CS/9984

Face aux conflits, le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens d’utiliser au mieux les instruments de diplomatie préventive, notamment en Afrique

16/07/2010
Conseil de sécuritéCS/9984
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6360e séance – matin & après-midi


FACE AUX CONFLITS, LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RÉFLÉCHIT AUX MOYENS D’UTILISER AU MIEUX

LES INSTRUMENTS DE DIPLOMATIE PRÉVENTIVE, NOTAMMENT EN AFRIQUE


Le Conseil de sécurité a examiné aujourd’hui, à l’occasion d’un débat ouvert qui a rassemblé un grand nombre de délégations d’États Membres, les moyens d’utiliser au mieux l’ensemble des instruments de diplomatie préventive en vue d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, notamment en Afrique.


Dans une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a ainsi encouragé le « développement du règlement pacifique des différends locaux au moyen d’arrangements régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies ».  Aux termes de la déclaration, le Conseil a réitéré son soutien, en matière de prévention des conflits, aux « efforts déployés par les organisations régionales et sous-régionales, en particulier l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté de développement de l’Afrique australe, la Communauté d’Afrique de l’Est, l’Autorité intergouvernementale pour le développement et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ».


Dans cette déclaration lue par son Président, le Ministre nigérian des affaires étrangères, M. Henry Odein Ajumogobia, le Conseil de sécurité juge nécessaire de donner à la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique un « caractère plus étroit et plus opérationnel », afin de « mettre en place des capacités nationales et régionales d’utilisation des instruments de diplomatie préventive que sont la médiation, la collecte et l’analyse d’informations, l’alerte rapide, la prévention, le rétablissement de la paix ».


Rappelant que la prévention des conflits demeure la « responsabilité des États Membres au premier chef », le Conseil affirme que « les interventions effectuées par les organismes des Nations Unies dans le domaine de la prévention des conflits doivent viser à appuyer et à compléter, comme il convient, les actions des gouvernements dans ce contexte ».  Il rappelle également que « l’alerte rapide, la diplomatie préventive, le déploiement à titre préventif, la médiation, des mesures concrètes de désarmement et la consolidation de la paix au lendemain des conflits constituent des éléments interdépendants et complémentaires de toute stratégie globale de prévention des conflits ».


Le Conseil de sécurité « reconnaît l’importance d’une stratégie globale comportant des mesures opérationnelles et structurelles de prévention des conflits armés et encourage l’élaboration de mesures permettant de s’attaquer aux causes profondes des conflits en vue d’assurer une paix durable ».  Enfin, aux termes de cette déclaration, le Conseil « réaffirme le rôle important que les femmes jouent dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix et demande de nouveau de veiller à ce que les femmes participent davantage à la diplomatie préventive ».


Après avoir lu la déclaration présidentielle, M. Ajumogobia a souligné qu’en adoptant la résolution 1625 (2005), le Conseil de sécurité avait exprimé la nécessité d’adopter une stratégie de diplomatie préventive qui s’attaque aux causes profondes des conflits armés.


Il est important, a-t-il poursuivi, que l’expertise d’instances telles que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté de développement des États d’Afrique australe (SADC), l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) soit appuyée par les Nations Unies.  Le Conseil de sécurité, a estimé le Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a la possibilité de jouer un rôle majeur pour assurer que la volonté politique nécessaire soit présente.


Pour la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Asha-Rose Migiro, la diplomatie préventive doit évoluer dans le contexte de plus en plus complexe des guerres civiles, du crime organisé, et du trafic de stupéfiants et autres menaces transnationales.  Mme Migiro a salué l’émergence, ces dernières années, de cadres politiques forts de prévention des conflits, en particulier en Afrique, le renforcement du Département des affaires politiques lui ayant permis de jouer un rôle clef dans ce domaine.  Mme Migiro a également plaidé pour un accroissement de la participation des femmes dans les activités de prévention, la résolution 1325 du Conseil de sécurité réaffirmant l’importance du rôle de celles-ci non seulement dans la prévention, mais aussi dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix.


Lors de ce débat, dont le thème était intitulé « Optimiser l’utilisation des voies diplomatiques préventives: perspectives et défis en Afrique »*, de nombreux intervenants, à l’instar de la Ministre des relations internationales de l’Afrique du Sud, Mme Maite Nkoana-Mashabane, ont assuré que le développement socioéconomique était essentiel pour instaurer une paix réellement durable et ouvrir des fenêtres d’opportunité dans les pays touchés par des conflits. 


Plusieurs délégations, comme celle du Japon, ont jugé que les missions de bons offices des Nations Unies devaient être renforcées par le biais d’envoyés expérimentés et de médiateurs agissant au nom du Secrétaire général.


Au nom du Groupe africain, le représentant de l’Égypte a considéré que le cinquantième anniversaire, cette année, de l’indépendance de plusieurs pays de ce continent, devrait être l’occasion pour les Nations Unies, les donateurs, les partenaires et d’autres acteurs de parvenir à une « montée en puissance de leur appui à l’Afrique en vue d’y renforcer les capacités dans le domaine du règlement des conflits ».


La représentante du Brésil a, pour sa part, estimé que la Commission de consolidation de la paix (CCP), qui comporte un fort volet socioéconomique, devait être renforcée afin de lui permettre de contribuer beaucoup plus aux efforts diplomatiques de prévention et de dissuasion de l’éclatement des conflits.


*     S/2010/371


MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES


Optimiser l’utilisation des voies diplomatiques préventives: Perspectives et défis en Afrique


Déclaration présidentielle


« Le Conseil de sécurité réaffirme que la Charte des Nations Unies lui a assigné la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il en rappelle les Articles 33 et 34 et réitère l’importance qu’il attache au règlement des différends par des moyens pacifiques et à l’adoption des mesures préventives voulues pour faire face à des différends ou à des situations dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le Conseil rappelle que la prévention des conflits demeure la responsabilité des États Membres au premier chef.  En conséquence, les interventions effectuées par les organismes des Nations Unies dans le domaine de la prévention des conflits doivent viser à appuyer et à compléter, comme il convient, les actions des gouvernements dans ce contexte.


Le Conseil note que, conformément aux fonctions qui lui ont été assignées en matière de paix et de sécurité internationales, il s’efforce de rester engagé à tous les stades du cycle des conflits et de continuer à étudier les possibilités de prévention pour que les différends ne dégénèrent pas en conflits armés ou pour empêcher la reprise d’un conflit armé et, à ce propos, il encourage le Secrétaire général à attirer son attention sur toute affaire qui, à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le Conseil rappelle que l’alerte rapide, la diplomatie préventive, le déploiement à titre préventif, la médiation, des mesures concrètes de désarmement et la consolidation de la paix au lendemain des conflits constituent des éléments interdépendants et complémentaires de toute stratégie globale de prévention des conflits.  Il note l’importance que la concertation entre toutes les parties, la réconciliation et la réinsertion revêtent pour l’instauration et le maintien de la paix.


Le Conseil réaffirme le rôle important que les femmes jouent dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix et demande de nouveau de veiller à ce que les femmes participent davantage à la diplomatie préventive et à tous les processus de décision connexes intéressant le règlement des conflits et la consolidation de la paix sur un pied d’égalité avec les hommes, et à ce qu’elles soient mieux représentées dans ces processus et y soient pleinement associées, conformément aux résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009) et 1889 (2009).


Le Conseil reconnaît l’importance d’une stratégie globale comportant des mesures opérationnelles et structurelles de prévention des conflits armées et encourage l’élaboration de mesures permettant de s’attaquer aux causes profondes des conflits en vue d’assurer une paix durable.  Il réaffirme le rôle central que joue l’Organisation des Nations Unies à cet égard.


