AG/11123

Assemblée générale: l’eau et l’assainissement, toujours un besoin de développement urgent pour des millions de personnes dans le monde

27/07/2011
Assemblée généraleAG/11123
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

114e séance plénière – après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT, TOUJOURS UN BESOIN DE DÉVELOPPEMENT URGENT POUR DES MILLIONS DE PERSONNES DANS LE MONDE


« Eau, assainissement, stabilité, prospérité et paix – ces objectifs sont inexorablement liés » a déclaré cet après-midi, le Secrétaire général à l’occasion d’une réunion de l’Assemblée générale consacrée au droit à l’eau et à l’assainissement, à laquelle ont pris part le Président de la Bolivie et le Secrétaire général de l’ONU.  Les États ont souligné que pour des millions de personnes l’accès à l’eau et à l’assainissement demeure un besoin de développement urgent.


Les progrès réalisés depuis l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont insuffisants, a dit le Président de l’Assemblée générale. Il y a encore un milliard de personnes sans accès à l’eau potable et plus de deux milliards sans services d’assainissement de base. 


« Ces chiffres, mais aussi la sécheresse qui sévit à l’heure actuelle dans la Corne de l’Afrique, nous rappellent l’ampleur des inégalités dans le monde s’agissant de la satisfaction des besoins en eau », a ajouté le Président de l’Assemblée. 


La Représentante spéciale des Nations Unies sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement a appelé les États Membres à tenir compte de ce droit dans les négociations sur l’après-2015 date butoir pour la réalisation des OMD. 


C’est essentiel, s’est-elle expliquée, parce que le cadre actuel des OMD ne mesure pas l’impact de la discrimination dans l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Un État peut devenir le « champion des OMD » sans pour autant avoir réglé le sort des peuples autochtones, des habitants des bidonvilles et ou des personnes handicapées.  La vérité, a-t-elle ajouté, est que nous ne savons toujours pas combien de gens ont accès à une eau et à un assainissement répondant aux normes des droits de l’homme. 


Au mois de juillet dernier, l’Assemblée générale avait adopté une résolution sur le droit humain à l’eau et à l’assainissement, une décision qui, selon le Président de l’Assemblée, a marqué une première quant à la reconnaissance explicite de ce droit comme un droit de l’homme.


Pollution des eaux, irrégularité de la pluviométrie, mauvaises infrastructures ou encore croissance démographique et urbanisation galopante ont figuré au nombre des défis identifiés cet après-midi par les délégations, sans oublier la question de la commercialisation de l’eau.


« Si l’eau est un droit fondamental humain, elle ne devrait plus relever du négoce privé ni être livrée aux entreprises », a tranché le Président de la Bolivie.  L’eau, a-t-il souligné, est un service public.


De nombreuses délégations ont souligné que l’accès à l’eau et à l’assainissement était une condition préalable à l’élimination de la pauvreté et qu’il était de surcroit intrinsèquement lié au droit à la vie, à l’intégrité physique, à la santé, à l’alimentation et à un logement décent.  La réalisation de ce droit, a souligné la représentante du Brésil, est compatible avec le droit des États à disposer de leurs propres ressources.


Plusieurs délégations ont estimé, à l’instar du représentant de Saint-Vincent-et-les Grenadines, que la question des changements climatiques devait être rapprochée de celle de l’accès à l’eau; le réchauffement planétaire et la désertification menaçant notamment de défaire les progrès réalisés et d’entraver les efforts d’élargissement de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour des centaines de millions de personnes. 


Ce dernier a également appelé les États Membres à évaluer la véritable valeur de l’eau « utilisée, sur utilisée et gaspillée » dans les pays développés, tandis que son homologue d’El Salvador a appelé à l’adoption d’une série de mesures afin d’éviter le gaspillage et la pollution de l’eau.


L’Union européenne a rappelé que l’Allemagne et la France accueilleront respectivement une conférence sur l’eau, l’énergie et la nourriture à Bonn en novembre 2011 et le Forum de l’eau à Marseille en mars 2012.  Pour l’Union européenne comme pour les autres délégations, la Conférence Rio+20, prévue en 2012, offre une occasion unique de renouveler l’engagement politique en faveur du développement durable.


