AG/11120

Assemblée générale: des délégations dont la Chine et la Fédération de Russie ne voient pas d’alternative à la Conférence du désarmement pourtant bloquée depuis plus de dix ans

27/07/2011
Assemblée généraleAG/11120
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

113e séance plénière - matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: DES DÉLÉGATIONS DONT LA CHINE ET LA FÉDÉRATION DE RUSSIE NE VOIENT PAS D’ALTERNATIVE À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT POURTANT BLOQUÉE DEPUIS PLUS DE DIX ANS


Après la Réunion de haut niveau du 24 septembre 2010, l’Assemblée générale a repris ce matin, ses discussions sur les moyens de surmonter « une paralysie de plus de 10 ans » à la Conférence du désarmement.  Malgré ce blocage, des délégations dont la Chine et la Fédération de Russie n’ont vu aucune alternative à la Conférence. 


« Le problème n’est pas le véhicule mais le conducteur », a diagnostiqué le Secrétaire général des Nations Unies, en ajoutant: » « Ce qui fait défaut, c’est un bon alignement parfait des priorités politiques et des objectifs multilatéraux ».


Outre le discours de M. Ban Ki-moon, l’Assemblée a entendu une vingtaine d’interventions dont celles des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, également puissances nucléaires, de l’Union européenne et du Mouvement des pays non alignés (NAM).


Si toutes les interventions ont reconnu que la persistance du blocage ne peut que nuire à la crédibilité et au statut même de la Conférence du désarmement, seul organisme multilatéral de négociation sur la question, les diagnostics ont divergé.  Abondant dans le sens du Secrétaire général, le Président de l’Assemblée a dénoncé le manque d’une « véritable » volonté politique d’avancer ». 


M. Joseph Deiss a fustigé ceux qui attribuent l’impasse à la « règle du consensus » qui, a-t-il plaidé, fait partie des règles de base du fonctionnement de la Conférence.  Arguant qu’il est toujours souhaitable que les décisions bénéficient d’une large assise, il a voulu que cette règle ne devienne pas un facteur de blocage ou un droit de veto implicite. 


En soulignant que l’absence de consensus ne porte que sur des questions d’organisation, le représentant de l’Italie a attribué l’impasse plutôt plus qu’à un manque de volonté politique, à une « utilisation abusive » du Règlement intérieur.  De nombreuses délégations ont tout de même attribué le blocage au refus d’un « État » d’entamer des négociations sur un traité relatif à l’interdiction de la production des matières fissibles.  La représentante du Brésil s’est montrée dubitative.  Un tel traité, a-t-elle dit, n’aurait que peu ou pas d’effet du tout sur le désarmement nucléaire.


Comment surmonter la paralysie de la Conférence?  Le Président de l’Assemblée s’est fait le partisan d’« approches informelles » avant que le Secrétaire général ne propose la création d’un panel d’éminentes personnalités, d’un comité ad hoc de l’Assemblée ou d’une conférence de l’ONU.  


Le représentant de Cuba, membre du Mouvement des pays non alignés, a voulu rappeler qu’en matière de désarmement, la Conférence n’est pas la seule en échec; la Commission du désarmement ayant conclu son travail pour la douzième fois sans faire de recommandations substantielles et la Première Commission continuant d’adopter des dizaines de résolutions jamais mises en œuvre. 


Le représentant de Cuba a mis en garde contre la tentation de remplacer la Conférence par des dispositifs « sélectifs et improvisés » en dehors du cadre de l’ONU.


Abondant dans ce sens, le représentant de la Fédération de Russie s’est refusé à toute « thérapie de choc » qui ne ferait qu’étendre le problème aux autres organes de désarmement.  Déplacer les processus de négociation vers des voies parallèles serait contraire à l’universalité des accords, a-t-il dit. 


L’autorité de la Conférence doit être respectée, a renchéri le représentant de la Chine.  L’idée d’un autre cadre de négociation ne débouchera pas sur un traité satisfaisant, a-t-il dit, en appelant les membres de la Conférence à faire preuve de sagesse politique et à mobiliser l’ensemble de leur « créativité diplomatique ». 


Il n’y a pas d’alternative à la Conférence, a prévenu la représentante du Brésil.


