CS/10558

De nombreux États soulignent la nécessité d’un front uni pour lutter contre la piraterie maritime dans le golfe de Guinée

27/02/2012
Conseil de sécuritéCS/10558
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6723e séance – matin


DE NOMBREUX ÉTATS SOULIGNENT LA NÉCESSITÉ D’UN FRONT UNI POUR LUTTER

CONTRE LA PIRATERIE MARITIME DANS LE GOLFE DE GUINÉE


De nombreuses délégations ont, ce matin, appuyé les recommandations formulées par la mission d’évaluation chargée par le Secrétaire général de l’ONU d’apporter des réponses nationales et régionales à la menace de la piraterie dans le golfe de Guinée.  Elles ont soutenu, en conséquence, un projet de résolution en cours d’examen préparé par le Togo.


La mission d’évaluation juge « de la plus haute importance » que l’ONU collabore avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée, les trois organisations régionales participant à la lutte contre la piraterie dans la région, en vue de « convoquer dès que possible le sommet commun des trois organisations, préconisé par le Conseil pour servir de cadre à l’élaboration d’une stratégie globale de lutte contre la piraterie dans la région ».


Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. B. Lynn Pascoe, qui présentait le rapport de la mission d’évaluation, laquelle s’est rendue, du 7 au 24 novembre, au Bénin, au Nigéria, au Gabon et en Angola, a prévenu que la menace de la piraterie « est devenue de plus en plus alarmante alors que les pirates sont devenus de plus en plus violents ».


Dans son rapport annuel 2010, l’Organisation maritime internationale (OMI) recense la côte ouest-africaine parmi les six principaux foyers de piraterie dans le monde.


« Les pays du golfe de Guinée ont besoin, a-t-il affirmé, d’un front uni afin de répondre de manière efficace à la menace grandissante de la piraterie le long de leurs côtes », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, mettant l’accent sur l’importance de la stratégie régionale préconisée par le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2018 (2011)


Lors du précédent débat public du Conseil de sécurité sur le sujet, le 19 octobre 2011, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, avait fait part de son intention d’envoyer dans le golfe de Guinée une mission chargée d’évaluer la menace que représente la piraterie dans cette région, de faire l’inventaire des moyens existants aux niveaux national et régional pour y assurer la sûreté et la sécurité maritimes, et de formuler des recommandations sur les mesures que l’ONU pourrait envisager de prendre.


Il avait également demandé à la CEDEAO et à la CEEAC de collaborer à l’élaboration d’une stratégie régionale globale et intégrée de lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée, en étroite coopération avec la Commission du golfe de Guinée et l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (OMAOC).


Le 31 octobre 2011, le Conseil, « vivement préoccupé par la menace qu’ils font peser sur la navigation internationale, la sécurité et le développement économique des États de la région », avait, par sa résolution 2018 (2011), condamné tous les actes de piraterie et vols à main armée commis dans le golfe de Guinée et engagé la CEDEAO, la CEEAC et la Commission du golfe de Guinée à entreprendre une action concertée, notamment des patrouilles maritimes bilatérales ou régionales.


Le Directeur de la Commission des affaires politiques de la CEDEAO, M. Abdel Fatau Musah, a manifesté son inquiétude face à la dégradation d’une situation sécuritaire déjà fragile dans l’espace de la CEDEAO en raison d’une part, de la résurgence des rébellions et du banditisme, de la dégradation de la sécurité alimentaire dans le Sahel et d’autre part, de l’augmentation de la piraterie et des activités illicites qui y sont associées dans le golfe de Guinée. 


Il a expliqué que ces développements minaient sérieusement les gains obtenus ces 10 dernières années s’agissant des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Mme Florentina Adenike Ukonga, du Secrétariat exécutif de la Commission du golfe de Guinée, a affirmé de son côté que la Commission avait commencé à élaborer une stratégie de sécurité maritime dans la région qui, a-t-elle dit, constituera un document de base pour les discussions et la collaboration avec les autres organisations sous-régionales et les organisations internationales.


Le Ministre de la défense nationale du Bénin, M. Issifou Kogui N’Douro, qui a indiqué que les attaques des pirates avaient des conséquences politiques, économiques, environnementales et sécuritaires néfastes pour les pays de la région, a mis l’accent sur les efforts nationaux et bilatéraux.


Il a ainsi cité la mise en place de patrouilles conjointes entre le Nigéria et le Bénin dans le cadre de l’Opération « Prospérité » lancée le 30 septembre 2011, précisant qu’aucune attaque n’avait été enregistrée dans les eaux territoriales béninoises depuis le lancement de celle-ci. 


M. N’Douro a par ailleurs jugé indispensable la sécurisation du golfe de Guinée pour la promotion des investissements et la relance du développement des pays de la région, en estimant que cette région pourrait devenir une zone dynamique de revitalisation de la croissance au plan mondial.


