AG/11020

Assemblée: le chef de l’AIEA veut préserver l’équilibre entre la surveillance de la non-prolifération et la promotion de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire

08/11/2010
Assemblée généraleAG/11020
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-cinquième session                                 

46e séance plénière – matin


ASSEMBLÉE: LE CHEF DE L’AIEA VEUT PRÉSERVER L’ÉQUILIBRE ENTRE LA SURVEILLANCE DE LA NON-PROLIFÉRATION ET LA PROMOTION DE l’UTILISATION PACIFIQUE DE L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE


Yukiya Amano, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), présentant aujourd’hui son premier rapport à l’Assemblée générale, a affirmé qu’il avait consacré sa première année à la tête de l’AIEA à préserver l’équilibre entre les activités liées à la non-prolifération des armes nucléaires, d’une part, et la promotion de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, d’autre part.


Il a déclaré vouloir changer la perception de l’Agence en tant que simple organe de surveillance nucléaire, car cette image ne rend pas justice à ses nombreuses activités, notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de la gestion des ressources en eau ainsi que dans la coopération technique, en général. 


Dans la résolution* qu’elle a adoptée par consensus après avoir entendu 22 délégations et l’explication de position de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), l’Assemblée générale réaffirme en effet son appui au rôle « irremplaçable » que l’Agence joue en aidant la mise au point et l’application pratique des utilisations de l’énergie atomique à des fins pacifiques, ainsi qu’à ce qu’elle apporte dans le domaine du transfert de technologies aux pays en développement et dans celui de la sûreté, de la vérification et de la sécurité nucléaires.  En présentant la résolution, le représentant du Pakistan a estimé que la crédibilité même de l’Agence dépend d’un meilleur équilibre entre ces différentes fonctions.


Le Directeur général a signalé, presque 25 ans après la catastrophe de Tchernobyl, l’intérêt croissant des pays pour l’énergie nucléaire en tant que source d’énergie stable et propre.  D’ici à 2030, 25 pays pourraient démarrer leur première centrale nucléaire, a-t-il annoncé.  Par la voix du représentant de la Belgique, l’Union européenne (UE) a reconnu le droit de chaque pays de définir sa propre stratégie en matière d’énergie.  L’AIEA, a-t-il souligné, a un rôle essentiel à jouer pour aider ces pays à s’assurer que le développement et le fonctionnement des centrales nucléaires respectent les plus strictes conditions juridiques, opérationnelles, sécuritaires et de non-prolifération.  


M. Amano a d’ailleurs estimé que le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée continue d’être un grave sujet de préoccupation.  L’AIEA n’a pas dépêché d’inspecteurs dans ce pays depuis avril 2009.  La RPDC n’a pas permis à l’Agence d’appliquer les accords de garanties depuis décembre 2002 et n’a pas non plus appliqué les mesures requises par les résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité.


Dans son explication de position, le représentant de la RPDC a indiqué que pour revitaliser la dénucléarisation de la péninsule, la mesure la plus urgente et la plus essentielle est de renforcer la confiance entre la RPDC et les États-Unis par la signature d’un traité mettant un terme à l’état de cessez-le-feu. 


S’agissant de l’Iran, a indiqué M. Amano, l’Agence continue de vérifier le non-détournement des matériaux nucléaires déclarés.  Mais, a-t-il ajouté, l’Iran n’a pas fourni la coopération nécessaire pour permettre à l’Agence de confirmer que tous les matériaux étaient destinés à des fins pacifiques.  Arguant de la bonne collaboration de son pays, le représentant de l’Iran a dit croire que les derniers rapports de l’Agence ont été préparés sous une pression.  Il a réitéré la détermination du peuple et du Gouvernement iraniens à exercer leur droit inaliénable à la technologie nucléaire à des fins pacifiques et s’est félicité du retour à la table des négociations du Groupe 5+1.  Nous attendons de voir leurs réelles intentions, a dit le représentant.


Enfin sur le Moyen-Orient, le Directeur général de l’AIEA a constaté que, malgré des consultations en vue de la tenue d’un forum sur la pertinence de créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région, il n’y avait pas eu de convergence de vues entre États Membres.  La Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a soutenu en mai dernier la tenue en 2012 d’une conférence qui réunirait tous les États du Moyen-Orient.  De nombreuses délégations ont rappelé cette décision, en attirant l’attention sur les menaces que font peser dans la région les activités « clandestines » d’Israël.  Tous les intervenants ont appelé à l’universalisation du Protocole additionnel et du système de garanties généralisées de l’AIEA. 


