DEV/2895

La Conférence PMA IV adopte le Programme d’action d'Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour la période 2011-2020

13/05/2011
Assemblée générale DEV/2895
 
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York
 

LA CONFÉRENCE PMA IV ADOPTE LE PROGRAMME D’ACTION D’ISTANBUL EN FAVEUR

DES PAYS LES MOINS AVANCÉS POUR LA PÉRIODE 2011-2020

 

La Conférence s’achève par deux textes renouvelant l’engagement international

envers la réalisation d’un développement respectueux des réalités et choix des PMA

 

(Reçu d’un fonctionnaire de l’information)

 

TURQUIE, 13 mai – La quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA IV)a achevé, ce soir à Istanbul, ses travaux par l’adoption du Programme d’action en faveur de ces pays pour la décennie 2011-2020* et par celle de la Déclaration d’Istanbul** à travers laquelle les chefs d’État et de gouvernement et les représentants des États Membres présents à la Conférence « renouvellent et renforcent le partenariat mondial pour le développement des PMA, en réaffirmant l’engagement collectif de la communauté internationale en faveur de la dignité humaine, de l’égalité et de l’équité à tous les niveaux ».

 

Prenant acte de l’émergence de la « manifestation de solidarité entre peuples et pays du Sud », le Programme d’action d’Istanbul souligne qu’elle peut faire la différence dans le renforcement des capacités humaines et productives, l’assistance technique et l’échange de pratiques optimales, une disposition dont le Secrétaire général de la Conférence, Cheikh Sidi Diarra, s’est félicité.

 

Le Ministre des relations internationales de la Turquie, M. Ahmet Davutoglu, a pris pour exemple son propre pays, qui consacrera, à compter de 2012, 200 millions de dollars par an au soutien aux PMA dans le cadre de projets techniques de développement et de bourses d’études.  En outre, les investissements directs étrangers (IDE), effectués par le secteur privé turc, atteindront 5 milliards de dollars en 2015 et 10 milliards en 2020, a précisé le Ministre, qui a annoncé que la Turquie allait également consacrer 5 millions de dollars au suivi de la mise en œuvre du Programme d’Istanbul.

 

Dans sa déclaration de clôture, M. Cheick Sidi Diarra, qui est également le Haut-Représentant des Nations Unies pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a salué la présence, dans le Programme d’action, « d’un certain nombre d’éléments nouveaux que ne mentionnait pas le Programme d’action de Bruxelles ».

 

Il a notamment cité le consensus qui a émergé, au cours de la Conférence d’Istanbul, sur la nécessité de mettre en place une « banque technologique et des mécanismes d’innovation » pour permettre aux PMA de s’approprier les opportunités de développement qui découlent de l’accès aux nouvelles technologies.  M. Cheick Sidi Diarra a également salué la décision d’appuyer la création d’entreprises intervenant dans le domaine des innovations, et de réapprovisionner le Fonds pour l’adaptation des PMA aux changements climatiques.

 

Bien que certains d’entre eux aient réalisé des progrès au cours de la décennie écoulée, les PMA disposent en effet de capacités de production limitées, ce qui restreint leur aptitude à diversifier leur économie.  Ce handicap fait peser de lourdes contraintes sur leur offre économique et commerciale et, partant, en réduit le potentiel et les débouchés à l’exportation.

 

Le Programme considère également prioritaire pour les pays industrialisés de s’engager à faciliter le commerce avec les pays les moins avancés, enjoignant les pays développés « à s’empêcher de céder aux tendances protectionnistes et à corriger les mesures faussant les échanges », notamment dans le domaine de l’agriculture, secteur dont beaucoup de PMA dépendent.

 

Les pays développés sont également invités à alléger ou lever les « obstacles non tarifaires arbitraires ou injustifiés » et à élaborer des normes et réglementations techniques transparentes, « qui ne constituent pas une restriction déguisée au commerce international ».

 

Les partenaires de développement sont encouragés à aider les PMA en respectant les engagements qu’ils ont pris en matière d’aide publique au développement (APD), aide dont le pourcentage revenant aux PMA doit être porté à hauteur de 0,15 à 0,20% du PNB des pays donateurs.  Les PMA quant à eux sont invités à utiliser l’aide qu’ils reçoivent pour réaliser les objectifs du Programme d’action et ils sont exhortés à lutter contre la corruption.