Partisan précisément de « voies alternatives », l’Union européenne n’a pu s’empêcher de relever les succès obtenus, ces dernières années, en dehors du cadre de la Conférence, dont l’adoption de la résolution 1887 du Conseil de sécurité, le nouveau traité START entre les États-Unis et la Fédération de Russie, le Sommet de Washington sur la sécurité nucléaire et la dernière Conférence d’examen du TNP.   La représentante des États-Unis a reconnu que dans sa « forme actuelle », la Conférence ne s’est pas vraiment montrée capable de mener des négociations.  Elle s’est félicitée de la réunion inédite, comme l’a indiqué son homologue de la France que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, et également puissances nucléaires, ont tenu à parier le 30 juin et le 1er juillet sur les questions de désarmement.


SUIVI DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU DU 24 SEPTEMBRE 2010 DESTINÉE À REVITALISER LES TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ET À FAIRE AVANCER LES NÉGOCIATIONS MULTILATÉRALES SUR LE DÉSARMEMENT


Déclarations


M. JOSEPH DEISS, Président de l’Assemblée générale, a regretté la « paralysie »qui caractérise la Conférence du désarmement depuis plus de 10 ans. Si la Conférence ne retrouve pas son élan, elle est en passe d’être discréditée et de devenir complètement inutile, a-t-il prévenu.


Il a remercié le Secrétaire général pour ses efforts afin de redonner du dynamisme à la Conférence, notamment grâce à l’organisation de la Réunion de haut niveau qui a eu lieu en septembre 2010.  Le fait que le suivi de la Réunion soit désormais inscrit à la fois dans l’agenda de la Première Commission et celui de l’Assemblée générale donne l’opportunité aux États Membres de discuter de la question.  Il a rappelé que L’Assemblée générale est habilitée à faire des recommandations aux États Membres en la matière et a invité les délégations à le faire.  Il a précisé que la Première Commissiona inclus le sujet à l’agenda de la prochaine session et l’a encouragé à donner un « signal fort » à la Conférence, en vue de surmonter son immobilisme.


Afin de revitaliser la Conférence, le Secrétaire général a aussi donné pour mandat au Conseil consultatif sur les affaires de désarmement de se consacrer exclusivement à la situation de la Conférence pendant ses deux sessions de travail de 2011.  Il a espéré que les recommandations contenues dans le rapport élaboré par le Conseil retiendront toute l’attention des membres de la Conférence et de l’ensemble des États membres de l’Assemblée générale.  Il a estimé que la création d’un panel de haut niveau composé de personnalités pourrait être un moyen d’apporter une perspective nouvelle et de revitaliser la Conférence.


Jugeant fondamental d’identifier la vraie source du blocage, M. Deiss a regretté que certains jettent la faute sur la « règle du consensus ».  Celle-ci fait partie des règles de base du fonctionnement de la Conférence, et il est toujours souhaitable que les décisions bénéficient d’une large assise, a-t-il dit, en souhaitant que cette règle ne devienne pas un facteur de blocage ou un droit de veto implicite.


Ce qui manque aujourd’hui c’est une « véritable » volonté politique d’avancer, a estimé M. Deiss en appelant à une approche flexible, utilisant l’ensemble des instruments à disposition pour le désarmement, et se basant sur un renforcement de la diplomatie de négociation et de persuasion pour venir à bout des résistances et créer un climat de confiance.


Il s’est dit convaincu de l’utilité des « approches informelles », non pour contourner la Conférence et lui faire perdre sa légitimité, mais pour lui faire retrouver l’efficacité qu’elle a eue dans le passé.  Il a dit que l’approche intégrée des questions de désarmement et de non-prolifération était une des grandes qualités du programme de travail adopté en 2009, résultat d’un « équilibre subtil » entre les divers intérêts et préoccupations des États Membres.  Je suis confiant que les États membres de la Conférence vont, en définitive, prendre leurs responsabilités, négocier un nouveau programme de travail et surtout, le mettre en œuvre, a conclu le Président de l’Assemblée générale.


« Nous nous réunissons en plein milieu d’une crise grandissante de la confiance », a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies.  Que faire quand l’unique forum multilatéral de négociation en matière de désarmement est incapable de s’acquitter de son mandat?  Comment le monde peut-il relancer le processus d’établissement des normes de désarmement applicables universellement?, a-t-il aussi demandé.


Le Secrétaire général a rappelé qu’à l’issue de la Réunion de haut niveau du 24 septembre 2010, il avait proposé quatre mesures.  Il avait d’abord appelé la Conférence de désarmement à réadopter son programme de travail de 2009, et cet appel est resté vain, a-t-il regretté.  Il a engagé les États Membres à un changement orienté vers l’action dans l’attente du statut final de la session de 2011. 


