ECOSOC/6429

Manifestation spéciale de l’ECOSOC sur Haïti: présentation des mesures visant la reconstruction du pays

24/06/2010
Conseil économique et socialECOSOC/6429
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Conseil économique et social

Manifestation spéciale sur Haïti

Matin


MANIFESTATION SPÉCIALE DE L’ECOSOC SUR HAÏTI: PRÉSENTATION

DES MESURES VISANT LA RECONSTRUCTION DU PAYS


« Cohérence et coordination des actions devront être les mots d’ordre » dans la reconstruction d’Haïti, a déclaré ce matin M. Leo Mérores, Représentant permanent d’Haïti auprès des Nations Unies, à l’ouverture de la manifestation spéciale du Conseil économique et social (ECOSOC) organisée pour présenter les mesures prises par le Gouvernement haïtien et ses partenaires de développement pour redresser le pays.


Le Président de l’ECOSOC, M. Hamidon Ali, a expliqué que la coordination des efforts nationaux et internationaux en vue de la reconstruction du pays permet d’améliorer l’efficacité de l’assistance internationale, tandis que la cohérence consiste à aligner ces actions avec les priorités nationales du Gouvernement haïtien.  « Les actions de nos partenaires n’ont pas toujours été menées en conformité avec les priorités du Gouvernement », a constaté M. Mérores qui a aussi noté les actions entreprises de façon indépendante par de nombreuses organisations non gouvernementales appliquant leurs propres critères.


Le représentant du Canada, dont le pays a accueilli la Conférence ministérielle préparatoire sur Haïti pour mieux coordonner les efforts internationaux en vue de la reconstruction, a souligné lui aussi l’importance d’aligner l’aide internationale sur les priorités et les besoins définis par le Gouvernement haïtien.


La communauté internationale, a reconnu l’Ambassadeur Mérores, est venue à l’aide d’Haïti « dans un élan exemplaire » de solidarité avec son peuple.  Il y a trois mois, plus de 150 pays avaient participé à la « Conférence internationale des donateurs pour un nouvel avenir en Haïti » au cours de laquelle des promesses de dons de 9,9 milliards de dollars ont été faites par des États Membres et des partenaires, pour les trois prochaines années et au-delà, en vue d’une reconstruction à long terme. 


Les coprésidents de cette Conférence (Brésil, Canada, Espagne, États-Unis, France, Union européenne), qui participaient à cette manifestation spéciale, ont réaffirmé les engagements qu’ils avaient pris dans ce cadre et renouvelé leur soutien aux efforts de redressement d’Haïti.  Le Chef de délégation de l’Union européenne, l’Ambassadeur Pedro Serrano, a rappelé la promesse de l’Union européenne de verser 1,235 milliard d’euros pour contribuer au « Plan d’action pour le relèvement et le développement d’Haïti », adopté au terme de la Conférence des donateurs le 31 mars 2010.


La représentante du Brésil a aussi mentionné la contribution de 55 millions de dollars faite par son pays ainsi que sa participation à des projets de reconstruction.  Comme le Chili, le Pérou ou la CARICOM, elle a souligné qu’il était important pour les pays de la région qu’Haïti se relève de sa situation actuelle et assure son développement économique et social dans un climat politique stable.


« La mise en œuvre effective du Plan de reconstruction ne devrait pas tarder », a estimé M. Mérores, en soulignant l’entrée en fonctions de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti, la semaine dernière.  La Commission, a-t-il précisé, a commencé ses travaux et doit approuver un certain nombre de projets qui doivent être maintenant soumis à la Banque mondiale.  La Banque mondiale est le dépositaire du Fonds pour la reconstruction du pays et doit mettre en œuvre le financement dans les plus brefs délais.