 

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, qui s’exprimait au nom du Groupe des PMA, M. YupendraYadav, s’est félicité de l’adoption du Programme d’action d’Istanbul, « qui offre une feuille de route claire pour l’avenir de près d’un milliard de personnes.  Le représentant de l’Argentine, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine; celui de l’Union européenne; et celui de l’Australie, qui s’exprimait au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), se sont également félicités de cette adoption.

 

Avant que ne soit déclarée la clôture de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, une douzaine de représentants d’organisations internationales ont pris la parole pour attirer l’attention des participants sur les efforts à déployer pour accélérer le développement dans leurs secteurs respectifs.

 

La Conférence a par ailleurs adopté son projet de rapport***, ainsi que le document contenant le rapport de son Comité plénier, tous deux présentés par M. Jean-François Zinsou, du Bénin.  En adoptant par acclamation une résolution**** destinée au peuple et au Gouvernement de la Turquie, la Conférence a remercié le Président turc pour sa « remarquable contribution au succès de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, en sa qualité de Président de la Conférence », et exprimé sa profonde gratitude au Gouvernement turc » pour son hospitalité.

 

Par la voix de son Ministre des relations internationales, la Turquie a offert d’accueillir la conférence d’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, qui se tiendra d’ici à cinq ans.

 

* A/CONF.219/3

** A/CONF.219/L.1 (Le texte en français de cette Déclaration sera disponible ultérieurement)

*** A/CONF.219/L.2

**** A/CONF.219/L.3

 

Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020

 

Au nombre de 48 et abritant une population totale de 880 millions d’habitants, les pays les moins avancés (PMA) constituent le groupe de pays le plus pauvre et le plus faible au sein de la communauté internationale.  Au cours de la décennie qui s’est écoulée depuis l’adoption du Programme d’action de Bruxelles en 2001, les PMA ont enregistré des progrès aux niveaux économique et social et sur le plan du développement humain.

 

« Toutefois, plus de 75% de la population des PMA vivent toujours dans la pauvreté, il convient de se garder de toute complaisance », est-il souligné dans le Document final de la Conférence d’Istanbul, qui rappelle qu’à ce jour, trois pays seulement ont quitté la catégorie des PMA au cours des trois dernières décennies.

 

Le Programme d’action pour la décennie 2011-2020 illustre la volonté renforcée des pays les moins avancés, « maîtres et responsables au premier chef de leur propre développement, et de leurs partenaires de développement, de mettre en place un partenariat mondial renouvelé et renforcé ».  L’objectif primordial fixé à la mise en œuvre de ce Programme d’action est de surmonter les problèmes structurels de ces pays afin de les aider à réaliser les objectifs de développement définis sur le plan international et permettre à chacun d’eux de quitter la catégorie des PMA.

 

Guidé par l’idée d’un « partenariat renouvelé et renforcé en faveur du développement », le Document s’articule autour des principes directeurs suivants: la prise en main de la direction de leur propre développement par les PMA; l’adoption d’une démarche intégrée; faire preuve de solidarité et d’un véritable sens du partenariat pour atteindre les objectifs du Programme; l’adoption d’une optique orientée vers les résultats; la prise en compte des liens étroits entre paix, sécurité, développement et respect des droits de l’homme; l’équité à tous les niveaux; le droit à se faire entendre et à être représenté dans le système économique mondial; et la recherche d’un équilibre entre État et marché.

 

Les domaines d’action prioritaire du Programme d’action d’Istanbul sont le renforcement des capacités de production (infrastructure, énergie, science, technologie et innovation, développement du secteur privé; et agriculture, sécurité alimentaire et développement rural), le commerce, les produits de base, le développement social et humain, les crises multiples auxquelles fait face le monde et les autres défis émergents, la mobilisation des ressources financières pour le développement et le renforcement de la bonne gouvernance à tous les niveaux.

 

Pour chacun de ces domaines, le Programme d’action énumère trois types de mesures: les mesures à prendre par les pays les moins avancés eux-mêmes; celles que doivent prendre leurs partenaires de développement; et les mesures conjointes à prendre par les deux parties.

 

S’agissant par exemple de la mobilisation des ressources financières, les partenaires de développement sont encouragés à aider les PMA dans le cadre des efforts qu’ils font pour accroître leurs ressources internes en créant des recettes fiscales et en réformant leur secteur financier, et en particulier en se dotant de systèmes nationaux de gestion financière et de cadres fiscaux transparents.