J’avais ensuite proposé, a rappelé le Secrétaire général, que l’Assemblée générale inscrive le suivi de la Réunion de haut niveau à l’ordre du jour de sa prochaine session, ce qui a été fait.  J’avais aussi demandé, a-t-il encore rappelé, au Conseil consultatif sur les questions de désarmement d’examiner les questions soulevées au cours de la Réunion de haut niveau.  Le Conseil l’a fait et mon rapport est sur la table, a dit le Secrétaire général.


Enfin, j’avais dit que je soumettrai un rapport sur la Réunion de haut niveau et son suivi à la première session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TNP) prévue en 2015.


Le Secrétaire général a passé en revue les options qui se présentent à ce stade et d’abord le statu quo qui risque de rendre la Conférence du désarmement obsolète et sans pertinence.  La deuxième option serait d’examiner les différentes propositions pour une réforme fondamentale de l’appareil multilatéral de désarmement, mais aucune d’elles ne remporte le consensus.  La troisième privilégie un changement progressif et là encore aucun consensus n’existe.


En tant que Secrétaire général, a confié M. Ban, je ne vois aucun défaut fondamental dans l’appareil de désarmement de l’ONU qui pourrait expliquer l’impasse actuelle.  « Le problème n’est pas le véhicule mais le conducteur », a-t-il lancé, car ce qu’il faut, c’est un alignement parfait des priorités politiques et des objectifs multilatéraux en matière de désarmement.   


Si les différences persistaient, on peut considérer la création d’un panel d’éminentes personnalités et les États Membres pourraient mener des consultations dans un comité ad hoc de l’Assemblée générale ou une conférence de l’ONU.


Il n’y a pas de solution miracle et le chemin ne sera pas facile, a averti le Secrétaire général.  Mais nous ne devons jamais abandonner le multilatéralisme ni notre respect des normes universelles et des idéaux de l’ONU.  En matière de désarmement, comme pour tout « bien public mondial », notre objectif n’est pas de défendre les choix de certains mais l’intérêt commun de tous.


Si la Conférence sur le désarmement reste dans l’impasse, l’Assemblée générale a le devoir d’intervenir.  La Conférence ne saurait éternellement être l’otage d’un ou de deux États Membres, a-t-il dit, rappelant que les préoccupations devraient faire l’objet de négociations.  Mettons fin à ce long cycle de stagnation, a conclu le Secrétaire général.


Intervenant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a réitéré l’importance du multilatéralisme en tant que principe de désarmement.  Il a jugé critique que les États dotés de l’arme nucléaire assument leur responsabilité.  Il a jugé urgent d’entamer des négociations sur un désarmement nucléaire complet dans un cadre et un calendrier déterminés.  Il a souhaité que les initiateurs de la résolution 1995 sur le Moyen-Orient prennent les mesures nécessaires pour convoquer une conférence en 2012 sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) et autres armes de destruction massives au Moyen-Orient, et a regretté l’absence de volonté politique de certains États Membres qui est un frein à l’efficacité des organes de désarmement des Nations Unies. 


M. PEDRO SERRANO, Chef de la délégation de l’Union européenne, s’est félicité des progrès observés dans le domaine du désarmement nucléaire ces dernières années, en citant la résolution 1887 du Conseil de sécurité, le nouveau traité START entre les États-Unis et la Fédération de Russie, le Sommet de Washington sur la sécurité nucléaire, et la dernière Conférence d’examen du TNP.  Malgré ces avancées, il s’est dit préoccupé par le blocage de certains mécanismes de désarmement.  Il a estimé indispensable de s’entendre sur la négociation d’un traité sur l’arrêt de la production des matières fissiles.  La règle du consensus ne doit pas être détournée, a-t-il dit en jugeant essentiel d’examiner les méthodes de travail.  Les instances de délibérations de l’ONU sont en deçà de leur objectif depuis une décennie, a-t-il déploré, en invitant la communauté internationale à trouver des voies alternatives pour contourner cette impasse.  Il a exhorté la Conférence à inclure les États observateurs comme membres de plein droit.