La prochaine réunion de l’Assemblée générale aura lieu demain, jeudi 28 juillet, à partir de 15 heures.


APPLICATION ET SUIVI INTEGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES


Déclarations


M. JOSEPH DEISS, Président de l’Assemblée générale, a rappelé qu’en juillet dernier, l’Assemblée générale a adopté la résolution sur le droit fondamental à l’eau et à l’assainissement, une décision qui a marqué une première quant à la reconnaissance explicite de ce droit comme un droit de l’homme.  Par la suite, en septembre 2010, le Conseil des droits de l’homme a adopté une résolution affirmant ce droit comme découlant du droit à une vie digne et à un niveau de vie convenable.  Pour des millions de personnes, a rappelé le Président, l’accès à l’eau et à l’assainissement est un besoin de développement urgent.  Le septième Objectif du Millénaire pour le développement vise la diminution de moitié, d’ici à 2015, de la proportion de la population mondiale dénuée de cet accès. 


Les progrès réalisés après 10 ans sont insuffisants, il y a encore un milliard de personnes sans accès à l’eau potable et plus de deux milliards sans services d’assainissement de base.  Le Président a donc salué l’initiative « Assainissement durable: plus que 5 ans avant 2015 », lancée par le Secrétaire général, le mois dernier.  Ces chiffres, mais aussi la sécheresse qui sévit à l’heure actuelle dans la corne de l’Afrique, nous rappellent l’ampleur des inégalités dans le monde s’agissant de la satisfaction des besoins en eau.  De nombreux défis se posent comme l’absence d’institutions étatiques fonctionnelles et le manque de ressources techniques et financières.  L’échéance de 2015 ne laisse que peu de temps pour faire une avancée décisive, a prévenu le Président, qui a espéré que la Conférence sur le développement durable qui se tiendra à Rio l’année prochaine donnera aussi une impulsion supplémentaire pour réaliser l’accès universel à l’eau et à l’assainissement. 


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a indiqué que près de la moitié de la population des pays en développement souffraient de problèmes de santé liés à une mauvaise eau et un mauvais assainissement qui, a-t-il ajouté, sont la deuxième cause de décès chez les enfants.  Il a estimé qu’alors que des progrès étaient réalisés an matière d’accès à l’eau potable, il restait beaucoup à faire dans le domaine de l’assainissement.  Il nous incombe de traduire les engagements en obligations précises, tant au niveau international que national a-t-il ajouté.


Soyons clairs, a poursuivi le Secrétaire général, le droit à l’eau et à l’assainissement ne signifie pas que l’eau doit être gratuite, mais que les services doivent être abordables et mis à la disposition de tous.  Les États, a-t-il ajouté, doivent faire tout leur possible pour que cela devienne possible.  M. Ban a qualifié d’inacceptable le fait que les habitants de bidonvilles paient jusqu’à 10 fois plus leur eau que les habitants des beaux quartiers.  Il a aussi dénoncé la situation du milliard de personnes qui vivent dans des communautés rurales sans accès à des toilettes.  Il a fustigé le fait que les eaux usagées dans les bidonvilles, les fermes et l’industrie polluaient l’environnement.


M. Ban a évoqué les répercussions de cette situation sur la santé et le développement des enfants, ainsi que l’effet d’un bon assainissement sur le renforcement des efforts de lutte contre le VIH/sida et le paludisme.  Une bonne hygiène peut également réduire l’absentéisme scolaire chez les adolescentes notamment, et contribuer ainsi à leur autonomisation et à leur égalité.


Le Secrétaire général a ensuite engagé les gouvernements qui ne l’ont pas encore fait à inclure le droit à l’eau et à l’assainissement dans leur constitution et législation nationales.  Nous devons atteindre tous ceux qui sont privés d’eau et d’assainissement, pourtant nécessaires à leur dignité et à leur bien-être.  Il a évoqué la situation d’urgence qui prévaut actuellement dans la corne de l’Afrique, observant que les efforts de secours à court terme devaient être liés à des efforts à long terme.  Il faut une transformation agricole pour améliorer la résistance des populations pastorales et minimiser ainsi l’ampleur des crises à venir.  Eau, assainissement, stabilité, prospérité et paix – ces objectifs sont inexorablement liés, a-t-il souligné.


