CS/10679

Le Conseil de sécurité convient de la nécessité d’évaluer les normes militaires communes des opérations de maintien de la paix pour éviter les contre-performances

20/06/2012
Conseil de sécuritéCS/10679
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6789e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ CONVIENT DE LA NÉCESSITÉ D’ÉVALUER LES NORMES MILITAIRES COMMUNES

DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX POUR ÉVITER LES CONTRE-PERFORMANCES


Le Conseil de sécurité a convenu aujourd’hui avec quatre commandants des forces de l’ONU de « la nécessité d’un système pour évaluer et appuyer des normes militaires communes et éviter ainsi les contre-performances ».  À ce jour, l’ONU a déployé sur le terrain 17 opérations de maintien de la paix servies par 120 000 Casques bleus.


À quoi tiennent les contre-performances?  À deux éléments principaux, a expliqué le Commandant de la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Il a cité la composition des troupes et la complexité de la tâche prioritaire qu’est la protection des civils.


La composante militaire des opérations de l’ONU est faite de troupes issues de plusieurs parties du monde, dotées d’une formation et de matériels différents et venant parfois avec leur propre idée des performances attendues de l’opération.  Le Commandant de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a, par exemple, indiqué qu’il dirige quelque 12 000 hommes en uniforme issus de 39 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe, d’Amérique centrale et d’Amérique latine.


Cela n’est pas nouveau mais, ont reconnu les commandants, l’environnement de plus en plus complexe dans lequel évoluent les forces de l’ONU et la surveillance de plus en plus étroite dont elles font l’objet rendent plus difficiles l’atténuation des différences et des lacunes, a plaidé le Commandant de la force de la MONUSCO.


Avec ses collègues, il a appelé à une standardisation des normes par l’incorporation d’un module « opération de maintien de la paix » dans le cursus des armées nationales.  Les quatre commandants ont qualifié de « pas dans la bonne direction » l’initiative « Bataillon d’infanterie générique » initiée par le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU. 


Le Commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a ajouté un autre défi, celui qui découle « naturellement » du mandat « protection des civils » malgré son apparente clarté.  « Le diable est dans les détails », a-t-il dit, en donnant des exemples précis.  Dans ce cadre, le représentant russe a dénoncé des mandats qui permettent des interprétations « élastiques ou subjectives » alors que son homologue de l’Inde pointait un doigt accusateur sur les auteurs de « mandats-sapins de Noël » où on trouve tout et n’importe quoi.


Le représentant indien n’a pas adhéré à la position de la France selon laquelle il faut tirer les conclusions opérationnelles de l’absence de cloisonnement entre maintien et consolidation de la paix, et faire en sorte que les opérations coopèrent étroitement avec les équipes de pays des Nations Unies.


Le Commandant de la force de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) n’a pas dit autre chose lorsqu’il a lié la fin de sa mission à la capacité d’Haïti d’assurer la sécurité mais aussi de conduire des élections et de maintenir le cap vers la bonne gouvernance et le développement socioéconomique.


Pour le représentant de l’Inde, les opérations de maintien de la paix ne devraient pas avoir à superviser la consolidation de la paix qui est une fonction qui devrait relever exclusivement des gouvernements nationaux. 


Le Commandant de la FINUL a d’ailleurs qualifié de « défi » l’intégration des efforts répartis entre la Force, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban et l’équipe de pays des Nations Unies.  


Dans un contexte budgétaire difficile, plusieurs délégations ont attribué les contre-performances de certaines opérations au manque de ressources.  Le représentant de la France a prôné la coopération entre les missions qui, selon lui, permet l’optimisation de l’emploi des moyens.  Lorsque des événements imprévus risquent de déstabiliser un pays, cette coopération est une réponse adaptée et performante afin de renforcer ponctuellement, en hommes et en matériel, les missions qui en ont besoin, a-t-il insisté.