Lors du débat, plusieurs pays ont déclaré appuyer un projet de résolution en cours d’examen par le Conseil de sécurité et préparé par le Togo.  Pour le Ministre togolais des affaires étrangères et de la coopération du Togo, M. Elliot Ohin, cette « seconde résolution que le Conseil de sécurité s’apprête à adopter » témoigne de « l’engagement de l’ONU et de toute la communauté internationale à s’impliquer résolument dans la lutte, aux côtés des États du golfe de Guinée, contre la piraterie maritime ».



CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST


Piraterie dans le golfe de Guinée


Lettre datée du 18 janvier 2012, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2012/45)


La mission d’évaluation, qui a mené ses travaux du 7 au 24 novembre au Bénin, au Nigéria, au Gabon et en Angola, observe que la recrudescence des actes de piraterie dans le golfe de Guinée représente une nouvelle menace de taille pour la paix, la sécurité et les intérêts économiques des États situés le long de la côte du golfe de Guinée et dans l’arrière-pays.


Elle souligne que la plupart des États de la région du golfe de Guinée ne pourraient pas à eux seuls prévenir ou gérer efficacement la menace qui pèse sur la sécurité maritime dans leurs eaux côtières.


Elle conclut qu’une stratégie régionale de lutte contre la piraterie ne pourra être viable et durable que si elle tient compte des causes profondes de ce phénomène, qui trouvent leur origine dans le chômage élevé chez les jeunes, les disparités de revenu importantes au sein de la société, la circulation non contrôlée d’armes illicites et le problème de la corruption.


Si les patrouilles maritimes organisées conjointement par le Nigéria et le Bénin constituent un modèle de coopération entre États pour combattre la piraterie dans le golfe de Guinée, cette initiative n’est cependant qu’une solution temporaire, considère la mission.  Une stratégie à long terme doit, selon elle, passer par la coordination de tous les efforts déployés par les États concernés de la région pour empêcher que les pirates puissent trouver refuge dans l’un d’entre eux et attaquer les pays voisins à partir de celui-ci.  Une aide importante de la communauté internationale serait nécessaire pour que cette stratégie régionale puisse prendre effet.


La mission juge en outre de la plus haute importance, en particulier après l’adoption de la résolution 2018 (2011) du Conseil de sécurité, que l’ONU collabore avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée, les trois organisations régionales participant à la lutte contre la piraterie dans la région, en vue de convoquer dès que possible le sommet commun des trois organisations, préconisé par le Conseil pour servir de cadre à l’élaboration d’une stratégie globale de lutte contre la piraterie dans la région.


La mission d’évaluation estime que l’ONU pourrait en particulier encourager les États de la région à prendre des mesures, à mobiliser un soutien international à l’appui des activités menées dans la région et à aider à coordonner l’aide internationale de manière à satisfaire aux conditions nécessaires pour mettre en œuvre une stratégie globale de lutte contre la piraterie et un plan d’action pour le golfe de Guinée, qui soient efficaces.



Déclarations


M. B. LYNN PASCOE, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a rappelé, que, lors du précédent débat public du Conseil de sécurité sur le sujet, le 19 octobre dernier, le Secrétaire général avait fait part de son intention, à la demande du Président du Bénin, M. Boni Yayi, d’envoyer dans le golfe de Guinée une mission chargée d’évaluer la menace que représente la piraterie dans cette région, de faire l’inventaire des moyens existants aux niveaux national et régional pour y assurer la sûreté et la sécurité maritimes, et de formuler des recommandations sur les mesures que l’ONU pourrait envisager de prendre.


La mission d’évaluation, a-t-il précisé, s’est rendue au Bénin, au Nigéria, au Gabon et en Angola.  Outre des réunions avec les gouvernements et des responsables des pays visités, elle a eu des entretiens avec des représentants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à Abuja, de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), à Libreville, et de la Commission du golfe de Guinée, à Luanda.


Ainsi que l’a souligné M. Ban Ki-moon la semaine dernière, lors de son intervention devant le Conseil de sécurité, à l’occasion de son débat public sur la criminalité transnationale organisée en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel, la piraterie et le banditisme armé contre des navires sapent les efforts entrepris par les États du golfe de Guinée en vue de maintenir la paix, la sécurité et la stabilité et de promouvoir le développement socioéconomique.  La menace, a-t-il dit, est devenue de plus en plus alarmante alors que les pirates sont devenus de plus en plus violents.


Tandis que des États et des organisations de la région ont mis en place des initiatives sur les plans régional et national visant à lutter contre la piraterie et les vols à main armée contre des navires, la menace, elle, non seulement persiste, mais semble gagner du terrain, a expliqué  M. Pascoe.  Il a ainsi précisé que la mission dépêchée par le Secrétaire général avait relevé que la piraterie dans le golfe de Guinée était devenue plus systématique, les pirates se livrant à des modes opératoires sophistiqués et utilisant des armes lourdes.


Selon le Secrétaire général adjoint, la piraterie dans le golfe de Guinée fait obstacle aux efforts des États de la région en vue d’assurer un commerce international pacifique et d’exploiter leurs vastes ressources naturelles pour leur développement socioéconomique.  Les pays du golfe de Guinée ont besoin, a-t-il affirmé, d’un front uni afin de répondre de manière efficace à la menace grandissante de la piraterie le long de leurs côtes.  Il a ainsi mis l’accent sur l’importance de la stratégie régionale préconisée par le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2018 (2011). 


