoraux postconflit.  Elle a exhorté les États Membres à soutenir la participation active des femmes et à promouvoir une perspective sexospécifique dans tous les efforts de paix et de sécurité.  Elle a remercié le Secrétaire général pour son rapport sur le renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends, la prévention et le règlement des conflits et son annexe I intitulée « Directives des Nations Unies pour une médiation efficace », qui soulignent tous les deux l’importance du rôle des femmes. 


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a déclaré que ce n’est que justice de consacrer ce débat au rôle des organisations féminines de la société civile puisque celles-ci ont été les catalyseurs de l’adoption initiale de la résolution 1325, à l’issue de longues années de campagne.  Elles ont également continué à jouer un rôle fondamental en vue de l’inclusion d’une perspective sexospécifique dans tous les débats des Nations Unies liés à la paix et à la sécurité.  M. McLay a rendu un vibrant hommage aux organisations qui sont actives dans sa propre région.  Elles ont été des « composantes vitales dans les processus de paix à Bougainville, en Papouasie-Nouvelle Guinée et dans les Îles Salomon », a-t-il rappelé. 


Le représentant de la Nouvelle-Zélande a également salué le lancement, en septembre dernier, du premier plan régional d’action sur les femmes, la paix et la sécurité, qui a fourni l’occasion au Premier Ministre des Îles Cook de mettre en relief la contribution des organisations des femmes du Pacifique à la conception de ce plan.  Il s’est aussi félicité du fait que Trinité-et-Tobago ait apporté à l’ONU les questions de femmes, désarmement, non-prolifération et contrôle des armes, et que cette année, la Première Commission ait adopté une résolution, par consensus, sur ce sujet.  Il a ensuite émis l’espoir que, forte des résultats de la Conférence d’examen du programme d’action sur les armes légères et de petit calibre, la communauté internationale puisse effectivement faire des progrès pour l’élimination de ces armes « véritablement de destruction massive ».  Il a appelé, en conclusion, à reconnaître l’importance davantage de recherche et d’analyse en vue de mieux comprendre comment les femmes pourraient et devraient jouer un rôle déterminant dans ce domaine. 


Mme RAYMONDA MURMOKAITE (Lituanie) a estimé qu’en ce qui concerne la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, les organisations de la société civile ont un rôle à jouer, notamment en contribuant aux efforts de paix et de sécurité aux niveaux national et international ou en représentant ceux qui ne peuvent exprimer leur voix.  À l’heure où certains États réexaminent leurs plans nationaux en la matière, ces organisations peuvent également fournir des informations sur les bonnes pratiques et les leçons tirées des expériences passées, a ajouté la représentante. 


En tant que membre des « Amis de la résolution 1325 » et des « Amis du Groupe de médiation », la représentante de la Lituanie a estimé aussi que le premier facteur de participation des femmes dans le règlement des conflits et dans la reprise postconflit est leur protection et leur sécurité.  La participation des femmes doit également bénéficier d’un changement de mentalités, avec notamment la fin des stéréotypes existants et fondés sur le sexe.  De plus, les abus sexuels commis par des membres du personnel de l’ONU sur le terrain doivent également être éliminés, a insisté la représentante.  La Lituanie appuie la politique de tolérance zéro de l’ONU en la matière, a-t-elle assuré.


Mme INESE FREIMANE-DEKSNE (Lettonie) a indiqué que le développement social, économique et politique durable d’un pays n’est possible qu’avec une forte implication de sa société civile et sa participation dans toutes les phases de la prise de décisions.  Le développement des capacités de leadership des femmes, pendant et au lendemain d’un conflit, est cruciale, a-t-elle affirmé, en partageant les expériences de son pays en la matière.  Les organisations non gouvernementales en Lettonie ont mis en place des centres et systèmes d’information et de partage des données en Asie centrale, notamment pour la prévention de la traite des êtres humains et l’assistance aux victimes en Iraq. 


Le rôle des femmes est donc important dans toutes les phases du conflit et dans la conception d’alerte précoce.  Elle a appelé à l’amélioration du dialogue sur des questions relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité, en insistant sur la nécessité d’une participation des organisations œuvrant en faveur des femmes et le respect des droits des femmes dans les missions de maintien de la paix.  Elle a aussi plaidé en faveur du renforcement des capacités et la formation des représentantes de la société civile, et de la participation de conseillers pour l’égalité entre les sexes dans la médiation.  Elle a encouragé la coordination des travaux des organisations du système de l’ONU dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000). 