 

Tandis que les pays donateurs doivent respecter les engagements qu’ils ont pris en matière d’aide publique au développement (APD) et accroître les ressources allouées aux pays les moins avancés, ces derniers sont invités à utiliser l’aide qu’ils reçoivent pour réaliser les objectifs du Programme d’action et à lutter contre la corruption en rendant publiques les informations concernant les niveaux, les sources et les utilisations de l’aide.

 

Le Programme d’action d’Istanbul attire également l’attention sur l’importance déterminante de la coopération Sud-Sud, « manifestation de solidarité entre peuples et pays du Sud », dans des domaines tels que le renforcement des capacités humaines et productives, l’assistance technique et l’échange de pratiques optimales, en particulier pour les aspects touchant à la santé, à l’éducation, à la formation professionnelle, à l’agriculture, à l’environnement, à la science et à la technologie, au commerce et à l’investissement.

 

Soulignant enfin que la mise en œuvre réussie des mesures préconisées dans le Programme d’action appelle impérativement l’établissement de mécanismes de suivi et de surveillance, le Document invite notamment l’Assemblée générale à conduire un vaste examen de haut niveau à mi-parcours de la mise en œuvre des dispositions adoptées à Istanbul et à envisager de convoquer, vers la fin de la décennie, une cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.

 

PMA IV

 

La quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA IV) s’est ouverte le lundi 9 mai, au cours d’une cérémonie à laquelle ont participé le Président de la République de Turquie, M. Abdullah Gül, en sa qualité d’hôte de la Conférence, et le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.

 

Au cours de la semaine qu’ont duré les travaux, les chefs d’État et de gouvernement, les ministres, les représentants des organisations internationales, du secteur privé et des organisations non gouvernementales (ONG) ont participé à six tables rondes ministérielles sur les thèmes suivants, essentiels pour les PMA: « renforcement des capacités productives et rôle du secteur privé »; « mobilisation des ressources pour le développement et partenariat mondial »; « renforcement du commerce; réduction des vulnérabilités, réponse aux défis nouveaux et renforcement de la sécurité alimentaire »; « bonne gouvernance à tous les niveaux »; et « développement humain et social, égalité des sexes et autonomisation des femmes ».

 

Le débat général, qui a pris fin vendredi 13 mai, dans l’après-midi, a réuni plus de 140 orateurs.  Au total, 8931 personnes ont participé à la Conférence d’Istanbul -10 000 en comptant les participants aux manifestations parallèles-, dont 36 chefs d’État et de gouvernement, 96 ministres et 66 présidents d’organisations internationales.

 

Suite et fin du débat général

 

M. WILLIAM LACY SWING, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a mis l’accent sur l’impact d’Internet et des technologies de l’information et des communications sur les migrations.  Dans un monde où une personne sur trois a accès à Internet et où 250 milliards de courriels s’échangent chaque jour, tout le monde a le moyen de savoir ce qui se passe ailleurs et d’être informé sur les opportunités qui existent à travers le monde.  Les migrations, qui sont inévitables et nécessaires, constituent les stratégies les plus anciennes de réduction de la pauvreté, a-t-il dit, en ajoutant que les envois de fonds des travailleurs migrants représentaient le montant des PIB de plusieurs pays.  Précisant que les envois d’argent des travailleurs migrants étaient deux fois plus élevés que le montant total de l’aide publique au développement (APD), M. Swing a estimé qu’il faudrait se montrer créatifs pour saisir tout le potentiel de développement de ces fonds.  M. Swing a jugé indispensable de se pencher sur la migration des familles et sur les situations particulières des femmes et des enfants migrants.  « Il faut veiller à ce que les migrations soient prises en compte dans toutes nos stratégies de développement et dans celles des donateurs », a insisté M. Swing. 

 

M. KAMAL EL KHESHEN, Vice-Président de la Banque africaine de développement (BAD), a déclaré qu’il n’était pas suffisant pour un pays d’obtenir de bons taux de croissance si ces taux ne sont pas soutenables et durables et ne se traduisent pas par un développement inclusif et créateur d’emplois.  Il a regretté que le secteur privé des PMA n’ait pas été en mesure de créer assez d’emplois.  Il a dit que les pays africains devaient être plus innovants en matière de mécanismes de financement de leur développement, de partenariats public-privé et de propositions concernant l’investissement des envois de fonds opérés par les travailleurs vivant à l’étranger.  Il a évoqué les efforts de la Banque africaine de développement visant à réduire le coût des transferts d’argent, à supprimer les obstacles au commerce et à promouvoir le développement du secteur privé.  Il a précisé qu’une des missions de la BAD était d’encourager la création d’entreprises et de promouvoir le secteur privé.  Il s’est dit très optimiste en ce qui concerne le potentiel de développement des PMA.