Au sein de la Commission intérimaire, l’Union européenne sera représentée par son Directeur général du développement, a précisé M. Serrano.  De son côté, la déléguée de la France a noté que la participation de l’ancien Président des États-Unis et Envoyé spécial du Secrétaire général pour Haïti, M. Bill Clinton, aux travaux de la Commission donne un élan aux efforts de la communauté internationale.


Le Président de l’ECOSOC a rappelé qu’Haïti figure à l’ordre du jour de cet organe depuis plusieurs années et que son Groupe consultatif spécial, créé en 1999, avait été réactivé en 2004.  Intervenant au nom de ce Groupe, le Représentant permanent du Pérou auprès de l’ONU, M. Gonzalo Gutierrez, a précisé que les membres du Groupe se sont rendus sur le terrain chaque année pour présenter des recommandations.  « Cette année, après le séisme du 12 janvier dernier, nous avons cherché à promouvoir un appui solide au développement d’Haïti », a-t-il expliqué.  « Nous avons essayé de comprendre les mécanismes d’aide et de voir si cette aide est bien utilisée au profit de la reconstruction ».  Le rapport du Groupe consultatif spécial sera présenté à l’ECOSOC le 13 juillet prochain, a précisé M. Ali.


Les intervenants se sont aussi félicités de la Conférence sur la reconstruction d’Haïti qui s’est tenue à Punta Cana, en République dominicaine, le 2 juin dernier, à l’initiative de ce pays.  « Après ce sommet, le moment est venu de tirer les leçons pour mieux progresser », a déclaré le représentant d’Haïti.  Beaucoup reste à faire, a-t-il noté, avant de lancer un appel à la communauté internationale pour que les fonds promis soient versés aussi rapidement que possible.


« Les défis de reconstruction sont immenses, mais la détermination de tant de personnes aujourd’hui donne aux Haïtiens la chance de prendre un nouveau départ », a estimé le représentant des États-Unis.


Quatre exposés ont ensuite été présentés aux participants à cette manifestation spéciale, par des représentants des Nations Unies et d’institutions financières internationales qui ont ensuite répondu à quelques questions.


« Les Haïtiens aspirent à travailler et à fournir une éducation à leurs enfants.  Ils doivent voir les résultats des efforts menés pour la reconstruction », a déclaré tout d’abord M. Nigel Fisher, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général, Coordonnateur résident et coordonnateur humanitaire pour Haïti, qui parlait en direct d’Haïti par liaison vidéo.  « Nous devons concentrer les investissements sur les infrastructures sociales, le développement économique et la stabilité politique », á-t-il souligné.  À ce jour, des abris d’urgence ont été mis à la disposition de 80% des personnes dans le besoin.  Grâce aux efforts de l’UNICEF, l’accès à l’eau a été fourni à 1,3 million de personnes, a-t-il ajouté, avant de se féliciter également de l’amélioration de la nutrition des jeunes enfants.  Par ailleurs, la MINUSTAH et la Police nationale haïtienne travaillent ensemble pour assurer la protection des femmes dans les camps, a-t-il indiqué.  M. Fisher a également indiqué que des efforts avaient été entrepris pour déblayer environ 20 millions de mètres cubes de débris.  Les Haïtiens doivent maintenant passer de leur installation sous des tentes à des abris de transition, a-t-il dit, précisant que 5 000 de ces abris sont actuellement assurés.


Interrogé sur la présence des Nations Unies en Haïti, M. Fisher a indiqué qu’il y avait environ 400 à 500 membres du personnel de l’ONU sur le terrain, qui ne se trouvent pas tous à Port-au-Prince.  À une autre question sur l’égalité des sexes, il a répondu que des efforts avaient été entrepris pour promouvoir le rôle des femmes dans les communautés.


