CS/9890

Le chômage des jeunes, la corruption et le trafic de la drogue constituent des obstacles au développement de la Sierra Leone, affirme le Représentant exécutif du BINUCSIL

22/03/2010
Conseil de sécuritéCS/9890
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Conseil de sécurité

6291e séance – matin


LE CHÔMAGE DES JEUNES, LA CORRUPTION ET LE TRAFIC DE LA DROGUE CONSTITUENT DES OBSTACLES

AU DÉVELOPPEMENT DE LA SIERRA LEONE, AFFIRME LE REPRÉSENTANT EXÉCUTIF DU BINUCSIL


La Sierra Leone exige une attention et une assistance continues en vue des élections

 présidentielles, législatives et locales de 2012, souligne le Président de la Configuration Sierra Leone de la CCP


Le Représentant exécutif du Secrétaire général et Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL) a indiqué ce matin, devant les membres du Conseil de sécurité, que, si des progrès notables ont été accomplis en matière de lutte contre la corruption, le problème du chômage chez les jeunes demeure préoccupant pour le pays, notamment à l’approche de la tenue de trois élections importantes en 2012.


« Malgré l’ampleur de ce problème social et de ses répercussions politiques, peu de progrès ont été réalisés », a d’emblée affirmé M. Michael von der Schulenburg, qui était venu présenter le quatrième rapport* en date du Secrétaire général sur le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL).  « Les programmes mis sur pied jusqu’à présent ont peu de chance d’avoir un impact réel sur la population, et cette situation est à la fois imputable au Gouvernement et à ses partenaires pour le développement. »


Il a cependant indiqué qu’à la suite de la récente visite d’une délégation de la Commission de consolidation de la paix, les ministères concernés et des partenaires en développement pertinents s’étaient réunis afin de mettre sur pied, sous la direction du Commissaire pour la jeunesse de la Sierra Leone, un programme national intégré visant à créer des emplois pour les jeunes.  « C’est seulement la deuxième fois que les partenaires pour le développement et le Gouvernement sierra-léonais se sont accordés sur la création d’un programme conjoint dans un domaine crucial de la consolidation de la paix.  La Commission de consolidation de la paix a joué un rôle important pour rassembler l’appui international en faveur d’une question critique en matière de développement », a-t-il souligné.


Le Représentant exécutif a par ailleurs fait état des « progrès tangibles » réalisés ces six derniers mois par le Gouvernement sierra-léonais dans la lutte contre le trafic illicite de la drogue.  Il a notamment évoqué le travail de l’Équipe conjointe pour l’interdiction de la drogue, relevant toutefois qu’il importait de renforcer de « toute urgence » la sécurité côtière du pays afin de combattre, d’une part, le trafic maritime de la drogue, et, de l’autre, la pêche illicite ainsi que les premiers cas de traite d’êtres humains et de piraterie.


Abordant ensuite le volet de la corruption, M. von der Schulenburg a signalé qu’au cours des derniers mois, la Sierra Leone avait pris des mesures « notables et sans précédent » pour combattre ce problème.  Il a précisé que plusieurs hauts fonctionnaires du Gouvernement avaient été arrêtés, y compris des proches du Président sierra-léonais, M. Ernest Bai Koroma.  Le Directeur de l’Autorité fiscale nationale a été démis de ses fonctions, le Ministre de la santé s’est vu imposé, le 11 mars dernier,  une peine de prison de cinq ans, tandis que le Secrétaire permanent et le Ministre de la pêche, accusés de corruption, ont été relevés de leurs fonctions.  « Ce dernier cas revêt une signification politique importante car ce Ministre bénéficiait d’un large soutien au sein du Gouvernement », a ajouté M. von der Schulenburg. 


Le Représentant exécutif a également relevé qu’une bonne gestion des ressources minérales et naturelles du pays était étroitement liée à la lutte contre la corruption, et a « fermement engagé » le Gouvernement à respecter les normes de l’Initiative de transparence des industries extractives.


M. von der Schulenburg a également expliqué que trois élections importantes auront lieu en 2012, à savoir les élections présidentielles, parlementaires et locales.  « Ces élections posent des défis très difficiles et complexes pour le pays et des efforts concertés seront nécessaires pour s’assurer qu’elles se dérouleront de manière libre, transparente et dans le calme », a-t-il dit.  Le Représentant exécutif a notamment déploré le fait que le milieu politique sierra-léonais était de plus en plus fréquemment défini par des affiliations ethniques et que le fossé entre le nord et le sud du pays se creusait davantage.  « Face à cette situation, le BINUCSIL et le Gouvernement sierra-léonais ont décidé de préparer les élections de 2012 le plus tôt possible », a-t-il assuré.


Le Représentant exécutif a également attiré l’attention des membres du Conseil sur le fait que le BINUCSIL n’avait pas réussi à réunir les fonds nécessaires pour financer sa stratégie de consolidation de la paix.  « Les fonds supplémentaires que nous cherchons à réunir, par le biais de notre nouveau Fonds d’affectation spéciale multidonateurs de l’ONU, seulement 200 millions de dollars, somme qui permettra de financer quatre ans de consolidation de la paix à l’heure actuelle, alors qu’elle n’aurait suffit qu’à quatre mois d’une opération de maintien de la paix en 2004 ».