Le Commandant de la force de la MINUSS a d’ailleurs rappelé que lors de la crise intercommunautaire de Jonglei de décembre 2011 et de janvier 2012, la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), avait apporté à sa Mission une aide importante, notamment en matériel.



OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES


Déclarations


M. HERVÉ LADSOUS, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a fait une brève présentation des personnalités présentes aujourd’hui. 


Le général CHANDER PRAKASH, Commandant de la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), s’est félicité de l’initiative consistant à ce que tous les éléments des pays contributeurs de troupes soient basés sur « le bataillon d’infanterie générique ».  Mais, a-t-il ajouté, il nous faut un système qui couvre tout l’éventail des activités allant de la préparation au déploiement en passant par le désengagement.  Le système devrait aussi traiter des questions liées à la performance opérationnelle et à l’image projetée par les Nations Unies sur le terrain.  Il faut aussi accorder l’attention requise à la préparation des unités aux tâches spécifiques d’une opération. 


Le général a aussi suggéré une plus grande interaction entre les décideurs politiques des capitales et les opérations dans lesquelles leurs troupes opèrent.  Il a jugé utile de mettre en place un mécanisme pour informer les missions permanentes auprès des Nations Unies des performances de leurs troupes sur le terrain.  Le général a conclu en soulignant l’importance qu’il y a à avoir les meilleurs commandants à la tête des opérations.  Les pays contributeurs de troupes pourraient ainsi être encouragés à incorporer un module « opération de maintien de la paix » dans le cursus de leur armée. 


Le général PAOLO SERRA, Commandant de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), a rappelé que le premier défi de sa Force était qu’elle est composée de troupes venant de 39 pays différents couvrant l’Afrique, l’Asie, l’Europe, l’Amérique centrale et l’Amérique latine.  Il s’est donc félicité du Manuel du bataillon d’infanterie générique.  L’autre défi, a-t-il poursuivi, tient au fait que l’ONU a déployé à ce jour près 120 000 hommes appartenant à 17 pays différents.  Partant, la FINUL fera davantage le choix de stratégies orientées vers la qualité plutôt que vers la quantité.  Le troisième défi tient à l’intégration des composantes civile et militaire au sein de la Mission, et à une meilleure intégration des efforts répartis entre la FINUL, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban et l’équipe de pays des Nations Unies.   La double casquette de Commandant de la force et de Chef de mission assure une certaine unité d’objectifs, s’est-il réjoui, en indiquant aussi qu’un civil a été nommé comme adjoint chargé, entre autres, de diriger l’équipe de planification intégrée. 


Comme autre défi, le général a cité celui de répondre à la multinationalité des forces terrestres.  La solution idéale, a-t-il affirmé, est d’avoir des bataillons homogènes dont les unités appartiennent à un seul pays contributeur.  Mais un bataillon multinational avec des sous-unités de nationalités différentes peut être gérable.  Au-delà, les choses deviennent plus difficiles.  Au titre du dernier défi, le général a parlé du Groupe intérimaire d’intervention navale, seule force navale déployée par les Nations Unies.  Il a jugé important de standardiser les cycles de rotation des unités à un minimum de quatre à six mois.  Il a aussi prévenu que l’efficacité d’une composante navale dépend de directives et de procédures claires ainsi que de capacités, d’équipements et de formation clairement identifiés.  Des mécanismes de coopération formels avec d’autres entités impliquées dans le contrôle du commerce maritime seraient également très utiles, a-t-il souligné.


