CPSD/492

Quatrième Commission: le maintien de la paix est un partenariat global dont le fardeau doit être partagé par tous, soulignent les délégations

26/10/2011
Assemblée généraleCPSD/492
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

16e séance – matin


QUATRIÈME COMMISSION: LE MAINTIEN DE LA PAIX EST UN PARTENARIAT GLOBAL DONT

LE FARDEAU DOIT ÊTRE PARTAGÉ PAR TOUS, SOULIGNENT LES DÉLÉGATIONS


Les pays contributeurs de contingents revendiquent plus d’implication dans les

processusde prise de décisions concernant les opérations de maintien de la paix


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi, ce matin, son débat général sur les questions relatives au maintien de la paix.


Face à la complexité croissante des situations sur le terrain, il faut impérativement pouvoir compter sur un partenariat mondial dans le maintien de la paix, ont constaté les délégations qui sont intervenues ce matin. 


Si pour la délégation suisse cette notion devrait encourager les États Membres à dépasser les clivages anciens qui opposent ceux qui financent les missions et ceux qui mettent à leur disposition du personnel et des troupes, d’autres intervenants y ont vu la justification d’une nouvelle répartition des tâches.  Ainsi pour le représentant de la République-Unie de Tanzanie, cela signifie qu’il faut élargir la base des pays contributeurs de troupes.  Rejoignant ce propos, les représentants du Qatar et de la Chine ont estimé que les pays développés, qui disposent de forces militaires bien entraînées et bien équipées, devraient davantage contribuer militairement, sur le terrain, aux opérations de maintien de la paix onusiennes. 


De nombreux pays, intervenant en qualité de pays contributeurs de contingents, ont soulevé l’importance et l’utilité d’un dialogue triangulaire renforcé, tel que cela est proposé par le document « Nouvel horizon », entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes et de personnels de police.  La délégation de l’Uruguay a estimé qu’il ne faut pas que la discussion de fond sur le maintien de la paix se limite à un débat sur les ressources financières, dans la mesure où le succès des missions de paix onusiennes est aussi étroitement lié aux ressources humaines et matérielles que les États Membres leur fournissent.  À ce titre, les pays fournisseurs de contingents ont estimé avoir un rôle primordial dans les efforts de maintien de la paix des Nations Unies, et ont souhaité être mieux entendus et associés aux processus de prise de décisions à tous les niveaux et à tous les stades du déploiement de ces missions.


La Quatrième Commission reprendra son débat général demain, jeudi 27 octobre, à 10 heures.



ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS


Suite du débat général


M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a noté qu’avec l’émergence de nouveaux conflits, cette année, la demande en missions de maintien de la paix (OMP) que devrait déployer l’ONU a de nouveau augmenté.  L’Ukraine est convaincue qu’il s’agit là d’une tendance durable et pense, par conséquent, qu’il faut doter les Nations Unies des moyens d’y faire face.  Avec 120 000 soldats de la paix déployés actuellement, on a atteint des niveaux de déploiement sans précédent, a précisé le représentant.  Il espère que l’initiative « Nouvel horizon » et le nouveau rapport sur les progrès de cette initiative devraient permettre de mieux évaluer les nouveaux défis du maintien de la paix et de trouver une base méthodologique et logique solide pour l’avenir.  L’Ukraine estime qu’il faut impérativement accorder la priorité au renforcement des capacités de maintien de la paix de l’ONU, et, en particulier, les capacités aériennes.