Le Conseil rappelle les déclarations antérieures de son président concernant les divers facteurs et causes qui contribuent à susciter, aggraver ou prolonger les conflits en Afrique, en particulier les facteurs et causes mis en évidence et traités par le Conseil.  Il note également que, dans le contexte de l’Afrique en particulier, la mise en œuvre de programmes efficaces de réforme du secteur de la sécurité, le renforcement des droits de l’homme et de l’état de droit, la protection des civils, la consécration du principe de responsabilité, la réalisation de progrès significatifs sur la voie d’un développement économique durable et de l’élimination de la pauvreté, la fourniture d’un appui en matière électorale et de mise en place d’institutions démocratiques et le contrôle efficace des armes légères, entre autres questions, sont devenus des aspects importants de la prévention des conflits.


Le Conseil est conscient des ressources matérielles, humaines et financières accrues que les opérations de maintien de la paix ont nécessité ces 10 dernières années.  Il reconnaît ainsi les avantages et gains d’efficacité potentiels que pourrait apporter l’intégration des initiatives de la diplomatie préventive, à la façon des méthodes de maintien de la paix et de consolidation de la paix qui mettent l’accent sur le caractère interdépendant des interventions dans les domaines de la politique, de la sécurité, du développement, des droits de l’homme et de l’état de droit.


Le Conseil encourage le développement du règlement pacifique des différends locaux au moyen d’arrangements régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte et réitère son soutien aux efforts déployés par les organisations régionales et sous-régionales, en particulier l’Union africaine, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté de développement de l’Afrique australe, la Communauté d’Afrique de l’Est, l’Autorité intergouvernementale pour le développement et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) en matière de prévention des conflits.  Le Conseil estime qu’il est nécessaire de donner à la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique un caractère plus étroit et plus opérationnel le but étant de mettre en place des capacités nationales et régionales d’utilisation des instruments de diplomatie préventive que sont la médiation, la collecte et l’analyse d’informations, l’alerte rapide, la prévention, le rétablissement de la paix, et, dans ce contexte, le Conseil salue le rôle important que les bureaux régionaux des Nations Unies, comme le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, peuvent jouer et souligne la précieuse contribution des capacités de médiation telles que le Conseil des anciens, le Groupe des Sages et les bons offices du Secrétaire général et ses envoyés spéciaux, et des organisations régionales et sous-régionales, pour assurer la cohérence, la synergie et l’efficacité collective de leurs efforts.


Le Conseil souligne qu’il importe de continuer de mobiliser les capacités et moyens potentiels et existants du Secrétariat de l’ONU, des organisations régionales et sous-régionales ainsi que des gouvernements dans le cadre des initiatives de diplomatie préventive, y compris la médiation, et salue la promotion des démarches régionales en matière de règlement pacifique de différends.


Le Conseil réaffirme de nouveau son appui aux travaux de la Commission de consolidation de la paix et est conscient qu’il faut accroître la coordination avec la Commission.  Il est conscient également de la nécessité d’accroître la cohérence avec toutes les entités de l’ONU concernées afin d’assurer l’utilisation la plus efficace possible des instruments de diplomatie préventive dont elles disposent.  Il salue le rôle important que jouent les bureaux intégrés de consolidation de la paix à l’appui des efforts nationaux visant à prévenir les conflits et à faire face aux menaces transfrontières.  Il est conscient de tout ce que le Groupe de travail spécial sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique continue d’apporter au processus d’incorporation des pratiques de la diplomatie préventive dans les dispositifs de gestion des conflits de l’Organisation.  À cet égard, il rappelle le rôle du Conseiller spécial du Secrétaire général chargé de la prévention des génocides dans les questions qui touchent à la prévention et au règlement des conflits.  Le Conseil souligne qu’il est nécessaire que tous les intervenants compétents, y compris la société civile, participent sans réserve pour maintenir la dynamique et la possibilité de mettre en place un cadre de diplomatie préventive d’une réelle utilité.


Le Conseil estime qu’il importe de renforcer les efforts –y compris les efforts de coordination entre les donateurs bilatéraux et multilatéraux concernés– déployés en vue d’apporter en temps voulu un appui financier prévisible et cohérent afin d’assurer une utilisation optimale des instruments de diplomatie préventive, y compris la médiation, tout au long du cycle des conflits. 


Le Conseil prie le Secrétaire général de lui présenter, dans les 12 mois suivant l’adoption de la présente déclaration, un rapport contenant des recommandations sur les moyens d’assurer une utilisation optimale des instruments de diplomatie préventive dans le système des Nations Unies, et ce en coopération avec les organisations et les autres intervenants aux niveaux régional et sous-régional. »


Déclarations


M. HENRY ODEIN AJUMOGOBIA, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, qui, après avoir lu une déclaration présidentielle au nom des pays membres du Conseil de sécurité, s’est exprimé en sa capacité nationale, a affirmé que le moment était particulièrement bien choisi pour passer en revue le concept et la pratique en vigueur en matière de diplomatie préventive.  Le Nigéria, a-t-il dit, reconnaît les nombreux problèmes que posent la croissance, la portée et le coût des opérations de maintien de la paix actuelles.  En adoptant la résolution 1625, le Conseil de sécurité a exprimé la nécessité d’adopter une stratégie de diplomatie préventive qui s’attaque aux causes profondes des conflits armés.  Des aspects de diplomatie préventive se retrouvent aujourd’hui dans plusieurs programmes de consolidation de la paix, a-t-il souligné.  Toutefois, a estimé le Ministre, les crises humanitaires qui persistent en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan illustrent le fossé qui existe entre la rhétorique et la réalité, ainsi que l’a relevé le Secrétaire général dans son rapport de 2008 sur la prévention des conflits. 


M. Ajumogobia a fait état de l’augmentation du budget des opérations de maintien de la paix, qui s’élève aujourd’hui à 8,4 milliards de dollars.  Le fonctionnement des instruments de diplomatie préventive ne se fait pas de manière isolée, a-t-il dit, jugeant essentielles l’anticipation et l’alerte rapide.  Il est important, a-t-il poursuivi, que l’expertise d’instances telles que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) soit appuyée par les Nations Unies.  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, a la possibilité de jouer un rôle majeur pour assurer que la volonté politique nécessaire soit présente.  Le moment est ainsi venu pour l’ONU d’utiliser ses ressources pour agir comme agent de la paix avant et après les événements dont nous débattons aujourd’hui, a dit le Ministre.  Nous sommes tenus de mettre tout le poids du Conseil derrière les initiatives contenues dans la Déclaration présidentielle de ce jour, a-t-il déclaré.


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a estimé que la diplomatie préventive devait évoluer dans le contexte de plus en plus complexe des guerres civiles, du crime organisé et du trafic de stupéfiants et autres menaces transnational.  Elle a salué l’émergence, ces dernières années, de cadres politiques forts de prévention des conflits, en particulier en Afrique, le renforcement du Département des affaires politiques lui ayant permis de tenir un rôle clef dans ce domaine.  Au cours de l’année écoulée, les Nations Unies ont appuyé pas moins de 20 processus de paix, a encore indiqué Mme Migiro, qui a rendu hommage aux efforts des États Membres pour poursuivre la professionnalisation des capacités d’appui à la médiation de l’Organisation.  Elle a ajouté que la plupart des chefs de missions mandatées par le Conseil de sécurité sont également investis d’un rôle de médiation, compte tenu de ce que les besoins diplomatiques persistent au cours même des cycles de conflit. 