Le général MOSES BISONG OBI, Commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a souligné que certains défis de la Mission découlent « naturellement » de son mandat même qui paraît clair mais, « le diable est dans les détails ».  Un des mots clefs du mandat est « appui » au Gouvernement du Soudan du Sud dans sa tâche de protéger les civils mais la « protection des civils » étant également un mandat de la Mission, elle doit le faire lorsque le Gouvernement national ne le fait pas.  Ceci, a-t-il expliqué, a créé une certaine confusion.  La Mission doit être perçue comme engagée pour la protection des civils sans pour autant donner l’impression qu’elle ne fait que soutenir l’Armée populaire de libération du Soudan(SPLA) dans son combat à la frontière.  De même, les Sud-Soudanais peuvent lui reprocher de ne rien faire pour protéger les civils puisqu’elle ne peut empêcher les bombardements près de la frontière.  Le général a ajouté un autre exemple: la Mission est censée de faciliter le travail des humanitaires qui voient pourtant une contradiction entre action militaire et action humanitaire.  Enfin, en vertu du Chapitre VII, la Mission peut recourir à la force.  Mais l’utilisation de cette force peut changer négativement les relations avec le SPLA et le pays hôte et éroder leur confiance.


Le général a souligné un autre défi de la Mission, celui lié au manque d’hélicoptères.  Mais, il a tout de même classé la crise intercommunautaire de Jonglei, de décembre 2011 et de janvier 2012, parmi les succès de sa Mission.  S’il a déploré les pertes en vies humaines, il a indiqué que la MINUSS a permis de limiter le nombre des victimes.  La coordination entre la MINUSS et le SPLA lors de cette crise fut l’exemple d’une coopération étroite dans la protection des civils, a-t-il conclu.  S’agissant de démontrer détermination et unité de la Mission, les mesures prises ont été très positives. 


Le général FERNANDO RODRIGUEZ GOULART, Commandant de la force de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a expliqué les opérations menées au quotidien par ses forces avant de s’attarder sur l’avenir.  Nous réfléchissons, a-t-il confié, à la prochaine configuration de la Mission en se fondant, conformément à la résolution pertinente du Conseil, sur la situation sur le terrain et les capacités de l’État haïtien.  Le général a jugé que la Police nationale haïtienne doit être encore renforcée avant de pouvoir assumer l’entière responsabilité de la sécurité dans le pays.  Ses effectifs devraient monter à 20 000 policiers lesquels devraient être dotés d’une capacité anti-émeute dans tout le pays.  Le Gouvernement et la MINUSTAH, a-t-il dit, ont un objectif commun: la baisse des effectifs puis le retrait de la Mission.  Mais, il faut prendre garde à ne pas laisser un vide.  En outre, la capacité du pays à conduire des élections sans appui extérieur, à traiter des effets de la saison des pluies et des ouragans et à maintenir le cap vers la bonne gouvernance, la stabilité politique et le développement socioéconomique est de la plus haute importante, a souligné le général.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a rappelé que la mission de maintien de la paix constitue l’activité la plus palpable et la plus visible de l’action de l’ONU et qu’elle est de plus en plus complexe et de plus en plus exigeante en ressources et en capacités humaines.  Ainsi, il est primordial d’adapter les ressources financières et matérielles aux mandats décidés par le Conseil de sécurité.  En outre, si la crise économique mondiale impose des restrictions budgétaires sur les États Membres, elle ne devrait pas toutefois nuire à l’efficacité et à l’effectivité des opérations mandatées.  De plus, le renforcement des capacités nationales des pays sortant de conflit doit demeurer un objectif principal des opérations de maintien de la paix et se faire en coordination avec le pays hôte mais il ne doit pas créer une dépendance de ce pays vis-à-vis de la mission. 


Comme les opérations de maintien de la paix opèrent dans des conditions difficiles, elles doivent disposer de systèmes d’alerte précoce et efficace pour prévenir de telles situations.  Les Casques bleus doivent disposer des moyens et du matériel nécessaires pour se défendre et protéger les civils.  Il y a une décennie, a poursuivi M. Loulichki, la résolution 1353 du Conseil de sécurité a ouvert la porte pour une coopération accrue entre le Conseil, les pays fournisseurs de troupes et de police et le Secrétariat mais force est de constater que malgré certaines avancées, le plein potentiel d’une telle coopération triangulaire est loin d’être atteint.  Le Maroc, engagé conjointement avec le Canada, reste engagé à améliorer les méthodes de travail du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.