Intervenant au nom des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, M. GERARD ARAUD (France) s’est dit gravement préoccupé par l’enlisement de la Conférence et l’absence de tout progrès depuis l’année dernière.  Dix mois après la Réunion de haut niveau, ce débat est l’occasion d’examiner les voies et moyens de progresser.  Il s’est félicité des éléments positifs dont l’adoption d’un Plan d’action sur les trois piliers du TNP.  Il a précisé que les cinq membres permanents sont déterminés à jouer leur rôle.  Le 30 juin et le 1er juillet 2011, ces membres se sont réunis à Paris pour examiner la mise en œuvre des engagements pris lors de la Conférence sur le TNP, lançant ainsi une initiative inédite. 


Le représentant a souligné l’importance de parvenir à une capacité élargie de vérification, à une meilleure protection du pilier de non-prolifération du TNP pour réagir aux menaces de retrait du Traité et de renforcer les garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  En tant que seul organe multilatéral de négociations du désarmement, la Conférence, a-t-il dit, doit adopter un programme d’action global et équilibré pour reprendre ses travaux dans les meilleurs délais.  Un élément clef dans la mise en œuvre de l’article 6 du TNP est la négociation d’un traité d’interdiction de la production des matières fissiles, a-t-il insisté. 


Intervenant en sa qualité nationale, M. Araud a déclaré: « nous devons montrer à ceux qui bloquent la Conférence qu’ils vont à contresens de l’histoire ».  La France a montré l’exemple, a-t-il conclu, lorsqu’elle a démantelé de manière irréversible ses installations de production des matières fissiles.


M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie), intervenant au nom de l’Initiative de désarmement et de non-prolifération, a déclaré qu’il était urgent de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a noté avec regret que la Conférence n’avait pas été en mesure de mettre en œuvre le Plan d’action du TNP 2010.  Au lieu d’aller de l’avant, la Conférence fait marche arrière, a-t-il déploré, observant que la situation nuit à la crédibilité de la Conférence et menace les intérêts à long terme de la communauté internationale.  Il a appelé la Conférence à lancer immédiatement des négociations sur le traité relatif à l’interdiction de la production des matières fissiles.


Si la patience est une vertu, la passivité ne l’est pas, a rappelé le représentant.  Il a estimé que si la situation persistait, la soixante-sixième session de l’Assemblée générale devait envisager par quel moyen relancer les négociations.  Il a estimé, à cet égard, que la création d’un groupe d’experts scientifiques serait utile.  Il a ensuite appelé la Première Commission de l’Assemblée générale à améliorer sa visibilité.


M. MICHAEL TATHAM (Royaume-Uni) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a ensuite annoncé que le Royaume-Uni allait convoquer une réunion d’experts et a estimé que le travail de son pays avec la Norvège avait démontré que la coopération des États non dotés d’armes nucléaires était nécessaire pour parvenir à des procédures techniques acceptables en matière de désarmement. 


Il a souligné que le traité relatif à l’arrêt de la production des matières fissiles marquerait un pas décisif et a regretté, en conséquence, qu’un seul État Membre bloque le processus.  Pour M. Tatham, le blocage de la Conférence est très mauvais pour le multilatéralisme.  Elle doit montrer qu’elle est toujours face aux défis du vingt-et-unième siècle.


Mme ROSE GOTTEMOELLER (États-Unis) a affirmé l’engament du Président des États-Unis à voir l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Elle a évoqué certains des succès réalisés en la matière en dehors de la Conférence, se félicitant notamment de l’entrée en vigueur du nouveau traité START.  Évoquant la réunion des cinq membres permanents du Conseil de sécurité à Paris, elle a estimé que ce type d’initiative était utile à la mise en place d’un processus de dialogue continu.


La représentante a ensuite souligné que les négociations sur le traité sur l’arrêt de la production des matières fissiles est une priorité importante pour les États-Unis, regrettant, à son tour, qu’un seul État bloque ce processus.  C’est à cause de cette impasse, que nous avons décidé de lancer des négociations, a-t-elle expliqué.


Tournant ensuite son attention sur l’appareil de désarmement de l’ONU, Mme Rose a estimé qu’une présidence tournante de la Conférence la rendrait plus représentative.  Mais, a-t-elle ajouté, il faut être réaliste quant aux causes sous-jacentes de l’impasse.  L’appareil en soi n’en est pas la cause même si sous sa forme actuelle, la Conférence n’a pas encore fait la preuve de sa capacité à être un instrument de négociation.  Elle a estimé que les appels à la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale étaient « au mieux une distraction ».