Ainsi que l’avait indiqué le Secrétaire général la semaine dernière, devant le Conseil de sécurité, M. Pascoe a rappelé que la mission d’évaluation avait recommandé aux États du golfe de Guinée d’organiser un sommet régional le plus tôt possible en 2012 afin d’élaborer une stratégie antipiraterie pour la région.


Le Secrétaire général adjoint, qui a évoqué certains des efforts fournis par les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale pour combattre ce fléau, s’est félicité du soutien apporté par des membres de la communauté internationale aux États du golfe de Guinée en vue de renforcer leurs capacités maritimes.  Mais beaucoup reste à faire, a-t-il dit, mettant en particulier l’accent sur les besoins en matière d’appui logistique pour améliorer les capacités maritimes nationales et régionales.


M. Pascoe a affirmé que les États et les institutions de la région avaient salué l’adoption de la résolution 2018 (2011) du Conseil de sécurité, qu’ils ont considérée comme un premier outil international politique et juridique important en vue de mobiliser une coopération mondiale pour combattre la menace de la piraterie.  Sur la base de cette résolution, de l’évaluation et des efforts accrus entrepris par les États de la région, il convient, a conclu le Secrétaire général adjoint, de progresser de manière concrète pour éliminer la piraterie dans le golfe de Guinée, laquelle constitue une menace claire à la sécurité et au développement économique des États de la région.


M. ABDEL FATAU MUSAH, Directeur de la Commission des affaires politiques de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), s’est inquiété de la dégradation d’une situation sécuritaire déjà fragile dans l’espace de la CEDEAO en raison d’une part, de la résurgence des rébellions et du banditisme, de la dégradation de la sécurité alimentaire dans le Sahel et d’autre part, de l’augmentation de la piraterie et des activités illicites qui y sont associées dans le golfe de Guinée.  Il a expliqué que ces développements minaient sérieusement les gains obtenus ces 10 dernières années s’agissant des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Si le Bénin n’a connu que 21 incidents de piraterie en 2011 contre 45 en 2010, ce phénomène s’est en revanche étendu à toute la région où l’on a dénombré 18 autres actes de piraterie au Nigéria, au Ghana, en Guinée et en Côte d’Ivoire.  Il a dit que la piraterie exacerbait la corruption, la radicalisation de la jeunesse, l’instabilité politique et les différends liés aux frontières maritimes.  Il a prévenu que le golfe de Guinée est une région qui va doubler sa production pétrolière dans la décennie à venir, pour la porter de 4 millions à 8 millions de barils par jour, grâce à des réserves estimées à 14 milliards de barils. 


Il a mis l’accent sur les initiatives nationales des États du littoral visant à renforcer les patrouilles et les flottes côtières, en précisant que le Ghana vient de recevoir quatre vedettes.  Il a prévenu que ces efforts restent insignifiants par rapport à l’étendue de la menace puisque aucun pays concerné n’a les moyens de renforcer la surveillance maritime au-delà de 100 miles nautiques. 


S’agissant de la coopération bilatérale ou multilatérale, il a cité en exemple les patrouilles conjointes menées par le Bénin et le Nigéria sous l’« Opération prospérité » et la contribution de la France sous la forme de l’Opération de patrouille CORYMBE.  Au niveau multilatéral, il a indiqué que les États-Unis en particulier, la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Allemagne ont appuyé le renforcement de la sécurité maritime dans les régions de la CEDEAO et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).   Il a cité les opérations « Africa Partnership Station » en collaboration avec les États-Unis, l’opération FRONTEX (Espagne-CEDEAO) et le Fonds de solidarité prioritaire entre la France, le Bénin le Togo et le Ghana.


Si l’incidence de la piraterie a quelque peu diminuée dans le golfe de Guinée grâce à toutes ces initiatives, ce problème est loin d’être éradiqué, a dit le représentant de la CEDEAO.  C’est pourquoi, le communiqué final du quarantième Sommet de la CEDEAO, réuni à Abuja les 16 et 17 février 2012, a reconnu la menace croissante que constituent la piraterie et la criminalité organisée dans le golfe de Guinée, en soulignant l’importance d’un leadership politique et de la coordination.  


Il a précisé que la Commission de la CEDEAO a été invitée à développer de manière urgente un cadre politique holistique qui renforcerait la collaboration avec la CEEAC, la Commission du golfe de Guinée et toutes les autres parties concernées par la lutte contre ce fléau.


Mme FLORENTINA ADENIKE UKONGA, du Secrétariat exécutif de la Commission du golfe de Guinée, a indiqué que la Commission a pris des mesures en vue d’une collaboration efficace avec la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur des sujets d’intérêt commun comme la lutte contre la piraterie.  La Commission a également commencé à élaborer une stratégie de sécurité maritime dans la région qui constituera un document de base pour les discussions et la collaboration avec les autres organisations sous-régionales et les organisations internationales.