M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, s’est félicité de ce que, grâce à l’Assemblée générale, l’accès à l’eau était devenu un droit fondamental.  Si l’eau est un droit fondamental de l’homme, a-t-il ajouté, elle ne devrait plus relever du commerce privé, ni laissée aux mains des entreprises.  Il a affirmé que le réchauffement climatique était le principal ennemi de l’eau, les sécheresses poussant les communautés à abandonner leurs villages.  Il a appelé à des programmes publics et à des investissements supplémentaires, estimant que les États doivent garantir cette ressource naturelle.


M. Morales a expliqué que la Bolivie avait commencé à établir des programmes prioritaires en matière d’accès à l’eau potable et à l’eau pour l’irrigation et le bétail.  L’eau, a-t-il insisté, est un service public.  Dénonçant le gaspillage de l’eau dans certains pays, il a souligné que l’eau devait être épargnée par la concurrence.  Les multinationales ne doivent pas demander aux États de privatiser l’eau pour leur seul profit.  L’eau, a-t-il tranché, est un droit fondamental de l’homme.


Mme CARINE DE ALBURQUERQUE, Représentante spéciale des Nations Unies sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement, a déclaré qu’au premier anniversaire de la résolution de l’Assemblée générale sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement, il faut s’interroger sur la pertinence du texte.  Beaucoup reste à faire, a-t-elle répondu, mais des initiatives sont lancées qui montrent que la reconnaissance de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit peut réellement faire la différence.  La résolution de l’Assemblée comme celle du Conseil des droits de l’homme ont donné le sentiment d’urgence que l’on attendait tous. 


Après avoir passé en revue ses activités, la représentante a appelé les États Membres à tenir compte de ce droit dans les négociations sur l’après-2015, date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  C’est essentiel, s’est-elle expliquée, parce que le cadre actuel des OMD ne mesure pas l’impact de la discrimination dans l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Un État peut devenir le « champion des OMD » sans pour autant avoir réglé le sort des peuples autochtones, des habitants des bidonvilles et ou des personnes handicapées.  La qualité de l’eau n’est pas surveillée dans le monde entier.  Le prix de l’eau et la distance à parcourir pour s’en procurer ne sont pas mesurés.  La vérité est que nous ne savons toujours pas combien de gens ont accès à une eau et à un assainissement répondant aux normes des droits de l’nomme.  En la matière, elle a souligné l’importance de la volonté politique et d’une gestion saine. 


M. PEDRO SERRANO, Union européenne, a dit l’intention de l’UE d’inscrire la  gestion durable de l’eau comme une priorité de sa politique du développement.  En attendant, il a attiré l’attention sur la Stratégie commune Union européenne-Union africaine lancée en novembre dernier.  Il a ajouté qu’en 2010, l’Union européenne a aussi lancé une initiative visant à fournir un milliard d’euros aux pays de l’ACP pour les secteurs de l’eau et l’assainissement.  Il a aussi indiqué que l’Allemagne et la France vont accueillir respectivement une Conférence sur l’eau, l’énergie et la nourriture à Bonn, en novembre 2011 et le Forum de l’eau à Marseille en mars 2012.  Pour l’Union européenne, la Conférence Rio+20 offre une occasion unique de renouveler l’engagement politique en faveur du développement durable.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil), a affirmé que l’accès à l’eau et à l’assainissement était une condition préalable à l’élimination de la pauvreté et qu’il était de surcroit intrinsèquement lié au droit à la vie, à l’intégrité physique, à la santé, à l’alimentation et à un logement décent.  La réalisation de ce droit, a-t-elle ajouté, est compatible avec le droit des États à disposer de leurs propres ressources en eau.  Elle a affirmé le rôle central que jouent les institutions de l’ONU en la matière.