Pour autant, ce partenariat global doit nécessairement inclure d’autres acteurs importants dont la société civile, les centres de recherche, les universités et les médias.  En ce qui concerne les médias, le représentant a révélé que le Maroc et l’Italie, en partenariat avec l’« International Press Institute (IPI) », lanceront une série de rencontres sur l’impact des médias sur le maintien de la paix des Nations Unies.  En conclusion, il a annoncé que la coopération du Maroc avec les Nations Unies en matière d’opérations de maintien de la paix s’étale sur plus de cinq décennies et a couvert les cinq continents, avec une concentration logique sur le continent africain.


M. JOÃO MARIA CABRAL(Portugal) a soulevé les défis auxquels font face les opérations de maintien de la paix (OMP) dans leurs zones de déploiement.  Soulignant la diversité culturelle des différents contingents des OMP, il a plaidé pour la mise en place d’un statut militaire commun, le Manuel étant un jalon important dans cette voie.  Il faut que soit dispensée une formation adéquate aux troupes avant leur déploiement, afin qu’elles soient pénétrées des valeurs fondamentales des Nations Unies, telle que l’égalité des genres, a-t-il poursuivi.


Le représentant a également plaidé pour une plus grande clarté des règles d’engagement, avant de souligner l’importance du volet « consolidation de la paix » pour le succès à long terme des opérations.  Insistant à cette fin sur une coordination accrue entre les branches du Secrétariat, le représentant a prévenu que tous les efforts seront vains sans le plein engagement du pays hôte d’une opération, conformément au principe d’appropriation nationale.


M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a annoncé que le Pakistan a perdu 130 Casques bleus ces 50 dernières années.  Le mois dernier encore, a-t-il rappelé, 11 Casques bleus pakistanais ont été blessés en République démocratique de Congo (RDC).  Mais cela n’entamera pas l’engagement du pays aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a rassuré le représentant.  Il a néanmoins souligné le caractère impératif de renforcer la sécurité et la sûreté des Casques bleus.  Des ressources insuffisantes et le manque de préparation opérationnelle peuvent mettre en péril la sécurité des troupes. 


Dans une certaine mesure, le manque de performance et la normalisation peuvent être corrigés par le développement de modules de formation et de paramètres d'évaluation, dans le contexte d’une mission.  Un module détaillé peut être mis au point pour évaluer l’état de préparation opérationnelle des troupes.  Il est essentiel de déterminer des normes de base pour éviter les mauvaises performances.  Qualité et performance ne devraient pas être compromises par le désir de réduire les coûts ou d’élargir la représentation régionale ou autres considérations géopolitiques.  « Nous devons continuer à accorder la plus haute prime à l’excellence professionnelle », a soutenu le représentant.


Les défis liés aux objectifs opérationnels communs sont exacerbés par des mandats complexes selon lesquels un appui doit être offert au pays hôte dans un environnement politique difficile.  Le Conseil doit donc « simplifier cette complexité » en fixant des mandats clairs et réalistes à l’abri des intérêts nationaux et des propositions politiques indues.  Le renforcement de la coopération entre le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes est essentiel, a dit le représentant en soulevant aussi la question des ressources financières.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a ouvert son propos en rendant hommage aux sept Casques bleus nigériens tués récemment.  Elle a insisté sur l’importance des réunions de ce type et a noté que depuis la réunion de l’année dernière, une mission telle que la MINUSTAH avait vu ses effectifs diminuer devant les progrès en matière de sécurité dans le pays, tandis qu’à l’inverse, la mission déployée en Somalie avait bénéficié d’un renfort.  La représentante a déclaré que le renforcement du maintien de la paix restait la priorité des États-Unis.  Les opérations devraient avoir les ressources nécessaires pour former et équiper leur personnel et se doter d’une stratégie de sortie.  Les missions, a-t-elle dit, doivent être clairement déterminées à recourir à la force quand cela s’avère nécessaire et respecter la volonté du Conseil de sécurité.