À ce titre, le représentant a déploré le manque d’hélicoptères dont souffrent de manière chronique les opérations de maintien de la paix (OMP).  « Il ne faut pas permettre un statu quo dans ce domaine, car ce manque de ressources met certaines missions en péril », a-il-estimé.  Par ailleurs, il faudrait que les recommandations faites par le Secrétaire général sur la question se basent sur celles du Comité des 34, et reprennent notamment l’idée d’accorder des encouragements concrets aux pays contributeurs de matériel logistique.  Il faut faire en sorte que les remboursements auxquels ont droit les États contributeurs de troupes et de matériels se fassent à temps.  Il est aussi très important que les pays contributeurs de contingents puissent participer aux prises de décision, à tous les stades de déploiement, et d’opérations des missions de maintien de la paix.  Il serait judicieux de réviser les mécanismes d’appui, a dit le représentant de l’Ukraine.  L’Ukraine se félicite de l’accent mis sur la protection du personnel de l’ONU déployé sur le terrain.  La sécurité physique de ce personnel doit s’accompagner d’une protection juridique et il faut que les pays contributeurs de contingents aient les moyens de s’impliquer dans les poursuites lancées contre leurs soldats accusés d’avoir commis des crimes.  L’Ukraine attend le rapport du Secrétaire général sur cette question.


M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a déclaré que les États-Unis prenaient note de la volonté du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, de poursuivre les efforts de réforme déployés dans le cadre du processus « Nouvel horizon ».  La communauté internationale a une responsabilité collective en matière de succès des opérations de maintien de la paix (OMP), a poursuivi le représentant, avant de rappeler les contributions tant militaires que financières que font les États-Unis dans le cadre des OMP.  Dans le même temps, a-t-il ajouté, les États-Unis entendent poursuivre la coopération avec les organes pertinents des Nations Unies.  M. DeLaurentis s’est par ailleurs félicité de la mise en place d’un Groupe de travail pour le remboursement aux États contributeurs de contingents et de matériels de leurs frais et charges connexes.  Il a estimé que les missions de terrain doivent avoir des mandats clairs et disposer d’un commandement unique.  Il faut, en outre, s’assurer que les soldats et autres personnels de maintien de la paix ne commettent plus d’abus ou de crimes sexuels.  Le système doit faire en sorte que ces personnes qui ternissent l’image des Nations Unies ne travaillent plus au sein de l’Organisation, a conclu le représentant.


M. CARLOS D. SORRETA (Philippines) a déclaré qu’en tant que Membre fondateur des Nations Unies et pays contributeur de troupes, les Philippines voient dans les opérations de maintien de la paix (OMP) un instrument central pour la préservation de la paix et de la sécurité au niveau international.  C’est dans ce contexte, que le pays a renforcé son cadre légal national en matière de maintien de la paix, notamment à travers la loi no 97 qui sert de feuille de route sur la question.  Les Philippines ont aussi renforcé leur mécanisme de maintien de la paix dans le but d’accroître le nombre de personnels et étendre leur participation dans les OMP, a dit M. Sorreta.  Les Philippines soulignent le besoin de formation des personnels du maintien de la paix.  Ceux-ci doivent, en outre, être correctement équipés dans le but d’assurer leur propre sécurité et de remplir leur mission, a-t-il ajouté, estimant que le manque de ressources n’était pas qu’une question budgétaire.  Le représentant philippin a enfin plaidé pour l’inclusion des acteurs de terrain dans les processus d’élaboration du maintien de la paix, avant de se féliciter de la nomination, par le Secrétaire général, d’un Philippin à la tête de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD).


M. OMBENI Y. SEFUE (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que les opérations de maintien de la paix devraient rester fidèles à leurs principes directeurs, dont le consentement des parties, le non-usage de la force, sauf en cas de légitime défense, et l’impartialité.  À cause de leur croissance exponentielle, il faut rester vigilant et s’assurer du respect de ces principes de base, a-t-il poursuivi.  Le représentant a ensuite estimé qu’il y est nécessaire d’élargir la base des pays contributeurs de troupes en évitant un schéma qui crée deux parties: une fournissant les troupes et l’autre les ressources financières.  Cela est artificiel et rend l’engagement multilatéral difficile, a-t-il ajouté.  Sur la question des mandats, le représentant a estimé que plus de clarté dans leur élaboration et leur contenu est nécessaire.  Des terminologies du genre « maintien de la paix robuste » sont trop ambigües, créent une certaine confusion et ouvrent la porte à toutes formes d’interprétation et d’abus, a-t-il estimé.  Or, c’est la dernière chose dont les soldats de la paix ont besoin, a-t-il ajouté, avant d’inviter le Secrétariat à adopter les conclusions des rapports confectionnés après la tenue des conférences régionales organisées récemment sur ce sujet à Abuja, Buenos Aires et Jakarta.  La sécurité des personnels de maintien de la paix est par ailleurs importante, a souligné M. Sefue.  Dans ce contexte, il faut s’assurer que ces derniers disposent de ressources et d’outils réalistes pour l’accomplissement de leurs mandats, a-t-il préconisé.