M. FERNÁNDEZ-ARIAS MINUESA (Espagne), a estimé que la reconnaissance du droit à l’eau devait se faire sous l’angle des droits de l’homme.  Il a engagé les États Membres à élaborer des plans d’action nationaux en la matière et à identifier les pratiques exemplaires dans ce domaine.  Il a évoqué l’importance de la reddition des comptes.


M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou), a souligné l’importance de l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Il a expliqué que le Pérou accordait une valeur socioéconomique, culturelle et écologique à l’eau.  Il a souligné l’importance qu’il y a à assurer la participation de la population à toutes les décisions concernant l’accès à l’eau.  Il a prôné une répartition des ressources capables de permettre à chacun de jouir de ce droit qui, a-t-il ajouté est intimement lié au droit à la vie.


M. FREDERICK D. BARTON (États-Unis), s’est dit préoccupé par l’importante proportion de la population mondiale qui n’a pas accès à l’eau.  Il a appelé les gouvernements à prendre des mesures pour faire respecter le droit à l’eau et assurer l’accès universel à l’eau potable.  Des ressources budgétaires nécessaires doivent y être accordées.  L’accès à l’eau devrait également être interprété comme étant l’accès à l’eau en qualité et en quantité suffisantes pour cuisiner de même que pour répondre aux besoins d’hygiène personnelle.  Il a également souligné l’importance d’assurer la transparence des services et des politiques et d’appuyer la bonne gouvernance.


M. EMMANUEL BONNE (France), a jugé nécessaire de transcrire en réalité le droit à l’eau potable et à l’assainissement.  C’est dans cet esprit qu’il s’est félicité du travail effectué par la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies qui prépare un guide sur les pratiques exemplaires en matière d’accès équitable à l’eau.  Il a remercié les nombreux pays qui ont défendu la résolution déposée par la France à l’Assemblée mondiale de la santé qui appelle les États Membres, l’OMS en particulier et l’ONU en général, mais aussi les autres parties prenantes, à une meilleure intégration des politiques d’eau, d’assainissement et de santé publique.  Il a précisé que la France accueillera à Marseille le sixième Forum mondial de l’eau, du 12 au 17 mars 2012.  Il a indiqué que le droit à l’eau potable et à l’assainissement est une priorité de l’action internationale de la France et que le Forum doit être l’occasion de renforcer la mobilisation à ce sujet.


M. MAGED ABDEL-FATTAH ABDEL-AZIZ (Égypte), a estimé que la réalisation de l’objectif d’accès universel à l’eau et à l’assainissement exigera une approche globale et intégrée, au niveau international, fondé sur plusieurs piliers, les plus importants étant les défis posés par les changements climatiques, la promotion de la coopération internationale en matière de technologies, l’octroi des ressources financières dont l’aide publique au développement et l’appui aux stratégies nationales de recherche et développement.  Les Nations Unies et la communauté internationale doivent intensifier leurs efforts en la matière, a insisté le représentant.


M. BENITEZ VERSÓN (Cuba), a rappelé que 3,5 millions de personnes mouraient chaque année de maladies véhiculées par l’eau insalubre.  Trois milliards de personnes subiront la conséquence de la pénurie d’eau d’ici à 2025 si nous n’agissons pas avec urgence.  La pénurie d’eau due aux changements climatiques affectera gravement la productivité agricole et la sécurité alimentaire des pays en développement.  Il faut un fonds qui ne soit pas soumis au « diktat » de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).  Il faut un fonds qui pourrait fournir les ressources financières et technologiques nécessaires à une gestion intégrée de l’eau et des écosystèmes.  L’accès à l’eau est un droit fondamental qui ne doit pas être détourné au profit d’activités lucratives.