Tout contingent, a-t-elle prévenu, qui s’avère inefficace et qui compromet le succès d’une mission « doit être renvoyé à la maison ».  Les soldats de la paix et le personnel des missions devraient répondre aux normes les plus élevés, s’agissant en particulier des inacceptables abus sexuels ou des crimes contre les personnes qu’ils sont sensés servir.  Les États-Unis, a-t-elle dit, appuient fermement la mise en œuvre rapide de la Stratégie globale et entendent travailler avec les pays contributeurs de troupes pour combler les lacunes.  En la matière, les pays fournisseurs d’hélicoptères doivent être compensés adéquatement, a-t-elle aussi souligné avant d’émettre le vœu que le nouveau module de formation à la protection des civils et autres outils de formation amélioreront les performances sur le terrain.  Elle a aussi espéré que les décisions prises à New York reflèteront encore mieux la réalité sur le terrain.


M. NIKITA Y. ZHUKOV (Fédération de Russie) a souligné que le champ des opérations de maintien de la paix était en constante évolution, en raison notamment du caractère inédit des défis auxquels ces OMP font face.  Les soldats de la paix doivent se cantonner à l’exécution de leur mandat et ne pas offrir d’appui tacite à une partie à un conflit, comme cela a malheureusement pu être le cas.  De telles actions compromettent la réputation des Nations Unies, a-t-il averti.  Les mandats doivent êtres clairs et éviter les interprétations « élastiques ou subjectives ».


Les soldats de la paix ne peuvent qu’accomplir des tâches primaires de consolidation de la paix, a-t-il ajouté avant de plaider pour le renforcement du rôle du Comité d’état-major et pour une utilisation accrue des ressources des organisations régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.


M. FERNANDO ALZATE (Colombie) a expliqué qu’il était nécessaire de poursuivre l’établissement d’objectifs communs et de veiller au suivi de leur mise en œuvre.  Il faut élaborer des mandats clairs, crédibles et réalisables, assortis de ressources suffisantes à long terme, a-t-il ajouté.  Il faut une cohérence entre les mandats et les ressources disponibles, a-t-il insisté, s’inquiétant de ce que les circonstances sur le terrain deviennent de plus en plus complexes alors que des restrictions pèsent sur les ressources.  Nous nous félicitons des initiatives de coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays qui fournissent des contingents, a-t-il dit.  Les réunions avec ces derniers, avant la prorogation des mandats, sont importantes, a-t-il poursuivi.  S’agissant des contingents, le représentant a souhaité que davantage de pays soient impliqués car, à ce jour, ce sont surtout les pays en développement qui fournissent du personnel en uniforme. 


Nous lançons un appel pour que des mesures soient prises afin d’assurer la présence de contingents sur le terrain, a-t-il dit.  Il a expliqué par ailleurs la nécessité de renforcer les capacités nationales des pays hôtes, car une paix viable passe par un appui aux institutions nationales, a conclu le représentant. Une approche coordonnée pour renforcer le dialogue au sein de la Commission de consolidation de la paix serait très utile pour identifier les lacunes, a-t-il conclu.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a rappelé que les opérations de maintien de la paix connaissaient une grande évolution tant sur le plan conceptuel qu’opérationnel, et ce dans le contexte d’une demande accrue d’opérations de ce type.  Il a plaidé, en conséquence, pour une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité, les États Membres et le Secrétariat, avant de réaffirmer l’importance de mandats clairs.  Cette tâche incombe au Conseil, a-t-il rappelé, avant de plaider pour que les chefs de mission soient dotés des outils nécessaires à la bonne exécution de leurs tâches.


Faisant fond sur les difficultés d’intégrer au sein d’une même mission des forces multinationales, dotées parfois d’une culture militaire différente, le représentant du Guatemala a indiqué que les pays fournisseurs de contingents pouvaient œuvrer à cette intégration avant même que les contingents ne soient déployés.  Enfin, il a rappelé que pour les populations locales, la composante militaire était souvent le visage d’une mission de maintien de la paix, laquelle devait en conséquence faire l’objet d’une formation rigoureuse, notamment au regard des questions de déontologie et d’égalité entre les sexes.