L’Ukraine a annoncé la commémoration, l’année prochaine, du vingt-cinquième anniversaire de l’accident de Tchernobyl.  Sa représentante a indiqué que son pays, le Bélarus et la Fédération de Russie avaient décidé de convoquer au mois d’avril prochain, en Ukraine, une Conférence internationale intitulée « Vingt-cinq ans après l’accident de Tchernobyl – la sécurité pour l’avenir ».


L’Assemblée générale poursuivra ses travaux mardi 9 novembre, à partir de l0 heures, avec l’élection de sept membres du Comité du programme et de la coordination et la nomination des membres du Comité des conférences.


    * A/65/L.10


RAPPORT DE L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE


Exposé


M. YUKIYA AMANO, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), présentant son premier rapport devant l’Assemblée générale, a déclaré que le thème constant de sa première année à son poste avait été de maintenir l’équilibre entre les objectifs relatifs à la non-prolifération des armes nucléaires, d’une part, et ceux de la promotion de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, d’autre part.  M. Amano a déclaré vouloir changer la perception de l’Agence en tant que simple organe de surveillance nucléaire, car cette image ne rend pas justice aux nombreuses activités de l’Agence dans les domaines de l’énergie nucléaire, de la science et des applications nucléaires ainsi que de la coopération technique.  


Le Directeur général a souligné l’intérêt croissant des pays pour l’énergie nucléaire en tant que source d’énergie stable et propre qui peut aider à atténuer les effets des changements climatiques.  Quelque 60 pays sont en train d’examiner l’introduction de l’énergie nucléaire et il est prévu que jusqu’à 25 nouveaux pays démarrent leur première centrale nucléaire avant l’échéance 2030.  De nombreux pays qui disposent déjà de l’énergie nucléaire sont en train de planifier ou de construire de nouveaux réacteurs ou de prolonger la durée de vie opérationnelle des réacteurs existants.


L’Agence a un rôle clef à jouer pour s’assurer que l’expansion de l’énergie nucléaire se fasse d’une manière efficace, responsable et durable.  L’AIEA a signé un accord avec la Fédération de Russie pour établir une banque d’uranium faiblement enrichie à Angarsk.  M. Amano a appelé les institutions internationales de crédit à s’ouvrir davantage au financement des projets d’énergie nucléaire, soulignant que les bénéfices à en tirer, comme l’atténuation des effets des changements climatiques, méritent d’être reconnus.


Le Directeur général a ensuite décrit les progrès effectués par son Agence dans des domaines tels que les soins de santé, la nutrition, la sécurité alimentaire, l’environnement et la gestion des ressources en eau.  En la matière, la question du cancer dans les pays en développement constitue une priorité pour l’Agence, a dit le Directeur général.  Depuis 1980, l’Agence a fourni plus de 220 millions de dollars d’assistance dans le domaine du cancer.  Sa collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se renforce et son Programme d’action pour le traitement du cancer attire de plus en plus de fonds.  Elle a également démarré un projet relatif à la gestion des ressources en eau, domaine dans lequel la technologie nucléaire peut se révéler utile.


Venant à la question de la sûreté et de la sécurité nucléaires, M. Amano a déclaré avoir constaté des améliorations « très significatives » depuis le désastre de Tchernobyl il y a presque 25 ans.  Une meilleure conception technique, des procédures améliorées, des réglementations plus efficaces et l’émergence d’une forte culture de la sécurité y ont contribué.  Tout en reconnaissant que la sécurité nucléaire relève de la responsabilité des États, l’Agence continue de les aider à développer des capacités de sécurité nucléaire durables, comme en témoigne la tenue du Sommet sur la sécurité nucléaire à Washington en avril dernier qui a réuni les dirigeants de 47 pays.


Le Directeur général a constaté que l’adhésion aux instruments légaux internationaux relatifs à la question avait augmenté, mais que cinq ans après l’adoption de l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, les progrès en vue de sa mise en œuvre restaient lents.  Le développement des capacités est au cœur du travail de coopération technique de l’AIEA, dont l’objectif est de rendre les pays autosuffisants et de les aider à établir et maintenir des ressources humaines hautement spécialisées dans tous les domaines de la science nucléaire et de ses applications.