M. HAMAD AL-KHAYARIN (Qatar) a déclaré qu’il est important que le déploiement des opérations de maintien de la paix reste fidèle aux principes de la Charte des Nations Unies et aux principes directeurs qui les gouvernent: l’impartialité, la non-ingérence et la non-utilisation de la force, dans le souci de démontrer et conserver la crédibilité des Nations Unies.  Les opérations de maintien de la paix ne sauraient, d’autre part, être considérées comme un substitut au règlement des causes de conflits, a ajouté le représentant, estimant aussi qu’il faut tenir compte de la coopération nécessaire avec les pays accueillant ces opérations sur leur territoire.


Par ailleurs, a estimé le représentant, les attaques contre les personnels des missions de l’ONU constituent un défi auquel l’Organisation doit répondre.  Dans ce contexte, il faut mettre un terme au manque de ressources et de matériels dont souffrent les opérations de maintien de la paix.  De même, les pays développés qui disposent de forces militaires bien entraînées et bien équipées doivent être invités à contribuer militairement au déroulement des opérations de maintien de la paix onusiennes au lieu de continuer à mettre tout le fardeau sur les forces militaires des pays en développement.  En outre, les soldats de la paix doivent être initiés aux langues, cultures et spécificités des pays dans lesquels ils opèrent, a préconisé le représentant du Qatar.  Il a estimé que les pays contributeurs de troupes doivent être pleinement impliqués dans le processus d’élaboration des opérations de maintien de la paix.  En conséquence, il a plaidé en faveur de la mise en œuvre de la résolution 1353 du Conseil de sécurité, dans le but de renforcer la coordination entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a rappelé qu’en tant que pays contributeur de troupes, l’Uruguay cherche également à œuvrer au renforcement et à l’amélioration du système de maintien de la paix de l’ONU dans son ensemble.  Face à la complexité croissante des situations sur le terrain, il faut impérativement pouvoir compter sur un véritable  partenariat mondial dans le domaine du maintien de la paix, a-t-il soutenu.  À cet égard, il s’est félicité des progrès réalisés en ce sens, notamment en ce qui concerne l’augmentation de la qualité et de l’intensité des échanges entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de contingents.  Cependant, a dit M. Cancela, on a l’impression que ce cercle « vertueux » de collaboration, qui commençait à bien fonctionner, est menacé de cassure du fait de la crise économique mondiale.  « Faire plus avec moins » a été le slogan promu par le Secrétariat, a rappelé le représentant.  Un renforcement de l’efficacité dans les actions de l’ONU est toujours le bienvenu, a-t-il relevé.  Il ne faut pas perdre de vue que le maintien de la paix des Nations Unies possède, outre sa légitimité, un avantage certain par rapport à d’autres cadres d’action, qu’ils soient nationaux ou régionaux, a noté M. Cancela, en soulignant qu’il faut donc mettre à la disposition de l’ONU les moyens et les ressources dont elle a besoin.  Cependant, l’Uruguay pense que le débat ne doit pas se limiter aux seules ressources financières.  Il faut aussi l’élargir à la question des ressources humaines et des capacités matérielles qui sont tout aussi importantes, a conclu le représentant.