M. WANG MIN (Chine) a estimé que l’autorité de la Conférence devait être respectée et maintenue, arguant que pour remplir son double objectif de désarmement nucléaire et de non-prolifération, le traité sur l’arrêt de la production des matières fissiles devait être négocié dans ce cadre.  Il a estimé que les préoccupations légitimes des États devaient bénéficier d’une attention et d’un traitement équitables et être pleinement respectées pendant les négociations.  M. Wang a engagé les États Membres à maintenir leur confiance dans la Conférence et à faire preuve de créativité.  L’idée d’un autre cadre de négociation ne débouchera pas sur un traité satisfaisant, a-t-il notamment argué, appelant les membres de la Conférence à faire preuve de sagesse politique et à mobiliser l’ensemble de leur « créativité diplomatique ». 


Il a voulu que les efforts visent à faire avancer le travail de la Conférence dans le détail.  Outre les négociations sur le traité, elle doit effectuer un travail substantiel sur les questions du désarmement nucléaire, de prévention de la course à l’armement dans l’espace extra-atmosphérique et des garanties de sécurité aux États non nucléaires.  Le représentant a ensuite fait savoir que la Chine souhaitait lancer les négociations sur le traité dès que possible.  Ma délégation, a-t-il ajouté, espère que toutes les parties respecteront les préoccupations légitimes de chacun et poursuivront le dialogue d’une manière sérieuse, équitable et transparente. 


Intervenant au nom de 41 États Membres de toutes les régions du monde,  M. HERMAN SCHAPER (Pays Bas) a regretté que la Conférence de désarmement ne réponde pas aux besoins urgents de sécurité et affaiblisse le système multilatéral de désarmement.  Il a jugé l’impasse inacceptable et rappelé que la Réunion de haut niveau du 24 septembre 2010 a été l’occasion de souligner la volonté de la communauté internationale de passer des paroles aux actes et sans retard.  Si les mécanismes multilatéraux de désarmement ne parviennent pas à mettre fin à la crise, la communauté internationale et l’Assemblée générale devront imaginer les voies et moyens de surmonter ce problème.  Nous devons assumer nos responsabilités et examiner ces questions sans aucun retard.  La responsabilité des difficultés actuelles incombe aux États Membres, s’est-il impatienté.


M. KIM SOOK, République de Corée, a prévenu que toute paralysie prolongée pourrait remettre en cause le statut même de la Conférence du désarmement.  Il faut que les États Membres fassent preuve de souplesse pour faire redémarrer les travaux.  Il a appuyé la proposition du Comité consultatif pour les questions de désarmement de créer un groupe de personnalités éminentes qui pourrait mener des négociations en coulisse pour faire avancer la cause du désarmement.  Une stimulation extérieure pourrait être très utile, a-t-il insisté.  Il s’est dit persuadé que l’amorce de négociations d’un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles imprimera un élan à d’autres questions comme la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.


M. NIKITA Y. ZHUKOV (Fédération de Russie) a mis l’accent sur l’importance de la triade du désarmement, à savoir la Conférence du désarmement (CD), la Commission du désarmement et la Première Commission de l’Assemblée générale.  Il a dit que les blocages actuels étaient le fruit et le reflet de divergences dans les priorités des États Membres.  La thérapie de choc ne résoudra pas le problème de la Conférence.  Elle risquera au contraire, a averti le représentant, d’étendre le problème aux autres organes de désarmement.  Il a appuyé les démarches équilibrées du Secrétaire général de la Conférence, en rappelant que le blocage est lié non au cadre mais à la situation géopolitique du monde.  Il s’est dit favorable à l’augmentation du nombre de membres de la Conférence et à une meilleure reddition des comptes. 


Déplacer les processus de négociation vers des voies parallèles serait contraire à l’universalité des accords, a-t-il ajouté en estimant qu’il n’y avait pas d’autres solutions qu’un dialogue patient qui s’appuie sur la prise en compte des préoccupations de tous les membres de la Conférence.  Pour la Fédération de Russie, la priorité est de parvenir à un traité sur l’interdiction du déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique et d’un traité d’interdiction de la production des matières fissiles.   