Commentant le rapport de la mission d’évaluation, la représentante a expliqué que les insuffisances du cadre juridique constatées au Bénin sont plus ou moins les mêmes dans de nombreux autres pays.  Ce cadre juridique est insuffisant, inefficace et varie d’un pays à l’autre, a-t-elle précisé.  Mme Ukonga a regretté qu’il n’y ait pas de définition standard de la piraterie.  Dans la région, les actes de piraterie sont classifiés différemment allant des délits mineurs à la conspiration de commettre des vols à main armée en haute mer.  Elle a prôné l’adoption d’une définition commune qui serait assortie des mêmes peines dans tous les pays de la région.  Elle a aussi envisagé la possibilité de créer une juridiction neutre compétente pour juger les personnes soupçonnées d’actes de piraterie.  Enfin, la représentante a proposé que l’ONU apporte son soutien à l’organisation de la réunion envisagée entre la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Commission du golfe de Guinée.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a noté la ferme volonté politique des États de la région de combattre avec détermination la menace de la piraterie dans le golfe de Guinée.  Il a salué à cet égard les mesures et initiatives prises aux niveaux national et régional.  Les États ne peuvent pas relever seuls ce défi, a-t-il reconnu, soulignant la nécessité d’une responsabilité collective.  C’est pour cela que tous les États et toutes les organisations de la région doivent bénéficier d’une aide substantielle de la part de la communauté internationale, a-t-il souhaité. 


Le représentant a ensuite attiré l’attention sur l’importance du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États du golfe de Guinée et des États voisins.  Il a remarqué que de nombreux États sont prudents vis-à-vis d’une éventuelle réponse navale internationale et a appelé les Nations Unies à continuer de jouer un rôle de coordination dans ce domaine et d’aider les États et organisations de la région à mobiliser l’aide internationale.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a affirmé que la piraterie dans le golfe de Guinée nécessitait la mobilisation régionale la plus forte possible, avec le soutien de la communauté internationale.  Elle a ainsi fait état des efforts déployés par les États-Unis en ce sens.  La situation s’est aggravée, a-t-elle constaté, ajoutant que l’impact sur les économies locales était très fort.  La représentante a mis l’accent sur la nécessité d’élaborer une stratégie concertée, arguant qu’aucun pays ne peut lutter seul contre ce phénomène.


Préconisant donc une approche régionale, Mme Rice a rappelé également l’importance, ainsi que l’a souligné le Conseil de sécurité dans sa résolution 2018 (2011), d’un sommet des chefs d’État de la région en vue d’élaborer une réaction commune.  La communauté internationale a un rôle à jouer pour appuyer ces efforts nationaux et régionaux, a-t-elle observé.  De même, l’ONU et les organisations régionales ont un rôle important pour faciliter l’appui et la coordination. 


M. WANG MIN (Chine) a appelé les pays concernés à prendre les mesures les plus adéquates possibles pour renforcer la coopération.  Les pays du golfe de Guinée ont la responsabilité première d’assurer la sécurité maritime, en menant notamment des patrouilles communes.  Il s’est félicité de l’initiative de la CEDEAO, de la CEEAC et de la Commission du golfe de Guinée de se réunir pour formuler une stratégie globale.  Il a estimé que l’ONU doit jouer un rôle de coordination et apporter un soutien financier et technique, tout en respectant la souveraineté des pays concernés.  Rappelant que les causes profondes de la piraterie se trouvent « à terre », il a dit l’importance d’une stratégie intégrée pour lutter contre la pauvreté et promouvoir un développement économique et social durable.  


M. GÉRARD ARAUD (France) a rappelé que contrairement à la situation en Somalie, les attaques dans le golfe de Guinée sont souvent conduites dans une frange proche du littoral et relèvent plus d’actions d’opportunité que d’opérations planifiées.  Il a estimé qu’il appartenait aux pays et organisations régionales concernées, la CEDEAO, la CEEAC, la Commission du Golfe de Guinée, de définir une stratégie régionale que les Nations Unies appuieront. 


M. Araud a salué les mesures prises par les organisations régionales, en particulier la CEEAC, avec sa stratégie de sécurité maritime et son Centre de coordination régionale basé à Pointe-Noire, au Congo.  Ce sont là de bonnes pratiques qui mériteraient d’être examinées au niveau de la CEDEAO.  Il a appelé les différentes organisations régionales à mieux coordonner leurs actions et leurs moyens afin que l’ensemble de la zone maritime du golfe de Guinée, et non de simples parcelles, soit placé sous surveillance.


Citant les initiatives de la France, M. Araud a indiqué que les bâtiments de la Marine nationale française mettent à profit leurs escales dans la région pour conduire des activités de formation et d’entraînement.  En octobre 2011, les autorités de Guinée équatoriale ont inauguré à Bata la nouvelle école navale nationale à vocation régionale soutenue par la coopération française, a-t-il ajouté avant de préciser que la France est également à l’origine de plusieurs initiatives destinées à renforcer la coopération régionale dans le golfe de Guinée.