Concernant le cas particulier de l’Afrique, Mme Migiro a souligné l’importance de poursuivre le renforcement des partenariats forgés aux niveaux régional et international, du type de celui associant à Dakar l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Nos actions récentes en Guinée, au Niger, aux Comores et au Kenya montrent ce que nous pouvons accomplir grâce à des partenariats combinant influence, impartialité et capacité, a-t-elle dit.  Pour la Vice-Secrétaire générale, « nous devons être prêts à persuader les acteurs clefs d’accepter dans leur intérêt la diplomatie préventive pour désamorcer les conflits ».  Elle a ensuite insisté sur le fait que la communauté internationale doit continuer de soutenir les efforts de prévention, sachant que lorsqu’ils sont couronnés de succès, ces efforts, qui plus est dans un contexte de crise, sont efficients.  Mme Migiro a également plaidé pour un accroissement de la participation des femmes dans les activités de prévention, la résolution 1325 du Conseil de sécurité réaffirmant l’importance du rôle de celles-ci non seulement dans la prévention, mais aussi dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix. 


Mme SARAH CLIFFE, Représentante spéciale et Directrice du Rapport du développement mondial sur les conflits, la sécurité et le développement de la Banque mondiale, a souligné que les pays sortant d’un conflit connaissaient une insécurité croissante, plus importante que dans le passé.  Jusqu’aux années 1990, le règlement des conflits à travers la signature d’accords de paix permettait généralement de mettre fin aux hostilités, a-t-elle expliqué.  Or, depuis cette période, un tiers des décès dus à des combats interviennent dans des pays où il y a déjà des accords de paix en place, a-t-elle poursuivi, faisant également état du niveau très élevé de criminalité et de violence dans ces zones, comme cela se voit en Amérique centrale.  Cette criminalité et cette violence font parfois plus dse victimes que celles survenues pendant les conflits eux-mêmes.  Pour toutes ces raisons, la prévention est un défi réel, a-t-elle dit.  Les institutions d’État faibles sont une caractéristique que l’on observe dans tous ces pays, a-t-elle affirmé, se référant au rapport du développement mondial sur les conflits, la sécurité et le développement de la Banque mondiale. 


Mme Cliffe a souligné la nécessité de fournir des plans d’appui à la médiation.  Le coût d’une guerre civile s’élève à plusieurs milliards de dollars, tandis que la médiation ne représente que quelques millions, a-t-elle ajouté.  Elle a estimé que l’architecture de consolidation de la paix et les travaux de la Commission de consolidation de la paix étaient essentiels.  Mme Cliffe a évoqué la possibilité de nouveaux partenariats entre les Nations Unies et l’Union africaine ou d’autres organisations régionales, ainsi qu’avec les institutions financières internationales.  Il conviendrait également, selon elle, d’envisager des structures de prévention plus larges et d’appuyer des initiatives comme le programme des frontières de l’Union africaine. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a noté que les développements institutionnels venant appuyer le concept de la diplomatie préventive et sa mise en œuvre ont eu des effets bénéfiques sur le terrain, « où, comme au Niger, la CEDEAO a joué un rôle déterminant pour empêcher que dégénère la grave crise politique de 2009 ».  De même, a-t-elle ajouté, grâce à la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, la sous-région d’Afrique de l’Ouest a pu éviter une escalade des tensions en Guinée.  La représentante a rendu hommage aux efforts du Groupe des sages de l’Union africaine qui, outre son rôle en matière de médiation, « conduit des missions d’établissement des faits et se penche régulièrement sur les causes potentielles de conflit, notamment les crises électorales et l’impunité ».  Mme Viotti a ensuite préconisé une amélioration de la communication entre les organes régionaux et sous-régionaux du Conseil de sécurité, les récentes consultations entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine étant un pas dans la bonne direction.  La représentante a également mis l’accent sur le besoin, en Afrique, de redoubler d’efforts pour mettre pleinement en œuvre le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et renforcer l’état de droit sur le continent.  Ces efforts impliquent un appui constant à l’action de l’Union africaine destinée à stabiliser la gouvernance des pays du continent africain, a-t-elle indiqué.  Concluant son intervention, Mme Ribeiro Viotti a estimé que la Commission de consolidation de la paix, qui comporte un fort volet socioéconomique, devait être renforcée afin de lui permettre de contribuer beaucoup plus aux efforts diplomatiques de prévention et de dissuasion de l’éclatement des conflits. 


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a estimé qu’il était préférable et moins coûteux de prévenir que de régler les conflits.  Sans paix et sans stabilité à long terme, le développement durable ne saurait être une réalité, a-t-il observé, en notant que la diplomatie préventive constituait donc un élément indispensable du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  L’Union africaine a mis en place des mécanismes et des structures en matière de diplomatie préventive, de médiation, et de règlement des conflits, a-t-il expliqué, notant que ces mécanismes ont permis de mener des interventions en temps opportun, même si de meilleurs résultats peuvent être obtenus.  Compte tenu des efforts de partenariat entrepris entre l’Union africaine et les Nations Unies, les perspectives d’une utilisation maximale des outils et des capacités disponibles sont plus grandes que jamais, a déclaré M. Rugunda.  La coopération accrue entre les Nations Unies et l’Union africaine, ainsi que la nomination des envoyés spéciaux dotés de mandats pertinents constituent une tendance positive, a-t-il dit, étant entendu, selon lui, que la responsabilité première du règlement des conflits doit être assumée par les acteurs et les dirigeants nationaux.  L’appui à la diplomatie préventive doit donc se faire de manière coordonnée, a-t-il dit.  Le représentant a mis l’accent en particulier sur la nécessité de formuler des réponses préventives fermes et robustes aux menaces de conflits.  Il faut en outre, a-t-il ajouté, se concentrer davantage sur les causes profondes des conflits en vue d’assurer une paix durable, ainsi que la stabilité et le développement à long terme. 


M. YUKIO TAKASU (Japon) a rappelé qu’en matière de prévention des conflits en Afrique, la responsabilité première incombe aux États africains eux-mêmes.  Il faut donc que les dirigeants nationaux de ces pays continuent de promouvoir la démocratie et de mettre en œuvre les réformes fondamentales en matière de sécurité, de bonne gouvernance et d’état de droit, a-t-il estimé.  Après avoir salué à son tour le rôle de l’Union africaine et de la CEDEAO dans la prévention et la gestion des conflits en Afrique, M. Takasu a souligné que le rôle de la communauté internationale doit être d’encourager et d’appuyer les activités de bons offices et de consolidation de la paix de l’ONU, de la Banque mondiale et d’autres partenaires.  Le représentant a estimé que les missions de bons offices de l’Organisation des Nations Unies doivent être renforcées par le biais d’Envoyés expérimentés et de médiateurs agissant au nom du Secrétaire général.  Plaidant pour la création rapide d’un bureau des Nations Unies en Afrique centrale, « pour y promouvoir la paix régionale et y empêcher des conflits sous-régionaux », M. Takasu a estimé que l’engagement à long terme était essentiel car « la résolution des conflits requiert la confiance la plus totale entre les parties ».  Pour sa part, a-t-il poursuivi, le Conseil de sécurité doit se demander à quel moment précis il doit s’engager dans l’appui aux efforts de diplomatie préventive du Secrétaire général.  Le représentant a ainsi préconisé que le Secrétaire général fasse des exposés réguliers au Conseil sur la situation politique et sécuritaire dans les contextes de fragilité des États qui sont ensuite susceptibles de dégénérer en conflit.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les liens entre la paix, la sécurité et le développement.  Il est impératif, a-t-il dit, d’éviter les conséquences dévastatrices d’un conflit armé pour les populations civiles.  Il a également jugé prioritaire de promouvoir des stratégies susceptibles de renforcer les capacités nécessaires à la prévention des conflits, afin de faciliter des réponses en temps opportun quand la situation l’exige.  Il a souligné l’importance de mettre en œuvre la résolution 1625 du Conseil de sécurité, laquelle constitue, à ses yeux, un des progrès majeurs effectués en vue d’intégrer la diplomatie préventive dans les travaux du Conseil ayant trait aux  situations de crise et de conflit en Afrique.  Il convient d’encourager une association plus efficace entre les différents acteurs, notamment les organisations régionales et sous-régionales, les organisations non gouvernementales et les institutions financières internationales.  Il faut, de même, adopter des mesures qui permettent de s’attaquer aux causes structurelles des conflits, a dit M. Heller.