Le Directeur régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Heraldo Muñoz, a quant à lui précisé l’action du PNUD dans les domaines de la reconstruction physique, de la reconstruction économique, des infrastructures sociales et de la réforme de l’administration publique.  Le programme « travail contre rémunération », lancé par le PNUD, a connu un grand succès, a-t-il indiqué.  Le PNUD a également mis en place un autre programme intitulé « Vivres contre travail ».  L’objectif du PNUD, a-t-il dit, est avant tout d’aider le Gouvernement haïtien à développer sa capacité opérationnelle.  Le PNUD coopère en outre avec les secteurs de la justice et de la sécurité, ainsi qu’avec le Ministère haïtien de la planification.


Les efforts de redressement doivent viser plus particulièrement les enfants qui représentent 40% de la population haïtienne, a relevé Mme Hilde Johnson, Directrice exécutive adjointe de l’UNICEF.  Elle a précisé que 5 000 écoles avaient été fermées depuis le tremblement de terre.  Au cours de cette catastrophe, a-t-elle ajouté, 4 000 écoles avaient été détruites ou endommagées et plus de 1 500 enseignants avaient péri.  Comme le Ministère haïtien de l’éducation a été complètement détruit, l’UNICEF fournit des locaux préfabriqués pour abriter les services de ce Ministère.


Pour participer au relèvement de tout le secteur de l’éducation, l’UNICEF a mis au point une stratégie, placée sous la direction du Gouvernement haïtien, visant à assurer en premier lieu la scolarisation de tous les enfants, a-t-elle déclaré, rappelant que seulement la moitié des enfants haïtiens étaient scolarisés avant le tremblement de terre.  À ce jour, 80% des écoles de Port-au-Prince ont rouvert, dans des structures temporaires, et un tiers des enfants déplacés dans des camps vont à l’école, a-t-elle signalé.  L’UNICEF vise, par le biais de cette stratégie, à assurer à la fois une scolarité gratuite et de qualité.


Intervenant également en direct du siège de la MINUSTAH, l’Envoyé spécial de la Banque mondiale, M. Alexandre Abrantes, a fait état des actions menées grâce aux dons.  Il a notamment indiqué que 12 millions de dollars étaient consacrés au renforcement du projet intitulé « Éducation pour tous », qui prévoit de tripler le nombre d’enfants scolarisés.  « Nous avons aussi approuvé l’allocation de 22 millions de dollars pour rémunérer les enseignants », a-t-il ajouté.  Les investissements pour financer des projets de développement d’équipements collectifs ont triplé.  La Banque mondiale aide aussi le Gouvernement haïtien à mettre au point un plan d’urbanisation, a-t-il ajouté.


Répondant à une question de la délégation des États-Unis, M. Abrantes a reconnu qu’il était difficile de mesurer les progrès accomplis depuis le tremblement de terre, mais qu’il serait en effet intéressant de mettre au point une matrice sur ces résultats.  Il a fait remarquer qu’il existe une différence entre les sommes promises et les sommes perçues.


Le Conseiller auprès du Groupe pour la réponse à Haïti de la Banque interaméricaine de développement, M. Petter Sollis, a annoncé que la Banque avait décidé d’augmenter les dons en faveur d’Haïti pour 2010.  Juste après le séisme du 12 janvier dernier, un mécanisme de financement en faveur d’Haïti a été établi, a-t-il dit.  Trente millions de dollars des sommes investies avaient été consacrés à la construction d’abris, a-t-il assuré.  La Banque a également réexaminé les procédures d’achats afin de réagir plus rapidement, a-t-il dit.


« Nous explorons avec nos États membres de nouveaux moyens de financement », a indiqué M. Sollis, qui a aussi mentionné les efforts des organisations non gouvernementales de la région.  Deux d’entre elles ont ainsi débloqué 6 millions de dollars pour améliorer les conditions de logement des Haïtiens.  « Nous devons bien cibler nos actions pour l’avenir.  Nous devons appuyer le processus de décentralisation ainsi que le développement ailleurs qu’à Port-au-Prince.  Nous allons nous impliquer dans plusieurs secteurs comme le transport, l’agriculture, l’éducation et l’industrie », a-t-il assuré.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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