Sur la question de la vérification, M. Amano a admis que le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée reste un sujet de grave préoccupation.  L’AIEA n’a pas dépêché d’inspecteurs dans ce pays depuis avril 2009.  La RPDC n’a pas permis à l’Agence d’appliquer les accords de garanties depuis décembre 2002 et n’a pas non plus appliqué les mesures requises par les résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité.  M. Amano a appelé toutes les parties à faire des efforts concertés pour une reprise des Pourparlers à Six, au moment opportun.


Dans le cas de l’Iran, l’Agence continue de vérifier le non-détournement du matériau nucléaire déclaré, mais l’Iran n’a pas fourni la coopération nécessaire pour permettre à l’Agence de confirmer que tous les matériaux nucléaires en Iran étaient destinés à des fins pacifiques, a précisé le Directeur général.


S’agissant du Moyen Orient, M. Amano a constaté que, malgré des consultations en vue de la tenue d’un forum sur la pertinence de créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région, il n’y avait pas eu de convergence de vues entre États Membres.  L’AIEA continue de soutenir la création de telles zones dans de nombreuses régions du monde.  La Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a soutenu en mai dernier la tenue en 2012 d’une conférence qui réunirait tous les États du Moyen-Orient.


Le Directeur général a enfin réitéré la volonté de l’AIEA de continuer à mettre en œuvre tous les aspects de son mandat de façon équilibrée afin de répondre aux intérêts divers des États Membres et de faciliter une utilisation pacifique et sûre de la science et de la technologie nucléaires.


Déclarations


M. RAZA BASHIR (Pakistan) a souligné l’importance de ressources accrues et pérennes pour les activités de coopération technique, le transfert de technologies et les structures de formation pour les pays en développement.  Il a appelé de ses vœux un renforcement et un élargissement du Programme de coopération technique de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) au moyen d’une implication accrue des pays en développement dans la conception et la mise en œuvre dudit Programme.  Rappelant que tous les États devaient s’acquitter de leurs obligations envers l’AIEA, il a estimé qu’un meilleur équilibre entre les fonctions normative, promotionnelle et sécuritaire de l’Agence préserverait sa crédibilité dans la promotion de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et de la non-prolifération.


Après avoir passé en revue les initiatives du Pakistan en matière d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, le représentant a jugé que l’entrée en vigueur de l’amendement à l’article 6 du Statut renforcera la nature représentative du Conseil des Gouverneurs de l’Agence, contribuant ainsi à rendre son rôle plus efficace.  Il a espéré, à cet égard, que le Secrétariat de l’Agence renforcera ses activités de sensibilisation du public.  En tant que Président du Conseil d’administration pour la période 2010-2011, le Pakistan a présenté, par la voix de son représentant, le projet de résolution dont est saisie l’Assemblée générale.


M. JEAN-CÉDRIC JANSSENS DE BISTHOVEN (Belgique), au nom de l’Union européenne (UE), a estimé que l’année 2010 constitue une étape importante pour le régime de non-prolifération nucléaire.  Il a salué le consensus dégagé lors de la Conférence d’examen du TNP, notamment l’accord sur un processus de mise en œuvre de la résolution de 1995 relative au Moyen-Orient.  Nous devons maintenant commencer à mettre en œuvre le Plan d’action du TNP.


M. Janssens de Bisthoven a ensuite appelé à l’universalisation, « sans aucun délai » du Protocole additionnel et du système de garanties généralisées de l’AIEA afin de renforcer le régime de non-prolifération, renforcer la sécurité mondiale et améliorer la confiance nécessaire à la coopération internationale dans l’exploitation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  L’Union européenne, a poursuivi le représentant, est fermement convaincue du droit de chaque pays de définir sa propre stratégie en matière d’énergie.  L’AIEA a un rôle essentiel à jouer pour aider les États à s’assurer que le développement et le fonctionnement des centrales nucléaires respectent les plus strictes conditions juridiques, opérationnelles, sécuritaires et de non-prolifération.  Le représentant a aussi rappelé que l’Union européenne compte parmi les principaux contributeurs au Programme de coopération technique de l’AEIA.