M. ASKAROV (Ouzbékistan), s’est inquiété de l’impact négatif des sécheresses persistantes dans son pays sur la réalisation des OMD.  Il a cité la dégradation de l’environnement et la chute de la productivité agricole.  Il a aussi cité le cas de la Mer d’Aral qui s’assèche d’année en année.  Il a précisé que l’Ouzbékistan avait déjà consacré un milliard de dollars à l’amélioration de la qualité de 740 hectares de terres arables.  Il a rappelé l’importance des textes de référence de l’ONU qui stipulent que toutes les décisions sur l’utilisation des rivières transfrontières ne doivent en aucun cas porter préjudices aux intérêts et à l’environnement des pays voisins.  Il s’est opposé à toute construction de barrages hydroélectriques en amont des rivières transfrontalières d’Asie centrale


M. MIGUEL BERGER (Allemagne), a souligné la nécessité de penser « grand » et non seulement en termes d’« étude technique de faisabilité ».  Nous devons adopter une approche fondée sur les droits de l’homme si nous voulons créer des solutions durables.  Les questions de la sûreté, de la qualité, de la quantité, de la disponibilité, de l’accessibilité physique et économique de l’eau et de l’assainissement doivent recevoir l’attention requise.  Ignorer ces paramètres, c’est ignorer les besoins réels de ceux qui doivent jouir du droit à l’eau et à l’assainissement.  Il faut aussi reconnaître qu’il n’y pas un modèle unique de mettre en œuvre.  Mais le dénominateur commun demeure la réalisation de ce droit et dans ce contexte, le représentant a dit attendre avec intérêt la liste des pratiques exemplaires que doit présenter la Représentante spéciale.


M. CARLOS ENRIQUE GARCÌA GONZÁLEZ (El Salvador), a souligné que la réalisation de nombreux droits de l’homme était liée à l’accès à l’eau.  Il a indiqué que cet accès dans les zones rurales de son pays était insuffisant, mais que le Gouvernement s’efforçait de réaliser des progrès.  Il a appelé à des mesures pour éviter les gaspillages et la pollution.  On ne doit pas non plus tirer un profit commercial de l’exploitation de l’eau, a-t-il ajouté, avant de souligner le rôle des forêts dans la conservation des eaux et la nécessité de protéger le couvert forestier.


Mme SIGNE BURGSTASLLER (Suède), a souligné qu’une gestion juste et durable des ressources en eau est une condition préalable au développement durable, à une croissance économique inclusive et à la réalisation des OMD.  La future Conférence Rio+20 offre ainsi une occasion « stratégique » de mieux traiter ce défi et de rendre l’eau potable et l’assainissement accessibles à tous, en particulier aux femmes qui jouent un rôle central pour répondre aux besoins en eau des communautés et des ménages. 


M. CAMILLO M. GONSALVES (St Vincent et les Grenadines), a appelé les États Membres à opérationnaliser la résolution adoptée l’an dernier par l’Assemblée générale.  Notre capacité à répondre à cet appel sera jugée par les 884 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et par les 2,6 milliards de personnes qui n’ont pas accès à l’assainissement, a-t-il prévenu.  Il a estimé que cette réunion devait reconnaitre la fragilité des avancées réalisées par les pays en développement ainsi que les menaces au droit à l’eau potable.  Il a averti que les changements climatiques et la désertification menaçaient de défaire les progrès réalisés et d’entraver les efforts d’élargissement de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour des centaines de millions de personnes. 


Il a expliqué que dans son pays, des sécheresses inhabituelles avaient contraint son gouvernement à acheminer de l’eau aux autres îles de l’archipel, avec l’impact que l’on sait sur l’agriculture et la production d’hydroélectrique.  M. Gonsalves a indiqué que la coopération au développement et l’augmentation des ressources revêtaient une importance critique.  Il a appelé la communauté internationale à faire figurer la question de l’eau en tête de l’agenda politique, à lier les changements climatiques à l’accès à l’eau, et à évaluer la véritable valeur de l’eau « utilisée, sur-utilisée et gaspillée » dans les pays développés.


Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua), a expliqué que son gouvernement avait consacré de nombreux efforts à l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement et s’était opposé au processus de privatisation de l’eau lancé par les gouvernements précédents.  Elle a rappelé que 80% des maladies dans le monde étaient dues à une mauvaise qualité de l’eau, avant d’appeler la communauté internationale à se mobiliser pour améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement.  La représentante a affirmé que la coopération au développement doit respecter les droits de l’homme.


