SG/SM/12217

Face à l’incertitude que suscite la nouvelle souche du virus de la grippe, « la vigilance est de mise », a déclaré le Secrétaire général à New York

4/05/2009
Secrétaire généralSG/SM/12217
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

FACE À L’INCERTITUDE QUE SUSCITE LA NOUVELLE SOUCHE DU VIRUS DE LA GRIPPE, « LA VIGILANCE EST DE MISE », A DÉCLARÉ LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À NEW YORK


(Publié le 21 mai – retardé à la traduction)


On trouvera ci-dessous le texte de l’intervention que Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a prononcée le 4 mai dernier à New York devant les États Membres de l’Organisation au sujet de la grippe A(H1N1).


Je vous remercie de participer à cette réunion.  À l’heure où le monde entier s’alarme de l’apparition d’une nouvelle souche du virus de la grippe, la souche A(H1N1), il est indispensable et naturel que les Nations Unies débattent de la situation.


Partout dans le monde, on craint pour la santé de ses amis, de sa famille, de ses enfants.  Aujourd’hui, nous pensons à toutes les zones touchées par le virus, tout particulièrement celles où des décès sont à déplorer.


Il nous reste encore beaucoup à apprendre sur cette nouvelle souche et ses dangers.  Il y a lieu de ne pas s’alarmer indûment du large écho que les médias donnent à la situation.  Inversement, il ne faut pas céder à une impression trompeuse de sécurité si l’intérêt des médias retombe.


Face à l’incertitude, la vigilance est de mise.  Nous devons accorder toute notre attention aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).


Je remercie le docteur Margaret Chan et ses collègues de leur excellent travail.  Outre son rôle de chef de file au sein du système des Nations Unies face à cette crise, l’OMS est, pour le monde entier, la source d’information de référence sur le virus et l’évolution de la situation.  Je suis ravi que le docteur Chan participe aujourd’hui à nos travaux, par visioconférence depuis le siège genevois de l’OMS.


La situation actuelle nous rappelle, une nouvelle fois, que les virus ne respectent pas les frontières nationales, et que leur propagation au sein d’un pays ou d’une région peut constituer une menace pour l’ensemble de la population mondiale.


Notre réaction doit se fonder à la fois sur une défense éclairée de nos propres intérêts et sur une pleine expression de la solidarité internationale.  Cette crise constitue pour nous tous un défi et, pour le relever, il nous faut nous appuyer sur un multilatéralisme nouveau et vigoureux.  Nous devons aider les pays, notamment les pays en développement, qui pourraient avoir des difficultés à faire face à cette menace.  C’est le seul moyen de préserver la santé publique au niveau mondial.


Heureusement, le monde est mieux préparé que jamais à affronter une pandémie.


Le Règlement sanitaire international de 2005 nous offre un solide cadre d’action en énonçant les modalités de notre action collective.  La difficulté consiste maintenant à s’assurer que tous les pays disposent des ressources nécessaires pour surveiller l’évolution de la situation et protéger leur population.  J’ai l’intention de réunir donateurs et acteurs du secteur privé dans deux semaines à Genève afin d’étudier la contribution que chacun peut apporter.


Nous pouvons aussi compter sur le système des Nations Unies, qui n’a pas ménagé ses efforts pour être mieux préparé.


En 2006, suite à l’inquiétude suscitée par un virus de grippe aviaire hautement pathogène, le système des Nations Unies a commencé à se préparer à l’éventualité d’une pandémie.  Le Secrétariat, la Banque mondiale et un large éventail d’organismes, fonds et programmes ont travaillé ensemble au sein d’un petit groupe de coordination placé sous l’autorité d’un comité directeur présidé par le Vice-Secrétaire général.  Des gouvernements, des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, des forces de défense, des entreprises, des organisations non gouvernementales et des organismes d’aide humanitaire ont également participé à ces travaux.


Cette initiative avait trois objectifs principaux: premièrement, permettre aux Nations Unies d’aider les autorités locales et nationales à répondre aux besoins urgents de leur population sur le plan sanitaire; deuxièmement, veiller à ce qu’il y ait peu ou pas d’interruption des prestations clefs que nous assurons dans tous nos domaines d’action; troisièmement, assurer la sécurité du personnel et des biens des Nations Unies.