 

M. MUSTAPHA SINACEUR, qui a pris la parole au nom de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a souligné le rôle que jouent les petits exploitants agricoles pour résoudre les problèmes alimentaires des pays les moins avancés.  Il s’est dit encouragé de voir que la sécurité alimentaire et le développement agricole avaient été remis au cœur de l’agenda du développement au cours de ces dernières années, comme cela a pu être vérifié lors des Sommets du G-8 à L’Aquila, en Italie, et du G-20 à Pittsburgh, en Pennsylvanie aux États-Unis, en 2009.  Toutefois, des défis continuent de se poser à l’agriculture et au développement agricole, comme celui de la question des inégalités sociales dans l’accès aux ressources productives, qui affecte en particulier les femmes, les jeunes et les peuples autochtones dans les zones rurales, a relevé M. Sinaceur.  L’investissement agricole doit être renforcé, le Cycle de négociations commerciales de Doha doit être mené à son terme, et la spéculation sur les prix des denrées alimentaires et des produits de base doit être maîtrisée, a-t-il préconisé.

 

M. HAMADOUN TOURÉ, Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a souligné l’engagement de l’UIT, qui s’efforce de contribuer à la réduction de la fracture numérique dont souffrent les PMA.  Les technologies de l’information et des communications (TIC) contribuent largement au développement, a-t-il rappelé, tout en soulignant les problèmes de financement de ce secteur.  Il a cependant indiqué que l’UIT a réussi à lever 55 milliards de dollars pour financer ce secteur en Afrique, grâce à une série de manifestations qui a commencé en 2007 au Rwanda.  Vingt et un milliards de dollars ont été investis dans les infrastructures des TIC en Afrique au cours des deux années qui ont suivi cet événement, a précisé M. Touré.  Depuis la Conférence de Bruxelles sur les PMA, tenue il y a 10 ans, beaucoup de progrès ont été faits dans la promotion des TIC, s’est réjoui M. Touré.  Alors que la densité téléphonique combinée (lignes fixes et mobiles) était de 1,17% en 2001 dans les PMA, elle était de 17% en Chine.  En ce qui concerne le taux de pénétration d’Internet en 2001, il était de 0,3% dans les PMA, contre 2,8% dans l’ensemble des pays en développement.  En 10 ans, l’accès des PMA à la téléphonie mobile a grimpé de façon considérable pour atteindre 29% au début de l’année, tandis que le pourcentage des usagers d’Internet dans ces pays à la fin de 2010 était de 3%.  Nous avons cependant manqué la cible arrêtée à Bruxelles, qui était de parvenir à l’accès à Internet d’au moins 10% de la population des PMA en 2010, a indiqué M. Touré.  Il a ensuite souligné combien les TIC favorisent l’accès à l’éducation.  Les PMA qui ont la plus grande pénétration d’Internet sont les Maldives, pays qui a gradué récemment de la liste des PMA, et Tuvalu qui devrait également sortir prochainement de ce statut.

 

M. MOHAMED EL-KOUHENE, Directeur adjoint de la Division des relations multilatérales et avec les ONG du Programme alimentaire mondial (PAM), a proposé un certain nombre de mesures pour venir en aide aux PMA, dont celle qui consiste à investir dans le capital humain de ces pays.  Selon lui, en effet, il n’est pas possible de développer les capacités productives d’un PMA sans renforcer au préalable ses ressources humaines.  En outre, a-t-il poursuivi, investir dans des programmes de protection sociale, efficaces et ciblés, peut garantir la pérennité du capital humain et la sécurité alimentaire des pays concernés.  Par ailleurs, a-t-il dit, investir dans la nutrition, en apportant un soutien aux groupes vulnérables touchés par la sous-alimentation, est aussi une condition sine qua non du développement des PMA.  Enfin, a ajouté le représentant du PAM, nous avons besoin d’accroître la résilience des personnes vulnérables à la dégradation de l’environnement et aux effets des changements climatiques, et ce, au travers d’une combinaison d’interventions, de gestion des ressources humaines, de diversification des moyens de subsistance et de programmes de renforcement des infrastructures.