M. SERGE BAVAUD (Suisse) a affirmé que l’absence de tout accord sur de nouveaux instruments multilatéraux de désarmement et de non-prolifération fragilisait le système multilatéral de désarmement.  Il a estimé que les efforts entrepris dans le cadre de la Conférence devaient être prolongés par une mobilisation de la volonté politique et un renforcement des impulsions à l’extérieur de l’ONU.  Il est également nécessaire de disposer d’institutions et de mécanismes qui reflètent les réalités d’aujourd’hui et qui sont à même d’y répondre. 


Il est essentiel de réaliser que les activités de désarmement et de non-prolifération ont un impact sur de nombreuses préoccupations de la communauté internationale, notamment la sécurité humaine et les droits de l’homme, le développement, la défense de l’environnement et la promotion de la santé, a par ailleurs souligné le représentant.


M. Bavaud a poursuivi en affirmant que les institutions ne devaient plus prendre pour référence une « conception clairement périmée » d’un modèle où les considérations de sécurité nationales priment sur tout.  Il a évoqué le risque pour la Conférence de faire prévaloir les intérêts de quelques-uns sur ceux de la grande majorité des pays.  Nous avons besoin d’institutions conçues pour produire des résultats et non pour préserver le statu quo, a-t-il souligné. 


Le représentant a constaté que la situation ne s’était gère améliorée depuis la Réunion du 24 septembre 2010.  Le blocage est même encore plus sévère à bien des égards, a-t-il observé.  Le dialogue, a-t-il ajouté, doit à présent s’accompagner d’une action authentique.  Il a voulu qu’à Genève, pour le reste de l’année en cours et la session 2012, l’amorce d’un travail de substance et le début des négociations soient effectifs.  Il a également appelé les États Membres à envisager, dans le cadre de la Première Commission, d’initier des processus sur des questions spécifiques, ayant Genève pour point d’ancrage. 


« Si la Conférence du désarmement n’existait pas, il faudrait l’inventer tout de suite », a déclaré M. RODOLFO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba).  Il a estimé que la situation actuelle n’avait rien à voir avec les méthodes de travail de la Conférence, affirmant par ailleurs que cette situation n’était pas un cas isolé dans l’appareil du désarmement.  Il a en effet constaté que la Commission du désarmement avait conclu son travail pour la douzième fois sans faire de recommandations substantielles et que la Première Commission continuait d’adopter des dizaines de résolutions chaque année qui ne sont jamais mises en œuvre. 


Cuba s’oppose au remplacement de la Conférence par des dispositifs « sélectifs et improvisés » en dehors du cadre de l’ONU.  Aujourd’hui plus que jamais, il nous incombe à tous d’assurer le maintien et le renforcement de la Conférence, a-t-il dit.  M. Versón a estimé que celle-ci devait adopter aussi rapidement que possible un programme de travail équilibré.


Le représentant de Cuba a par ailleurs estimé que les négociations sur le traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles ne suffiraient pas si les étapes principales nécessaires au désarmement n’étaient pas définies.


M. SIN SON HO (République populaire démocratique de Corée – RPDC-) a affirmé que les États nucléaires devaient honorer leurs engagements envers les normes internationales existantes, rappelant qu’en 1996, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait indiqué que l’usage d’armes nucléaires était une violation du droit international.  Il a dénoncé les garanties de sécurité négatives envers les États non dotés d’armes nucléaires, avant d’affirmer que les programmes de modernisation des arsenaux nucléaires faisaient penser à la période de la Guerre froide. 


Il a également accusé les systèmes de défense de viser une supériorité nucléaire absolue.  Le plus important détenteur d’armes nucléaires, ayant perdu son autorité morale et juridique, ne peut plus parler de la non-prolifération, a estimé le représentant.  S’il la souhaite réellement, il devrait négocier le traité sur l’interdiction des armes nucléaires.


M. Sin a affirmé que l’élimination complète des arsenaux nucléaires est une politique constante en RPDC.  Il a appelé à la conclusion en temps voulu et de manière « vérifiable, irréversible et juridiquement contraignante » du traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a estimé que pour aller de l’avant, la Conférence devait prendre pleinement en compte les préoccupations de tous les États Membres.