Également présent à cette réunion, M. John McNee, Président de la formation Sierra Leone de la Commission de consolidation de la paix et Représentant permanent du Canada, a relevé que des mesures importantes avaient été prises après la signature, en mars 2009, du Communiqué conjoint par les principaux partis politiques du pays.  Il a néanmoins relevé que la confiance mutuelle et le dialogue entre ces partis politiques demeuraient limités et s’est dit préoccupé par la polarisation ethnique et régionale du pays.  En perspective de la tenue des élections de 2012, il a appelé toutes les parties concernées à assurer le suivi du Communiqué conjoint et à créer un climat politique plus tolérant et coopératif.


M. McNee, qui venait tout juste de rentrer d’un déplacement en Sierra Leone où il s’était rendu  en tant que membre d’une délégation de la Commission de consolidation de la paix, a cependant estimé que le Gouvernement de la Sierra Leone méritait d’être félicité pour les efforts qu’il déploie dans sa lutte contre la corruption.  « La suspension de trois ministres du Gouvernement sierra-léonais envoie un signal fort, et le changement de position de la Sierra Leone sur l’index de Transparency International illustre de manière concrète les accomplissements du Gouvernement », a-t-il dit.  Le représentant a néanmoins affirmé qu’on ne pouvait sous-estimer l’importance d’accorder suffisamment de capacités et de ressources à une force de police « digne de confiance » avant la tenue des élections de 2012.


Préoccupé lui aussi par le problème du chômage chez les jeunes, le Président de la formation Sierra Leone de la CCP a notamment relevé que de nombreux jeunes désœuvrés vivaient en zone urbaine et que leur marginalisation sociale risquait d’être une « source latente » d’instabilité politique dans le pays.  Il a annoncé que la configuration Sierra Leone de la Commission de consolidation de la paix se réunira, le 26 mars, afin d’étudier les moyens d’appuyer les efforts du Gouvernement pour faire face à ce problème.


« L’approche intégrée adoptée par la Sierra Leone pour lutter contre le trafic illicite de la drogue était un modèle pour l’ensemble de la région », s’est par ailleurs félicité M. McNee.  Il a précisé que la Sierra Leone procédait actuellement à la transformation de son Équipe conjointe pour l’interdiction des stupéfiants en une Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée, et a estimé que les efforts déployés par le pays méritaient un appui supplémentaire de la communauté internationale afin de doter la sous-région des capacités et moyens nécessaires pour lutter efficacement contre le trafic de la drogue et la criminalité transnationale organisée.


« La Sierra Leone est un succès multilatéral », a affirmé M. McNee, faisant remarquer que les dernières prérogatives en matière de consolidation de la paix constituent les seuls obstacles au développement à long terme du pays.  Il a engagé les donateurs à contribuer des navires de patrouilles et des véhicules de police pour aider la Sierra Leone à assurer la sécurité de ses frontières maritimes.  Il a également expliqué que les contributions financières destinées à appuyer l’Agenda pour le changement et la vision commune des Nations Unies pour la Sierra Leone contribueraient à la consolidation de la paix.  M. McNee s’est déclaré convaincu que l’approche intégrée, adoptée par les Nations Unies en Sierra Leone, mérite le plus ferme appui de la part de la communauté internationale.


Intervenant à son tour à l’issue de la présentation de ces deux exposés, le Représentant permanent de la Sierra Leone a affirmé qu’outre ses accomplissements en matière de respect des droits de l’homme, de transparence, de lutte contre la corruption et de lutte contre le trafic de la drogue, son pays était « déterminé » à établir une culture de tolérance politique.  « La nomination récente de l’ancien Ministre de l’information et de la communication et membre du parti populaire de la Sierra Leone (Sierra Leone People´s Party, SLPP) au poste de Président de la Société de radiodiffusion de la Sierra Leone est la preuve de l’engagement du Gouvernement en faveur de l’édification d’un système de communication démocratique », a-t-il assuré.


M. Rupert Davies s’est également félicité du fait que plusieurs ministres et fonctionnaires avaient été démis de leurs fonctions pour cause de corruption.  « Le Président Ernest Bai Koroma reste fidèle à l’engagement qu’il a pris lors de son accession au pouvoir en 2007 et s’assurera qu’il n’y aura aucune vache sacrée au sein de son gouvernement », a–t-il dit.


Au nombre des défis qui restent à relever, M. Davies a reconnu la nécessité de s’attaquer au problème du chômage chez les jeunes.  « On ne peut sous-estimer la nécessité urgente de mobiliser suffisamment de ressources afin de répondre de manière durable à ce problème », a-t-il dit.


Le représentant a fait remarquer que la stabilité de la Sierra Leone demeurait tributaire de l’instabilité économique et sociale de la sous-région.  Il a notamment fait remarquer que la crise politique que connaît actuellement la Guinée risquait de s’étendre au-delà de ses frontières.  En outre, pour lutter efficacement contre le trafic illicite de la drogue et la criminalité transnationale organisée, le pays aura besoin pendant de longues années de la présence du BINUCSIL, a-t-il souligné, avant de conclure.


*     S/2010/135


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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