Il a cité un séminaire régional en novembre 2011 à Cotonou afin de réaliser un état des lieux des besoins des États de la CEDEAO et de la CEEAC dont les recommandations seront mises en œuvre à travers un programme doté de 1 600 000 dollars pour la réforme des secteurs de sécurité dans le domaine maritime au profit du Togo, du Bénin et du Ghana.  La première action a consisté à financer une mission d’experts maritimes de la CEDEAO à Libreville et Douala la semaine dernière afin de leur permettre de s’inspirer des structures maritimes mises en place par la CEEAC depuis quelques années.


La France a également proposé, en tant que présidente du Groupe d’experts « maintien et consolidation de la paix » du G-8, l’instauration d’un mécanisme de coordination entre ses membres, dont l’ONU et l’Union européenne, qui œuvrent au renforcement des capacités en matière de sûreté maritime.  Le représentant a indiqué que des études de l’Union européenne en vue de financer la mise en place de structures régionales de formation, de partage d’informations et de renforcement de la fonction de garde-côtes dans les États du golfe de Guinée sont en cours.  Il a rappelé que le projet européen SEACOP vise aussi à renforcer la lutte contre les trafics en mer et la sécurisation des activités portuaires. 


Toutefois, le représentant de la France a prévenu que ces aides ne seront efficaces à long terme que si elles s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie régionale, d’initiatives de coopération entre les États du golfe de Guinée et de politiques nationales contre les causes du brigandage en mer, notamment la corruption comme le rapport de la mission d’évaluation l’a souligné.  Ce Conseil, les États riverains et les bailleurs internationaux ont chacun un rôle à jouer, a-t-il insisté.


M. JOÃO MARIA CABRAL (Portugal) a noté que la piraterie, qui est une ramification de la criminalité transnationale organisée, est devenue de plus en plus sophistiquée et violente, au cours des années.  Il a rappelé que les pays de la CEDEAO perdaient deux milliards par an, en précisant que le Benin, à lui seul, a perdu 70% de ses recettes commerciales, ces deux dernières années.  Il a fait sienne la recommandation du Secrétaire général appelant à l’élaboration d’une stratégie globale.  Il a dit l’importance d’un effort de coordination reposant essentiellement sur les organismes régionaux et s’est réjoui du futur sommet de chefs d’État.  


Il a estimé que le plan d’action régional de la CEDEAO contre la criminalité transnationale organisée est un cadre de référence qui pourrait être élargi à la lutte contre la piraterie.  Il a suggéré que l’Initiative côtière de l’Afrique de l’Ouest qui vise à recenser les ressources et connaissances nationales et le programme de l’UNODC pour l’Afrique de l’Ouest étendent leurs activités à la lutte contre la piraterie.  Il a fait sienne la recommandation sur la création d’institutions judiciaires chargées de la prévention et de la lutte contre la piraterie.  


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a affirmé que son pays appuyait sans réserve une approche complète et intégrée de la lutte contre la piraterie maritime.  La recrudescence de la piraterie menace le bien-être économique de plusieurs pays de la région, a-t-il dit, préconisant des mesures urgentes.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’une approche coopérative impliquant les pays de la région et les partenaires internationaux.  De même, il a souligné l’importance d’organiser un sommet des chefs d’État de la région en vue d’élaborer une stratégie régionale intégrée en tenant compte des spécificités des États de la région.  Notant le rôle d’assistance à jouer par les Nations Unies et l’Organisation maritime internationale (OMI), le délégué a affirmé, entre autres, que toute mesure visant à lutter contre la piraterie devait respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États de la région.  Il a indiqué que son pays soutenait le projet de résolution actuellement examiné par le Conseil de sécurité. 


M. SERGEY N. KAREV (Fédération de Russie) a affirmé que la menace de la piraterie dans le golfe de Guinée n’était pas, loin s’en faut, un mythe, au point que des victimes humaines sont à déplorer.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’organiser un sommet des chefs d’État de la région en vue d’élaborer une stratégie régionale intégrée.  La responsabilité des mesures à mettre en œuvre incombe, a-t-il insisté, aux États de la région et aux principales organisations régionales.  Le rôle de la communauté internationale est, selon lui, de fournir un appui logistique, surtout l’équipement et la formation de spécialistes et de garde-côtes, l’ONU devant avoir un rôle de coordination. 


M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) s’est dit préoccupé par la recrudescence de la piraterie dans le golfe de Guinée ponctuée par quatre attaques récentes provoquant la mort de deux marins.  Il est de l’intérêt des autorités de tous les pays de la région de collaborer ensemble pour prévenir toute déstabilisation liée à ces activités, a insisté le représentant du Royaume Uni.  Il a espéré que les chefs d’État de l’Afrique de l’Ouest seront en mesure d’accorder leurs violons et s’est félicité de la détermination de la CEDEAO et de la CEEAC de travailler ensemble.  Il a également salué l’initiative du monde de l’industrie de créer un centre d’échange d’informations sur le commerce maritime s’appuyant sur le Centre de sécurité maritime qui s’est avéré très efficace pour lutter contre la piraterie le long des côtes somaliennes.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a affirmé que le moment était venu pour que l’attention accordée par le Conseil de sécurité au problème de la piraterie dans le golfe de Guinée se traduise en plan concret.  Il s’agit, a-t-il dit, d’un problème régional.  Il est donc nécessaire que cette action soit l’occasion d’une coopération totale de la communauté internationale, menée par les Nations Unies, avec les pays d’Afrique de l’Ouest et les organisations sous-régionales.  Le représentant s’est également félicité de la proposition faite par le Secrétaire général de faciliter un sommet des chefs d’État de la région. 