M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a indiqué que son pays se prépare à construire son premier réacteur nucléaire, dans le cadre d’un plan plus large visant à doter le pays de quatre réacteurs d’ici à 2025.  M. Abdelaziz a regretté que le système de garanties généralisées de l’AIEA ne soit toujours pas universel, en particulier au Moyen-Orient.  Il a donc appelé au renforcement du rôle de l’AIEA dans le domaine de la vérification et a estimé que l’adhésion d’Israël au TNP, en tant qu’État non doté de l’arme nucléaire, conduirait les autres États, qui sont dans le même cas, à accepter des obligations supplémentaires, dans un contexte régional et international non discriminatoire. 


Le représentant a ensuite dénoncé les activités nucléaires « suspectes » d’Israël qui entravent, selon lui, la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  M. Abdelaziz a réclamé une mise en œuvre « honnête » du Plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen du TNP et le lancement immédiat des préparatifs d’une conférence en 2012 chargée de négocier la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Le représentant a conclu en se félicitant des activités de l’AIEA en matière de coopération technique.


M. RODOLFO ELISEO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba) a estimé que le pilier de la coopération technique de l’AIEA devait être renforcé et être doté des ressources nécessaires, sans condition préalable.  Cuba, a-t-il dit, respecte ses engagements en vertu du Programme de coopération technique de l’AIEA.  En 2009, le pays a participé à 29 programmes de coopération.  M. Versón a ensuite argué que l’embargo économique imposé par les États-Unis à Cuba entravait gravement les activités de l’AIEA dans son pays.  Il a notamment évoqué les difficultés pour acquérir des équipements spécialisés pour la prévention et le traitement du cancer. 


Ma délégation, a poursuivi le représentant, est vivement préoccupée par la méfiance qui entoure les activités de vérification de l’AIEA en Iran et en Syrie, en raison, a-t-il affirmé, des politiques de deux poids, deux mesures.  Il a rappelé que les activités de vérification doivent respecter la souveraineté des États et réaffirmé le droit inaliénable des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  M. Versón a appuyé la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, avant d’engager Israël à adhérer au TNP.  Il a estimé que l’examen de la question du combustible nucléaire devait se faire de manière transparente.  Il s’est opposé à toute tentative de faire de cet examen un moyen de pressions économique ou politique.


M. RAPHAEL S.C. HERMOSO (Philippines) s’est dit convaincu que l’utilisation de l’énergie nucléaire peut contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et a illustré ses propos par l’exemple de la coopération entre son pays et l’AIEA dans le domaine de la sécurité alimentaire ou du traitement du cancer.  Il a prévenu que l’Agence ne pourra vraiment contribuer à régler les problèmes mondiaux que si elle mène ses activités d’une manière équilibrée.  Nous n’avons cessé, a insisté le représentant, de souligner l’importance de répondre aux très anciennes préoccupations des pays en développement face au manque d’équilibre entre le rôle de promotion de l’énergie nucléaire que l’Agence doit assumer et ses activités dans les domaines de la sûreté, de la vérification et de la sécurité nucléaires.


M. HASAN KLEIB (Indonésie) s’est réjoui de l’accent mis par le Directeur général sur la promotion de la technologie nucléaire dans le contrôle du cancer et dans l’amélioration de la productivité agricole.  Ces contributions importantes devraient combattre la perception « dominante » selon laquelle l’Agence n’est qu’un simple instrument de surveillance nucléaire.  Le délégué a mis l’accent sur l’importance du Programme de coopération technique.  Il a estimé que cette capacité devait être renforcée sans en aucun cas être politisée.  M. Kleib a également salué l’initiative sur l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques ainsi que la tenue de la Conférence des Parties au TNP, qui a apporté  un soutien clair à l’AIEA.


L’Indonésie, qui aura le privilège de siéger à nouveau au Conseil des Gouverneurs de l’AIEA l’an prochain, a bénéficié de façon significative de la coopération de l’AIEA dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de la gestion des eaux et autres usages pacifiques.  Elle se réjouit de pouvoir renforcer son engagement avec l’Agence et continue notamment de soutenir le Réseau asiatique de sûreté nucléaire.


M. WANG MIN (Chine) a indiqué qu’au cours de l’année écoulée, la coopération entre l’AIEA et la Chine avait été renforcée du fait du « développement rapide » du secteur nucléaire chinois.  Après avoir passé en revue les points saillants de cette coopération, le représentant a dit l’intention de son pays de coopérer avec les États concernés pour créer sur le territoire chinois un « centre d’excellence » en matière de sécurité nucléaire.  Il a appelé l’Agence à renforcer ses activités d’assistance et de coopération technique, à continuer son travail normatif en matière de sûreté et de sécurité nucléaires et à jouer un rôle actif dans la réponse aux questions nucléaires « sensibles ».  Le dialogue et la négociation sont les seuls moyens de trouver une solution pacifique à la question nucléaire de la péninsule coréenne et de l’Iran, a souligné le représentant.