M. VINAY KUMAR (Inde) a souligné la nature de plus en plus complexe des opérations de maintien de la paix, remarquant que trois des commandants des forces sont à la tête de missions déployées pour maintenir la paix au sein d’un même pays, et non pas entre deux pays.  « Ils n’ont plus affaire à des armées conventionnelles mais à des groupes armés, ce qui rend difficile la distinction entre combattants et civils. »  Qui plus est, ces missions doivent souvent superviser la consolidation de la paix, ce qui suppose qu’elles assument des fonctions qui reviennent généralement aux gouvernements nationaux.  Dans ce genre de circonstances complexes, il faut pouvoir ajuster les règles d’engagement et les concepts même des opérations de manière à répondre aux besoins spécifiques de chaque situation, a-t-il constaté. « De nos jours de nombreux mandats d’opérations de maintien de la paix ont été comparés à des arbres de Noël.  On demande aux Casques bleus de faire ce que les États n’ont pas réussi à faire pendant des décennies, et cela avec des ressources limitées », a dénoncé le représentant.  Par conséquent, il a demandé des mandats assortis de ressources humaines et matérielles adaptées, car il en va de la crédibilité du Conseil de sécurité. 


Le processus de paix au sens large doit pouvoir capitaliser, selon lui, sur la stabilisation de la situation qui a été possible grâce à la composante militaire des missions.  Cependant, il s’est dit d’avis que les tâches relatives à l’état de droit et à la consolidation des institutions nationales ne sont pas du ressort des composantes militaires.  Ces étapes du processus nécessitent des stratégies détaillées, des ressources adéquates et spécifiques et des plans de mise en œuvre concrets.  En tant que plus grand contributeur de troupes, l’Inde reconnait que le maintien de la paix a beaucoup changé en 50 ans.  Cependant, pour assurer le succès, il faut veiller à ce que les mandats s’accompagnent de ressources adéquates et faire appel à l’expertise des pays en fonction des conditions de déploiement, a-t-il conclu.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a relevé que les opérations de maintien de la paix sont « un mécanisme unique et un outil indispensable pour les actions collectives de maintien de la paix et de la sécurité internationales ».  Il a ensuite cité des défis liés à ces opérations, tels que le fait que les mandats ne s’accompagnent pas toujours des moyens requis.  Il en a ainsi appelé à plus de flexibilité afin de pouvoir réajuster les mandats en fonction des réalités du terrain.  M. Mehdiyev a par la suite souligné l’importance de la coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat des Nations Unies et les pays contributeurs de troupes.  Il a en outre rappelé que la coopération militaire des pays hôtes apparaît tout aussi cruciale pour la réussite des missions.  Par ailleurs, a-t-il indiqué, la protection des civils doit être la première des priorités des opérations et dans cette optique, il a signalé que la confiance des populations locales dans le travail des Casques bleus était également un préalable à la réussite des missions.


Il a par la suite souligné l’importance des capacités dont doivent bénéficier les troupes et souhaité que les États Membres assurent la formation des unités de police et de l’armée.  Les opérations de maintien de la paix pourraient se faire également dans le cadre de la coopération bilatérale.  Il a aussi invité les Nations Unies à encourager les opérations que pourraient mener les organisations régionales de premier plan.  Enfin, M. Mehdiyev a déploré les récentes attaques dont ont été victimes les Casques bleus en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo.  Il a soutenu que s’attaquer aux Casques bleus équivaut à s’attaquer aux Nations Unies, et cela constitue « une violation grave du droit international ».