Les Nations Unies, a-t-il dit, devraient aider à mobiliser les ressources, tandis que les agences de l’Organisation dans la région, en particulier la CEDEAO et la CEEAC, avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) et l’Organisation maritime internationale (OMI), ont un rôle important à jouer, en s’attaquant aux problèmes du terrorisme, du trafic illicite de stupéfiants et de la prolifération des armes qui y sont liés, et qui visent ensemble à déstabiliser la région.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) s’est inquiété des coûts économiques de la piraterie en citant des pertes estimées à deux milliards de dollars par an dans le golfe de Guinée.  Il a fait sienne la préoccupation de la mission d’évaluation qui estime que la présence croissante de la piraterie constitue une nouvelle menace pour la paix et la sécurité dans la région.  Il a cité l’attaque du 20 février 2012 au cours de laquelle un capitaine et un ingénieur ont été tués.  Il a salué les efforts déjà entrepris par les pays concernés en citant les patrouilles conjointes entre le Bénin et le Nigéria et les initiatives de coopération entre la CEDEAO, la CEEAC et la Commission du golfe de Guinée. 


La lutte contre la piraterie exige des efforts régionaux et le règlement de la question du chômage des jeunes, a insisté le représentant de l’Afrique du Sud.  Par ailleurs, il a jugé indispensable une stratégie qui permettra aux pays de la région de s’approprier la lutte contre la piraterie.  C’est pourquoi, il a salué la volonté de la CEDEAO, de la CEEAC et de la Commission du golfe de Guinée de convoquer un sommet des chefs d’État afin de développer une stratégie globale qui comprendra notamment une assistance aux pays en difficultés.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a pris note du fait que le rapport du Secrétaire général considère que des efforts aux niveaux national, régional et international sont nécessaires pour combattre ce phénomène.  Le nombre croissant des cas enregistrés de vols à main armée commis en mer dans le golfe de Guinée constitue une preuve que ce problème doit être abordé avec des initiatives globales et des stratégies régionales.  Toutefois, le représentant a préconisé une terminologie plus précise, jugeant que pour le Conseil de sécurité « piraterie » et « vol à main armée » sont des concepts interchangeables.  Or, lorsque des actes de piraterie sont commis dans les eaux territoriales d’un État, a-t-il expliqué, ils ne peuvent être considérés comme des actes de piraterie en vertu de la Convention sur les droits de la mer qui les qualifient de vols à main armée.  Le rapport, a cru comprendre le représentant, semble donc dire que nous avons affaire à des vols à main armée.  Il faut donc accorder plus d’attention au contexte et aux circonstances de chaque situation.


Comme les attaques dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest sont différentes de celles qui se produisent dans la région centrale du golfe de Guinée et dans les pays côtiers d’Afrique centrale, la conception de la stratégie régionale doit prendre en considération ces différences pour donner une réponse adaptée au type de menaces dont souffrent les pays.  Le sommet régional devrait recevoir l’appui de la communauté internationale et la Commission du golfe de Guinée comprendre en son sein davantage de pays d’Afrique de l’Ouest, a encore préconisé le représentant.


M. MOHAMED LOULICHKI (Maroc) a estimé que l’impact de la piraterie dans le golfe de Guinée n’était plus seulement d’ordre sécuritaire, mais également économique.  Il a dit appuyer les recommandations formulées par la mission d’évaluation et a estimé que le système des Nations Unies est, au niveau des capacités des États de la région, en mesure de jouer un rôle central pour aider les pays à développer, notamment avec la contribution de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), leurs capacités et leur stratégie nationale, y compris l’élaboration d’un cadre juridique national permettant l’inculpation et la poursuite des auteurs présumés d’actes de piraterie ainsi que la promotion de la coopération judiciaire et sécurité transfrontalière.