Mme ONON SODOV (Mongolie) a, saluant la coopération technique de l’Agence, attiré l’attention sur les résultats d’un atelier sur le cancer organisé dans son pays avec le Programme de coopération technique de l’AIEA, l’OMS et le Ministère mongol de la santé.  La représentante s’est également félicitée des programmes d’action conjoints de l’Agence et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Elle a exhorté l’Agence à continuer d’apporter son aide aux États Membres comme contribution à la réalisation des OMD.


M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que l’approche de l’AIEA, imposée par certaines grandes puissances, avait déçu un grand nombre d’États Membres, car l’Agence mène des activités de supervision dans certains pays tout en fermant les yeux sur d’autres.  Ceci sape la confiance des États.  Ainsi, au Moyen-Orient, Israël, qui dispose d’un arsenal nucléaire, n’a pas fait l’objet d’une supervision de l’AIEA.  L’Agence a été incapable de prendre une position claire forçant les autorités israéliennes à soumettre leurs installations au régime de vérification.  La communauté internationale, a déclaré le délégué, doit exercer des pressions afin qu’Israël adhère aux règles.  L’heure a sonné de revoir le processus d’examen du TNP, a poursuivi le délégué.  L’AIEA ignore la menace nucléaire israélienne tout en s’efforçant de garantir l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire dans certains pays, a-t-il encore dénoncé.


Il a réitéré le droit de tous les pays à l’énergie nucléaire.  La Libye demande que toutes les questions soient réglées à travers des négociations et des consultations, dans une atmosphère de bonne volonté.  Il est urgent et important que la communauté internationale revoie le mandat de l’Agence afin qu’il englobe l’ensemble des nations. 


La Libye, a conclu le représentant, insiste sur l’importance de la coopération technique et souhaite un élargissement de la base de cette coopération, notamment dans le domaine de l’agriculture. 


Mme DINA MARTINA (Ukraine) a estimé que la formation des ressources humaines était essentielle pour assurer un usage sûr et pacifique de l’énergie nucléaire.  Rappelant que les Conventions importantes sur la sécurité nucléaire ont été inspirées par la catastrophe de Tchernobyl, elle a engagé les États qui cherchent à mettre sur pied des programmes nucléaires à en devenir parties.  La représentante a indiqué qu’au mois de mai dernier, l’AIEA avait présenté le rapport final du Projet conjoint Union européenne-AIEA-Ukraine sur l’évaluation de la sécurité dans toutes les centrales nucléaires ukrainiennes.  Se félicitant de ses conclusions positives, elle a également indiqué que son pays participait au travail du Centre international d’enrichissement de l’uranium à Angarsk, en Fédération de Russie. 


Elle a rappelé qu’en avril, les Présidents ukrainien et américain avaient publié un communiqué conjoint sur la sécurité nucléaire et que son pays s’était engagé à se débarrasser de tous ses stocks d’uranium enrichi d’ici au deuxième Sommet sur la sécurité nucléaire.  Le travail a déjà commencé, a-t-elle annoncé. La représentante a salué les travaux de recherche de l’AIEA et son Programme de coopération technique. 


Mme Martina a conclu en annonçant la commémoration, l’année prochaine, du vingt=cinquième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl.  Elle a indiqué que son pays, le Bélarus et la Fédération de Russie avaient décidé de convoquer au mois d’avril prochain, en Ukraine, une conférence internationale intitulée « Vingt-cinq ans après l’accident de Tchernobyl – la sécurité pour l’avenir ».  Elle a précisé que la réhabilitation du site de Tchernobyl exigeait encore une somme de 750 millions d’euros et a invoqué la solidarité nationale.