Mme ZINA ANDRIANARIVELO-RAZAFY (Madagascar), a souligné que chaque État avait le devoir et l’obligation d’assurer la pleine jouissance du droit fondamental à l’eau et à l’assainissement consacré par l’Assemblée générale.  Évoquant les activités impulsées par le Ministère malgache de l’eau, la représentante a insisté sur le lien entre droit à l’eau et réalisation des OMD afin d’assurer les conditions de croissance économique et de bien-être de la population. 


La politique et les stratégies nationales de l’assainissement, adoptées en novembre 2008, renforcent le cadre législatif et réglementaire mis en place par le Gouvernement, a-t-elle noté, ajoutant que cet effort était axé sur la protection de l’environnement, l’apprivoisement en eau potable et le traitement des eaux usées.  La représentante a aussi mentionné l’initiative « Diorano WASH Madagascar », une plateforme regroupant des entités gouvernementales, des ONG et autres partenaires, et grâce à laquelle des progrès considérables ont été accomplis.  


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a présenté les efforts de son pays pour réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable et à l’assainissement, conformément aux OMD.  Il a cité une reforme législative pour améliorer la gestion de l’eau et l’accès des populations les plus défavorisées.  Il a salué la participation du secteur privé aux progrès enregistrés même si des efforts restent à faire sur la gestion et la distribution de l’eau potable, a-t-il reconnu.  Il a cité des initiatives de gestion des eaux en surface et de ruissellement.  La coopération internationale est indispensable pour aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement, a-t-il rappelé. 


M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) s’est félicité de ce que de nombreux pays s’engagent à reconnaître l’accès à l’eau et à l’assainissement comme un droit de l’homme.  Il a regretté que la communauté internationale n’ait pas réagi plus vite à la catastrophe qui se joue dans la corne de l’Afrique.  Il a dit que Djibouti était l’un des pays les plus déficients en ressources en eau et qu’il risquait de n’avoir plus aucune source d’eau potable dans les 25 prochaines années.  Il a précisé que Djibouti faisant partie des 17 pays décrits comme présentant un risque extrême en matière de disponibilité de l’eau.  Il a dit que la surexploitation de l’eau était aggravée par la croissance démographique, le recours croissant à l’irrigation, la corruption et la mauvaise gestion des ressources.  Il a jugé indispensable pour son pays d’investir dans des centrales de désalinisation et de réservoirs d’eau potable.


M. THEMBELA NGCULU (Afrique du Sud) a précisé que son pays a adopté en 2003 un Cadre stratégique des services liés à l’eau qui vise notamment à permettre à tous les Sud-Africains d’accéder à des services sanitaires de base.  Ce Cadre vise aussi à offrir à toutes les écoles et toutes les cliniques un accès à l’eau potable et à l’assainissement.  L’Afrique du Sud travaille étroitement avec les autres pays africains sur la gestion des ressources en eau pour un développement économique et social durable et la préservation des écosystèmes.  Il a également précisé que son pays utilisait les programmes du NEPAD et de la SADC dans le souci de promouvoir les droits de tous les Africains à l’eau et à l’assainissement.  Il a indiqué que l’Afrique du Sud a atteint dès 2008 l’OMD consacré à l’accès à l’assainissement de base.  Néanmoins, il a regretté que l’accent n’ait pas été mis sur la performance durable des services rendus.


M. CSABA KÖRÖSI (Hongrie) a dit que la Hongrie souhaitait partager son expérience en matière de gestion d’eau et a jugé indispensable une base juridique solide pour garantir une bonne gestion de l’eau aux niveaux national et international.   


M. JEAN-DANIEL VIGNY (Suisse) a reconnu que la situation actuelle dans le monde requiert un accroissement des finances par et vers les pays à bas revenu.  La taskforce « Sanitation Water for all », soutenue par de nombreux partenaires dont la Suisse, vise à stimuler le dialogue et les engagements sur cette thématique au niveau mondial.  Le Parlement suisse, a indiqué le représentant, a accepté un accroissement de l’aide publique au développement, concentré principalement sur le secteur de l’eau.  La coopération suisse a décidé de soutenir la création et le cofinancement d’un consortium d’ONG suisses qui se focalisera sur les pays où la couverture en eau et assainissement est la plus faible, notamment dans les pays fragiles.  Les progrès enregistrés sur le plan de la reconnaissance du droit à l’eau doivent se traduire en solutions concrètes qui puissent être mises à l’échelle, a insisté le représentant, en arguant que le Protocole sur l’eau et la santé est un bon exemple de solution concrète.   