Le représentant s’est en outre félicité de la décision politique prise par les pays de la région en vue d’organiser un sommet de chefs d’État.  Il a enfin jugé crucial que la communauté internationale accorde un intérêt particulier pour soutenir les États de la région dans la lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée; le Maroc, pour sa part, étant déterminé à continuer, avec l’Afrique du Sud et le Togo, à y octroyer une importance soutenue.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a affirmé que le problème de la piraterie et du vol à main armée dans le golfe de Guinée ne peut être résolu par les pays eux-mêmes.  Il faut éviter que les succès d’un pays dans la lutte contre la piraterie ne fassent que déplacer les activités des pirates vers d’autres pays plus vulnérables, a-t-il dit.  Il a donc appelé à une véritable coordination des efforts aux niveaux régional et international, en vue de formuler une stratégie globale de renforcement des capacités.  Le représentant a demandé à la communauté internationale d’appuyer les efforts des États de la région dans l’exercice de leur responsabilité souveraine.  Il a souligné l’importance de l’assistance technique au renforcement des systèmes législatifs et judiciaires, de l’échange d’informations et de l’analyse des données.  Il faut aussi soutenir les efforts en matière de sécurité maritime, a-t-il ajouté, plaidant en faveur d’une approche régionale qui regroupe les initiatives de la CEDEAO, de la CEEAC et de la Commission du golfe de Guinée.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a souligné la nécessité d’une approche holistique pour promouvoir la sécurité maritime, en appelant à un concept intégré sur la façon de prévenir et de combattre la piraterie sous l’angle juridique.  Il a souligné l’importance d’avoir des forces de sécurité bien formées et bien équipées et des institutions judiciaires compétentes.  Il a aussi dit l’importance de l’appropriation régionale, en saluant les initiatives de la CEDEAO, de la CEEAC et de la Commission du golfe de Guinée.  Il a mis l’accent sur la stratégie sur la sécurité maritime de la CEEAC et la création d’une sous-commission de la CEDEAO consacrée à la sécurité maritime. 


Il a encouragé la CEDEAO, la CEEAC et la Commission du golfe de Guinée à travailler de concert à l’organisation du sommet de chefs d’État.  Il a jugé nécessaire d’améliorer la coopération et la coordination entre les pays et a appelé la communauté internationale, dont les Nations Unies et ses Bureaux régionaux pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, à appuyer ces efforts.  Il a précisé que l’Union européenne mène depuis 2010 des projets visant à renforcer les capacités de la CEDEAO et la CEEAC et la coopération avec l’OMI.


M. ELLIOTT OHIN, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Togo, a souligné qu’au plan national, et en vue de renforcer son arsenal juridique en la matière, l’Assemblée nationale de son pays avait autorisé le Gouvernement en novembre dernier à ratifier la Convention internationale pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime du 10 mars 1988.  Le Ministre a souligné que les capacités nationales et régionales des États de la région ne leur permettaient pas, à eux seuls, de prévenir ou de circonscrire efficacement la menace.  Une approche collective du problème est donc impérieuse pour éviter que le mal, une fois combattu au niveau d’un pays ou d’une des sous-régions du golfe de Guinée, ne se déplace ailleurs. 


L’augmentation des attaques des pirates sur la côte béninoise alors même qu’elles ont commencé à connaître une diminution sur la côte du Nigéria démontre, a-t-il dit, combien l’apport de la communauté internationale est nécessaire pour aider à combattre le mal.  La lutte contre la piraterie requiert un effort conjugué de toutes les régions et ne saurait être laissée aux seuls pays du golfe de Guinée, a-t-il ajouté.  M. Ohin a soutenu l’idée selon laquelle les Nations Unies pourraient encourager les États de la région à prendre des mesures pour mobiliser un soutien international à l’appui des activités menées dans la région et aider à coordonner l’aide internationale, notamment pour la mise en œuvre d’une stratégie globale. 


La seconde résolution que le Conseil de sécurité s’apprête à adopter est ainsi, selon lui, la démonstration de l’engagement de l’ONU et de toute la communauté internationale à s’impliquer résolument dans la lutte, aux côtés des États du golfe de Guinée, contre la piraterie maritime.


M. ISSIFOU KOGUI N’DOURO, Ministre de la défense nationale du Bénin, a dit que la criminalité transnationale, la piraterie et les vols à main armée en mer s’alimentent par une conjonction de différentes activités lucratives, comme le détournement du pétrole brut, la traite des enfants, et le trafic de cocaïne, de médicaments contrefaits et de cigarettes.  Outre les 21 attaques enregistrées contre des navires au large des côtes béninoises en 2011, le Ministre de la défense a noté 58 autres attaques entre janvier et octobre 2011, dont 18 au Nigéria, 7 au Togo, 2 au Ghana et une en Côte d’Ivoire.


Il a rappelé que ces attaques ont des conséquences politiques, économiques, environnementales et sécuritaires néfastes pour les pays de la région.  Elles ont aussi des répercussions dramatiques pour la sécurité et l’économie de la région du golfe de Guinée et, en particulier, sur les activités du Port autonome de Cotonou, poumon économique du Bénin qui représente 70% du PIB national.  À cause du doublement des primes d’assurance, de nombreux bateaux ont décidé de se passer de ce port, s’est-il inquiété.  


Mettant l’accent sur les efforts nationaux et bilatéraux, il a cité les patrouilles conjointes entre le Nigéria et le Bénin dans le cadre de l’Opération « Prospérité » lancée le 30 septembre 2011.  Quatre cents sorties en mer ont été effectuées, dont 316 par les forces navales béninoises correspondant à 3 668 heures de navigation, dont 1 278 ont été réalisées par les forces navales béninoises.  Il a précisé qu’aucune attaque n’a été enregistrée dans les eaux territoriales béninoises depuis le lancement de cette opération. 