M. WANG MIN (Chine) a déclaré que la communauté internationale doit réfléchir à la façon dont les opérations de maintien de la paix peuvent contribuer à restaurer la paix dans leurs zones d’intervention, en accordant une priorité à la pleine application des mandats qui leur sont octroyés.  M. Wang a ensuite rappelé les principes directeurs du maintien de la paix, tout en espérant que ces opérations continueront d’y adhérer scrupuleusement en évitant de devenir elles-mêmes des parties aux conflits.  Il faut en outre éviter d’utiliser le concept de « protection des civils » pour employer une force disproportionnée qui, à la fin, fait encore plus de victimes civiles, a-t-il ajouté.


M. Wang a aussi déclaré que les opérations de maintien de la paix ne sont pas une panacée pour la résolution des conflits.  Dans ce contexte, il faut s’attaquer aux causes même de ces conflits, en se penchant aussi sur les questions de développement et de pauvreté qui sont souvent à l’origine des tensions entre les groupes.  En ce qui concerne le manque de ressources, le représentant a espéré voir les pays industrialisés contribuer davantage, y compris en termes de troupes, aux opérations de maintien de la paix.  De même, il est nécessaire de renforcer la coopération régionale, car les organisations régionales connaissent mieux l’histoire de leurs régions et des pays et peuples qui les composent, a-t-il précisé.  Alors que la majorité des opérations de maintien de la paix ont lieu en Afrique, nous espérons que l’ONU renforcera sa coopération avec l’Union africaine et l’aidera à renforcer ses capacités, a conclu le représentant.


M. YOUSSOUBA BAMBA (Côte d’Ivoire) a estimé que les opérations de maintien de la paix sont le moyen le plus efficace et le plus efficient pour la gestion des conflits.  De même, la protection des civils en situation de conflits armés nécessite l’adoption de dispositions concrètes et effectives pour l’accomplissement efficace de ce mandat.  Dans ce contexte, a encore estimé le représentant, l’esprit du préambule de la Charte des Nations Unies doit s’adapter sans tarder à l’impératif de protection des populations civiles en situation de danger.


M. Bamba a ensuite déploré l’insuffisance, voire l’absence de coopération opérationnelle, entre l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tout en se déclarant convaincu que, si des arrangements institutionnels avaient été initiés, les forces de maintien de la paix de la CEDEAO auraient certainement eu un effet dissuasif évident en faveur de la protection des civils en Côte d’Ivoire.  Le représentant a ensuite fait état de la volonté du Gouvernement ivoirien de promouvoir la paix, la réconciliation et les réformes institutionnelles.  Toutefois, beaucoup de travail reste à faire, notamment en matière d’emploi, de sécurité ou de baisse du coût de la vie et de promotion de la santé, a-t-il reconnu.  Dans ce contexte, le Gouvernement ivoirien compte sur la coopération de l’ONUCI avec comme volet prioritaire, la réforme du secteur de la sécurité.


Pour M. NG CHIN HUAT (Malaisie), dont le pays contribue des troupes aux opérations de maintien de la paix (OMP), a déclaré que, malgré toutes les imperfections du maintien de la paix onusien, l’Organisation peut en être fière.  Le maintien de la paix est un partenariat mondial dont le fardeau doit être porté collectivement, a-t-il noté, avant d’inciter les États Membres à être à la hauteur des attentes internationales et de fournir aux Nations Unies les ressources humaines, financières et logistiques nécessaires pour pouvoir continuer à s’acquitter de cette tâche.  Constatant que les « soldats de maintien de la paix sont souvent les ouvriers de la consolidation de cette paix », le représentant a insisté sur le lien indéniable entre paix, stabilité et développement économique et social.  Il a fait part des préoccupations de la Malaisie face aux attaques répétées contre le personnel de la paix des Nations Unies.  Il a dit que sa délégation s’associait à la position exprimée par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, qui souhaite faire de la sécurité du personnel de la paix l’une des priorités de son Département.