Nous avons étudié divers scénarios et effectué des exercices au niveau national et régional.  Les services du Siège ont élaboré des plans de continuité d’activité et les ont testés.  De plus, nous passons régulièrement en revue notre degré de préparation.


D’une manière générale, les progrès enregistrés ont été satisfaisants, mais il reste toujours une marge de progression.  Quoi qu’il en soit, il faut retenir ceci: si une grave pandémie de grippe se produit un jour, le système des Nations Unies est prêt à y faire face.


Le docteur Chan m’a informé hier que pour l’instant, sauf évolution de la situation, l’OMS ne prévoyait pas de faire passer le niveau d’alerte à 6.  L’OMS continue néanmoins de considérer qu’une pandémie est possible.  Rappelons que tout déclenchement du niveau d’alerte 6 signifierait que le virus s’est propagé à une zone géographique plus vaste, et non qu’il a gagné en sévérité.  Le docteur Chan y reviendra.


En cas de pandémie, certains secteurs auront un rôle déterminant à jouer dans notre réponse face à cette crise: le transport, le tourisme, les services financiers, les secteurs alimentaire et agricole et les services de secours et de défense civile.


Les Nations Unies sont en train d’aider les acteurs de ces secteurs à étudier les implications de ce qu’on connaît et de ce qu’on ignore du virus afin d’assurer la continuité de leur activité.


Les vétérinaires et les professionnels de la santé publique sont eux aussi appelés à jouer un rôle clef.


Il en ira de même des acteurs privés du secteur sanitaire, et le docteur Chan et moi-même allons chercher à collaborer avec eux afin d’apporter des réponses communes face à ce virus et aux menaces susceptibles d’apparaître à l’avenir.


La santé, les moyens de subsistance et le bien-être de millions de personnes sont en jeu.  Il est donc essentiel d’exprimer clairement l’état de nos connaissances et nos recommandations face au risque de pandémie.


Pour cela, il faut commencer par appeler la maladie par son vrai nom: « grippe A(H1N1) ».  L’expression « grippe porcine » est dommageable et trompeuse, puisque rien n’indique que les cas se déclarent en conséquence de contacts avec les porcs ou leur viande.


Toute appellation qui ferait référence à une origine géographique de la maladie serait tout aussi problématique.


De plus, nos décisions sur la conduite à tenir doivent être fondées sur des preuves scientifiques ou des pratiques scientifiques établies, et il faut revenir sur toutes celles qui ne le sont pas, y compris les restrictions injustifiées aux échanges et déplacements internationaux et les mesures infondées visant les porcs et leur viande.  Il y a deux jours, l’OMS, la FAO, l’Organisation mondiale du commerce et l’Organisation mondiale de la santé animale ont publié un communiqué commun soulignant que la viande de porc et ses dérivés ne constituaient pas une source d’infection, pour peu que les règles d’hygiène soient respectées.  Il n’y a donc aucune raison d’interdire leur importation.


De fait, il faut se garder de toute réaction excessive qui, sans pour autant endiguer la progression du H1N1, ferait du tort à nos économies, nos sociétés et nos populations.


Les pandémies de grippe sont imprévisibles.  C’est pour cela que nous n’avons rien laissé au hasard dans notre préparation.  C’est aussi pour cela que nous restons sur le qui-vive.


J’ai demandé au docteur David Nabarro de venir à New York pour nous aider, la Vice-Secrétaire générale et moi-même, à coordonner l’action aux niveaux mondial, tout en poursuivant ses fonctions au sein de l’Équipe spéciale de haut niveau sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire.


Sans nous départir de notre optimisme, nous devons nous tenir prêts à faire face à des difficultés plus importantes dans les semaines et les mois à venir.  Je compte sur votre soutien, sur votre générosité et sur votre conscience du caractère universel de cette crise.  Si tous les peuples du monde ne sont pas protégés face à cette maladie, aucun ne pourra l’être.


J’ai maintenant le grand plaisir d’inviter le docteur Chan, de l’OMS, à vous présenter les dernières évolutions de la situation.  Docteur Chan, merci de nous avoir rejoints.  Vous avez la parole.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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