 

Mme GUNILLA OLSSON, Directrice de la gouvernance à la Division des affaires des Nations Unies et des affaires multilatérales du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a indiqué que si environ la moitié de la population des PMA a moins de 18 ans, ces pays connaissent cependant les taux de mortalité infantile les plus élevés, et que leurs populations ont peu d’accès aux services sociaux de base.  En outre, elles souffrent des plus hauts taux de malnutrition et de rachitisme, a-t-elle dit.  Or ces conditions ont des conséquences irréversibles sur leur développement, a-t-elle indiqué, expliquant que les enfants mal nourris apprennent moins bien à l’école.  Les statistiques révèlent qu’il y a aujourd’hui 195 millions d’enfants qui souffrent de rachitisme, a déploré Mme Olsson.  Elle a souligné la responsabilité commune de toutes les composantes de la communauté internationale de protéger le droit des enfants à la vie et à l’éducation.  Outre le soutien à l’agriculture et l’amélioration des infrastructures, nous devons aussi investir dans les personnes et dans le secteur social, a-t-elle précisé, soulignant que c’est un investissement sur le long terme.  Elle a aussi appelé à adopter des stratégies basées sur le principe de l’équité, en concentrant les investissements sur les plus pauvres, car cela se révèle plus efficace.  Chaque million de dollars supplémentaire investi dans l’équité dans les pays à faible revenu peut sauver 40 à 60% de vies de plus, a-t-elle dit.

 

Dans le contexte du récent accident nucléaire de Fukushima au Japon, M. TIBOR TÓTH, Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), a mis l’accent sur la contribution de cette Organisation en matière d’alerte précoce contre les séismes et de gestion des conséquences des tremblements de terre, des tsunamis ou autres catastrophes naturelles qui peuvent poser des menaces aux installations nucléaires.  Il a indiqué que 1 000 scientifiques et 600 installations étaient affectés à travers le monde à la surveillance et à la détection de toute secousse sismique.  Nous avons réussi à diminuer le nombre des essais nucléaires de 99% au cours des dernières décennies, a dit M. Tóth, tout en estimant qu’il y en avait cependant toujours et que ces essais sont une menace à l’environnement de la planète.  C’est pourquoi, il a exhorté tous les États Membres à appuyer la mission de suivi international de l’OTICE. 

 

M. DEMBA DIARRA, Responsable des affaires économiques au Secrétariat exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a parlé de la Conférence conjointe CEA-Union africaine qui s’est tenue au Malawi en 2010 et qui s’est terminée par l’adoption d’un document articulant la position commune des pays africains concernant la promotion du développement au cours de la prochaine décennie.  Ce document a été intégré dans les débats de la Conférence d’Istanbul, a-t-il précisé.  Les PMA ont réussi à atteindre 7% de croissance économique au cours de la période décennale 2001-2010, grâce notamment au développement du secteur du commerce, a relevé M. Diarra.  Il a aussi signalé l’augmentation des exportations des PMA, dont les ressources minières constituent la plus grande part.  En outre, beaucoup de PMA africains ont réussi à réduire leur taux de mortalité infantile entre 2005 et 2007.  Tous les résultats positifs découlant de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles sont également liés aux progrès réalisés en termes de gouvernance, notamment pour la décentralisation et la réforme du secteur public, a-t-il remarqué.

 

Un seul pays d’Afrique a cependant réussi à sortir du statut des PMA jusqu’à présent, a-t-il relevé, avant de rappeler les questions clefs à traiter pour accélérer le développement des PMA africains.  Il a cité notamment l’importance du développement des capacités et des activités commerciales, ce qui implique d’accroître la compétitivité des PMA et d’investir dans le capital humain.  Il faut aussi garantir la promotion d’infrastructures fiables dans les PMA, a-t-il dit, se félicitant à cet égard de la mise en place du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), qui fonctionne bien.  Le secteur privé et la société civile doivent par ailleurs renforcer leur rôle dans les efforts de développement, a dit M. Diarra.  Le représentant a encore expliqué l’importance de la collecte de données, pour en permettre la comparaison et pouvoir tirer des leçons du passé. 

 

M. JUVENAL J. MUKA SHIUNDU, de l’Organisation maritime internationale (OMI), a déclaré que le secteur du transport maritime représentait un des premiers vecteurs de la mondialisation, dans la mesure où 90% des échanges du commerce international sont réalisés par voie maritime, et que ce moyen de transport demeure de loin le plus efficace en ce qui concerne les transactions de biens en quantités importantes à travers le monde.  Soucieuse du sort des PMA, et en particulier des 33 qui se trouvent en Afrique, l’OMI a décidé de donner à ces derniers la priorité de ses programmes d’assistance sur le plan technique, a dit le représentant.  Ainsi, en 2009, elle a adopté un plan stratégique pour la période 2010-2015, qui prévoit d’identifier les besoins des pays vulnérables, de tenir compte de leurs insuffisances et d’accorder une attention particulière aux problèmes qui se posent à eux en matière de fret et de transport de marchandises.  Ceci concerne notamment les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral.

