CS/10220

Conseil de sécurité: « la stabilité de l’Iraq dépendra d’une meilleure économie, de la réconciliation nationale et de meilleurs liens avec le Koweït », affirme Ad Melkert

8/04/2011
Conseil de sécuritéCS/10220
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Conseil de sécurité

6511e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: « LA STABILITÉ DE L’IRAQ DÉPENDRA D’UNE MEILLEURE ÉCONOMIE, DE LA

RÉCONCILIATION NATIONALE ET DE MEILLEURS LIENS AVEC LE KOWEÏT », AFFIRME AD MELKERT


Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, la situation concernant l’Iraq.  Les membres du Conseil, qui étaient saisis d’un rapport du Secrétaire général saluant le fait que, le 21 décembre 2010, un nouveau Gouvernement, dirigé par le Premier Ministre Nouri al-Maliki, a été avalisé par le Conseil des représentants, ont entendu un exposé duReprésentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), M. Ad Melkert.  Le Représentant permanent de l’Iraq auprès de l’ONU, M. Hamid Al-Bayati, a également fait une déclaration.


Dans sa présentation, M. Melkert a notamment abordé la question des mesures à mettre en œuvre pour renforcer la stabilité de l’Iraq et le retour de ce pays dans le concert des nations, cela alors que les Forces armées américaines se retireront de l’Iraq à la fin du mois de juillet 2011.  Sur ce point, il s’est félicité du soutien financier apporté par l’Assemblée générale pour permettre à la Mission de relever les défis immenses auxquels la MANUI aura à faire face dans les prochains mois. 


« Créer des opportunités professionnelles et répondre aux aspirations des jeunes, dans un pays où les gens âgés de moins de 35 ans forment près de 80% de la population, sera essentiel pour l’avenir », a d’abord souligné M. Melkert dans son allocution.  « Cinquante pour cent des personnes en âge de travailler, mais sans emploi en Iraq, sont des jeunes, soit 1 million d’individus, et moins de 40% des enfants iraquiens poursuivent une scolarité après être allés à l’école primaire », a-t-il ajouté avant d’assurer que le nouveau Gouvernement iraquien, épaulé par la MANUI et l’équipe de pays de l’ONU, s’était engagé à réaliser des progrès tangibles en matière d’emploi dans les 100 jours suivant sa formation.  Il a en outre annoncé qu’à la fin du mois d’avril, les donateurs bilatéraux, la Banque mondiale, et l’ONU, rencontreraient une délégation du cabinet ministériel iraquien afin d’examiner des recommandations politiques relatives au développement socioéconomique du pays et au renforcement des capacités institutionnelles de celui-ci.


Le Représentant permanent de l’Iraq auprès de l’ONU, a quant à lui donné des gages en ce qui concerne l’action du Gouvernement dans le domaine économique, en assurant que les efforts déployés de manière continue dans le pays pour y créer des emplois, « grâce en particulier au rôle de plus en plus actif joué par le secteur privé », avait entraîné une baisse significative du taux de chômage, qui est passé de près de 30% des personnes d’âge actif ces dernières années à 15% actuellement.  « La situation de l’économie iraquienne s’améliore dramatiquement grâce aux séries de mesures de régulation financière et économique prises par le Gouvernement, et qui ont eu pour effet de renforcer le pouvoir d’achat des habitants ainsi que la fourniture des services sociaux », a ajouté l’Ambassadeur de l’Iraq. 


Concernant la situation en matière de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq a noté que si l’Iraq « ne fait plus les gros titres des médias internationaux », la stabilité du pays reste cependant  constamment menacée.  S’appuyant sur le rapport soumis par M. Ban Ki-moon au Conseil, il a indiqué qu’au cours des trois derniers mois, le ciblage des communautés et la perpétration d’attaques terroristes contre le Gouvernement avaient fait près d’une centaine de morts.  « Pourtant, le Gouvernement, les forces de sécurité et la société iraquienne dans son ensemble maintiennent sans relâche leurs efforts pour normaliser la situation », a-t-il constaté, insistant sur le fait qu’alors que les Forces américaines s’apprêtent à quitter le pays, « l’Iraq ne doit pas être oublié par la communauté internationale ». 


Réagissant à ces propos, M. Al Bayati a réaffirmé l’engagement des autorités iraquiennes à œuvrer à la stabilité du pays, « en élargissant la base de la participation au processus politique, en consolidant les institutions étatiques, et en renforçant l’État de droit ». 


« Les principes de l’action gouvernementale sont le respect des droits de l’homme, le rejet de toute forme d’agression, du terrorisme et de la discrimination, en vue de permettre le plein exercice du droit de tous les Iraquiens à vivre dans la liberté, la sécurité et la paix », a-t-il déclaré.  Le représentant a aussi affirmé que le Gouvernement iraquien avait entendu les aspirations exprimées par le peuple lors des manifestations pacifiques qui ont eu lieu en février dernier. 


Sur le rôle des forces nationales de sécurité, M. Al-Bayati a indiqué qu’elles avaient démontré, dans l’exercice de leurs responsabilités à travers tout le pays, un haut degré de responsabilité, de discipline et une réelle capacité à améliorer les situations auxquelles elles font face. 


Pour sa part, M. Melkert, se référant de nouveau au rapport du Secrétaire général, a appelé les autorités du pays à intensifier le dialogue arabo-kurde, la réconciliation nationale étant un préalable à la stabilité et à la prospérité à long terme de l’Iraq.  « En lien avec l’appel lancé par le Conseil de sécurité le 15 décembre 2010 pour que soient accrus les efforts en vue de parvenir à un accord politiquement négocié, la MANUI explore, aux côtés des parties, les modalités qui permettraient de relancer le dialogue, en particulier sur le statut de Kirkouk ».  « La Mission peut jouer un rôle de liaison et de facilitation entre les parties afin de maintenir la paix et la stabilité, et, conformément à son mandat, afin de contribuer à l’élaboration de processus qui soient acceptables par le Gouvernement pour résoudre les différends liés à la délimitation des frontières », a-t-il indiqué.


