SG/SM/12073-ECO/145

LES INVESTISSEMENTS DANS DES TECHNOLOGIES VERTES PERMETTRONT DE SORTIR DE LA CRISE ACTUELLE ET D’INSTAURER DEMAIN UNE CROISSANCE DURABLE, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À DAVOS

29/01/2009
Secrétaire généralSG/SM/12073
ECO/145
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LES INVESTISSEMENTS DANS DES TECHNOLOGIES VERTES PERMETTRONT DE SORTIR DE LA CRISE ACTUELLE

ET D’INSTAURER DEMAIN UNE CROISSANCE DURABLE, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À DAVOS


On trouvera ci-après le texte intégral de l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lors de la séance plénière du Forum économique mondial sur le thème « Le Pacte mondial: créer des marchés durables », le 29 janvier 2009 à Davos, en Suisse:


C’est pour moi un grand plaisir d’être une nouvelle fois présent parmi vous à Davos.


Ceci est ma deuxième visite en tant que Secrétaire général, et je dois vous dire que l’ambiance est très différente de l’optimisme qui régnait l’année dernière.


J’ai appelé cette année l’année des crises multiples.


Les économies sont en difficulté.


La confiance dans les entreprises et le marché est en baisse.


Partout, les gens s’inquiètent pour leur travail et luttent pour survivre.


Mais ces difficultés ne sont pas tout, et nous devons faire face à une autre crise.


Celle-ci prend de l’ampleur depuis des années, et il s’agit d’une crise mondiale.


Le changement climatique constitue une menace pour l’ensemble de nos objectifs en matière de développement et de progrès social.


Il constitue la seule vraie menace pour la planète.


Toutefois, il présente également une grande opportunité.


En l’attaquant de front, nous pouvons résoudre un grand nombre de difficultés actuelles, y compris éliminer la menace de la récession mondiale.


Nous nous trouvons à un tournant et il nous faut bien prendre conscience du fait que nous avons un choix à faire.


Nous pouvons soit opter pour un unilatéralisme à courte vue et le statu quo soit nous engager dans une coopération et un partenariat mondial à une échelle sans précédent.


Il y a exactement 10 ans, mon prédécesseur, Kofi Annan, se trouvait à ma place et a demandé aux dirigeants d’entreprises de conclure un « Pacte mondial » reposant sur des valeurs et des principes communs.


Il a cherché à donner un visage humain au marché mondial.


À l’époque, comme aujourd’hui, le monde connaissait une crise de confiance.


La mondialisation a permis à un grand nombre de sortir de la pauvreté.


Mais le développement du libre marché et des mouvements de capitaux n’a pas profité à tous.


En fait, il a aggravé la situation d’un grand nombre des plus pauvres dans le monde.


Le Pacte mondial a été notre réponse éclairée.


Il a poussé les entreprises à adopter des principes universels et à s’associer avec l’ONU pour s’attaquer aux grands problèmes.


Et en particulier atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement.


Aujourd’hui, le Pacte mondial constitue la plus importante initiative au monde dans le domaine de l’entreprise.


Nous pouvons dire avec fierté qu’il compte plus de 6 000 entreprises dans plus de 130 pays.


Il est devenu synonyme de responsabilité des entreprises.


Ses membres sont allés beaucoup plus loin que la simple philanthropie.


Ils ont fait progresser les « meilleurs pratiques » dans les domaines des droits de l’homme et du droit du travail.


Dans de nombreux pays, ils travaillent pour la protection de l’environnement et luttent contre la corruption.


Ils ont engagé des centaines de projets dans les domaines de la santé, de l’éducation et des infrastructures partout dans le monde.


Aujourd’hui, une nouvelle série de crises donne un sens nouveau à cette mission.


C’est pourquoi je vous exhorte aujourd’hui à vous associer à une nouvelle phase du Pacte.


Nous pourrions l’appeler le Pacte 2.0.


Nous vivons une nouvelle époque.


Dont tous les défis peuvent être relevés par la coopération – et seulement par la coopération.


Cette nouvelle époque exige de redéfinir la notion de leadership – de leadership mondial.


Elle exige une nouvelle coopération internationale entre tous – gouvernements, société civile et secteur privé, travaillant ensemble pour le bien collectif du monde entier.


Certains diront peut-être qu’il s’agit là d’une vision naïve, d’un vœu pieux.


Pourtant, certains exemples éclatants nous prouvent le contraire.


Et souvent, le monde des entreprises a joué un rôle essentiel.


Pensez à la Révolution verte des années 60, qui a permet de sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté en Asie.


Pensez à la campagne mondiale de vaccination qui a permis d’éradiquer la variole en 1979.


La coopération entre le monde des entreprises et les gouvernements a permis d’inverser l’appauvrissement de la couche d’ozone.


Et nous avons sensiblement progressé dans la lutte contre le sida, la tuberculose, la poliomyélite et le paludisme.


Aujourd’hui nous avons l’occasion – et l’obligation – de suivre ces exemples et d’aller plus loin.


Mais pour cela, il nous faut briser la tyrannie de la pensée à court terme et rechercher des solutions à long terme.


Cela exigera un nouvel engagement en faveur de principes de base.  Un nouveau Pacte mondial.


En ces temps de crise économique, je n’ignore pas qu’il existe une tendance à se réfugier dans le nationalisme, le protectionnisme et autres « ismes » qui défendent les intérêts de chacun au détriment des objectifs communs.