M. JUN YAMAZAKI (Japon) a déclaré que la sécurité des femmes et des filles était un indicateur clef du niveau de paix et de stabilité.  Il a noté que le rapport du Secrétaire général souligne que les femmes afghanes craignent qu’un éventuel accord de paix ne se fasse au prix des droits des femmes durement acquis.  Il a précisé que la Déclaration de Tokyo, adoptée lors de la Conférence éponyme sur l’Afghanistan en juillet dernier, souligne l’importance de la participation de la société civile, notamment des groupes de femmes, au processus de paix et à la promotion des droits de l’homme en Afghanistan.  Il a ajouté que cette déclaration avait été adoptée à la lumière de la résolution 1325 du Conseil de sécurité. 


La mise en place d’une aide spécifique aux femmes lorsque la prévention des conflits a échoué est déterminante, a-t-il souligné.  Illustrant son propos, il a indiqué que le Japon, en consultation avec les organisations de femmes au Soudan, assiste les femmes pauvres, les veuves, les femmes rurales et les femmes handicapées dans la recherche d’un emploi.  Le représentant a également assuré que le Japon appuyait les efforts visant à prévenir la violence sexuelle dans les camps de réfugiés ivoiriens au Libéria, en fournissant notamment de l’électricité et en appuyant des activités de sensibilisation.  Ce soutien, a-t-il ajouté, comprend aussi l’aide juridique et des soins aux victimes de la violence sexuelle.       


M. MAZEN ADI (République arabe syrienne) a rendu hommage aux efforts de Mme Michelle Bachelet depuis sa nomination à la tête d’ONU-Femmes.  Il a ensuite indiqué que son pays avait à cœur la promotion et la protection des droits de la femme et s’acquittait de ses obligations à cet égard.  Il a néanmoins dénoncé le fait que le niveau de progrès social en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, dont son pays s’enorgueillissait, était menacé par des groupes armés et des éléments d’obédience wahabiste, salafiste et jihadiste, lesquels, s’ils arrivaient à leurs fins, risquaient de reléguer la Syrie à l’ère de l’obscurantisme religieux.  Les groupes armés poursuivent leurs violations massives et systématiques des droits de la femme et empêchent même de venir en aide à celles-ci, comme ce fut le cas en particulier dans la ville de Homs.  Il a notamment indiqué qu’il avait fourni des informations sur ces violations à la Représentante du Secrétaire général sur la violence à l’encontre des femmes et à d’autres procédures spéciales


Le représentant syrien a fustigé aussi la pratique odieuse d’épouser, à travers le « jihad sexuel », des femmes et jeunes filles réfugiées dans les pays voisins, qui s’ajoute à maintes violences sexuelles dont les femmes et filles sont victimes dans les camps de réfugiés.  Il a réaffirmé la disposition de son gouvernement à trouver une solution juste et sereine à la situation actuelle.  Il a demandé au Secrétaire général aussi de plaider en faveur des femmes palestiniennes, syriennes et arabes qui subissent l’occupation israélienne.  Ainsi, les femmes dans le Golan occupé n’ont pas le droit de se rendre dans leur pays, tout comme les personnes souffrantes, a-t-il déclaré, en exhortant à coopérer avec le Gouvernement syrien et faire pression avec les parties extérieures pour mettre un terme aux violations du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Il a enfin appelé à porter une attention particulière aux menaces pesant sur sa population du fait des sanctions économiques qui lui ont été imposées. 


M. HERMAN SCHAPER (Pays-Bas) a axé son intervention sur le second plan d’action national adopté par son gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Ce plan d’action met l’égalité entre les sexes au cœur de toutes ces politiques, depuis des décennies, concernant l’autonomisation des femmes, de la lutte contre les violences à l’encontre des femmes et de l’accès des femmes aux postes de direction.  Le second plan d’action, qui a une approche thématique et géographique, est unique car il est le fruit d’une étroite collaboration entre le Gouvernement, la société civile et les instituts de recherche, a-t-il précisé.  D’un point de vue thématique, ce plan d’action est entièrement consacré à la promotion du leadership des femmes et à leur potentiel politique dans les sociétés frappées par un conflit.  Géographiquement, il se penche sur six pays que sont l’Afghanistan, le Burundi, la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud, le Soudan et la Colombie, ainsi que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.  Le représentant a également donné des exemples concrets des mesures prises en faveur de ces pays dans le cadre de ce plan d’action.


Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a déploré les obstacles considérables qui entravent la participation des femmes dans les phases de transition, alors que c’est précisément dans ces phases que sont jetées les bases d’une société plus juste et démocratique.  Les femmes doivent toujours lutter pour trouver leur place, en particulier au sein des sociétés qui émergent d’une situation de conflit, a-t-elle poursuivi.  L’appréhension vis-à-vis d’un rôle accru des femmes est profondément enracinée, a-t-elle fait remarquer.  La représentante a ensuite invité les États Membres qui jouent un rôle actif dans l’appui fourni à l’opposition syrienne à s’assurer que ladite opposition comprenne un nombre suffisant de femmes.  « Si un appui pour assurer une participation renforcée des femmes n’est pas fourni à ce moment-là en Syrie, alors il sera plus difficile de le faire après », a estimé Mme Anderson.


M. PETER THOMSON (Fidji) a reconnu l’importance de la résolution 1325, en ajoutant que sa bonne application dépendait en grande partie des efforts de mise en œuvre au niveau national.  Passant ensuite en revue les efforts de son pays dans ce domaine, il a expliqué que l’un des objectifs recherchés était d’atteindre un taux de représentation de 30% de femmes dans les diverses instances publiques.  Le délégué a également expliqué que Fidji avait veillé à augmenter le nombre de femmes parmi les contingents qu’il met à disposition des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Enfin, M. Thomson a mis en exergue le défi posé par les changements climatiques, en particulier pour des pays comme Fidji, et qui touchent en premier les femmes et les enfants.  Il a aussi reconnu le rôle crucial que jouent les femmes dans les efforts de relèvement après une catastrophe naturelle.


M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a déclaré qu’en tant que membre du Conseil exécutif d’ONU-Femmes, le Kazakhstan soutenait tous les efforts multilatéraux pour la promotion des droits des femmes.  Dans le même temps, il est nécessaire d’évaluer les défis auxquels les organisations de femmes sont confrontées, notamment l’insécurité, le manque de ressources et l’accès à l’information.  Ces défis peuvent être vaincus par l’inclusion des femmes dans les stratégies de prévention, de résolution et de reprises postconflit, a-t-il ajouté, en soulignant le caractère crucial de renforcer l’action de ces groupes non seulement au niveau international, mais surtout aux niveaux national et régional. 


Le représentant a également estimé qu’une approche fondée sur l’égalité entre les sexes était essentielle pour faire participer plus activement les femmes aux efforts de paix.  Il s’est ensuite félicité de la tendance actuelle visant à adopter cette approche dans les différentes initiatives à travers le monde.  Alors que des progrès sont réalisés, il ne faut pas perdre de vue les défis persistants dans la mise en œuvre de la résolution 1325, notamment la faible représentation des femmes dans les processus de paix internationaux et régionaux, a-t-il ajouté.   Dans ce contexte, les organisations régionales de femmes doivent être consultées dans ces processus, y compris pour les méthodes traditionnelles locales de règlement des conflits dont les femmes sont souvent dépositaires, a-t-il recommandé.  Tous les efforts doivent être faits pour s’assurer que leur voix soit entendue, a estimé le représentant avant de conclure.  


M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) s’est déclaré préoccupé par la faible représentativité des femmes dans les processus de paix et par la violence dont elles sont encore victimes, 12 ans après l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité en 2000.  Le Botswana est d’avis que la paix est étroitement liée à l’égalité entre hommes et femmes et à sa reconnaissance comme question centrale du maintien de la paix et de la sécurité, a indiqué son représentant.  Dans ce contexte, le Botswana estime que les femmes devraient jouer un plus grand rôle dans la prévention des conflits, dans la consolidation de la paix.  Les défis qui font obstacle à leur participation doivent être combattus, a-t-il ajouté.  Le représentant a également plaidé en faveur de la participation des organisations de la société œuvrant en faveur des femmes aux débats thématiques du Conseil de sécurité.