M. KODJO MENAN (Togo) a réaffirmé l’importance qu’il y a à ce que les opérations de maintien de la paix bénéficient de ressources suffisantes et prévisibles.  Mesurant les problèmes naissant du retard dans les remboursements faits aux pays contributeurs de troupes, il a exhorté les pays donateurs à continuer de supporter les missions afin que les problèmes d’ordre financier ne viennent entraver leur bon fonctionnement.  M. Menan a ensuite déclaré que la standardisation de la formation du personnel restait une grande préoccupation et que sa prise en compte devrait permettre de mettre tous les personnels au même niveau et d’éviter des langages divergents.  Il a enfin plaidé pour la définition de mandats clairs afin d’éviter des interprétations diverses.  Il a aussi voulu la participation à des actions de développement constitue une composante importante des mandats des missions.


M. ZAHEER LAHER (Afrique du Sud) a indiqué qu’il semblait approprié que le Conseil procède à un échange de vues avec les militaires de l’ONU.  Les attentes envers les militaires sont souvent très élevées, mais nous devons rester conscients du fait que le maintien de la paix n’est jamais qu’un mécanisme d’appui et qu’il ne saurait constituer une alternative aux stratégies politiques adoptées par le Conseil de sécurité.  Le représentant a indiqué qu’il fallait veiller à ce que la composante militaire ne soit pas surchargée et encombrée de tâches qui ne sont pas de sa portée habituellement.  Le Conseil, a-t-il dit, a un rôle important à jouer pour soutenir les efforts visant à améliorer la coopération et la coordination avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il a ainsi rappelé que l’Union africaine et les Nations Unies avaient travaillé étroitement au Darfour et en Somalie. Il a par ailleurs invité à la réflexion sur l’adoption par le Conseil de stratégies cohérentes qui se traduisent par des mandats clairs et réalistes, et sur la mobilisation des ressources appropriées.  


M. MIGUEL BERGER (Allemagne) a remarqué que les nouveaux défis posés au maintien de la paix et de la sécurité mondiales, ainsi que les changements rapides sur le terrain supposent une plus grande flexibilité et une adaptation constante de l’approche du maintien de la paix.  Reconnaissant les progrès accomplis au cours des dernières années, notamment la définition d’une doctrine de maintien de la paix et la révision des capacités, le représentant a proposé d’aller plus loin.  Pour lui, il s’agit de s’adapter davantage et de rendre les choses plus efficaces.  Pour ce qui est des mandats et de leur révision, il a estimé qu’il fallait définir des mandats clairs, réalistes et réalisables et se donner les moyens de pouvoir les revoir en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain.  Il a également insisté sur l’importance des stratégies de transition et de sortie. 


Il a insisté sur la nécessité de déployer les missions plus rapidement et de consolider toutes les mesures d’appui.  Pour cela, le dialogue continu entre toutes les parties prenantes est essentiel.  S’adressant aux commandants des forces, le représentant a demandé leurs opinions et propositions sur les questions du partage des ressources dans le contexte de la coopération intermissions; des technologies modernes pour avoir une meilleure « image opérationnelle » du terrain et de la coordination au sein d’une mission.


M. GÉRARD ARAUD (France) a estimé que la coopération entre les missions permettait l’optimisation de l’emploi des moyens consacrés aux opérations de maintien de la paix (OMP).  Lorsque des événements imprévus risquent de déstabiliser un pays, cette coopération est une réponse adaptée et performante afin de renforcer ponctuellement, en hommes et en matériel, les missions qui en ont besoin.  Cette coopération permet en outre de réaliser des économies d’échelle afin de répondre aux exigences de bonne gestion et aux contraintes budgétaires. 


Le représentant a ensuite souligné que la protection des civils est l’un des objectifs principaux du mandat des OMP.  Les soldats de la paix doivent être formés en conséquence et se montrer irréprochables sur le terrain.  La chaîne de commandement doit être bien respectée.  Lorsqu’un commandant exige une posture robuste, elle doit être bien mise en œuvre.  Si dans ce contexte, des contingents s’avèrent insuffisamment aguerris, le Conseil doit en être informé et le Département des opérations de maintien de la paix doit prendre les mesures qui s’imposent afin que le mandat puisse être bien mis en œuvre sur le terrain.