Céder à cette tendance serait une erreur, parce que cela irait à l’encontre non seulement des objectifs de développement au niveau mondial, comme de donner aux pauvres une véritable possibilité de gagner leur vie, mais également des intérêts nationaux.


Les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont des défis mondiaux.


Mais en travaillant ensemble, nous pourrons les relever.


Le Pacte mondial offre un excellent point de départ pour cela.


Permettez-moi de vous donner quelques exemples.


Le « Programme des chefs d’entreprises pour la protection du climat » représente la plus importante initiative mondiale de lutte contre le changement climatique engagée par les entreprises.  Les dirigeants d’entreprises publient leurs émissions de carbone et s’engagent à participer à des politiques globales dans les domaines du climat.


Les entreprises ont recours à des sources énergétiques renouvelables, investissent dans l’efficacité énergétique et encouragent l’adoption de pratiques qui n’ont pas d’impact sur l’environnement, telles que les réunions virtuelles.


Le « CEO Water Mandate » contribue à la préservation des ressources en eau au moyen de stratégies telles que l’irrigation au goutte-à-goutte et la collecte de l’eau de pluie.  De nouvelles technologies permettent de recycler les eaux usées des processus industriels et de les rejeter sans danger dans l’environnement.


On construit des usines de dessalement qui fonctionnent à l’énergie éolienne et qui peuvent produire de l’eau potable pour une ville de plus d’un million d’habitants.


Sur les marchés financiers, le Pacte mondial, s’appuyant sur les « principes pour un investissement responsable » a commencé à travailler avec de grands investisseurs afin que leurs évaluations des investissements réalisées tiennent compte de questions essentielles en matière sociale, de gouvernance et d’environnement.


Aujourd’hui, du fait de la récession économique et du changement climatique, les enjeux n’ont jamais été aussi importants pour les entreprises.


Mais pour celles qui ont une vision, les gains seront à la hauteur des défis.


Au cours des derniers mois, un mouvement s’est dessiné avec de plus en plus de force en faveur de ce que j’appelle un « New Deal vert » mondial.


La semaine dernière a été marquée par l’investiture d’un nouveau président des États-Unis.


Barack Obama s’est clairement engagé à revitaliser l’économie américaine en investissant dans « l’économie verte ».


C’est-à-dire la réduction des émissions de carbone et l’efficacité énergétique.


Avec à la clef des créations d’emplois.


Les investissements dans des technologies vertes permettront de sortir de la crise actuelle et d’instaurer demain une croissance durable.


Le Président Obama n’est pas le seul homme politique ou dirigeant d’entreprises qui a choisi de s’engager sur cette voie.


Je vous exhorte par conséquent tous à élaborer, dans le cadre de vos chaînes logistiques et avec vos partenaires commerciaux, de bonnes politiques et de bonnes pratiques dans les domaines des droits de l’homme, du travail, de l’environnement et de la lutte contre la corruption.


Vous pouvez faire part des progrès réalisés chaque année au moyen du cadre fourni par le Pacte mondial.


Ainsi, non seulement vous ferez ce qui est juste, mais vous contribuerez à rétablir la confiance et la crédibilité sur les marchés.


Les sondages récents font apparaître une brutale chute de confiance dans les entreprises.


Trois américains sur quatre font moins confiance aux entreprises qu’il y a un an.


Une personne sur trois seulement leur fait confiance pour prendre les bonnes décisions, c’est-à-dire moitié moins qu’auparavant.  Cette chute de confiance est particulièrement marquée chez les jeunes.


Les sondages donnent les mêmes résultats partout dans le monde.  Ils montrent que 66% de la population mondiale pensent que les entreprises devraient participer pleinement à la solution de nos problèmes communs.


Ceux qui sont d’un avis contraire ne sont que 3%.


Les signes sont clairs.


Sans confiance, nous ne pouvons prospérer.


Il est temps de se décider et de s’attaquer sérieusement aux problèmes.


Beaucoup parmi vous réduisent leurs coûts pour faire face au ralentissement de l’économie.


Mais je pense que vous conviendrez qu’il importe de réorienter vos entreprises pour l’économie du futur.


Toute récession est suivie d’une reprise.


En procédant aujourd’hui aux investissements qui s’imposent, vous créerez les conditions nécessaires pour faire face aux problèmes fondamentaux à long terme.


Vous serez à l’avant-garde d’une nouvelle économie verte.


Je vous encourage à contribuer à créer un avenir fondé sur une économie à faibles émissions de carbone, c’est-à-dire fondée sur des emplois verts, des sources d’énergie renouvelables et l’efficacité énergétique.


Je vous demande de participer au mouvement en faveur d’un accord global et significatif lors du sommet sur les changements climatiques qui se tiendra à la fin de l’année à Copenhague.


Je vous demande de tirer pleinement parti de vos chaînes d’approvisionnement pour mettre au point et appliquer partout les technologies les plus propres.


Et je vous demande de donner l’exemple.


Montrez la voie à vos consommateurs, à vos fournisseurs et à vos employés.  Partagez vos technologies avec les pauvres.


C’est le seul moyen d’assurer un avenir durable avec pour perspective la prospérité pour tous.


Il nous faut faire des choix et rétablir la confiance.


Ce qui veut dire proposer de véritables solutions à long terme à de vrais problèmes.  Tout un chacun doit être persuadé que ce que nous faisons est juste et bien, c’est-à-dire investir dans la nouvelle économie – l’économie du futur.


Agir dans l’intérêt de tous est le fondement même de la responsabilité des entreprises et la clef d’un monde meilleur.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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