Le représentant a ajouté que le Mexique était favorable à la création de liens stratégiques entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales, et au renforcement des capacités locales de règlement des conflits.  La prévention des conflits passe par le respect du droit international et des opportunités qu’offre l’Article VI de la Charte des Nations Unies, a-t-il également souligné.  Le représentant a en outre estimé que le Conseil de sécurité était confronté à un double défi: celui d’engager les États à régler leurs divergences par des moyens pacifiques et celui de renforcer les efforts de médiation.  Enfin, il a assuré que la paix et la justice étaient indissociables quand on veut régler un conflit armé, et a mis de ce fait l’accent sur la lutte contre l’impunité. 


M. LI BAODONG (Chine) a rappelé que le règlement pacifique des conflits était le principal objectif de l’ONU.  Dans le monde d’aujourd’hui, a-t-il ajouté, la nature des conflits change constamment, et les conflits deviennent autant intra-étatiques qu’interétatiques.  En Afrique cela a pour effet de ralentir le développement socioéconomique, a encore noté le représentant, pour qui les efforts de diplomatie préventive doivent être déployés beaucoup plus rapidement qu’ils ne l’ont été jusqu’à présent, en vue notamment de régler par la médiation les divergences qui peuvent entraîner l’éclatement « durable et coûteux des conflits ».  Le représentant a également plaidé pour l’adoption d’une stratégie globale, le Conseil de sécurité devant dans ce cadre baser sa réflexion et son action sur l’examen des causes profondes des conflits.  Il a estimé qu’à cette fin, le Conseil de sécurité doit renforcer sa coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, et aider le Secrétaire général à jouer son rôle actif de médiateur.


M. GÉRARD ARAUD (France) a rappelé que l’Afrique accueillait près de la moitié des opérations de maintien de la paix et près de 75% des effectifs des Casques bleus déployés à travers le monde.  Il y a aujourd’hui 73 645 soldats de la paix sur le continent pour un effectif total de 100 645, a-t-il expliqué.  À cet égard, la prévention des conflits sur le continent africain est un enjeu majeur, a-t-il ajouté.  Le représentant a souligné l’importance de prévenir les conflits afin de limiter les pertes en vies humaines.  Une meilleure information sur la situation prévalant sur le terrain est indispensable et passe notamment par la tenue au Conseil de sécurité de briefings réguliers ou de réunions sur des sujets précis lorsque la situation l’exige, a-t-il dit.  Ainsi, le représentant a rappelé l’importance de la médiation lors du différend frontalier entre le Nigéria et le Cameroun autour de la presqu’île de Bakassi.  La coordination entre les bureaux régionaux et sous-régionaux –qui disposent de l’expertise et des mécanismes d’alerte précoce- doit être renforcée, a estimé le représentant. 


Par ailleurs, M. Araud a expliqué que les initiatives de la communauté internationale contribuaient à la prévention des conflits en Afrique.  La France, par exemple, est particulièrement active dans la lutte contre les transferts illicites d’armes légères et de petit calibre (ALPC), a ajouté le représentant.  De plus, les programmes de démobilisation, désarmement et réintégration (DDR) permettent de réduire le nombre de combattants et d’armes, a-t-il ajouté.  Le représentant a mis l’accent sur le « Livre blanc sur la politique étrangère et européenne de la France pour 2008-2020 » qui parmi ses priorités contient la question relative à « la prévention des crises et des conflits ».  Il a salué les différentes initiatives africaines visant à doter le continent d’un système de sécurité collective.  Dans le même temps, la prévention des conflits sur le continent est l’une des priorités de la communauté internationale, a-t-il ajouté.  Ce soutien international est indispensable, a-t-il argué, car le continent africain n’est pas encore en mesure de faire seul face aux exigences du maintien de la paix. 


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé qu’il était évident que les efforts devaient avant tout viser à empêcher la propagation des problèmes politiques, socioéconomiques et ayant un caractère transfrontière, comme le terrorisme ou le trafic de stupéfiants.  Il faut, a-t-il dit, une stratégie équilibrée fondée sur la nature interdépendante de la sécurité, du développement économique et des droits de l’homme.  Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité d’utiliser tous les outils à la disposition de la communauté internationale afin d’assurer la paix et la sécurité dans les zones troublées.  Il ne faut pas imposer des solutions de force, mais plutôt avoir recours au dialogue, a-t-il ajouté.  La Fédération de Russie considère qu’il est important de continuer à utiliser le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies qui permet d’encourager les organisations régionales à jouer un rôle plus actif dans le règlement des conflits et des différends, a dit le représentant.  Il est clair, a poursuivi M. Churkin, que le rôle central du Conseil de sécurité, consacré par la Charte des Nations Unies, demeure essentiel.  Le représentant a noté avec satisfaction le rôle croissant joué par des organisations régionales, comme l’Union africaine, pour tenter de résoudre des situations difficiles sur le terrain. 


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) s’est dit convaincu que la communauté internationale doit accorder plus d’attention à la prévention des conflits en vue d’éviter des souffrances causées par des violences qui auraient pu être empêchées.  La prévention d’un mal coûte moins cher que les activités destinées à le guérir, a-t-il ensuite noté, répétant qu’il est toujours moins coûteux d’agir pour éviter le pire que de réagir pour y mettre fin.  Le représentant a salué l’efficacité des missions de médiation de l’ONU qui, comme l’ont montré les exemples du Kenya, de Madagascar et de la Guinée, et, hier, de l’ex-République yougoslave de Macédoine, ont permis d’éviter une escalade des tensions et des guerres de longue durée.  Il a en outre indiqué que le Conseil de sécurité devait, afin d’assumer son rôle de pivot du maintien de la paix et de la sécurité internationales, s’efforcer de minimiser les obstacles en améliorant le flux d’informations entre, notamment, l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  À son tour, il a préconisé que le Secrétaire général fasse régulièrement rapport au Conseil sur les régions à risque qu’il visite.  Enfin, le représentant a appuyé la création d’un mécanisme à l’ONU pour rassembler les différents éléments d’information sur l’évolution de la situation dans des pays et des régions à risques. 


Pour Mme MIRSADA ĆOLAKOVIĆ, (Bosnie-Herzégovine), la résolution des conflits contemporains requiert une approche intégrée incluant les instruments complémentaires que sont la médiation, le dialogue, la gestion et la résolution à proprement parlée du conflit.  Pour bâtir la confiance entre les parties à un conflit, la Bosnie-Herzégovine estime qu’il est important d’assurer la conduite d’un dialogue interculturel et interreligieux, a ensuite dit la représentante.  La prévention de conflits demande que l’on s’attaque à percevoir et résoudre les causes et les racines du conflit de façon globale, en soutenant la promotion du développement durable, la bonne gouvernance, l’état de droit, la réconciliation nationale et l’éradication de la  pauvreté.