Mme TINE MORCH SMITH (Norvège), qui s’exprimait au nom des pays nordiques que sont le Danemark, l’Islande, la Finlande, la Norvège et la Suède, a salué les progrès qui ont pu être possibles sur le terrain, grâce à l’implication active des Nations Unies, notamment le premier tour des élections pacifiquement tenues au Libéria.  Elle est revenue sur la question de la sécurité des soldats de la paix qui a des répercussions directes sur la sécurité des populations civiles.  À ce titre, Mme Morch Smith a condamné les récents assassinats de personnels de l’ONU au Darfour, et a indiqué que les pays nordiques appuient la détermination de M. Ladsous qui a dit vouloir faire de la sécurité des soldats de la paix l’une des priorités du Département des opérations de maintien de la paix. 


Pour ce qui est de la composante « protection des civils » des mandats de certaines missions, la représentante a expliqué que tout en étant favorables à cette dimension, les pays nordiques rappellent que la responsabilité première en incombe au gouvernement du pays hôte de la mission.  Les modules de formation développés à cet effet, par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), sont un précieux outil pour mieux préparer les soldats de la paix à s’acquitter de cette tâche, a-t-elle noté.  Elle a également déploré qu’il y ait encore des cas de mauvaise conduite du personnel de l’ONU sur le terrain, tout en reconnaissant que la mise en œuvre pratique de la politique de tolérance zéro relève d’une responsabilité partagée entre les Nations Unies et les pays contributeurs de contingents.  Pour ce qui est de la politique « Faire plus avec moins », elle a salué l’ensemble des réformes prévues en vue de pouvoir y arriver.  Le concept de « missions intégrées » semble être la base de cette réflexion.  Mme Morch Smith a également plaidé en faveur du concept d’une présence unifiée de l’ONU sur le terrain, pour que ses différentes agences travaillent main dans la main.  À cet égard, elle a évoqué la situation au Soudan du Sud, où la mission de l’ONU a délégué la responsabilité de la protection des enfants à l’UNICEF.


M. SERGE A. BAVAUD (Suisse) a déclaré qu’à la lumière des événements récents, « ceux qui reprochent aux missions de maintien de la paix (OMP) de l’ONU leur incapacité à réagir de manière prompte face aux violences contre les civils ont tort ».  La Suisse en veut pour preuve le rôle que la mission de maintien de la paix de l’ONU a joué en Côte d’Ivoire et la création de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a dit M. Bavaud.  Il est regrettable que les obstacles qui divisent les États Membres, en particulier, ceux qui financent les missions et ceux qui mettent à disposition du personnel, persistent, a déploré le représentant.  La Suisse souhaite qu’il soit permis aux missions de maintien de la paix d’être flexibles afin de pouvoir s’adapter aux réalités changeantes et aux demandes du terrain.  À cet égard, la Suisse tient à rappeler la notion de partenariat global, notion fondamentale du maintien de la paix, qui a été réaffirmée comme essentielle dans le processus « Nouvel horizon ».  La revue des capacités civiles internationales est un processus prometteur, a estimé M. Bavaud en indiquant qu’il y a bon espoir que ce processus aboutisse à des améliorations substantielles sur le terrain.  « Nouvel horizon » prouve en outre que l’ONU est capable d’innover et de se réformer, a-t-il souligné.  Il a également salué les premières étapes de mise en œuvre de la stratégie globale de soutien aux OMP en vue de garantir un déploiement rapide des missions et d’améliorer les conditions de soutien au personnel civil.  Abordant la question de la protection des civils, M. Bavaud a salué le fait que le Comité des 34 se soit penché sur cette question au cours des quatre dernières sessions pour faciliter une meilleure compréhension de cette tâche commune et mettre en place un cadre stratégique amélioré.  La coopération entre tous les acteurs impliqués, y compris avec les acteurs humanitaires, est essentielle et doit se faire dans le respect des principes d’action de chacun, a recommandé le représentant.