 

M. GUNTHER FISCHER, Représentant de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a rappelé que la crise financière mondiale de 2008 a été suivie par la pire récession que le monde ait connue depuis 60 ans.  Il a relevé que dans un contexte de relèvement fragile de l’économie mondiale, le nombre de pauvres avait atteint 421 millions de personnes dans les PMA, soit 53% de la population de ces pays.  Alors que 10 millions de jeunes arrivent sur les marchés du travail des PMA chaque année, et que les changements climatiques menacent la productivité agricole, il est essentiel de développer les capacités de production des PMA pour y réduire la pauvreté de manière durable et mettre fin à la marginalisation de ces pays.  Les PMA abritent un huitième de la population du monde et ne représentent cependant que 1% de la production économique et des échanges commerciaux de la planète, a précisé M. Fischer.  Il a dit la volonté qu’a la CNUCED de fournir un cadre analytique et conceptuel pour traduire en réalité le concept du renforcement des capacités de production.  Il a mis l’accent sur la nécessité de créer les conditions d’une bonne gouvernance au niveau national de chaque pays et d’y développer une vision pour un meilleur avenir, avec la contribution et la collaboration des citoyens.  Il faut éviter de se limiter à des produits à faible valeur ajoutée dont la production exige peu de compétences et de connaissances, a-t-il ajouté.  

 

Le représentant de la CNUCED a plaidé en faveur d’une nouvelle architecture internationale de développement pour appuyer les efforts des PMA.  Il a dit que cette nouvelle architecture devait s’appuyer sur cinq piliers: financement (basé sur l’APD et la mobilisation des ressources nationales), commerce, produits de base, transfert de technologies, et adaptation au réchauffement de la planète et atténuation des effets des changements climatiques.  Cette architecture doit aussi inclure des mesures relatives à la création d’un accès préférentiel des produits des PMA aux marchés, à l’amélioration des règles d’origine et à la simplification des règles d’accès à l’OMC.  Elle doit également souligner l’importance d’une coopération accrue, notamment en ce qui concerne le domaine de la coopération Sud-Sud.  En outre, le représentant de la CNUCED s’est dit encouragé que le programme d’action d’Istanbul pour les PMA présente la science, la technologie et l’innovation comme des éléments supplémentaires à la liste des facteurs qui encouragent le développement.  Il s’est félicité aussi que la partie du programme d’action qui est consacrée aux produits de base reconnaisse la diversification et l’innovation comme une composante cruciale du développement.  

 

M. LAZAROUS KAPAMBWE, Président du Conseil économique et social de l’Organisation des Nations Unies(ECOSOC), a estimé que les débats de la Conférence d’Istanbul devraient être perçus comme un dialogue où il n’y a ni perdant ni gagnant.  Cette Conférence est une occasion d’établir des passerelles entre tous les acteurs participant aux efforts de développement des PMA: entre les pays développés et les pays en développement; entre les pays développés et les PMA; entre les PMA et les autres pays en développement; et entre les PMA eux-mêmes, a préconisé M. Kapambwe.  Il a ajouté qu’il faudrait aussi jeter des passerelles entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile.  Par une autre métaphore, le Président de l’ECOSOC a exprimé combien la Conférence d’Istanbul avait permis de faire tomber les murs qui empêchent les différentes parties de parvenir à une compréhension mutuelle et qui les isolent.  Si nous n’avons pas pu construire toutes les passerelles ni faire tomber tous les murs, nous avons néanmoins établi des objectifs clairs et des mesures concrètes en vue d’y arriver, a-t-il dit.  « Il n’y aura pas de véritable paix dans le monde tant que nous laissons des petits îlots d’abondance flotter au milieu de turbulents océans de pauvreté! », a souligné le Président de l’ECOSOC.  Enfin, M. Kapambwe a assuré que le Conseil économique et social jouera le rôle qui lui revient pour s’assurer que la Déclaration et le Programme d’action soient traduits en actes.