Le représentant a aussi appelé à l’élaboration de stratégies de sortie de crise qui garantissent un retour durable à la paix.  Il faut tirer les conclusions opérationnelles de l’absence de cloisonnement entre maintien et consolidation de la paix pour que chaque étape d’une présence des Nations Unies prépare mieux l’étape suivante.  Il a jugé indispensable que les missions coopèrent étroitement avec les équipes de pays des Nations Unies.  Enfin, soulignant la nécessité que les missions puissent communiquer avec les populations locales, il a jugé que la capacité francophone de certaines OMP était très insuffisante, en particulier dans les pays hôtes francophones.  L’action du Secrétariat pour embaucher plus de personnel francophone est très insuffisante, a-t-il déploré, ajoutant en conclusion que le fait que les cadres de certaines missions ne parlaient pas français était un facteur d’inefficacité.  « Je sais que le Secrétariat ne fera rien mais parfois il est bon de dire ce que l’on pense ».


M. MICHAEL TATHAM (Royaume-Uni) a insisté sur la nécessité de mandats clairs et bien ciblés.  Il faut éviter les mandats flous, a-t-il ajouté, indiquant qu’il fallait se protéger des scénarios où un accord est obtenu à New York dans la rédaction des textes, mais où des problèmes se posent ensuite sur le terrain.  Le représentant a par ailleurs insisté sur la nécessité de voir les commandants des forces communiquer leurs vues de manière continue et non de façon épisodique.  Il a par ailleurs indiqué qu’une meilleure coopération entre missions était un objectif à atteindre, et que la MINUL et l’ONUCI en Afrique de l’Ouest offraient un bon exemple de mise en commun de ressources.  Il a adhéré à la position du Conseil de sécurité qui insiste sur le besoin de souplesse et de mobilité des forces.  Pour conclure, le représentant a souligné qu’il était important de ne pas négliger le mandat essentiel de protection des civils.  Mais celle-ci incombe en premier lieu aux Etats hôtes, il s’agit de renforcer les capacités nationales en la matière.


M. LI BAODONG (Chine) a plaidé pour une coordination accrue entre tous les acteurs des opérations et une meilleure utilisation des ressources qui leur sont affectées.  Ces opérations doivent respecter le principe de neutralité et se conformer strictement à leur mandat, a-t-il averti.  Il a ensuite plaidé pour un plus grand respect des cultures locales et pour que les liens entre objectifs à court et moyen terme apparaissent clairement.  Une fois que des mandats clairs ont été adoptés, le financement des missions doit être garanti, a affirmé le représentant. 


Le Commandant de la force de la MINUSS est revenu sur la situation de crise dans l’État du Jonglei, pour indiquer que les autres missions déployées aux alentours de la zone de déploiement de la sienne, dont la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), avaient apporté une aide importante, notamment en matériel.  La coopération avec l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) sera également un élément important pour la surveillance de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud.


S’agissant de la menace posée par l’Armée de résistance du Seigneur, il a indiqué que la MINUSS partageait les informations pertinentes notamment avec la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).


Le Commandant de la force de la MONUSCO a de nouveau appelé de ses vœux une normalisation des contingents militaires des opérations de mission de la paix, en rappelant que certains d’entre eux arrivent avec du matériel différent et des méthodes distinctes, notamment pour les patrouilles distinctes.  Certains contingents sont au départ plus formés au combat qu’au maintien de la paix, a-t-il aussi relevé.


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix est revenu sur la question de la coopération entre missions, expliquant que sur le terrain, des patrouilles parallèles et des programmes très solides de travail en commun étaient mis en place.  S’agissant de la politique relative aux normes, il a indiqué qu’un manuel de bataillon d’infanterie avait été parachevé.  Il est important d’établir des normes, a-t-il expliqué, et répondant aux déclarations du représentant de la France, il a convenu que le bon sens exigeait que les soldats envoyés dans des pays francophones parlent eux-mêmes le français, regrettant que par exemple en Haïti, seulement 30% des troupes déployées parlent français.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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