M. TEO EIK RUEY (Singapour) a souligné que le droit des États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire est dûment contrebalancé par leur responsabilité « grave » d’examiner soigneusement les questions de sécurité et d’honorer pleinement leurs obligations en matière de non-prolifération.  Il a donc exhorté tous les États à signer les Accords de garanties généralisées et le Protocole additionnel.  Les États Parties au TNP doivent coopérer pleinement avec l’Agence, a-t-il insisté.  Le représentant a indiqué que Singapour préparait une étude de préfaisabilité sur l’inclusion du nucléaire dans le système national d’approvisionnement énergétique.  Il a appelé dans cette optique à une coopération régionale renforcée pour compléter les efforts nationaux et internationaux en matière de sûreté nucléaire.  Singapour a décidé de joindre la Base de données de l’AIEA sur le trafic illicite des matières nucléaires et prévoit d’adhérer à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et à son Amendement de 2005.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a constaté que l’AIEA apportait une contribution importante aux problèmes d’approvisionnement en énergie et de la lutte contre les changements climatiques.  Le développement de l’énergie nucléaire nécessite des efforts concertés pour résoudre des problèmes complexes, et il est important que l’AIEA soit dotée de toutes les ressources pour mener à bien sa mission.  Il est impossible d’ignorer le caractère unique du mécanisme de vérification tout comme il est important que les capacités de contrôle de l’AIEA soient élargies grâce à l’universalisation du Protocole additionnel.


Le représentant a réitéré l’appui de son pays aux efforts de coopération technique et d’assistance aux États en développement.  La Fédération de Russie soutient l’assistance visant à améliorer la protection physique et la sécurité nucléaire.  Elle considère comme prioritaire la formation d’une nouvelle architecture de coopération nucléaire sur une base multilatérale ainsi que le règlement du problème du traitement des combustibles.  Le représentant a évoqué la création, avec le Kazakhstan, d’un centre international d’enrichissement d’uranium ainsi que la signature d’un accord pour une réserve garantie d’uranium enrichi qui permettra la mise en place de conditions optimales pour développer l’énergie nucléaire.  Le délégué a appelé les États Parties à contribuer au financement des initiatives en cours et a informé que son pays y contribuerait à hauteur de 23 millions de roubles par an.  S’agissant de la situation en Iran, il n’y a pas d’autre solution que la diplomatie, a déclaré le délégué, qui a appelé Téhéran à un strict respect des règles en place.


M. KAZUO KODAMA (Japon) a tout d’abord engagé les États Membres à mettre en œuvre le Plan d’action de la Conférence d’examen du TNP.  Il a indiqué que le Japon et l’Australie avaient organisé, au mois de septembre dernier à New York, une Réunion de ministres des affaires étrangères centrée sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération.  Il s’est félicité de la visite à Hiroshima du Directeur général de l’AIEA.  Le représentant a ensuite indiqué qu’au mois de juin dernier, le Gouvernement du Japon avait adopté une nouvelle stratégie de croissance qui met l’accent sur « l’innovation verte », dans le cadre de laquelle la place de l’énergie nucléaire est reconnue. 


Le représentant a également annoncé l’intention de son pays de créer un centre d’appui intégré pour la non-prolifération et la sécurité nucléaires.  M. Nishida a mis l’accent sur un « fait préoccupant » qui est le manque de ressources humaines formées à l’usage pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a également réclamé l’universalisation du Protocole additionnel de l’AIEA.  Le représentant du Japon a par ailleurs affirmé que la situation nucléaire en République populaire démocratique de Corée représentait une grave menace à la paix et à la sécurité en Asie de l’Est.  Il a également appelé l’Iran à recouvrer la confiance de la communauté internationale.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a fait remarquer que son pays, un important producteur d’uranium, coopérait avec la Fédération de Russie pour fournir de l’uranium au Centre national d’Angarsk.  Le Kazakhstan a proposé d’être le siège d’une banque de combustibles nucléaires de l’AIEA.  Rappelant qu’en 2009, une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale a été créée, le représentant a appuyé l’idée d’une telle zone au Moyen-Orient.  Cette année, le Kazakhstan a ratifié et adhéré à quatre conventions majeures sur la sécurité nucléaire, et est en train d’examiner un projet de loi pour adhérer à la Convention de Vienne relative à la responsabilité civile en matière de dommages nucléaires.  Il a salué le projet pour renforcer l’infrastructure du Centre des incidents et des urgences (IEC) de l’AIEA.


Une question importante, a cependant noté la représentante, est le fait que l’on nie au Kazakhstan, membre fidèle et responsable de l’AIEA, l’occasion de participer aux travaux des organes électifs à cause des règles existantes.  Le Kazakhstan est cependant confiant qu’une solution sera rapidement trouvée.  Il partage l’avis que l’entrée en force du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) est essentielle pour un fonctionnement efficace du TNP.