M. NEGASH KEBRET (Éthiopie) a rappelé que, dès 1950, son pays contribuait des troupes aux opérations de maintien de la paix (OMP) de l’ONU.  Il a insisté sur le fait que les mandats juridiques, et leurs amendements éventuels, sous lesquels opèrent les Casques bleus, doivent être clairs dès le départ.  Ces mandats doivent refléter les réalités sur le terrain, ainsi que les intentions du Conseil de sécurité, et les capacités des pays contributeurs de contingents.  Par conséquent, il faut éviter toute démarche à l’emporte-pièce et tout « bricolage », a-t-il souligné.  Fort de ce constat, il a plaidé en faveur d’une coopération triangulaire renforcée.  Les réunions entre pays contributeurs de contingents et le Conseil de sécurité doivent avoir des ordres du jour détaillés pour permettre un véritable échange sur les défis opérationnels et la mise en œuvre pratique des mandats donnés aux missions sur le terrain.  L’Éthiopie pense qu’il ne fait pas de doutes que les missions doivent pouvoir disposer des ressources humaines, logistiques et financières nécessaires à la réalisation du mandat qui leur est donné, a souligné M. Kebret.  Il a estimé que c’est le décalage entre les ressources et les mandats qui sont à l’origine des déficits de performance que connaissent les missions de maintien de la paix.  Les Nations Unies doivent en outre pleinement appuyer leurs missions, et cela ne se limite pas à leur fournir des ressources, a conclu le représentant.  À cet égard, il a fait état d’incidents où les missions auraient été humiliées et ignorées, sans que les Nations Unies ne prennent leur défense.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a déclaré que, dans le cadre de l’approfondissement du dialogue triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat, le Conseil de sécurité doit mesurer le degré d’engagement de l’ONU et l’assortir d’une dotation acceptable et raisonnable en moyens humains.  Il doit aussi assurer un examen plus fréquent du mandat et des moyens des missions de maintien de la paix pour répondre au mieux à leurs besoins évolutifs et apporter les corrections nécessaires, a ajouté le représentant.  Les pays contributeurs de troupes ont aussi un rôle à jouer, notamment dans la mise en œuvre des mandats, mais doivent aussi être impliqués dans les processus d’élaboration et de réforme des opérations de maintien de la paix.  Quant au Secrétariat, il doit s’assurer de la bonne gestion des opérations, identifier les lacunes existantes et partager avec les États Membres les enseignements tirés de l’évaluation des performances.  À cet égard, le représentant s’est réjoui des avancées accomplies dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie mondiale d’appui aux missions.


Le représentant a ensuite estimé que toute tentative de règlement ne doit pas tourner le dos à la négociation politique et aux actions diplomatiques.  C’est pour cela qu’il devient impératif d’opérer le changement, attendu depuis trop longtemps, qui donnera aux Nations Unies le moyen d’évoluer d’une culture de réaction à celle de la prévention, a-t-il plaidé.  De même, la promotion de partenariats et d’arrangements structurés entre l’ONU et les organisations régionales demeure indispensable pour la création d’un système de capacités indépendantes capables de réagir et de faire face aux exigences des opérations de paix, a encore plaidé le représentant, soulignant la place importante de l’Union africaine à cet égard.  Toutefois, loin d’être suffisantes pour justifier une autonomie complète, les actions de l’Union africaine butent toujours sur le manque de ressources et sur des faiblesses capacitaires, alors que les exigences d’une action urgente et de proximité s’imposent de plus en plus, a conclu le représentant.