M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) a noté que les seuls succès observés ces dernières années en matière de désarmement ont été obtenus dans le cadre de négociations bilatérales.  Continuer de dire que la Conférence ne fonctionne pas à cause d’un manque de volonté politique n’a pas de sens, a estimé le représentant de l’Italie, en rappelant que deux États Membres ont organisé trois événements en marge des mécanismes traditionnels de désarmement dans un cadre très spécifiques pour surmonter l’inertie de la Conférence.  C’est l’utilisation abusive du règlement intérieur qui est source de blocage, a-t-il dit, en soulignant que l’absence de consensus ne porte que sur des questions d’organisation.  Il est essentiel de revoir les méthodes de travail de la Conférence et trouver un modèle où il y aurait deux présidences par an au lieu d’une.  Il a estimé utile de conserver le même programme de travail durant plusieurs années tant que l’on ne s’entendra pas sur un nouveau programme.


M. ALEXANDER KMENTT (Autriche) a dit que l’architecture des procédures de la Conférence est inadaptée aux besoins du XXe siècle.  La prise en otage des procédures sous le prétexte fallacieux du consensus est inacceptable, a dit le représentant de l’Autriche.  Il a regretté que la Conférence ne puisse s’entendre sur des négociations sur un traité relatif à l’interdiction de la production des matières fissiles, à cause de l’opposition d’un seul pays.  Mais le désarmement nucléaire, la question des armes dans l’espace extra-atmosphérique et les garanties de sécurité négatives sont d’autres points qui divisent.  Pour l’Autriche, la Conférence a perdu sa légitimité.  Elle n’a ni avancé sur l’augmentation du nombre des membres ni ouvert la porte à des experts extérieurs et à la société civile.  Il est indispensable que l’on voie ce qui peut être fait en dehors de la Conférence et sous les auspices de l’Assemblée générale, a-t-il dit en regrettant que l’absence de volonté politique de quelques-uns bloque la volonté générale.


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a dit qu’il était temps que tous les États nucléaires réalisent leurs obligations en matière de désarmement.  Ce ne sont pas les mécanismes qui font problème, mais l’absence de volonté politique.  Il a dit l’importance de ce débat pour galvaniser l’action politique et éliminer toutes les armes de destruction massives dans le monde.


M. EDUARDO ULIBARRI (Costa Rica) a regretté que la demande de son pays d’accéder à la Conférence en 1994 n’ait pas eu de réponse favorable.  L’insistance avec laquelle la Conférence a répété les mêmes routines et les mêmes erreurs a compromis sa capacité de faire face aux problèmes émergents en matière de désarmement, a-t-il dit.  Il a ajouté qu’une approche uniquement militaire ne nous permettra pas d’atteindre nos objectifs de désarmement.  Il a fustigé « l’illusion du désarmement » qui consiste à détruire des armes alors qu’elles sont remplacées par de nouveaux arsenaux plus performants.  Il a regretté que la Conférence fonctionne comme un « club privé » dans lequel un tiers seulement des États Membres s’est attribué le privilège de négocier le désarmement. 


Il a aussi regretté que la Conférence ne comprenne aucun des 27 pays qui n’ont pas d’armée et qui sont par conséquent les seuls à avoir su traduire en réalité le désarmement.  Il a indiqué que le budget mondial lié à l’armement était de 1 600 milliards de dollars, en précisant que 10% de cette somme permettrait d’assurer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015.  Il a en outre jugé important que les organismes de désarmement coopèrent avec les organismes de droits de l’homme. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a estimé que tout effort de réforme devait prendre en compte l’ensemble de l’appareil de désarmement de l’ONU et pas uniquement la Conférence du désarmement.  Elle a appuyé l’organisation d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement, tout en décourageant les initiatives visant à amender de façon partielle le fonctionnement de l’appareil pour des intérêts étroits.  La représentante a dit attacher la plus haute importance à une convention sur le désarmement nucléaire, mais elle a appuyé des négociations sur d’autres questions clefs à savoir les matériaux fissibles, les garanties de sécurité négatives et la prévention de la course à l’armement dans l’espace extra-atmosphérique. 


Le Brésil, a-t-elle ajouté, ne croit pas que seule la question d’un traité sur les matières fissibles est prêt à être négocié, ni qu’un seul État Membre porte la responsabilité de l’impasse à la Conférence du désarmement.  Mme Viotti a notamment affirmé qu’un traité limité à l’interdiction de la production des matières fissiles n’aurait peu ou pas d’effets sur le désarmement nucléaire.  Elle a appuyé l’augmentation du nombre des membres de la Conférence, ainsi qu’une plus grande participation de la société civile au suivi des travaux.  Il n’y a pas d’alternative à la Conférence.  Il ne faut donc pas chercher à la contourner.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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