M. AHMED TABOUL (Soudan) a rappelé l’importance de l’énergie nucléaire dans le domaine de la sécurité alimentaire, notamment en Afrique, dans la lutte contre l’invasion d’insectes et pour une meilleure irrigation des terres.  Il s’est félicité à ce titre des programmes conjoints menés dans son pays avec l’AIEA.  Le représentant a défendu le droit qu’a tout pays de produire de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et a rappelé l’importance d’éviter aux travaux de l’Agence toute ingérence politique.  Soulignant l’importance des zones dénucléarisées, il s’est dit préoccupé par le refus d’Israël de placer ses programmes nucléaires sous le contrôle de l’Agence.  Il a appelé de ses vœux un renforcement du budget de l’Agence dans les domaines de la santé et des énergies alternatives.  À cet égard, il a exhorté l’Agence à coopérer plus étroitement avec les pays en développement, dans l’optique notamment des OMD.


Mme BROOKE D. ANDERSON(États-Unis) a réaffirmé son appui à la résolution et à un financement adéquat de l’AIEA.  Elle s’est également félicitée de l’impartialité du travail de l’Agence, en affirmant que son pays continuerait à coopérer avec cette dernière.


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a indiqué que son pays avait bénéficié de l’appui financier et de la coopération technique de l’AIEA.  L’énergie nucléaire représente une alternative « cohérente » aux besoins croissants du Venezuela en matière d’électricité et lui permettrait d’assurer sa souveraineté énergétique.  Le représentant a donc annoncé que le 15 octobre dernier, le Venezuela et la Fédération de Russie ont signé un accord de coopération pour la création d’un programme d’énergie nucléaire à des fins pacifiques.


M. Briceño a dit observer « avec préoccupation » la manière dont un groupe de pays continue d’exercer des pressions sur l’Iran pour l’obliger à renoncer à son droit légitime de développer une industrie nucléaire à des fins pacifiques.  Ce genre de pressions doit cesser pour faciliter l’avènement d’une solution politique négociée qui prendrait en compte tant les intérêts de l’Iran que ceux de l’AIEA.  Le traitement de cette question dans d’autres fora peu habitués à la nature technique du système de garanties généralisées finit par se fonder sur des critères subjectifs, biaisés et discriminatoires, tout en affectant l’autorité de l’Agence, a prévenu le représentant.  Il a regretté qu’à ce jour, Israël soit le seul pays du Moyen-Orient à ne pas avoir accédé au TNP et à ne montrer aucune intention de le faire.  Il a dit attendre avec impatience la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région.


M. KIM BONG-HYUN (République de Corée) a estimé qu’aujourd’hui plus que jamais, nous avions besoin d’assurances « crédibles » quant à l’utilisation strictement pacifique du nucléaire.  En la matière, a-t-il dit, l’AIEA est la seule autorité compétente pour vérifier le non-détournement des matériaux fissiles.  Il a donc appelé à un équipement et à un financement adéquats de l’Agence.  Il a réclamé l’universalisation de l’Accord sur le système de garanties généralisées et du Protocole additionnel.  Il a rappelé que son pays accueillera, en 2012, le prochain Sommet sur la sécurité nucléaire, précédé, en 2011, de la Réunion plénière de l’Initiative internationale de lutte contre le terrorisme nucléaire.


Le règlement pacifique de la question nucléaire de la République populaire démocratique de Corée est essentiel, a-t-il souligné.  Il s’est félicité de l’adoption, par l’AIEA d’une résolution  sur la RPDC.  Il s’est également réjoui que le Directeur général de l’Agence mette l’accent sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a aussi appelé de ses vœux la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.


M. KNUT LANGELAND (Norvège) a jugé crucial que l’on dote l’AIEA des instruments juridiques nécessaires à la mise en œuvre de son mandat de non-prolifération.  Le représentant a réitéré son appel à une universalisation des Accords de garanties généralisées et du Protocole additionnel.  Il a exhorté les pays qui ont des questions de prolifération en suspens à coopérer pleinement avec l’Agence.  Rappelant que la majorité des pays du monde, y compris la Norvège, ne produisaient pas d’énergie nucléaire, il a tout de même reconnu le caractère attractif de ce type d’énergie.  La Norvège a fourni des contributions substantielles aux travaux de l’Agence pour renforcer la sécurité nucléaire dans les pays en développement et créer une banque du combustible nucléaire.  Il a souligné, en conclusion, l’importance cruciale pour les États de doter l’Agence d’un financement prévisible. 