Mme Ćolaković a aussi insisté sur l’importance des informations relevant de l’alerte précoce, en provenance des Nations Unies, qui doivent être données dans les meilleurs délais, afin de permettre la prise de bonnes décisions politiques et des mesures les plus efficientes possibles.  Le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations sous-régionales telles que l’Union africaine et l’Union européenne, est un élément important dans la mise en place de réponses précoces aux crises émergentes, a également souligné la représentante.  Aussi a-t-elle plaidé pour un soutien accru de l’ONU à l’architecture de paix de l’Union africaine, tout en soutenant les initiatives régionales de médiation.  Elle a conclu en appelant la communauté internationale à ne pas sous-estimer l’impact de la situation économique, sociale et sécuritaire, dans le cadre de la surveillance des tensions qui émergent au sein d’un État.


Mme BROOKE D. ANDERSON (États-Unis) a souligné l’importance de travailler avec des partenaires et de renforcer les outils visant à empêcher les conflits et à régler les différends.  La représentante a également mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux facteurs de déclenchement des crises et des conflits.  « Il convient », a-t-elle dit, « de continuer à améliorer les capacités d’alerte rapide, d’avoir une meilleure analyse des renseignements, de comprendre les contextes locaux de ces conflits ».  Elle a insisté sur l’importance d’une bonne coordination entre les entités pour que les décideurs puissent disposer d’un certain nombre de choix.  La représentante a affirmé que son pays appuyait la médiation internationale et la diplomatie préventive, et qu’il œuvrait à faire avancer les initiatives multilatérales et à renforcer les nombreux liens qui existent à cet égard.  Rappelant que le Secrétaire général et ses prédécesseurs avaient utilisé leurs bons offices depuis 20 ans pour tenter de mettre fin aux conflits, elle a souligné le rôle également important joué par les organismes régionaux à cet égard.  La représentante des États-Unis a mis l’accent sur la participation des femmes dans les activités de médiation.  De même, la société civile a, selon elle, un rôle fondamental à jouer pour renforcer les institutions de la société en temps de crise.


M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a estimé que si l’ONU veut améliorer ses efforts de prévention, elle doit s’attaquer aux causes des conflits, son action devant être « moins réactive et plus axée sur le renforcement des capacités nationales et locales de prévention ».  Une telle approche suppose la consolidation d’infrastructures robustes nationales de promotion de la paix, a-t-il jugé, avant d’insister sur le fait que la justice, la démocratie, la tolérance, le pluralisme, la diversité et le dialogue culturel sont des éléments fondamentaux pour empêcher l’éclatement des conflits.  Il a assuré qu’en Afrique en particulier, la réforme du secteur de la sécurité, la conduite efficiente des programmes de DDR, la protection des civils, le renforcement des droits de l’homme et de l’état de droit, ou encore un contrôle accru de la possession et de circulation des armes contribuent ensemble à empêcher l’éclatement de conflits ainsi que leur reprise.  Par ailleurs, le représentant a jugé que la réalisation des OMD peut être l’une des fondations de la prévention, certains objectifs permettant de réduire à long terme la vulnérabilité des pays.  Enfin, se référant à la résolution 1365 du Conseil de sécurité, il a plaidé pour une participation accrue des femmes dans le règlement des différends. 


Mme CAROLINE ZIADE (Liban) a estimé que les importantes missions de bons offices du Secrétaire général et de ses envoyés et médiateurs doivent être davantage appuyées financièrement.  La représentante a également estimé que les gouvernements, à travers un dialogue accru avec la société civile, les organisations féminines, les groupes de jeunes et d’autres acteurs nationaux, devraient être en mesure d’identifier les causes de possibles tensions et conflits.  C’est sur la base de ce dialogue et des besoins identifiés que les gouvernements pourraient établir des feuilles de route avant de demander à l’ONU son expertise, a-t-elle dit.  La représentante a ainsi souligné l’importance qu’en cas de crise soudaine, l’ONU intervienne en ayant une bonne connaissance des causes sous-jacentes et de l’arrière-plan politique et culturel du conflit concerné.  D’où la nécessité que les Nations Unies se dotent d’une approche intégrée en matière de diplomatie préventive, en élaborant celle-ci sur l’expérience et l’expertise combinée du Conseil de sécurité, du Département des affaires politiques, de la Commission de consolidation de la paix, du PNUD, de l’UNICEF et d’autres agences spécialisées, a-t-elle dit.  Une telle approche serait d’autant plus efficace qu’elle intégrerait les organisations régionales et sous-régionales, a encore souligné Mme Ziade.  Sur ce dernier point, elle a salué le rôle déterminant de l’Union africaine et de la CEDEAO dans la résolution et la prévention des conflits sur le continent africain.  Le Conseil devrait consolider ses liens avec ces organisations afin de mieux profiter de leurs mécanismes régionaux d’alerte et de leurs capacités de consolidation et de maintien de la paix, a estimé la représentante libanaise. 


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a estimé qu’à la lumière des ressources humaines et financières limitées disponibles pour le maintien de la paix, la diplomatie préventive et la prévention des conflits devaient se voir accorder une attention plus importante de la part de la communauté internationale en général et du Conseil de sécurité en particulier.  La prévention de l’escalade de la violence dans les différends et dans les conflits armés, ou la prévention d’une rechute dans ce genre de conflit, doivent aller de pair avec d’autres activités de gestion des crises, telles que la médiation, le maintien de la paix et la consolidation de la paix, a préconisé le représentant.  À cet égard, a-t-il ajouté, il est important de garantir que tous les efforts de prévention respectent l’état de droit et les droits de l’homme, ainsi que la nécessité de lutter contre l’impunité et de s’attaquer aux causes profondes des conflits.  Le représentant a affirmé que son pays appuyait les efforts en vue d’intensifier la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, en particulier l’Union africaine et deux de ses commissions économiques régionales, la CEDEAO et la SADC.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer et d’utiliser plus efficacement les capacités du Secrétariat des Nations Unies ou d’autres acteurs, comme l’Union européenne.  M. Mayr-Harting s’est par ailleurs dit convaincu que les bons offices du Secrétaire général et de ses envoyés spéciaux apportaient une contribution significative à la prévention des conflits armés et à la médiation en Afrique.


M. EMMANUEL ISSOZE-NGONDET (Gabon) a déploré que la complexité des conflits et leur coût réduisent considérablement les possibilités de développement du continent africain.  C’est pourquoi, a-t-il dit, il est nécessaire que le Conseil de sécurité accentue ses efforts pour prévenir les conflits.  Le représentant a mis en avant les mesures prises par son pays pour prévenir les crises, notamment en Afrique centrale.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à poursuivre ses efforts afin de prévenir également ces crises.  M. Issoze-Ngondet a, par ailleurs, mis l’accent sur le rapport du Secrétaire général de 2008 qui engageait le Conseil de sécurité à s’inscrire dans une logique de prévention des conflits. 


M. Issoze-Ngondet a expliqué qu’en œuvrant pour l’élimination de la pauvreté, la promotion du développement durable, la réforme du secteur de sécurité, l’état de droit, le respect et la protection des droits de l’homme et une plus grande implication des femmes dans la vie publique, les missions des Nations Unies travaillaient à prévenir l’éclosion et l’expansion des causes sous-jacentes des conflits.  Les stratégies pour prévenir les conflits reposent sur un mécanisme d’alerte rapide, a-t-il ajouté.  Le représentant a salué le renforcement de la coopération entre l’ONU, l’union africaine et les organisations régionales et sous-régionales, telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).  Ces organisations, a souligné le représentant, sont parvenues à développer leurs propres mécanismes de prévention des conflits.  Il est indispensable que le Conseil de sécurité renforce son action et ses capacités préventives sur le continent africain, notamment pour accroître l’efficacité de son action et en limiter les coûts croissants, a dit en conclusion M. Issoze-Ngondet.