M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a souligné la complexité croissante des mandats des opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations Unies.  L’Iran estime que toute création d’une nouvelle mission ou extension du mandat de missions existantes doivent strictement respecter la Charte des Nations Unies et les principes fondamentaux du maintien de la paix comme l’impartialité et le consentement des parties, a dit M. Al Habib.  Pour l’Iran, il en va de la confiance placée par les États Membres dans les activités de l’ONU, et tout écart par rapport à ces principes saperait l’image des Nations Unies.  Il faut assurer une plus grande cohérence en ce qui concerne la terminologie régissant le maintien de la paix.  La délégation iranienne insiste, en outre, sur le fait que les OMP doivent d’emblée être dotées de l’appui politique nécessaire, ainsi que des ressources financières, humaines et logistiques et de mandats clairs qui leur donnent plus de chances de réussite.


Pour veiller au succès des mandats de maintien de la paix, il faut établir, a dit M. Al Habib, une coopération triangulaire plus soutenue entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de contingents.  Par ailleurs, toute activité de maintien de la paix devrait s’accompagner d’emblée de mesures de consolidation de la paix de manière à faciliter la relance économique et le développement du pays hôte de la mission, tout en ne perdant pas de vue l’importance de l’appropriation nationale de ce processus.  L’Iran estime qu’il s’agit là de la voie à suivre pour avoir une stratégie de sortie harmonieuse et pour éviter que ces pays ne retombent pas dans des conflits.


M. THIERRY ALIA (Bénin) a déclaré que l’effort engagé en vue de créer des centres régionaux de soutien au maintien de la paix, dont celui d’Entebbe, et un autre en Afrique de l’Ouest, permettra de conférer plus d’autonomie aux missions déployées en Afrique et, par conséquent, donnera une plus grande rapidité de réaction face aux situations complexes.  Dans ce contexte, le Bénin appuie fermement la coopération entre les missions qui a permis de trouver rapidement une solution au déficit en personnels et en moyens lors de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire.  Le Bénin souhaite ardemment que les fruits de cette expérience soient pris pour modèle et qu’elle soit systématisée en ce qui concerne la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).


M. Alia a ensuite estimé que les négociations devaient se poursuivre dans le cadre de l’interprétation des concepts qui se cachent derrière les termes: « maintien de la paix robuste » et « protection des civils », afin que tous les États Membres arrivent à avoir une même compréhension de ces concepts.  Le Bénin pense, en outre, qu’il importe que les missions soient dotées de moyens humains, matériels et financiers adéquats, vu le nombre croissant des opérations de maintien de la paix.  Enfin, tout en reconnaissant le rôle de la société civile, le représentant du Bénin a souhaité que certaines distances soient prises vis-à-vis des ONG qui, « pour justifier ou obtenir des fonds de leurs sponsors ou commanditaires, calomnient, par des accusations non vérifiées et non fondées, les troupes qui exercent les tâches qui leur incombent au péril de leur vie ».


M. CHITSAKA CHIPAZIWA (Zimbabwe) a commencé par qualifier « Nouvel horizon » de « document officieux », avant de se demander pourquoi certaines délégations insistent sur le fait qu’il faut baser les opérations de maintien de la paix sur ce document, alors qu’il n’est pas encore adopté par l’Assemblée générale.  Y a-t-il urgence?, a-t-il demandé, ajoutant que des principes directeurs en matière de maintien de la paix existent déjà et « qu’il n’y a pas besoin de se presser ».  Le représentant a ensuite estimé que la réforme du secteur de la sécurité est un projet national relevant de chaque pays.  Dans ce cadre, il ne faut donc pas prendre pour acquis que les États Membres concernés inviteront systématiquement les Nations Unies pour accomplir ce processus à leur propre place, a-t-il souligné.  Le représentant s’est ensuite demandé si certaines missions ayant mandat de protection des civils comprenaient bien comment mettre en œuvre ce concept, se demandant ce qui doit arriver en premier: la formation des personnels ou la mise en œuvre des doctrines.  Le représentant a également estimé que le concept de « maintien de la paix robuste », en tant que concept non encore compris, ne doit pas être mis en œuvre, à moins qu’il n’y ait en réalité derrière ces mots des intentions cachées, a-t-il ajouté.  Enfin, M. Chipaziwa a exhorté les opérations de maintien de la paix à permettre et faciliter des visites de famille aux soldats dans le but de réduire les violences d’ordre sexuel.