M. GRUM ABAY (Éthiopie) a indiqué que son pays est un grand bénéficiaire de la coopération technique de l’AIEA, notamment dans l’éradication de la mouche tsé-tsé.  Il a souligné que cette coopération a conduit à la mise en place d’une modeste structure d’application de la médecine nucléaire et de radiothérapie.  Il a appelé l’Agence à renforcer ses efforts dans la lutte contre le cancer.  Il s’est félicité que l’Agence ait consacré, cette année, son forum scientifique au défi du cancer dans les pays en développement.  Le représentant a souligné l’importance d’un financement prévisible des programmes de l’Agence ainsi qu’une répartition équilibrée de ces ressources entre la sécurité nucléaire et la coopération technique, compte tenu, en particulier, du rôle de cette dernière dans le transfert des technologies.


M. ESHAGH AL-HABIB (République islamique d’Iran) a estimé que le degré de coopération des pays fournisseurs de haute technologie nucléaire était loin d’être prometteur.  Il est fâcheux, a poursuivi le délégué, que le fait d’être Partie au TNP et du système de garanties de l’AIEA n’ait pas facilité cette coopération.  Bien au contraire, il a servi à créer des obstacles à une utilisation pacifique de cette énergie, tout en récompensant les États non parties.  M.  Al-Habib a ainsi dénoncé les « activités nucléaires clandestines » d’Israël, facilitées par les États-Unis et leurs partenaires.  La réponse de l’AIEA aux appels visant à ce qu’Israël devienne partie au TNP a été décevante, a estimé le délégué.  


Parmi ses tâches, a-t-il rappelé, l’AIEA semble avoir oublié celle de s’impliquer dans le processus de désarmement nucléaire.  Quel est le plan de l’AIEA? s’est-il interrogé, avant de demander à l’Agence de devenir plus active.  S’agissant du programme pacifique de l’Iran, M.  Al-Habib a dit avoir l’impression que les derniers rapports de l’Agence semblaient avoir été préparés sous une pression extérieure, compte tenu du libellé inhabituel sur les obligations en matière de garanties.  L’inclusion de tant de détails techniques sur les activités pacifiques de l’Iran montre bien que l’Agence a eu un accès sans entrave à tous les matériaux et installations nucléaires de l’Iran. 


Par conséquent, déclarer que l’Iran « n’a pas fourni la coopération nécessaire » est incorrect et mensonger.  Les demandes supplémentaires, a souligné le représentant, vont au-delà des dispositions du TNP et sont faites sous le prétexte des résolutions illégales du Conseil de sécurité.  Le délégué a réitéré la détermination du peuple et du Gouvernement de l’Iran à exercer son droit inaliénable à la technologie nucléaire à des fins pacifiques.  L’Iran a toujours déclaré sa volonté de participer à des discussions fondées sur la justice et le respect mutuel et il vient de saluer le retour du Groupe des 5+1 aux pourparlers.  L’Iran attend de voir la bonne volonté des autres Parties et leurs vraies intentions, a conclu le délégué.


Explication de position


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a déclaré que le rapport de l’AIEA ainsi que la résolution de la Conférence générale du 24 septembre 2010 montraient une attitude injuste face à la péninsule coréenne.  La question nucléaire est le résultat direct des menaces proférées par les États-Unis contre la RPDC.  Elle a été créée quand les États-Unis ont introduit des armes nucléaires sur la péninsule à la fin des années 50.  Aucune arme classique ne peut faire office de dissuasion face à cette menace, ce qui a abouti à l’introduction d’un mécanisme de dissuasion nucléaire, a expliqué le représentant.


Pour revitaliser la dénucléarisation, la mesure la plus urgente et la plus essentielle, a-t-il indiqué, est de renforcer la confiance entre la RPDC et les États-Unis.  La signature d’un traité mettant un terme à l’état de cessez-le-feu mènera à la dénucléarisation de la péninsule.  Tant que l’AIEA continuera à adopter des résolutions partiales et biaisées, on se détournera de la vraie nature des questions, a-t-il averti.  Il s’est donc fermement opposé à la résolution et a rejeté avec la même fermeté les allégations du Japon et d’autres pays, « pleinement basées sur un malentendu ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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