Mme MAITE NKOANA-MASHABANE, Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, a déclaré que les mécanismes de règlement des conflits mis en place par l’Union africaine témoignaient de l’engagement des pays du continent d’appréhender les défis de la paix et de la sécurité de manière globale.  Dans notre sous-région, la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) continue de jouer un rôle critique dans le maintien de la stabilité, a-t-elle assuré, en soulignant les importants efforts de médiation menés dans ce cadre à cette fin.  Avec le changement de la nature des conflits ces dernières années, qui sont devenus pour la plupart intra-étatiques, la diplomatie préventive qu’encourage l’Article 33 de la Charte de l’ONU s’est imposée comme un outil indispensable pour l’ONU et les organisations régionales, a ensuite noté la Ministre sud-africaine.  Elle a ajouté que les États Membres africains, au travers de leurs formations sous-régionales, prenaient leurs responsabilités tout en reconnaissant que la résolution pacifique des différends demeure une responsabilité souveraine.  Mme Nkoana-Mashabane a en outre attiré l’attention des membres du Conseil sur l’importance des bons offices du Secrétaire général et sur la nécessité de poursuivre le renforcement du Bureau d’appui à la médiation et des capacités d’alerte rapide du Département des affaires politiques.  Enfin, elle s’est dite convaincue qu’au cœur de la diplomatie préventive, le développement socioéconomique est essentiel pour instaurer une paix réellement durable et ouvrir des fenêtres d’opportunité dans les pays touchés par des conflits. 


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a notamment mis l’accent sur les mécanismes de prévention des conflits mis en place par la CEDEAO, dont des mécanismes d’alerte rapide pour la prévention de conflits, et par l’Union africaine, tels que le Conseil de paix et de sécurité et le Groupe des Sages.  Les efforts visant à renforcer la prévention doivent faire partie d’une vision stratégique et d’une démarche globale, a-t-il également expliqué.  Le représentant a outre souligné la nécessité de définir des stratégies de maintien de la paix très claires en matière d’entrée et de sortie du conflit et d’envisager des partenariats plus forts avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine.  Le Département des affaires politiques doit continuer à jouer un rôle central dans les activités liées à la médiation des conflits, ceci en coopération étroite avec le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, a dit le représentant de l’Égypte.  Il a estimé que le cinquantième anniversaire, cette année, de l’indépendance de plusieurs pays africains, devrait être l’occasion pour les Nations Unies, les donateurs, les partenaires et d’autres de parvenir à une montée en puissance de leur appui à l’Afrique en vue d’y renforcer les capacités dans le domaine du règlement des conflits. 


M. PETER WITTIG (Allemagne) a estimé que la prévention des conflits est l’un des principaux défis du monde d’aujourd’hui.  Saluant l’engagement des États Membres pour tenter de relever ce défi, le représentant a indiqué que le renforcement des partenariats entre d’une part l’ONU et ses institutions, et de l’autre les organisations régionales et sous-régionales, était indispensable.  Les Nations Unies disposent d’une large gamme d’outils préventifs, tels que la médiation, les envoyés spéciaux, les missions d’établissement des faits, les commissions d’enquêtes, a rappelé M. Wittig. 


La création, en 2005, de la Commission de consolidation de la paix, a été une étape essentielle dans la prévention des conflits, a rappelé le représentant.  Cette Commission œuvre à prévenir les conflits, notamment par l’examen des éventuelles causes sous-jacentes, a-t-il ajouté.  Une plus grande cohérence du système de développement des Nations Unies renforcera les chances de maintenir un environnement durable et propice à la paix, a dit M. Wittig. 


M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a notamment estimé que la complexité des conflits actuels représentait un défi persistant pour le continent africain.  Éviter leur éclatement ainsi que leur résurgence n’est plus depuis longtemps une question de paix et de sécurité, mais bel et bien un impératif de la promotion du développement durable, a-t-il ajouté.  C’est ainsi qu’il a préconisé le renforcement et la traduction en actes forts des partenariats forgés entre l’ONU et l’Union africaine ainsi que d’autres initiatives qui, comme le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), lient la nécessité de la prévention des guerres à la promotion du développement.  Le représentant a également estimé que, pour éviter, comme le demande la Charte de l’ONU, de léguer aux générations futures le fléau de la guerre, l’action commune doit se concentrer sur la promotion de l’état de droit, de la gouvernance démocratique, des élections libres et équitables, du partage des richesses et de l’harmonisation des relations interethniques.


M. JOHN MCNEE (Canada) a estimé que, de plus en plus, l’Afrique faisait preuve de leadership et se montrait apte à s’attaquer aux problèmes de l’heure, dont certains minent la paix et la sécurité de ses populations et de son territoire.  L’Afrique fait preuve de leadership dans les actions visant à prévenir les conflits violents et les crises politiques qui l’ont trop longtemps affectée.  Dans le domaine de l’action préventive, le représentant canadien a constaté que la communauté internationale ne disposait d’aucune méthode uniformisée pour faire le lien entre l’analyse et la politique.  Le Conseil de sécurité a parfois comblé une telle lacune, mais sa contribution à la diplomatie préventive serait bien plus grande s’il se penchait davantage sur la relation entre l’analyse et les grandes orientations.  Le Canada, a ajouté M. McNee, exhorte le Conseil de sécurité à accroître ses efforts en matière d’action proactive destinée à prévenir l’éclatement des conflits.  Le représentant a également souligné la nécessité impérative pour le conseil d’être en mesure de briser les liens qui se tissent entre le terrorisme, le trafic de stupéfiants et la criminalité organisée, de même que d’appuyer la primauté du droit et le renforcement de la médiation. 


M. PEDRO SERRANO, Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne (UE), a souligné que l’Union européenne avait renforcé ses capacités pour mieux gérer les tensions et l’insécurité, afin de prévenir l’irruption des violences et contribuer ce faisant au développement d’une « culture globale de prévention ».  Il a ensuite évoqué le programme de l’UE intitulé « Prévention des conflits violents », qui montre que la diplomatie préventive est au cœur des politiques étrangères des membres de l’Union.  L’UE met l’accent sur le codéveloppement, l’assistance au renforcement du respect des droits de l’homme, de l’état de droit et de la lutte contre l’impunité, a-t-il encore détaillé, soulignant l’importance d’associer les ONG à ces efforts multilatéraux.  L’Union africaine est un partenaire crucial de l’UE, a-t-il ensuite indiqué, indiquant à ce propos que les stratégies conjointes qui les unissent dans les domaines de la paix et de la sécurité prévoient des activités de longue durée sur le terrain.  M. Serrano a également signalé que l’appui fourni par l’UE à l’Union africaine permettait l’opérationnalisation des mécanismes d’alerte rapide, de désarmement et de contreterrorisme de cette dernière.  Enfin, il a mis en exergue la coopération entre les deux entités en matière de médiation, que « l’UE considère comme la première réponse possible aux situations de crise ».  Il a annoncé qu’à la fin du mois d’août, se tiendrait à Addis-Abeba une réunion de haut niveau sur les leçons apprises en la matière, réunion à laquelle participeront les envoyés spéciaux et les représentants pour l’Afrique de l’Union africaine, de l’ONU et de l’Union européenne. 