 

Déclarations après adoption du Programme d’action

 

Le représentant de l’Argentine, parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a remercié toutes les délégations qui ont participé à la Conférence pour leurs efforts, qui ont permis d’aboutir à une conclusion réussie.  Nous nous félicitons d’avoir réussi à élaborer le Programme d’action d’Istanbul qui, s’il ne reflète pas totalement les aspirations du Groupe des 77 et de la Chine et des PMA, conserve un certain nombre d’engagements réalisables, a-t-il dit.  Ce Programme d’action donne un rôle aux PMA en tant qu’associés aux efforts destinés à leur propre développement et définit aussi le rôle qui leur incombe dans le renforcement de leurs capacités institutionnelles et humaines, a-t-il ajouté.  Les Nations Unies sont également appelées à apporter un appui aux PMA, a-t-il noté, ajoutant que les autres pays en développement peuvent, eux aussi, contribuer à l’aide grâce à la coopération Sud-Sud.  En outre, le représentant a indiqué que le Groupe des 77 et de la Chine a apprécié que le principe de respect des priorités nationales définies par les PMA eux-mêmes soit inclus dans les recommandations et directives du Programme d’action.  L’aide au développement est un investissement qui vise à améliorer la qualité de vie d’êtres humains, a-t-il souligné, expliquant qu’il s’agit de réparer les conséquences des énormes injustices qui prévalent dans le monde.  Il a remercié le Président de la Conférence, ainsi que la délégation du Népal qui a coordonné les négociations pour le Groupe des 77 et de la Chine, ainsi que toutes les délégations qui ont participé aux négociations.

 

Le représentant de l’Union européenne s’est félicité des résultats positifs et réalistes des dispositions du Programme d’action d’Istanbul, dont la mise en œuvre doit permettre à la moitié des PMA de sortir de cette catégorie dans les 10 ans à venir.  Il a indiqué que l’Union européenne restait le plus grand bailleur de fonds des PMA.  L’Union européenne, qui accorde un accès exempt de taxe sur son marché aux produits des PMA, souhaite que les autres partenaires de développement en fassent autant, a-t-il ajouté.  Il a mis l’accent sur la valeur ajoutée apportée par les pays émergents sur la scène internationale et a invité le secteur privé et la société civile à apporter leur contribution à la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.  Il a dit que ce Programme établissait un certain nombre de priorités d’action pour faire face aux défis structurels qu’affrontent les PMA et rendre plus cohérentes les initiatives qui existent aux niveaux international, régional et local. 

 

Intervenant au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), le représentant de l’Australie a salué l’engagement politique très fort que traduit le Programme d’action d’Istanbul, qui est concret et sérieux.  Il s’est félicité que ce Programme reconnaissait que la communauté internationale devait faire beaucoup plus que par le passé pour aider les PMA.  Il a salué l’ambition de faire sortir la moitié des PMA de cette catégorie d’ici à 2020.

 

Déclarations de clôture

 

M. UPENDRA YADAV, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, qui s’exprimait au nom du Groupe des PMA, s’est félicité de l’adoption du Programme d’action d’Istanbul qui offre une feuille de route claire pour l’avenir de près d’un milliard d’habitants des PMA.  Ce Programme doit permettre à la moitié des PMA de sortir de cette catégorie dans les 10 ans à venir en mettant l’accent sur l’importance de la coopération et du partenariat mondiaux aux fins du développement, a dit M. Yadav.  Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, dont le pays a présidé le Bureau de coordination mondiale des PMA, M. Yadav a précisé que ce Programme appelait les partenaires de développement à soutenir des mesures spécifiques qui permettront aux PMA de faire face aux nouveaux défis qui se présentent à eux, comme les crises économique et financière, les crises posées par la hausse incontrôlée des cours des produits alimentaires et des carburants ainsi que les différents impacts des changements climatiques.  Il a souligné l’importance des autres dispositions du Programme d’action, dont le respect des engagements pris en matière d’APD, les mesures d’appui aux capacités commerciales et la promotion de l’investissement étranger direct (IED).  M. Yadav s’est également félicité que le Programme d’action entérine l’idée du lancement d’une l’étude pour la mise en place d’une banque des avancées technologiques.  Enfin, il a souligné que la prospérité des PMA était très étroitement liée à la paix, à la sécurité, à la stabilité et à la prospérité mondiale. 