Avec le concours des États-Unis, le Gouvernement béninois vient de valider sa stratégie nationale de sécurité et de sûreté maritimes qui s’articule autour des axes suivants: la définition de mesures à prendre pour assurer la protection des côtes; la délimitation des frontières maritimes avec les pays limitrophes; l’établissement d’un partenariat avec les pays voisins; l’implication des partenaires stratégiques pour assurer la formation des ressources humaines et l’appui logistique nécessaire au renforcement des capacités nationales; et le renforcement de la coopération avec l’ONU et les partenaires bilatéraux pour préserver la circulation des personnes et des biens.


S’agissant des efforts régionaux, il s’est félicité de la tenue au mois de janvier à Abuja d’une première réunion des experts de la CEDEAO et de la CEEAC pour examiner le projet de stratégie régionale intégrée de sûreté et de sécurité maritimes.  Il a précisé qu’une deuxième réunion se tiendra à Cotonou en mars 2012.  Par ailleurs, le Ministre de la défense s’est félicité de la décision de la France de soutenir à hauteur de 800 000 euros les initiatives du Bénin, du Togo et du Ghana en matière de sécurité des côtes.


En outre, il dit craindre que les activités soutenues des compagnies pétrolières -dans une région où les réserves pétrolières sont estimées à 14 milliards de barils– n’entrainent une catastrophe écologique à l’échelle du globe.  Il a déclaré que les ressources halieutiques de la région continuent de faire l’objet d’une « prédation débridée », qui fait perdre aux pays du golfe de Guinée 20 milliards de dollars par an, selon une étude que la FAO a effectuée en 2007.  C’est pourquoi, il a jugé indispensable la sécurisation du golfe de Guinée pour la promotion des investissements et la relance du développement des pays de la région, en estimant que cette région pourrait devenir une zone dynamique de revitalisation de la croissance au plan mondial.


M. RAYMOND SERGE BALÉ (République du Congo) a souligné que la criminalité transfrontalière se nourrit largement de la circulation illicite des armes et des stupéfiants, du grand banditisme armé et de l’immigration clandestine.  Il a rappelé que le rapport du Secrétaire général met en lumière les principales caractéristiques de la piraterie maritime et aide à mieux cerner ce phénomène dans une approche dynamique.  Ce rapport, a-t-il dit, nous éclaire sur la problématique de la menace qui pèse sur les intérêts vitaux des pays du golfe de Guinée.  De même, il a souligné, à la lecture du rapport, qu’il apparaît évident qu’une synergie fonctionnelle entre la CEDEAO et la CEEAC s’impose comme exigence d’efficacité.  En réaction à cette situation, le représentant a fait part de la réponse entreprise par la CEEAC à ces défis. 


Il a évoqué l’adoption d’une stratégie de sécurisation des intérêts vitaux en mer dont la mise en œuvre devrait être assurée par le Centre régional de sécurisation maritime pour l’Afrique centrale (CRESMAC).  Il a toutefois noté que la mise en service effectif de ce Centre reste un défi au regard des difficultés liées à son financement et à son fonctionnement.  Dans l’intervalle, a-t-il fait savoir, le Centre multinational de coordination de Douala est appelé à suppléer à cette lacune.  Il a aussi annoncé que sur un financement initial du Gouvernement congolais de 300 millions de Francs CFA ou 600 000 dollars, les travaux de construction des infrastructures du CRESMAC ont démarré sur un terrain offert gracieusement.


L’implication individuelle du Congo s’étend également au financement partiel de l’équipement du Centre, a révélé le représentant.  Il a en outre fait valoir que la législation congolaise avait déjà inscrit la piraterie maritime comme une infraction de droit commun punie par la loi portant sur le Code de la marine marchande en 1963. 


Mme JOY OGWU (Nigéria) a affirmé que la communauté internationale devait continuer d’accorder une attention soutenue à la menace croissante de la piraterie dans le golfe de Guinée.  Celle-ci, a-t-elle noté, connaît une croissance alarmante et devient de plus en plus violente.  Le coût de la piraterie sur les économies locales est exorbitant, a-t-elle assuré.  La perte annuelle de deux milliards de dollars est un prix trop élevé à payer pour des pays dans des situations de transition postconflit.  Les investissements futurs dans l’industrie pétrolière ouest-africaine sont exposés à un danger clair, a-t-elle expliqué. 


Elle a souligné que les pays de la région répondaient à ce défi en renforçant les initiatives nationales existantes.  En peu de temps, a-t-elle dit, et conscients de l’importance des efforts conjoints, ils ont créé des partenariats en vue d’encourager une approche régionale optimale de la sécurité maritime.  Elle a ainsi fait état du programme pilote de patrouilles conjointes entamé le 28 septembre 2011 par le Bénin et son pays le long des côtes béninoises.  La représentante a affirmé que son pays appuierait le projet de résolution présenté par le Togo et a jugé impérieuse une approche régionale globale.  Il s’est réjoui de l’organisation d’un sommet des chefs d’État en vue d’élaborer une stratégie régionale intégrée


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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