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a affirmé qu’il était primordial de considérer le spectre des crises comme un continuum au cours duquel la communauté internationale pouvait intervenir en ayant recours à des instruments tels que la diplomatie préventive, et le maintien et la consolidation de la paix.  Nonobstant la pertinence, l’importance et l’efficacité des moyens de règlement pacifique des conflits et des différends, rien ne vaut une politique d’anticipation de ces conflits, a-t-il dit.  Selon lui, cette dimension reste malheureusement une des approches les moins exploitées par la communauté internationale.  Il est fondamental d’instiller à l’ONU une culture de la prévention, a-t-il estimé, soulignant la nécessité de renforcer qualitativement l’Unité de médiation du Département des affaires politiques.  Il a également plaidé en faveur de la création d’un groupe de haut niveau au Secrétariat qui serait chargé de la prévention et qui comprendrait le Cabinet du Secrétaire général, le Département des affaires politiques, le Département des opérations de maintien de la paix, le Bureau chargé de la consolidation de la paix et le Bureau chargé de la coordination des secours humanitaires.  Par ailleurs, le représentant a observé qu’il existait des paramètres endogènes susceptibles de permettre de prévenir l’émergence de crises, citant ainsi le bon voisinage, la concertation et l’entraide mutuelles sur les plans régionaux, la coopération bilatérale et régionale sur le plan sécuritaire, et le traitement des causes sous-jacentes des conflits.  M. Loulichki a souhaité que les Nations Unies développent, à travers leur présence sur le terrain, un mécanisme d’alerte précoce permettant de détecter des facteurs de crise et de les contenir avant qu’elles ne dégénèrent.


Mme SUSAN WAFFA-OGOO (Gambie) a indiqué que l’engagement du Conseil de sécurité aux premières heures de l’irruption d’un différend renforçait les missions de bons offices menées par le Secrétaire général et l’action conduite par les organisations sous-régionales telles que la CEDEAO.  Elle s’est ensuite félicitée de la relation établie entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en matière de diplomatie préventive, et de celle existant entre le Bureau de l’ONU en Afrique de l’Ouest et la CEDEAO qui a déjà permis le renforcement de la stabilité politique à travers la sous-région.  Lorsque les Nations Unies et les acteurs régionaux agissent de concert pour soutenir des États Membres, des acteurs locaux, et la société civile, les conflits finissent par être réglés et contenus, a soutenu la représentante pour qui la tenue d’élections pacifiques et crédibles engendre stabilité et sécurité.  Mme Waffa-Ogoo a en outre plaidé pour la réforme des secteurs de la sécurité des États, ceci à la fin d’un conflit, ainsi que pour la lutte contre le trafic de drogues qui menace la stabilité de l’Afrique de l’Ouest.  La communauté internationale doit aider la CEDEAO à faire face à cette menace, a-t-elle conclu.


M. ANDREW GOLEDZINOWSKI (Australie) a jugé que le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales avaient un rôle primordial à jouer dans les efforts de diplomatie préventive; qui est « un rôle au moins aussi important que celui qui est le leur en matière de gestion des conflits ».  Le représentant a ajouté que les mécanismes d’alerte rapide déployés au niveau régional doivent être renforcés.  Après avoir lui aussi salué l’action de l’Union africaine (UA) dans la prévention des conflits et dans le maintien de la paix, M. Goledzinowski a considéré que la mise en place d’un bureau de l’ONU à Addis-Abeba devrait permettre d’activer des synergies plus efficaces et plus robustes entre l’ONU et l’Union africaine.  En conclusion, M. Goledzinowski a estimé que le Département des affaires politiques était indispensable pour fournir aux acteurs une information détaillée sur les causes des conflits et pour encourager la volonté politique nécessaire à la prise de mesures de prévention. 


M. KIM BONG-HYUN (République de Corée) a salué les efforts entrepris par les organisations régionales et sous-régionales d’Afrique en faveur de la prévention des conflits.  Les mécanismes d’alerte avancée établis en particulier par la CEDEAO sont un pas dans la bonne direction, a-t-il notamment souligné.  Le représentant a insisté sur l’importance de la médiation dans la prévention des conflits.  Il s’est félicité des efforts entrepris par le Secrétaire général et le Secrétariat.  L’engagement des Nations Unies dans le domaine de la diplomatie préventive et de l’appui au processus de paix ont été importants, a-t-il dit.  Il a, à cet égard, fait état du travail fourni par le Groupe de l’appui à la médiation, qui dispose désormais d’une équipe de réserve d’experts en médiation.  Outre la médiation, d’autres voies de diplomatie préventive doivent être utilisées, a-t-il déclaré, citant en particulier l’établissement de bons offices, les envoyés spéciaux et l’augmentation du nombre de consultations.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a noté avec satisfaction que la diplomatie préventive était désormais un instrument efficace reconnu de tous.  La diplomatie préventive requiert patience, discrétion et coordination, a estimé le représentant.  Il a ajouté que les mesures préventives faisaient économiser à la communauté internationale des ressources précieuses.  M. Benmehidi a indiqué que la prévention reposait sur une dynamique des efforts et notamment une meilleure coopération aux niveaux global, régional et sous-régional.  Le représentant a mis en avant la refonte du système africain de sécurité collective, étape importante qui montre la prise de conscience collective en faveur de la paix et de la sécurité.  Le Conseil des sages, le Système d’alerte rapide ainsi que la Force africaine en attente sont également des outils en faveur du maintien, de la consolidation et du renforcement de la paix et de la sécurité sur le continent africain, a ajouté le représentant.  


Cependant, M. Benmehidi a rappelé que le risque de crises reste élevé dans les pays où une certaine forme d’insécurité demeure.  Ainsi, il a suggéré de s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits.  De plus, les moyens d’action de la diplomatie sont inefficaces tant que les parties elles-mêmes refusent de recourir au dialogue et à la négociation.  L’alerte précoce, le développement préventif, la coordination des systèmes sont autant d’éléments indispensables pour prévenir les crises et les conflits.  Toutefois, la question du financement demeure un élément critique qui doit être pris en compte lors de l’élaboration des stratégies de prévention, a indiqué M. Benmehidi. 


M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a estimé que les États africains avaient mis en place une solide architecture de paix et de sécurité, par le biais de leurs organisations régionales et sous-régionales, comprenant des mécanismes de prévention des conflits et de médiation, tels que le Conseil de paix et de sécurité et le Groupe des Sages de l’Union africaine.  La communauté internationale, en particulier l’ONU et ses organes principaux devraient soutenir l’Afrique et l’encourager dans son action de prévention des conflits, a t-il insisté.


S’agissant de l’ONU, le représentant a reconnu que l’organisation avait connu des réussites dans le déploiement de sa diplomatie préventive, notamment en Afrique.   Cependant, a-t-il souligné,  « nous devons renforcer les capacités locales, nationales et régionales dans les domaines de la médiation, de la prévention des conflits, de la réconciliation et du dialogue, tout en profitant des avantages qui y sont attachés ».  Le Conseil de sécurité doit pour sa part utiliser de façon  large et effective les procédures et moyens de règlement pacifiques des différends, prévus par la Charte de l’ONU.  Du fait de son expérience, l’Union africaine est aujourd’hui idéalement placée pour améliorer la structure de gouvernance mondiale en vue de la rendre plus égalitaire et plus juste, a conclu M. Haroon.


M. PAUL BADJI (Sénégal) a estimé que des milliers de vies auraient pu être épargnées si les atrocités commises dans les situations de crise avaient été anticipées.  « Les bienfaits de la diplomatie préventive ne sont plus à démontrer », a-t-il ajouté.  L’intervention des organisations régionales et sous-régionales a permis, dans certains cas, d’enregistrer des succès, a-t-il dit.  À cet égard, le représentant du Sénégal a souhaité que l’Organisation des Nations Unies inscrive la question de la prévention des conflits au cœur de sa stratégie.  Pour parvenir à une diplomatie préventive et efficace, il est indispensable que les moyens financiers soient à la hauteur des besoins, a ajouté M. Badji. 