 

Dans sa déclaration de clôture, CHEIKH SIDI DIARRA, Secrétaire général de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, a salué les négociations très productives qui ont abouti à l’adoption du Programme d’action d’Istanbul et à celle de la Déclaration politique d’Istanbul.  Il s’est félicité des engagements concernant l’établissement d’un partenariat mondial qui devra permettre aux PMA de faire face à des défis qui se posent de longue date et aux crises multiples auxquelles fait face le monde.  Cheikh Sidi Diarra a salué la pertinence d’un texte qui met l’accent, entre autres, sur l’émancipation des femmes, le renforcement des capacités de production, la mobilisation des ressources financières pour le développement et le renforcement de la bonne gouvernance à tous les niveaux.

 

En outre, Cheikh Sidi Diarra a mis l’accent dans sa déclaration, sur un certain nombre d’éléments nouveaux qui sont inscrits dans le texte adopté à Istanbul et que ne mentionnait pas le Programme d’action de Bruxelles.  Ainsi, a-t-il dit, pour relever les défis en matière de science et de technologie, nous avons atteint un consensus sur la nécessité de mettre en place une banque technologique et des mécanismes d’innovation pour permettre aux PMA d’accéder à ces technologies et de s’approprier les opportunités de développement qui en découlent.  Il a également salué la décision d’appuyer la création d’entreprises intervenant dans le domaine des innovations, et de réapprovisionner le fonds pour l’adaptation des PMA aux changements climatiques.

 

Le Programme d’action d’Istanbul, s’est-il aussi félicité, souligne l’importance déterminante de la coopération Sud-Sud dans des domaines tels que le renforcement des capacités humaines et productives, l’assistance technique et l’échange de pratiques optimales, en particulier dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’agriculture, de l’environnement, de la science, de la technologie, du commerce et de l’investissement.  Cheikh Sidi Diarra a émis l’espoir que le Programme d’action d’Istanbul trouvera sa place dans les plans d’action nationaux dans le souci de permettre la mise en œuvre des engagements qu’il contient.

 

M. AHMET DAVUTOGLU, Ministre des relations internationales de la Turquie, qui assurait la présidence de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (Conférence PMA IV), a remercié le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, ainsi que tout le personnel des Nations Unies, pour l’organisation et la tenue de la Conférence.  Il a aussi adressé ses remerciements à tous les participants à cette rencontre, qu’il a eu l’honneur de présider.  Au terme de la Conférence, nous avons su trouver des solutions pour relever les défis de la décennie à venir, s’est-il réjoui.  La Turquie a non seulement accueilli la Conférence, mais elle a aussi participé activement à ses préparatifs, a dit M. Davutoglu.  Le Ministre a indiqué que 8 931 personnes se sont inscrites et ont participé à la Conférence, dont 36 chefs d’État et de gouvernement, 66 responsables d’organisations internationales et 96 ministres.  Un tel niveau d’engagement démontre la détermination de la communauté internationale à aider les PMA, a estimé M. Davutoglu.

 

Le Programme d’action d’Istanbul vise à éradiquer la faim et la pauvreté la plus extrême, a rappelé le Ministre turc.  Nous sommes heureux que les documents qui accompagnent la Déclaration politique renforcent les engagements pris envers les PMA, qui sont des membres importants de la communauté internationale et dont la stabilité et la paix durables sont cruciales pour le monde.  Le Programme d’action met aussi l’accent sur la coopération internationale et régionale, ainsi que sur le rôle des femmes.  Il repose sur le respect des engagements concernant l’APD et le renforcement des capacités des PMA pour leur permettre de mettre en œuvre leur développement.  La Turquie est prête à assumer ses engagements, a assuré le Ministre, et elle consacrera 200 millions de dollars par an à l’aide aux PMA à partir de 2012, pour des projets techniques de développement et pour des bourses d’études.  Nous voulons aussi augmenter le flux des IED du secteur privé pour des investissements dans les PMA pour que ces IED atteignent 5 milliards de dollars en 2015 et 10 milliards en 2020, a dit M. Davutoglu.  Le Ministre a aussi apprécié que le Programme d’action d’Istanbul mette l’accent sur la surveillance de la réalisation des objectifs fixés, ceci à travers un mécanisme d’évaluation et de suivi.  La Turquie va consacrer 5 millions de dollars à ce suivi et offre d’accueillir une conférence de à mi-parcours de la mise en œuvre  du Programme d’action d’Istanbul en 2015.  La Turquie a beaucoup à offrir aux PMA en termes d’expérience, a ajouté M. Davutoglu.  Il a enfin proposé qu’on ne parle plus de PMA mais de « futurs pays développés. »

 

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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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