Pour M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh), la présence des Casques bleus sur le terrain redonne espoir aux populations locales dans les zones de conflit.  Le maintien de la paix est « rentable », a-t-il affirmé, et il faut, par conséquent, lui assurer les ressources et le soutien politique nécessaires.  En effet, a estimé le représentant, l’avenir et le succès des missions dépendent largement de l’appui politique dont elles bénéficient.


Suite à la visite qu’il vient d’effectuer en République centrafricaine, le représentant a passé en revue certaines mesures qui contribuent au succès des OMP.  Ainsi, il faut qu’il y ait un partenariat politique large entre les Nations Unies et le gouvernement hôte, a-t-il dit.  Il faut aussi avoir des consultations triangulaires efficaces entre Secrétariat, Conseil de sécurité et pays contributeurs de contingents, de manière à tenir compte de leurs opinions et leur permettre de participer activement au processus de prise de décisions dès le départ, a ajouté M. Momen.  Le représentant a également insisté sur l’importance de définir des mandats clairs et spécifiques assortis de ressources adéquates.


M. ARTHUR SEWANKAMBO KAFEERO (Ouganda) a estimé que les processus d’évaluation des opérations de maintien de la paix doivent se poursuivre jusqu’au bout.  Pour cela, il faut se pencher sur le déficit existant entre des mandats ambitieux et les ressources qui, elles, ne sont pas disponibles.  Il faut aussi examiner les causes mêmes des conflits, en prenant soin d’appuyer les efforts déployés sur le terrain.  Le représentant a aussi estimé que la coopération entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs est essentielle et passe par une clarification des mandats.  Par ailleurs, les défis auxquels la communauté internationale fait face aujourd’hui montrent bien que les Nations Unies ne peuvent les affronter toutes seules, a-t-il estimé.  Il faut, en conséquence, accroître la coopération sous-régionale et les mécanismes déjà en place à ce niveau.  Enfin, l’inclusion de tous les acteurs, à tous les processus de l’après conflit, y compris dans la reconstruction, est essentielle.  L’Ouganda appelle les Nations Unies à accroître leur cohérence en matière de maintien et de consolidation de la paix.


Droit de réponse:


Le représentant de la République arabe syrienne a exercé son droit de réponse suite à la déclaration faite hier par le représentant israélien, qu’il a qualifiée de mensongère.  Cette attitude prouve que l’occupation israélienne des territoires arabes reste toujours un problème, a dit le représentant de la Syrie.  La Syrie estime que ces allégations sont une tentative d’Israël pour distraire l’attention de la communauté internationale des propres actes criminels perpétrés dans ces territoires contre des civils non armés qui ont manifesté de manière pacifique, en mai et en juin dernier, dans le Golan occupé et en Palestine occupée.  Le représentant a affirmé que ces manifestants avaient fait l’objet de tirs à balles réelles de la part des forces israéliennes, sous les yeux des forces de maintien de la paix.  Compte tenu de cela, il s’est dit stupéfait de l’argumentation avancée par Israël, pour qui, il s’agissait « d’opérations de maintien de l’ordre ».  Il a ensuite passé en revue certaines attaques délibérées lancées par des forces israéliennes contre des forces de maintien de la paix de l’ONU au Sud-Liban.  Il a, en outre, rappelé qu’Israël refusait toujours de fournir les cartes indiquant l’emplacement des bombes à sous-munitions disséminées par ses forces au Sud-Liban, ce qui prouve bien le refus israélien de coopérer avec les Casques bleus.  Pour sa part, la Syrie coopère pleinement avec les deux missions de maintien de la paix présentes sur place, a affirmé le représentant.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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