Par ailleurs, le représentant a estimé que le renforcement de la coopération entre l’ONU, ses institutions, et les organisations régionales et sous-régionales était indispensable pour consolider les mécanismes de prévention et de règlement des conflits.  Ainsi, le partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine est un excellent exemple de coopération, a noté le représentant.  Toutefois, comme l’a rappelé le Secrétaire général dans son rapport publié sous la cote S/2008/18 (2008), la diplomatie préventive est une tâche multiforme qui englobe des décisions politiques et des activités humanitaires et de développement, et qui nécessite que les organisations travaillent en étroite collaboration avec l’ONU, a indiqué M. Badji. 


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a notamment encouragé l’ONU à poursuivre son appui au Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine, et il a salué les activités menées par l’Organisation des Nations Unies auprès de l’Union africaine « pour en accroître ses capacités de médiation ».  Il a ensuite noté avec satisfaction l’apport de la Commission de consolidation de la paix aux activités de prévention, « car cette dernière évite la résurgence de la violence dans les pays en situation postconflit ou l’émergence de conflits ouverts ».  Nous encourageons une telle approche qui permet de traiter des causes politiques, socioéconomiques et autres causes structurelles qui sont à la base des conflits armés, a-t-il encore déclaré.  Poursuivant son intervention, M. Kafando a plaidé pour une optimisation des voies diplomatiques et préventives passant par la sensibilisation des acteurs nationaux ou encore la mise à contribution des capacités et ressources existant au niveau sous-régional ou régional dans le cadre des activités de prévention.  Il faut également poursuivre la coordination de l’action des organismes onusiens pertinents et intensifier la promotion du développement économique et social, ainsi que la lutte contre l’impunité, a insisté le représentant. 


M. SHEKOU TOURAY (Sierra Leone) a estimé que les conflits récurrents qui ont affecté le continent africain durant les 50 dernières années, avaient joué un rôle important dans l’absence de progrès en matière de développement et, singulièrement dans les difficultés de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  La prévention des conflits violents implique, a-t-il poursuivi, la mise en place à l’échelle locale, régionale, et internationale, de mécanismes structurels ayant les capacités d’assurer une surveillance et de lancer des alertes précoces, ce qui permettrait donc de prévoir et anticiper les situations potentielles de violence.  Les instruments indispensables en matière de diplomatie préventive, a ajouté le représentant, sont le développement, l’éducation, ainsi que la promotion des droits politiques et humains.  La diplomatie préventive demande aussi l’implication de partenaires nationaux, régionaux, et internationaux dans la recherche de solution aux contentieux, avec une présence majeure du Conseil de sécurité, a-t-il soutenu. 


M. Touray a par ailleurs rappelé qu’au plan international et africain, il existait depuis longtemps, une diversité de textes et d’instruments normatifs relatifs à la prévention des conflits.  Il a ensuite indiqué qu’il revient à la communauté internationale d’exercer la volonté politique nécessaire à la mise en œuvre de ces instruments, en octroyant les ressources financières et humaines nécessaires, en vue de promouvoir la paix et la sécurité mondiales.


M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin) a affirmé que le thème du débat remettait à l’ordre du jour la question de la mise en place d’une stratégie cohérente de prévention des conflits à l’échelle des Nations Unies.  Cette stratégie, a-t-il dit, devrait s’articuler autour du renforcement des capacités des pays à gérer de manière pacifique leurs différends internes sans recours à la violence armée; de la mise en place d’un mécanisme d’alerte et de réponse tardive et graduée pouvant aller jusqu’au déploiement de forces des Nations Unies à titre préventif; du renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales; et de la mobilisation de ressources financières adéquates pour la mise en œuvre des mesures de prévention structurelles et opérationnelles.  Par ailleurs, au regard des crises récentes, caractérisées par des explosions de violence postélectorale, il importe d’accorder une attention particulière dans les efforts de diplomatie préventive aux moyens de garantir la transparence des élections, de remédier au manque de confiance dans les organes classiques de règlement du contentieux électoral.  Il faut aussi accroître la crédibilité des processus électoraux comme mode de dévolution du pouvoir, conforter la légitimité des gouvernants et éviter les situations de blocage politique qui sont de nature à faire déraper les processus démocratiques.


M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a fait sien le principe selon lequel les États doivent prévenir l’aggravation des différends dans leurs relations internationales, particulièrement à travers la mise en œuvre des obligations qu’ils ont à ce niveau.  Ils se doivent aussi d’utiliser les moyens pacifiques de règlement des différends pour mettre fin à des situations qui pourraient mettre en péril la paix et la sécurité internationales, a-t-il ajouté.  L’alerte rapide, la diplomatie préventive, les mesures de désarmement, tout comme la consolidation de la paix dans les situations postconflit, sont interdépendants et constituent les éléments complémentaires de la stratégie globale de prévention des conflits, a ensuite soutenu M. Ntwaagae.  Abordant le contexte africain, le représentant a estimé que l’Union africaine avait la légitimité et l’autorité politique et morale nécessaires pour s’occuper de la prévention des conflits en Afrique, comme elle l’a fait ces dernières années. En concluant, il a plaidé pour l’octroi de financements stables à mettre au service de l’édification des capacités en matière de diplomatie préventive et de l’amélioration de l’expertise nationale et régionale en ce domaine.


M. JUSTIN N. SERUHERE (République-Unie de Tanzanie) a rappelé que les conflits armés ne faisaient pas que causer instabilité et insécurité, mais qu’ils avaient aussi pour effet de retarder sérieusement le développement.  La pauvreté et le chômage sont devenus des phénomènes persistants dans les pays en conflit ou sortant d’un conflit, les jeunes chômeurs pouvant basculer facilement dans le terrorisme et le trafic d’armes et de stupéfiants, a indiqué le représentant.  Aucune société civilisée ne peut se targuer d’avoir bâti sa richesse en laissant s’incruster la culture du conflit, a-t-il affirmé.  Pour le représentant, la communauté internationale doit s’unir dans le cadre d’une approche s’attaquant aux causes de l’instabilité et des cycles de conflit.  Il est à tous points de vue moins coûteux d’investir dans le développement, l’emploi et l’élimination de la pauvreté que d’appuyer pendant des décennies des activités de maintien de la paix, a encore assuré le représentant tanzanien.  Les États Membres doivent donner à l’ONU les moyens d’exercer son autorité multilatérale et exiger de sa part qu’elle agisse de manière efficace et en toute impartialité, a-t-il conclu. 


M. ZACHARY D. MUBURI MUITA (Kenya) a affirmé que l’Afrique avait joué un rôle directeur dans le règlement des conflits sur le continent et au-delà, en déployant des missions de maintien de la paix et de médiation.  L’Afrique, a-t-il dit, est prête à prendre davantage de responsabilités à cet égard.  Mais, a-t-il précisé, de nombreux défis subsistent dans la mise en œuvre du mécanisme de diplomatie préventive.  Le représentant a souligné que l’Afrique disposait de ses propres mécanismes de règlement des différends, mais qu’elle était confrontée à un manque de ressources et de capacités.  La communauté internationale peut contribuer à la prévention des conflits en Afrique en soutenant les mécanismes régionaux existants, a-t-il ainsi assuré.  Il a exhorté les Nations Unies et la communauté internationale à investir davantage dans les mécanismes de prévention des conflits.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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