Concernant les relations de l’Iraq avec le Koweït, le Représentant spécial a évoqué la visite à Bagdad, le 15 décembre dernier, du Premier Ministre koweitien, ce qui représente « la première visite de ce genre depuis 1991 ».  Il s’est dit à cet égard encouragé par l’engagement manifesté par la partie koweitienne de progresser sur la voie de la normalisation des relations avec l’Iraq, comme le demandent les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  « Les deux pays sont conscients des gains qu’ils pourraient tirer d’une coopération dans tous les domaines », s’est-il réjoui.


Enfin, M. Al Bayati a annoncé que l’Iraq organiserait, en mai prochain, un sommet arabe dont l’objectif sera d’accélérer la normalisation de ses relations avec « ses frères arabes ».  « La convocation d’un tel sommet à Bagdad intervient à un moment crucial et sensible que traverse le monde arabe », a-t-il relevé, évoquant « les révolutions qui ont éclaté en Tunisie et en Égypte, et les événements douloureux qui se déroulent actuellement en Libye ».  « Nous devons trouver des solutions appropriées pour répondre aux aspirations des peuples de la région », a-t-il souligné.


LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ


Deuxième rapport du Secrétaire général présenté en application du paragraphe 6 de la résolution 1936 (2010) ( S/2011/213)


Dans le présent rapport, le Secrétaire général rend compte de l’évolution politique de l’Iraq au cours des trois derniers mois et des principaux événements régionaux et internationaux qui concernent le pays, ainsi que des questions opérationnelles et des problèmes de sécurité. 


Le Secrétaire général salue d’abord le fait que, le 21 décembre 2010, un nouveau Gouvernement, dirigé par le Premier Ministre Nouri al-Maliki, a été avalisé par le Conseil des représentants.  « La formation de ce Gouvernement a mis un terme à neuf mois d’impasse politique qui ont suivi les élections nationales tenues le 7 mars 2010 en Iraq, et qui devrait permettre aux dirigeants iraquiens de commencer à véritablement s’attaquer aux principaux problèmes politiques, sociaux et économiques du pays », ajoute-t-il.  M. Ban Ki-moon demande en outre, que, « dans l’intérêt de la réconciliation nationale », les dirigeants politiques iraquiens mettent en place le Conseil national pour les politiques stratégiques, dont la création a été convenue dans le cadre de l’accord de partage du pouvoir conclu entre les différents partis politiques.


Pour ce qui est de la situation en matière de sécurité, le Secrétaire général note que la violence continue de toucher la population civile, qui est confrontée aux attaques perpétrées par les groupes d’opposition armés et des bandes criminelles.  « L’ONU continue d’opérer dans des conditions de sécurité instables en Iraq, et la situation peut changer à tout moment », constate-t-il, précisant qu’il s’est produit 3 000 incidents de sécurité au cours de la période considérée, qui ont fait au moins 950 morts parmi les civils.  Indiquant que la MANUI renforce, dans ce contexte, ses capacités en matière de sécurité et que la Mission réaligne ses ressources afin de veiller à ce que des arrangements soient en place avant que les forces américaines en Iraq ne se retirent à la fin de 2011, M. Ban s’inquiète de ce que certains « cherchent à compromettre les progrès que l’Iraq a accomplis ces dernières années s’agissant de réduire la violence sectaire ».  « Je demande de nouveau au Gouvernement iraquien de faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger tous les Iraquiens qui continuent d’être pris pour cible en raison de leurs convictions religieuses », exhorte-t-il dans ses observations.


Pour ce qui est des tensions ethniques, le Secrétaire général juge que les événements survenus récemment dans le gouvernorat de Kirkouk « soulignent qu’il faut d’urgence donner un nouveau souffle à la promotion du dialogue arabo-kurde en Iraq ».  Il demande à tous d’exercer la plus grande retenue et de permettre l’ouverture d’un dialogue pacifique et constructif portant sur les principales préoccupations des Iraquiens », et il considère urgent que les dirigeants iraquiens s’emploient à régler la question du statut de Kirkouk et d’autres territoires faisant l’objet d’un différend.  « À ce sujet, la MANUI aide tous les acteurs concernés à trouver des solutions acceptables par tous », assure M. Ban.


S’agissant de la normalisation des relations de l’Iraq avec ses voisins, en particulier le Koweït, Ban Ki-moon, qui se réjouit de la décision prise par le Conseil de sécurité, le 15 décembre 2010, de mettre un terme à plusieurs mandats relevant du Chapitre VII de la Charte, rappelle qu’il incombe désormais au Gouvernement iraquien de réaliser des progrès rapides concernant les obligations qui demeurent les siennes, relatives notamment aux personnes disparues. 


Enfin, concernant le redressement économique du pays, le Secrétaire général indique, qu’au cours de la période examinée, le Fonds d’affectation spéciale multidonateurs du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) pour l’Iraq a été créé.  « En janvier 2011, le Fonds était financé à hauteur de 27,26% de ses besoins », dit-il, en précisant que sur 1,9 milliard de dollars demandés pour la période 2011-2014, 518 431 000 dollars sont actuellement disponibles.  « Je tiens à rassurer le Gouvernement iraquien du fait que la MANUI et l’équipe de pays des Nations Unies n’épargneront aucun effort pour l’aider à surmonter les graves difficultés socioéconomiques auxquelles le pays se heurte », affirme le Secrétaire général dans les observations qu’il fait à la fin du rapport.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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