M. USMAN SARKI(Nigéria) a déclaré que ce débat offrait une occasion précieuse de dresser un bilan et de faire le point sur ce qui reste à accomplir.  Le Conseil, a-t-il dit, doit tirer profit de la sagesse collective qui s’y sera exprimée.  Il est clair qu’il faudrait faire plus, notamment pour améliorer la participation des femmes aux efforts de diplomatie préventive, a-t-il fait observer.  Si le Nigéria se félicite du rôle d’ONU-Femmes et de celui du Conseil de sécurité dans ce domaine, il estime qu’il est également important que chaque gouvernement mette au point des plans d’action nationaux pour prendre les mesures nécessaires à l’autonomisation des femmes.  Le Nigéria entend lui-même faire preuve de volontarisme, l’égalité des sexes étant l’une des priorités de ses initiatives législatives les plus récentes.  Le représentant a indiqué que les femmes représentaient un tiers dans les processus de prise de décisions dans son pays et que la parité avait même été réalisée dans le domaine de la justice.


M. YUSRA KHAN (Indonésie) a repris à son compte les déclarations du Secrétaire général selon lesquelles « une paix durable n’est possible qu’avec une pleine participation des femmes et le renforcement de leur leadership ».  À cet égard, il a estimé que les femmes ne devraient pas être considérées comme de simples victimes mais également comme des agents du changement.  En premier lieu, il faudrait augmenter le nombre de femmes engagées dans des missions de maintien de la paix, a-t-il indiqué.  Il a aussi préconisé de renforcer les infrastructures juridiques, sécuritaires et judiciaires nécessaires afin d’assurer la sécurité des femmes dans le cadre de conflits armés.  Enfin, il faudrait revoir à la hausse le niveau de participation des femmes aux processus de négociations et de préventions des conflits armés, a estimé le représentant. 


M. Khan a insisté sur les efforts entrepris par son gouvernement pour appliquer la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Ces efforts se sont traduits par l’adoption de lois encourageant les structures administratives et sécuritaires du pays à inclure davantage de femmes dans leurs rangs.  Il a cité, à titre d’exemple, le programme « Écoles de la paix pour les femmes » dont l’objectif premier vise à promouvoir la non-violence.  L’ambition de l’Indonésie, a-t-il affirmé, est de faire des femmes des partenaires à part entière des efforts de paix déployés par le pays. 


M. MOHAMED IBRAHIM MOHAMED ELBAHI (Soudan) a expliqué qu’en 2007, son pays avait élaboré une politique nationale d’autonomisation des femmes axée sur six grands domaines, notamment la santé, l’environnement, l’éducation, le développement économique, la participation effective dans la prise de décisions, le règlement des conflits, la consolidation de la paix et le respect des droits.  Le Soudan a également adopté une stratégie quinquennale de mise en œuvre et créé des unités au sein des organismes publics en vue d’intégrer la dimension de l’égalité des sexes et d’assurer l’autonomisation des femmes dans tous les secteurs de la société.  Divers programmes d’autonomisation des femmes ont également été mis sur pied. 


Au niveau législatif, la notion d’un salaire égal pour un travail égal a été entérinée, a-t-il assuré, en rappelant également que les femmes soudanaises avaient le droit de vote et étaient éligibles.  Dans les zones rurales, une attention a également été accordée au développement durable des femmes, en particulier au Darfour, par le financement de projets visant la réduction de la pauvreté.  Il a ensuite décrit différents programmes ciblant la santé des femmes, la nutrition, la sensibilisation aux droits des femmes et la problématique de la paix et de sa durabilité, notamment en partenariat avec des fonds et programmes des Nations Unies.  Le Soudan s’est aussi doté d’une stratégie de lutte contre la violence à l’encontre des femmes, a-t-il encore expliqué, avant de conclure en recommandant un examen approfondi des causes sous-jacentes aux conflits comme la pauvreté, l’absence de développement et les changements climatiques.


M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a rappelé que son pays avait élaboré un plan d’action national en application de la résolution 1325 pour les quatre prochaines années.  Il a ensuite remercié le Gouvernement de la Finlande pour son soutien lors de l’élaboration de ce plan.  « Nous avons établi un Comité directeur, composé des représentants des différents ministères, du Commissaire pour les droits de l’homme et de membres de la société civile, et qui est chargé de coordonner les efforts visant à mettre en œuvre le plan d’action national », a-t-il expliqué, avant de solliciter à cet effet l’appui d’ONU-Femmes.