M. GARY QUINLAN (Australie) a indiqué que son pays était l’un des continents habités les plus sec au monde, reconnaissant dans la foulée que l’accès à l’eau et à l’assainissement était fondamental à la réalisation de tout un éventail de droits de l’homme.  La sécheresse que connait la corne de l’Afrique est un rappel tragique de l’impact que peut avoir une pénurie d’eau, a souligné le représentant.  À moins d’assurer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, la communauté internationale ne sera pas en mesure de réaliser les OMD.  Il a jugé improbable qu’un milliard de personnes puissent avoir accès à l’assainissement d’ici à 2015.


M. Quinlan a indiqué que depuis 2008, l’Australie avait contribué à hauteur de 330 millions de dollars à l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans des pays en développement et qu’elle prévoyait de verser un milliard de dollars supplémentaires au cours des quatre prochaines années.  Au titre des défis qui demeurent, il a notamment évoqué la pollution des eaux, les pluviométries capricieuses et une mauvaise infrastructure ainsi que la croissance démographique et une urbanisation galopante.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a indiqué que son gouvernement avait amélioré la gestion du captage des eaux ainsi que les systèmes d’évacuations des eaux usées dans les milieux urbains et semi-urbains.  Ces initiatives nous ont valu le Prix des Objectifs du Millénaire pour le développement, s’est-il enorgueilli.  Il a indiqué que la variabilité de la pluviométrie posait problème et que le Burkina Faso avait donc lancé en coopération avec le Maroc un programme de provocation des pluies.


M. HUSSAIN THILMEEZA (Maldives) a commencé par présenter la politique de son pays en vue de garantir un accès équitable à l’eau « potable ».  La gestion des ressources en eau des Maldives est d’autant plus compliquée que l’eau douce y est rare.  Sur les plus grandes îles de l’archipel, on fait désormais appel aux techniques de désalinisation.   Face au constat que plus de 884 millions de personnes n’ont toujours pas accès à une eau de qualité acceptable et que 2.6 milliards vivent sans accès à l’assainissement, le délégué s’est dit extrêmement « alarmé » et a exigé qu’une « action urgente pour des changements réels ».  Il a souligné que la croissance démographique et le développement économique à l’échelle mondiale mettent une pression supplémentaire pour que l’on s’occupe sérieusement de la question de l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Le fait d’avoir reconnu le droit à l’eau et à l’assainissement comme un droit fondamental est un réel succès car il témoigne de la volonté politique de la communauté internationale de s’engager dans la recherche de solutions concrètes, a conclu le représentant.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a précisé qu’en Afrique et en Asie une femme doit parcourir en moyenne 6 kilomètres chaque jour pour se procurer de l’eau.  Il a accueilli avec satisfaction l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale et salué la création du « Blue Group ».  Il a précisé que le Maroc est engagé depuis les années soixante dans une politique de construction de barrages qui a permis de porter le capacité de stockage à 17 milliards de mètres cubes.  Il a dit que la quasi-totalité de la population urbaine et 60% de la population rurale a accès à l’eau potable au Maroc.  Un effort conséquent a été déployé à travers le programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER) au profit de 11 millions d’habitants dans 31 000 localités.  De même, il a cité la création de centaines de stations d’épuration dans les petites et moyennes villes qui ont permis d’enregistrer des résultats significatifs.


M. VALERO BRICEFIO (Venezuela) a déclaré que le faible accès à l’eau et à l’assainissement découle des relations de pouvoirs injustes qui caractérisent le système capitaliste du monde.  Il faut revoir les règles de la concurrence et du marché pour faire triompher les principes de solidarité, a-t-il dit, en précisant que l’accès à l’eau et à l’assainissement était garanti au Venezuela.  La loi précise que l’eau est un bien social et un bien public qui ne peut tomber dans le domaine privé au Venezuela.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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