Notant les préoccupations exprimées par le Secrétaire général dans son rapport concernant la faible participation des femmes au processus de transition en cours en Afghanistan, M. Tanin a rappelé que le Parlement afghan comprenait 69 femmes, soit le quart du nombre total de parlementaires.  « Alors qu’en 2001, 5 000 filles seulement allaient à l’école, 10 ans plus tard, en 2011, ce sont 2,7 millions de filles afghanes qui étaient scolarisées », s’est-il réjoui.  M. Tanin a en outre rappelé le rôle crucial que jouent les organisations de la société civile œuvrant en faveur des femmes lors de l’adoption de la loi de 2009 sur l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, ainsi que leur soutien continu en faveur du plan d’action national.  Enfin, le délégué a souligné le nombre croissant de femmes rejoignant les rangs des forces armées et des forces de police afghanes, en dépit des menaces dont elles peuvent faire l’objet. 


Mme NOUR ZARROUK BOUMIZA (Tunisie) a souligné qu’il était important de conférer aux femmes un rôle de premier plan dans le maintien et la consolidation de la paix, en se félicitant des avancées enregistrées à cet égard, comme par exemple la nomination de la Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence sexuelle dans les conflits armés.  Elle a également mentionné au nombre de ces avancées l’inclusion de la protection des femmes dans les mandats de huit des 16 missions de maintien de la paix.  « La Tunisie a, pour sa part, commencé à mettre en place un plan d’action en application de la résolution 1325, qui encourage notamment la formation des femmes au maintien et à la consolidation de la paix », a-t-elle précisé. 


Constatant que les progrès étaient insuffisants, la déléguée de la Tunisie a plaidé pour une appropriation nationale des résolutions pertinentes du Conseil, un appui technique et financier renforcé aux organisations féminines ainsi qu’un soutien accru pour les initiatives des organisations de la société civile se concentrant sur l’engagement des hommes en faveur de l’égalité des sexes.  « Le combat de la femme pour jouir de la plénitude de ses droits ne peut réussir qu’avec l’implication entière des hommes », a-t-elle conclu.


M. YAŞAR HALIT ÇEVIK (Turquie) a déclaré que si des progrès avaient été accomplis, il restait encore beaucoup d’obstacles à surmonter, comme le démontre le débat d’aujourd’hui.  Sa délégation estime que le Conseil de sécurité devrait veiller à faire en sorte que les accords de cessez-le-feu prennent en compte systématiquement la problématique des violences sexuelles.  Elle a salué le rôle précieux d’ONU-Femmes, ainsi que diverses initiatives prises en partie sous ses auspices, en particulier le plan d’action en sept points sur l’égalité des sexes.  Le représentant de la Turquie a assuré que son pays était attaché à la pleine application de la résolution 1325 et de celles qui l’ont complétée.


Mme MELISSA ANN MARIE BOISSIERE (Trinité-et-Tobago) a indiqué que l’échec à traduire en justice les auteurs de crimes graves perpétrés contre des femmes contribuait à la culture de l’impunité et représentait une violation de la résolution 1325.  Elle a en conséquence exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier sans tarder le Statut de Rome établissant la Cour pénale internationale.  Elle a ensuite insisté sur la nécessité d’une approche globale pour relever le défi posé par la circulation d’armes légères et de petit calibre, véritable fléau dans son pays qui touche les femmes de plein fouet.  La déléguée a espéré que les États Membres s’accorderont en mars 2013 sur un traité sur le commerce des armes après l’échec enregistré cette année.  « La pleine participation des femmes est cruciale à la mise en œuvre de la résolution 1325 et au renforcement des efforts en vue de l’adoption d’un traité sur les armes », a-t-elle dit en conclusion.


M. MICHAEL BLISS (Australie) a déclaré que son pays appuyait tous les efforts accomplis pour lutter contre les violences sexuelles et mettre un terme à l’impunité.  Cette question, a-t-il souligné, doit être une priorité du Conseil et pour l’ensemble du système des Nations Unies.  Comme le Secrétaire général le note dans son rapport, les organisations féminines jouent un rôle indispensable dans la prévention des conflits, ainsi que dans la promotion et la consolidation de la paix, a-t-il noté.  Cela est uniquement possible dans des conditions de sécurité minimales, a-t-il fait remarquer.  L’Australie appuie fermement l’appel du Secrétaire général pour la protection des militantes des droits de l’homme dans les situations de conflit, étant donné leur vulnérabilité particulière.  Par ailleurs, l’Australie a lancé en mars de cette année son plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, les organisations féminines ayant joué un rôle clef dans son élaboration.  En reconnaissance du rôle grandissant des organisations régionales en matière de paix et de sécurité, la délégation australienne les appelle à introduire des stratégies sur la mise en œuvre de la résolution 1325.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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